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30 novembre 2024
Éducation
UNE HYGIENE DE VIE, DU CORPS ET DU CERVEAU EST INDISPENSABLE A LA REUSSITE SCOLAIRE
Le professeur en médecine à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Amadou Gallo Diop, estime qu’une bonne hygiène de vie, corporelle et cérébrale est indispensable à la réussite scolaire des apprenants, particulièrement en matière de préparation d’examen
Le professeur en médecine à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Amadou Gallo Diop, estime qu’une bonne hygiène de vie, corporelle et cérébrale est indispensable à la réussite scolaire des apprenants, particulièrement en matière de préparation d’examen ou de concours. «Je donne des conseils et recommandations aux apprenants, particulièrement à ceux qui sont en train de préparer des examens. On a des élèves brillants qui, malheureusement, ont un problème de gestion de leur hygiène de vie, de méthodologie, d’organisation et de discipline. Ce qui est à l’origine d’échecs malheureux chez des gens brillants. Parce que personne n’a pris le temps de leur apprendre comment apprendre», a-t-il souligné.
Le professeur agrégé de neurologie s’exprimait samedi, au cours d’une conférence organisée par l’Association des anciens élèves du Lycée Blaise Diagne, sur le thème : «Hygiène de vie, du corps et du cerveau pour organiser et réussir ses examens et concours.»
Les conseils et orientations du professeur Diop ont porté sur le sérieux dans le travail, la pratique régulière de sport, le respect du petit déjeuner, l’utilisation raisonnable des écrans, l’évitement du stress, des excitants et opiacés, et l’importance d’un sommeil suffisant.
Pour le professeur Diop, la pratique d’activités sportives régulières constitue également un impératif pour tout apprenant, car elle «favorise la prévention de beaucoup de maladies qui sont en train d’avoir des incidences dramatiques chez les jeunes».
«On voit maintenant des jeunes diabétiques, des jeunes cancéreux, des jeunes avec une insuffisance rénale, certains hypertendus avec des troubles de mémoire et du comportement. Ceci parce que leur hygiène alimentaire n’est pas bonne et qu’ils ne s’adonnent pas à des activités physiques régulières», a-t-il regretté.
A l’en croire, les recommandations issues de cette rencontre sont basées sur les sciences médicales, neuroscientifiques et sur le fonctionnement du corps humain ; bref, sur une analyse générale, somatique et médicale.
Dans son intervention, le chef du Service de neurologie du Centre hospitalier universitaire de Fann, à Dakar, s’est également beaucoup appesanti sur le sens de l’organisation, notamment les notions de discipline, de respect de l’enseignant et des aînés, et surtout d’écoute spéciale envers les parents, et des sagesses qui permettent d’affronter de manière sereine les difficultés de la vie, y compris celles liées aux examens.
Prenant la parole à la suite du conférencier, la Proviseure du Lycée Blaise Diagne, Mme Diongue, s’est dite convaincue que cette conférence «de haute facture» impactera à fond ses destinataires. «Les conseils distillés par le professeur auront des retombées positives sur les résultats finaux des élèves», at-elle présagé.
L’ETAT EN OPERATION SAUVETAGE DE L'ÉCOLE
Le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko s'active à régler les dysfonctionnements de l'école. Il a décidé de reporter les examens initialement prévus pendant la fête religieuse de la Tabaski et d'aider les élèves sans papiers d'état civil
Les nouvelles autorités du Sénégal n’entendent pas laisser l’école sénégalaise s’embourber davantage dans les impairs et autres dysfonctionnements qui risquaient de plomber l’organisation régulière des examens et concours pour cette année scolaire 2023-2024. Après avoir défini une batterie de mesures pour une bonne préparation de la fin d’année scolaire, le régime de Bassirou Diomaye Faye a décidé ainsi de reporter l’examen du CFEE et l’Entrée en sixième, initialement programmés au lendemain de la fête de la Tabaski, et de donner instructions à l’administration décentralisée et aux exécutifs locaux (gouverneurs, préfets et maires) de délivrerdescertificats de non inscription aux élèves non déclarés, particulièrement ceux en classes de CM2 et de Terminale, recensés par les Inspections de l’Education et de la Formation (LEF). Un vieux serpent de mer de l’école sénégalaise.
Le gouvernement piloté par le Premier ministre Ousmane Sonko s’investit à prendre à bras-le corps la question de la régularisation et du réajustement des conditions d’examens 2023-2024 dans l’école sénégalaise. Aussi est-il allé encore plus loin dans la volonté de redressement des gaps qui risquaient de plomber la fin de la présente année scolaire, après la batterie de mesures annoncées lors du Conseil interministériel du 18 mai dernier. Et c’est dans ce cadre que le nouveau régime a décidé tout d’abord de reporter au 25 et 26 juin l’examen du CFEE (Certificat de fin d’études élémentaires) et le concours de l’Entrée en sixième au Sénégal.
Dans un communiqué partagé en fin de semaine, la direction des examens et des concours du ministère de l’Éducation du Sénégal, dirigé par le ministre Mamba Guirassy, annonçait en effet le report de toutes les épreuves susmentionnées. Une volonté que le Directeur des Examens et Concours, les Inspecteurs d’Académie et les Inspecteurs de l’Education et de la Formation étaient chacun chargés de l’exécution. Précédemment prévus pour les jeudi 20 et vendredi 21 juin 2024, l’examen du CFEE et le concours d’entrée en classe de Sixième avaient fini, par leur programmation aux dites dates, de créer moult frustrations et difficultés chez les acteurs de l’école en raison de la concomitance avec la fête de la Tabaski. Un évènement-clé de l’agenda social et religieux qui «dispersait» toujours les citoyens sénégalais à travers les 14 régions du pays.
