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2 avril 2025
Éducation
L’UGB DRESSE LES AVANTAGES D'UNE NOUVELLE VARIETE DE POISSON SECHE
Une nouvelle variété de poisson séché (‘’Guedj’’ en wolof), dénommée “ngalam” (or pur) a été mise au point par une équipe de chercheurs de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, de l’Université de Liège, en Belgique, ...
Une nouvelle variété de poisson séché (‘’Guedj’’ en wolof), dénommée “ngalam” (or pur) a été mise au point par une équipe de chercheurs de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, de l’Université de Liège, en Belgique, et de l’Institut de technologie alimentaire (ITA).
Cette trouvaille, moins salée que la formule traditionnelle, présente des avantage au plan sanitaire, a déclaré Pr Michel Bakar Diop, enseignant-chercheur des sciences et technologie des aliments à l’UGB, également coordonnateur de cette filière.
Il s’adressait à la presse en marge de la présentation du projet de promotion des résultats de la recherche sur la conservation des productions halieutiques par fermentation, en présence du recteur de l’UGB, Magatte Ndiaye, et de l’ambassadrice de la Belgique, Hellène De Bock.
Outre sa teneur en sel réduit, qui a une incidence directe sur le fort taux de consommation de ce produit au Sénégal, explique-t-il, le Ngalam a l’avantage de mieux se conserver que le poisson séché réalisé par les femmes transformatrices dans des conditions d’hygiène douteuses.
Il est produit sous serre et non exposé au soleil, indique le chercheur, signalant que le poisson, transformé de manière traditionnelle, est plus ou moins humide, contrairement au ngalam.
Il signale que ce produit a été breveté, et une entreprise s’est engagée à le vulgariser auprès du grand public en mettant à contribution les groupements de femmes et autres sociétés intéressées.
Dans un contexte de souveraineté proclamée, il estime que le ngalam peut être valorisé en accompagnant l’équipe de chercheurs à trouver des plateformes au niveau national pour sa vulgarisation.
La plateforme installée à l’UGB a une capacité de production de 11 tonnes de ngalam par an. Et elle peut aider les femmes transformatrices qui l’ont expérimentée et appréciée dans leurs activités.
Selon lui, ‘’une étude microbiologique a permis de sélectionner certaines bactéries, notamment des bactéries lactiques qui ont une capacité d’améliorer le processus’’. Il ajoute que ‘’ce sont ces bactéries-là qu’on a identifiées et valorisées pour développer une nouvelle approche technologique qui n’est pas difficile à reproduire en micro-entreprise et qui participe à la qualité du produit’’.
Pr Diop note que ‘’des femmes ont été formées avec ces nouvelles technologies-là”. Il déclare que “pour stabiliser le produit et avoir la même qualité, il faut savoir faire des calculs de concentration”. Selon lui, des femmes assez âgées ont été associées avec la jeune génération d’étudiants.
Pour Mamadou Abdoulaye Diouf de la Direction des industries de transformation de la pêche, cette cérémonie ‘’témoigne d’un partenariat exemplaire en faveur de l’innovation et du développement durable dans le secteur halieutique’’.
Il souligne que ‘’la conservation du poisson demeure un défi majeur, particulièrement pour les acteurs de la transformation artisanale, souvent confrontés à des pertes post-captures importantes mais également à des contraintes commerciales’’.
‘’Grâce à cette recherche, nous disposons aujourd’hui d’une solution de fermentation modernisée qui améliore la durée de conservation du poisson, tout en garantissant des normes sécuritaires élevées.’’, se félicite-t-il.
Dr Néné Gallé Ba de l’ITA et Pr Marianne Sindic de l’Université de Liège ont pris part à cette cérémonie, qui a exposé les résultats de cette collaboration de plus de vingt ans.
LE SAES PROLONGE SA GRÈVE POUR TROIS JOURS FACE AU NON-RESPECT DES ENGAGEMENTS GOUVERNEMENTAUX
Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) a annoncé la reconduction de son mot d’ordre de grève pour une durée de 72 heures, du lundi 24 au mercredi 26 février 2025.
Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) a annoncé la reconduction de son mot d’ordre de grève pour une durée de 72 heures, du lundi 24 au mercredi 26 février 2025. Cette décision, prise à l’issue des assemblées générales du 19 février, fait suite au non-respect des engagements pris par le gouvernement, notamment en ce qui concerne les droits des familles des enseignants-chercheurs décédés.
Le SAES dénonce avec fermeté la violation des protocoles d’accord et le retard pris dans la réintroduction du décret revendiqué dans le circuit administratif. Selon le syndicat, le gouvernement s’était pourtant engagé, lors de la clause de confiance du 16 décembre 2024, à signer le projet de décret dès le 18 décembre 2024.
Face à cette situation, le SAES appelle ses militants à suspendre toutes les activités pédagogiques et administratives, y compris les cours, soutenances, délibérations et formations payantes.
Le syndicat tient l’État pour seul responsable des perturbations affectant les années académiques 2023-2024 et 2024-2025, et prévient qu’aucun pacte social ne sera conclu sans une satisfaction complète de ses revendications.
Le Bureau national du SAES exhorte tous les enseignants à une mobilisation massive pour exiger l’application immédiate du protocole d’accord et le respect des engagements pris par les autorités.
LE ROLE DETERMINANT DES LANGUES NATIONALES REAFIRME A PARIS
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, a réaffirmé ‘’le rôle déterminant des langues nationales dans l’éducation et le développement’’, lundi, lors d’une intervention à l’occasion de la célébration de la langue maternelle ...
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, a réaffirmé ‘’le rôle déterminant des langues nationales dans l’éducation et le développement’’, lundi, lors d’une intervention à l’occasion de la célébration de la langue maternelle au siège de l’UNESCO, à Paris, indique un communiqué du service communication de son ministère.
En Afrique, a souligné le ministre, ‘’la langue d’apprentissage est souvent une barrière pour de nombreux élèves”. “Pourtant, l’éducation dans une langue que l’enfant comprend dès ses premières années est un facteur déterminant pour la réussite scolaire et l’inclusion sociale’’, fait-il remarquer.
Il a rappelé que le Sénégal a fait le choix ‘’d’intégrer progressivement” les langues nationales dans le système éducatif. A l’en croire, ces langues représentent “bien plus qu’un patrimoine culturel”. Selon lui, ”elles sont un levier puissant pour réduire les inégalités et améliorer la qualité des apprentissages’’.
VERS LA CREATION D'UN FONDS D'APPUI A LA RECHERCHE ET A L'INNOVATION
L’Ecole polytechnique de Thiès (EPT) compte mettre en en place un fonds d’appui à la recherche et à l’innovation, a appris l’APS de son directeur Mamadou Wade.
L’Ecole polytechnique de Thiès (EPT) compte mettre en en place un fonds d’appui à la recherche et à l’innovation, a appris l’APS de son directeur Mamadou Wade.
‘’La direction compte mettre en place un fonds d’appui à l’innovation et à la recherche, avec une ligne budgétaire qui sera dédiée spécialement à ces deux volets’’, a-t-il dit.
Dans cet entretien avec l’APS, Mamadou Wade a indiqué que l’EPT ‘’ne compte pas s’arrêter là’’, faisant allusion à la deuxième place remportée, au début du mois, par six étudiants sénégalais, dont trois issus de son école et les trois autres pensionnaires de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (ENSA), au concours international Global Best M-Gov Award, à Dubaï, aux Emirats arabes unis.
Cette compétition, qui récompense les projets les plus impactants et les plus innovants dans le monde universitaire, a mis aux prises des étudiants originaires de 74 pays à travers le monde, qui ont présenté 3 500 dossiers.
Les six étudiants sénégalais primés ont présenté, en joint-venture, le projet TERA -Technologie d’entreposage des récoltes agricoles.
Dans le cadre de ce fonds d’appui à la recherche et à l’innovation, le focus sera mis sur l’accompagnement des étudiants, aussi bien dans la conception que dans la maturation de leurs projets, a fait savoir le directeur de l’EPT.
