Le Président-poète, Léopold Sédar Senghor (1906-2001) mérite de donner son nom à une université compte tenu de sa dimension intellectuelle, a déclaré mardi Raphaël Ndia¬ye, Directeur général de la Fondation Léopold Sénégal Senghor. «Compte tenu de sa dimension intellectuelle, ce n’est pas un stade, un aéroport ou une avenue qui font ressortir cette dimension, mais c’est vraiment une université», a-t-il dit lors d’un entretien accordé à l’Aps.
Baptisé du nom de Léopold Sédar Senghor en 2001, le stade du même nom construit en 1985, est dans un état de délabrement depuis quelques années. Quant à l’aéroport Lépold Sédar Senghor, il a été affecté à l’Armée.
Raphaël Ndiaye déplore qu’aucune des six universités du Sénégal ne porte le nom de Senghor. «Or s’il y avait une université qui porte son nom, cela rendrait Senghor beaucoup plus présent», a-t-il précisé. Aujourd’¬hui, estime-t-il, «seule l’université Senghor d’Alexandrie en Egypte, porte le nom de Léopold Sédar Senghor, sinon il n’y a pas une autre université qui porte son nom dans le monde et cela je le déplore».
Raphaël Ndiaye, dont le travail à la fondation est de rendre plus présent Léopold Sédar Senghor, soutient que la pensée de ce dernier est aujourd’hui beaucoup plus qu’actuelle. «Le principe du dialogue des cultures suppose la reconnaissance de l’imminente dignité de toutes les cultures sur tous les cieux.
Franchement, quand on regarde comment fonctionne le monde aujourd’hui, on n’est pas prêt de réaliser cette exigence», constate-t-il. Il soutient qu’il y a des éléments contextualisés parmi lesquels la Négritude reformulée différemment aujourd’hui, avec l’exigence d’une identité culturelle et de la reconnaissance de cette identité.
Dans ce domaine, dit-il, «nous ne sommes pas au bout de notre peine, avec par exemple le racisme constaté dans le monde et l’affaire de violence policière américaine, au cours de laquelle l’Afro-Américain Georges Floyd meurt à la suite d’une interpellation par plusieurs policiers».
Selon Raphaël Ndiaye, le théoricien de la «Négritude» a développé sa vision du monde, notamment sur l’humanisme.
La Fondation Léopold Sédar Senghor compte faire connaître les écrits de son parrain à travers ses nombreux ouvrages, parmi lesquels la série «Liberté 1 publiée en 1964 jusqu’à Liberté 5, sortie en 1993», contenant en tout 2660 pages.
L’ancien chef d’Etat est décédé le 20 décembre 2001 à Verson, une commune de la France, où il vivait depuis son départ volontaire du pouvoir, le 31 décembre 1980. Il fut le premier noir à obtenir l’agrégation de grammaire et à siéger à l’Académie française.
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NAYÉ ANNA BATHILY, FONDATRICE DE SHINE TO LEAD : NOS LAURÉATES SONT DES PERLES RARES QUI BRILLENT
STL sort des jeunes filles réservées, pour la plupart, de leur zone de confort. Une zone de confort faite de timidité, de peur de prendre la parole en public, de crainte d'affirmation de soi et de doute à avoir de l’estime de soi.
Depuis quatre (4) ans, l’association Shine to lead/Jiggen Jang Tekki apporte une contribution inestimable, une plus-value certaine dans l’éducation des jeunes lycéennes des séries scientifiques au Sénégal. Grâce à l’octroi des bourses, aux cours renforcement, aux cours de vacances et aux ateliers développement personnel, les énergies de ces jeunes filles de milieux défavorisés sont libérées. Elles n’ont plus aucune peur d’être elles-mêmes. A contrario, elles s’autorisent de rêver grand et de viser loin. Pour elle désormais, « sky si the limit ».
C’est une contribution à échelle réduite certes, mais une contribution qualitative et qui a valeur de modèle réplicable et amplifiable parce que réussi. La présidente de l’association Nayé Anna Bathily, celle par qui tout est arrivé, ne cache pas son émotion quand elle en parle. Invitée d’AfricaGlobe Tv, Nayé Anna Bathily explique le contexte de la création de l’association et dit toute sa fierté des résultats exceptionnels que produisent les lauréates, non sans exposer les défis qui se posent à l’association.
