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27 novembre 2024
Éducation
Texte Collectif
PLAIDOYER POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE SENGHORIEN
La bibliothèque personnelle de Léopold Sédar Senghor, reflet de ses lectures et de ses relations intellectuelles, sera dispersée aux enchères à Caen en avril 2024, risquant de voir disperser un pan de l'histoire littéraire africaine
Le 16 avril 2024 à l’hôtel des ventes de Caen en France, est programmée la vente d’« une – grande – partie de la bibliothèque personnelle » (pas moins de 304 lots composés d’un à plusieurs ouvrages) du premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. En regardant à la loupe ces ouvrages, l’on découvre avec stupeur que seront vendus entre autres : l’exemplaire du prodigieux Discours sur le colonialisme de l’ami Aimé Césaire dédié à « ce vieux Léopold Sédar Senghor, (…) parce que je suis sûr que malgré les appartenances politiques, il déteste le colonialisme, destructeur de culture, de finesse [sic] et de civilisations », des ouvrages du poète Aragon, également adressés à Ginette Eboué son épouse, ou encore l’exemplaire d’un ouvrage déterminant dans la construction de sa pensée, Ainsi parla l’oncle de l’Haïtien Jean-Price Mars, qui rend « un fervent hommage d’admiration au grand poète noir » …. Ces ouvrages sont dédiés au poète, au député, au Président de la République ou encore à l’ami Senghor. Sans viser l’exhaustivité, évoquons aussi les ouvrages d’Ousmane Sembène, d’Ousmane Socé Diop, de Birago Diop, de Fily Dabo Sissoko ou encore de Joseph
Zobel, de Paul Niger, de Léon-Gontran Damas et de Richard Wright…. Ils disent autant sur les lectures de Senghor que sur ses relations avec les auteurs et le réseau amical, politique et intellectuel qu’il a tissé et dans lequel il s’insère. Ajoutons enfin des ouvrages de son ami René Maran, le premier Goncourt noir avec Batouala. En première page du livre Les Pionniers de l’Empire, Maran désigne Senghor comme « l’une des gloires de la race à laquelle je suis fier d’appartenir ». Camille Maran avait d’ailleurs eu la généreuse et visionnaire idée en son temps de donner à celui qui venait d’être élu président de la République du Sénégal une partie importante de la bibliothèque et des archives de son époux : le fonds René Maran est à la disposition des étudiants et des chercheurs à la Bibliothèque Centrale de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il y existe aussi un fonds Senghor que pourraient enrichir ces ouvrages. Dans le cas contraire, c’est tout un pan de l’histoire littéraire sénégalaise, ouest-africaine et afro-américaine qui risque d’être dispersé à travers l’éclatement promis de cette bibliothèque de la négritude inédite et unique.
Cette vente intervient à peine quelques mois après l’annonce de celle des cadeaux diplomatiques, décorations militaires et autres bijoux personnels de Senghor, en octobre 2023, vente à laquelle l’État du Sénégal est parvenu à sursoir, après avoir racheté l’ensemble des lots, désormais conservés au Musée des
Civilisations Noires à Dakar. La commissaire-priseuse Me Solène Lainé avait elle-même convenu, non sans une pointe d’enthousiasme, « qu’on ne voit jamais ce type de vente aux enchères » (cité dans l’article du parisien du 20 octobre 2023, Bertrand Fizel, « Des objets rares ayant appartenu à Léopold Sédar Senghor aux enchères à Caen »).
La dispersion du patrimoine senghorien entre la France et le Sénégal principalement, mais aussi en Allemagne et aux Etats-Unis, relève de la géographie senghorienne. Dans le cadre des activités de notre groupe, près d’une trentaine de fonds d’archives de/sur Senghor, plus ou moins importants en termes de volume, a été identifiée. Or la majeure partie est inaccessible au public sénégalais. Une grande part des photographies, objets, œuvres d’art, archives (correspondances, manuscrits et autres papiers de Senghor allant des années 1950 à 2001), est en effet conservée dans la maison familiale de Verson en Normandie, qui est conformément aux vœux de Léopold Sédar Senghor et de son épouse, propriété de la municipalité depuis juillet 2022, avec tous les biens qui la composent.