‘’Ce sera un fonds compétitif, qui sera ouvert aussi bien aux enseignants qu’aux étudiants, pour développer l’esprit de créativité et d’innovation’’, a-t-il souligné, précisant qu’il faut stimuler davantage nos étudiants, pour maintenir le cap’’ de l’excellence.
S’exprimant sur la façon dont ce fonds sera alimenté, Mamadou Wade a indiqué que ‘’dans un premier temps, puisque c’est une idée qui vient de germer, l’accent sera mis des fonds propres’’.
‘’Après, naturellement, nous irons vers des partenaires, des bailleurs qui seraient intéressés par les projets innovants ou bien qui pourraient alimenter la source d’idées que les étudiants pourraient développer, au grand bonheur et toutes ces entreprises ou des contributeurs’’, a-t-il dit.
En juillet 2024, L’EPT a obtenu l’accréditation de la Commission des titres d’ingénieurs (CTI), un organisme français qui évalue les grandes écoles françaises ; ‘’une façon de reconnaître l’excellence de notre institut’’, s’est félicité Mamadou Wade.
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SYMBIL ET LE DÉCRET ROYAL DE FATIMÉ RAYMONNE HABRÉ
Parler d’une des facettes peu relatée de la traite arabe en Afrique noire, c’est ce que fait, l’épouse du défunt président de la République du Tchad, Hissène Habré, Fatimé Raymonne Habré Dans son roman intitulé, « Symbil et le décret royal»
Parler d’une des facettes peu relatée de la traite arabe en Afrique noire, c’est ce que fait, l’épouse du défunt président de la République du Tchad, Hissène Habré, Fatimé Raymonne Habré. Dans son roman intitulé, « Symbil et le décret royal », l’auteure lève le voile sur le harem.
A travers l’histoire d’une jeune fille qu’elle a choisie comme personnage principal, Mme Habré évoque la situation des esclaves noirs déportés vers les pays arabes. Des faits qu’elle estime que les arabes « tentent d’effacer » dans les annales de l’histoire, parce que jugées « tabou ». Ainsi, de page en page, l’auteure nous fait decouvrir des expériences féminines tirées de cette douloureuse épisode de traite arabe.
« J’ai voulu vraiment parler de ces expériences vécues, des douleurs, des peines, des joies, des rêves biaisés tirés d’une histoire », a-t-elle soutenu, le mardi 18 février dernier, pendant qu’elle présentait son ouvrage à l’Institut français de Dakar.
En fait, le livre met en exergue le récit de Symbil, une jeune fille de 15 ans enlevée par des caravaniers, près de la palmeraie, en plein désert du Sahara. La romancière revient alors, sur le parcours de la jeune fille dans tout son péril jusqu’à ce qu’elle soit vendue par un harem d’un sultan arabe.
« Cela me permet, de décrier complètement c’est quoi un harem et comment on y vit; quelle est son évolution et tous les problèmes qui se trouvent au niveau de ce livre: la question de l’esclavage, toute la douleur qu’on peut en ressentir », a rapporté Fatimé Rayonne Habré.
En réalité, souligne l’épouse de l’ancien président tchadien, que le harem, ce n’est pas ce qu’on pense. «Parfois, les peintres orientalistes ont vraiment beaucoup fantasmé au niveau du harem où on voit que des belles femmes et tout; c’est loin d’être la réalité. Le harem, c’est la matrice de la monarchie. C’est là que vont naître les princes. Ce n’est pas du tout simplement une question de dire, c’est pour le roi et c’est la satisfaction de sa libido. Non, pas du tout », a dénoncé la juriste de formation.
Mme Habré explique également que le harem permet, dans le temps, aux clans d’organiser et de garder le pouvoir. « À partir de ce moment-là, vous avez le harem, le devoir dynastique qui est attribué aux femmes pour pouvoir donc procréer, assurer une descendance et garder le pouvoir », fait-elle savoir.
Le lecteur suit cette histoire jusqu’à ce que Symbil retourne chez elle, en Afrique, à plus de dix mille kilomètres, soixante-cinq ans après. Elle avait 80 ans. « Elle aura passé 65 ans et ses parents n’ont aucune nouvelle. Qu’est-ce qu’elle est devenue sur le plan de son identité aussi? On va voir que son identité a été écrasée complètement alors qu’elle revient chez elle et essaie de s’insérer dans sa société », détaille Fatimé Raymonne Habré.
