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26 novembre 2024
Culture
LE PARTCOURS EST PLUS PROFOND QU’UN SIMPLE FESTIVAL SUR L’ART
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 04/12/2021
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique.
Un petit bilan de ces 10 ans de Partcours ?
On a commencé cet évènement de façon artisanale. C’était juste un groupe de collègues et chacun travaillait dans le privé, pour l’art et la culture à Dakar. Et puis, on s’est retrouvés et on s’est dit qu’on pouvait faire un évènement ensemble, pour remplir le vide culturel. Et on ne savait pas que ça allait durer. On se retrouve 10 ans après et chaque année, il y a eu une édition. Les premières étaient moins connues et plus petites. Après, il y a eu un accélérateur et l’édition actuelle a 28, 29 participants. Le Partcours est attendu par tous ceux qui s’intéressent à l’art. C’est devenu vraiment un évènement incontournable de la vitrine dakaroise.
Au-delà des expositions, le Partcours, c’est aussi une façon de mettre en lumière les galeries dakaroises et les artistes…
Absolument. Et aussi des promoteurs culturels privés. Il y a des protagonistes qui n’ont pas de galerie. Par exemple, Carole Diop, qui fait ses balades architecturales et travaille sur la ville, montre au public l’histoire de Dakar et l’évolution, pas toujours positive, du milieu architecturel dakarois. Il y a également Yataal art qui n’est pas vraiment une galerie, parce que c’est toute la Médina qui est sa galerie, et ils font visiter toutes ses ruelles avec ces graffitis qui sont sur les murs. C’est plus profond qu’un simple festival d’art, parce que ça va intéresser le tissu urbain, les gens dans leur quotidien, leurs plaisirs et difficultés de vivre dans une ville comme Dakar.
Est-ce que ça a permis de vulgariser l’art ? Parce que la peinture était quand même quelque chose d’assez élitiste ?
C’est une action assez large. C’est le Off de la Biennale qui essaie d’aller en profondeur et vulgariser l’art. C’est sûr que les galeries peuvent rester des espaces pour les collectionneurs et certains visiteurs. Mais, c’est seulement à travers l’effort d’aller au-delà qu’on peut avoir des résultats. L’art contemporain ne peut pas être populaire à 100%. Un artiste, ça reste un personnage qui sort un peu de son quotidien, pour devenir un leader esthétique. Quand on a commencé la Biennale, les gens ne savaient même pas ce que c’était dans les quartiers. Je ne dis pas qu’ils vont tous avoir des connaissances mais au moins, ils savent maintenant ce qu’est la Biennale, une exposition, un artiste. Ils s’intéressent à l’art. La première fois, ils peuvent regarder en passant et la fois d’après, ils entrent pour voir l’exposition. C’est petit à petit que ça se fait, l’épanouissement de cet art contemporain. On ne peut pas avoir les mêmes échos que pour un concert de Youssou Ndour.
Est-ce que le marché de l’art a grandi en même temps que le Partcours prenait de l’ampleur ?
C’est sûr que le marché a grandi. On connaissait une dizaine de collectionneurs passionnés. Il y en a beaucoup plus maintenant et on en découvre. Là par exemple, pour notre expo à l’Atelier céramique, on a connu Khady et Alioune Thiam, qui sont des collectionneurs. La fille et le père. Et on a découvert qu’ils sont en train de mettre de côté des pièces africaines classiques, principalement, mais aussi de l’art contemporain. C’est intéressant de voir comme le discours s’élargit, et d’une manière assez égalitaire. Les premières galeries, c’était le centre culturel, après il y a eu beaucoup de Sénégalais intéressés mais maintenant, il y a aussi les Libanais qui s’intéressent à l’art contemporain, font un bon travail et ont de beaux espaces.
Cette année, vous allez éditer un livre sur le Partcours. Il parle de quoi ?
Ce livre a été fait avec beaucoup d’images. Le Partcours, c’est l’art dans la cité. C’est vraiment demander aux gens de circuler dans la ville, de découvrir des lieux d’art. Et aussi les bâtiments et les gens autour. Dans ce livre, on trouve aussi beaucoup d’images de l’ancien et du nouveau Dakar. On trouve des œuvres d’art importantes dans le Partcours et on commence à comprendre qu’on peut écrire l’histoire de l’art du Sénégal, à partir de la fameuse école de Dakar, de Senghor et de ses artistes. Ce livre donne des pistes et suggestions autour de tout ça et de l’architecture aussi. Nous tenons beaucoup à cette thématique et sommes attristés de voir comme Dakar est entrain de changer de visage, parfois pas dans le bon sens. Faire le Partcours devient un parcours du combattant, parce que circuler le soir pour être dans les vernissages…
Comme chaque année, il va y avoir ces vernissages par quartier, qui sont un peu l’identité de cet évènement…
Plateau, Medina, Ouakam, etc. Et depuis quelques années, on a rajouté des endroits dans la banlieue. C’est intéressant de ne pas rester dans le centre-ville. Cette année, on a un nouvel espace à Mbao. On a cherché à s’élargir et être présents. Le Partcours est un évènement autogéré. Il y a quelques aides pour la communication générale, mais chaque galerie finance sa propre activité. On a un nouvel espace cette année, à Mbao, et nous sommes très contents de voir cet intérêt pour l’art contemporain. Après, le Partcours reste quand même dakarois.
Financièrement, c’est toujours compliqué ou ça s’améliore ?
