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26 novembre 2024
Culture
LES PIÈCES DU PUZZLE DE LA RESTITUTION DES OEUVRES D'ARTS DU SÉNÉGAL PILLÉES SE CONSTITUENT
Le Musée des civilisations noires (Mcn) a mis sur pied une commission spéciale pour la restitution des collections sénégalaises spoliées en période coloniale et conservées dans les musées occidentaux
Le Musée des civilisations noires (Mcn) a mis sur pied une commission spéciale pour la restitution des collections sénégalaises spoliées en période coloniale et conservées dans les musées occidentaux.
La restitution du sabre d’El Hadji Omar Tall, enregistrée dans le patrimoine français comme étant « inaliénable et restituable », le 17 novembre 2019, est le premier acte de la vague de retour des œuvres africaines à la source. C’est dans cette veine que des acteurs culturels et universitaires se sont retrouvés hier, au musée des civilisations noires (Mcn), afin de s’atteler à l’installation officielle de la commission supérieure chargée de l’inventaire et du pilotage de la restitution des biens sénégalais spoliés par les Occidentaux.
Ainsi, ces acteurs se joignent à la revendication des communautés pour la restitution des œuvres confisquées par les pays occidentaux, notamment lors de la période coloniale. « Restituer », selon la définition du Petit Larousse, c’est rendre quelque chose à son propriétaire légitime. Et les peuples, notamment du Sénégal et du Bénin, ont réclamé des collections conservées dans les musées occidentaux. Pour ce faire, des démarches sont entreprises dans ce sens avec entre autres l’installation d’une commission opérationnelle qui se chargera de l’inventaire et celle qui a la charge de la restitution. Directeur du Musée des civilisations noires, Pr Hamady Bocoum, l’hôte de l’initiative, indique : « La mission de la commission, c’est de répertorier, de documenter, piloter le retour et la réinterprétation des objets afin d’en ramener le maximum possible dans nos pays. » Et dans un autre sens, il s’agit de faire le même travail pour inventorier les objets qui sont dans nos terroirs pour ne pas les perdre. D’autant qu’aujourd’hui, l’Afrique s’interroge sur son futur et travaille pour son unité.
Par conséquent, ce n’est pas seulement la question politique qui est en jeu, car cette dernière est dans une logique de diversité territoriale. Or, la continuité culturelle ignore les frontières héritées de la colonisation. « C’est cette puissante gomme qui doit être manipulée pour faire de sorte que la vague annoncée de la restitution ne nous foudroie pas, mais que nous surfions plutôt sur la vague pour revisiter nos continuités culturelles. Seulement, on ne doit pas oublier le reste. Car il y a des créateurs qui continuent de créer, du fait que le patrimoine de demain, c’est l’œuvre d’aujourd’hui. Il s’agit de réécrire notre histoire », assume le directeur du musée des civilisations noires.
PR HAMADY BOCOUM : L’AUTHENTICITE DES ŒUVRES AFRICAINES EST UN LEURRE
La question de l’authenticité souvent brandie par certains connaisseurs des arts est battue en brèche par le Pr Bocoum. Ce qu’ils appellent art africain est, selon le directeur du Mcn, un leurre. Car la plupart des objets qui sont dans les collections des occidentaux, de l’avis de Pr Bocoum, auraient été détruits et reconstruits. Parce que, explique-t-il, la culture africaine est dynamique : « On fait une production, elle finit son cycle de vie et d’autres productions sont faites. » Le musée à l’occidental est également renié par l’ancien directeur du patrimoine. Sur la question, M. Bocoum indique qu’il faudrait avoir une vision propre à l’Afrique. C’est dire que « nos espaces de concertations des œuvres d’art ne sont pas des musées ethnologiques (étude de l’autre), non plus anthropologique (qui avait légitimé la thèse de stratification raciale), ni chromatique (n’étant pas un musée de l’homme noir). On est dans l’insubordination. Il n’y a pas de musée que l’on considère comme un modèle. Il faut toujours rester dans la créativité, l’inventivité voire progressivement inventer un modèle que les populations comprennent, dans lequel elles se reconnaissent et qu’ils (ces musées) soient des espaces de rencontre ».