Il est temps que les Sénégalais puissent librement accéder à ce patrimoine, sans avoir à parcourir la moitié du globe et à affronter des services consulaires peu généreux et accueillants. A l’heure où le tout récemment investi 5ème président du Sénégal Bassirou Diomaye Diakhar Faye parle avec force de la nécessité pour le Sénégal de recouvrer pleinement sa souveraineté, le Groupe international de recherche Léopold Sédar Senghor (UCAD/ENS) souhaite attirer l’attention sur l’urgente nécessité de préserver et de valoriser le patrimoine du premier président du Sénégal et poète Léopold Sédar Senghor. À travers les traces qu’il a laissées et qu’il nous a léguées, c’est toute une partie de l’histoire et du patrimoine sénégalais qui apparaît et qui risque à nouveau de disparaître.
Pour le Groupe de recherche international Léopold Sédar Senghor
(Université Cheikh Anta Diop de Dakar/École normale supérieure (France))
Pr Mamadou Ba (Lettres Modernes, UCAD)
Dr Edoardo Cagnan (ITEM, CRNS/ENS)
Coline Desportes (Doctorante en Histoire de l’art, EHESS)
Dr. Alioune Diaw (Lettres modernes, UCAD)
Dr Mohamed Lat Diop (EBAD, UCAD)
Pr. Babacar Mbaye Diop (Philosophie, UCAD)
Dr Laura Gauthier-Blasi (Littérature, Université d’Alcala)
Maëlle Gélin (doctorante en Histoire, Sciences Po Paris)
Dr Sébastien Heiniger (ITEM, CRNS/ENS)
Dr. Céline Labrune Badiane (ITEM, CRNS/ENS)
Pr Amadou Ly (Lettres modernes, UCAD)
Dr. Claire Riffard (ITEM, CRNS/ENS)
Pr Felwine Sarr (Romance studies, Duke)
Dr. Serigne Seye (Lettres modernes, UCAD)
Dr Mouhamadou Moustapha Sow (Histoire, UCAD)
Pr. Cheikh Thiam (Etudes africaines, Amherst College)
DEMARRAGE DES ENSEIGNEMENTS DANS DEUX NOUVELLES UFR ET UN INSTITUT DEDIE AUX LANGUES A TOUBA
Deux nouvelles Unités de formation et de recherches (UFR) et un Institut dédié aux langues et aux métiers du livre du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim (CCAK) de Touba (centre) ont démarré les enseignements, a constaté l’APS, mercredi.
Touba, 3 avr (APS) – Deux nouvelles Unités de formation et de recherches (UFR) et un Institut dédié aux langues et aux métiers du livre du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim (CCAK) de Touba (centre) ont démarré les enseignements, a constaté l’APS, mercredi.
”Nous allons vers d’autres filières à travers l’ouverture de deux UFR, notamment l’UFR des métiers et technologie et l’UFR des sciences agronomiques et de la technologie alimentaire et d’un Institut dédié aux langues et aux métiers du livre’’, a dit, Mor Faye, coordonnateur et président du conseil académique du CCAK.
Il intervenait lors de l’amphithéâtre de rentrée académique des étudiants des deux UFR et de l’Institut. Le président du CCAK, Ahmadou Badawi Mbacké et le secrétaire exécutif de l’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (ANAQ-Sup), le professeur Lamine Guèye, ont participé à cet événement.
Plusieurs représentants du corps professoral, des étudiants et des dignitaires religieux ont pris part à la cérémonie.
Mor Faye a indiqué que l’UFR des métiers et technologie comprend en son sein cinq départements.
