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22 novembre 2024
Éducation
LES BERGERS DE LA RÉPUBLIQUE
Un jour dans l'opposition, le lendemain au pouvoir. Les élus sénégalais excellent dans l'art du grand écart politique. Une étude universitaire décortique le phénomène de la transhumance qui transforme l'arène politique en marché aux bestiaux
(SenePlus) - Dans un mémoire universitaire minutieusement réalisé en 2005-2006 à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, M. Tiensigué Diabaté analyse un phénomène qui gangrène la vie politique sénégalaise depuis l'avènement du multipartisme : la transhumance.
"Le matin, le 'nomade' politique flirte avec l'opposition, l'après-midi, il se laisse séduire par le pouvoir. Puis, déçu de ne pas avoir été bombardé ministre, il renoue avec ses premières amours, qu'il délaissera à la première occasion pour les allées du pouvoir", décrit avec acuité le journaliste Francis Kpatindé dans Jeune Afrique, cité en introduction du document.
Cette pratique se manifeste sous diverses formes : "scissions au sein des formations politiques, défections, démissions de militants ou responsables d'un parti politique pour rejoindre un autre, organisations de meetings de ralliement, actes de fusion, migration des élus vers d'autres partis", énumère l'auteur.
Les racines du mal
L'étude identifie plusieurs causes profondes de ce phénomène. "Les conditions de vie précaires et l'état de pauvreté des populations constituent un facteur favorisant la transhumance", note le document citant une étude du R.A.D.I. Le chercheur souligne également que "l'absence d'une forte tradition idéologique dans l'énonciation du politique et l'analphabétisme d'une bonne partie de la population font que le rapport entre le militant et son parti est moins un rapport idéologique que personnel."
Le phénomène a pris une ampleur particulière après l'alternance politique de 2000. "Ceux du PS, après quarante ans de régime socialiste semblent avoir mal vécu le sevrage que leur a imposé l'alternance. Ils sont pour la plupart aujourd'hui au parti libéral du président Abdoulaye Wade", observe Tiensigué Diabaté. Les chiffres sont éloquents : le Parti Socialiste étaient alors passé de 93 députés sous son règne à seulement 10 représentants après son passage dans l'opposition.
Face à ce phénomène, le législateur sénégalais a tenté de réagir. L'article 60 de la Constitution sanctionne la transhumance des députés, une disposition que le constitutionnaliste Ismaëla Madior Fall qualifie de "progrès historique dans la marche vers la civilisation politique". Toutefois, son application reste limitée en l'absence d'une loi organique précisant les conditions de remplacement des élus "transhumants".
L'étude met en lumière les effets dévastateurs de ces pratiques sur la vie démocratique. "La transhumance travaille à pervertir les esprits et à dégrader les caractères", souligne l'auteur. Le phénomène contribue également à la "déliquescence des mœurs politiques" et au "culte de l'impunité", les auteurs de mauvaise gestion échappant à toute poursuite judiciaire dès qu'ils rejoignent le parti au pouvoir.
Solutions proposées
Le mémoire suggère plusieurs pistes pour lutter contre ce fléau : renforcer le dispositif constitutionnel, lutter contre la corruption, mais aussi et surtout investir dans l'éducation politique des citoyens. "L'éducation, la formation politique et civique doivent guider les partis politiques afin que la donne change. Ainsi, le temps viendra où l'on votera par conviction", préconise Tiensigué Diabaté.
En conclusion, cette recherche universitaire rappelle, citant Rousseau, que "le peuple pense être libre ; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement ; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien." Une citation qui résonne particulièrement dans le contexte politique sénégalais.
ABOUBACRINE SOW PRONE UNE MEILLEURE VALORISATION DE LA LANGUE ARABE
Professeur d’arabe depuis plusieurs années et pur produit du daraa, Aboubacrine Sow, formateur en discipline arabe au Crfpe de Thiès, est l’auteur de l’ouvrage Appui à l’enseignement de la grammaire, la morphologie et la conjugaison.