Pour des conditions idoines d’une organisation sans exclusive des examens et concours, le gouvernement s’est aussi engagé de manière dynamique dans la régularisation des élèves sans acte d’état civil. Dans un communiqué signé le même jour que le report du CFEE et de l’Entrée en sixième, plus précisément le vendredi 24 mai 2024, le ministre de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et du développement des territoires a invité à l’application diligente de la directive du Premier ministre sur la question. En effet, ce dernier, lors du Conseil interministériel sur la préparation des examens et concours pour l’année scolaire 2023-2024, tenu le samedi 18 mai dernier, avait instruit les acteurs de l’état civil à permettre la régularisation des élèves non déclarés. Par lettre circulaire datée du 24 mai 2024, le ministre de l’Urbanisme, des collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires du Sénégal a donné instructions, dans la foulée, aux maires et gouverneurs de région à délivrer des certificats de non inscription aux élèves non déclarés à l’état civil, notamment ceux des classes de CM2 et de Terminale, identifiés par l’Inspection de l’éducation et de la formation (IEF) de leur ressort. Le département ministériel dirigé par Moussa Balla Fofana assurait de même que ses services allaient appuyer les états civils en registres de naissance pour les besoins de la transcription des jugements d’autorisation d’inscription ultérieurement délivrés aux élèves par les juridictions compétentes. Une manière qui montre, sans nul doute, que le nouveau régime, ne compte pas laisser l’école prospérer dans ses sempiternelles équations et récurrents blocages.
Pour rappel, lors du Conseil interministériel sur la préparation des examens et concours pour l’année scolaire 2023-2024, tenu le samedi 18 mai dernier, à la Sphère ministérielle Habib Thiam de Diamniadio, le Premier Ministre Ousmane Sonko et cie avaient annoncé 19 mesures pour une bonne maitrise du calendrier des examens en cette fin d’année scolaire. Des dispositions qui allaient de la mobilisation des ressources financières nécessaires pour la prise en charge correcte des besoins d’organisation des examens et concours, au convoyage, à la sécurisation des épreuves et des centres d’examens et autre mise en état et la propreté des centres d’examen. Il était également question de mettre en place un dispositif de recueil d’identité des élèves inscrits à l’examen du CFEE et ne disposant pas de pièces d’état civil, aux fins de constituer une base de données à exploiter en vue de corriger cette situation qui empêchait, chaque année, moult apprenants à se présenter aux examens et concours.
L'ISFAD ENTRE EN SCENE
Pour une meilleure employabilité et insertion professionnelle des étudiants, l'Institut supérieur de formation à distance (Isfad)a ouvert hier son année universitaire 2023-2024 pour sa 1re promotion. Il offre pour l’heure cinq filières.
Pour une meilleure employabilité et insertion professionnelle des étudiants, l'Institut supérieur de formation à distance (Isfad)a ouvert hier son année universitaire 2023-2024 pour sa 1re promotion. Il offre pour l’heure cinq filières.
Mis en place en 2023 en réponse aux besoins pédagogiques de l’université et aux difficultés conjoncturelles auxquelles elle a été confrontée, l'Institut supérieur de formation à distance (Isfad) de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a effectué sa rentrée d'amphi hier.
Selon le recteur de l'Ucad, un système d'orientation et de réorientation plus souple a été instauré, permettant aux étudiants de choisir la voie qui correspond le mieux à leurs aspirations et à leurs talents.
C’est dans cette perspective, selon Amadou Aly Mbaye, que l'Isfad a lancé un appel à candidatures pour des formations à distance articulant employabilité et insertion professionnelle. "Aujourd’hui, qu’il s’agisse de l’enseignement en mode présentiel ou distanciel, il faut se rendre à l’évidence : l'accès au numérique est une condition sine qua non pour réussir aux études supérieures. C'est pourquoi nous avons mené des actions concrètes avec les opérateurs de télécommunications pour améliorer la connectivité et l’accessibilité à un coût abordable. Nous avons également négocié des accords avec des opérateurs économiques pour permettre aux étudiants d'acquérir, dans des conditions optimales, les équipements nécessaires pour suivre leurs cours en ligne et interagir avec leurs enseignants. Les crises que nous avons traversées (sanitaire, sociopolitique) appartiennent désormais au passé, mais de nouveaux défis ne manqueront pas de se poser dans l’avenir. C’est aujourd’hui que vous (les étudiants) devez commencer à prendre en charge votre destinée avec le numérique, qui n’est pas une virtualité fictive, mais bien une réalité tangible qui s’impose à tous", a confié le recteur.
Il a ajouté qu'au plan international, les plus grandes universités fonctionnent déjà selon ce mode. L’Ucad ne doit pas être en reste. Avec l'Isfad, elle montre ses capacités d’insertion et d’adaptation à un environnement international de plus en plus concurrentiel sans risquer d’être laissée à la traîne. Le recteur a également souligné l'importance d'un nouveau type de partenariat qu'il souhaite développer avec les étudiants et les tuteurs. Ce partenariat, selon lui , sera basé sur le civisme, le patriotisme et le respect des franchises académiques. C’est seulement sur la base de ces principes, d'après lui, qu’on peut construire ensemble une université plus forte, plus solidaire et plus rayonnante.
L'Isfad propose un portail de formation ouvert et à distance à l'Ucad
Pour le directeur de l'Isfad, Claude Lishou, les grands défis de la mission qui lui est confiée pour l’excellence des résultats vers lesquels il doit conduire toutes les facultés et grandes écoles de l’Ucad, y compris tous les instituts, sont, entre autres, la bimodalité des enseignements, l'hybridation des parcours et la virtualisation des cours.
Pour ce faire, selon lui, l’Isfad doit garantir la continuité pédagogique par une commutation conjoncturelle des modalités d’enseignement en présentiel/distanciel et vice-versa. Cela permet de fournir, dans le respect des normes pédagogiques, des solutions pour amortir le choc des crises sanitaires, sociopolitiques, environnementales et autres.
Les événements passés et présents semblent donner raison aux concepteurs de cette démarche holistique qui mettent l’accent sur les enjeux du moment et anticipent de façon proactive les éventuels défis futurs.
En regroupant les plateformes des établissements ainsi que les plateformes transversales, l'Isfad propose un portail de formation ouverte et à distance à l'Ucad. Cette stratégie de mutualisation permet une meilleure coordination de la diffusion des enseignements pour une meilleure prise en charge des offres et des étudiants dans un contexte de massification croissante des effectifs.
Par ailleurs, en fonction de la mission particulière qui lui est assignée, l’Isfad propose des formations spécifiques qui ne sont pas encore connues au Sénégal, notamment des DU en deux ans et des certifications dans les domaines suivants : technologie des productions animales, langues appliquées au e-tourisme durable, ingénierie multimédia, emuséologie, cartographie et systèmes d'information géographique (Sig). Lesdites filières sont des diplômes reconnus par le Cames et les certifications par les professionnels ainsi que les instances de certifications internationales.
