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9 avril 2025
Culture
LES ENFANTS CREENT LA PSYCHOSE AU DAK'ART
Caroline Guèye et Fally Sène Sow ont été victimes de vandalisme. Du moins c’est ce que les deux artistes ont publié sur leurs réseaux. En réalité, ce sont des enfants sans surveillance qui se sont donné un peu trop de liberté
Caroline Guèye et Fally Sène Sow ont été victimes de vandalisme, du moins c’est ce que les deux artistes ont publié sur leurs réseaux. En réalité, ce sont des enfants sans surveillance qui se sont donné un peu trop de liberté. Un impair qui pose le problème de la sécurité au Dak’art. Visite guidée à l’ancien Palais de justice qui abrite les expositions !
C’est une forteresse imprenable. L’ancien Palais de justice de Dakar, qui abrite le Dak’art 2022, est sous haute surveillance policière. Les limiers y sont en nombre au point de les prendre pour partie intégrante des œuvres artistiques. La barrière de sécurité installée au niveau du parking est le premier filtre. Passée cette étape, les camions de pompiers garés à droite se fondent parfaitement dans le décor. Une fois à l’entrée, un policier veille au grain. Son rôle est plus dissuasif qu’autre chose.
En effet, aucune fouille n’est opérée sur le visiteur. A l’intérieur du bâtiment, ils sont 4 à s’asseoir sur la gauche. Ils sont presque invisibles. Et parfois, ils jouent le rôle de standardiste. «Vous cherchez quelqu’un ?», demande un policier. Après la réponse, il nous guide vers l’installation de Caroline Guèye. Au premier étage, sur 90m2 et plus de 3m de hauteur, la meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest y a installé le Quantum Tunneling ou Effet tunnel en français.
La démarche derrière l’œuvre part de ce phénomène qui se passe à l’échelle quantique, à l’échelle très, très petite, pour provoquer la réflexion sur 3 niveaux, tous reliés aux tunnels : il s’agit, dans un premier temps, du rappel des conditions de travail dans les mines.
Le 2ème niveau de lecture est l’innovaCon. Pour cela, elle pense aux tunnels que creuse Elon Musk aux Usa en utilisant la lévitation magnétique, un phénomène physique qui évite les frottements et qui permet d’aller à des vitesses très élevées. Le 3ème niveau est encore plus scientifique, ce sont des hypothèses émises par les chercheurs qu’il y aurait des trous de ver (wormholes), des tunnels qui permettraient d’aller d’un univers à l’autre.
Malgré les explications de Caroline Guèye, le visiteur se sent dans un labyrinthe. L’effet des miroirs et de la lumière tamisée pousse le visiteur à explorer le moindre centimètre carré. Seulement, la visite s’arrête sur à peine 3 mètres. En effet, «l’œuvre a évolué», soutient Caroline Guèye. Qui ne souhaite retenir que le positif du passage des élèves. En effet, alors qu’elle était sortie pour les besoins d’une interview, l’artiste qui a passé plus d’un mois pour installer son œuvre, a vu les bâches vandalisées. En réalité, ce sont les bambins, profitant d’un moment d’inattention des surveillants, qui ont détruit, en partie, l’œuvre. Désormais, c’est une note écrite en gros caractère sur l’entrée, qui interdit la présence des enfants sans surveillance, qui accueille le visiteur.
Fally Sène Sow est aussi dans la même situation. La sécurité étant pointée du doigt, le directeur artistique du Dak’art est revenu sur cet impair. D’après Malick Ndiaye, on ne peut pas parler d’une faille de la sécurité pour la simple et bonne raison que «ce sont des enfants sans surveillance qui ont commis ces impairs».
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MULTIPLE PHOTOS
DAK'ART 2022, DES COUPS DE COEUR POUR DES COUPS DE MAÎTRE
Des artistes du continent ont proposé des œuvres fascinantes, qui émerveillent les visiteurs. Des toiles d’une finesse inégalable de Konaté, à la théière suspendue de Ngozi en passant par le Quantum tunneling de Caroline, l’Afrique épate le monde.
AfricaGlobe tv |
Fred ATAYODI |
Publication 15/06/2022
Depuis quelques semaines, est ouverte la grand-messe de l’art africain contemporain de Dakar, communément appelé Dak’Art. Momemnt privilégié pour voir toute l'étendue, la créativité et le savoir faire des artistes africain et ceux de la diaspoara.