Pour reconnaître la richesse culturelle et linguistique portée par l’arabe, mais également aider les enseignants, les apprenants et même les personnes qui sont intéressées à parler cette langue, Aboubacrine Sow, formateur en discipline arabe au Crfpe de Thiès, vient de sortir un ouvrage intitulé «Appui à l’enseignement de la grammaire, la morphologie et la conjugaison».
Professeur d’arabe depuis plusieurs années et pur produit du daraa, Aboubacrine Sow, formateur en discipline arabe au Crfpe de Thiès, est l’auteur de l’ouvrage Appui à l’enseignement de la grammaire, la morphologie et la conjugaison. La cérémonie de dédicace de ce manuel scolaire a eu lieu samedi dernier au Lycée Demba Diop de Mbour. L’amour de de langue arabe a poussé l’auteur à aller en Mauritanie, en Tunisie et enfin au Maroc, pour mieux l’apprendre. Après ses études, il est revenu au Sénégal pour faire des formations professionnelles. «J’ai fait la Fastef, la Caem, le Caes. J’ai enseigné dans les écoles privées traditionnelles, les écoles privées modernes et les écoles publiques. J’ai aussi constaté que la bibliothèque sénégalaise en langue arabe est presque vide. Je me suis dit pourquoi ne pas essayer d’apporter ma contribution à cette bibliothèque», a déclaré Aboubacrine Sow lors de la cérémonie de dédicace. Il a également souligné qu’au-delà de cet aspect, il veut que les générations futures puissent bénéficier de son travail, comme les gens de sa génération ont eu la chance de bénéficier du travail de leurs anciens. «C’est cela qui m’a inspiré, après quelques efforts, à sortir ce livre qu’on peut considérer comme un manuel scolaire. Le titre du livre, c’est Appui à l’enseignement de la grammaire, la morphologie et la conjugaison pour l’arabe langue vivante au Sénégal -tous les niveaux. Donc, ce sont trois éléments indispensables pour maîtriser une langue. Le livre peut aussi appuyer l’enseignant, mais en même temps l’apprenant, pour la pratique ou l’apprentissage de la langue arabe», a précisé le formateur au Crfpe de Thiès.
Selon lui, la langue arabe fait partie des premières langues étrangères à être pratiquées au Sénégal et jusqu’à présent, il y a beaucoup de mots arabes dans le wolof. Ce qui fait que les Sénégalais pratiquent cette langue sans même le savoir. «Beaucoup de Sénégalais aussi ont le complexe de parler cette langue. D’ailleurs, on veut confiner cette langue et la réserver juste pour les cérémonies religieuses. Cette langue est enfermée dans les cérémonies mortuaires, les baptêmes, les mosquées et autres. Il faut savoir que ce qui est valable pour les autres langues l’est aussi pour l’arabe. C’est une langue vivante, c’est une langue de la société que l’économie, la technologie, la politique, entre autres, utilisent.» Ce livre va ainsi motiver les jeunes, les apprenants pour qu’ils puissent parler sans gêne cette langue. Il va aussi faciliter pour les enseignants, les élèves et même ceux qui ne sont pas dans le milieu scolaire, la maîtrise de cette langue. L’auteur révèle aussi que l’écriture de ce livre est partie d’une émission qu’il fait chaque mercredi à la radio Xew-Xew Fm à Mbour, et qui s’intitule Jariba arabiyataka, «Tester votre arabe». «Pour mieux faire la promotion de cette langue, j’ai pensé écrire ce livre qui va sillonner le monde pour enrichir l’apprentissage de cette langue», précise Aboubacrine Sow
AMADOU MAKHTAR MBOW CELEBRÉ LE 14 PROCHAIN
L’Unesco rendra hommage, le 14 novembre prochain, à Amadou Makhtar Mbow, ancien directeur général de l’institution, décédé le 24 septembre à l’âge de 103 ans. Cette commémoration se déroulera au siège de l’Unesco à Paris
L’Unesco rendra hommage, le 14 novembre prochain, à Amadou Makhtar Mbow, ancien directeur général de l’institution, décédé le 24 septembre à l’âge de 103 ans. Cette commémoration, qui se déroulera au siège de l’Unesco à Paris, mettra en lumière le parcours exceptionnel de ce grand défenseur de l’éducation, de la culture et du patrimoine mondial.