Shine to lead a sorti, in fine, ces jeunes filles réservées, pour la plupart, de leur zone de confort. Une zone de confort faite de timidité et d'introversion, de peur de prendre la parole en public, de crainte d'affirmation de soi et de doute à avoir de l’estime de soi. Les explications de la fondatrice dans la vidéo ci-dessus.
LES PLUS GROS BUZZ DE 2021
Ils ont buzzé sur TikTok, Facebook, et autres réseaux sociaux l’année dernière. Pour le meilleur ou pour le pire
L’affaire a tenu le Sénégal en haleine pendant plusieurs semaines. Une brillante étudiante de 20 ans, inscrite en deuxième année de classe préparatoire scientifique au prestigieux lycée Louis-le-Grand de Paris, disparait du jour au lendemain sans donner signe de vie. Le 4 janvier, jour de rentrée, elle ne se présente pas en classe. Diary Sow, c’est son nom, devient un trending topics sur Twitter. Les internautes relaient les appels à témoignages et des alertes angoissées à la suite de la « disparition inquiétante » de la jeune femme. À Paris, le consulat diffuse un avis de recherche. À Dakar, l’affaire est scrutée avec attention jusqu’au plus haut sommet de l’État.
L’émoi est encore renforcé par le profil de l’étudiante : meilleure élève du Sénégal en 2018 et 2019, Diary Sow a pour parrain un membre du gouvernement, Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’Assainissement. C’est lui qui, le 21 janvier, va donner des nouvelles de la situation de sa filleule. Et confirmer l’hypothèse de la fugue qui commençait à prendre de l’ampleur, d’autant plus que les circonstances de sa disparition comportait nombre de similitudes avec Sous le visage d’un ange, un roman publié aux éditions L’Harmattan en août 2020 signé par… Diary Sow.
Serigne Mbaye Thiam publie sur les réseaux sociaux des extraits d’une lettre qu’elle lui a adressée, dans laquelle elle explique être une disparue volontaire. Elle assure avoir voulu « une sorte de répit salutaire », affirme s’être sentie « emprisonnée par l’opinion d’autres » et dit aussi regretter l’emballement provoqué par l’affaire. « Je n’aurais jamais cru que mon nom allait alimenter autant de débats, qu’autant de gens allaient s’inquiéter », écrit-elle à celui qu’elle nomme « tonton ».
Sur la toile, les internautes qui, quelques jours auparavant, relayaient des messages inquiets, appelant les autorités à agir ou les Sénégalais installés en France à se mobiliser, se déchainent contre la jeune femme. La colère s’exprime avec violence. Beaucoup affirment s’être sentis floués par leur compatriote et certains l’accusent d’avoir monté un « coup médiatique » pour se faire connaître.
Dix mois après l’affaire Diary Sow, qui a fait l’objet d’articles dans toute la presse internationale, la jeune femme a publié Je pars, un roman édité par la maison d’édition parisienne Robert Laffont. Le récit – annoncé comme fictionnel – retrace l’histoire de Coura, « jeune fille modèle », qui décide de fuguer. « N’importe quelle publicité est une bonne publicité », disait l’artiste américain Andy Warhol…
LE CNRA EXIGE ‘’LA FIN DE LA VULGARITÉ LANGAGIÈRE’’ DANS LES SÉRIES TÉLÉVISÉES
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) en appelle au sens des responsabilités des acteurs médiatiques, pour que cesse ‘’la vulgarité langagière qui s’est emparée des séries’’ sénégalaises diffusées à la télévision et sur les plateforme
Dakar, 31 déc (APS) - Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) en appelle au sens des responsabilités des acteurs médiatiques, pour que cesse ‘’la vulgarité langagière qui s’est emparée des séries’’ sénégalaises diffusées à la télévision et sur les plateformes digitales.
Dans un communiqué parvenu à l’APS, vendredi, le régulateur dit avoir constaté que ‘’la vulgarité langagière (…) s’est emparée des séries diffusées à la télé et sur les plateformes digitales’’.
Le langage utilisé dans ces séries a des ‘’conséquences sur l’équilibre psychologique du jeune public’’, selon le Conseil national de régulation de l’audiovisuel.
‘’Le CNRA revient encore attirer l’attention de tous et de chacun sur l’urgente nécessité de mettre un terme à ces dérives’’, et pour ce faire, il ‘’en appelle au sens des responsabilités des acteurs, quel que soit leur niveau d’intervention ou d’implication dans la production et la programmation des contenus à problèmes’’.