”Elle va former les nouveaux étudiants aux métiers du commerce, de l’artisanat, de l’informatique et des télécommunications, entre autres”, a-t-il précisé, annonçant le lancement d’une licence en informatique et en communication de même qu’une licence en administration des entreprises pour cette UFR.
Concernant l’UFR des sciences agronomiques et des technologies alimentaires, ”trois licences seront lancés”, a-t-il indiqué, citant ”une licence en agronomie et production végétale, une licence en agronomie et production animale et une licence en agro technologie”.
Il a précisé qu’elle comprend trois départements chargés de la production agricole, de la production animale et de la technologie alimentaire. ”Cette UFR dispose déjà de plusieurs hectares de terres cultivables, d’un grand poulailler et un grand forage”, a-t-il ajouté.
Une pisciculture entre autres y est prévue pour appuyer le bon fonctionnement de l’UFR des sciences agronomiques et des technologies alimentaires, selon les responsables.
Le coordonnateur et président du conseil académique du CCAK a souligné que l’Institut va s’orienter sur les langues et les métiers du livre. ”Il propose aux étudiants trois licences notamment : une licence en archive, licence en langue appliquée et une licence en documentariste”, a-t-il rapporté.
Le français, l’anglais et l’arabe seront les principales matières d’apprentissage dans cet Institut qui a pour mission principale, contribuer à la vulgarisation de l’slam et des œuvres de Cheikh Ahmadou Bamba, père fondateur du mouridisme, a-t-il encore souligné.
L’Institut ambitionne par ailleurs introduire prochainement les langues nationales au fur et à mesure de la formation, a-t-il déclaré.
M. Faye a indiqué que ces deux UFR et Institut font pratiquement un effectif de 400 étudiants. Cet nouvel effectif va porter à 719 l’effectif global des étudiants du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim (CCAK).
Le président du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim (CCAK), Ahmadou Badawi Mbacké, s’est réjoui de cette nouvelle étape importante franchie dans la marche de cette université.
Il est longuement revenu sur les recommandations du fondateur du mouridisme dont l’éducation et la formation, occupent une bonne place, avant de formuler des prières pour une bonne réussite de l’année académique.
UN RETOUR À LA NORMALE ENCORE FRAGILE À L’UCAD
Si les étudiants poussent un soupir de soulagement, la réouverture masque mal les stigmates d'une longue crise. Logements insalubres, services défaillants, nombreux départs : le quotidien estudiantin est encore loin d'être normalisé
(SenePlus) - Après 9 mois de fermeture suite aux émeutes de juin 2023 qui avaient secoué la capitale sénégalaise, le campus social de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar a rouvert ses portes fin mars pour accueillir à nouveau les étudiants. Une réouverture bienvenue qui suscite un réel soulagement chez les apprenants, même si tous les services ne sont pas encore pleinement opérationnels.
C'est ce que rapporte un reportage réalisé sur place par RFI. "Actuellement, l’accès au campus social ne se fait pas n’importe comment", indique d'emblée l'agent de sécurité Dabo, cité par la radio française. Désormais, les étudiants doivent présenter une carte d'accès délivrée par l'université pour pouvoir pénétrer les lieux, surveillés en permanence.
Une fois ce contrôle passé, les étudiants peuvent à nouveau profiter des dortoirs et réfectoires situés sur le vaste campus. "On a une satisfaction de la réouverture du campus social parce que ce n’était pas évident la vie pendant ces neuf mois", reconnaît Mouhamadou Moustapha Ba, rencontré dans sa chambre du troisième étage du pavillon D.
Car si la réouverture est une bonne nouvelle, le retour à la normale est encore loin d'être achevé. "Il y a même le pavillon F où les serrures n’ont pas encore été montées. Certains logements ne sont pas encore fonctionnels", indique Idrissa Diallo. Son camarade Mouhamed Mbaye se plaint quant à lui de ne toujours pas avoir récupéré sa chambre : "Ils me disent qu’il y a un problème de serrure, de matelas, de draps, etc.".