"Nous sommes conscients que la tâche ne sera pas facile, car l’innovation fait toujours face à des résistances qui relèvent plus de la sauvegarde d’intérêts que de critiques objectives de la nouvelle donne. Mais qu’à cela ne tienne, chaque acteur, de quelque bord qu’il se situe, sera dans son rôle. Cependant, notre dévouement, nos discussions franches et notre accompagnement continu dans le respect des spécificités de chacun devraient nous porter à croire qu’ensemble, nous réussirons", a confié M. Lishou
LE CONCOURS D’ENTRÉE EN CLASSE DE SIXIÈME REPORTÉ
L’examen du CFEE et le concours d’entrée en classe de Sixième précédemment prévus les jeudi 20 et vendredi 21 juin 2024 sont reportés au mardi 25 et mercredi 26 juin 2024.
L’examen du CFEE et le concours d’entrée en classe de Sixième précédemment prévus les jeudi 20 et vendredi 21 juin 2024 sont reportés au mardi 25 et mercredi 26 juin 2024, informe un communiqué du ministère de l’Education nationale.
« Le Directeur des Examens et Concours, les Inspecteurs d’Académie et les Inspecteurs de l’Education et de la Formation sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution de la présente », souligne la source.
IL FAUT QU’ON AILLE VERS LA DISPARITION DES ECOLES DE BROUSSE
Ibrahima Diagne, inspecteur d’Académie du département de Salémata, est formel
Le département de Salémata, à plus de 800 km de Dakar, a longtemps souffert de son enclavement. Résultat, un déficit d’enseignants, lié à une carte scolaire clairsemée, a favorisé l’émergence et le développement de systèmes scolaires informels. Aujourd’hui, les écoles de brousse, qui comptent plus de 450 élèves, posent problème.
Pendant la cérémonie de lancement des 72h de Poésie et Slam, vous avez attiré l’attention sur l’absence d’une bibliothèque dans le département et un manque de bouillonnement intellectuel. C’est un plaidoyer que vous lancez ?
L’un des aspects négatifs dans ce département, c’est qu’il n’y a pas du tout de bouillonnement intellectuel. Il n’y a pas de cadre d’expression où ceux qui aiment la littérature, la culture, les arts peuvent s’exprimer. Il n’y a pas de cadre où les élèves et les enseignants peuvent s’instruire. Nous en parlons depuis un certain temps. C’est vrai que nous sommes dans un secteur où nous devons pouvoir faire quelque chose. Nous avons aussi eu à démarrer avec des concours de lecture expressive avec les enfants de l’élémentaire. Ça s’est fait de manière timide parce que seuls les élèves et les enseignants ont participé à ces concours. Nous aurions voulu que ça soit élargi aux populations. Nous ne sommes pas découragés pour autant.
Quelle est la carte scolaire du département ?
Nous sommes un petit département où il y a beaucoup de villages, et dans tous les villages, il n’y a pas d’école. Mais parfois, ce sont de petits villages ou des hameaux de culture, et il faut le préciser, nous sommes à 70 écoles, 6 cases des tout-petits et 9 écoles du moyen-secondaire. Un seul lycée dans tout le département. Nous sommes en train de nous battre pour renverser la tendance. Il y a quatre ans, quand nous sommes arrivés dans ce département, on était à 64 écoles. Nous avons pu créer 6 autres écoles. Mais il faut le dire, avec parfois les difficultés liées au déficit d’enseignants, il nous arrive parfois de geler des écoles. On a aussi parfois des villages où on constate un départ massif des populations et des enfants vers les Diouras. S’il n’y avait pas ces difficultés, on serait peut-être à plus de 70 écoles.
Et quand ils partent, aucun dispositif ne permet de suivre la scolarité des enfants ?
Ils partent avec les enfants et seuls quelques-uns restent. Dans une école, on peut après un départ massif, se retrouver avec une vingtaine d’élèves. A côté aussi, il y a beaucoup de villages qui n’ont pas d’écoles. Ce sont certes de petits villages, mais on devrait quand même pouvoir mettre des écoles si le personnel que nous recevons le permettait. Il y a toutefois une initiative locale que nous avons trouvée et qui date des indépendances : les écoles de brousse, qui aujourd’hui comptent plus de 450 élèves. C’est un système non forme.
Quel est le principe de ces écoles de brousse ?
Ce sont des promoteurs privés, des fils du terroir, en rapport avec la communauté éducative chrétienne, qui ont installé ces écoles depuis longtemps pour booster la scolarisation, et le système perdure. Mais de plus en plus, on est en train de voir la régression de ces écoles puisque le système formel est en train de se déployer partout. A chaque fois que nous nous déployons quelque part, on leur demande de fermer et de partir. Parce que c’est du non-formel, et ce n’est pas systématisé. Déjà, ils ne démarrent pas leur année scolaire en octobre, mais aussi le quantum horaire est plus faible. En plus, ils fonctionnent du CI au CE2, et c’est après que les enfants viennent rejoindre nos écoles. Mais le constat, c’est que le niveau de ces élèves est assez faible. Ça se comprend puisque ce ne sont pas des enseignants formés comme les nôtres, le quantum horaire aussi n’atteint pas les 900h qui sont le minimum requis. Voilà tout un ensemble de faits et de raisons qui font qu’il faut qu’on aille vers la disparition de ce type d’école.
Avez-vous des abris provisoires ?
Grace aux efforts de l’Etat, avec le projet de résorption des abris provisoires, on est en train de construire des écoles. Mais à chaque fois qu’on crée de nouvelles écoles, de nouvelles classes, naturellement, on fonctionne d’abord avec des abris provisoires. Mais il n’y en a pas beaucoup.
Vous le disiez, il y a un déficit de personnel. C’est parce que la zone n’est pas très attractive ?
A notre dernier Conseil départemental de développement (Cdd) préparant les examens, on en discutait. Qu’est-ce qui fait que les enseignants partent ? Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Les enseignants viennent d’ailleurs, de Dakar, Saint-Louis, Thiès, etc. Ce sont de jeunes enseignants qui viennent seuls, sans leurs familles. Alors ils veulent tout le temps être en famille, donc quand ils épuisent les trois ans qu’ils ont l’obligation de faire ici, ils demandent à partir. L’autre aspect, c’est une zone très chaude et l’accessibilité du département n’est pas simple. Ce sont des ravins, des collines. Donc ce sont des raisons liées au relief, au climat, mais aussi à leurs ambitions.
Il y a aussi beaucoup de choses qui entravent la scolarité des jeunes filles dites-vous ?
