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26 novembre 2024
Éducation
MOUSTAPHA GUIRASSY FAIT LE PLAIDOYER
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy souligne ce lundi 28 octobre 2024, la nécessité d’intégrer les technologies innovantes notamment le numérique et l’intelligence artificielle dans les enseignements, au profit des enseignants
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, a souligné hier, lundi 28 octobre 2024, la nécessité d’intégrer les technologies innovantes notamment le numérique et l’intelligence artificielle dans les enseignements, au profit des enseignants et apprenants. Il présidait à Dakar avec ses homologues de la Côte d’Ivoire et de la Guinée Bissau, une rencontre régionale pour l’Afrique francophone et lusophone sur ”les compétences numériques et en intelligence artificielle pour les enseignants et élèves”.
«Il faut le reconnaitre, nos systèmes éducatifs ne pourraient évoluer efficacement en marge de ces domaines innovants et émergents. Leur intégration dans les programmes éducatifs est justement une grosse opportunité pour nos jeunes élèves qui, le plus souvent, baignent déjà dans des environnements fortement influencés par les outils numériques », a dit le ministre devant ses pairs de la Côte d’Ivoire et de la Guinée Bissau.
Et de poursuivre : « Les thèmes liés au numérique éducatif et à l’intelligence artificielle (l’IA) constituent un enjeu majeur pour la transformation de nos systèmes éducatifs ». Le ministre de l’Education nationale a invité dans la foulée ses homologues à « conjuguer leurs efforts pour mieux aborder ensemble ce tournant décisif pour nous tous ».
La rencontre régionale pour l’Afrique francophone et lusophone sur « les compétences numériques et en intelligence artificielle pour les enseignants et élèves » dure deux jours et entend focaliser les attentions sur un aspect jugé déterminant pour le progrès des apprenants. Moustapha Guirassy s’est dit convaincu que « les retombées de cette rencontre qui aborde la question sous l’angle du développement des compétences des élèves et enseignants (…) permettront de poursuivre les réforme déjà entamées dans leurs pays respectifs afin de mieux orienter leurs stratégies de prise en charge de la problématique de l’utilisation du numérique et de l’IA dans l’éducation ».
Dans la même perspective, il a magnifié « l’expertise et l’esprit prospectif » de l’UNESCO qui a très tôt mesuré les enjeux en produisant trois documents de référence sur la question. Il s’agit d’un guide sur le rôle de l’Intelligence artificielle dans l’éducation, destiné aux décideurs politiques, d’un Référentiel des compétences des enseignants et d’un Référentiel des compétences des élèves.
OUVERTURE DU CAMPUS DE DAKAR POUR FORMER 600 JEUNES AUX METIERS DE L’AVIATION CIVILE
Le ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye a présidé la cérémonie d’ouverture officielle du Campus de Dakar, institué par l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile
Le ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye a présidé hier, lundi, en présence du Directeur général de l’AIBD, Mamadou Abiboulaye Dieye, la cérémonie d’ouverture officielle du Campus de Dakar, institué par l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile. D’une capacité de cent-cinquante (150) places, cette académie va former 600 jeunes sur les deux campus de Dakar et de Diass..
Le Campus de Dakar de l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile a été inauguré hier, lundi. La cérémonie d’inauguration a été présidée par Malick Ndiaye, ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens, en présence du Directeur général de l’AIBD, Mamadou Abiboulaye Dieye. D’une capacité de cent-cinquante (150) places, cette académie va contribuer chaque année à la formation de six-cent (600) jeunes sur les deux campus de Dakar et celui de Diass, qui sera la phase ultime de ce projet constituant un jalon important dans le cadre de l’ambition des autorités sénégalaises de faire du Sénégal le premier hub aérien de la sous-région.
Pour y arriver, la directrice du Campus de Dakar a rappelé l’enjeu de la formation qui « consiste même en un enjeu de sureté et de sécurité conformément à la règlementation internationale. »
D’où l’urgence, dit-elle, « qui était attachée à la réalisation de ce projet pour accompagner ces professionnels, pour renforcer de manière continue leurs performances, mais aussi accompagner la jeunesse sénégalaise pour qu’elle puisse profiter des opportunités d’emplois qui doivent déboucher de la mise en œuvre de ce portefeuille », a déclaré Mme Aida Ndiaye Seck, directrice du campus Dakar.
De son côté, le ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens a indiqué que « Ce projet est le fruit de notre vision commune, celle de préparer l’avenir de notre secteur aérien, de renforcer notre souveraineté et d’offrir à notre jeunesse des perspectives d’emplois prometteurs. »
L’objectif de cette académie, ajoute-t-il, « est clair et ambitieux: former ici même des professionnels capables d’occuper des postes clés dans le secteur de l’aviation, qu’il s’agisse des pilotes, des techniciens de maintenance, des contrôleurs aériens ou des agents de sureté », a souligné le ministre Malick Ndiaye.
En tant que filiale de AIBD SA, l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile répond à l’ambition des autorités de faire du Sénégal un hub aérien de l’Afrique de l’Ouest à l’horizon 2025. A cet effet, la première étape a consisté au renforcement en équipe et en infrastructures avec l’école de l’armée de l’air à Thiès. Après l’ouverture officielle du Campus de Dakar, l’AIMAC dans la phase ultime de ses projets prévoit la construction d’un campus à Diass qui sera équipé de simulateurs de vols pour assurer la formation continue des pilotes.
L’UNIVERSITE VIRTUELLE DU SENEGAL CHERCHE DES REPÈRES
Les pensionnaires de l’Université virtuelle du Sénégal devenue Université Numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK) font face à moult problèmes dont la question récurrente de la connectivité.
Les pensionnaires de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) devenue Université Numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK) font face à moult problèmes dont la question récurrente de la connectivité. Plus de dix ans après sa création, l’Uvs tente de trouver ses repères face aux dysfonctionnements quoique les nouvelles autorités s’activent à en limiter les gaps.