Les étudiants déplorent par ailleurs le manque d'entretien des lieux pendant la longue fermeture. "Quand je suis venu, j’ai trouvé qu’on n’était pas prêts du tout. Durant tout ce temps, ils n’ont rien fait, ils ont juste fermé l’université", s'insurge Mouhamed Mbaye.
Autre conséquence néfaste de cette crise universitaire, de nombreux étudiants ont choisi de ne pas revenir sur le campus. "Beaucoup de nos camarades ont pris le chemin de l'émigration", indiquent les étudiants interrogés par RFI.
Le campus social de l'UCAD retrouve donc doucement son rythme, porteur d'espoirs renouvelés à l'aube du nouveau quinquennat du président Bassirou Diomaye Faye. Mais les stigmates de cette longue fermeture restent encore bien présents.
par Fatoumata Sissi Ngom
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GEEJ GI — LE VIEIL HOMME ET LA MER
EXCLUSIF SENEPLUS - Dialogue avec les hommes et femmes de la mer de Mboro. Ces discours édifiants convoquent l’élaboration urgente de politiques publiques au service des communautés (Échanges en Wolof, avec sous-titres)
Fatoumata Sissi Ngom dialogue avec les hommes et femmes de la mer de Mboro. Leurs discours sont édifiants. Ils convoquent l’élaboration urgente de politiques publiques au service des communautés. Échanges en Wolof, avec sous-titres.
Je suis partie à la rencontre des pêcheurs de Mboro, avec mon ami Ndiaga Ndiaye, leader politique. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre du projet de co-création organique Une Proposition nommée Désir, que j’ai initié à Mboro et les villes environnantes comme Darou Khoudoss. Les discussions vont nourrir l’Observatoire de la plateforme du projet.
“Le vieil homme et la mer”, car ce jour-là, en écoutant le vieux doyen, les pêcheurs et les enfants, et en les imaginant en pleine mer, remplis d’espoirs, ou en train de se mesurer à plus grand qu’eux - le gros bateau européens ou les déchets chimiques - j’ai senti que l’esprit d’Hemingway, de Santiago et du petit Manolin était avec nous. C’est l’histoire de la dignité humaine et du courage. C’est aussi l’histoire de pêcheurs courageux, d’enfants qui apprennent des ainés, et de femmes qui partagent une même condition. La littérature universelle et la création organique peuvent se mettre au service des politiques publiques et de la condition humaine.
L’urgence pour le nouveau chef de l’Etat de mettre en place des politiques publiques tranchantes au service des populations
La situation de l’économie de l’Océan au Sénégal et particulièrement à Mboro est représentative des graves distorsions économiques et sociales au Sénégal, et qu’il faut urgemment réparer. Le nouveau président élu, Bassirou Diomaye Faye, et son gouvernement, doivent prioriser une transition juste et inclusive au service réel des populations.
Mboro-sur-mer est un important hub de pêche, dont le potentiel est noyé à cause de l’absence d’infrastructures de pêche adéquates, la pollution industrielle notamment par les Industries Chimiques du Sénégal, et les accords de coopération internationale qui sont défavorables voire dangereux à la survie des communautés locales. A Mboro-sur-mer, le “gros bateau” provenant d’Europe et pêchant à outrance est devenu une entité à part entière. Dans l’imaginaire de ce village de pêcheurs, ce gros bateau aux moyens et dimensions disproportionnés est un racketteur autorisé par l’État.
Considérer encore plus les femmes et les enfants
Lors de cette rencontre, j’ai pu observer en direct que les inégalités hommes-femmes et le modèle patriarcal sont profondément ancrés dans les imaginaires. Aucune femme n’était présente dans l’assemblée. Ni aucune petite fille et aucune jeune fille, alors que beaucoup de garçons étaient présents. Éternelles fourmis invisibles ? Cela a été un peu étrange d’être la seule femme entourée d’hommes et de petits garçons. À un moment, j’ai demandé pourquoi les femmes n’étaient pas là, et si je pouvais les entendre, elles aussi. Les dignitaires ont alors appelé une femme transformatrice qui a bien voulu se montrer et prendre part à la discussion.