Oui. Dans le département de Salémata, culturellement, les filles se marient tôt. On ne croit pas encore à l’éducation des filles. Il y a les mariages précoces, mais également les grossesses précoces notées dans certains villages et pour certaines ethnies. Ce sont deux aspects qui font que les filles peinent à rester dans les écoles. Mais beaucoup d’Ong nous aident à travailler sur cela et nous-mêmes avons des plans de riposte. Actuellement, j’ai envie de dire que la donne est légèrement en train de changer.
Quand on fait le décompte du nombre de candidats que nous avons, au Cfee, cette année, on a pour la première fois plus de filles que de garçons.
L’indice de parité est en faveur des filles, et on pense que c’est le fruit des combats que nous sommes en train de mener pour que les filles restent à l’école.
LES NOUVEAUX BACHELIERS RETOURNENT DANS LE PRIVE
Le Cadre unitaire des établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal (Cudopes) l’a fait savoir hier, vendredi 24 mai, lors d’un atelier de réflexion organisé en prélude d’un séminaire sur l’enseignement supérieur
Pour l’année universitaire 2024-2025 des nouveaux bacheliers vont à nouveau être orientés dans les établissements privés d’enseignement supérieur. Le Cadre unitaire des établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal (Cudopes) l’a fait savoir hier, vendredi 24 mai, lors d’un atelier de réflexion organisé en prélude d’un séminaire sur l’enseignement supérieur
Les établissements privés d’enseignement supérieur vont à nouveau accueillir de nouveaux bacheliers. L’annonce a été faite hier, vendredi 24 mai, en marge d’un atelier de réflexion autour des préoccupations de l’enseignement supérieur privé organisé par le Cadre unitaire des établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal (Cudopes). « Il y a une première orientation d’étudiants au niveau du privé. Il y a une dette qui est due par le gouvernement mais nous savons qu’il est dans de bonnes dispositions pour payer cette dette sans que ce ne soit une conditionnalité. Nous voulons maintenant participer à l’absorption des bacheliers parce que chaque année, il y a de nouveaux bacheliers qui arrivent au niveau de l’enseignement supérieur et les universités publiques sont surchargées. Les universités privées voudraient apporter une offre qualitative qui permet de pouvoir absorber ce surplus de bacheliers et de donner à tous les étudiants sénégalais la même chance de trouver un emploi », a déclaré le coordonnateur du Cudopes, Dr Jean Marie Sène.
Revenant sur le montant de la dette, il a souligné : « Lors des dernières discussions, ça faisait moins de 10 milliards et ils (gouvernement) sont en train de faire le point pour vérifier, ou bien est-ce qu’il n’y a pas de cette dette aussi qui est une dette fictive ».
En effet, l’atelier est organisé en prélude au séminaire sur l’enseignement supérieur au Sénégal avec le Mesri prévu la semaine prochaine. « Nous avons décidé d’organiser un atelier pour parler de la problématique de l’enseignement privé au Sénégal. Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) nous a demandés de produire un document programme afin de l’intégrer dans le cadre stratégique qu’ils sont en train de mettre en place pour trouver des solutions à l’enseignement supérieur de manière générale au Sénégal. Nous savons que l’enseignement supérieur au Sénégal a quelques difficultés et l’atelier que nous sommes en train de faire, c’est de permettre au privé de proposer des solutions au gouvernement afin qu’il puisse les intégrer dans le cadre d’un programme général », a fait savoir le coordonnateur du Cudopes.
L’atelier de réflexion qui a réuni les acteurs clés du secteur de l’éducation, a aussi été l’occasion d’évoquer les problématiques majeures de l’enseignement supérieur.
LE CRI TOUJOURS PERCUTANT D'AWA THIAM
Publié en 1978, "La Parole aux Négresses" brisait les tabous en évoquant les mutilations génitales, la polygamie ou encore le blanchiment de la peau. 46 ans plus tard, ce manifeste fondateur de l'afroféminisme, longtemps indisponible, est enfin réédité
(SenePlus) - Il y a 46 ans, l'anthropologue sénégalaise Awa Thiam publiait "La Parole aux Négresses", un essai pionnier qui brisait le silence sur l'oppression des femmes africaines. Longtemps indisponible, ce manifeste féministe percutant refait surface, réédité en France (éditions Divergences) et au Sénégal (éditions Saaraba).
Avec ce titre provocateur, Awa Thiam, née en 1950, donnait la parole aux femmes africaines et redéfinissait les contours d'un mouvement féministe jusqu'alors vu comme occidental. "C'est un livre qu'il urge de lire, une réédition nécessaire", souligne Mame-Fatou Niang, professeure de littérature à Pittsburgh, dans la préface française. Pour elle, chaque lecture est une "expérience quasi organique" : "Dérangement, douleur, colère, dégoût, joie, résolutions. Mais, après chaque lecture, l'impression de sentir une partie amputée repousser."
Ndeye Fatou Kane, écrivaine et doctorante à Paris, insiste dans les colonnes du Monde sur "le legs précieux" de l'ouvrage : "Chaque lecture est une redécouverte pour la féministe que je suis." Un profond respect pour cette pionnière qui a osé dénoncer les problèmes des femmes noires.
Dans "La Parole aux Négresses", Awa Thiam brise les tabous en évoquant les mutilations génitales, la polygamie, la dot ou le blanchiment de la peau. "Là où l'Européenne se plaint d'être doublement opprimée, la Négresse l'est triplement, écrit-elle. Oppression de par son sexe, de par sa classe, et de par sa race."
Mame-Fatou Niang interrogée par Le Monde souligne que l'autrice formule déjà, avec 46 ans d'avance, le concept d'intersectionnalité entre sexisme, racisme et classe sociale. Un discours politique fondateur d'un afroféminisme, réclamant de prendre sa place dans le mouvement mondial.
Si certaines avancées sont notées, comme le recul des mutilations génitales, la sociologue Kani Diop, en postface de l'édition sénégalaise, juge que les sujets d'Awa Thiam "demeurent pertinents".
"C'est d'une triste actualité, s'insurge Ndeye Fatou Kane. Nous parlons toujours de dépigmentation, polygamie, excision... En Gambie, la loi contre l'excision est menacée." Elle dénonce aussi l'invisibilisation des féministes sénégalaises, taxées d'"occidentalisées".