PAR Jean-Claude Djéréké
FAUT-IL DIRE MERCI À LA FRANCE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Talon devait-il dire merci à Macron pour la restitution des 26 œuvres d’art extorquées par la France ? Exprimer notre reconnaissance à un voleur qui, harcelé, vient nous rendre la montre qu’il a volée une heure plus tôt est absurde
“Je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela, mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle, le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. (…) Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique”, déclarait Emmanuel Macron le 28 novembre 2017 à l’Université Ouaga 1 (Burkina Faso).
En restituant, le 9 novembre 2021, 26 œuvres d’art appartenant au Bénin, Macron tient un engagement pris devant les étudiants burkinabè. Les œuvres restituées sont des “statues de trois rois de l’ancien royaume d’Abomey, objets d’art et objets sacrés, les trônes en bois sculpté des rois Ghézo (1818-1858) et Glèlè (1858-1889), un tabouret tripode, un récipient et couvercle en calebasse sculptée, les portes ornées du palais du roi Glèlè, des pièces de tissu, un sac en cuir”. Ces œuvres avaient été pillées lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales du général Alfred Amédée Dodds en 1892, avant l’envoi en exil en Martinique puis en Algérie du roi Béhanzin. Parler de pillage est une manière d’affirmer qu’il y eut “absence de consentement des populations locales lors de l’extraction des objets” et que “les acquisitions ont été obtenues par la violence, la ruse ou dans des conditions iniques” (Rapport Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sur la restitution des œuvres d’art spoliées, novembre 2018). Selon des experts, au moins 90 000 objets d'art d’Afrique subsaharienne seraient dans les collections publiques françaises et 70 000 d’entre elles auraient atterri au musée du quai Branly construit par Jacques Chirac et ouvert depuis juin 2006.
L’action du président français est d’autant plus méritoire que Jean-Marc Ayrault avait opposé, le 27 juillet 2016, un “non” ferme à la demande du président béninois au nom de l’inaliénabilité du patrimoine. Pour Ayrault, non seulement une telle demande devait se faire sur la base de conventions internationales, par exemple la convention de l’UNESCO du 14 novembre 1970 relative à la protection des biens culturels, mais elle avait peu de chances d’aboutir parce que les critères de l’UNESCO en la matière sont extrêmement difficiles. Si Macron n’a pas suivi le dernier ministre des Affaires étrangères de François Hollande, il n’a pas non plus écouté les marchands d’art et les collectionneurs privés qui voient la restitution comme une opération de charme si l’on en juge par les propos de Bernard Dulon : “Comme la France a perdu toute forme de prédominance en Afrique, le président a proposé les restitutions aux dirigeants africains pour conserver des marchés face à la Chine”. Le président du collectif des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés poursuit : “C’est une hypocrisie totale. On a pillé le continent africain depuis mille avant Jésus Christ, on continue à le faire et on voudrait nous faire croire qu’en rendant trois masques et quatre fétiches on va se dédouaner. C’est un peu délicat. Je pense que la restitution est un problème uniquement politique mis en avant par le gouvernement français qui peut encore résister à l’invasion chinoise en donnant quelques objets que les Chinois n’ont pas. Mais c’est, très clairement, du néo-colonialisme.” Dulon soutient ainsi que l’initiative de Macron n’est point désintéressée. Le président béninois pense-t-il comme Bernard Dulon ? On est tenté de répondre par la négative au regard de l’hommage appuyé que Talon a rendu à son homologue français : “Merci au Parlement et au peuple français, pour ce geste combien symbolique et inespéré, avec toute sa charge d’émotions et de polémiques. Par ma voix, c’est le peuple béninois tout entier qui vous exprime sa gratitude et ses félicitations pour votre clairvoyance et votre courage qui ont permis de franchir le cap du tabou de la restitution. À Cotonou, demain à leur arrivée, elles seront célébrées, mais vous aussi. La France sera célébrée aussi.”