Amadou Makhtar Mbow a dirigé l’Unesco pendant près de 15 ans, de 1974 à 1987. Premier Africain à occuper ce poste prestigieux, il a consacré son mandat à promouvoir l’égalité d’accès à l’éducation et à valoriser les cultures du monde entier. Son leadership a permis de renforcer le rôle de l’Unesco en tant qu’institution clé pour la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des sciences et de la culture. Sous sa direction, plusieurs initiatives majeures ont été mises en place, visant à réduire les inégalités et à favoriser la paix à travers la connaissance et le respect mutuel des cultures.
Selon les informations relayées par le journal L’AS, c’est Amadou Kane, porte-parole de la famille et ancien ministre, qui a annoncé cette cérémonie d’hommage. Ce dernier a exprimé sa gratitude envers l’Unesco pour cette reconnaissance posthume. Il a également souligné l’importance de préserver l’héritage d’Amadou Makhtar Mbow en intégrant son parcours et ses contributions dans le programme scolaire sénégalais, afin que les jeunes générations puissent s’inspirer de ses idéaux et de son engagement pour un monde plus juste.
L’initiative de l’Unesco témoigne de la portée internationale de l’œuvre d’Amadou Makhtar Mbow et de l’impact durable de ses actions. Son parcours, marqué par des engagements pour le développement de l’éducation et la promotion de la diversité culturelle, reste une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures.
SCIENCES PO OUVRE UN BUREAU REGIONAL A DAKAR
L’ouverture du bureau de Dakar, après celui de Nairobi en 2018, permettra de nouer et renforcer les liens de proximité entre Sciences Po et ses partenaires en Afrique.
L’Université française Sciences Po a ouvert un bureau de représentation sous régional à Dakar. La cérémonie marquant l’ouverture officielle de ce bureau régional, s’est déroulée hier, mardi 5 novembre à Dakar. L’ouverture du bureau de Dakar, après celui de Nairobi en 2018, permettra de nouer et renforcer les liens de proximité entre Sciences Po et ses partenaires en Afrique.
Après Nairobi en 2018, Sciences Po vient d’implémenter une autre délégation permanente en Afrique francophone. « Un projet qui a muri depuis un certain nombre de temps de par des liens qui existent depuis très longtemps entre Sciences Po et les institutions, ici au Sénégal, et de manière plus générale, en Afrique subsaharienne », déclare Jeremy Perelman, Directeur des affaires internationales de Sciences Po.
De l’avis du Directeur des affaires internationales de Sciences Po, l’ouverture d’un nouveau bureau à Dakar, en partenariat avec l’Université Rose Dieng France-Sénégal et avec le soutien de la Mastercard, « témoigne de la volonté de Sciences Po de continuer de faire rayonner son offre à travers tout le continent et d’élargir les modalités de partenariat avec les universités… »
Donc, l’implémentation du bureau de Dakar et celui de Nairobi va contribuer à « fédérer les communautés futures et passées de Sciences Po en Afrique, avec une promotion active de l’offre de formation d’une part, et de l’animation des réseaux d’alumni d’autre part », a indiqué Jeremy Perelman.
Aussi ajoute M. Perelman, « Sciences Po porte l’ambition de favoriser des partenariats de recherche, de mobilité professorale et doctorale, pour une plus grande richesse d’enseignants et d’enseignements à Sciences Po. »
Dans leur partenariat, l’ambition conjointe de Sciences Po et de la Mastercard Foundation, d’ici 10 ans, c’est de soutenir, former et accompagner vers la transition professionnelle de 1450 étudiants et jeunes professionnels africains faisant preuve de parcours d’excellence.
De son côté, le Professeur Serigne Magueye Guèye, Directeur général de l’Université Rose-Dieng France-Sénégal, a précisé que ce bureau est un projet transnational à gouvernance paritaire, une université publique de droit sénégalais.