Créée le 23 septembre 2013 par décret présidentiel n° 2013-1294 pour promouvoir les technologies de l’information et de la communication (Tic) au service du développement de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, l’institution voit cette mission aujourd’hui hypothéquée par un problème technique réel : l’insuffisance de connexion à internet. Les étudiants sont restés trois mois sans connexion et n’ont pas pu continuer leurs activités pédagogiques. Une situation qui était à l’origine de la grève illimitée qu’ils ont déclenchée avant de lever le mot d’ordre suite à la rencontre avec le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et la Sonatel, ce qui a permis de trouver un terrain d’entente. L’Unchk qui fut la première université publique numérique d’Afrique de l’Ouest avec plus de 70 mille étudiants, occupe la deuxième place derrière l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) en termes d’effectifs. Depuis sa création, elle abrite plusieurs Espaces Numériques Ouverts (ENO) couvrant 8 régions, à savoir Dakar, Thiès, Saint-Louis, Louga, Kaolack, Ziguinchor, Kolda et Diourbel. Elle propose à ses étudiants 35 formations réparties en 3 pôles dont les Sciences Technologiques et Numériques (STN), les Sciences Économiques Juridiques de l’Administration (SEJA) et les Lettres, Sciences Humaines et de l’Éducation (LSHE). L’université offre 53 parcours dont 1000 cours entièrement en ligne. En plus de la connectivité, d’autres problèmes sont à relever. En plus de la connectivité, D’autres disfonctionnements sont notés par les étudiants avec l’administration centrale de l’UNCHK dans la proposition de calendrier d’examen reçu tardivement. Il s’y colle aussi le problème des notes où il n’y a pas de réclamation tant que ce n’est pas une cage vide. Au-delà de cet aspect, l’accessibilité aux ENO pose un autre problème à beaucoup d’étudiants en raison de la zone où ils sont implantés. « Il y a des régions qui ne disposent pas d’espace numérique ouvert mais des bâtiments dits ENO provisoire, ce qui entraîne des blocages pour des filières qui doivent faire des travaux de groupe en présentiel. Du coup, elles ne peuvent pas s’en acquitter par manque de disponibilité d’un ENO, ce qui amène que ces travaux pratiques se font en ligne », avance Aissatou Mané, étudiante dans ladite université.
Des manquements sont aussi notés au niveau du personnel, en l’occurrence le corps professoral pour certains parcours après la licence. Là, il est difficile de trouver un encadreur spécialiste en la matière. «Si nous voulons faire finance publique en master, il serait impossible pour nous de trouver un tuteur spécialisé en ce domaine qui pourra nous encadrer. Confronté à cette situation, il faut faire tes propres recherches ». Qui plus est, a-t-elle dit, « Dans la distribution des outils de travail, il arrive souvent qu’ils soient insuffisants. Ce qui fait qu’on voit un déséquilibre dans la distribution des outils et conduit à des lenteurs dans le démarrage des cours». Il n’en reste pas moins qu’elle reconnait qu’un changement se fait ressentir avec le nouveau régime qui esquisse quelques améliorations. « Cette année, pour la première fois, l’UNCHK fonctionne comme les autres universités. Dorénavant, les communiqués d’examens sortent une semaine avant le Jour-j. La lenteur se dissipe peu à peu aussi », relève Aissatou Mané.
PAR l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
ÉTHIQUE, CULTURE, ÉDUCATION ET RENAISSANCE AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - La moralisation politique doit guider tous les projets de changement. C’est un des grands défis du XXIe siècle que de bâtir ensemble les piliers républicains africains qui permettent des gouvernances saines
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 25/10/2024
Quand on considère la dynamique de la renaissance africaine, on voit que les leviers fondamentaux sont multiples. La renaissance africaine est une démarche qui propose un ensemble de valeurs en rupture avec les représentations afro-pessimistes.
Cette démarche de rupture doit s’accompagner d’une unité africaine avec pour pilier plusieurs articulations qui permettent d’œuvrer pour la renaissance :
une unité culturelle avec la réappropriation du patrimoine historique qui soit transmise par le biais de l’école ;
une unité économique et monétaire avec une réelle exploitation des richesses naturelles du continent ;
une unité politique d’où doivent émerger une véritable démocratie, la défense des droits humains fondamentaux et la lutte contre les corruptions.
Mais ce projet panafricain ne pourra s’accomplir sans l’idée forte selon laquelle chaque africain doit recouvrer une image juste de soi, avec l’estime et la confiance nécessaires à la réhabilitation de ses valeurs humaines, sociales, culturelles et éducationnelles. Cette prise de conscience est un élément fondamental pour comprendre la nature plurielle des enjeux majeurs du XXIe siècle pour le continent africain.
L’éthique, valeur de changement
Cependant, il existe un facteur décisif qui peut assurément mener aux valeurs républicaines qui nous préoccupent, je veux parler de l’éthique face à la responsabilité publique, à la conduite des États et à une gouvernance équitable.
Tout d’abord, qu’est-ce que l’on entend par le terme « éthique » ? Observer une éthique est défini comme une « science de la morale » ou un « art de diriger la conduite ». Dans le domaine médical, il existe une éthique professionnelle, ou « bioéthique », qui permet de mettre au premier plan les objectifs de la recherche, de la médecine, au mépris des intérêts financiers et/ou personnels que représentent les divers lobbyings.
Et bien je dirais que l’éthique professionnelle et humaine doit habiter tout l’espace citoyen et républicain du continent africain. C’est une condition nécessaire si l’on veut parvenir au développement, à la croissance réelle, et si l’on souhaite se relever dignement à travers les principes de la renaissance africaine. Ces deux attitudes doivent coexister de manière forte.
L’éthique est une valeur intrinsèque du changement politique, économique, social et culturel que l’on attend. Un professeur possède une éthique face à ses élèves. Il se doit de considérer chaque apprenant en capacité de réfléchir, de progresser, et il doit les respecter dans leur singularité et leur unité. Son principal objectif est d’aider ses élèves à apprendre. Un véritable artiste possède aussi une éthique dans ce qu’il exprime, ce en quoi il croit viscéralement. Il peut faire des compromis, mais pas de compromissions, car il ne doit pas se défaire de sa déontologie au risque de perdre son art, ou son âme. Celui qui céderait, par exemple, à une opération financière où l’art serait secondaire, bafoue la moralité dans laquelle il s’est engagé. Le journaliste possède une éthique qui est celle de transmettre l’information le plus justement possible, et ce au plus grand nombre. S’il s’associe aux puissants des États, s’il accepte de rendre public des évènements maquillés, il viole les valeurs de son métier. Et il en va ainsi naturellement pour tous les domaines professionnels.
De la sorte, on voit bien que la plupart des sociétés sont constituées d’une éthique, qui est un ensemble de codes moraux régis par les institutions qui garantissent l’équité et la justice.
Il en va de même pour l’exercice politique. L’éthique doit être au centre de tous les programmes politiques, au cœur de toutes les organisations qui forment les États africains, nos régions et nos nations. C’est le cadre moral qui doit prévaloir sur tout autre aspect au sein de nos institutions, et ce au plus haut niveau des responsabilités.