"Mais il y a 46 ans, c'est bien l'une des nôtres qui a écrit ce livre, l'Occident n'a rien à voir avec ça", rappelle-t-elle, rendant hommage à la voix puissante d'Awa Thiam, qui continuera sans doute d'inspirer de nombreuses luttes.
LES REGRETS DU SAEMSS
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (SAEMSS), tout en appréciant la tenue du conseil interministériel, a constaté l'absence de mesures fortes
Le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (SAEMSS) a apprécié la tenue du Conseil interministériel du 18 mai 2024 samedi dernier, portant sur la préparation des examens et concours 2024. Toutefois, il a relevé un manque d’implication de tous les acteurs. Il a également déploré « l’absence de mesures fortes » portant sur certaines questions. Non sans condamner les propos du ministre de l’Education nationale sur la correction des copies lors des examens.
Au sortir du Conseil interministériel sur la préparation des examens et concours tenu samedi dernier, 18 mai, 19 mesures ont été prises pour un bon déroulement. Toutefois, le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (SAEMSS) a constaté « l’absence de mesures fortes » sur certaines questions. Il s’agit notamment de la « réforme du BFEM pour rendre à cet examen toute sa crédibilité et sa fiabilité à travers la stratégie de la régionalisation de l'examen », « la digitalisation du paiement des indemnités et le raccourcissement des délais de paiement », « la mise en place et le renforcement du FAEB pour l'autonomisation du baccalauréat », « le respect des accords signés avec le Gouvernement portant notamment sur la revalorisation des indemnités d'examens et l'organisation du concours des passerelles professionnelles », « l'autorisation des élèves frappés de forclusion à se présenter à la session de remplacement du baccalauréat d'octobre 2024 », rapporte un communiqué du Secrétariat permanent (SP) du SAEMSS qui s’est réuni mercredi avant-hier, 22 mai. A ces questions, s’ajoutent « l'amélioration des conditions d'enseignement et d'apprentissage des élèves à travers la maitrise des effectifs dans les classes d'examens, la poursuite de la réforme des curricula et de l'allégement des programmes, la poursuite de la résorption des abris provisoires, la résorption du déficit d'enseignant et l'amélioration du dispositif d'encadrement des candidats au Concours général sénégalais et la prise de mesures incitatives pour orienter les candidats vers les matières scientifiques »
En outre, le Secrétariat permanent du SAEMSS déplore également « le faible niveau d'implication des partenaires sociaux dans la préparation d'une activité aussi importante ainsi que le caractère superficiel et réducteur des mesures prises qui relèvent plus de la gouvernance que d'une stratégie efficace de prise en charge des véritables attentes de la communauté éducative dans le cadre du déroulement des examens et concours ».
FEU SUR GUIRASSY
En effet, le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal n’a pas du tout apprécié la sortie du ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy sur les causes des contreperformances des élèves.
«Le SP condamne avec la dernière énergie les propos du ministre de l'Education nationale tendant à jeter le discrédit sur les enseignants en parlant de correction au pif lors des examens et allant même jusqu'à évoquer un manque de sens de la responsabilité pour justifier les contreperformances scolaires. Le SP tient à rappeler que des analyses superficielles de cette nature ne sont point attendues de la tutelle et sont en porte à faux avec le professionnalisme et la rigueur dont les enseignants ont toujours fait montre lors des examens. La mission fondamentale d'un ministre de l'éducation nationale n'est point de jeter l'anathème sur les personnels enseignants sur la base de propos fallacieux mais plutôt de les protéger», indique le communiqué. S’exprimant lors du Conseil interministériel sur les examens et concours, le ministre de l’Education nationale a dit que le faible taux de réussite au baccalauréat est dû en grande partie à la correction à la «loterie» que certains professeurs font à cause du manque de temps.
MEURTRE DE L’ENSEIGNANT ALAIN KALY A THIES : Le SAEMSS condamne
Le Saemss a manifesté son indignation, suite au meurtre de l’enseignant Alain Kaly à Thiès. « Le Secrétariat permanent a condamné avec véhémence l'agression sauvage qui a causé la mort d'Alain Kaly, un instituteur qui était en service à Keur Modou Ndiaye, à Thiès. Le SAEMSS constate encore une fois pour le déplorer l'insécurité notoire dont sont victimes les enseignants dans leurs lieux d'exercice et exige ainsi que toute la lumière soit faite sur ce crime odieux et que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur. Le SP s'incline pieusement devant la mémoire du camarade et présente ses sincères condoléances à toute la communauté éducative », lit-on dans un communiqué. Alain Kaly a été mortellement agressé mardi 21 mai dernier alors qu’il rentrait chez lui à Diassap, dans la commune de Thiès Nord.
GUIRASSY LISTE LES CAUSES DES CONTRE-PERFORMANCES DES ELEVES
Les examens et concours nationaux font l’objet d’une attention particulière de la part des nouvelles autorités de notre pays. Lesquelles viennent d’y consacrer un conseil interministériel présidé par le Premier ministre, M. Ousmane Sonko
Les examens et concours nationaux font l’objet d’une attention particulière de la part des nouvelles autorités de notre pays. Lesquelles viennent d’y consacrer un conseil interministériel présidé par le Premier ministre, M. Ousmane Sonko. A cette occasion, le ministre de l’Education nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a parlé du dispositif national des examens et concours, du bilan de la session de 2023 mais surtout des causes qui expliquent les contreperformances des élèves. Il n’a pas occulté les points d’attention dans le dispositif organisationnel de ces examens et concours, les statistiques et calendriers de la session de 2024.
Le dispositif national organisationnel des examens et concours est porté par trois départements ministériels. Il s’agit du ministère de l’Education nationale pour le Cfee (certificat de fin d’études élémentaires) et le Bfem (brevet de fin d’études moyennes), le ministère de l’Enseignement supérieur qui s’occupe du Baccalauréat général et du Concours général, et celui de la Formation professionnelle en charge de l’organisation des divers brevets et certificats professionnels. Concernant le bilan de la session du Cfee, le taux de réussite, qui était de 26% en 2022, a dégringolé jusqu’à 18% en 2023. Un taux d’échec, certes en régression, mais toujours élevé. S’agissant du Bfem, le taux de réussite est passé de 30% en 2022 à 24% en 2023. Au niveau du bac, c’est beaucoup plus grave puisque le taux d’échec est de 48% aussi bien en 2022 qu’en 2023. Autrement dit, presque un élève sur deux qui brigue ce premier diplôme de l’enseignement supérieur ne réussit pas à l’obtenir.