Mais le plus émouvant, ce sont les enfants, ces petits bouts du divin. Déjà tout petits, ils se préoccupent de la rentabilité de la pêche, nourrissent un profond ressentiment envers le gros bateau et les ICS, et portent sur leurs frêles épaules les problèmes des adultes. Je suis un peu dépassée et submergée en les écoutant.
Il va être urgent pour le nouveau chef de l’État sénégalais de réviser en profondeur les accords de pêche avec les partenaires internationaux, et d’instaurer un vrai cadre d’application de normes environnementales pour les entreprises extractives. Cela passe par l’élaboration de politiques publiques conscientes et tranchantes qui mettent l’humain au centre.
«IMAGINECOLE» ENTRE EN CLASSE
La Confemen a initié un atelier de travail collaboratif entre des enseignants de quatre pays : Cameroun, Côte d’Ivoire, Tchad et Sénégal. Cela entre dans le cadre du projet «Imaginecole», une initiative de la Confemen et de ses partenaires
La Confemen a initié un atelier de travail collaboratif entre des enseignants de quatre pays : Cameroun, Côte d’Ivoire, Tchad et Sénégal. Cela entre dans le cadre du projet «Imaginecole», une initiative de la Confemen et de ses partenaires pour accompagner les politiques de continuité pédagogique à travers la mise à disposition de ressources numériques mutualisées, de qualité et accessibles.
«Le Covid-19 a impacté considérablement nos systèmes éducatifs. Et le défi qu’il fallait relever, c’était d’assurer la continuité pédagogique», a déclaré Fatoumata Ba Diallo, coordonnatrice du Programme d’appui au changement et à la transformation de l’éducation (Pacte), lors de l’ouverture de l’atelier. Pour apporter des solutions à la crise sanitaire, la Confemen, en collaboration avec l’Unesco, a mis en place la plateforme numérique «Imaginecole». L’objectif principal étant d’accompagner le numérique éducatif à travers l’enseignement à distance. L’initiative étant résiliente, selon Mme Diallo, un plan de développement et de pérennisation a été élaboré.
«Pour la Confemen et ses partenaires, «Imaginecole» doit continuer dans la durée pour éclairer et accompagner les politiques de continuité pédagogique à travers la mise à disposition de ressources numériques mutualisées, de qualité et accessibles.» Au terme de ce conclave, les participants devront échanger sur plusieurs objets pédagogiques afin d’améliorer la préparation de leurs cours en utilisant les ressources de la plateforme «Imaginecole»
Pour la Confemen et ses partenaires, l’utilisation du numérique doit contribuer à la continuité pédagogique. La phase pilote du projet cible particulièrement l’enseignement des mathématiques au primaire.
LES ETUDIANTS DE L'UNIVERSITE DE BAMBEY EN GREVE POUR 48H
A peine un nouveau président élu, les protestations commencent. Cette fois-ci, c’est du côté des étudiants que les réclamations se soulèvent.
A peine un nouveau président élu, les protestations commencent.
Cette fois-ci, c’est du côté des étudiants. La coordination des amicales de l’université Alioune Diop de Bambey a décrété deux jours de grève pour dénoncer le manque d’eau et les coupures d’électricité dans le campus social depuis plus de six jours.
D’après le président de l’Amicale, «ce mot d’ordre est couplé de deux journées sans ticket au restaurant pour exiger le rétablissement de l’électricité et de l’eau dans les deux campus sociaux de Bambey».
«De même, les étudiants ont décidé de boycotter le paiement des chambres pour une durée indéterminée», ajoute Oumar Mahawa Sène.