Il convient de noter que ce roman a remporté le Grand prix du livre Féminin Ken Bugul, édition 2024.
LES ÉTUDIANTS EN MÉDECINE DE L’UCAD MONTENT AU CRÉNEAU
Laboratoires vétustes, frais de formation jugés excessifs : ils exigent des actions concrètes des autorités. Face à cette situation, ils lancent un ultimatum et menacent de passer à l’action si leurs revendications ne sont pas prises en compte.
L’Amicale des étudiants de la Faculté de médecine, pharmacie et odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a exprimé son ras-le-bol, face aux difficultés rencontrées dans leurs études, lors d’une conférence de presse ce jeudi.
Ces étudiants dénoncent le manque de moyens et exigent des actions concrètes de la part des autorités.
Manque de bus, laboratoires vétustes et frais de formation exorbitants
Le président de l’amicale, Ousmane Dieng, a pointé du doigt plusieurs problèmes majeurs. Tout d’abord, le manque de bus pour transporter les étudiants vers leurs lieux de stage est criant.
« Pour une faculté qui compte plus de 7000 étudiants, ne pas disposer de bus en quantité suffisante est inadmissible », s’indigne-t-il.
« Nos étudiants en pharmacie peinent à recevoir une formation de qualité car les laboratoires sont dans un état de délabrement inexplicable », déplore Ousmane Dieng.
Selon lui, le manque de matériel et de produits nécessaires aux travaux pratiques est un frein majeur à leur apprentissage.
Par ailleurs, il a dénoncé le fait que certains étudiants doivent payer leur formation dans un établissement public.
Il propose la création d’un centre de soins pour permettre aux étudiants de pratiquer sans avoir à débourser des sommes importantes.
L’état des laboratoires jugé préoccupant
Face à ces difficultés, les étudiants ont lancé un ultimatum aux autorités.
« D’ici lundi, si rien n’est fait, nous serons obligés de passer à l’action », prévient Ousmane Dieng.
Ils exigent des négociations sérieuses pour obtenir des allocations de stage, un statut étudiant clair et des conditions d’études dignes de ce nom.
« Ce que nous demandons, c’est que ces étudiants puissent bénéficier d’un statut qui leur garantisse des allocations et des conditions d’études qui leur permettront de devenir les futurs médecins et pharmaciens dont le Sénégal a besoin », conclut le président de l’amicale.
DES ETUDIANTS DE L’UGB DEMANDENT L’ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE
La Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL) de l’Université Gaston Berger (UGB), par la voix de son président, Alpha Issaga Diallo, a demandé, mercredi, l’abrogation de la loi d’amnistie...
La Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL) de l’Université Gaston Berger (UGB), par la voix de son président, Alpha Issaga Diallo, a demandé, mercredi, l’abrogation de la loi d’amnistie, exigeant que la lumière soit apportée dans le dossier de leurs ‘’camarades martyrs’’.
Les étudiants Alpha Yéro Tounkara et Prosper Clédor Senghor de l’UGB sont décédés en 2024 à la suite de violents affrontements entre forces de l’ordre et étudiants opposés au report de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février 2024 au Sénégal.
‘’Nous demandons aux autorités étatiques d’abroger la loi d’amnistie, conformément à l’annonce faite par le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko’’, a confié M. Diallo à la presse, lors de la marche pacifique organisée par les étudiants de l’UGB à la mémoire de leurs deux camarades décédés.
Alpha Issaga Diallo estime que cette loi d’amnistie constitue une entrave à la manifestation de la vérité. ‘’Nous demandons aux autorités de faire montre de responsabilité et de respect à l’endroit des étudiants et d’apporter toute la lumière dans le dossier de nos camarades martyrs’’, a-t-il lancé.
La CESL, à travers son président de séance, demande également aux autorités de l’UGB de baptiser les chapiteaux 1 et 2 aux noms des deux étudiants décédés, Alpha Yéro Tounkara et Prosper Clédor Senghor.
