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26 novembre 2024
Culture
FRANCOPHONIE, EL HADJ HAMIDOU SALL RECOIT UNE DISTINCTION
Hier, jeudi 16 décembre, l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) a organisé à Paris un hommage à Léopold Senghor à la Maison de l’Amérique Latine.
Hier, jeudi 16 décembre, l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) a organisé à Paris un hommage à Léopold Senghor à la Maison de l’Amérique Latine. Placée sous le thème “La Francophonie : l’Universalité pour Horizon”, la cérémonie s’est déroulée a enregistré la participation d’un parterre de personnalités : Moustapha Niasse, Président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Felwine Sarr, auteur, universitaire et économiste, Mohamed Mbougar Sarr, récent lauréat du Prix Goncourt, et El Hadj Hamidou Sall, poète. Ce dernier a d’ailleurs reçu une distinction de la part de cette structure rattachée à l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’auteur Hamidou de Rhapsodies fluviales en 2010 et Circonstances du cœur en 2011, est l’un des poètes africains les plus estimés de la littérature contemporaine.
Neveu des écrivains sénégalais Cheikh Hamidou Kane auteur de L’Aventure ambiguë et Abdoulaye Elimane Kane, il est par ailleurs un exégète réputé de Léopold Senghor.
FILM SUR LA MIGRATION, LA GUINÉENNE DIARRA KOUROUMA REMPORTE LE PREMIER PRIX
La Guinéenne Diarra Kourouma a remporté, vendredi, le premier prix du Festival international du film sur la migration
Dakar, 17 déc (APS) - La Guinéenne Diarra Kourouma a remporté, vendredi, le premier prix du Festival international du film sur la migration, a constaté l’APS.
Le lauréat a été primé par l’Organisation internationale des migrations (OIM) pour son film ’’Avenir incertain’’.
En plus d’une attestation, Diarra Kourouma va bénéficier d’un lot d’équipements audiovisuels d’une valeur de 1 157 000 francs CFA, (2 000 dollars).
Le Sierra-Léonais Abdou Karim Sonkoh a remporté le deuxième prix pour son film ’’Enough is enough’’. Il gagne lui aussi un lot d’équipements audiovisuels pour un montant de 867 750 francs CFA (soit 1 500 dollars).
Le troisième prix est revenu à la Sénégalaise Fatou Guett Ndiaye pour son film ’’Goudi gou leundeum’’ (Une nuit obscure). Elle gagne elle aussi un lot d’équipements d’une valeur de 655 000 francs CFA (1 000 dollars).
Les prix ont été remis lors de la célébration de la Journée internationale de la migration fêtée chaque année le 18 décembre.
’’C’est un film de 8 minutes qui parle de l’histoire d’une fille dont les parents voulaient donner en mariage à son cousin qui l’a violé durant son enfance. Ne voulant pas se marier avec cet homme, la fille a décidé de prendre la pirogue pour rallier l’Europe’’, a expliqué la réalisatrice Fatou Guett Ndiaye.
Tous ces films ont été réalisés par des migrants de retour soutenus par l’OIM dans le cadre du projet ’’Migrants comme messagers’’ (MAM), afin de leur permettre de retrouver une nouvelle vie, après un échec dans leur tentative de regagner l’Europe par la mer.
’’Tous les films sélectionnés pour le festival ont été réalisés avec des téléphones portables. Ils parlent tous de la migration avec son lot de conséquences. Le festival s’est tenu dans quatre régions que sont Dakar, Saint-Louis, Thiès et Kolda’’, a expliqué William Diandy, un des organisateurs du Festival.
Sept pays de la sous-région ont présenté des productions. Il s’agit du Sénégal (deux films), du Mali, de la Guinée, du Nigéria, du Libéria, de la Sierra Léone, de la Gambie et de la Côte d’Ivoire, selon lui.
Au total 15 films étaient en lice.
PRIX DECOUERTE RFI 2021, L'ARTISTE ALESH LAUREAT
Le jury présidé cette année par le chanteur Lokua Kanza, a choisi de récompenser Alesh qui vit et travaille entre Kinshasa et le reste du monde. De son vrai nom Alain Chirwisa, le rappeur est arrivé devant les 9 autres finalistes.
Le jury présidé cette année par le chanteur Lokua Kanza, a choisi de récompenser Alesh qui vit et travaille entre Kinshasa et le reste du monde. De son vrai nom Alain Chirwisa, le rappeur est arrivé devant les 9 autres finalistes.
Alesh tombe dans la musique tout petit, sous les influences sonores de son grand-frère Patrick. Tous les grands y passent: James Brown, Elvis Presley, Michael Jackson, MC Hammer, MC Solaar, et tant d’autres.