A Dakar, principale ville où se déroule l'essentiel des expositions, hommes, femmes, jeunes et enfants viennent admirer le talent des créateurs africains. Toutes sortes d’expression artistiques y sont proposées pour le grand bonheur des visiteurs qui passent d'un site à un autre. L’ancien palais de Justice de Dakar, sis au Cap Manuel, à l’Est de Dakar, est l’un des plus importants sites d’exposition.
Chaque jour, des visiteurs investissent les lieux aménagés, pour la circonstance pour nourrir leur curiosité et leur esprit à travers ces œuvres ô combien merveilleuses. Nous les avons rencontrés et leur avons posé des questions sur l’évènement, sur le regard qu'il portent sur le talent des artistes du continnent et sur leur coup de cœur.
Regardez le micro trottoirs.
PASSION DE LIBERTÉ, LES BONNES FEUILLES
Plus qu’une autobiographie, le dernier ouvrage d'Abdoulaye Bathily est à la fois la biographie et le portrait intime de sa génération, d’une jeunesse dans la ferveur de l’engagement politique et culturel. Extraits !
Passion de Liberté », dernier ouvrage d'Abdoulaye Bathily qui, plus qu’une autobiographie, est tout à la fois la biographie et le portrait intime de sa génération, d’une jeunesse dans la ferveur de l’engagement politique et culturel. Tout autant, un ouvrage qui met à l’épreuve simultanément les sociétés sénégalaises et africaines, et son itinéraire propre, les soumettant au regard incisif et critique du militant et de l’historien dont les mémoires restent une réflexion et une méditation approfondies sur les «leurres et lueurs» de la démocratie sénégalaise. Sud Quotidien vous en livre quelques bonnes feuilles, avec en toile de fond le contexte politique actuel du Sénégal.
L 'Alternance du 19 mars 2000 fut un moment exceptionnel dans l’histoire contemporaine du Sénégal. L'indépendance, en 1960, avait été acquise par la négociation et le transfert des compétences du pouvoir colonial au nouveau pouvoir de l'Union progressiste sénégalaise (UPS). Il n'y avait eu ni lutte armée ni vote. Le « oui » du referendum portait sur la Communauté franco - africaine imposée dans la confusion. Il avait été d'ailleurs peu suivi d'effet, puisque l'accélération des événements du siècle, au niveau continental, avait contraint le pouvoir colonial à octroyer aux colonies leur autonomie. Le vote du 19 mars 2000, en revanche, fut l'expression d'un acte historique de souveraineté, par lequel le peuple sénégalais montra à la face du monde sa volonté de changement, en rejetant, par un scrutin incontesté, près de quarante ans de régime socialiste. […]. Mais il n'a pas été que cela. Il fut surtout la capitalisation et l’aboutissement de luttes de plusieurs générations de patriotes qui ont dit “non!” à la fatalité.
À partir de 1998, il était devenu évident que le peuple sénégalais ne voulait plus être gouverné par« ce régime usé jusqu’à la corde», pour reprendre encore une fois la fameuse expression de Seydou Cissokho, le défunt secrétaire du PIT Sénégal. Les nombreuses contradictions au sein du régime, cumulées avec les défections d'une part, et les conditions de vie désastreuses des masses populaires, épuisées par les nombreux plans d'ajustement structurel, d'autre part, avaient fini par ouvrir la voie au changement. Le mérite en revenait au mouvement populaire, en particulier au pole des partis de gauche, qui a agi collectivement après avoir analysé intelligemment
LE PÔLE DE GAUCHE: LA CA 2000 ET LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
La grève générale de l'électricité déclenchée par le Syndicat unique des travailleurs de l'électricité (Sutelec) en juillet-août 1999, de par son ampleur, provoqua la réaction du pouvoir. Ce dernier voulut en profiter pour mater la résistance syndicale, perçue comme un frein à l'application totale des mesures d'ajustement, dont les privatisations, en particulier celle de la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec), devenaient le point d'orgue. Au-delà de la liquidation du syndicat, l'objectif du pouvoir était aussi de domestiquer les forces politiques de gauche ainsi que la société civile, principaux obstacles à ses velléités de redéploiement dans la perspective des élections de 2000, qu'il voulait gagner coûte que coûte et préparer ainsi la succession planifiée d'Abdou Diouf par Ousmane Tanor Dieng. Conscients des enjeux que cela représentait pour eux, et pour tous les partis, AJ/PADS, la LD et le PIT, rejoints par d'autres, décidèrent de passer à l'offensive. Comme première tâche, il fallait d'abord soutenir la lutte du Sutelec et des autres syndicats autonomes.