Prosper Clédor Senghor, décédé à l’hôpital Principal de Dakar des suites de blessures subies lors de heurts entre des forces de l’ordre et des étudiants opposés au report de l’élection présidentielle, était originaire de Cabrousse.
L’étudiant en licence 1 de mathématiques appliquée et sciences sociales (UFR SAT) de l’université de Saint-Louis, a été inhumé, dans ce village du département d’Oussouye, dans la région de Ziguinchor (sud)
Alpha Yéro Tounkara, âgé de 22 ans, étudiant en géographie de la même université, avait aussi succombé à ses blessures après son évacuation à l’hôpital régional de Saint-Louis. Il a été enterré au cimetière musulman de Dindéfélo, son village, dans la région de Kédougou (sud-est).
Au Sénégal, une loi d’amnistie portant sur les faits liés aux violences politiques survenues entre février 2021 et février 2024 a été votée le mercredi 6 mars 2024 par l’Assemblée nationale.
Mardi, le député de la coalition ‘’Senegaal Kessé’’ (opposition), Thierno Alassane Sall, a annoncé avoir déposé une proposition de loi visant à faire annuler cette loi d’amnistie. ‘’Il appartient désormais à l’Assemblée nationale de décider du sort de cette initiative, conformément à la procédure législative’’, a-t-il ajouté.
Mercredi, le député de Pastef (majorité au pouvoir), Amadou Ba, a réagi à cette initiative parlementaire du député Thierno Alassane Sall la qualifiant de ‘’récupération politique’’.
‘’Quand vous êtes un homme politique qui n’a jamais connu la détention, dont aucun militant n’a été arrêté, torturé, blessé ou tué, vous devriez faire preuve de retenue au lieu de chercher une récupération politique’’, a-t-il partagé sur les réseaux sociaux, s’adressant au député non-inscrit, également leader du parti La République des valeurs.
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, avait annoncé en décembre 2024, le dépôt prochain à l’Assemblée nationale d’un projet de loi portant abrogation de la loi d’amnistie.
DÉSESPOIR SUR LE CAMPUS
Le suicide de Matar Diagne a brisé la loi du silence sur la détresse psychologique au sein des universités. Dans un pays où l'on compte un thérapeute pour 475,000 habitants, ce drame révèle l'ampleur d'une crise que les autorités continuent d'ignorer
(SenePlus) - La mort de lève Matar Diagne le voile sur la détresse psychologique des jeunes et l'insuffisance des dispositifs d'accompagnement dans l'enseignement supérieur au Sénégal.
Dans la nuit du 10 au 11 février, Matar Diagne, l'étudiant en master de droit à l'université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis, a mis fin à ses jours après avoir publié un message d'adieu poignant sur Facebook. « Je ne serai plus vivant quand vous lirez ce message. Je préfère mourir dans la dignité plutôt que de vivre dans le déshonneur », écrivait-il, évoquant à plusieurs reprises son « isolement » et la « souffrance de la maladie ».
Ses derniers mots exhortant à l'écoute – « N'isolez personne, n'ignorez personne (...). Rapprochez-vous des gens qui s'isolent, parlez-leur (...) sans les juger » – ont été massivement partagés et commentés en ligne.
Pour Fatou Fall, présidente de Safe Open Space (SOS), interrogée par Le Monde, « le drame de Matar illustre d'abord le tabou de la santé mentale, surtout celle des hommes ». La militante établit un parallèle avec un cas similaire survenu six ans plus tôt, quand « un Sénégalais anonyme avait annoncé sur Twitter [X, aujourd'hui] son suicide » en espérant que « peut-être [sa mort] aiderait certains pour mieux se comporter avec les gens ».
Les chiffres révélés par Le Monde sont alarmants : selon les dernières données officielles disponibles datant de 2019, le Sénégal ne compte que « 38 psychologues et psychiatres pour 18 millions de Sénégalais », soit « un ratio d'un thérapeute pour 475 000 habitants », alors que l'Organisation mondiale de la santé en préconise 25 fois plus.