‘’La dérive est devenue récurrente’’, constate-t-il, dénonçant des séries télévisées relayant des ‘’insanités allant jusqu’aux injures à ascendant’’.
‘’Une banalisation de la grossièreté qui impacte nettement le jeune public’’, déplore le régulateur, ajoutant : ‘’Plus largement et pour beaucoup de nos compatriotes, l’insulte semble n’avoir plus rien d’anormal.’’
Or, de tels ‘’manquements (…) sont de nature à consacrer la désacralisation de l’autorité parentale’’ et à ‘’nuire à la préservation des valeurs, des sensibilités, des identités culturelles et religieuses du Sénégal’’, estime le CNRA.
Selon le régulateur, il est urgent, par conséquent, que ‘’cessent les dérives dans les séries, entre autres contenus diffusés en violation des règles d’éthique applicables aux médias audiovisuels’’.
Le CNRA assure que ‘’les mesures nécessaires seront prises, conformément à [sa] mission de veiller au respect de la réglementation’’.
`TABLE RONDE SUR LA SAISON 2021-2022 DU THEATRE NATIONAL DANIEL SORANO
Les acteurs réclament une politique culturelle et de la formation - Les acteurs de la culture se sont penchés sur la question du spectacle sénégalais, sur la scène internationale
Pour développer le spectacle sénégalais à l’échelle internationale et faire en sorte que les gens réclament ce qui vient du Sénégal, en ce qui concerne la musique, le théâtre et la danse, les acteurs ont émis mercredi dernier, au cours d’une table ronde, dans le cadre du programme d’activités de la saison 2021-2022 du Théâtre national Daniel Sorano, des propositions et recommandations à l’ensemble des acteurs du secteur, mais aussi à l’Etat. Ils ont clamé tous, haut et fort, que la culture a besoin d’être soutenue, de la même manière que les autres secteurs, à savoir l’éducation, la santé, parce qu’il s’agit bien de représenter le Sénégal.
Les acteurs de la culture se sont penchés sur la question du spectacle sénégalais, sur la scène internationale. C’est dans ce cadre que la compagnie du Théâtre national Daniel Sorano a réuni les vedettes de la musique sénégalaise légendaire, comme Ismaïla Lô, Pr Ibrahima Wane, Gacirah Dia-gne, le Groupe Xalam, entre autres experts, autour d’une table ronde sur le «spectacle sénégalais», mais aussi la place de «Sorano, dans l’évolution artistique et culturelle du Sénégal ?»
Une occasion pour eux de faire l’état des lieux, mais aussi de proposer des solutions pour soutenir la production, afin de prospérer à l’échelle internationale. Ces propositions sont : d’abord, professionnaliser le secteur, ensuite demander à l’Etat du Sénégal de dédier 1% de son budget au ministère de la Culture, de plus le renforcement des moyens financiers des structures nationales en charge de la culture. Et enfin, inviter davantage les ambassadeurs à soutenir les artistes sénégalais quand ils se déplacent, en impliquant la diaspora et en organisant des semaines culturelles sénégalaises à travers le monde.
Les recommandations : régler la question de la qualité pour s’imposer ici et ailleurs, favoriser un dialogue entre générations, mais aussi entre artistes et managers. En effet, au cours de la table ronde qu’ils ont tenue devant le hall du bâtiment de Sorano, les vedettes de la culture sénégalaise ont relevé pas mal de freins pour vendre le spectacle sénégalais a l’international. «On ne peut pas dire que la création sénégalaise ou la créativité n’est pas appréciée à l’extérieur. Tout dépend à partir de quel angle, on analyse cela. Du point de vue du succès de la création, le plus souvent, ça vient d’initiative individuelle», révèle le professeur Maguèye Kassé. Pour Pr Ibrahima Wane, qui a dirigé le débat de la table ronde, «il faut une politique culturelle, mais aussi une formation».
Et pour le Directeur général de Sorano, Abdoulaye Koundoul, lui, il souligne qu’avant de s’imposer à l’extérieur, qu’«on commence par s’imposer ici et en qualité». Avant de préciser qu’il y a déjà certains qui se distinguent, mais la question est de savoir s’ils le font avec des productions de qualité, parce que «si ces productions n’ont pas de qualité, elles n’ont aucune chance de franchir nos frontières», a-t-il fait savoir.