A l’en croire « les établissements d’enseignement supérieur français ont les mêmes droits, c’est-à-dire ont la même dignité au niveau de cet établissement, qui a déjà des partenariats avec des universités sénégalaises publiques, des établissements privés d’enseignement supérieur. »
« Nous avons beaucoup de projets de formation qui mettent en relation des universités françaises et des universités sénégalaises, mais incubés dans les universités partenaires », a-t-il ajouté.
Les formations sont structurées autour de cinq pôles à savoir le pôle intelligence agricole et transition écologique, le pôle intelligence artificielle, Sciences fondamentales et appliquées, le pôle Sciences de la vie, de la santé et du sport, un pôle Industrie culturelle et créative et le pôle Sciences sociales, lettres et sciences humaines.
LE G7 INVITE LE GOUVERNEMENT A CONVOQUER LE COMITE DE SUIVI DES ACCORDS
Des syndicats parmi les plus représentatifs du secteur de l’enseignement ont réclamé mardi la convocation du comité de suivi des accords signés le 22 février 2022 avec le gouvernement, en vue de “diligenter” leur mise en œuvre.
Des syndicats parmi les plus représentatifs du secteur de l’enseignement ont réclamé mardi la convocation du comité de suivi des accords signés le 22 février 2022 avec le gouvernement, en vue de “diligenter” leur mise en œuvre.
“En dehors de la revalorisation de la rémunération des personnels de l’éducation et de la formation, aucune avancée majeure n’a été notée depuis la signature du protocole d’accord le 26 février 2022”, a déclaré Ndongo Sarr, au nom des secrétaires généraux des syndicats en question.
Les centrales en question, regroupées au sein du G7, déplorent des “lenteurs” dans la mise en œuvre de ces accords conclus avec le gouvernement, a-t-il ajouté au cours d’un point de presse tenu au siège du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), à Dakar.
La mise en œuvre des accords portant sur le statut, la carrière et le plan de formation des enseignants et des inspecteurs se trouve ainsi “plombée par des lenteurs”, a-t-il ajouté en présence des secrétaires généraux des syndicats concernés.
Il a cité la digitalisation des actes et des procédures de la fonction publique, la révision du statut des décisionnaires et la revalorisation de leurs pensions de retraite, le parachèvement de la formation diplômante.
Les accords portant sur l’enseignement de l’arabe, mais également ceux signés avec le syndicat des inspecteurs de l’enseignement font également partie des points pas encore mis en œuvre, selon Ndongo Sarr, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (SAEMSS).
Selon lui, “les actions entreprises par les syndicats pour amener le gouvernement à respecter ses engagements ont buté sur l’effet inhibant de la crise sociopolitique que notre pays a traversée entre mars 2021 et mars 2024”.
“Aujourd’hui, cette situation est dépassée, au lendemain de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 ayant abouti à l’avènement d’une troisième alternance politique au Sénégal”, a-t-il relevé.
Pour le syndicaliste, “les enseignants, de par leur engagement patriotique et leur amour de la nation, ont consenti depuis des décennies des sacrifices immenses pour éduquer et former les fils et filles de la nation, en étant moins rémunérés que ceux évoluant dans d’autres secteurs dont le niveau de qualification est inférieur”.
Les syndicats du G7 rappellent au nouveau gouvernement que “l’éducation demeure un secteur prioritaire, moteur de développement”.
“Toute dépense effectuée pour la bonne marche de notre école représente un investissement primordial pour sortir notre pays de l’ornière”, a-t-il relevé.
Aussi, les syndicats regroupés au sein du G7 invite les autorités à revoir à la hausse les investissements dans le secteur de l’éducation et de la formation, afin de “transformer l’école sénégalaise en une école de qualité et de la réussite”.
Ils appellent aussi à “booster le capital humain grâce un système éducatif performant” et à “éradiquer les abris provisoires”.
Le G7 a saisi l’occasion de ce point de presse pour exprimer sa “compassion et sa solidarité” à l’endroit des populations affectées par la crue du fleuve Sénégal et à la communauté éducative suite aux dégâts notés dans les écoles.