Nos financements servent à maintenir cette organisation et payer toute la communication. Ce qui a fait vivre le Partcours jusqu’à présent, c’est un soutien d’Eiffage depuis la première édition, qui permettait d’éditer ce programme. Les premières années, il n’y avait que ça. Après, quand la manifestation a commencé à être plus importante, d’autres financements se sont rajoutés, y compris celui du ministère de la Culture, avec l’Institut français, le Goethe, et cette année, l’Institut italien, qui vient d’ouvrir, y participe comme espace d’exposition. Avec tous ces soutiens, on arrive à tenir, même si probablement, Eiffage va diminuer sa participation parce qu’il considère, qu’après dix ans, le Partcours est devenu grand et a moins besoin d’un soutien constant comme avant. Mais on a les autres et donc, on va tenir. Ce qui est intéressant ici, c’est cette réflexion commune. Cette année, on a même pu faire une édition mineure. A la fin du confinement, on a vu que beaucoup d’espaces étaient fermés et on s’est permis de faire un Partcours à mi saison, qu’on a appelé Noraane, la saison sèche. Ce n’était pas aussi grand que le Partcours, mais il y avait quand même une communication commune sur la réouverture des espaces culturels.
Les dix prochaines années, qu’est-ce que vous prévoyez ?
Pour moi, c’est la retraite. Quand on a commencé, on ne savait pas ce qui allait arriver. Maintenant, il y a une chose de certain, c’est que plus ça devient grand, plus ça devient difficile à gérer. Parce que mettre d’accord dix personnes, c’est plus facile que mettre d’accord 30 personnes. C’est un gros travail d’organisation et de communication à faire. Si on en est arrivés là, on peut aussi aller plus loin.
Comment vous gérez ça ? Vous vous mettez ensemble et décidez ou bien… ?
On a refusé un statut d’association, avec un président qui va tout décider et que les autres se soumettent. C’est très démocratique. On fait des réunions et on discute des décisions à prendre.
Vous n’aimez pas parler de petites galeries ou grandes galeries mais tout de même, est-ce que les petites galeries ont une chance d’attirer de grands artistes ?
Il y a une disparité de galeries justement. Il y a à Dakar, deux à trois petites galeries qui ont la prétention d’être de grandes galeries. Mais à côté, il y a Agit’art ou Yataal art. Ce ne sont pas de grandes galeries, mais elles ont peut-être même une voix plus importante que d’autres. Espace Medina, c’est un des plus anciens espaces, avec le mien. J’ai commencé ma première exposition ici, en 1981. Mais après, c’est sûr qu’il y a des disparités de moyens, mais on essaie de traiter tout le monde de la même façon. Tout le monde a deux pages dans le catalogue.
Exposer Tampidaro n’est peut-être pas la même chose qu’exposer Soly Cissé ?
C’est la particularité du Partcours. On essaie de faire participer toutes les tendances. Et si un artiste a la volonté et le savoir-faire, il peut aller loin. Regardez ce qui s’est passé avec Kiné Aw ou Barkinado Bocoum ! Quand on les exposait, ils sortaient des beaux-arts. C’est intéressant de voir des artistes sénégalais qui réussissent dehors et qui veulent participer au Partcours. Il y a aussi des étrangers qui demandent à être exposés ici.
Vous êtes à l’origine du Off de la Biennale et du Partcours. Qu’est-ce qui vous motive ?
La passion pour l’art et pour les gens. Si c’était seulement pour l’art, je pourrais être dans ma tour d’ivoire et faire ma collection ou mon business. Mais j’aime le terrain, j’aime partager. Et pour le Off, j’étais au début de l’initiative, mais le terrain était là en fait. Il fallait juste l’organiser. Pour le Partcours, c’est parti avec Koyo Kouoh. Les galeries étaient là et elles avaient envie de trouver quelque chose qui fonctionnait.
Puisqu’on est à l’heure du bilan, n’avez-vous pas fait une étude sur les retombées économiques du Partcours ?
On ne l’a pas fait. C’est difficile à faire de toute façon. La Biennale n’a jamais réussi à le faire, parce que les gens ne disent pas tout.
MOHAMED MBOUGAR SARR AU COEUR D'UNE POLÉMIQUE HOMOPHOBE
Le lauréat du prix Goncourt 2021 est critiqué pour «De Purs Hommes», roman publié en 2018. Une affaire qui se nourrit d’amalgames, de ressentiment anti-occident et de conservatisme religieux
Aujourd’hui, si Mohamed Mbougar Sarr écrit, des Sénégalais crient. Et s’ils crient, c’est au scandale. Mohamed Mbougar Sarr ferait l’apologie de l’homosexualité. L’obtention du confidentiel «prix du prix littéraire» gay 2021, décerné le 12 novembre à Paris par l’association Verte Fontaine et les Editions du frigo à l’auteur sénégalais pour l’ensemble de son œuvre, n’a fait qu’alimenter un peu plus le feu qui couvait depuis l’obtention du Goncourt début novembre pour son quatrième roman, la Plus Secrète Mémoire des hommes.
Miroir peu complaisant
La polémique enfle pourtant à contre-temps. Car il n’est pas question de la Plus Secrète Mémoire des hommes. La cible, la vraie, c’est son roman De Purs Hommes, publié en France en 2018. «De Purs Hommes n’avait pas été mis en vente au Sénégal en 2018», précise la responsable des ventes de la librairie Aux quatre vents, à Dakar. Dans ses pages, Mbougar Sarr tend au Sénégal un miroir peu complaisant. Il y narre l’histoire d’un professeur de lettres désabusé par l’hypocrisie morale ambiante. Le visionnage d’une vidéo de la profanation de la tombe d’un homosexuel fera naître chez lui une obsession pour cet événement.
Au Sénégal, l’homosexualité est considérée comme un délit passable de cinq ans d’emprisonnement ; les goorjigéens, terme péjoratif pour désigner un homosexuel et qui signifie littéralement «homme-femme» en wolof, sont régulièrement cibles d’agressions et doivent vivre clandestinement leur union, qualifiée de «contre-nature» par le code pénal sénégalais.