Pour les étudiants, il est inadmissible dans un campus aussi grand que l’eau et l’électricité soient en rupture au point que l’infirmerie du campus social 1 soit fermée.
LE PARI DE DIOMAYE FAYE POUR L'ÉCOLE
Abris précaires, enseignants en nombre insuffisant, universités en crise, daaras à moderniser... l'école sénégalaise accumule les difficultés depuis des années
Les défis à relever dans le secteur de l’éducation sont énormes. Entre recrutement d’enseignants, résorption des abris provisoires, le déroulement normal des enseignements dans le supérieur, le développement de la formation professionnelle (adéquation formation/emploi), beaucoup de chantiers attendent le président de la République nouvellement élu du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Dans son programme présidentiel, il y a différentes propositions qui vont dans le sens de la poursuite des efforts déjà consentis dans le secteur de l’éducation.
Dans son programme présidentiel, le président nouvellement élu, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, compte améliorer la gouvernance et la qualité de l’éducation et la formation. Dans ce cadre, il prévoit la «généralisation de l’anglais couplé à l’utilisation progressive des nouvelles technologies dans les enseignements depuis l’école primaire».
En effet, depuis quelques années, on note un déficit d’enseignants et un grand nombre d’abris provisoires. Sur ce, le président nouvellement élu compte «résorber le gap au plus tard en 2029». Mieux, il s’engage à arriver à «zéro abri provisoire en 2029, par la mise en place d’un ambitieux programme de construction d’infrastructures pédagogiques aux standards internationaux». En ce qui concerne la question des «daaras» qui constituent une offre éducative importante dans le pays, le programme de Diomaye Président repose sur «l’intégration effective des langues nationales et des daaras dans le système éducatif».
Le président de la République nouvellement élu promet de renforcer «le Programme d'Appui à la Modernisation des Daaras (PAMOD) et de procéder à une cartographie participative et exhaustive de l’ensemble des daaras et écoles coraniques du Sénégal». Il prévoit aussi d’établir le statut du maître coranique «en vue d’améliorer ses revenus et sa protection sociale». Non sans créer un Centre de formation des maîtres coraniques afin de «renforcer leurs capacités techniques et pédagogiques».
La scolarisation des enfants et jeunes en situation de handicap reste également une «priorité nationale» pour Bassirou Diomaye Faye. Dans le programme de Diomaye Président, le développement de l’enseignement supérieur en fait partie. L’élaboration et la mise en œuvre d’une politique nationale d’enseignement supérieur assortie d’une Stratégie décennale et des Plans d’actions quinquennaux mais aussi l’élaboration d’une Loi d’orientation spécifique à l’enseignement supérieur qui rendra obligatoire la mise en œuvre de la politique sont des grandes lignes.
Il faut dire que depuis trois ans, les universités publiques sénégalaises sont secouées par une crise, avec des violences et une fermeture généralisée. Parmi les grands axes dans le secteur de l’enseignement supérieur, il y a la «résorption du déficit en personnel sur une période de 5 ans, par un recrutement massif de personnel d’enseignement et de recherche (PER) dans les universités publiques», mais aussi l’«élaboration d’un Plan spécial de désengorgement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui accueille 60% de la population estudiantine du Sénégal».
Dans l’enseignement technique et la formation professionnelle, le président nouvellement élu prévoit, entre autres, de «développer les filières professionnelles orientées vers l’exploitation des ressources dont dispose le pays : pétrole, gaz, tourisme, artisanat, pêche, élevage, agriculture, textile, services».
URGENCES SIGNALEES DANS L’ECOLE
Entre déficit d’enseignants, abris provisoires, retard dans le respect des accords signés avec les syndicats d’enseignants, l’école sénégalaise est confrontée parfois à des perturbations
Entre déficit d’enseignants, abris provisoires, retard dans le respect des accords signés avec les Syndicats d’enseignants, l’école sénégalaise est confrontée parfois à des perturbations. Les attentes sont donc nombreuses pour le prochain président de la République dans le secteur de l’éducation.