Pour le ministre de l’Education nationale, «on peut être satisfaits ou moyennement satisfaits, mais les 18% c’est à la limite une catastrophe pour un pays». Il explique ainsi que dans tous les grands pays qui se sont fondés sur l’Education, l’Etat s’est d’abord engagé au niveau du préscolaire. Ce qui y donne un taux de réussite scolaire de presque 100%. «C’est à partir de 3 ans qu’on fabrique l’enfant et le citoyen. Mais chez nous, il y a un désengagement quelque part.
D’ailleurs, l’obligation de scolarisation commence à partir de 6 ans pour 10 ans. En négligeant cette partie importante, et quand on voit un taux de 18 %, c’est extrêmement dangereux», a martelé Moustapha Mamba Guirassy tout en demandant de «très vite» renverser la tendance. Il dit avoir fait un constat. «Quand on fait la comparaison avec les pays qui mettent en avant l’importance de l’éducation pour la transformation systémique, plus on avance, plus l’Etat se désengage en, peut-être, favorisant même le secteur privé. Vous comprenez bien que, pour l’enseignement supérieur, il n’y a pas d’obligation. Mais celle de l’Etat, c’est la scolarité de 10 ans, à partir de 6 ans. Ce qui veut dire que la base de la pyramide, c’est cette partie extrêmement importante. Nous devons revoir notre dynamique et notre conception de l’éducation», estime le nouveau ministre de l’Education nationale.
Pour lui, «c’est à ce niveau des 18% qu’on peut aller chercher le monde des «daara». A ce niveau-là, les enfants de 3 ans sont hors circuit parce qu’ils sont dans le système daara. Si on donnait une plus grande importance à ce secteur du préscolaire, il y a moyen d’aller chercher ces enfants-là et de renforcer l’éducation. Mais il y a un chiffre beaucoup plus inquiétant. 1 enfant sur 2 dans notre pays n’est pas scolarisé. C’est quand même assez alarmant. Le ministre tente quand même de rassurer en indiquant qu’il y a beaucoup d’écoles informelles, beaucoup d’écoles non formelles avec des passerelles qui sont en train d’être développées pour ramener tous les enfants qui les fréquentent dans le circuit formel. «L’idée, c’est plusieurs entrées et une seule sortie. C’est la logique et la démarche», explique le ministre.
A en croire Moustapha Mamba Guirassy, les causes de cette contreperformance dans nos écoles s’expliquent d’abord par le fait que le système ne capte pas et ne met pas tous les enfants dans le circuit. Il y a aussi que bon nombre de communautés sont exclues. Ce qui, dit-il, explique aussi ce manque de performance ou cette contre-performance.
Absence d’une politique nationale d’évaluation
Au-delà des circuits parallèles, le ministre pointe aussi la problématique du système d’évaluation qui lui parait peu performant, et qui ne favorise pas la qualité des enseignements et des apprentissages. En réalité, s’émeut-il, il n’y a pas un dispositif national d’évaluation. «Au niveau d’un même département, il y a beaucoup trop d’évaluations avec les projets, le ministère, d’autres ministres.... Finalement, il n’y a pas une politique nationale d’évaluation, et il y a lieu d’harmoniser le système d’évaluation. Au plan international, les systèmes d’évaluation ne sont pas alignés à nos objectifs.
En Afrique le Pasec apprécie la qualité. Malheureusement, le système n’évalue que la lecture en français et la maitrise des mathématiques. Or, c’est l’enfant qu’on doit évaluer, ses compétences, et dans quelle mesure il arrive à accompagner sa société avec une bonne citoyenneté ou accompagner une organisation publique ou privée. A côté du Pasec, développé par la Francophonie, il y a le Pisa, une autre mesure internationale utilisée par la Corée, par l’Europe, les pays de l’Ocde et qui est beaucoup plus pertinent. Je disais à nos amis de la Francophonie que nous manquons d’ambitions. On ne peut pas continuer à mettre en avant ce type d’évaluation qui, en réalité, ne mesure pas ce que nous devons mesurer. Quand je pose la question, on me dit que ça coûte cher. Mais je pense qu’il faut arrêter ce misérabilisme comme disait l’ancien président Abdoulaye Wade. On ne doit pas renoncer à la qualité pour des questions de moyens !», s’écrie le ministre de l’Education nationale. C’est d’autant plus paradoxal, fait remarquer Moustapha Mamba Guirassy que, au sein du ministère de l’Education, il y a pourtant un observatoire national d’évaluation. Un observatoire qui, hélas, «ne fonctionne pas» se désole-t-il. Et d’expliquer «tous les deux ans, il y a des résultats qui devaient être partagés. Mais faute de moyens et d’organisation, et aussi du fait du peu d’importance qu’on donne à ces évaluations, cet observatoire ne marche pas. Il y a aussi un manque de coordination des différentes évaluations, une insuffisance de l’exploitation et la capitalisation des données d’évaluation» énumère le ministre. Et de rappeler que «le monde d’aujourd’hui est gouverné par les données, les data. Beaucoup d’efforts sont consentis, il y a beaucoup de projets, d’argent, d’études, mais généralement sur des années on perd toutes ces données qui ne sont pas reversées dans le système pour le rendre plus intelligent».
Les autres causes des contre-performances de nos élèves, selon toujours celui qui est aussi le fondateur et ancien directeur de l’Institut africain de Management (IAM, un grand établissement privé d’enseignement supérieur), «ce sont les conditions d’apprentissage qui sont défavorables à la réussite scolaire. Plus précisément, c’est le non-respect des normes et standards de qualité dans la majorité des établissements scolaires. J’ai vu des enfants, des filles surtout, très souvent malades, parce que, quand ils sont à l’école, ‘il y a la rétention très élevée provoquée par le fait de ne pas fréquenter les toilettes».
La persistance des abris provisoires et des effectifs pléthoriques dénoncée…
Moustapha Mamba Guirassy n’oublie pas de mentionner la persistance des abris provisoires, les effectifs pléthoriques, le déficit de salles de classe et de tables-bancs, le manque de personnel enseignant... «A Kédougou, par exemple, il y a environ 300 enseignants qui devaient quitter mais, dans l’autre sens, il n’y en avait que 6 qui acceptaient de venir dans cette ville (Ndlr, dont il fut le maire).On y note pour cette année un déficit immédiatement pour cette année assez important de plus de 250 enseignants. C’est le cas de Matam, de Ziguinchor... de beaucoup d’autres régions», a-t-il indiqué. Ce n’est pas tout puisqu’on assiste à la persistance des classes spéciales, la faiblesse de la prise en charge de l’alimentation qui est à 22% de couverture nationale, combinée aux problèmes d’hygiène... Il y a aussi l’environnement des écoles avec des centres commerciaux, des garages de mécaniciens... D’où l’insécurité et les dangers pour les élèves. Pour lui, la question des espaces cédés ou vendus et qui participent à la contre-performance du système éducatif, est une urgence à régler.