Comme seconde tâche, il fallait mettre sur pied un front politique de résistance afin de mobiliser toutes les forces de la société en vue d'un objectif unique : battre le régime aux élections de 2000 et réaliser l'alternance; ce qui, à l'analyse, nous semblait enfin possible. La rencontre du 30 août 1998 entre le PIT et la LD constitua le signal du départ de l'offensive des forces de gauche. Le communiqué commun PIT-LD/MPT peut être considéré comme un document historique à cet égard. […]
Par ailleurs, les conférences publiques tenues à travers le pays nous avaient convaincus de la disponibilité des masses et de la jeunesse, en particulier. De nombreuses réunions de concertation nous avaient persuadés de la nécessité d'inclure le PDS dans la dynamique ainsi lancée. Abdoulaye Wade, retranché dans son exil volontaire à Versailles (France), soumis au supplice de Tantale, après plusieurs échecs dans sa quête du sommet du podium, ne croyait plus en la possibilité d'une victoire électorale. Épuisé politiquement et financièrement exsangue après la campagne des dernières élections législatives de mai 1998, sur lesquelles il avait beaucoup misé, Me Wade n'entrevoyait plus d'avenir à sa carrière politique.
Son parti était tout aussi en lambeaux, déstabilisé par une hémorragie de désaffections à la suite du débauchage systématique de ses militants par le PS. En outre, des querelles internes opposaient les rares cadres qui lui restaient encore. Malgré tout, nous ne doutions pas qu'en mettant en commun les forces vives du pays, nous arriverions à constituer une force supérieure à celle du pouvoir. qui nous apparaissait désormais comme un colosse aux pieds d'argile. À l'occasion du discours d' Abdou Diouf à l'Assemblée nationale française, dont il était l'invité, nous décidâmes, de concert avec le PDS, d'organiser une manifestation de protestation à Paris, au palais Bourbon. Du point de vue de la mobilisation, le succès fut limité; mais il fallait. en dépit de ce demi-échec, persévérer.
Quelque temps plus tard, nous prîmes alors, Amath Dansokho, Landing Savané et moi-même, l'initiative de monter à Paris pour inviter Abdoulaye Wade à une discussion sur les perspectives électorales et la nécessité de créer un front de lutte, dont il serait le candidat unique, porte-drapeau. La rencontre eut lieu à mon hôtel, le Califomia Saint Germain. sis 32, rue des Écoles, presque en face de la librairie Présence africaine, dans le 5e arrondissement de Paris. Cet établissement hôtelier s'appelle désormais «Les Bulles de Paris». Wade exprima ses doutes sur notre projet de victoire aux élections de février 2000. «Je n'ai plus d'argent, le PS va encore gagner», se lamentait-il, désabusé, sans illusions. Nous lui expliquâmes que, de notre point de vue, l'argent seul ne garantissait pas la réussite d'une campagne électorale; à notre avis, la volonté du peuple sénégalais de se débarrasser du PS était plus déterminante; il nous suffisait de nous organiser.
Nos conférences de précampagne nous avaient montré que les masses populaires réagissaient positivement. Nous lui demandâmes de rentrer avec nous au pays pour lancer la campagne avec les modestes moyens dont nous disposions, afin de sonner la mobilisation des populations, impatientes de se battre. Il finit par dire «oui», mais de l'extrême bout des lèvres. Un mot sur mes rapports avec ces lieux, témoins privilégiés d'un ornent important de l'histoire de l 'Alternance, Au cours de l'été 1968, Alioune Diop, fondateur de Présence Africaine, en vacances à Dakar, me fit savoir par le professeur Vincent Monteil, qui l'avait reçu à l’IFAN, , son souhait de me rencontrer à son domicile dakarois, situé à la Sicap Amitié. Naturellement, je n'hésitais pas un seul instant à rencontrer cette personnalité mythique du monde intellectuel noir de l'époque. Il me dit tout le bien que le professeur Monteil pensait de moi et m'invita à passer le voir à la librairie, à la première occasion que j'aurais de me rendre à Paris. Il pourrait m'aider, au besoin, dans la réalisation de mes projets d'études. Je l'en remerciais chaleureusement. Malheureusement, cette rencontre parisienne n'eut jamais lieu.
Par attachement à Présence Africaine, pour ce que cette institution culturelle représentait, j'avais fait du Quartier latin le centre de gravité de mes mouvements à Paris. Ainsi, je fixais mes rendez-vous à la librairie ou au café d'en face. J'avais un autre lien affectif avec Présence Africaine, par un couple de camarades et amis, Anna Gaye -apparentée à la famille d' Alioune Diop- et son époux Rawane Fall. Les Fall étaient des étudiants militants fondateurs de la LD, quand ils étaient encore à l'université de Dakar. Ils étaient venus à Paris à la suite des événements de 1971, pour poursuivre leurs études. Ils faisaient patie de mes hôtes naturels parisiens.