Dans la même veine, il indique qu’il y a un élément qui manque dans le dispositif, et c’est la formation. «Nous avons l’Ecole nationale des arts, mais qui n’embrasse pas encore les métiers. Et le projet du ministère de la Culture, c’est de mettre en place l’Ecole nationale des arts et de la culture. Ce qui nous permettra de prendre en compte tous ces métiers-là. Le spectacle vivant est une dynamique et pour être au diapason, il faut être informé et savoir ce qui se passe à l’extérieur. Alors oui, il y a lieu de renforcer la formation.»
Ismaïla Lô, «le Bob Dylan africain», est revenu sur le succès international de sa chanson «Tajabone», et se réjouit de voir des gens reprendre cette chanson à travers le mon¬de. Sans être bavard, il estime que c’est une obligation pour l’Etat du Sénégal, de venir en aide aux acteurs de la culture. «L’Etat ne peut pas tout faire, mais il doit faire tout parce que la culture est le début de tout développement», a-t-il déclaré. Gacirah Diagne, chorégraphe, quant à elle, pense que la formation et le financement sont nécessaires pour aller à la conquête d’un imaginaire. Elle rappelle d’ailleurs que la seule compagnie qui s’exporte à l’international en ce qui concerne la danse, c’est celle de Ger¬maine Acogny.
Au terme de la rencontre, Maguèye Kas¬sé indique que la solution c’est de créer les conditions nécessaires d’accompagnement de toutes les initiatives, qu’elles soient privées ou publiques, pour que la culture sénégalaise soit mieux connue à l’extérieur et pas seulement par des singularités, mais que ce soit quelque chose de concerté pour faire connaître davantage la culture sénégalaise.
« UN VERRE » POUR LE VIVRE-ENSEMBLE
Synthèse de la 3eme Edition du Gingembre littéraire - Le vivre ensemble avec surtout ses valeurs d’humilité, de pardon, d’altérité, de générosité et d’acceptation de la différence, de l’autre
Les rencontres du gingembre littéraire ont pris fin à Rufisque. L’activité a été accueillie par la fondation Sococim à son siège du Le centre culturel Maurice Gueye. La cérémonie de synthèse a été un fort moment de plaidoyer pour le vivre-ensemble basé sur les ressorts de la culture.
La troisième édition du gingembre littéraire a été clôturée mercredi à Rufisque où « tout est parti » selon le mot même de l’initiateur de ces rencontres littéraires et philosophiques autour des préoccupations de l’heure. Pour cette édition, le thème choisi a porté sur le vivre-ensemble, une façon d’inviter la communauté à goûter davantage aux saveurs exquises de la paix et de la cohésion sociales.
Le vivre ensemble avec surtout ses valeurs d’humilité, de pardon, d’altérité, de générosité et d’acceptation de la différence, de l’autre. Autant de valeurs gages d’une vie harmonieuse entre les différentes composantes de la communauté. C’est à cette dégustation que l’humanité a été conviée par les panélistes de la séance de synthèse des différentes rencontres tenues dans diverses localités du pays. Un thème que l’ensemble des intervenants a mis en relation avec notre contexte marqué par la montée des extrémismes et des replis identitaires de tous ordres. De l’avis du rapporteur général, ces réflexes ajoutés à certains discours tendent à fragiliser le dialogue et la paix dans notre société et dans le monde. « La paix et le dialogue sont aujourd’hui fragilisés par certains discours et des formes sournoises de violences qui ont tendance à s’inviter sur l’espace public et sur la paix elle-même », a dit Pr Moussa Sarr. Dans la même dynamique que celle de la première édition, l’objectif est de porter la voix du Sénégal en montrant l’héritage culturel « qu’il devait partager avec le monde, notamment dans le dialogue des cultures si cher au premier président ainsi que la « la diplomatie soft power ».