L es Sénégalais s’apprêtent à élire un nouveau président de la République, pour diriger le pays, durant les cinq années à venir. Ils espèrent ainsi un leader qui saura répondre aux défis actuels du pays. Dans le domaine de l’éducation, les attentes sont énormes dans le but d’améliorer le secteur, même si des efforts sont consentis. Depuis quelques années, le déficit d’enseignants dans le milieu scolaire persiste. Ce qui entrave le bon déroulement des enseignements. L’ancien ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne, attribue le problème aux retraites, aux décès, aux démissions, aux mises en disponibilité ou en position de stage. Tout de même, le déficit d’enseignants est aggravé par le fait que les concours de recrutement des élèves-maîtres et des professeurs ont connu des retards.
En outre, la pléthore d’abris provisoires dans les académies de l’intérieur du pays constitue également un problème dans le secteur de l’éducation. Syndicats, société civile comme députés n’arrêtent pas de soulever la question qui plombent la qualité de l’éducation au Sénégal. En 2023, en marge de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle, à Kaffrine, l’ancien ministre de l’Education nationale avait dénoncé les défaillances des entreprises sénégalaises sélectionnées dans le cadre du Programme de remplacement des abris provisoires et d’ouvrages annexes (PROPAP). A l’en croire, l’Etat du Sénégal a mis 50 milliards de FCFA, depuis 2016, alors que le nombre de salles réceptionnés ne fait même pas 800. Ce, sur 6000 abris provisoires à remplacer.
A ces défis qui attendent le prochain président de la République, s’ajoute surtout le respect des accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Le retard dans la matérialisation des engagements constitue toujours le nœud du problème dans le secteur de l’éducation. C’est pourquoi, d’ailleurs, des organisations syndicales ont élaboré et présenté une Charte pour l’engagement des candidats à l’élection présidentielle de 2024 pour une éducation de qualité. Elles ont ainsi appelé les candidats à la signer. «Cette charte énonce les principes éthiques et les valeurs fondamentales que nous attendons de nos leaders politiques afin d’assurer une école de qualité à notre pays et une gouvernance équitable, responsable et transparente du système à travers des politiques éducatives pertinentes et favorables au développement d’un capital humain de qualité», lit-on dans une note. Toujours dans le cadre de l’élection présidentielle, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP) se dit «convaincue de l'impératif pour les candidats d'adresser des problématiques essentielles» telles que «la mise en œuvre des programmes, réformes et innovations nécessaires», «la refondation de l'Ecole et de l'Université sénégalaise», «les conditions d'une meilleure résilience et d'une mise aux normes du système d'éducation et de formation en adéquation avec les besoins et ambitions», «la dépolitisation de l'administration publique tant dans les procédures de nomination que de gestion», entre autres.
VERS L’INTRODUCTION DE L’EDUCATION AU NUMERIQUE DANS LES ECOLES
”Daaray Sembène”, Maison de la pédagogie de l’image, formule dans son rapport quinquennal 2019-2023, plusieurs recommandations, à l’intention du prochain gouvernement, dont l’introduction de l’éducation au numérique dans les écoles...
”Daaray Sembène”, Maison de la pédagogie de l’image, formule dans son rapport quinquennal 2019-2023, plusieurs recommandations, à l’intention du prochain gouvernement, dont l’introduction de l’éducation au numérique dans les écoles pour combattre l’”effritement des valeurs sociales”.
Hadja Maï Niang présentait jeudi le rapport 2019-2023 de sa structure, intitulé ”Planification pour l’amélioration de l’intégrité sociale” (PAIS).
Le rapport qui, selon elle, a diagnostiqué un ”effritement des valeurs sociales” sénégalaises, lié au numérique et à l’audiovisuel, propose comme solution une éducation au numérique dans les écoles, voire jusqu’au niveau du supérieur.