L’intégrité politique, pierre angulaire de la renaissance africaine
L’éthique doit s’inscrire dans le code des valeurs républicaines et ne jamais céder aux enjeux financiers et aux réussites matérielles et personnelles. L’intégrité doit être le premier engagement pour les hommes et pour les femmes qui sont destinés aux plus hautes responsabilités.
Au XXIe siècle, il n’est plus acceptable de voir à la tête des États africains, la corruption, le népotisme, l’impunité, et d’agir comme si cela était tout à fait normal. Ces pratiques immorales et injustes sont tellement courantes que l’on n’y prend plus garde ; et cela est grave car elles se banalisent.
Moi, je dis que c’est un fléau qui doit cesser ; c’est une gangrène croissante qui empêche à la fois le développement et la véritable démocratie.
Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est bâtir les valeurs républicaines africaines et les garantir durablement. Comment est-il possible que certains hommes politiques des pays en voie de développement soient plus riches que les chefs d’États qui exercent en Occident ? Ceci est inacceptable et conduit assurément à la faillite économique et morale.
Il faut construire un pacte vertueux qui assure que :
celui qui dirige les affaires publiques s’engage à une conduite honnête et une éthique à toute épreuve ;
celui qui a en charge les deniers publics a des comptes à rendre à chaque moment de sa carrière administrative ou politique.
C’est un changement radical qui doit s’opérer dans la conduite des États, et chaque homme, chaque femme, tous les acteurs intègres doivent lutter contre toutes les formes de profits. La moralisation politique doit guider tous les projets de changement. Sans cela, l’échec perdurera et la misère grandira encore.
Chacun doit avoir à l’esprit qu’il faut combattre inlassablement ce qui mène à la « banqueroute » : la corruption, le népotisme, l’impunité. Voici les trois grands coupables des États africains et du continent tout entier qui conduisent à l’immobilisme culturel.
C’est un des grands défis du XXIe siècle que de bâtir ensemble les piliers républicains africains qui permettent des gouvernances saines et de la justice sociale.
Mais les solutions pérennes pour anéantir l’effondrement des nations africaines sont aussi la fraternité, la solidarité, l’intégrité, l’unité et la transmission de ces valeurs par l’éducation et la formation des élites.
Ainsi, si nous partageons ces valeurs éthiques et républicaines, que nous les inscrivons au patrimoine culturel africain et que nous les mettons en place comme un rempart indestructible, nous pourrons contribuer à l’émergence de notre continent et à la renaissance africaine. Nous pourrons enfin entrer sur le grand échiquier économique et politique mondial qui mène assurément à la créativité.
Amadou Elimane Kane est enseignant et chercheur en sciences cognitives, poète écrivain.
LES UNIVERSITAIRES EVALUENT LE SYSTEME LMD
Les acteurs de l’enseignement supérieur étaient, depuis deux jours à Saly, avec le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour évaluer le système Licence-Master-Doctorat (Lmd) mis en œuvre depuis plusieurs années au Sénég
Par Alioune Badara CISS – Correspondant |
Publication 23/10/2024
Les acteurs de l’enseignement supérieur étaient, depuis deux jours à Saly, avec le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour évaluer le système Licence-Master-Doctorat (Lmd) mis en œuvre depuis plusieurs années au Sénégal.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Dr Abdourahmane Diouf, qui a présidé l’ouverture de la cérémonie officielle, s’est félicité de la tenue de cette rencontre. «Quand les acteurs demandent l’évaluation de leur propre système, cela veut dire que le travail sera fait sans aucune complaisance. C’est pour cela que nous sommes là, pour voir ensemble les résultats et voir aussi quelle est la posture du Sénégal par rapport au système Lmd. Et les résultats de cette rencontre seront ceux de la communauté universitaire.» Interpellé sur la situation des orientations, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a fait le point. «On a réussi à orienter les étudiants en septembre. Ce qui ne s’était pas fait pratiquement depuis dix ans. Le 19 septembre, nous avons orienté 86% des bacheliers. Et pour le reste, nous leur avions donné un délai jusqu’au 15 octobre. Et nous sommes en train de faire les évaluations. Nous savons qu’il y a des problèmes liés à des retards, car il y en a qui ne peuvent pas s’inscrire dans les délais. D’autres aussi n’ont pas pu payer dans les délais demandés et ils ont perdu leur place», a regretté le ministre..
Par ailleurs, il a souligné qu’ils sont en train de faire l’évaluation avec les membres de l’équipe Campusen. «On va essayer de voir comment récupérer le maximum d’étudiants qui n’ont pas pu payer les frais d’inscription à temps. Tant que le processus n’est pas bouclé, aucun étudiant ne pourra dire qu’il n’a pas été orienté. Cette année, le gouvernement veut faire une orientation universelle. Tous les étudiants demandeurs seront orientés. Donc, les étudiants qui n’ont pas encore reçu d’orientation verront un deuxième jet qui sera lancé avant la fin du mois d’octobre», a promis Dr Abdourahmane Diouf.
Les bourses seront payées intégralement d’ici deux à trois semaines
Toutefois, il a déploré le fait que les budgets 2024 du Mesri soient calibrés sur 9 mois, avant de déclarer que l’argent que son ministère est en train de dépenser en septembre, c’est celui qu’il devait dépenser en décembre, ce qui constitue un gap de trois mois. Cependant, les autorités ont pris des mesures pour combler ce gap. «Beaucoup ont dit que nous avons diminué les bourses des étudiants. On ne peut pas diminuer la bourse d’un étudiant. Nous n’avons aucune prérogative, ni aucun droit pour diminuer la bourse. Notre intérêt d’ailleurs, c’est que l’étudiant soit dans d’excellentes conditions de travail. Ce qui est arrivé, c’est que nous sommes à un mois où il y a un pic. Nous sommes au mois d’octobre, il y a des étudiants de l’année dernière qui se sont inscrits en juillet 2024. Quand ces étudiants s’inscrivent au mois de juillet, nous devons leur payer leurs rappels sur une année, alors que nous venons juste d’avoir les états de paiement. Quand nous sommes fin septembre-début octobre, là où nous payons en moyenne pour les bourses 6, 8 milliards, nous payons 15 milliards en un mois. Donc là, il faut d’un coup payer 15 milliards, et cette somme n’est pas arrivée d’un coup. Et on avait deux options, soit attendre la totalité de l’argent, soit démarrer avec le montant disponible et payer. Nous avons donc choisi la deuxième option. Nous avons pensé que les étudiants comprendraient cette option. D’abord, on ne réduit pas leur bourse. Nous avons commencé à payer la première vague la semaine dernière, et la deuxième vague sera payée cette semaine. Nous avons travaillé avec la banque sur ce point, et nous espérons qu’il n’y aura pas de rupture. L’intégralité du paiement se fera progressivement d’ici deux ou trois semaines», assure le ministre..