Par un heureux concours de circonstances, un autre camarade, Babacar Sine, dit Doudou, se trouvait à Paris en 1972, comme associé à Présence Africaine, dans le cadre de la préparation du 2è Festival panafricain des arts et de la culture, qui devait se tenir à Lagos en 1977. La librairie lui avait affecté un bureau, en face de “Présence Africaine”, de l’autre côté de la Rue des Ecoles, qui était devenue très vite une sorte de grandplace des intellectuels sénégalais et africains. Autant de raisons qui expliquaient mon choix de l’hôtel California Germain, 32, Rue des Ecoles, en ce mois de septembre 1999, pour notre rencontre avec Wade. Rencontre qui fut le point de départ de la “Coalition Alternance 2000” , en abrégé “CA 2000”. En prenant congé de nous et avant d’aller rejoinder sa Peugeot 205 garée de l’autre côté de la rue, Wade nous tint ces propos: “je vous remercie. Je vais tenter encore une fois. Si on gagne, je ne ferais qu’un mandat. J’ai soixante-quatorze ans. Je vous laisserai à vous les jeunes, le soin de continuer. Je vais donc rentrer bientôt pour la campagne. En attendant, je vais chercher un peu d’argent pour contribuer au frais de mobilisation des populations à raison de 50 000 ou 100 000 francs par communauté rurale. Pour le moment, personne ne semble disposé à m’aider”. A quoi, nous avons répondu: “Ablaye, argent ou pas argent, nous t’attendons le plus tôt possible”. Nous avons attendu plusieurs semaines avant de le voir débarquer enfin à Dakar.
Chaque fois que nous lui demandions au téléphone quand il rentrerait, il annoncait toujours une date différente de celle qu’il avait avancée la veille. Pendant ce temps, nous mimes sur pied un état-major de campagne électorale et trouvâmes le nom de baptême de notre coalition: «Coalition Alternance 2000» (CA 2000).
Nous organisâmes une journée d'études chez Amath Dansokho pour élaborer une stratégie de victoire axée sur la distribution suivante des rôles :
- Le Parti de l'indépendance et du travail (PIT) était chargé de diriger la commission «Programme» ;
- And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS) la commission électorale;
- La Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT) la commission «Gestion de la victoire».
En l'absence de Me Wade, les querelles entre dirigeants s'intensifiaient au sein du PDS, notamment entre Idrissa Seck et Aminata Tall. J'ai appelé Me Wade au téléphone pour lui demander de mettre de l'ordre dans son parti. Pendant que nous nous échinions à rassembler le peuple autour de sa candidature, les responsables de son parti ne trouvaient rien de mieux à faire que de s'entredéchirer. Il m'a assuré qu'il les appellerait à ce propos et, que d'ailleurs, il leur demanderait de venir me rencontrer. Idrissa Seck et Aminata Tall sont venus effectivement me voir à mon domicile, mais séparément. Chacun me donna sa version des faits. Pour Idrissa Seck, il s'agissait principalement de restructurer le PDS, pour en faire un «parti moderne», tandis que, pour Aminata Tall, «Idrissa est autoritaire; il ne respecte pas les gens ».
À tous les deux, j'ai rappelé que le moment n'était pas à ce genre de considération; qu'il fallait absolument taire ces petites bisbilles pour s' atteler à la réalisation de ce que les Sénégalais attendaient de nous : l'accueil de Maitre Wade et le lancement de la campagne électorale, une urgence absolue. À la suite de mes rencontres avec l'un et l'autre, Idrissa Seck et Aminata Tall ont mis en sourdine leurs différends, en public tout au moins. Je les connaissais bien tous les deux. Aminata était l'épouse de mon collègue, aîné et ami, l'historien Mbaye Guèye. Nous avions des relations d'affection et de respect réciproques. Mbaye Guèye fut, avec Cheikh Ba, Souleymane Diarra, Oumar Kane et Elimane Kane (de Mauritanie), l'un des premiers assistants africains du département d'histoire de l'université de Dakar, en 1967. Nous, étudiants africains, en étions très fiers. […]
FAIRE MIEUX RAYONNER LE DAK’ART
Le peintre sénégalais Viyé Diba préconise "une réflexion sérieuse" pour connecter davantage la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar à la population, en vue de donner à cette manifestation un cachet encore plus populaire
Le peintre sénégalais Viyé Diba préconise "une réflexion sérieuse" pour connecter davantage la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art) à la population, en vue de donner à cette manifestation un cachet encore plus populaire.