Mbougar Sarr est donc accusé d’être un vendu à la solde des lobbys LGBT. «Il représente un danger pour le Sénégal. […] Si l’on suit cette logique, dans quarante ans, nos enfants vivront avec l’homosexualité. C’est le début de la décadence de la société sénégalaise», soutient le professeur Niang, enseignant d’histoire-géographie à Kaffrine, dans un entretien accordé au média sénégalais Thies Info.
Parlées dans les familles, les salles de classe, ainsi que dans les universités par une bonne partie des Sénégalais, les langues nationales peinent encore à s’imposer à l’écrit, malgré les efforts d’éminents intellectuels comme Mame Younousse Dieng
Son audace a été magnifiée, avant-hier, lors d’une rencontre dédiée aux livres écrits en langues nationales. Son exemple, offert aux générations actuelles. Elle, c’est feu Mame Younousse Dieng, première personne à oser écrire un roman entier en langue nationale, en l’occurrence le wolof. Intitulé ‘’Aawo bi’’, le livre écrit en 1982 n’a pu être édité que 10 ans plus tard, en 1992. ‘’C’est un livre plein d’enseignements dans lequel elle enseigne comment doit être une épouse. Ndella, le personnage principal, est un exemple de courage, de dignité, de bravoure. Une femme d’une beauté extraordinaire, mais qui laisse tout de côté pour donner la priorité à son mariage, pour être une épouse exemplaire’’, commente Mamadou Diouf, ancien SG de la Confédération des syndicats autonomes.
Mais qui était cette brave dame que l’association Fonk Sunuy Làmmin, en collaboration avec Goethe Institut et la place du Souvenir, a voulu rendre hommage en lui consacrant ces journées d’échanges ? Née à Tivaouane, au cœur du Cayor, Mame Younousse Dieng a été enseignante, résistante, foncièrement encrée dans les valeurs traditionnelles africaines et sénégalaises. La professeure Penda Mbow témoigne : ‘’En tant que première écrivaine en wolof, Mame Younousse a eu à jouer un rôle très important dans l’éclosion des langues nationales au Sénégal. Avant même le livre, elle a été l’une des premières, sinon la première, à avoir traduit l’hymne national en wolof. Elle fait partie de ceux et celles qui ont très tôt compris que le développement passe nécessairement par la vulgarisation de nos langues.’’
Quand on parle de Mame Younousse, les témoignages sont unanimes autour de ses valeurs. Penda Mbow s’exclame : ‘’La première chose, c’est sa beauté. Elle est une belle femme noire, avec un charisme, une culture cayorienne, très encrée chez elle. C’est une femme de culture, une grande intellectuelle. Ses leçons en français, elle les traduisait en wolof pour mieux les retenir.’’
Selon l’historienne, on ne peut développer un pays si on ne maitrise pas ses langues. ‘’Tout le monde convient qu’il est plus facile de penser, de réfléchir, d’écrire, d’apprendre à partir de sa propre langue. Tous les scientifiques en conviennent. On en parle depuis très longtemps. Des pas décisifs ont été franchis ces dernières années. Je pense qu’il y a un excellent travail qui est en train de se faire et c’est très important’’, a-t-elle insisté.
En effet, si autrefois les langues nationales ne vivaient que par l’oralité, de plus en plus, il existe des ouvrages faits en langues nationales, particulièrement en wolof. D’ailleurs, dans le cadre du ‘’Pencum Maam Yunus’’, plusieurs ouvrages ont été présentés par les différentes maisons d’édition connues en langues nationales. Directrices des éditions Ejo, Ndèye Codou Fall se félicite : ‘’Cette exposition a pour objectif de montrer aux uns et aux autres qu’il y a beaucoup d’ouvrages écrits en langues nationales. Outre Ejo, ont participé à cette exposition d’autres maisons comme Osad, CNRE et Ared. Nous avons tenu à offrir plus de visibilité à tous ceux qui produisent dans nos langues’’.
Cette éclosion, selon Penda Mbow, dénote un certain regain d’intérêt salutaire. Elle affirme : ‘’Il y a un regain de dynamisme culturel et intellectuel dans ce pays qui est très rassurant. Cela veut dire que ce qui a été semé il y a plusieurs années par les anciens est en train d’éclore. Et je ne vois pas ce qui pourrait stopper ce processus. Nous devons tous nous battre pour faire de ce pays un pays modèle en termes de citoyenneté, inclusive, participative. Un pays où tout le monde peut accéder à l’information et exercer pleinement sa citoyenneté.’’
Pour Coura Sarr, auteure de ‘’Pexe du Niak’’ (conte), l’Etat parle beaucoup, mais fait très peu pour les langues nationales. Rappelant que le Sénégal a commencé l’apprentissage des langues nationales avant tous les autres pays africains, elle déplore : ‘’Aujourd’hui, tous les pays nous ont dépassé, à cause de notre manque d’engagement et de respect pour nous-mêmes, nos valeurs. Dans la vie, avant de s’ouvrir aux valeurs des autres, à la langue d’autrui, il faut d’abord et avant tout s’appuyer sur ses propres valeurs. Même Dieu nous l’enseigne, car Il a envoyé tous les prophètes qui ont parlé à leurs peuples dans leur propre langue. Pas dans des langues qui leur sont méconnues. Il y a dans ce pays un manque d’estime de soi, qui ne s’explique pas.’’
Celle qui aime se définir comme quelqu’une qui n’a jamais été à l’école française, qui a fait ses humanités au centre social de Pikine dans les années 1970 jusqu’à écrire son premier livre en français, estime que l’œuvre de Mame Younousse doit être davantage vulgarisée, car plein d’enseignements. Elle a su interpréter merveilleusement deux des textes de l’illustre écrivaine : en l’occurrence ‘’Xarit’’, un hymne à l’amitié, et ‘’Rej May Deju’’, consacrée à l’épouse africaine, sénégalaise modèle.