Les syndicalistes se sont engagés à mobiliser des ressources pour les accompagner et venir en appui aux enseignants victimes des inondations
LE G7 HAUSSE LA VOIX
Faiblesse du financement de l’éducation, respect des accords - Après plusieurs mois d’accalmie dans le domaine de l’éducation, des syndicats haussent le ton pour se faire entendre.
En conférence de presse tenue hier, mardi 5 novembre, au siège du Sels, le G7 appelle les autorités étatiques à revoir à la hausse les investissements dans le secteur de l'éducation et de la formation afin de transformer l’école sénégalaise en une école de qualité et de la réussite. Une suggestion émise après l’étude du référentiel « Sénégal 2050 » présenté au peuple sénégalais. Les acteurs syndicaux interpellent aussi l’Etat sur l’apurement du passif découlant des accords déjà signés avec le gouvernement en 2022 tout en appelant à la table des négociations pour le problème des décisionnaires.
Après plusieurs mois d’accalmie dans le domaine de l’éducation, des syndicats haussent le ton pour se faire entendre. Selon le G7 qui regroupe les 7 syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation, en dehors des améliorations notées dans le cadre de la revalorisation de la rémunération des personnels de l'éducation et de la formation, en particulier, et de l'administration publique, en général, aucune avancée majeure n'a été réalisée depuis 2022. Selon Abdourahmane Guèye : « nous sommes des syndicats responsables et nous devons, de par le passé, montrer notre volonté à continuer à trouver des solutions pour l'intérêt des écoles sénégalaises. Malheureusement, vous avez constaté que nos communautés, celles qui ont été mises en place, n'ont été convoquées qu'une seule fois. Cela dénote un manque de responsabilité, d'engagement et de volonté des gouvernements pour que, ensemble, la partie syndicale et celle gouvernementale puissent continuer à trouver des solutions par rapport aux problèmes qui se posent parmi nous».
Face à cette situation, le G7 avance que la mise en œuvre des accords portant notamment sur le statut, la carrière et le plan de formation des enseignants et des inspecteurs est jusqu'à présent plombée par des lenteurs ayant trait à la digitalisation des actes et des procédures de la Fonction publique ainsi que l'interconnexion des plateformes des différents ministères; la révision du statut des décisionnaires et la revalorisation de leurs pensions de retraite; le parachèvement de la formation diplômante des chargés de cours, des demandeurs de mise en position de stage, des professeurs contractuels ayant capitalisé plusieurs années d'expérience, des chargés de cours en EPS ainsi que du résiduel des 5000 enseignants recrutés. Aujourd’hui, les camarades de Hamidou Diédhiou, secrétaire général du Sels, ne demandent que l’application de tous les accords signés avec le G7 portant sur l'enseignement de l'arabe ainsi que la mise en œuvre intégrale des accords signés avec le syndicat des inspecteurs.
« Les actions entreprises par les syndicats pour amener le Gouvernement à respecter ses engagements ont buté sur l'effet inhibant de la crise sociopolitique que notre pays a traversée entre mars 2021 et mars 2024. Aujourd'hui, cette situation est dépassée au lendemain de l'élection présidentielle du 24 mars 2024 ayant abouti à l'avènement d'une troisième alternance politique au Sénégal », relève le G7 dans sa déclaration.
Sur un autre registre, les acteurs sont revenus sur le référentiel « Sénégal 2050 ». Selon le G7, « nous avons constaté que le secteur de l'éducation et de la formation, levier fondamental de transformation du capital humain et socle du développement de toute nation, ne figure pas parmi les huit réformes majeures annoncées. A cela s'ajoute la faiblesse de la part de budget qui lui est encore réservée ». En effet, dans le Plan d'Actions Prioritaires, PAP 2025-2029, la part d'investissement pour l'éducation, la formation et la recherche ne représente que 10% des investissements publics. Un constat qui montre, selon eux, encore une fois, que le binôme capital humain / progrès social demeure le parent pauvre des politiques publiques. « Nous invitons le Gouvernement à convoquer le Comité de suivi des accords pour diligenter la mise en œuvre des accords signés avec le G7 ». Le G7 a aussi saisi l'opportunité de cette déclaration pour exprimer sa compassion et sa solidarité à l'endroit des populations riveraines affectées par la crue du fleuve Sénégal ainsi qu'à toute la communauté éducative suite aux dégâts collatéraux notés dans les écoles.