Pour cette édition, après Dakar, les rencontres ont été élargies à d’autres localités comme Thiès, Mbour, Diass pour discuter autour des dynamiques spécifiques à chacune d’elles et porteuses de valeurs de paix et de de dialogue. Afin de rester dans le tempo de l’exaltation du vivre-ensemble, la proviseure du lycée Abdoulaye Sadji va puiser dans le roman du Rufisquois et non moins membre du CESE, Abdou Salam Gueye, pour présenter Rufisque comme un laboratoire du brassage et du vivre ensemble. Rufisque, « un haut lieu de globalisation » un modèle de vivre ensemble fondé sur un brassage de plusieurs vagues qui sont venues se greffer à un substrat lébou, première communauté qui se caractérise par son ouverture et son hospitalité. Ce qui fait dire à Mme Brigitte Gnamy, « qu’il ne peut y avoir de vivre ensemble sans amour. Le seul point de convergence, c’est l’amour et l’amitié ». Selon cette ancienne professeure de philosophie, « le vivre ensemble s’impose à nous, il est un impératif ».
OUVERTURE D’ESPRIT ET ACCEPTATION DE L’AUTRE
Le vivre ensemble appelle à une ouverture d’esprit, de la tolérance et l’acceptation de l’autre contrairement à ces formes d’œcuménisme, synonyme d’un enracinement trop fort qui pousse à l’extrémisme identitaire, selon Mme Brodnica Monica, qui a pris part aux rencontres du gingembre à Mbour. Devant cette situation où s’affrontent les égos et les communautés dans les replis identitaires, la solution devrait être cherchée dans l’humilité et l’origine de la création humaine. Selon Al Amine Kébé, la source du vivre ensemble est dans l’humilité d’Adam devant son créateur face à l’arrogance de Satan, le banni, qui a refusé d’obtemperer devant l’injonction de son créateur. Ce refus de reconnaître le vicaire de Dieu sur terre est la première forme de violence qui trouve son origine dans l’arrogance et le mépris de l’autre. D’où la conclusion « il faut respecter l’autre et son avis, mais aussi bannir l’auto éloge » a dit l’expert économiste et fonctionnaire des Nations-Unies. Il a rappelé la réponse de Ghandi devant le mépris des colonisateurs occidentaux qui se glorifiaient de leurs prouesses techniques et technologiques». Le sage de l’Inde dans une répartie avait renvoyé les oppresseurs à cette origine : « c’est vrai, vous avez réussi à voler dans les airs comme l’oiseau, à marcher sur l’eau comme le poisson, mais votre marche sur terre n’est pas encore droite ». Le rempart face à ses dérives se trouve dans notre tréfonds culturel, avec l’éducation qui prend sa source dans la case, lieu exclusif de l’intervention de la maman, matrice de la société africaine qui inculque les premiers codes.
Après ce niveau, l’enfant atteint la cour où il apprend à s’élargir aux autres avant d’arriver au « Penthie » ou place publique, lieu par excellence du partage et du dialogue. Un héritage culturel qui a fait, selon le Dr Papa Massène Séne, que « malgré les péripéties et les siècles de domination par les Arabes et les Européens, l’Afrique n’a pas été broyée parce que sa culture était résistante et résiliente ». Des débats intéressants que le promoteur des rencontres du Gingembre littéraire, El Hadji Gorgui Wade Ndoye, promet de coucher sur un document comme dans la forme des actes d’un colloque pour le soumettre aux autorités politiques afin que cela soit comme une contribution dans la culture de la paix dans notre pays.
UNE ANNÉE LITTÉRAIRE FASTE POUR LE SÉNÉGAL
Le pays a rayonné dans le monde des lettres en 2021, qui a vu Mohamed Mbougar Sarr remporter le prestigieux prix Goncourt, et Boubacar Boris Diop se faire attribuer le très renommé prix international de littérature Neustadt
Le Sénégal a rayonné dans le monde des lettres au cours de cette année, qui a vu Mohamed Mbougar Sarr remporter le prestigieux prix Goncourt, et Boubacar Boris Diop se faire attribuer le très renommé prix international de littérature Neustadt.
Sarr a remporté cette distinction, le 3 novembre, pour le roman ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ (448 pages), coédité par Philippe Rey (France) et Jimsaan (Sénégal).
A 31 ans, il devient le premier Africain au sud du Sahara à se faire attribuer ce prix et le deuxième noir à l’obtenir, cent ans après René Maran, qui avait été distingué pour son roman ‘’Batouala’’ (208 pages).
A la sélection finale, le jury a préféré le livre de Mohamed Mbougar Sarr à ceux des Français Christine Angot, ‘’Le voyage dans l’Est’’, et Sorj Chalandon, ‘’Enfant de salaud’’, et du Haïtien Louis-Philippe Dalembert, ‘’Milwaukee Blues’’.