Pas en contentieux avec le Saes
Malgré les résultats que le ministre de l’Enseignement supérieur brandit, il risque de faire face à une grève du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes). Ce dernier a sorti un mot d’ordre de grève pour mercredi prochain. «Nous comprenons les inquiétudes du Saes. Mais il est aussi important que l’opinion publique comprenne la situation. Nous ne sommes pas en contentieux avec le Saes. Au contraire, nous sommes régulièrement en discussion pour trouver des solutions à l’enseignement supérieur. Il se trouve que le Saes avait négocié pendant plus d’une année le contenu d’un décret pour la prise en charge des pensions pour les veuves et les veufs des enseignants chercheurs. Ils avaient trouvé un accord avec l’ancien régime. Et le 28 février dernier, on a pris ce décret qui consacrait l’accord entre le gouvernement et le Saes en Conseil des ministres. Ce décret, qui consacre ces droits au Saes, a été perdu», a précisé le ministre. Avant de soutenir que «le gouvernement actuel ne remet pas en cause le contenu du décret. Mais, il se trouve que pendant plus de trois mois, nous avons cherché le décret en vain. Quand on a fini de savoir que le décret en question ne sera pas retrouvé, on s’est dit qu’il fallait réintroduire le décret. J’ai commencé ce processus depuis la fin du mois de juillet. Mais la situation est un peu difficile pour le Mesri, parce que ce décret a été introduit par le ministre des Finances. Ce qui fait que quand je reprends le décret, pour aller en Conseil des ministres, on m’a notifié que le décret ne peut être réintroduit que par le ministre des Finances. Et en ce moment, le ministère des Finances travaille sur cette affaire pour décanter la situation. Je voudrais rassurer le Saes etla communauté universitaire pour leur dire que nous ne sommes pas en contentieux sur le contenu du décret, et que ce décret sera réintroduit», tempère Dr Abdourahmane Diouf.
74 964 NOUVEAUX BACHELIERS DEJA ORIENTES, SELON LE MESRI
Selon Abdourahmane Diouf, « ce mardi 22 octobre 2024 (hier, Ndlr), 100% des bacheliers qui en ont fait la demande ont été orientés, suivant la volonté du Gouvernement de maintenir une admission universelle dans les universités publiques »
74 964 nouveaux bacheliers ont déjà été orientés dans les universités publiques. L’annonce est du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf. « Sur un total de 78.246 candidats admis, les bacheliers ayant effectivement fait une demande, sont au nombre de 74.964. Les bacheliers ayant reçu au moins une proposition sont au nombre de 74.964, soit 100% des demandeurs », indique un communiqué dont nous avons reçu copie hier, mardi 22 octobre.
Selon Abdourahmane Diouf, « ce mardi 22 octobre 2024 (hier, Ndlr), 100% des bacheliers qui en ont fait la demande ont été orientés, suivant la volonté du gouvernement de maintenir une admission universelle dans les universités publiques ». Il faut dire que le processus d'orientation des nouveaux bacheliers de la session de juillet est bouclé. Il ne reste que celui des bacheliers de la session de remplacement. « Les 208 bacheliers de la session de remplacement d'octobre sont invités à s'inscrire sur la plateforme Campusen entre le 28 octobre et 10 novembre 2024 pour leur orientation », a fait savoir le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
UNE RENTRÉE SOUS PRESSION
Un décret perdu, des bourses impayées et des enseignants en colère. La rentrée universitaire 2024-2025 cristallise tous les maux de l'enseignement supérieur sénégalais. Le ministre promet des solutions dans un contexte budgétaire tendu
La rentrée universitaire 2024-2025 qui avait lieu hier, lundi 21 octobre 2024, s’est effectuée dans la tension. Les étudiants de Master 1 de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont affronté les forces de l’ordre pour réclamer le paiement intégral de leurs bourses. Dans le même temps, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) lançait un mot d’ordre de grève pour demain, mercredi 23 octobre, et jeudi prochain.
La rentrée universitaire 2024-2025 s’annonce mal. Alors que le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a ouvert ses portes, le samedi 19 octobre, et que la reprise des activités pédagogiques était prévue pour hier, des mouvements de protestation ont été lancés. Les étudiants de Master 1 de la Faculté de Sciences juridiques et politiques (Fsjp), de la Faculté des Lettres et Sciences humaines (Flsh), de la Faculté des Sciences et de la Faculté des Sciences économiques et de Gestion (Faseg) se sont affrontés aux forces de l’ordre pour réclamer le paiement intégral des bourses qui leur avaient été octroyées pour l’année universitaire 2023- 2024. C’était dans la matinée d’hier, lundi 21 octobre. Ils ont brûlé des pneus et les forces de l’ordre ont répliqué avec des jets de gaz lacrymogènes. Depuis quelques jours, les étudiants dénoncent le retard du paiement de leurs bourses. A cela, la Direction des bourses a réagi : « La vérité est que le paiement est progressif pour ce mois-ci, eu égard au montant global des paiements des bourses très élevé dans un contexte très particulier de fin de gestion des budgets. Cette hausse du montant global de l’enveloppe des bourses est due au retard des inscriptions dans les universités. C’est pourquoi, beaucoup d’étudiants percevront le mois courant un rappel couvrant octobre 2023 et septembre 2024», indiquait un communiqué en date du 17 octobre dernier. Toutefois, les étudiants se disent déterminés à poursuivre la lutte pour la satisfaction de leurs revendications.
Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) manifeste également son mécontentement. C’est dans ce sens qu’il a annoncé une grève de 48 heures pour les mercredi 23 et jeudi 24 octobre prochains pour exiger, entre autres, la publication d’un décret concernant les dispositions relatives à la retraite des enseignants-chercheurs.
La rentrée universitaire 2024- 2025 démarre ainsi sous hypothèque. Ce, alors que la stabilisation de l’année universitaire demeure une priorité pour les nouvelles autorités. Des perturbations de cours organisées par les enseignants vacataires de l’Université Alioune Diop de Bambey ont été notées au début de ce mois. Ils dénoncent le non-paiement de leurs salaires et les lenteurs dans le traitement des heures de vacation. Les enseignants-vacataires exigent également le paiement de trois semestres d’heures de vacation.