PLAIDOYER POUR UNE ADAPTATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF SÉNÉGALAIS AUX EXIGENCES MONDIALES
À l'ouverture d'un colloque international à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le directeur de l’UFR Sciences de l’éducation et des sports a appelé à intégrer davantage les outils numériques et l’IA pour mieux préparer les jeunes générations.
Saint-Louis, 5 nov (APS) – Le directeur de l’unité de formation et de recherche en sciences de l’éducation et des sports de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Assane Diakhaté, a plaidé, mardi, pour une meilleure adaptation du système d’enseignement sénégalais aux “exigences du monde” qui, de plus en plus, font appellent, entre autres, à la formation à distance et à l’intelligence artificielle.
“Nos pratiques doivent être adaptées à un monde beaucoup plus exigeant avec le développement des outils numériques, la formation à distance, l’intelligence artificielle, nous devrons repenser notre pratique en éducation et formation”, a-t-il déclaré.
Le professeur Diakhaté s’entretenait avec des journalistes, en marge de l’ouverture d’un colloque international de quatre jours portant sur le développement de la recherche pour le développement.
Ce colloque, à s a deuxième édition, est initié par l’unité de formation et de recherche en sciences de l’éducation et des sports (UFR-SEFS) de l’UGB.
Il regroupe tous les deux ans des chercheurs d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, sur le thème “De la petite enfance à l’âge adulte : transformer les pratiques en éducation”.
“Quand vous voyez les exigences du développement, les difficultés que rencontrent les acteurs de l’éducation, que ce soient les enseignants, les parents ou les enfants, les infrastructures, vous vous rendez compte que le soubassement, c’est l’éducation”, a-t-il déclaré.
Assane Diakhaté considère qu’il faut agir pour relever le capital humain, qui, dit-il, “est très bas, se situant à 0,4 au Sénégal”. Il “doit monter à 0,6 par les effets conjugués des enseignants chercheurs”, a-t-il expliqué.
La petite enfance est le point sur lequel “il faut le plus agir”, “si nous voulons redresser le développement du capital humain. Il faudra stimuler l’enfant sur le plan cognitif”, a-t-il préconisé.
Il note que des recherches en psychologie cognitive “ont montré que 80 pour cent du développement du cerveau se passent dans les mille premiers jours”, d’où selon lui la nécessité de stipuler l’enfant dès ses premières années.
“Si nous n’avons pas des pratiques qui permettent de stimuler sur le plan cognitif les enfants, nous serons en retard”, a ajouté le directeur de l’unité de formation et de recherche en sciences de l’éducation et des sports de l’université Gaston Berger.
La réflexion engagée par cette UFR porte sur les voies et moyens d’arriver à un système éducatif dans lequel “les bacheliers auront entre 13 et 14 ans au lieu de 20 ans”, a indiqué son directeur.
Selon le professeur Omar Sougou, le président de son comité d’organisation, ce colloque s’inscrit “dans une dynamique de multidisciplinarité”.
Il se veut une plateforme d’échanges pour les professionnels de l’éducation, a-t-il dit.
Au total, 120 communications sont au programme de cette rencontre de quatre jours qui enregistre la participation de chercheurs de quinze nationalités différentes.
Ces communications portent sur des thèmes relatifs à différents domaines des sciences de l’éducation, indique-t-on.
LE LYNAQE OUVRE SES PORTES À SÉDHIOU ET IMPOSE UN MODÈLE ÉDUCATIF STRICT
Inspiré du modèle militaire de Saint-Louis, ce lycée vise à promouvoir l’équité et l’intégration avec un encadrement mixte, combinant personnel civil et militaire
Dans une interview accordée à RTS Sédhiou, le commandant du Lycée Armée-Nation pour la Qualité et l’Équité (LYNAQE) de Sédhiou, le colonel Cheikh el Walid Mbodj, a annoncé que « tout est prêt pour démarrer les enseignements aujourd’hui, bien que le processus ne soit pas encore à 100 %, notamment en raison de la délicatesse de l’opération de ramassage des élèves. »
Il précise : « L’idée est de le faire de manière progressive. » Ainsi, les élèves des académies de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou ont commencé à arriver dès dimanche, et le reste des effectifs est attendu d’ici mercredi.