‘’Je félicite chaleureusement Mouhamed Mbougar Sarr, lauréat du prestigieux prix Goncourt 2021, pour son roman ‘La plus secrète des mémoires des hommes’. Je suis fier de cette magnifique consécration qui illustre la tradition d’excellence des hommes et femmes de lettres sénégalais’’, a réagi le chef de l’Etat, Macky Sall, sur Twitter, peu après la consécration.
Le président de la République a élevé le lauréat au rang de commandeur de l’Ordre national du Lion du Sénégal, dix jours après que le Goncourt lui a été attribué.
Une vive polémique s’en est suivie, qui concerne, pas le livre pour lequel Sarr a été récompensé, mais le troisième de ses quatre romans, ‘’De purs hommes’’ (191 pages), paru chez Philippe Rey et Jimsaan en 2018 : l’auteur est accusé de faire l’apologie de l’homosexualité, ce dont il se défend.
‘’La plus secrète mémoire des hommes’’, son quatrième roman, est ‘’un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel’’.
‘’Un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, par le désir de dépasser la question du face-à-face entre l’Afrique et l’Occident’’, a jugé l’auteur.
Le roman raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, un jeune écrivain sénégalais qui, en 2018, découvre à Paris un livre mythique, ‘’Le Labyrinthe de l’inhumain’’, paru en 1938. Une ‘’réputation d’écrivain talentueux’’
Mohamed Mbougar Sarr a également publié ‘’Terre ceinte’’ (264 pages), chez Présence africaine, en 2015. Ce livre a obtenu le prix Ahmadou-Kourouma, et le Grand Prix du roman métis. En 2017, Sarr a fait paraître ‘’Silence des chœurs’’ (416 pages) chez Présence africaine. Ce roman a été récompensé par le prix littéraire du Monde et le prix Etonnants Voyageurs, en 2018.
Le journaliste, écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a remporté le prix international de littérature Neustadt, le 26 octobre, pour son livre-témoignage sur les cent jours du génocide rwandais, ‘’Murambi, le livre des ossements’’ (220 pages), publié par les éditions Zulma en 2014.
‘’C’est un grand honneur qu’un écrivain africain chevronné, de la stature de M. Diop, ait remporté le prix Neustadt. C’est un point de repère pour le prix et pour la renommée croissante et bien méritée de M. Diop en Occident’’, a écrit Robert Con Davis-Undiano, le directeur exécutif de World Literature Today, un magazine de l’Université d’Oklahoma (Etats-Unis d’Amérique).
Diop a reçu, lui aussi, les félicitations de Macky Sall. ‘’Boris Diop vient confirmer, ainsi, sa réputation d’écrivain talentueux et l’excellence des lettres sénégalaises’’, a réagi le chef de l’Etat.
Le prix international de littérature Neustadt, considéré comme le Nobel américain de littérature, est l’un des rares prix internationaux auxquels poètes, romanciers et dramaturges sont éligibles.
Boubacar Boris Diop a reçu le Grand Prix du président de la République pour les arts et les lettres en 1990, pour ‘’Les tambours de la mémoire’’ (237 pages), ainsi que le prix Tropiques, pour ‘’Le Cavalier et son ombre’’. Son livre ‘’Doomi Golo’’ a été le premier roman à être traduit du wolof en anglais.
Cette année, Diop a donné la conférence inaugurale du deuxième Salon national du livre, du 2 au 5 décembre, à la place du Souvenir africain, à Dakar.
Ailleurs en Afrique, d’autres auteurs ont été distingués. Le 7 octobre, le romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah a remporté le prix Nobel de littérature, pour sa narration ‘’empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents’’. Il est auteur d’une dizaine de romans, dont ‘’Paradise’’ et ‘’Près de la mer’’.
CES AFRICAINS QUI ONT FAIT L'ANNÉE LITTÉRAIRE
L’année littéraire 2021 aura été riche de récompenses pour les auteurs africains. Une juste – mais tardive – reconnaissance
Avec La Plus secrète mémoire des hommes, le jeune Sénégalais est devenu le premier auteur d’Afrique subsaharienne à obtenir le prestigieux prix Goncourt. Un livre dans lequel, sur près de 450 pages, le héros, Diégane, part à la recherche de T.C. Elimane. Ce dernier, auteur du Labyrinthe de l’inhumain, s’est évanoui dans la nature après avoir été accusé de plagiat. L’intrigue est une référence à l’histoire de Yambo Ouologuem, auteur malien des années 1960 qui s’est muré dans le silence à la suite de griefs identiques portés à l’encontre de son livre, Le devoir de violence, Prix Renaudot en 1968.