Talon devait-il dire merci à Macron pour la restitution de ces 26 œuvres d’art extorquées par la France ? Notre réponse est non. Pourquoi ? Premièrement, parce que le compte n’y est pas du tout. Les pièces restituées ne représentent que des miettes à côté des dizaines de milliers d’objets d’art africains qui se trouvent dans les musées français. C’est très peu de choses, une dérisoire récolte qui laisse forcément un sentiment de “victoire” au goût d’inachevé. On comprend donc que Patrice Talon déclare : “Il est regrettable que cet acte de restitution, si pourtant appréciable, ne soit pas de portée à nous donner entièrement satisfaction. En effet, comment voulez-vous qu’à mon départ d’ici avec les 26 œuvres, mon enthousiasme soit total pendant que le Dieu Gou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge, la tablette du fâ, œuvre mythique de divination du célèbre devin Guèdègbé, et beaucoup d’autres, continuent d’être retenus ici en France, au grand dam de leurs ayants droits ?”
Deuxièmement, la France restituant au Bénin ce qu’elle lui vola hier ne peut pas être mise sur le même plan qu’une personne qui nous laisse sa place dans un bus ou qui nous laisse passer devant elle dans une file parce que nous sommes malades. En d’autres termes, exprimer notre reconnaissance à un voleur qui, harcelé et pris de remords, vient nous rendre la montre ou la bicyclette qu’il a volée une heure plus tôt est non seulement déplacé mais absurde. Le merci n’a pas sa place ici quand on sait que la même France continue de piller l’or du Mali, l’uranium du Niger, le pétrole du Congo et du Gabon. Le seul mérite de Macron, dans cette affaire de restitution, réside dans le fait que son gouvernement a fait ce que le précédent gouvernement refusa de faire. On peut et on doit lui reconnaître d’avoir eu le courage de ramer à contre-courant d’une opinion majoritairement opposée à la restitution des objets que la France avait indûment accaparés. On peut saluer le courage dont il a fait preuve sans lui dire merci. Bref, il ne s’agit nullement de remercier un bienfaiteur qui n’en est pas un mais de prendre acte d’une justice rendue à des peuples dont on a prétendu qu’ils n’avaient ni histoire ni civilisation.
Beaucoup d’Africains, en suivant la cérémonie de restitution des 26 œuvres d’art de la France au Bénin, ont dû se souvenir de ces paroles d’Aimé Césaire : “On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes. Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.” (cf. ‘Discours sur le Colonialisme’, Paris, Présence Africaine, 1950). En attendant que le Tchad, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali et d’autres pays africains récupèrent leurs objets d’art, on ne peut que souscrire à l’analyse de Michel Adovi Goeh-Akué, professeur d’histoire à la retraite : “L’Afrique a une civilisation, elle a des éléments de civilisation et il faut rendre ces choses aux Africains pour qu’ils puissent en jouir et les présenter comme l’âme de leur peuple. Il est important que toute l’Afrique retrouve son âme et sa mémoire à travers ces œuvres qui sont gardées là-bas.”
GÀCCE NGAALAAMA,MBUGAAR !
Senegaal amati na ndam ci 3eelu fan ci weeru nowàmbar wii, jaare ko ci benn ciy doomam, di Muhamet Mbugaar Saar, ab bindkat. Moom mii Farãs tappal na ko raaya bu am solo, muy Prix Goncourt bu atum 2021
Senegaal amati na ndam ci 3eelu fan ci weeru nowàmbar wii, jaare ko ci benn ciy doomam, di Muhamet Mbugaar Saar, ab bindkat. Moom mii Farãs tappal na ko raaya bu am solo, muy Prix Goncourt bu atum 2021. Muy raaya bu ñëw topp ci yeneen yu mu fi jotoon a am.
Muhamet Mbugaar di xale bu am 31 at doŋŋ, juddoo Ndakaaru ci 20eelu fanu suweŋ, ci atum 1990. Doomu Séeréer bu màgge Jurbel la, te jànge ‘‘Prytanée Militaire de Saint-Louis’’ bi ñépp a xam. Foofa la ame lijaasam bii di “Baccalauréat”, laata muy àggaleji njàngam ca Farãs, ca ‘‘Lycée Pierre d’Ailly’’ ak ‘‘Ecole des hautes études des sciences sociales’’. Moom nag, li muy gune yépp, jotoon nañu koo tappal ay raaya yu bare. Jëloon na fi Grand prix du roman métis ak Prix Ahmadou Kourouma ca atum 2015 ak Prix Littéraire de la Porte Dorée ca atum 2018. Persidaa Maki Sàll itam sargaloon na ko fi, defoon ko Chevalier de l’Ordre du Mérite ca atum 2015. Ci téere yi waral jaloore yooyu, man nañ cee lim : La Cale (2014), Terre ceinte (2015), Silence du choeur (2017) ak De purs hommes (2018). Dëgg-dëgg, xale bu jàmbaare la, ndax ku gis ay jalooreem ak li mu bind yépp, dinga xam ni ku xareñ la, mën na li muy def, te it raw na ay maasam !