C’est une enfance qu’il décrit comme un passage sensible de sa vie, qui déclenche une révolte intérieure, la nécessité de dire, d’extérioriser, et de témoigner à travers le rap de ce qu’il se passe autour de lui.
À l’âge de 15 ans, Alesh découvre le micro, un levier pour la prise de parole. Il se lance ainsi dans la chronique et la critique musicales à la Télévision Nationale Congolaise (RTNC), aux côtés de Freddy Saleh. Trois ans après, il intègre les Hot Boys, un groupe de rap de la ville. Devenu deux ans plus tard l’un des trois piliers du groupe, il décide de poursuivre l’aventure en solo. Alesh affirme alors sa vision du monde. Des textes acérés qui racontent, rappellent, interpellent et revendiquent quand il le faut. En février 2008, il participe à un atelier focalisé sur le cinéma et l’image avec Faustin Linyekula (chorégraphe-metteur en scène), et le réalisateur congolais Petna Ndaliko.
Fin 2008, en compagnie de ses amis, Alesh crée le Mental Engagé, une structure associative de production, d’encadrement et de diffusion d’initiative artistique autour des cultures urbaines et hip hop. Le début du parcours professionnel d’Alesh, c’est également un 1er album (La mort dans l’âme) en août 2010, suivi d’une tournée Américaine en 2012.
En 2014, il se fait remarquer par sa musique et son engagement communautaire, et participe au Mandela Washington Fellowship, une initiative de l’ex-président américain Barack Obama visant à renforcer les capacités des jeunes leaders africains. Alesh le rencontre et lui offre une copie de son premier album.
Alesh, artiste engagé et amoureux du continent africain remporte donc le Prix Découvertes RFI 2021. Bravo à lui !
INTELLIGENCES BOOK CLUB, LA LEÇON HUMANISTE DE SOULEYMANE BACHIR DIAGNE
Pour encourager les jeunes à lire et soutenir les auteurs, Amy Sarr Fall a lancé l’initiative « Intelligences Book Club », une rencontre mensuelle d’échanges entre des jeunes et des auteurs qui évoquent leurs œuvres.
Pour encourager les jeunes à lire et soutenir les auteurs, Amy Sarr Fall a lancé l’initiative « Intelligences Book Club », une rencontre mensuelle d’échanges entre des jeunes et des auteurs qui évoquent leurs œuvres. Pr Souleymane Bachir Diagne était à l’honneur, ce vendredi, au Musée des civilisations noires. Alors que son livre « Le fagot de ma mémoire » était au cœur des discussions, le philosophe sénégalais a saisi l’occasion pour annoncer la parution de son prochain livre, en mars prochain.
« Le fagot de ma mémoire a eu un succès auquel je ne m’attendais pas. Je me disais cela intéressera mes amis, ma famille. Ça n’a pas été le cas. Ce livre a été porté. Des amis français m’ont dit, ‘’mais tu ne devrais pas t’en étonner. Parce que ce message que tu as, à la fois sur un Islam des lumières et également sur cette exigence d’universalité de faire l’humanité, ça correspond à ce qu’en philosophie, on appelle l’esprit de notre temps’’. Ce qui risquait de m’arriver, c’aurait été d’être écrasé moi-même par le fagot de ma mémoire. Parce qu’il aurait dépassé la perspective qui était la mienne en l’écrivant. Donc, ce qu’il fallait que je fasse, c’est en écrire un autre », a-t-il expliqué, soulignant qu’il a déjà terminé ce manuscrit. En attendant sa parution prévue en mars, « cet engagé de la pensée » s’est soumis à son exercice favori, séduisant son auditoire essentiellement composé d’élèves et d’étudiants, à côté d’amis et d’anciens élèves de l’auteur dont El Hadji Hamidou Kassé, ministre conseiller en Art et en Culture auprès du chef de l’Etat, Macky Sall.
Pour rappel, « le fagot de ma mémoire » retrace l’itinéraire du philosophe sénégalais de Saint-Louis à New York, en passant par Ziguinchor, Dakar et Paris. Cinq villes sur trois continents que rien ne semble lié à première vue mais qui constituent des lieux de rencontres et de brassages d’hommes de cultures et de religions différentes. D’où l’exigence d’universalité de l’auteur !