L’étude, face au constat selon lequel la culture est ”souvent associée à un folklore de bas étage”, recommande au prochain gouvernement de ”rehausser la vision de la culture”, devenue un ”fourre-tout”.
Hadja Maï Niang relève pourtant l’importance de la culture pour un pays qui aspire au développement. ”Sans culture, un homme est mort-né, un peuple est mort-né”, dit-elle, ajoutant qu’elle permet de savoir ”d’où on vient et où on va”.
Abordant la question liée à la protection de l’enfance, le rapport dénonce ”l’association de l’apprentissage du Coran au misérabilisme”. Il propose l’ouverture de ”daara” (écoles coraniques) modernes, en régime externat dans tous les coins et recoins du pays. Cela empêchera tout ”subterfuge pour l’exploitation des enfants”, dit Hadja Maï Niang.
Le rapport suggère, en outre, au futur ministère de tutelle de réglementer le transport d’écoliers à bord de motos Djakarta.
”Nous proposons que le futur ministre de la famille associe le statut de femme de ménage à un métier”, a dit l’universitaire. L’Etat peut ouvrir une école de formation de femmes de ménage, relève-t-elle.
Concernant l’alphabétisation des masses, une des missions de son centre basé à Thiès, le document préconise un couplage de la langue officielle, le français, à la langue nationale la plus parlée dans chaque zone du pays, dans les panneaux de signalisation et autres enseignes.
Elle relève une ”incohérence” qui a été un obstacle au développement de l’alphabétisation en langues nationales. Il s’agit de cette discontinuité entre l’apprentissage et la pratique.
Un nombre important de personnes ont appris à écrire et lire en langue nationale, mais ne trouvent dans la vie courante aucun écrit dans ces langues, note-t-elle.
LA PERENNISATION DES CANTINES SCOLAIRES DEMANDEE
L e budget du ministère de l’Education nationale consacré à l’alimentation scolaire au Sénégal ne cesse baisser, passant de 0,26% en 2018 à 0,11% en 2024, indique le Rapport de l’analyse budgétaire de l’alimentation scolaire au Sénégal
Le budget du ministère de l’Education nationale consacré à l’alimentation scolaire au Sénégal ne cesse baisser, passant de 0,26% en 2018 à 0,11% en 2024, indique le Rapport de l’analyse budgétaire de l’alimentation scolaire au Sénégal, élaboré par l’Institut Panafricain pour la Citoyenneté, les Consommateurs et le Développement (CICODEV Afrique), en février 2024. Cette analyse est réalisée dans le cadre de l’Initiative pour la consolidation et la pérennisation de l’alimentation scolaire au Sénégal, menée par le consortium : CICODEV Afrique, Counterpart International, GRDR, AVSF, CNCR, GRET, Programme Alimentaire Mondial (PAM), Conseil Départemental de Rufisque, avec d’autres acteurs.
Dans un communiqué explicatif du rapport publié hier, jeudi 14 mars 2024, le consortium déplore que, «depuis plusieurs décennies, les ressources publiques consacrées à l’alimentation scolaire sont en baisse : moins d’un (1) milliard de FCFA par an, en moyenne de 1997 à 2019. Au même moment, le budget du ministère de l’Education Nationale (MEN) a connu une hausse de 29,8% passant de 298 milliards de FCFA en 2018 à près de 1000 milliards de FCFA en 2024». Selon les initiateurs du rapport, «cette hausse continue du budget du ministère de l’Education et de l’Etat est paradoxalement corrélée à une baisse continue du taux de couverture nationale en cantines scolaires des établissements publics (24% en 2022 dont 16,7% à l’élémentaire)». Ils trouvent que «l’alimentation scolaire, en plus d’être un outil de protection et d’équité sociale, permet de lutter contre la vulnérabilité alimentaire». C’est fort de ce constat que le consortium exhorte à sa pérennisation, à travers l’adoption d’une loi sur l’alimentation scolaire et un financement adéquat.