Parlant des enseignants, Moustapha Mamba Guirassy a soulevé des questions liées à l’encadrement, à la formation avec notamment les inspecteurs qui ne respectent pas les cahiers de charge. Par exemple, dit-il, un inspecteur doit aller, chaque année, dans 25 salles de classe, les encadrer et contrôler ce qui s’y passe. «Malheureusement, et à ce niveau-là, les inspecteurs aussi ne jouent pas pleinement leur rôle d’accompagnement et d’encadrement. Naturellement, il n’y a pas assez d’inspecteurs, mais il y a aussi un manque d’objectivité du système de notation. L’avenir des enfants est menacé par un déficit et le sens de la responsabilité qui doit être interrogé»
Le ministre dit d’ailleurs planifier une rencontre avec les acteurs pour parler de la Fastef où il y a «des réglages à faire», et aussi «faire participer d’autres structures» à l’effort d’encadrement continu des enseignants. L’inadéquation des curricula, la lourdeur des programmes, l’utilisation d’une langue étrangère non maitrisée par les apprenants tout au début du cycle scolaire ne doivent pas être mis à l’écart. «D’où l’importance de l’utilisation des langues nationales dans notre système éducatif. La non atteinte du quantum horaire, une insuffisance de passerelles entre les offres d’enseignement», figurent parmi les causes listées par le nouveau ministre de l’Education nationale. Selon lui, les taux de scolarisation qui est 19% au préscolaire, 81,9% pour l’élémentaire, 51% pour le moyen et 33% pour le secondaire, il pense que «les sacrifices sont nécessaires pour nos tout-petits».
Abordant plus spécifiquement le dispositif d’organisation des examens et concours, M. Guirassy estime que les défis tournent autour de la sécurisation et sécurité des épreuves, le convoyage, la garde et la préservation de la confidentialité des épreuves, la gestion des statistiques, les centres spécifiques en zones insulaires où en terres étrangères comme en Arabie Saoudite et en Gambie, la mobilité des chargés des bureaux des examens et concours dans les structures du niveau déconcentré vers les IA et IEF... Il a aussi abordé les questions relatives à l’application des mesures prises lors des comités régionaux de développement sur les examens et concours, les problèmes de pièces d’état civil de certains candidats, le paiement à temps des indemnités liées aux examens, la période d’hivernage coïncidant avec les examens...
Pour ce qui est des statistiques des examens de cette année 2024, il y aura 301 742 candidats au Cfee, 1695 au Concours général des élèves de première, 1508 pour la terminale... Pour le bac, un rapport a été déposé sur la table du Premier ministre.... De même pour les différents brevets et certificat.
Malgré la situation, les examens vont se tenir et approchent à grand pas. Les examens du Cfee et de l’entrée en sixième sont prévus les 25 et 26 juin, les épreuves écrites du Bac technique le 20 juin, tandis que le Bac général va se tenir le 2 juillet, et à partir du 18 juillet le Bfem et le 1er octobre le bac général de remplacement...
par Pape Chérif Bertrand Bassène
L'IMPACT D'UN DÉBAT UNIVERSITAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le "Goordjiguène" a toujours existé en Afrique : il est temps de dépasser les polémiques stériles et de produire un savoir africain sur la question. À charge pour l’Université Cheikh Anta Diop d'assumer ce rôle
Pape Chérif Bertrand Bassène |
Publication 21/05/2024
Tandis que la presse occidentale et française en particulier, nous apprend que le "Premier ministre Sonko critique les droits LGBT" (Figaro, 2024), qu’il a prévenu sur le risque de casus belli entre l’occident et le reste du monde avec sa défense de l'homosexualité (La voix du nord, 2024 ). La presse sénégalaise quant à elle - se faisant l'écho d'une société civile d’obédience religieuse et d'une classe politique qui essaie d'habiller la nouvelle forme d'opposition - a relevé que le Premier ministre Ousmane Sonko (Pmos) l’a non seulement déçue (Conférence Jamra), mais devrait en plus "retirer ses propos sur l'existence d'une tolérance envers le phénomène d'homosexualité au Sénégal" (Lequotidien, 2024).
La nouvelle opposition en gestation, que veut réanimer l'honorable Moustapha Diakhaté, n'hésite pas à accabler l'université Cheikh Anta Diop (Ucad). Elle dit condamner "l’attitude opportuniste du recteur" qui aurait "violé la décision du Conseil académique portant suspension de toutes les activités politiques dans le campus." Pour M. Diakhaté, le Professeur Mbaye, n'aurait pas dû "autoriser cette rencontre qui n’a aucun caractère officiel et scientifique encore moins y prendre part."
Nous voulons pondérer cette posture plus politique que scientifique.
Comme le dit une sagesse biblique, « nul n'est prophète en son pays ». Et certainement pas un Ousmane Sonko – "prophète du Pastef" (pour coller à l'imaginaire de ses partisans qui l'appelle Ousmane Mu sella mi) – qui a prédit et œuvré pour la chute de cette élite politique qui le sera chez les thuriféraires d’un régime fraichement renvoyé dans l’opposition politique.
Sinon, le débat que messieurs Mélenchon et Sonko ont tenu à l'Ucad 2, a bel bien un cachet officiel dès lors que c’est l’Ucad qui invite. En plus du fait que les deux hôtes du jour sont deux leaders de mouvements politiques dont l’un est de surcroit le Premier ministre du Sénégal. L’Ucad dont la devise est Lux mea lex, est par sa tradition un espace de débat éclairé pour défendre les libertés et toutes les libertés. Dès lors, il aurait été plus pertinent d’analyser l’impact national comme international de cette rencontre.