«Les bourses seront progressivement payées d’ici deux à trois semaines», dit le ministre
« Nous avons commencé à payer la première vague la semaine dernière et la deuxième vague sera payée cette semaine. (…). L’intégralité du paiement se fera progressivement d’ici deux ou trois semaines », a-t-il promis. S’exprimant lors de l’ouverture de l’atelier de Saly, le ministre a signalé que ses services ont « travaillé avec la banque chargée d’assurer le paiement sur ce point ». Il dit espérer qu’ « il n’y aura pas de rupture » dans le paiement de l’intégralité des bourses. « En fin septembre, début octobre, là où nous payions en moyenne pour les bourses 6, 8 milliards, nous payons 15 milliards en un mois », a-t-il avancé, pourjustifier les retards de paiement des bourses des étudiants. Abdourahmane Diouf explique que « la somme de 15 milliards n’étant pas disponible pour payer d’un coup toutes les bourses », son département avait deux options : « soit attendre la totalité de l’argent, soit démarrer avec le montant disponible et payer les bourses ». Il a précisé que son ministère a « choisi la deuxième option ».
Publication du décret concernant la retraite des enseignants - chercheurs : Abdourahmane Diouf rassure le Saes
En marge du séminaire sur l’évaluation du système LMD qui regroupe l'ensemble des acteurs de l'enseignement supérieur à Saly, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf a réagi sur les revendications du Saes. «Nous comprenons la situation du Saes et nous ne sommes pas en contentieux avec le Saes. Au contraire, nous sommes régulièrement en discussion avec eux pour trouver des solutions sur l’enseignement supérieur», reconnaît Dr Abdourahmane Diouf. Et d’ajouter : « Le Conseil des ministres avait adopté ce décret. Mais comme nous sommes dans un pays un peu particulier et qu’il s’est passé des choses pas catholiques avec l’ancien régime, ce décret qui consacre les droits du Saes a été perdu. On n’a nulle trace du décret. Le gouvernement actuel ne remet pas en cause le contenu du décret mais voilà 3 ou 4 mois que nous cherchons le décret. Le Saes a aussi cherché mais ne l’a pas trouvé. C’est pour cela qu’on a jugé utile de réintroduire le décret. C’est ce que nous sommes en train de faire. On a entamé le processus depuis le mois de juillet mais la situation est un peu compliquée parce que le décret au lieu d’être introduit par le Mesri a été introduit par le ministère des Finances». Mieux, dira Dr Abdourahmane Diouf: « Le décret est entre les mains du ministère des Finances qui est en train de prendre les diligences nécessaires. Je rassure le Saes et la communauté universitaire. Nous ne sommes pas en contentieux sur le décret. C’est un décret qui doit être réintroduit. S’ils nous accompagnent dans ce dernier processus en nous donnant les éléments qu’ils ont par devers eux pour qu’on puisse confronter les différentes versions existantes, le Saes aura son décret et on aura la paix dans les universités ».
ABDOURAHMANE DIOUF ASSURE QUE LE PAIEMENT DES BOURSES SE FERA PROGRESSIVEMENT
Le ministre de l’Enseignement supérieur, lors d’un atelier sur l’évaluation du système LMD, a précisé que la première vague de paiements a déjà été effectuée et que des mesures sont en place pour garantir la continuité des versements.
Saly, 21 oct (APS) – Les bourses des étudiants seront progressivement payées d’ici deux à trois semaines, a assuré, lundi, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf.
‘’Nous avons commencé à payer la première vague la semaine dernière et la deuxième vague sera payée cette semaine. (…). L’intégralité du paiement se fera progressivement d’ici deux ou trois semaines’’, a-t-il promis.
S’exprimant lors de l’ouverture d’un atelier portant sur l’évaluation du système LMD (licence, master, doctorat), il a signalé que ses services ont ‘’travaillé avec la banque [chargée d’assurer le paiement] sur ce point’’. Il dit espérer qu’’’il n’y aura pas de rupture’’ dans le paiement de l’intégralité des bourses.
‘’En fin septembre, début octobre, là où nous payions en moyenne pour les bourses 6, 8 milliards, nous payons 15 milliards en un mois’’, a-t-il avancé, pour justifier les retards de paiement des bourses des étudiants.
Abdourahmane Diouf explique que ‘’la somme de 15 milliards n’étant pas disponible pour payer d’un coup toutes les bourses’’, son département avait deux options : ‘’soit attendre la totalité de l’argent, soit démarrer avec le montant disponible et payer les bourses’’. Il a précisé que son ministère a ‘’choisi la deuxième option’’.
Il a assuré qu’à la date du 19 septembre, ”86% des nouveaux bacheliers ont été orientés”.
‘’Pour le reste, nous leur avions donné le délai du 15 octobre. Et nous sommes en train de faire les évaluations avec les membres de l’équipe Campusen et on va essayer de voir comment récupérer le maximum d’étudiants qui n’ont pas pu payer les frais d’inscription à temps’’, a souligné l’officiel.
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FATOU DIOME, UNE VOIX POUR LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE
Face au discours de l'extrême droite en France, l'écrivaine reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines
Dans un à TV5Monde, Fatou Diome, écrivaine franco-sénégalaise, partage sa vision d'un monde où la fraternité transcende les frontières et les origines. Récemment accueillie à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, Diome a retracé son parcours depuis les rives du Sénégal jusqu'aux salons littéraires européens.
"Je suis une intersection", déclare-t-elle, soulignant l'importance du trait d'union dans son identité franco-sénégalaise. Elle puise sa force dans ses racines, évoquant avec émotion ses grands-parents qui l'ont élevé.
S'adressant à la jeunesse africaine, Diome lance un appel vibrant : "Instruisez-vous et donnez-vous le droit à vos rêves." Elle insiste sur l'importance de l'éducation comme outil d'émancipation et de progrès.
Face au discours de l'extrême droite en France, Diôme reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines.
"Nous allons nous aimer tous malgré eux et contre eux", déclare Diome, opposant à la rhétorique de la division un message d'unité et d'amour. Elle invite chacun à contribuer à une histoire commune, riche de diversité.
Fatou Diome conclut en réaffirmant son engagement : "Je suis encore dans un esprit d'étudiant. Le savoir n'est jamais acquis, il faut toujours continuer à le compléter."