À Saint-Louis, le suicide de Matar a créé « une onde de choc » à l'université Gaston-Berger, témoigne Al Jabbar Adebo, étudiant cité par le journal français. Le rassemblement organisé trois jours après le drame a laissé un goût amer à certains participants. Un étudiant ayant requis l'anonymat confie que cette réunion présentée comme « une thérapie collective » ressemblait davantage à « une opération communication », un agent administratif s'étant contenté d'inviter les étudiants à « la résilience » et à « se forger un moral de fer ».
« Nous avons besoin de psychologues disponibles sur le campus », plaide Al Jabbar Adebo dans les colonnes du Monde. « On doit faire face à un mal-être grandissant des étudiants, dont l'isolement s'est renforcé du fait de la dégradation de nos conditions de vie, notamment des logements et de la restauration ».
La situation n'est pas meilleure à l'université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar qui, selon Le Monde, « accueille plus de 90 000 des 240 000 étudiants du pays, mais ne compte aucune cellule d'accompagnement psychologique ».
Le reportage du journal met en lumière les conditions de vie difficiles des étudiants : « les chambres exiguës en colocation, les privations de nourriture – les 7 000 francs CFA mensuels en coupons ne permettent pas plus d'un repas par jour au restaurant universitaire –, et la pression sociale alors que le niveau pédagogique ne cesse de se dégrader ».
À cela s'ajoutent des retards considérables dans le versement des bourses, « parfois de 14 mois », précise Le Monde. Un étudiant prénommé Mohamed, membre d'un collectif de tous les masters 2 de l'UCAD, explique au journal : « Les autorités font croire que nous serions des privilégiés, alors qu'avec le système des bourses nous faisons vivre nos familles restées au village et payons nos études ».
Ce même étudiant conclut avec amertume : « Tout concourt à notre déclassement. Le suicide de Matar en est le symptôme ». Et Al Jabbar Adebo de lancer cet appel poignant rapporté : « Combien de Matar faudra-t-il au gouvernement pour réagir et comprendre l'ampleur du feu qui couve au sein de la jeunesse sénégalaise ? »
LES ETUDIANTS DE L'UCAD EN COLERE
Le Collectif des amicales de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) a tenu une conférence de presse pour exprimer son mécontentement face à l’inaction du ministre de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf.
Le Collectif des amicales de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) a tenu une conférence de presse pour exprimer son mécontentement face à l’inaction du ministre de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf. Les étudiants, très remontés, dénoncent le non-respect des engagements pris par les autorités et appellent à des mesures urgentes pour améliorer leurs conditions d’étude.
Le Collectif des amicales de l’UCAD a haussé le ton lors d’une conférence de presse, pointant du doigt l’inertie du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Ousmane Dieng, président de l’amicale de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie (FMPO) et membre du collectif, a pris la parole pour dénoncer la situation alarmante que vivent les étudiants.
Selon lui, les nombreuses promesses faites par le ministre Abdourahmane Diouf restent lettre morte, créant un profond sentiment de frustration au sein de la communauté universitaire. « La dernière sortie médiatique du ministre n’a fait qu’accentuer notre colère », a-t-il souligné.
Le collectif insiste sur le fait que "la bourse n’est pas un privilège", mais un droit qui doit être respecté. Tout en réaffirmant leur ouverture au dialogue, les étudiants préviennent qu’ils ne laisseront pas la communauté universitaire subir les conséquences d’une gestion qu’ils jugent défaillante.
Ils interpellent ainsi le ministre pour qu’il se concentre sur les véritables urgences, notamment la restitution des bus aux facultés, écoles et instituts, ainsi que la rénovation des amphithéâtres afin d’améliorer les conditions d’apprentissage.
Ces étudiants déplorent par la même occasion la suppression annoncée par le ministre de l'enseignement supérieur de la bourse d'accompagnement.
SAES ET TUTELLE EN GUERRE LARVEE
Les universités publiques sont à nouveau secouées par un mouvement grève du Saes décrété pour les mardi 18 et mercredi 19 février afin de dénoncer, entre autres, l’inertie du gouvernement face aux revendications des enseignants
Le bras de fer entre le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) etle ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) se durcit. Les universités publiques sont à nouveau secouées par un mouvement grève du Saes décrété pour les mardi 18 et mercredi 19 février afin de dénoncer, entre autres, l’inertie du gouvernement face aux revendications des enseignants. Le Saes fustige également la démarche du Mesri pour la résolution des problèmes de l’enseignement supérieur.