BOUBACAR BORIS DIOP LIVRE SA LEÇON INAUGURALE AVEC MAESTRIA AU SALON DU LIVRE
L'auteur a parlé des conséquences du confinement sur la littérature. " Ce virus habile à se répliquer et à déjouer les conclusions des laboratoires, résiste autant pour l’heure au vaccin qu’à la narration romanesque", a-t-il fait savoir .
Le ministre de la Culture et de la Communication, M. Abdoulaye Diop, a procédé hier la cérémonie de lancement de la seconde édition du Salon national du livre. Cette édition, qui se déroule à la Place du Souvenir, a pour parrain le Pr Amadou Ly.
Au cours de la rencontre, l’écrivain Boubacar Boris Diop a livré la leçon inaugurale avant de procéder à la cérémonie de dédicaces de son roman « Murambi, le livre des ossements », édité par la maison d’édition Flore Zoa.
Le ministre de la Culture et de la Communication, M. Abdoulaye Diop, a tenu à féliciter le parrain et s’est réjoui de cette initiative de la Direction du Livre et de la Lecture qui envisage de valoriser un peu plus la littérature sénégalaise. A la suite de cela a démarré la conférence inaugurale du journaliste, écrivain, essayiste et romancier Boubacar Boris Diop, lauréat du “Neustadt International Prize for Literature 2021”, un prix littéraire américain. « En fait, le Covid 19 a affecté autant les corps que les esprits et c’est parce qu’il a largement débordé le champ de la médecine qu’il est légitime de le rapporter à toutes les questions de société y compris à celles qui relèvent de l’imaginaire et des rêves », a d’emblée annoncé le célèbre écrivain.
Poursuivant son exposé, qui portait sur le thème « Covid et littérature », M. Diop a abordé les nombreuses difficultés que cette situation a entraînées au niveau des maisons d’édition. « Au cours de la pandémie, les grands studios et les maisons d’édition spécialisées dans les best-sellers ont beaucoup salivé. La relation de la littérature à la pandémie du Covid-19 est aussi en extériorité : - Confinement ; opportunité de lecture intensive pour le commun des mortels. Vagabondage de la mémoire. Evasion des lieux clos », a indiqué le conférencier.
Abordant la dernière partie de son exposé, il a surtout parlé des conséquences du confinement sur la littérature. « Ce virus habile à se répliquer et à déjouer les conclusions des laboratoires, résiste autant pour l’heure au vaccin qu’à la narration romanesque. Mais il n’a pu que céder aux avances de la poésie. Et c’est pour cela que je voudrais conclure. C’est le confinement qui a engendré une profonde inimitié entre le Covid 19 et la littérature », a soutenu Boris Diop.
A la fin de cette belle séance, il a procédé à la dédicace de son ouvrage « Murambi, le livre des ossements » dont la maison d’édition Flore Zoa a acquis les droits pour en assurer une large diffusion en Afrique noire, histoire de faire connaître cette page sombre de l’histoire de notre continent. Le roman paraîtra officiellement à la fin du mois de janvier 2022, mais est actuellement disponible au salon national du Livre.
Pour rappel, le parrain, Amadou Ly, a enseigné la littérature africaine d’expression française pendant quarante ans à l’UCAD. Il a été choisi par le comité scientifique de l’événement dirigé par la femme de Lettres Mariama Ndoye, conservatrice du musée Léopold Sédar Senghor. Enseignant à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’UCAD, Amadou Ly est membre du jury du concours de haïku (poème japonais) au Sénégal, depuis 1984. Cette présente édition prendra fin le 5 décembre courant
WALLY SECK NOMMÉ AMBASSADEUR
L’artiste musicien Wally Ballago Seck a accepté d’être l’ambassadeur du centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), à l’occasion de la 29ème édition de la foire internationale de Dakar (FIDAK) prévue du 6 au 20 décembre, a appris l’APS
L’artiste musicien Wally Ballago Seck a accepté d’être l’ambassadeur du centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), à l’occasion de la 29ème édition de la foire internationale de Dakar (FIDAK) prévue du 6 au 20 décembre, a appris l’APS des organisateurs. .
"Wally Ballago Seck a accepté aussi bien d’être l’ambassadeur du CICES, de la FIDAK, mais aussi il a accepté de venir jouer durant la foire’’, a annoncé, mercredi, à l’APS, le directeur commercial et partenariats du CICES, Jean-Claude Ngom.
Cette édition dont le Pakistan sera pays d’honneur, a pour thème "Promouvoir l’agrobusiness pour un développement économique et social durable".
Cet artiste, selon M. Ngom, fait partie des grosses pointures de la musique sénégalaise et ses concerts au CICES donneront au public la chance de payer moins que ce qu’ils ont l’habitude de débourser pour ce genre de spectacle.
"Tout ça permet à cette population, qui a été fortement impactée socialement par rapport à cette pandémie de pouvoir trouver un créneau pour se divertir", a-t-il fait valoir.
Mémoriales, par elgas
KHADY SYLLA, ANGE TRAGIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Écrivaine et cinéaste, elle a eu une vie mouvementée, faite de grands espoirs et de tragédies de l’infortune. Un ange aux prises avec ses démons
Écrivaine et cinéaste, Khady Sylla a eu une vie mouvementée, faite de grands espoirs et de tragédies de l’infortune. Un ange aux prises avec ses démons. Retour sur la trajectoire d’un esprit libre.