"Il y a une réflexion sérieuse à mener pour" la "dimension populaire" du Dak’art, dont l’édition 2022, qui se déroule depuis le 19 mai dernier, prend fin le 21 juin prochain, a dit l’artiste dans un entretien avec l’APS.
"C’est très important", dit-il au sujet de cette réflexion à mener, ajoutant : "Le futur de la Biennale doit être de la connecter à la population, sinon cela n’a pas de sens".
Il estime que s’il y a eu "beaucoup de gens" pour cette 14e Dak’Art, c’est parce qu’il y a une édition sautée, celle de 2020, à cause de la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus.
"Au niveau de l’attraction internationale, c’est vraiment le sommet du point de vue de la présence des gens et des spécialistes venant de partout", fait observer l’artiste visuel.
Il note que "du côté populaire, il y a un engouement senti, mais ils (les organisateurs) peuvent faire mieux. Ils ont fait un pas avec la musique qui a attiré pas mal de gens surtout les étrangers, qui voulaient voir les concerts".
Des concerts avec de grands groupes et des musiciens tels que l’Orchestra Baobab, Xalam 2, le jazzman Alune Wade ou le Malien Sidiki Diabaté ont été organisés à l’ancien palais de Justice du cap Manuel, où se déroule la sélection officielle.
Viyé Diba estime que malgré tout, le Dak’art doit être "une Biennale des populations parce que c’est un espace d’éducation".
"+Doxantu+, une exposition ouverte tout au long de la corniche ouest de Dakar et dont l’ambition est un plaidoyer pour un art plus présent dans l’espace public, a fait un pas essentiel" dans cette perspective, a souligné l’artiste. Il regrette d’autant plus qu’il y ait eu "un problème de communication autour de ce projet qui pouvait attirer plus de monde".
"Les gens de la Biennale n’ont pas créé l’évènement autour de Doxantu pour attirer les populations à travers la communication, pour qu’il y ait une rencontre entre les artistes et la population, parce que le travail des artistes parle à la société", explique Viyé Diba, "Grand prix Léopold Sédar Senghor" de la Biennale de Dakar en 1998.
D’après lui, le statut de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar "n’est pas à la hauteur de son audience".
Le statut du Dakart, vu son "envergure" et "l’organisation’’, "n’est pas à la hauteur de cette audience. Il y a un retard entre l’évènement lui-même, son statut et son mode d’organisation", fait remarquer l’artiste peintre, dont le voeu est de voir maintenu le caractère public de la manifestation.
"La Biennale de Dakar doit rester une biennale publique, elle ne doit pas être une biennale privée, parce que l’expérience des biennales privées, on l’a vue en Afrique du Sud, cela ne marche pas", contrairement à ce qu’on voit des biennales publiques, a-t-il fait valoir.
"Il y a un statut juridique de droit privé, cela existe. Il faut qu’on aille vers un conseil d’administration. Le secrétariat général est un travail administratif. L’art ne s’administre pas, cela s’accompagne. Il faut des initiatives appuyées par l’Etat dont le rôle est de soutenir", argumente Viyé Diba.
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LES PETITES MAINS DE L'OMBRE DE LA BIENNALE
Ils sont des acteurs non moins importants pour faire tourner la machine. Ils donnent un avant-goût aux visiteurs en l'absence des artistes ou des commissaires d’exposition. Assane Sall, un jeune de Thiès, fait partie d'eux. Il est médiateur culturel.
A la Biennale de Dakar, il y a des œuvres, des artistes, des visiteurs, des commissaires d’expo, mais il y aussi eux. Ils facilitent la fluidité, l’accueil et la visite des expositions. Ceux dont il s’agit, ce sont des médiateurs qui guident et orientent les visiteurs en donnant un aperçu des expositions en l'absence des créateurs.
Les médiateurs sont des acteurs non moins importants. Assane Sall est l’un d’entre eux. Nous l’avons rencontré au Cap manuel, l’un des sites officiels de cette 14è édition de l’art africain contemporain de Dakar. Il est diplômé en tourisme et médiation culturelle, il fait sa première expérience en tant que médiateur culturel à cette édition de la biennale.
Interrogé sur son lieu de travail, il explique en quoi consiste sa mission de médiateur, son intérêt à cette activité ainsi que la formation qui lui a permis de pratiquer cette activité. Les détails dans cette vidéo
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DES TUNNELS DE L'INFINI DE CAROLINE GUÈYE
Sacrée meilleure artiste CEDEAO pour son Quantum Tunnellng, à l’ouverture du Dak’Art 2022, elle a réalisé une installation futuriste qui attire les curiosités à l’ancien palais de justice. Nous l’avons interviewée sur place.