Le colonel Mbodj indique également que des professeurs sont prêts à prendre en charge les classes de 6ème, de 5ème et de seconde. Concernant le modèle organisationnel de l’établissement, il révèle : « C’est un colonel qui sera à la tête de l’école. »
Cette structure s’inspire du modèle du prytanée militaire de Saint-Louis, tel que souhaité par le ministre Moustapha Mamba Guirassy, qui avait sollicité l’appui du ministère des Forces armées pour établir un modèle adapté. Une commission a ainsi été mise en place pour réfléchir et proposer une organisation similaire.
« Nous avons proposé un modèle proche du prytanée militaire, où le commandement est assuré par un colonel assisté d’un commandant. L’intendant est également un militaire, tandis que le directeur des études et le surveillant général sont des civils. Tout le personnel enseignant est civil », précise le colonel Mbodj.
En ce qui concerne l’internat, l’encadrement est assuré par des militaires, avec un surveillant général militaire. Pour l’encadrement des filles, des femmes gendarmes en activité ont été désignées comme cheffes de quartiers.
Abordant la question de l’utilisation des téléphones portables par les élèves, le colonel Mbodj souligne les différences entre les règlements de l’éducation nationale et ceux de l’armée. « Contrairement à l’éducation nationale où les règlements sont communautaires, dans l’armée, vous arrivez et vous soumettez au règlement existant. » Il précise que « les téléphones portables ne seront pas autorisés pendant la semaine. Les élèves ne pourront les utiliser que le week-end. »
Concernant les objectifs du LYNAQE, le colonel Mbodj rappelle qu’il s’agit d’un lycée dédié à l’équité et à l’intégration, où le processus de sélection des élèves a pris en compte ces valeurs.
L’établissement accueille actuellement 480 élèves répartis en deux classes de 6ème, deux classes de 5ème et deux classes de seconde. En raison de retards infrastructurels, les élèves de Kaffrine ont été provisoirement regroupés à Sédhiou, selon une décision du ministère de l’Éducation nationale.
SÉVERINE AWENENGO DALBERTO CONTRAINTE DE SE JUSTIFIER
Face à la tempête politique qui secoue le Sénégal autour de son livre sur la Casamance, la chercheuse réplique. Elle retrace vingt années de recherches méticuleuses, depuis ses premiers pas dans la région en 1996 jusqu'à la publication de son ouvrage
(SenePlus) - Face à l'interdiction annoncée de son ouvrage au Sénégal et aux vives critiques dont elle fait l'objet, l'historienne française Séverine Awenengo Dalberto sort à nouveau de son silence pour défendre la nature scientifique de son travail sur la Casamance.
L'universitaire, directrice de recherche au CNRS, a tenu à clarifier la genèse et la nature de son livre "L'Idée de la Casamance autonome – Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", qui cristallise les tensions politiques à quelques jours des élections législatives du 1è novembre.
"Mon livre porte sur l'histoire de l'idée de l'autonomie, c'est un livre universitaire qui ne comporte absolument aucune position politique", explique la chercheuse, dont l'intérêt pour la région remonte à 1996, lors d'un premier séjour qui l'a profondément marquée, notamment après l'attaque de Mandina Mancagne dont elle fut témoin.
Son parcours académique témoigne d'un engagement scientifique de longue date. "J'ai effectué cinq séjours d'environ six mois de recherche en Casamance et à Dakar", précise l'historienne, qui a soutenu sa thèse en 2005 "avec les félicitations du jury à l'unanimité". Ses travaux se sont ensuite diversifiés, couvrant divers aspects de l'histoire sénégalaise, des premiers Sicaps à Dakar au mouvement Y'en a marre.