Prix Goncourt, niki beneen bi ñuy woowe Renaudot, raaya la bu ñuy joxe at mu ne ca Farãs, ngir sargal bindkat bi gën a ràññeeku ci bindkati téereb nettali yiy jëfandikoo làkkuw nasaraan. Waaye ñépp xam nañu ne, làkk woowu jéggi nay digalooy Farãs bay law ci àddina si yépp, ndax, daanaka, ay fukkiy miliyoŋi nit ñooy jëfandikoo làkk woowu. Kon nag, Prix Goncourt, raaya bu am solo la ; cuune du ko gàddu, doonte ci way-jëfandikoo farañse yi rekk la yem.
Prix Goncourt bu mag boobu la doomu Senegaal bi gàddu gannaaw René Maran (ca atum 1921) ak Mari Njaay (ci atum 2009). Kon nag, gàcce ngaalaama, Muhamet Mbugaar !
Li tax ñu tànn ko ci biir bindkat yi bare yooyu doon xëccoo raaya bi, mooy ñeenteelu téereem bi mu bind, duppe ko La plus secrète mémoire des hommes. Muŋ ciy nettali jaar-jaaru bindkat bu xareñoon, ku ñépp séentu woon ca kaw, waaye mu mujjee daanu ba ñépp fàtte ko, ndax rekk, ñàkk dégg-dégg bi nit ñi wone woon ñeel i mébétam. Mu mel ne, kàngami Goncourt yi doon àtte ngir tànn mbër mi leen doy, dañoo yéemu ciy xalaati Mbugaar yu xóot yi, waaye rawati-na ci xereñ gi mu wone ci mbindinam.
Li gën a neex ci raaya Mbugaar bile, mooy bés bi mu ko amee, dafa xaw a yemook 7eelu fanu nowàmbar, di Journée internationale de l’écrivain africain, maanaam bés bi ñu jagleel bindkati Afrig yi. Bés boobu, li ëpp ci bindkati Senegaal yi daje woon nañu ci seen béréb bu siiw boobu di Kër Biraago gu bees. Ñu bare ci ñoom nag jot nañu faa jël kàddu, rafetlu xew-xew bi, biral seen mbégte ci jaloore ju ni mel.
Teewul nag, am ñeneen ci réew mi, ñu yékkati seen baat di ŋàññ Mbugaar ndax ñàkk a rafetlu ay bindam. Waaye loolu, jeneen wax la, ndax dañuy jàpp rekk tontuy Mbugaar ci boppam : “Na nit ñi jàng téere bi ba noppi, buñ amee lu ñuy wax, ñu wax ko”.
Ci sunu wàllu bopp, ci wax jooju lanu jàppandi ba ba nuy jàng téereem yi indi coow lépp. Kon, nu waxati ko : “Gàcce ngaalaama, Mbugaar !”
YAMBO OUOLOGUEM, L'ÉCRIVAIN PRODIGE OUBLIÉ
Il a été un écrivain encensé par la critique avant d'être accusé de plagiat et de se murer dans le silence. Oublié de tous, c'est à la faveur du dernier prix Goncourt, inspiré par sa vie, que l'on a redécouvert l'homme au destin tragique et son œuvre
France Culture |
Elsa Mourgues |
Publication 16/11/2021
"L’Africain en général a vécu dans une espèce d’attitude somme toute qui est celle d’un esclave. Dans la mesure où il se définissait non point tant par rapport à une espèce d’authenticité propre à son terroir, mais par rapport aux critères de la civilisation blanche." Ainsi parlait Yambo Ouologuem, écrivain aux propos provocateurs. À 28 ans, il est le 1er écrivain africain a remporter le prix Renaudot, à contre-courant de la négritude. Il a connu une ascension fulgurante, la gloire puis l’opprobre. Honni par ses pairs, il a fini sa vie reclus, en ermite. C’est cette vie brisée qui a inspiré La Mémoire secrète des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
Un écrivain doué et provocateur
Yambo Ouologuem est issu d’une famille de notables maliens, au pouvoir avant l’arrivée des Français. En 1960, il entame des études prestigieuses à Paris : prépa au lycée Henri-IV, École Normale Supérieure, doctorat...