PRÉPAS : LA GRANDE DÉFAITE DES CERVEAUX SÉNÉGALAIS
Depuis 2017, l'absence de Sénégalais admis à l'École Polytechnique de Paris par la voie des prépas est un signal d'alarme. Entre précarité financière, pression académique et choc culturel, les jeunes talents se retrouvent broyés par un système impitoyable
Si les Jeux olympiques (Jo) sont le rendez-vous des meilleurs athlètes de la planète, les classes préparatoires aux grandes écoles françaises (Cpge), surnommées « Prépas », elles, demeurent la filière d’excellence des meilleurs étudiants au monde. Il s’agit de lycées spécifiques qui forment et formatent les nouveaux bacheliers en deux ans afin de mieux les préparer aux concours très sélectifs d’entrée dans les grandes écoles françaises notamment celles d’ingénieurs. Incontestablement, la plus prestigieuse d’entre elles, c’est l’Ecole polytechnique de Paris (Epp). Malheureusement, depuis 2017, aucun Sénégalais n’a été admis dans cet établissement via les « Prépas ». Ce, contrairement aux étudiants marocains et tunisiens qui raflent les rares places réservées aux étrangers. Après avoir récemment fait une immersion dans la communauté des étudiants sénégalais en France, notre reporter Pape Ndiaye dit pourquoi cette impossibilité pour nos meilleurs élèves de franchir la porte d’entrée de cet établissement.
Considéré comme le diplôme le plus populaire au monde, le baccalauréat 2023-2024 a vécu ! Et pour beaucoup de nouveaux bacheliers sénégalais, le plus angoissant n’était pas forcément de décrocher une mention ou non. Le rêve, c’est plutôt d’aller poursuivre les études supérieures à l’étranger. Et particulièrement en France. L’essentiel, c’est de s’expatrier quitte à aller étudier le « Lingala » dans l’Hexagone.
Il est vrai qu’il y a de quoi déserter le Sénégal où de nombreux jeunes diplômés issus de nos universités publiques et privées éprouvent d’énormes difficultés à trouver un emploi correspondant à leurs études. D’où le choix irrépressible de très nombreux élèves de terminale de quitter le pays après avoir planifié leur avenir post-bac en faisant des pré-inscriptions dans les écoles et universités françaises. Pré-inscriptions généralement faites et acceptées à l’insu des pauvres parents d’élèves mis souvent devant le fait accompli.
Kh. Diop est un postier à la retraite. Domicilié à Nord-Foire à Dakar, il dit avoir subi toutes sortes de pressions de la part de son fils désirant étudier en France après son bac. « Dès la proclamation des résultats, mon fils a joyeusement exhibé son attestation de pré-inscription dans un lycée préparatoire sous réserve du bac. Non seulement il m’avait mis devant le fait accompli mais encore il m’a mis une pression terrible pour aller étudier en France. Pour lui, c’était partir ou rien puisqu’il n’imaginait même pas de s’inscrire à l’Université de Dakar. Embarrassé par cette rébellion, j’étais obligé de brader mon unique terrain situé à Malika et c’est avec l’argent de cette vente que j’ai financé son voyage. Il est vrai que la scolarité en classe prépa est gratuite dans les lycées publics français. Mais les charges relatives au logement en internat, la restauration, à l’inscription annuelle et au billet d’avion sont financièrement lourdes pour un salarié retraité comme moi » explique ce parent d’élève».
Rush vers les classes prépas !
Qu’est-ce qui donc fait courir les jeunes bacheliers sénégalais vers les classes préparatoires en France ? Du moins, les plus brillants d’entre eux. La réponse se trouve dans l’Europe des élites où la plupart des personnalités scientifiques, économiques, politiques et militaires ainsi que les lauréats de prix Nobel sont issus de grandes écoles via les prépas. En immersion dans de grandes écoles et universités situées à Paris, Lille et Nancy, « Le Témoin » s’est rendu compte que les prépas sont perçues comme des tremplins vers les carrières les plus prestigieuses de France et du reste du monde.
Les classes préparatoires ou « prépas », comme l’indique leur nom, préparent en deux (02) ans les étudiants français, sénégalais, marocains, tunisiens, belges, chinois et autres étrangers aux concours d’entrée dans les grandes écoles notamment d’ingénieurs telles que Science Po Paris, Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, Ecole Polytechnique de Paris, Haute école de commerce (HEC), Ecole Centrale Lyon, Télecom Paris, Ecole militaire Saint Cyr-Coetquidan, Ecole polytechnique de Lille, Ecole des Mines Paris, Ecole nationale de l’aviation de Toulouse, Ecole des Ponts et Chaussées voire Conservatoire national des Arts et Métiers etc…
Selon B. Seck, étudiant sénégalais à Lille, près de 150 lycées comme Henri IV, Louis Le Grand, Saint-Cyr-Coetquidan, Jean Bart, Prytanée national et autres abritent des classes préparatoires. « Ces établissements d’excellence répartis sur l’ensemble du territoire français ont été toujours considérés comme la « voie royale » pour intégrer les grandes écoles d’ingénieurs. D’ailleurs, nos professeurs ne cessent de nous rappeler que la prépa est la filière la plus prestigieuse, la plus sélective et la plus difficile au monde. C’est un système éducatif à la Française, unique en son genre et qui n’existe nulle part ailleurs car il favorise non seulement l’acquisition de connaissances techniques et scientifiques de haut niveau mais aussi cultive également un esprit critique et une capacité à travailler sous pression, des compétences souvent indispensables dans le monde professionnel. En effet, les études dans les prépas combinent excellence, rigueur académique et développement personnel, préparant ainsi les étudiants à devenir les sculpteurs de la société de demain. « Ces qualités essentielles développées par les Cpge — classes préparatoires aux grandes écoles — répondent aux futures exigences attendues en Grandes écoles d’ingénieurs : il s’agit bien d’un écosystème d’excellence global, où l’excellence de la préparation conduit à l’excellence de la formation ultérieure », a précisé notre jeune compatriote après sa réussite au concours d’entrée dans une grande école d’ingénieurs.
Au bout de deux années d’études en classe prépa, trois de ces filières scientifiques à savoir Mathématiques, Physique, Sciences de l’Ingénieur (Mpsi) ; Physique, Chimie, Sciences de l’Ingénieur (Pcsi) ; Physique, Technologie, Sciences de l’Ingénieur (Ptsi) mènent indistinctement à près de 200 écoles d’ingénieurs dont l’École Polytechnique, l’Écoles des Mines de Paris, l’Ecole Centrale etc. Sans oublier les grandes écoles normales (filière littéraire). Justement en milieu estudiantin, tous les débats et discussions relatifs à l’excellence convergent vers l’Ecole Polytechnique de Paris. Jouissant d’un grand prestige dans l’enseignement supérieur hexagonal, l’École polytechnique est souvent associée à sélectivité et excellence mondiale.