Astrophysicienne de formation, Caroline Guèye est aussi une passionné d’arts visuels. La plupart de ses œuvres s’inspirent justement de la physique, d’astronomie…et chaque fois, ses installations semblent provoquer chez des visiteurs du waouh effect. Elle parvient à concilier physique et art quand bien même l'art prendrait le dessus sur la physique.
A l’édition 2022 de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, Caroline Gueye a proposé l’une des expositions les plus originale. Une installation futuriste qui donne plusieurs lectures et qui, une fois encore, a quelque chose à voir avec la physique.
L’expo nommée «Quantum tunneling» (ou effet tunnel en français) a remporté le Prix de meilleure artiste de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), à l’ouverture de la 14è édition de la Biennale de Dakar. Une installation qui rappelle des tunnels des mines artisanales dans bien des pays d'Afrique, qui font aussi référence au trou de vert et qui enfin donne aussi une lecture plus scientifique.
Nous l'avons interviewée dans l'enceinte de son œuvre, à l'ancien palais de justice de Dakar. Bienvenu dans les tunnels de Caroline Guèye où physique et art s'enlacent.
Regardez la vidéo !
MANAGERS ET AGENTS D’ARTISTES EN CONCLAVE A DAKAR
Une première en Afrique, pour ce corps de métier qui se charge de la gestion des carrières artistiques, mais aussi et surtout pour faciliter la circulation des artistes au niveau de l’Afrique.
Une première en Afrique, pour ce corps de métier qui se charge de la gestion des carrières artistiques, mais aussi et surtout pour faciliter la circulation des artistes au niveau de l’Afrique.
L’Association des managers et agents d’artistes du Sénégal (Amaa), qui avait porté ce rêve depuis des années, voit enfin la concrétisation de ce projet qui est un impératif pour les acteurs africains d’aller en union.
En effet, le réseau s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique australe et de l’Afrique du Nord à l’Afrique centrale. C’est une aubaine pour les managers africains d’envisager l’avenir avec sérénité et inclure l’Afrique dans une démarche panafricaine. «Durant trois jours, on va ensemble essayer de parler de ce réseau dont l’objectif est de créer une structure qui va regrouper ces professionnels, en vue de mettre à l’aise les artistes dans les tournées lors des festivals, mais aussi encourager le développement de ce marché africain qui existe mais qui est un peu éparpillé parce que chacun travaille de son côté», a souligné Moustapha Ndiaye, président de Amaa, hier lors de la cérémonie d’ouverture de la Semaine internationale du management artistique et de l’entrepreneuriat culturel.
Avec ce réseau, dit-il, «on a la possibilité d’anticiper sur tous les éventuels problèmes et de trouver des solutions ensemble dont chacun pourra proposer une initiative». Cet évènement, précise-t-il, se veut un espace d’échange et de partage de ce qui fera du management un levier du développement.
En collaboration avec le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, premier partenaire qui a accompagné Amaa pour cette première édition, son Directeur général, Ansoumane Sané, indique que «le management d’artistes ou agent d’artistes est d’une importance capitale dans la carrière professionnelle de l’artiste».
M. Sané se réjouit de voir une telle organisation polariser des managers et agents professionnels d’Afrique dont plusieurs pays membres sont francophones. D’après lui, ce réseau, qui vise à mettre en œuvre un réseau de professionnels pour des activités artistiques, mérite un accompagnement fort de la part des autorités compétentes en charge de la culture. De ce fait, note-t-il, le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose compte mettre à sa disposition un espace d’incubation pour permettre à ces agents d’artistes de renforcer leurs capacités.
OFF DE LA BIENNALE, 5 ARTISTES POUR «FAIRE HUMANITE ENSEMBLE»
Baye Seydi Thiam pose fièrement à côté de son œuvre, un cheval en fer réalisé en recyclant et en récupérant de la ferraille.
Ils sont cinq artistes du Sénégal, du Togo, de l’Inde et de l’Espagne à réunir leurs œuvres dans une exposition en Off de la Biennale. «And Défar», «Faire humanité́ ensemble», est une proposition du Dr Babacar Mbaye Diop secondé par Bintou Camara.