Son discours sur l’universel
En effet, livrant le fond de sa pensée, il défend plus que jamais l’universel : « Dans le Coran, il est dit que Dieu voudra créer des tribus différentes pour que vous vous entre-connaissiez. C’est-à-dire que des différences ont été établies, culturelles, de langues, mais la différence doit être une raison d’aller vers l’autre, d’essayer de connaître l’autre. Tout se passe comme si Dieu nous confiait la responsabilité, à nous humains, à partir de ces tribus, de créer l’humanité. L’humanité n’est pas un État, c’est une tâche. Nous avons le devoir et la tâche de devenir humain individuellement et de devenir humains collectivement. C’est-à-dire que je réalise mon humanité individuelle en aidant à la réalisation collective que nous devons constituer. »
Dans son argumentaire, le spécialiste de la philosophie islamique et professeur aux départements de français et de philosophie de l’université Columbia de New York, a tenté de réveiller ce « réflexe académique », chez les apprenants, celui « de toujours chercher à comprendre » et « ne pas s’indigner », tout simplement. La preuve, a-t-il rappelé, « c’est ce que j’ai rencontré dans mes enseignements sur l’Islam, (aux États-Unis) qui n’ont eu jamais autant de succès qu’après le 11 septembre (2001) ».
LE CINÉMA, UN ESPACE DE RENCONTRES ET DE DIALOGUE
La sixième édition du festival international du film de Bruxelles (FIFB) organisée à Dakar, du 15 au 18 décembre, montre que le cinéma est un espace de rencontres et de dialogue, a souligné Hubert Roisin, l’ambassadeur de Belgique au Sénégal.
Dakar, 17 déc (APS) – La sixième édition du festival international du film de Bruxelles (FIFB) organisée à Dakar, du 15 au 18 décembre, montre que le cinéma est un espace de rencontres et de dialogue, a souligné Hubert Roisin, l’ambassadeur de Belgique au Sénégal.
’’Le cinéma rassemble des gens, leur permet de dialoguer et c’est dans ce sens que la première exportation du festival international du film de Bruxelles à Dakar est un évènement qui soutient cette idée que le cinéma est un espace de dialogue et de rencontres’’, a-t-il dit.
Il s’exprimait lors d’une rencontre à sa résidence où il a reçu les invités du festival international du film de Bruxelles ouvert mercredi au complexe cinématographique Sembene Ousmane du Magic Land. La manifestation s’est tenue pour la première fois hors de la Belgique.
’’Le cinéma, c’est surtout des échanges entre Dakar et Bruxelles. Des rencontres entre les réalisateurs sénégalais Katy Léna Ndiaye Pape Bounama Lopy et Khardiatou Sow et leurs homologues de la Belgique Christophe Rolin, Lionel krouss entre autres’’, a t-il dit.
Selon lui, ’’le FIFB est convaincu que le cinéma peut être un fantastique moyen de découvrir l’autre, d’ouvrir des espaces de dialogues formidables permettant de mener à terme à des liens biens plus forts entre partenaires, amis, entre frères et sœurs’’.
Hubert Roisin a souligné que l’objectif de ce voyage de Bruxelles à Dakar est de ’’proposer à un large public de nouveaux acteurs, cinéastes, de nouvelles thématiques issues des quatre coins de l’Afrique’’.
’’Le Festival international de Bruxelles se veut un acteur dynamique de la diversité culturelle et du vivre ensemble à travers une sélection de films issue des cinq continents’’, a- t-il dit.
L’ambassadeur a rappelé la signature d’un accord de coproduction entre la République du Sénégal et la Fédération Wallonie Bruxelles, l’entité francophone belge, lors de la visite du président Macky Sall en Belgique en avril dernier.
Pour le Sénégalais Papa Sall, un des initiateurs de ce festival, le choix de Dakar pour la délocalisation de la manifestation, était naturel, car dit-il, ’’le Sénégal est un pays de cinéma depuis les pionniers et c’est mon pays de naissance aussi’’.
Selon lui, le FIFB sera désormais itinérant et sera organisé dans d’autres pays africains en alternance avec Bruxelles.
La sixième édition du festival international du film de Bruxelles à Dakar met en compétition dans la catégorie internationale cinq longs métrages et autant de courts.
On peut citer, entre autres, ’’La Nuit des rois’’ de Philiphe Lacôte (Côte d’Ivoire), ’’Feathers’’ de Omar El Zohairy (Egypte) tanit d’or aux journées cinématographiques de Carthage 2021.
Il y a aussi ’’Bendkins’’ de Narcisse Wandji (Cameroun), ’’Sër bi, les tissus blancs’’ de Moly Kane, ’’5Etoiles’’ de Mame Woury Thioubou (Sénégal).
Le jury est présidé par l’acteur et chanteur belge Marc Zinga.
La compétition ciné-jeunes met dix films en lice avec un jury présidé par le cinéaste Moussa Touré.
Le Festival du film de Bruxelles a rendu hommage à son ouverture au doyen des cinéastes sénégalais Ben Diogaye Bèye en donnant son nom à un des sièges de la salle Djibril Diop Mambety du complexe cinématographique Sembene Ousmane.