Malheureusement, déplore T. Diagne, étudiant en prépa dans un lycée parisien, depuis 2017 aucun sénégalais n’a réussi le concours d’entrée à l’Ecole Polytechnique de Paris par « voie royale » c’est-à-dire après deux ans de prépa. « Pire encore, cette année 2024, aucun étudiant sénégalais parmi les centaines à avoir fait le concours n’est admis à l’Ecole Polytechnique de Paris toujours en tête du classement des meilleures écoles d’ingénieurs de France et d’Europe. Comme chaque année, les Marocains ont encore excellé. Sur les soixante (60) places réservées aux étudiants étrangers par « voie royale », les Marocains ont décroché haut la main la première place avec 41 admis. Ils sont suivis des Tunisiens avec dix (10) admis puis viennent les Algériens, Canadiens, Roumains, Autrichiens, Chiliens, Libanais et Tchèques qui se partagent le reste des places pour l’accès à l’Ecole Polytechnique de Paris. Ces dernières années, les rares brillants et méritants étudiants sénégalais admis à l’Ecole Polytechnique de Paris sont passés par la filière universitaire, et non par la prépa dite voie royale…»,regrette cet étudiant sénégalais. Qui estime donc qu’« il faut revoir notre système d’enseignement des matières scientifiques. Si les Marocains et Tunisiens brillent régulièrement aux concours c’est parce qu’ils sont trop forts en maths et en physique. Dans notre classe de prépa, ils font partie des meilleurs étrangers grâce à leur très bon niveau scientifique acquis dès le collège », indique Mb. Cissé étudiant à Lyon.
Une «super-grande» école, un rêve brisé !
Pourtant, les Sénégalais ne sont pas des nullards, loin s’en faut. La preuve par le nombre impressionnant de bacheliers de notre pays rigoureusement sélectionnés et admis dans les classes préparatoires de France réputées être réservées aux meilleurs élèves au monde. Nombre d’entre eux sont des lauréats du Concours général. D’autres des bacheliers ayant obtenu une mention. Hélas, beaucoup de brillants étudiants, âgés généralement entre 17 et 19 ans, échouent dès la première année de prépa. En situation de détresse, ils finissent malheureusement par se réinscrire dans les universités publiques françaises. Le cas de cette fille, meilleure élève du Sénégal il y a quelques années et qui avait plané sur tous les examens et concours nationaux avant de disparaître mystérieusement mettant en émoi toute la communauté, ce cas avait défrayé la chronique. Il semble que la pauvre n’avait pas pu tenir le rythme infernal des classes préparatoires ! Il est vrai que l’essentiel des « préparationnaires » sénégalais en 2e année parviennent à décrocher au moins une grande école parmi tant d’autres qui forment des cadres hautement qualifiés dans divers domaines tels que l’ingénierie, la finance, la gestion, la science politique etc. Il s’agit de grandes écoles situées au milieu voire au bas du tableau. Pour les très ambitieux, leurs ambitions s’arrêtent aux portes des super-grandes écoles. Encore une fois, il s’agit de l’Ecole Polytechnique de Paris ou X, de l’Ecole des Mines Paris, de Télécom Paris, de l’Ecole Centrale Paris, Ponts et Chaussés de Paris, Aviation Toulouse, Saint-Cyr/Coetquidan etc…
Les déçus ne se le cachent pas, cet échec au seuil des très grandes écoles, c’est un moment difficile à vivre. D’où les nombreuses remises en question. Si c’est un homme carré, la première réaction consistera sûrement à refaire la 2e année. En effet, nous explique-t-on, les classes prépas sont prévues sur 2 ans, mais les élèves peuvent se redoubler une fois en 2e année. C’est le seul redoublement possible, cela afin de donner à l’étudiant une seconde et dernière chance. Pourtant ce n’est probablement pas la seule solution qui s’offre à lui, à moins qu’il n’arrive pas à réussir au concours d’entrée d’aucune école. Un échec rarissime !
La précarité, un facteur d’échec…
A en croire Mlle Kh. Sall, étudiante en prépa, bon nombre de nos compatriotes ne parviennent à accéder en 2e année afin de pouvoir concourir aux grandes écoles à cause de la forte pression subie. Sans oublier les exercices, les devoirs et les travaux dirigés de très haute qualité, dans des délais souvent extrêmement courts, sur un rythme intense. « Pour montrer l’intensité du travail, tous les étudiants en prépa sont généralement logés dans des internats avec des chambres individuelles leur permettant de bien travailler. Malgré le bon cadre de vie, l’échec s’explique par le stress et l’extrême précarité. Et les étudiants issus de familles défavorisées sont les plus touchés », déplore cette Sénégalaise avec un sentiment de déception.
« Le Témoin » a effectivement constaté que nos braves jeunes compatriotes sont confrontés à de nombreuses difficultés sociales et financières : les loyers en Internat et restauration plafonnés à 350 euros environ soit 250.000 cfa/mois. De même que les frais d’inscription annuelle fixés à 280 euros (190.000 cfa) pour les étudiants étrangers. Certes un tarif très social, mais de nombreux pauvres étudiants sénégalais peinent à s’en acquitter.