Baye Seydi Thiam pose fièrement à côté de son œuvre, un cheval en fer réalisé en recyclant et en récupérant de la ferraille. Avant d’arriver dans cette cour d’un hôtel du Plateau ou se tient l’exposition «And Défar»/«Faire humanité́ ensemble», l’œuvre d’art a du voyager depuis Sokone d’abord sur le toit de «l’horaire de Sokone», puis dans «taxi-bagages». Autodidacte, Baye Seydi, qui a quitté la forge familiale pour retourner à ses racines sokonoises, est d’autant plus fier de son œuvre qu’il a dû vaincre les préjugés négatifs que l’on nourrit parfois sur la récupération.
A l’écoute de ces innombrables objets jetés ou abandonnés, Baye Seydi leur redonne vie, les polie et les recycle. Des chutes de fer, des bougies de véhicules, sont autant de matériaux qu’il transforme pour en faire des œuvres d’art. Pour cette exposition en Off de la Biennale mise en place par le Dr Babacar Mbaye Diop et Bintou Camara, le maître-mot est Humanité.
A côté des pièces en fer du jeune artiste de Sokone, trônent les toiles du prodige Abdoulaye Ka. Inscrit au In de la Biennale, l’artiste, qui vient d’être couronné du Prix Ousmane Sow du droit de suite, inscrit son œuvre dans l’interculturalité. «Avant, je faisais de la peinture abstraite. Quand mon premier enfant est venu au monde, comme je vis seul avec ma femme et que nous travaillons tous les deux, il fallait que je m’occupe aussi de l’enfant. Mais comme je ne pouvais pas aussi rester sans rien faire, c’est ce qui m’a poussé à trouver un moyen de m’exprimer.»
La technique s’impose toute seule et Laye Ka utilise des petits morceaux de papier sur lesquels il dessine des esquisses qui formeront ensuite une mosaïque à l’esthétique particulière. Dans cette exposition, Laye Ka présente des tableaux fait à partir d’un stylo à bille. Il utilise également des matières du quotidien comme le café ou le bleu à linge. De Kolda où il vit, il se plaît à tracer le quotidien des habitants.
Vivant aux Etats-Unis, le Togolo-Américain, Bamazi Tallé, transcende le traumatisme de la perte de son enfant en représentant une série de calebasses sur des toiles aux énergies puissantes. «Mes œuvres ont des ombres mais pas de couleurs et c’est ça la véritable humanité», dit-il.
L’Indien Amiya Nimai Dhara et l’Espagnol Juan Carlos Robles Florido ont également choisi les cimaises de l’hôtel Rysara pour y poser leurs toiles
SUR LES TRACES DE OUOLOGUEM, AUTEUR MALIEN DISGRACIÉ ET PERSONNAGE DE ROMAN
Le nom de Ouologuem ne disait plus grand-chose à personne au Mali ou en France, sinon à quelques connaisseurs, jusqu'à la consécration de "la Plus secrète mémoire" de Mohamed Mbougar Sarr
Yambo Ouologuem repose au bout d'un terrain à l'abandon, oublié de tous sauf des siens jusqu'à ce qu'un prix littéraire ne rappelle le destin entre France et Mali de celui qui fut un grand nom de la littérature.
Pour se recueillir sur la tombe de l'homme dont la disgrâce a inspiré au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr "la Plus secrète mémoire des hommes", prix Goncourt 2021, il faut se rendre à Sévaré, dans cette région du Mali meurtrie par la violence.
Il y a vécu jusqu'à sa mort en 2017 et son plus jeune fils, Ambibé, prépare le thé devant la maison familiale en parpaings.
Ambibé mène le visiteur au fond de la parcelle. A voir les mauvaises herbes à travers lesquelles on se fraye un chemin, la sépulture n'a pas reçu d'amirateur depuis longtemps.
Le nom de Ouologuem ne disait plus grand-chose à personne au Mali ou en France, sinon à quelques connaisseurs, jusqu'à la consécration de "la Plus secrète mémoire".
Bien avant Mbougar Sarr, il avait été en 1968 le premier Africain à remporter une autre prestigieuse distinction française, le Renaudot. C'était dans sa première vie en France, de la gloire à la chute, avant la seconde, ascétique et pieuse, après le retour au Mali.
Son fils Ambibé raconte, intarissable, les dernières années. Ce père remonté contre l'Occident qui allait manifester seul devant le camp de la mission de paix de l'ONU nouvellement déployée.
Ce père devenu très observant qui l'embarquait à moto mener des descentes dans les débits de boissons.
"Il cassait les bouteilles en disant aux gens qu'ils étaient de mauvais musulmans, puis on repartait". Ambibé en rit, fier d'un père "droit dans ses idées".