Sur le plan national, cette conférence a permis au recteur d’initier une réconciliation (que l’on espère sincère) avec la communauté estudiantine dont les nouveaux venus – qui ont accusé plus de huit (8) mois de retard – à qui il avait l’obligation professionnelle pour ne pas dire pédagogique de redonner le goût du monde universitaire. C’est en conséquence que le Professeur Mbaye a accepté humblement la critique des huées qui n’étaient que l’expression de la colère des étudiants après les mesures "intellecticides" qu'il a appliquées – le recteur n’a jamais fait preuve de prise de responsabilité consciencieuse sur l’avenir des étudiants sénégalais de l’Ucad et telles que les franchises universitaires et les libertés académiques le lui autorisaient – et qui ont terni l’image académique de l’institution.
En outre, où mieux que l'Ucad pour insuffler un tel débat sur l'avenir des relations entre l'occident et l'Afrique, avec des questions aussi cruciales comme celles des droits humains qui nécessitaient une certaine dialectique. La pédagogie dialectique, c’est ce qu’une certaine presse au service d’une nouvelle opposition n’a pas voulu faire ; elle a préféré baigner dans la culture de crétinisation de l’espace public.
Rappelons qu'un débat sur la même thématique avait déjà eu lieu en 2007 à l’Ucad, quand le président Nicolas Sarkozy était venu "présenter sa conception de l'Afrique et de son développement" aux étudiants sénégalais (Elysée, 2007). En lieu et place d’une rupture, Nicolas Sarkozy s’est révélé un Hegel d’un autre âge avec des théories qui auraient fait sourire des Léopold Sédar Senghor et autres Cheikh Anta Diop.
Or cette fois-ci, dans ce débat (d’un Mélenchon) respectueux de l’Afrique, les questions de droits de l'homme dans l'Etat (nation) sur les relations entre l'Europe et l'Afrique ont littéralement dominé. Et paradoxalement, la nouvelle opposition n'a pas remarqué que le Pmos – tant qu'à parler de démocratie et de droits de l'homme – n'a pas hésité à critiquer l'Etat, "le gouvernement français (qui n'a pas) dénoncé" l’entrave des libertés au Sénégal. Pis, relève Sonko, le président Emmanuel Macron avait accueilli et "félicité" son homologue sénégalais "au pire (moment) de la répression". C'était tout comme, "une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais dont le seul crime a été d’adhéré à un projet politique" (Casavance, 2024). Cette critique qui n'a certainement pas plu la nouvelle opposition, l'a empêché d’écouter de manière intelligible la suite du débat.
N'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. L’opposition a alors délibérément choisi de pervertir le propos du Pmos sur le phénomène "Goordjiguène". En le faisant, les journalistes et polémistes de tout acabit ont cherché à rabaisser le débat sur la place de l’homosexualité dans les rapports occident/Afrique ici posée dans l’espace universitaire, cadre scientifique par excellence et dont l’impact international est assuré.
Qui dit université dit universalité, là où comme le dit le Pmos, il faut et il est possible de "reconnaître, connaître, comprendre et accepter les spécificités" dans leur totalité. La question des mœurs par exemple, prévient-il à juste titre, risque d’être le prochain "casus belli" entre l’Occident et le reste du monde. Alors qu’elle ne peut pas se poser dans le contexte africain de manière verticale, elle "revient régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux", souvent "comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers"(Casavance, 2024). Toujours cette propension de l’Occident à se positionner comme forme de mission civilisatrice.
Ousmane Sonko ne tient pas un discours que ne peut entendre le monde universitaire, quand il fustige la prétention scientifique de l’Occident qui croit savoir que les "sociétés (africaines) ne connaissaient pas ces questions". Ce qu’il réfute donc en insistant sur le fait que chaque société "a établi et perpétue librement ses mécanismes d’absorption des effets sociaux qu’il faut respecter dans la limite de l’humainement raisonnable" (Casavance, 2024).
La théorie que défend le Pmos est ce qu’on appelle dans le monde de la recherche scientifique, les épistémologies du sud ou décoloniales. Ainsi demande-t-il une certaine "prudence" par rapport à cette problématique, demande de tempérer une certaine hégémonie de leurs systèmes de savoirs occidentaux. Car au Sénégal par exemple, le phénomène "Goordjiguene" n’est pas que "toléré", c’est une matérialité que les communautés historiques sénégalaises "gèrent et continuent de gérer à leur façon et selon leurs réalités socioculturelles".
En Afrique, le respect de la vie privée est une question très hautement morale et non légale. Ainsi dans l’Etat-nation où la présence d’Etat n’est pas encore totalement effective en termes de lois qui reconnaissent les droits et devoirs de chaque individu ; on n’en est pas encore arrivé à ce stade où le "borom niari tour" doit revendiquer un statut d’individu titulaire de droits et libertés du seul fait de son orientation sexuelle. Après tout, c’est l’Etat-nation d’héritage qui a appris les Africains à criminaliser l’homosexualité. Tous les journalistes et polémistes pro-loi sur l’homosexualité ne font en réalité que perpétuer honteusement un vieil héritage de l’Etat colonial. Alors même que le "Goordjiguène" existait comme individu dans nos communautés et conformément aux cadres de régulations sociales africaines qui doivent désormais rester comme la référence pour les Africains.
D’ailleurs, c’est comme en Europe où un "borom niari diabar", aurait des problèmes par ce qu’il "s’attaquerait au mode de vie" des Français s’il voulait faire reconnaître ses deux femmes comme individus avec des droits et des devoirs dans la loi française...Et pourtant au Sénégal, le code civil reconnait les coépouses comme personnalités juridiques !
Le monde est mutant et sera métissé ; ce n’est pas aux enfants du président Léopold Sédar Senghor qu’on va apprendre cela ; un jour viendra peut-être quand les Français reconnaitront la polygamie.
Le débat est complexe certes, mais pour autant, les Africains sont en mesure de le régler. Elle nécessite une certaine pédagogie politique, et à charge pour l’université sénégalaise de produire les connaissances qui vont avec cette pédagogie. D’ailleurs, parce que ce débat s’est posé à l’Université Cheikh Anta Diop, toutes les universités du monde ont le regard tourné vers l’université sénégalaise. Car c’est un défi qui est lancé au monde entier, une mission que le Pmos donne aux intellectuels sénégalais en qui il fait plus confiance pour produire les connaissances sur le sujet.
Gageons que les programmes de recherches tendant à promouvoir une perspective africaine des questions de démocratie et des droits de l’homme feront légion bientôt à l’Ucad et ne ferons que redorer l’image de l’université sénégalaise.
Pape Chérif Bertrand Bassène est maître de Conférences, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.