Érudit, polyglotte, il enseigne au lycée mais dédie son temps libre à l’écriture. Pendant des années, il remanie un roman sans cesse refusé par les éditeurs.
- Je pense que j’ai peut-être, si vous voulez, la vocation d’une œuvre dans la mesure où... - D’une œuvre ? - Oui. Pas d’un métier.
Interview de Yambo Ouologuem en 1968, ORTF.
Yambo Ouologuem fait finalement une entrée fracassante dans le monde de l’écriture avec Le Devoir de violence, fresque historique et critique montrant la violence et la corruption des élites africaines, pour lui "le colonialisme blanc n’est qu’un mince épisode dans une suite d’exactions qui trouve son origine avec la dynastie des notables africains, ensuite celle de la conquête arabe, enfin la période proprement dite de l’occupation française."
20 films de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre vont être projetés dans le cadre du Festival international sur la migration (Gmff) organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim)
20 films de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre vont être projetés dans le cadre du Festival international sur la migration (Gmff) organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim). En conférence de presse hier, les organisateurs annoncent des projections jusque dans les zones rurales. Une façon de susciter une «meilleure perception des migrants».
Du 20 novembre au 18 décembre 2021, 20 films de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre seront en compétition dans le cadre du Festival international du film sur la migration (Global migration film festival, Gmff en anglais).
L’Organisation internationale pour les migrations (Oim), qui organise l’évènement, était en conférence de presse hier. «L’objectif du Gmff est de susciter, à travers les productions cinématographiques, une plus grande attention sur les questions liées à la migration, mais également une meilleure perception et une attitude positive envers les migrants», expliquent les organisateurs.
Pendant toute la durée du festival, des projections seront organisées dans chacun des pays ciblés à savoir, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Côte d’ivoire, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Nigeria, République Centrafricaine, Sénégal, Sierra-Leone, Tchad. Ces projections auront lieu dans des espaces variés comme les cinémas, les salles de concerts, en passant par les écoles et les universités, jusqu’aux zones difficiles d’accès des communautés rurales. «L’objectif est de créer un espace de dialogue sur ce sujet très complexe qu’est la migration», indique Amanda Nero de l’Oim. «Les films ont le pouvoir de montrer différentes facettes de la vie, ce qui peut aider les spectateurs à cultiver une empathie plus profonde pour les migrants ainsi qu’une meilleure compréhension de leurs réalités, besoins, perspectives et capacités», explique l’Oim en présentant cet évènement.
Pour la première fois, un appel à films a été lancé, qui a reçu 160 propositions. Deux catégories, court métrage et long métrage, seront en compétition. «Ce sera l’occasion de donner la parole à la communauté, à ces jeunes et femmes», indique Badara Fall de l’Oim. Les migrations sont donc intrinsèquement liées à l’histoire du continent. «En Afrique il y a deux choses qu’on ne peut pas interdire aux gens, c’est de bouger et de prendre la parole. C’est ici que l’homme est né et il a fallu qu’il peuple la planète. On est un continent de la mobilité», a souligné le Pr Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) et historien.
Le cinéaste Moussa Touré a aussi beaucoup travaillé sur les questions de migration. Pour le cinéaste, il s’agit d’un questionnement qu’il puise dans ses racines leboues dont une des activités d’enfant étaient de regarder cet horizon fuyant de l’océan. «Mon cinéma n’est pas voyeur, il est actif. Et j’ai toujours été dans le voyage et dans l’exil», dit-il. Sa filmographie rend compte de cet intérêt pour la migration et l’ailleurs. Moussa Touré est en effet le réalisateur de films comme La Pirogue, Toubab Bi, Tgv, Poussières de villes, entre autres qui abordent, chacun, une de ces thématiques.