Sur une petite chaise dans sa cour, El Hadj Amadou Yebedié, l'imam de la mosquée du coin, se rappelle que Ouologuem "voulait tout connaître de l'islam". "Il lisait énormément. Surtout, il fuyait tout ce qui avait trait aux blancs".
- Opprobre intellectuel -
Ouologuem est rentré de France "traumatisé" par le scandale et les accusations de plagiat, dit sa famille.
Né en 1940 au Soudan français (actuel Mali) alors sous domination coloniale, ce fils brillant d'un inspecteur d'académie était parti étudier à Paris à 20 ans.
Enseignant en lycée, il a 28 ans, en 1968, huit ans après l'indépendance, quand il publie au Seuil "le Devoir de violence". Cette critique acerbe de la violence en Afrique de l'ouest sous les empires pré-coloniaux s'adjuge le Renaudot. Les critiques l'acclament.
Mais l'histoire tourne au vinaigre.
En pleine glorification post-coloniale de l'Afrique par les intellectuels du continent, les maîtres de la négritude foudroient le roman. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor accuse Ouologuem de "nier ses ancêtres" pour "plaire aux blancs".
En retour, Ouologuem dénonce la "comédie du nègre braillard et intouchable".
Les années suivantes, le livre est pris dans la tourmente, taxé d'usurpation aux dépens de contemporains comme Graham Greene.
Ouologuem se défend en se réclamant d'un concept intégrant emprunts ou hommages. Mais on lui retire le Renaudot et ses livres disparaissent des rayons.
Il continue à écrire mais sombre dans le silence. Il finit par rentrer à la fin des années 1970.
Il entame une nouvelle vie à rebours de l'ancienne et embrasse l'islam.
Costume cintré et cigarette laissent place au boubou traditionnel. Il ne veut plus entendre parler de littérature et interdit à ses proches de lire.
- "Titre majeur" -
"Yambo" fait régulièrement irruption sur le terrain de foot à côté de chez lui pour interrompre les parties de ce sport de blancs.
"C'était un vieux fou", tranchent des anciens du quartier, réticents à en dire plus sur une famille à laquelle la rumeur prête beaucoup de terrains et d'entregent dans le voisinage.
Ambibé, qui gère une petite entreprise de fret, n'apprendra qu'à 12 ans quelle vie avait eue son père. "Il ne racontait rien, je ne pouvais pas croire qu'il fumait des cigarettes quand j'ai vu les photos".
Nul trace de ses livres à Sévaré, où les gamins qui envahissent les rues ensablées quand le soleil tombe préfèrent TikTok aux pages des vieux bouquins. Le prix littéraire malien à son nom a été rebaptisé il y a quelques années.
Seuil, avec lequel Ouologuem s'était brouillé, a sorti en 2018 une édition du cinquantenaire du "Devoir de violence".
"On s’accorde aujourd’hui pour reconnaître dans Le Devoir de violence un montage vertigineux de réécritures de textes venus d’horizons culturels multiples (...) pour en former une œuvre littéraire autonome qui se détache brillamment de ses sources", y dit la note de l'éditeur.
L'oeuvre "s'inscrit parmi les titres majeurs de la littérature", assure l'éditeur.
Le Goncourt a suscité en France un regain d'intérêt pour Ouologuem, estime la maison d'édition. Mais la réédition du "Devoir de la violence" ne s'est guère vendue qu'à 4.000 exemplaires.
Ouologuem a deux enfants en France d'un premier mariage et trois au Mali. Ils bataillent pour la succession. Il y aurait aussi des manuscrits inédits que "Yambo" aurait écrits à Sévaré à l'insu de tous, laisse entendre son fils.
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UNE EXPO INÉDITE ET INNOVANTE, LA BIENNALE PREND PLACE EN MER
Des statues, des tableaux, de la lecture, des objets lumineux... dans l’eau... c’est cette expérience que propose Alpha Oumar Ndoye dans le cadre de l'édition 2022 de la biennale ce dimanche.
La Biennale de Dakar peut réserver bien des surprises en termes de d’imagination, de créativité. On est habitué à des expositions intra-muros, dans des salles dédiées, et quelques rares expositions en plein air.
En revanche, on a rarement vu une exposition dans l’eau et sous l’eau en mer. C’est ce que propose Alpha Oumar Ndoye dans cette Biennale, qui promet une expérience unique aux visiteurs qui viendront découvrir son installation à la plage de Magic Land près de l’hôtel Terrou-bi. Ce concept traduit aussi le rapport de son auteurs avec la mer
Au cœur de cette expositions de la musique, de lectures, la relaxation…
Les détails dans cette interview accordée à AfricaGlobe Tv.