L e sous-secteur de l’enseignement supérieur est en proie à une crise profonde au Sénégal. Pour cause, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) maintient la mobilisation et décrète une nouvelle grève de 48 heures à partir de ce mardi 18 février, marquant une escalade dans les tensions. Pour accentuer le mouvement, le Saes demande également aux militants de « surseoir, en plus des activités pédagogiques (soutenances, délibérations), à toute participation aux cours, à des activités administratives et réunions »; et de « suspendre les formations payantes ». La frustration des enseignants du supérieur repose sur « la non-régularisation, depuis bientôt 5 ans, des pensions de retraite aux ayant-cause des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés, en violation de la loi sur le Code des pensions civiles et militaires »; « le non respect de l'engagement pris le 22 octobre 2024 par le MESRI, en accord avec le Gouvernement, de réintroduire le Décret, objet de la revendication, dans le circuit d'adoption des textes administratifs ». Le Saes dénonce aussi « le non respect par le Gouvernement de la clause de confiance du 16 décembre 2024, entre le Saes et le gouvernement représenté par le Ministre Secrétaire Général du Gouvernement, mandaté par le Premier Ministre, engageant la responsabilité du Gouvernement de signer en l'état le projet de décret», « le mutisme et l'indifférence du MESRI à propos des points du préavis de grève du 13 janvier 2025 arrivé à expiration »
Dans son communiqué, le Bureau national du Saes lance un appel à « tous les camarades à la mobilisation pour exiger l'application sans délai du protocole d'accord ainsi que la restauration de la dignité des familles de nos défunts camarades ». Décret sur les retraités : le Saes tire sur le Mesr.
Quelques heures avant le nouveau mot d’ordre de grève, le Saes s’en est pris au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf. Ce dernier, lors d’une sortie médiatique jeudi dernier, est revenu sur les revendications du syndicat, affirmant que le « Saes est en train de négocier avec ses supérieurs ». Non sans lui attribuer une prétendue responsabilité dans la « perte du décret » modifiant le Décret n° 2020- 1788 du 23 septembre 2020 portant création d’une allocation spéciale de retraite au profit des enseignants et chercheurs titulaires des universités. « Pourtant, le même Mesri dans un de ses communiqués intempestifs avait affirmé que le Décret était mystérieusement perdu dans les méandres de l’administration », a rappelé le Saes dans un communiqué.
Le Saes s’inscrit en faux contre de telles allégations fantaisistes et malveillants qui n’ont pour seul but que de jeter le discrédit sur les enseignants du supérieur et de monter les Sénégalais contre ces derniers, mais aussi de fuir ses responsabilités en tant que Ministre de tutelle », rapporte le document. Pis, « le Saes dénonce avec vigueur le discours inélégant et empreint de contre-vérités du Mesri qui, en fuyant ses responsabilités, s’est dessaisi de toutes les questions pour retourner à ses vieilles habitudes : privilégier depuis bientôt quatre mois les sorties médiatiques comme méthode de résolution des problèmes de l’enseignement supérieur à la place de négociations sérieuses avec les acteurs ». A en croire les enseignants du supérieur, « cela confirme ainsi la rupture unilatérale du dialogue avec le Saes».
En effet, les conséquences de ces grèves répétitives sont significatives. Et c’est parce que la menace qu’elles représentent pour le parcours des étudiants, prolonge le temps perdu et entrave la stabilisation du calendrier universitaire. Pour autant, « le Saes informe les étudiants, leurs parents ainsi que l’opinion publique que, malgré sa bonne volonté, le mépris et le dilatoire du Mesri sur la question du préavis de grève arrivé à expiration compromet sérieusement la stabilité du sous-secteur de l’enseignement supérieur ».
Dans sa note, il réaffirme sa détermination à défendre les intérêts des enseignants-chercheurs et des familles des enseignants décédés, tout en refusant d’endosser la responsabilité de perturbations académiques qui pourraient survenir.