FAADA ET NDONGO DÉCRYPTENT LES MUTATIONS SOCIALES DÉGRADANTES DU PAYS
Faada Freddy et Ndongo D du Groupe Daara J Family ont fini de sillonner le monde. Ces deux natifs de la Médina, un quartier de Dakar, habitués des scènes internationales, projettent un regard lucide sur la situation actuelle du Sénégal. Gardant de manière jalouse, un ancrage solide dans leur pays, ces talentueux artistes, maîtres de leur art, regrettent la dégradation économique, l’emprise de la pauvreté, la violence dans ses différentes facettes. Avec une longévité exceptionnelle dans la musique, auréolé d’une solide expérience, le Groupe Daara J Family qui a mis récemment sur le marché national et international deux singles : « Baal ma » et « Women », rappelle à l’ordre les politiques et richissimes sénégalais à une prise de conscience pour un mieux-être social des Sénégalais. Leur souhait reste un Sénégal de paix, stable et profitable à toute la communauté. Entretien Exclusif.
Vous aviez abordé le thème de la violence à travers votre single « Anti blood » (stop la violence) dans les années 90. Celle – ci est toujours prégnante. Quelle lecture en faites-vous ?
Ndongo D: Entre les années 90 à maintenant, beaucoup de choses ont changé. Il en est de même au niveau des comportements et les modes de vie. Les gens sont beaucoup plus dans la connectivité. Sur la géopolitique, quand nous jetons un regard en tant qu’artistes africains, le même constat de changements radicaux revient. Économiquement, le vécu de nos concitoyens est devenu beaucoup plus compliqué. Nous avions certes annoncé par anticipation la couleur à travers l’album « Xalima ». L’Afrique doit aujourd’hui anticiper sur beaucoup de choses. Nous avions dit « Anti-blood ». Aujourd’hui, ce qui a changé, ce sont les comportements, les modes de vie, les relations etc. L’argent est beaucoup plus présent et les gens deviennent égoïstes. Ils sont à la recherche permanente de profits. Et ici, c’est une petite minorité qui s’accapare des richesses et la grande masse reste défavorisée. C’est vrai, il y a des heurts dans certains pays d’Afrique. L’exemple par ce qui se passe dans la sous-région au Mali et au Nigéria. Même certains pays d’Europe ne sont pas épargnés. Par rapport à nos titres et messages des différents albums, nous savons qu’il y a beaucoup de choses à dire. Surtout en Afrique australe. En tant qu’artistes, nous vivons et remarquons des choses. Partant de ces constats, nous alertons en donnant notre point de vue. Ensuite, nous nous évertuons à transcrire pour aider à mieux prendre conscience des travers, des dépravations et dégradations des mœurs ainsi que la perte des valeurs morales et l’existence des violences sous différentes formes. Pour être plus justes, il faut reconnaître que les choses se sont davantage empirées. Il y a beaucoup de violences, surtout économiques. Et l’autre violence qui engendre des sévices corporels.
Justement avec votre single « Women », vous avez abordé le thème des violences faites aux femmes….
Nous avions remarqué que pendant le confinement avec la présence de la Covid-19, les violences faites aux femmes avaient augmenté. Elles se sont multipliées et ont même engendré des meurtres. Au Sénégal, et un peu partout dans le monde, nous sommes conscients de l’apport des femmes dans la société. Elles ont conforté cette société. En voyant ces scènes de violence, nous nous sommes dits qu’il est temps d’alerter et d’attirer l’attention. Notre idéal consiste à faire une piqûre de rappel par rapport aux mauvais comportements et à l’autoritarisme des hommes qui expriment avec violence leur domination masculine à travers les muscles. Alors que les violences physiques et psychologiques peuvent avoir des conséquences désastreuses sur le devenir et l’avenir des enfants. Cette peur engendrée aura un impact certain sur leur devenir. Donc, la violence faite aux femmes ne doit plus exister. Elle est plus motivée par une jalousie débordante et un manque de retenue. Certains hommes peinent à contenir leurs frustrations de voir, par exemple, une femme s’élever socialement. Souvent, ils prétextent la religion pour la rabaisser. Alors que la religion a toujours donné de la considération à la femme. Elle l’a élevée à une position de prestige. Etre un bon musulman, un chrétien et tout simplement un bon religieux, c’est aussi aimer la femme et bannir tout acte de violence.
On ressent des sensations et certaines émotions dans les chansons « Women » et « Baal ma ». Il y a également un sentiment de continuité. Qu’est-ce qui l’explique ?