Il est vrai que les étudiants vivant en internat sont persuadés que ce mode de logement est le plus adapté aux exigences de la prépa. Mais l’enfer, c’est le fait que l’Internat abritant le restau est ouvert du dimanche soir 20 h au samedi 7h30 pendant les temps scolaires. Soit cinq (05) jours sur sept (07). Pire encore, les logements sont fermés pendant les vacances scolaires, petits congés (jours fériés) et week-ends. Un mode de fonctionnement que la plupart des parents ignoraient lorsque leur enfant quittait le Sénégal. Le cas de l’étudiant A. S est une triste illustration de l’extrême précarité que l’on constate dans la communauté sénégalaise des prépas. Agé de 18 ans et originaire d’un village situé dans le département de Linguère, il a décroché son bac S1 avec mention. Fort d’une bourse d’excellence de l’Etat du Sénégal (650 euros/425.000 cfa) et admis dans un lycée à classes préparatoires à Lille, A. S débarque dans le Nord de la France où il entame le passage à l’âge adulte dans une période psychologiquement stressante. « Dès mon arrivée à l’Internat de l’école, un dimanche, le concierge m’a remis la clé de ma chambre. C’était ma première nuit en France et, dès le lendemain lundi, j’ai commencé les cours. Le premier vendredi après-midi, le concierge a informé tous les étudiants français et étrangers que les chambres devaient être libérées le samedi à 14 heures jusqu’au dimanche à 20 heures. Ce samedi-là, je trimbalais ma valise dans les rues de Lille à la recherche d’un hôtel bon prix. J’ai dû payer 50 euros /nuitée soit 35.000 cfa. Comme dans tous les hôtels, le client doit quitter la chambre avant midi. Ne connaissant personne à Lille, je suis retourné vers 15 heures le dimanche devant le portail de l’école. Evidemment le temps que l’internat ouvre ses portes à 20 heures. Durant trois week-ends, j’aisubi cette situation de détresse sociale au point d’épuiser tout l’argent de poche que mes pauvres parents m’avaient remis. Car le paiement des bourses n’était pas effectif pour les nouveaux bénéficiaires. Face à cette galère inattendue, l’idée de retourner au Sénégal m’avait traversé l’esprit. Sur conseil d’un oncle installé à Paris, je prenais le train tous les samedis pour aller chez lui, juste pour une nuit avant de revenir à Lille le dimanche. Je dépensais presque 40 euros soit 30.000 cfa Aller/Retour pour une distance de 600 km. Je n’arrivais même pas à faire mes exercices durant tous ces weekends ou je ne dormais pas bien et ne mangeais pratiquement pas à ma faim », raconte cet élève qui fut brillant mais qui n’a pas pu réussir la prépa. « Mon niveau avait considérablement baissé. Au lycée, de la seconde à la terminale, mes notes en maths tournaient autour de 16 et 18/20. Pour mes premiers devoirs de Maths et Physique en Prépa, j’ai eu respectivement 7 et 9/20. De nombreux camarades se trouvant dans cette même situation et incapables de la surmonter ont fini par abandonner la prépa. D’autres épuisés, surmenés ou financièrement fauchés ont déserté la prépa pour ne plus y revenir ! », regrette notre jeune compatriote rencontré à Lille.
Frais de concours : 500 euros par école !
Ayant échoué au concours d’entrée aux deux prestigieuses grandes de son choix, A. S accuse l’extrême précarité et l’instabilité sociale dans lesquelles il vivait en dehors de l’internat à savoir les week-ends, les jours fériés et les congés scolaires. « Vous savez, en prépa, les frais d’inscription pour chaque concours d’entrée à une grande école sont fixés à 500 euros c’est-à-dire 325.000 cfa pour les étrangers ou non ressortissants de l’Union européenne. Pour multiplier vos chances, il faut au moins choisir quatre (04) grandes écoles et faire quatre (04) concours pour un montant total de 2.000 euros soit 1.300.000 cfa. Des camarades issus de familles riches font jusqu’à six concours. Compte tenu de mes moyens financiers limités, je ne pouvais faire que deux concours. Il s’y ajoute que la plupart des concours se font à Paris qui est le lieu de convergence de tous étudiants en prépa. Un déplacement qui nécessite beaucoup de moyens pour les étudiants de Lille, Lyon, Nancy, Marseille, Toulouse etc. Lesquels sont contraints de faire face aux frais de restauration, de transport et de logement en hôtel à défaut d’avoir une connaissance ou un parent à Paris. La prépa, c’est l’enfer des études ! Ce même si elle symbolise la réussite professionnelle au bout de l’effort. Audelà de l’exigence, de la rigueur, la régularité de l’effort, l’encadrement individuel et la dynamique collective font le reste ! C’est en prépa que je me suis rendu compte pourquoi les Français font partie des meilleurs ingénieurs et littéraires au monde. Car le système d’enseignement français, c’est du sérieux ! », reconnaît A. S
En France, les ressources des étudiants sénégalais en prépa comme en université sont en effet très faibles pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, ceux issus de famille défavorisée et qui ne vivent que de leurs bourses d’Etat perçoivent moins de 400 euros (260.000 cfa). Un montant qui ne couvre pas le loyer, le transport, la restauration, la connexion Internet, les fournitures scolaires et l’habillement qui constituent un facteur déterminant de la réussite dans l’enseignement supérieur.
En France, les ressources des étudiants sénégalais en prépa comme en université sont en effet très faibles pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, ceux issus de famille défavorisée et qui ne vivent que de leurs bourses d’Etat perçoivent moins de 400 euros (260.000 cfa). Un montant qui ne couvre pas le loyer, le transport, la restauration, la connexion Internet, les fournitures scolaires et l’habillement qui constituent un facteur déterminant de la réussite dans l’enseignement supérieur.
L’impact négatif du job étudiant…
M. J. Luc, professeur de nationalité française confirme que les lycées publics ou privés ayant des classes préparatoires sélectionnent les meilleurs élèves du monde. « Donc ces élèves qu’ils soient Sénégalais, Ivoiriens, Français ou Maliens ne sont pas des nullards lorsqu’ils débarquent en prépa. Croyez-moi, j’ai fait plus de 20 ans d’enseignement dans les classes préparatoires. Donc je suis particulièrement bien placé pour vous dire que les Sénégalais et les Béninois font partie des étudiants non européens les plus intelligents et les plus brillants. Malheureusement, ils sont souvent confrontés à des situations de précarité. Entre le coût du voyage, les frais de scolarité, le logement et le coût de la vie quotidienne en France, la facture peut vite grimper et, là encore, les étudiants ne s’y attendent pas forcément. D’ailleurs c’est ce qui justifie les job-étudiants et autres petits boulots qui impactent sur les études. D’où un risque accru d’échec parmi les étudiants « salariés ». Parce que le petit boulot n’a pas sa place dans le système d’enseignement français aux emplois du temps trop chargés. Et pire encore en prépa où l’étudiant doit avoir une bonne stabilité sociale et une santé financière, deux facteurs clés pour mieux se concentrer sur l’immense travail pédagogique que nécessite la prépa. Car, en étant dans la précarité, l’élève voire l’étudiant aura peu de chance de réussir sa prépa… », explique cet enseignant du supérieur et titulaire d’une classe prépa que nous avons rencontré au quartier Latin lors de notre récent séjour à Paris.
Entre le rythme de travail intense et l’éloignement de la famille, le choc culturel aussi le passage de la classe «prépa» à la grande école par nos brillants élèves est un véritable parcours du combattant. Que, hélas, nos élèves n’arrivent pas à parcourir jusqu’au bout. Si on ajoute à ces facteurs défavorables, voire à ces handicaps, l’extrême précarité, l’échec au concours d’entrée aux prestigieuses grandes écoles comme Polytechnique de Paris serait presque programmé !