Cheveux courts, sourire angélique, regard perçant, charisme engageant, visage pictural. Elle ne passe pas inaperçue dans les couloirs de Vanvo malgré son jeune âge. L’adolescente en impose, par une simplicité et une grâce naturelles, qui soulignent davantage son engagement précoce dans la vie du lycée. Le lycée Van Vollenhoven, du nom de ce bref gouverneur de l’AOF, est un des temples dakarois du savoir, de ceux qui ont vu éclore nombre de talents nationaux, et sous-régionaux. Dans les années 60, il abrite une jeune élite et se fait caisse de résonance de l’activisme qui s’empare du pays. Un vent de fraicheur dégrise l’humeur nationale, les idées marxistes foisonnent et séduisent. La jeunesse des lycées est à la pointe des nouveaux combats politiques, notamment partie prenante de la grève générale de 68 qui embrase le pays.
Vanvo et Janson-de-Sailly, berceaux d’un engagement
Khady Sylla y entre une bonne dizaine d’années plus tard, elle sera une héritière de cette période faste. Profil en vue, militante dans les associations du lycée, toujours sur le pont à l’affût des AG, la bonne élève, férue de philosophie dont elle collectionne les tableaux d’honneur, a une allure de favorite. Protégée de la terrible et inénarrable madame Kodjo, professeur excentrique de philosophie et épouse de l’éminent Edem Kodjo, la jeune élève se distingue particulièrement et manifeste un goût prononcé pour la liberté. Quels rêves peuplent alors la tête de cette jeune fille, qui marque et séduit presqu’unanimement ceux qu’elle rencontre ? La culture large de cette grande lectrice, qui voit aussi le cinéma s’épanouir dans la capitale avec l’ouverture et la vie des premières salles de projections, lui ouvre le champ des possibles.
C’est à Janson-de-Sailly, prépa prestigieuse de Paris, tout juste moins courue qu’Henri IV ou Louis-le-Grand, qu’elle prend ses quartiers en hypokhâgne à l’automne 1981. Récompense de l’élite scolaire sénégalaise qui y est envoyée avec de grands espoirs, la prépa en France a ses mythes. De Senghor à Bachir Diagne, c’est une fabrique de la crème nationale, avec ses splendeurs et ses misères, ses tragédies et ses mirages, ses solitudes aussi. L’aube des promesses. La gloire s’y esquisse comme l’anonymat pourtant. Dans cette loterie à plusieurs inconnues, les nouveaux impétrants ont le temps de l’insouciance et du rêve.
Dans la compétition humaine
Khady Sylla y débarque, jeune, candide, dynamique, avec dans ses bagages de solides acquis. Au sein de l’établissement sis rue de la Pompe, dans le 16e arrondissement parisien, il faut côtoyer les forts en thème et autres cracks d’extraction bourgeoise, et se soumettre au régime drastique de cette usine à produire les meilleurs. D’autant plus compliqué que la jeune fille change d’environnement, découvre un pays, et est sans attache.
La sénégalaise est toutefois chanceuse, elle fait très vite la rencontre d’une camarade, venue du Sud de la France, qui deviendra une amie, Anne Villacèque. Les deux camarades habitent au foyer des lycéennes de la rue du docteur Blanche où toutes les filles des classes préparatoires parisiennes faisaient leur internat : elles sont environ 500. Elles découvrent ensemble la coloration monochrome de cet environnement. Anne Villacèque se souvient avec précision de cette classe, berceau français de son amie : « ce qui frappait au premier abord, ce n’était pas tant son élitisme intellectuel que sa composition sociale : il y avait là beaucoup d’élèves qui habitaient le quartier, et ce quartier, c’était le 16ème arrondissement de Paris, un arrondissement très chic, avec des élèves qui venaient de familles aisées ou même très aisées, et pour la plupart d’un milieu bourgeois traditionnel et catholique. » Mais Khady Sylla a de la ressource pour tenir la comparaison sur ce qui compte : les études.
Les prémisses d’une solitude, une souffrance silencieuse
L’arrachement, la solitude, le rythme frénétique ne lui font pas peur. D’autant que sa culture est là, présente, multiple : fine connaissance de la politique, des forces en présence, intérêt pour le cinéma, amour des livres. Elle fait bonne impression, participe en classe, prend la parole. Sans doute les AG de Vanvo, sa curiosité intellectuelle, lui ont déjà donné un certain aplomb, de l’expérience et une certaine assurance. Elle tient le rang dans cette compétition feutrée de la prépa, se remémore encore Anne Villacèque : « je crois sincèrement que le niveau de Khady était bien supérieur à la plupart de celui des autres élèves de cette classe : elle avait déjà une culture philosophique et littéraire très solide. Il me semblait qu’elle avait déjà tout lu ! Qu’il s’agisse de Nietzsche, de Platon, ou de Spinoza, elle voyait toujours très bien de quoi il retournait. Et au début de l’année, je m’en souviens, elle prenait volontiers la parole en classe, sans aucune timidité. C’était plutôt les autres qui ramaient »
Pendant deux ans, la jeune Khady Sylla, sous la protection de monsieur Renou, professeur « post-soixante-huitard avec des idées de gauche et un comportement attentif et courtois » qui l’encourage, est pleine de promesse. La voie des brillantes études s’ouvre pour elle : elle a en ligne de mire la prestigieuse École Normale Supérieure. Mais la discipline militaire qu’exige ce parcours, la compétition féroce pour les places, l’usent. Même si elle fait face avec honneur, dans ce panier de crabes, elle doit endurer une souffrance supplémentaire, silencieuse : la solitude, le manque de sa famille. Père enseignant, mère dans le monde du cinéma, c’est en mars 63 que Khady Sylla voit le jour. Le bain familial lui permet vite de côtoyer les livres mais aussi les films, via la mère, monteuse. Elle grandit dans une famille aimante et très vite s’émancipe, librement et sans tapages, des conventions traditionnelles de la société sénégalaise. L’ancrage familial est pour elle important, et ce manque la mine. Donnée commune de l’exil, elle est pourtant plus lourde sur les épaules fragiles de ces profils brillants, sur qui pèsent des attentes démesurées, et qui vivent l’angoisse de décevoir. Sous la carapace, sa sensibilité est pourtant là, souffrance tue, qu’Anne Villacèque ne découvrira que plus tard. « L’isolement prolongé par rapport à sa famille et à son pays a été très difficile à supporter pour elle. Elle était très jeune, c’était la première fois qu’elle s’en allait loin de chez elle, et sa mère en particulier lui a beaucoup manqué. Et puis, la société française, l’individualisme forcené qui y régnait, la dureté des rapports humains, tout ça elle ne l’a pas supporté. »