Fada : Nous avons enchaîné les deux vidéos, «Women» et « Baal ma » qui résument la continuité sur les violences faites aux femmes. Dans le Coran, il y a une sourate appelée « Al Nissa ». Alors que les hommes n’ont pas eu ce privilège. Les enfants du monde entier doivent se mettre à genoux pour demander pardon aux femmes. Il est temps de reconnaître la place de la femme dans les sociétés…
D’habitude, vous êtes très radicaux dans vos prises de position. Présentement, le pays vit dans un contexte électoral. Qu’est-ce que vous avez à dire à travers votre musique ?
Si vous avez bien remarqué, nous avons sorti un album qui s’appelle « Yamatélé ». Cet album est très prémonitoire. Dans cet album, il y a autant de titres qui ont traité les thèmes actuels. La situation actuelle du pays a été décrite à travers le « pouvoir et l’argent qui rendent fou ». Dans d’autres morceaux, nous avions parlé des multinationales via nos élites, nos politiciens qui s’extirpent en profitant gracieusement de nos ressources. Certains titres de cet album ont résumé la situation actuelle du Sénégal. Nous avions même reçu des menaces pendant les événements de mars dernier. Ceux qui ont écouté l’album se rendent compte qu’on a tapé sur les difficultés du pays. Cela témoigne de notre engagement. Nous sommes toujours du côté du peuple. Comme on dit : « power to the people ». Nous pensions que des choses vont arriver. Mais nous continuerons à communiquer, à être la voix du peuple. Les élections, c’est bien beau. Mais, le pouvoir doit revenir et rester au peuple. Étant artistes et porteurs de voix, nous avons cette responsabilité de sensibiliser le peuple. Mais surtout, de faire un appel à la paix. En un moment donné, le Sénégal doit préserver cette paix et sa stabilité légendaire. Quand nous parlons de démocratie, le Sénégal en est un exemple. Donc, nous lançons cet appel à toute la classe politique, surtout ceux qui veulent devenir des maires ou aspirent à être à la tête du pays, à lutter pour la préservation des acquis. Qu’ils sachent qu’ils ont un legs sacré. Et le Sénégal ne sera jamais laissé entre les mains de personnes qui vont se servir et non servir le peuple.
On remarque que vous avez privilégié l’international au détriment de la proximité avec votre public. Et même s’il vous arrive de jouer à Dakar c’est souvent dans des lieux réservés à une certaine catégorie sociale. Etes-vous dans la perspective d’être beaucoup plus près de vos fans ?
C’est vrai ! Cependant nous avons prévu une tournée nationale pour rencontrer la nouvelle génération. Nous sommes en train d’y travailler. Mais à un moment donné, nous avions tenu beaucoup de concerts gratuits au Sénégal. Même là où nous jouons à Dakar, à la Cabane, les entrées sont abordables. Nous avons véritablement un public qui nous accompagne depuis les années 90. Pour les plus jeunes, nous avions dès fois, des plannings pour aller dans la banlieue. Nous tenons également des concerts digitaux gratuits. Actuellement, c’est une solution pour communier avec cette jeunesse. Il faut que les gens apprennent à aller s’abonner dans les pages de leurs artistes pour accéder aux nouveautés, aux activités, aux concerts et autres. Comme avec la pandémie, les gens ont eu à découvrir le télétravail et beaucoup d’autres choses. Donc, pour bénéficier des offres de gratuité de Daara J Family, il faut s’abonner à nos pages et chaînes Youtube du Groupe.
Quels sont vos objectifs et visions d’ici 10 ans ?
Nos objectifs, c’est de continuer à travailler et à faire ce qu’on sait faire le mieux. Pourquoi ne pas échanger avec la nouvelle génération et créer un espace pour partager notre expérience avec ces jeunes ? Il y a quelques temps, nous avions fait, un peu partout dans le monde, des ateliers, des « Workshop » autour de l’écriture et de la voix. Le plus important pour nous, c’est de pouvoir créer une dynamique permettant d’échanger avec les plus jeunes. L’objectif est de créer une plateforme qui va nous permettre cela. Mais aussi, de pouvoir faire de la bonne musique et tant d’autres surprises à l’avenir proche.
Comment voyez–vous la situation actuelle du pays ? Entre, violence, pauvreté extrême et la perte des valeurs ?