Face aux accusations d'ingérence dans les affaires sénégalaises, la chercheuse souligne la rigueur méthodologique de son travail : "Un livre universitaire d'histoire ne s'écrit pas en trois semaines ou même un an : c'est des années de recherches et d'écriture". Elle insiste sur la nécessité de "pouvoir nommer son sujet de recherche" pour expliquer le titre de son ouvrage.
La controverse a pris une nouvelle ampleur politique après que le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors d'un meeting à Ziguinchor vendredi, a vivement critiqué l'ouvrage. Il a notamment déclaré que le livre "ne sera pas commercialisé au Sénégal", y voyant "un projet de déstabilisation".
Les éditions Karthala ont déploré "une instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu". Cette position est reprise par l'autrice qui affirme que tous ceux qui ont lu son livre "l'ont trouvé bien documenté, nuancé et qu'il apportait beaucoup à la connaissance de l'histoire du Sénégal".
Cette polémique s'inscrit dans un contexte politique tendu, alors que l'Alliance pour la République, ancien parti au pouvoir, a également dénoncé un ouvrage jugé "dangereux" pour l'unité nationale. Le débat illustre la sensibilité persistante de la question casamançaise dans le pays.
LE NEW YORK TIMES RÉVEILLE LA MÉMOIRE DE MARIAMA BÂ
Le quotidien new-yorkais fait revivre le destin exceptionnel de cette romancière sénégalaise. De l'École Normale de Rufisque aux plus hautes distinctions littéraires, elle a tracé un chemin d'émancipation pour des générations de femmes
(SenePlus) - Dans un portrait saisissant consacré à Mariama Bâ, le New York Times (NYT) révèle le parcours exceptionnel d'une femme qui a marqué la littérature africaine et le combat pour les droits des femmes au Sénégal post-colonial.
Née le 17 avril 1929 à Dakar, Mariama Bâ grandit dans un contexte où, comme le souligne le NYT, les opportunités pour les filles étaient rares sous le régime colonial français. Élevée par sa grand-mère dans une famille musulmane Lebu après la mort précoce de sa mère, elle bénéficie du soutien crucial de son père, Amadou Bâ, fondateur du Mouvement Autonomiste Africain.
"Vous avez un don", lui dit sa directrice d'école, rapporte le quotidien américain. À 14 ans, ses résultats exceptionnels la distinguent de ses camarades destinées à devenir secrétaires. "Tout le monde sauf vous. Vous êtes intelligente", lui déclare Berthe Maubert, sa directrice, l'orientant vers l'École Normale de Rufisque.
Son premier roman, "Une Si Longue Lettre", publié en 1979, remporte le premier prix Noma pour l'édition en Afrique. Selon le New York Times, ce livre figure parmi les 100 meilleurs ouvrages sur l'Afrique du XXe siècle selon la Columbia University Libraries. "Mon cœur se réjouit chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre", écrit-elle dans ce roman devenu un classique.
"Nous devons donner, dans la littérature africaine, aux femmes noires une dimension à la mesure de leur engagement, aux côtés des hommes, dans les batailles pour la libération", déclare-t-elle devant l'Assemblée nationale du Sénégal en 1979, comme le rapporte le Times.
Décédée prématurément d'un cancer du poumon le 17 août 1981 à l'âge de 52 ans, Mariama Bâ laisse un héritage considérable. Le journal américain souligne qu'elle a fondé le Cercle Fémina, une organisation féministe, et qu'une école porte son nom sur l'île de Gorée depuis 1977, un hommage du président Léopold Sédar Senghor.
Son œuvre, notamment "Une Si Longue Lettre", continue d'être largement étudiée dans les écoles d'Afrique de l'Ouest. Comme le rappelle le New York Times, citant la journaliste Kidi Bebey dans Le Monde en 2021, son roman "questionne la condition féminine : les codes régissant les relations avec les hommes, l'importance des castes et, surtout, la polygamie."
À travers ses écrits et son engagement, Mariama Bâ a incarné la voix d'une génération qui se découvrait dans une nation nouvellement indépendante, laissant une empreinte indélébile dans la lutte pour l'égalité des sexes au Sénégal et au-delà.