Sortie de prépa et début d’une période incertaine
À la sortie de cette prépa, elle s’inscrit finalement en licence de philosophie. Période tantôt faste, tantôt sombre, son compagnon d’alors, Lamine Badian Kouyaté, se souvient de leurs galères, entre Strasbourg et Paris. Fils du grand écrivain malien Seydou Badian Kouyaté, il a rencontré Khady Sylla sur les bancs de Vanvo. Ils vivotent dans la vie de bohême des milieux artistiques de la capitale, sans le sou, avec des rêves grondants. Khady Sylla tombe enceinte. C’est l’entrée d’un tunnel de fragilité, d’incertitude. La maternité, ses contraintes, deviennent la trajectoire de cette jeune fille qui voit déjà les grandes promesses entre aperçues s’enténébrer sur son horizon. Si l’amour pour son fils contrebalance cette situation, la jeune femme doit faire face à ce qui deviendra la longue ambiguïté de sa vie. Cette perpétuelle dualité qui la suit entre des ressources certaines, des aptitudes au-dessus de la moyenne et la réalité des entraves, des écueils, créent les conditions d’une insatisfaction chronique et désarmante qui entamera sérieusement sa psychologie. Lamine Badian Kouyaté se souvient « d’un esprit libre dans un carcan ». Toute l’ambition, l’appétit de découverte mais aussi de conquête de la jeune femme doivent affronter cette providence hostile. La fragilité de cette condition mine ses rêves.
Pour cette fille à la culture vaste et éclectique, qui navigue de registre en registre, la littérature est un refuge, et ses mentors des boussoles. Elle voue un culte à l’argentin Borges. Aime l’œuvre naissante du congolais Sony Labou Tansi. L’écriture s’esquisse comme la voix naturelle, celle pour laquelle, elle semble faite, celle pour laquelle elle a nourri un rêve continu. Elle fait par la suite une rencontre décisive, qui marquera un tournant dans sa vie personnelle et professionnelle. « Pendant quelques années, les dernières qu’elle a passées à Paris, Khady a vécu aux côtés d’un photographe de presse français qui avait vraiment compris sa valeur littéraire, Stéphane Weber. Ce photographe avait aussi une vraie connaissance de l’Afrique et du Sénégal, et il l’a encouragée à écrire sans qu’elle ait le souci permanent de trouver de l’argent. C’est comme ça qu’elle a pu terminer le « Jeu de la Mer » », se souvient Anne Villacèque.
Le Jeu de la mer, l’entrée en littérature
En 92, dans la collection Encres Noires des éditions l’Harmattan, parait cet ouvrage. On y note toute la pratique littéraire, un style riche, enjoué et porté sur le détail. De généreuses, pointues et belles descriptions, et un symbolisme à travers la mer, miroir, mythe fondateur légendaire, échappée, source d’équations irrésolues. Elle y agglomère toutes ses passions, le journalisme, le féminisme, et donne à voir dans cette saga, cette enquête, une palette, autour de Assane, un personnage central chargé d’élucider le mystère. Ainsi, page 154 : « Simplement, il se tint face à la mer. La braise s'était emparée de la totalité des flots. Les écailles d'or du crépuscule coulaient sur la face des eaux. Ce vide abyssal, paré de sa plus belle peau du soir, répercutait ses pensées. L'écheveau du doute s'était défait, avait cédé la place à la ligne droite et brève de la vérité. Ce qu'il venait de découvrir le ramenait vers son passé. La mer et le ciel embrasés se mettaient à ressembler à ce territoire intérieur, illuminé par une nouvelle et violente émotion. Il tourna le dos aux deux déserts éternels, reprit l'allée cernée de fleurs. »
Reçu timidement, Le Jeu de la Mer ne permet pas de vaincre le signe indien de l’infortune. Le texte séduit pourtant des professionnels du milieu littéraire, par sa force, ses images, son potentiel. Son texte est au cœur d’une querelle, elle est pressentie pour être primée, mais Khady, avec son inexpérience, suscite les moqueries et les jalousies. Dont celle d’un monstre comme Ousmane Sembène qui n’est pas avare en mots durs sur elle. L’épisode va la meurtrir. Elle décide peu après, en 94, de rentrer au Sénégal. Vivant désormais entre le Sénégal et la France, elle continue son errance. Son livre attire l’attention de Jean Rouch, grand cinéaste et lecteur attentif. Il est séduit, et ils envisagent ensemble de le mettre en image. Au gré des rencontres, elle se fera de nombreux contacts plus ou moins proches dans ce monde du 7ème art. Anne Villacèque se souvient bien de cette période, elle qui continuera malgré le temps qui passe à garder une complicité et des liens forts avec Khady Silla : « j’ai le souvenir de sa rencontre avec Alain Cuny, un acteur presque mythique en France, et qui était déjà alors très âgé. Il avait une sorte de vénération pour Khady. » Si l’écriture, son rêve premier, ne l’a pas conduite à la reconnaissance franche, et si sa situation reste précaire, ces retours et ces discussions aiguisent son appétit cinématographique. Elle se lance ainsi en tant que réalisatrice, et en 1999 puis 2005, sortent dans les salles obscures Colobane express, puis Une fenêtre ouverte.