Nous sommes certains que la pauvreté engendre la violence. De plus en plus des parents deviennent plus violents. Les rapports entre parents et enfants ont changé. Puisque, n’ayant plus de moyens pour subvenir aux besoins de la famille, certains d’entre eux font dans la violence. Celle-ci se répercute forcément sur les enfants. Nous voyons des dirigeants très violents qui sont sur le qui-vive. Ce qui les intéresse aujourd’hui, c’est l’argent. Malheureusement, c’est au détriment des valeurs et de l’éducation. Même dans les écoles, il y a deux catégories. Les écoles où tout le monde peut payer et suivre des études normales et d’autres écoles avec des grèves en permanence. Il est temps que nos dirigeants arrêtent la violence dont la corruption constitue un pan. Le loyer, les denrées de première nécessité et autres produits hantent le sommeil des démunis. Ce qui entrave leur épanouissement. Aujourd’hui, l’argent devient la seule valeur qui compte. Les autorités et les riches du pays doivent avoir pitié de la masse et mieux aider les pauvres. Ce qui nous éviterait des scénarii comme les événements du mois de mars 2021. Le constat en est que ce sont les enfants de pauvres qui y ont perdu la vie. Des désœuvrés qui n’avaient presque plus rien à se mettre sous la dent et qui prenaient des risques. Pendant ce temps les nantis, les enfants des riches, bien entretenus, étaient restés tranquillement dans leurs maisons. D’autres victimes, constituées majoritairement de jeunes, prennent de manière violente les pirogues pour fuir la situation chaotique et la misère du pays. Nous demandons aux autorités étatiques et aux bonnes volontés à faire le nécessaire pour rétablir l’équilibre social. Nous avons aujourd’hui l’impression d’avoir deux Sénégal avec deux extrêmes dans la manière de vivre et de jouir des biens communs. D’un côté, nous avons le Sénégal des riches et de l’autre, celui des pauvres.
Après vos deux singles, qu’est-ce que vous préparez dans un avenir proche ?
Nous demandons aux fans de continuer à « streamer ». A partager ces singles. Nous leur donnons rendez-vous sur les chaînes du Groupe Daara J Family. Nous leur préparons de très bonnes et belles surprises. Nous sommes en studios pour d’autres projets. Maintenant, nous leur laissons ces titres : « Balma » et « Woman et leur demandons de faire du « Enjoy ».
NOUS POUVONS CONSTRUIRE UN DÉVELOPPEMENT À L'AFRICAINE
Baobab de la musique sénégalaise, Omar Pène, le leader du Super Diamono, est celui dont les textes et la musique ont accompagné Mbougar, le Goncourt 2021 - "Il a même emprunté une phrase d’une de mes chansons, "Moudjé" - ENTRETIEN
Le Point Afrique |
Viviane Forson et Malick Diawara |
Publication 16/12/2021
Voilà près de cinquante ans que sa musique fait le tour du monde. Sa voix à part et son style, qu’on a trop rapidement résumé par le concept « afro feeling », car ils mêlent les sonorités sénégalaises du Mbalax, aux rythmes du blues, du jazz, du reggae et de la salsa, font d’Omar Pène*, et de son mythique groupe le Super Diamono, l’un des plus grands artistes du continent africain. Reconnaissable par son allure svelte et son rire communicateur, le chanteur de 65 ans a mis à profit la longue période de cette pandémie de Covid-19 pour, au-delà de l’urgence sanitaire qui étreint l’Afrique, s’attaquer à une autre urgence planétaire : la nécessité d’intégrer les enjeux du changement climatique. Résultat : un album acoustique inédit intitulé tout simplement Climat.
Pour la réalisation de cet opus, il s’est entouré de musiciens talentueux de la nouvelle génération. Ainsi du guitariste franco-sénégalais Hervé Samb mais aussi du rappeur poète Faada Freddy qu’on ne présente plus. D’ores et déjà, l’album a été plébiscité par le public de fans qui traverse les générations. C’est qu’Omar Pène en bon conteur a, comme à l’accoutumée, ancré ses textes dans les préoccupations de notre époque dans un style accessible à tout mélomane comprenant ou pas le wolof, la langue la plus courante partagée par les Sénégalais, à côté d’autres langues nationales comme le pular, le bambara, le diola, le sérère, etc. Les thèmes abordés dans Climat : le terrorisme, le changement climatique, l’Afrique autour de son unité, son émergence, ses défis.
Depuis toujours, le leader du Super Diamono, groupe musical où sont passés un moment Ismaël Lô et un certain adolescent qui deviendra grand, Youssou N’Dour, doit son immense succès populaire à la dimension sociétale de ses textes ainsi qu’à la note d’espoir qu’il n’arrête pas de cultiver sur le sillon du panafricanisme et de la défense de la liberté. Est-ce cela qui a fait que Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021, a trouvé la bonne inspiration en écrivant La Plus Secrète Mémoire des hommes ? En tout cas, pour nous rafraîchir la mémoire et nous plonger dans les méandres de la musique africaine populaire, Omar Pène s’est confié au Point Afrique. L’occasion de revivre dans un parcours artistique emblématique de l’effervescence musicale du continent dans sa mue entamée au début des années 1970.
Le Point Afrique : Quel est votre sentiment quand Mohamed Mbougar Sarr, le Prix Goncourt 2021, dit que vous l’avez inspiré pour écrire ses livres ?