Le Goncourt n’est pas la seule récompense française pour laquelle l’écrivain de 31 ans – plus jeune lauréat de l’histoire du célèbre prix – , était en lice cette année. Il figurait également parmi les auteurs sélectionnés pour le Renaudot, le Médicis, le prix des Inrocks ou encore le Grand prix du roman de l’Académie française.
Abdulrazak Gurnah : le Nobel
Depuis sa création en 1901, le Prix Nobel de littérature a largement oublié les auteurs africains. Abdulrazak Gurnah, qui s’est vu récompensé cette année, n’est que le cinquième d’une bien courte liste. L’auteur tanzanien de 72 ans a été distingué pour l’ensemble d’une œuvre qu’il a entamée en 1987 avec Memory of departure. Né en 1948 à Zanzibar, il a fui la Tanzanie en 1968, pour fuir les persécutions qui ciblait la minorité musulmane.
S’il vit depuis un demi-siècle au Royaume-Uni, l’auteur, également de nationalité britannique, revendique haut et fort ses racines africaines. « Si vous me réveillez à 3 heures du matin en me demandant d’où je suis, je sais ce que je vous répondrai : “I am from Zanzibar.” Peut-être même que je vous le dirai en swahili si vous le comprenez, et ce malgré plus de cinquante ans en Angleterre ! », glissait-il au journal français Le Monde, dans l’un des rares entretiens qu’il a accordés à la presse depuis qu’il a formellement reçu son prix – c’était le 10 décembre dernier et, pandémie oblige, lors d’une cérémonie en petit comité organisée à Londres.
Salué pour son approche « empathique et sans compromis des effets du colonialisme ainsi que du destin des réfugiés écartelés entre les cultures et les continents », il est surtout connu pour son roman Paradise (1994). Il est l’auteur de nombreux livres – Près de la mer (2006), et Adieu Zanzibar (2017) – dont la plupart ont été récompensés par des prix internationaux prestigieux.
FESTIVAL DE NIORO : UNE SEPTIEME EDITION A LA HAUTEUR DES ATTENTES
Pendant trois jours, Nioro du Rip a vibré aux rythmes du saloum culturel, à travers la danse, le théâtre, le «Ngoyane», des concerts de rap, des échanges passionnés. Cet acte 7 s’est refermé sur une visite à Porokhan
Pendant trois jours, Nioro du Rip a vibré aux rythmes du saloum culturel, à travers la danse, le théâtre, le «Ngoyane», des concerts de rap, des échanges passionnés. Cet acte 7 s’est refermé sur une visite à Porokhane.
Dans une première partie ponctuée d’envolées de Ngo¬yane signées Amy Socé Barry, Diolé Diagne, en présence du maire de Nioro qui a officiellement ouvert le festival, la directrice du Centre culturel régional, la présidente de la Commission culturelle de la commune, les chefs d’établissement et de quartier, les représentants des familles à l’honneur, tous se sont donné le mot. «Le festival est un patrimoine à sauvegarder par tous les acteurs qui doivent mettre la main à la pâte pour son envol», a lancé, dans son discours inaugural, le maire Abdoulaye Ba qui a également salué l’hommage rendu aux familles des défunts : le Colonel Landing Bessane, Momath Diabou Diagne et Samba Khodio Ba.
La directrice du Centre culturel régional d’ajouter : «ce beau festival, initié par Malabar Family, est désormais inscrit dans l’agenda du ministère de la Culture et de la communication, il faut une implication de tout un chacun cependant pour sa pérennisation», a déclaré Aby Faye. Même s’il faut noter l’absence du Préfet et celle de dernière minute de Oumar Sall, acteur culturel, la cérémonie d’ouverture du festival culturel a été à la hauteur des attentes. Sur le thème «Culture et collectivité territoriale pour le développement durable», le panel, en prélude à l’activité «Débat¬tons», a été un moment de réflexion sur la relation culture et développement des collectivités locales.