Le bref salut du cinéma avant la plongée
Le premier film est remarqué, salué. On y sent les aptitudes qu’elle avait démontrées dans son travail littéraire, un regard, une vision du monde, un sens du détail, une esthétique. Ousmane Ndiaye, journaliste et grand admirateur de son travail, évoque son œuvre cinématographique marquante : « le cinéma de Khady Sylla m'a bouleversé en 2005 avec "Une fenêtre ouverte". C'est une parole puissante et touchante car profonde, simple, dépouillée d'artifice. Nulle posture chez la réalisatrice ! J'ai l'impression que dans chaque plan, chaque séquence, elle met en scène, en jeu, non pas des vies, un réel mais sa propre sa vie. C'est une mise à nu, de soi d'abord, courageuse et juste. Jamais nombriliste car elle n'est que prétexte pour parler des autres, de sa société.... Dans ses documentaires, elle s'affranchit, avec bonheur doublement : d'abord des tabous de sa société, ensuite du formatage esthétique et artistique. Rien de corseter, ni de formater dans son geste cinématographique. J'espère que son travail sera vu ou revu. » Même admiration chez Rama Thiaw, cinéaste qui a bien connu Khady Sylla : « elle avait une manière de filmer qui lui était propre, singulière et poétique. Inclassable et iconoclaste. Lorsqu’on évoque le travail de Khady de « Colobane Express », avec la vitalité d’une ville toujours en mouvement, de car rapide en car rapide. On y voit le fruit de beaucoup d’humour, car Khady aimait rire, non pas au dépend mais toujours avec… Avec une certaine tendresse, car elle en avait également pour les laissés-pour contre, pour les gens du Peuple, pour ceux que Djibril, l’un de ses mentors, surnommait avec cœur « les petites gens » ». Dans ses nombreuses quêtes, Khady Sylla aura aussi eu des amies chères, comme Aminata Sophie Dieye, Ken Bugul, deux écrivaines d’une certaine école de la liberté. Comme l’évidence d’un esprit de camarades à l’assaut des carcans d’une société figée.
Au milieu des tumultes, de la reconnaissance qui s’est jouée d’elle, de la solitude, des ennemis plus forts qu’elle, Khady Silla a tracé sa route tant bien que mal. Vers la fin de sa vie, ses troubles psychologiques l’ont davantage affaiblie et accablée. Elle qui avait encore des projets à venir, a dû se battre contre la maladie mentale, jusqu’à y rendre son dernier souffle en 2013. Une fin douce-amère sur la même tonalité qu’aura été sa vie, faite de clair-obscur et d’hésitation. Son œuvre et son parcours gardent cet écho des voix qui s’éloignent, tant le goût d’inachevé et le sentiment d’injustice persistent. Trace des souffrances de cet esprit brillant, bâillonné par les circonstances, qui endolorissent plus encore ceux qui l’ont connue. Autant d’ombres qui, jetées sur le parcours de sa vie, ont éteint sa voix sans jamais la faire taire.
QUE SAVOIR DU LAURÉAT DU PRIX NEUSTADT DE BOUBACAR BORIS DIOP
Comment allier le goût de la création romanesque et l'effroi d'une réalité où la cruauté est à son paroxysme? C'est l'ambition de Boubacar Boris Diop dans ce roman-témoignage sur les cent jours qu'a duré le génocide des Tutsi au Rwanda
Comment raconter l'irracontable et continuer à avoir foi en l'humanité ? Comment allier le goût de la création romanesque et l'effroi d'une réalité où la cruauté est à son paroxysme? C'est l'ambition de Boubacar Boris Diop dans ce roman-témoignage sur les cent jours qu'a duré le génocide des Tutsi au Rwanda, du 7 avril 1994 au 15 juillet 1994.
Lauréat du grand prix de la République du Sénégal pour les Lettres en 1990 avec Les tambours de la mémoire, Boubacar Boris Diop a aussi été distingué en 2018 par le "Harold and Stellfox Award" de Dickinson University pour l'ensemble de son œuvre.
Classé parmi les 100 meilleurs livres africains du vingtième siècle par le "Zimbabwe International Book Fair", Murambi, le livre des ossements vient de remporter, à l'unanimité des membres du jury, le prestigieux "Neustadt International Prize for literature" de l'université d'Oklahoma et de la revue World Literature Today.
Auteur de plusieurs romans en français et en wolof, essayiste, Boubacar Boris Diop a fondé à Dakar EJO-Editions qui publie dans les langues nationales sénégalaises.
"Grâce à son talent de créateur, l'écrivain sénégalais fait pénétrer dans nos consciences les noms et les visages des victimes de la sanglante tragédie rwandaise. Murambi, le livre des ossements permet aussi de mesurer la responsabilité, souvent occultée, des puissances occidentales dans les grandes tragédies africaines."
Sembène Ousmane
La maison d'édition Flore Zoa a acquis les droits de Murambi, le livre des ossements en 2021 pour assurer une large diffusion en Afrique noire de cette page sombre de l'histoire de notre continent.
Le roman paraîtra officiellement à la fin du mois de janvier 2022, mais vous pouvez d'ores et déjà acquérir par avance un exemplaire dédicacé de l'auteur lors SALON NATIONAL DU LIVRE DU SÉNÉGAL qui se tiendra du 2 au 5 décembre prochain à Dakar. La séance de dédicaces est prévue le jeudi 2 Novembre à 13h à la Place du Souvenir Africain. STAND de la maison d'édition Flore Zoa. Cette édition coûte 6500CFA.