Omar Pène : Il y a un fort sentiment de respect qui nous lie. Il m’a confié avoir écrit son nouveau roman, La Plus Secrète Mémoire des hommes, qui a reçu le Goncourt en écoutant le Super Diamono et mes albums. Je suis fier d’avoir participé à son évolution. Il a même emprunté une phrase d’une de mes chansons, « Moudjé », qui veut dire « Où est-ce qu’on va finir ». J’en suis plus que fier. Il y a vraiment des choses incroyables qui se passent parfois dans la vie. Ainsi d’apparaître dans le livre le plus recherché du moment dans le monde entier, celui du prix Goncourt. Je dois dire que Mbougar est un garçon très intelligent, qui a la tête sur les épaules. Son avenir est parti pour être radieux.
Comment vous portez-vous après quasiment huit ans d’absence sur scène ?
Il a fallu récupérer mon énergie, refaire la voix après la période de maladie. Pour cela, j’ai travaillé avec un coach. Cela a pris du temps et s’est fait petit à petit d’autant qu’avec la pandémie de Covid-19, nous sommes restés presque deux ans sans activité aucune à cause des restrictions. J’ai ensuite repris le chemin de la scène au Sénégal, puis en France pour mes premiers concerts après cette période. Cela fait très longtemps que je ne me suis pas produit à Paris et les spectateurs ont l’air super heureux de retrouver Omar Pène et le Super Diamono.
Comment vous est venue l’idée de faire cet album autour de cette thématique du climat ?
Je crois que nous vivons des moments extrêmement difficiles. Le réchauffement climatique fait l’actualité aujourd’hui et nous, en tant qu’Africains, nous sommes tout aussi concernés que le reste du monde. Le réchauffement climatique est en train de tout chambouler. Nous devons nous réveiller à son propos. On n’entend pas beaucoup les Africains parler de cette thématique alors que les effets se font déjà voir. Au Sénégal par exemple, ils sont déjà visibles dans la région de Saint-Louis, notamment dans le village de pêcheurs de Guet Ndar. Là-bas, la mer est en train d’engloutir bien des habitations. Nous devons prendre conscience aujourd’hui que c’est une réalité, c’est une évidence bien que les climatosceptiques tentent de nous faire croire le contraire. Certes, ce sont les gros pollueurs qui sont responsables des effets de ce changement climatique, mais tout le monde en est victime. Personne n’est épargné et, sincèrement, l’Afrique n’a pas besoin de ça. Aussi, en tant que leader d’opinion et citoyen du monde, j’ai associé ma voix à celles qui se sont déjà levées pour alerter sur ce sujet.
Ce n’est pas la première fois que vous évoquez ce sujet du climat. D’où vous vient cette conscience écologique ?
Je vis avec cette réalité depuis toujours. Je suis un panafricaniste très engagé et un afro-optimiste. Aujourd’hui, au Sénégal, on parle d’émergence. Permettez-moi de vous dire que j’y crois, car l’Afrique n’est pas que pauvreté, un mot trop souvent associé à notre continent. Les Africains doivent y croire comme les Chinois l’ont fait. Pour cela, ils ont travaillé à changer la donne de la réalité et de l’image de leur pays. Les Africains doivent faire de même pour léguer aux générations futures une autre Afrique.
RÔLE DE L'ART ET DE L'HÉRITAGE CULTUREL DANS LA RENAISSANCE AFRICAINE
Conversation intergénérationnelle en marge du 10e Dialogue de Haut Niveau de l’UA sur la Démocratie, la Gouvernance et les Droits Humains, avec l’écrivaine Zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga et l'universitaire Rama Salla Dieng de l'Université d’Édimbourg
Conversation intergénérationnelle en marge du 10e Dialogue de Haut Niveau de l’Union Africaine sur la Démocratie, la Gouvernance et les Droits Humains, avec l’écrivaine Zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga, première africaine noire à publier un roman en anglais et l'universitaire Rama Salla Dieng de l'Université d’Édimbourg.
KAOLACK DOTÉ D'UN CENTRE HIP HOP
La directrice régionale du centre culturel de Kaolack (centre), Aby Faye a procédé, mercredi, au lancement du premier centre hip hop dédié aux femmes dénommé "Péncum Jigéen ñi"
Kaolack, 15 dec (APS) – La directrice régionale du centre culturel de Kaolack (centre), Aby Faye a procédé, mercredi, au lancement du premier centre hip hop dédié aux femmes dénommé "Péncum Jigéen ñi", a constaté l’APS.
Ce centre, initiée par la structure "Daaray Jëf", est financé par le fonds des cultures urbaines au Sénégal.