Ainsi, la capacité de la culture à apporter le développement dans les terroirs y a été analysée par l’anthropologue, Mamadou Dramé, évoquant ce qu’il appelle la démocratisation culturelle et le spécialiste en communication, Cheikh Oumar Sarr, pour qui il faut absolument revenir à ce que disait Cheikh Anta Diop en wolof : «nit ku nek ci sa culture nga meuna suxale sa deuk» (le développement des terroirs passera par la culture, Ndlr).
Et pour finir en beauté, prenant une question au rebond, le professeur, Babacar Mbaye Ndack, a donné la difficile traduction en wolof du terme culture. «Culture signifie mbatit en wolof. Dérivé de watit qui veut dire les restants, la culture c’est simplement les traces que nous laissons sur notre passage», a expliqué le chevronné professeur d’histoire.
LES MEDIAS À L’HONNEUR POUR LA PROCHAINE EDITION DU GINGEMBRE LITTERAIRE
«Pour la prochaine édition des Gingembres, on va parler des médias et du vivre-ensemble comme on a parlé d’économie, de dialogue des cultures
Pour la 4ème édition du «Gingembre littéraire» sur le vivre-ensemble en 2022, les débats vont tourner autour du thème : «Les médias et le vivre-ensemble.» Gorgui Wade Ndoye, initiateur de ce rendez-vous culturel annuel qui demeure, selon lui, «une demande sociale et intellectuelle des populations», en a fait l’annonce mercredi dernier.
«Pour la prochaine édition des Gingembres, on va parler des médias et du vivre-ensemble comme on a parlé d’économie, de dialogue des cultures. Nous savons tous que notre métier a aujourd’hui des questionnements qu’il faut effectivement régler», a insisté l’initiateur du «Gingembre littéraire» et journaliste accrédité auprès des Nations unies. «On ne peut pas vivre dans une démocratie où la presse est faible. De même, nous ne pouvons pas vivre dans une démocratie où la presse se met à la place des politiciens. Ce n’est pas notre rôle d’être derrière les hommes politiques, surtout certains qui ne font qu’allumer des feux partout (…)
Un journaliste responsable ne laisse pas sortir certains discours qui détruisent notre tissu, le socle de notre vivre-ensemble», a argumenté M. Ndoye, assurant que des questionnements autour du journalisme se doivent d’être mis sur la table. Rendez-vous est donc pris en décembre 2022 pour l’édition dédiée aux médias et qui va se tenir à Dakar. Le directeur de publication du magazine Continent Premier s’est exprimé lors de la cérémonie de restitution des panels du 3ème «Gin¬¬gembre littéraire» tenu du 3 au 5 décembre entre Diass, Mbour et Thiès.
Le «Gingembre littéraire», entamé en 2019, est, selon son initiateur, la suite logique du cycle de conférences ouvert à Genève en 2012. L’édition de cette année, avec comme parrain, l’historien Iba Der Thiam, a été axée sur le thè-me : «Vivre-ensemble : dialogues des cultures et des religions.» La séance de restitution, organisée au Centre culturel Maurice Guèye, a permis au Rapporteur général, Dr Serigne Momar Sarr, de présenter en substance, la teneur des échanges et enseignements ayant ponctué l’édition 2021. «Le vivre-ensemble n’est pas une option, c’est un impératif. Notre survie en dépend», a insisté Pape Massène Sène, ancien sécretaire général du ministère de la culture, s’appesantissant sur le thème.
Dans son exposé, il a remonté le temps pour démontrer que notre pays s’est montré résilient grâce à la culture. «Depuis mille ans, nous sommes sous domination. Le 10èmesiècle, premier contact avec les Ara¬bes, contact caractérisé par une dépossession identitaire, une confiscation de nos biens, une destruction de nos règles sociales. Si nous n’avons pas été broyés depuis mille ans, c’est grâce à notre culture qui a été résiliente et résistante», a-t-il soutenu, indiquant que les trois espaces, la case, la cour et le penc, ont été déterminants pour l’harmonisation du vivre-ensemble. Il a, à ce propos, rappelé la charte de Kuru¬kan Fouga (1235) mais encore un peu plus loin, les co¬des sociaux sous l’empire du Ghana qui auront tracé le système con¬sensuel ayant permis le vivre-en¬semble dans un parfait humanisme et en toute humanité.