MISS SENEGAL, ABDOULAYE DIOP VEUT S'IMPLIQUER DANS L'ORGANISATION
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, ne rejette pas l’idée de revisiter l’organisation du concours Miss Sénégal. D’ailleurs, il assure qu’une réflexion a été entamée dans ce sens et elle se poursuit toujours.
Emédia |
Adama Aidara Kante |
Publication 01/12/2021
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, ne rejette pas l’idée de revisiter l’organisation du concours Miss Sénégal. D’ailleurs, il assure qu’une réflexion a été entamée dans ce sens et elle se poursuit toujours. « Il faut qu’on aide les gens à mieux encadrer, mieux réorganiser cet évènement », souligne-t-il, lors du vote du budget de son département au Parlement.
Il faut rappeler que la polémique autour de l’organisation de Miss Sénégal fait suite aux révélations de l’ancienne lauréate de l’édition 2020, Ndèye Fatoumata Dione. Elle a révélé avoir été victime d’un viol suivi de grossesse avec un enfant de 5 mois dont elle ignore le père. Fatima révèle avoir été écartée par le comité de Miss Sénégal parce qu’elle refusait certaines faveurs, à caractère sexuel notamment, qu’on lui demandait.
Une grave accusation qui a suscité un tollé dans le monde du showbiz. Amina Badiane a bien tenté de se laver à grande eau, mais sa langue a trébuché. Ainsi, lors d’une conférence de presse, elle a asséné : « Si on te viole, c’est que tu l’as bien cherché ». Cette phrase maladroite n’est pas restée sans conséquence. Elle a été accusée de faire l’apologie du viol. Ses molles excuses via les réseaux sociaux n’ont pas convaincu. Pis, d’anciennes Miss ont dénoncé le fonctionnement malsain du système.
DARA J FAMILY, QUAND LE RAP SÉNÉGALAIS S'EXPORTE
Ils ont réalisé leur rêve d’artiste : Faada Freddy et Ndongo D, deux garçons de la Médina de Dakar forment le duo à succès qui s’est produit à plusieurs reprises sur les scènes internationales. Un groupe de rap d’une longévité exceptionnelle
Ils ont réalisé leur rêve d’artiste : Faada Freddy et Ndongo D, deux garçons de la Médina de Dakar forment le duo à succès Daara J Family qui s’est produit à plusieurs reprises sur les scènes internationales. Un groupe de rap d’une longévité exceptionnelle, mais qui a su rester fidèle à ses origines : c’est le coup de cœur d’Aminata Thior.
DAVID DIOP MET LA FRANCE DES LUMIÈRES FACE À L'ESCLAVAGE
Dans son nouveau roman, « La Porte du voyage sans retour », l’auteur sénégalais installé à Pau raconte le voyage du botaniste français Michel Adanson au Sénégal, dans les années 1750
Jeune Afrique |
Nicolas Michel |
Publication 28/11/2021
Après Frère d’âme, prix Goncourt des lycéens en 2018 et Booker Prize International en 2021, David Diop publie aux éditions du Seuil La Porte du voyage sans retour. Dans un style totalement différent de celui de son livre précédent, l’écrivain d’origine sénégalaise raconte le voyage au Sénégal, au XVIIIe siècle, du savant français Michel Adanson (1727-1806). Partiellement inspiré de personnages réels, ce texte à l’écriture précise raconte l’évolution d’un homme des Lumières façonné par les préjugés de son époque et dont les certitudes sont progressivement mises à mal par l’amitié et, surtout, par l’amour.
Jeune Afrique : Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
David Diop : J’en ai eu l’idée il y a une quinzaine d’années, quand j’ai lu le récit de voyage que Michel Adanson a publié en 1757, racontant ses quatre ou cinq années passées au Sénégal au début des années 1750. Trois ans après son retour, il rédige un texte qui devait faire office d’introduction générale à son Histoire naturelle du Sénégal. J’ai été frappé par l’originalité de son regard et par la qualité de son écriture. Il sait raconter son voyage et se mettre en scène avec les « Nègres du Sénégal », comme il les appelle. Et comme il est savant, il observe leur société de façon méthodique.
Quand j’ai lu son texte et que j’ai vu des mots, des noms, des réalités que j’ai moi-même connues au Sénégal, cela m’a extrêmement intéressé, au point que c’est de lui qu’est partie mon idée de créer un groupe de recherche sur les représentations européennes de l’Afrique aux XVIIe et XVIIIe siècles. Sur place, il essaie de savoir – c’est d’ailleurs une instruction qui lui était donnée par les frères Jussieu, membres éminents de l’Académie royale des sciences de Paris – quelles pouvaient être les propriétés des plantes qu’il était venu décrire.
Michel Adanson, c’est avant tout un botaniste.
Oui, et il fait l’épreuve de ces plantes par son corps. C’est une attitude propre aux philosophes et aux savants des Lumières, l’expérimentation. Son autre originalité, c’est qu’il apprend le wolof parce qu’il a compris que les propriétés de ces plantes sont connues par un petit groupe de personnes, hommes ou femmes, que les traducteurs de l’époque n’étaient pas en mesure de comprendre.
Comment avez-vous travaillé sur ce personnage bien réel pour bâtir votre fiction ?
J’ai prélevé des indices. Un jeune historien sénégalais qui s’appelle Ousmane Seydi a attiré mon attention sur le fait qu’au Muséum d’histoire naturelle de Paris sont conservés des brouillons rédigés par Michel Adanson. Lesquels contiennent des contes et des légendes en wolof qu’il a conservés dans le but d’écrire son Histoire naturelle du Sénégal. Il ne s’agissait pas seulement pour lui de classifier des plantes, mais aussi de décrire des hommes et leurs sociétés.