"L’objectif de ce centre est de rassembler les jeunes filles et les femmes autour d’initiatives citoyennes, artistiques et culturelles afin de favoriser leur épanouissement socio-économique", a expliqué la coordonnatrice de "Daaray Jëf", Safiatou Sow.
Elle s’exprimait en marge de la cérémonie de lancement de ce centre en présence des acteurs des cultures urbaines et des jeunes filles s’activant dans le mouvement hip hop.
"Nous voulons renforcer l’émancipation citoyenne des jeunes fille et femmes de la région de Kaolack et professionnaliser les femmes du secteur hip hop", a Sow.
Elle a ajouté que "Péncum Jigéen ñi" a aussi pour but d’être un lieu d’accueil, d’écoute et d’orientation pour la jeunesse Kaolackoise et encourager les jeunes filles et les femmes dans la réalisation de leurs projets.
Pour cela, a-t-elle fait savoir, ‘’nous mettrons en place des ateliers de beatmaking, photo, vidéo, graphisme, danse et communication".
‘’Nous organiserons des conférences portant essentiellement sur les problèmes des femmes à Kaolack. Nous aborderons différentes thématiques autour de la violence ou de l’entreprenariat’’, a ajouté Safiatou Sow.
"En créant le centre Péncum Jigéen ñi, daaray Jëf veut offrir un cadre d’expression aux femmes du hip hop et aux femmes de manière général", a-t-elle encore expliqué.
Lancée en 2020, Daaray Jëf est une structure qui travaille dans l’organisation d’évènements culturels, la production audiovisuelle et la communication.
Elle a pour objectif de contribuer au développement des cultures urbaines au Sénégal et particulièrement dans la région de Kaolack.
"Ce projet a pour objectif d’assurer la promotion de la femme et surtout de susciter le goût de la musique hip hop chez les jeunes filles et chez les moins jeunes’’, a déclaré la directrice du centre culturel de Kaolack, Aby Faye.
Pour elle, "cette initiative est un cadre de partage d’expérience qui vise à encourager la structuration et l’autonomisation des femmes pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement".
Mme Faye a ainsi invité les initiateurs à songer à pérenniser ce projet qui entre dans le cadre d’une meilleure implication des femmes dans la vie culturelle en général et en particulier dans la promotion de la culture urbaine.
"FESTI-SERERE", UNE TRIBUNE POUR VALORISER LA CULTURE SÉRÈRE (INITIATRICE)
"Le +Festi-Sérère+ est une manifestation culturelle sérère qui compte montrer la culture sérère dans certaines de ces facettes pour valoriser ce patrimoine et permettre aux sérères de se ressourcer"
La première édition du Festi-Sérère, prévue samedi à la maison de la Culture Douta Seck, se veut "une tribune pour valoriser la culture sérère", a déclaré la journaliste Mame Salla Faye, initiatrice de cet évènement culturel.
"Le +Festi-Sérère+ est une manifestation culturelle sérère qui compte montrer la culture sérère dans certaines de ces facettes pour valoriser ce patrimoine et permettre aux sérères de se ressourcer", a souligné mardi lors d’une conférence de presse, la promotrice et directrice d’une association dénommée "Femme et promotion" Elle estime que la manifestation compte montrer comment les sérères célèbrent de manière particulière leurs cultures et traditions selon les différentes étapes de la vie de l’homme. "Dans un monde globalisé où la perte des valeurs est monnaie courante, il faut s’enraciner pour s’ouvrir comme disait le président-poète Léopold Sédar Senghor", a lancé Mame Salla Faye.
Pour inviter les Sérères à mieux s’approprier leur identité culturelle, le festival organise un colloque sur le thème "La Construction de l’identité culturelle sérère".
Le professeur Pape Massène Sène, chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), Amade Faye, professeur titulaire à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Aloïse Gorgui Ndione, conseiller aux affaires culturelles et le sociologue Djiby Diakhaté, animeront les débats. "Des professeurs d’université, des chercheurs et sociologues reviendront sur l’identité culturelle sérère, l’initiation, le mariage en pays sérère et l’histoire des royaumes du Sine lors du colloque", a indiqué Mme Faye. Une exposition mettra en exergue le patrimoine immatériel, selon les organisateurs.
Selon Mame Salla Faye, des artistes vont danser, chanter lors de la soirée notamment les femmes de Djilor, l’orchestre national, le guitariste Latyr Faye, Mbaye Ndiaye du théâtre national Daniel Sorano, Ndèye Mbaye fille de la griotte Yandé Codou Sène, entre autres.
L’artiste Baba Maal est l’invité d’honneur de cette manifestation qui verra aussi la participation des Diolas "pour renforcer le cousinage à plaisanterie, ciment de notre nation", a-t-elle précisé.