Dans la sélection de cette 6e édition du Gmff, trois films viennent du Sénégal. Il s’agit de La Quête, un film d’animation de Pi Niang, Sega de Idil Ibrahim et la Maison Bleue de Hamedine Kane. On y retrouve aussi Le dernier refuge du Malien Ousmane Samassekou. Les films primés remporteront entre 100 et 1000 dollars selon les organisateurs. Le lancement, prévu le 19 novembre, verra la projection du film d’ouverture, Les forêts de Djibril de Thomas Ceulement et Saydou Kalaga. Le film raconte l’histoire d’un jeune berger sahélien qui cherche désespérément la forêt magique dont son grand-père lui parlait sans cesse.
4EME EDITION DU PRIX E-JICOM DE JOURNALISME, 11 PRIX EN COMPETITION DONT SIX SPECIAUX
Les Prix E-jicom de Journalisme ont été lancés depuis 2018 dans le cadre du projet Ethique et Excellence dans le journalisme (Eej) mis en oeuvre par E-jicom depuis 2017.
La quatrième édition des Prix E-jicom de Journalisme aura lieu le 22 décembre 2021, a annoncé la direction de l’Ecole supérieure de journalisme et des métiers de l’internet et de la communication (E-jicom), dans un communiqué. Après trois éditions réussies, celle-ci sera, pour les initiateurs, celle de la «consolidation».
Les Prix E-jicom de Journalisme ont été lancés depuis 2018 dans le cadre du projet Ethique et Excellence dans le journalisme (Eej) mis en oeuvre par E-jicom depuis 2017. Ces moments sont devenus une occasion «unique» dans la vie de l’E-jicom et de la presse sénégalaise dans son ensemble. Des «prix spéciaux», pour motiver les journalistes à produire davantage d’articles de qualité sur divers sujets, vont s’ajouter aux cinq prix décernés par l’E-jicom pour cette 4ème édition. Il s’agit du prix «droit des femmes», parrainé par Osiwa pour la seconde année consécutive. «L’actualité politique et sociale de notre pays montre qu’il y a encore du chemin à faire dans ce domaine. Les journalistes y ont un grand rôle à jouer», a affirmé Hawa Ba, directrice Pays pour le Sénégal à Osiwa. Le prix «liberté de la presse», parrainé par Reporters Sans Frontières (Rsf) et ceci, pour la troisième fois consécutive. «Ce prix vise à mettre à l’honneur ceux qui incarnent les idéaux de la profession», a dit Arnaud Froger, Responsable du bureau Afrique de Rsf. Le prix «Accès à l’information», soutenu par la représentation diplomatique de la Grande Bretagne au Sénégal. «La capacité des journalistes à rendre compte librement des questions d’intérêt public est cruciale pour la démocratie», a déclaré Son Excellence Victoria Billing, ambassadrice de la Grande Bretagne au Sénégal.
Le prix «Spécial Covid-19», parrainé par la Fondation Hirondelle, sera l’opportunité pour les journalistes de mettre en avant leur production durant cette année, marquée par cette terrible pandémie. «Nous savons tous que la pandémie du Covid-19 a fortement impacté le travail des journalistes. La Fondation Hirondelle est heureuse d’être aux côtés de l’E-jicom, à travers ce prix spécial, afin de récompenser la meilleure parmi les productions permettant de savoir comment les journalistes ont traité cette information», a dit Jacqueline Dalton, Chargée de programmes à la Fondation Hirondelle. Le «Prix Spécial Pasneeg», exclusivement destiné aux journalistes femmes, est parrainé par le Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre. Il va récompenser les meilleures productions des journalistes femmes traitant avec pertinence des questions de femmes. «Nous saluons ce moment fort du journalisme sénégalais initié par l’E-jicom et voulons y faire entendre la voix des femmes dans les médias, au même titre que celle de leurs collègues hommes», a déclaré Mme Awa Nguer Fall, coordonnatrice du Pasneeg.
Et enfin, le prix «Energie durable», parrainé par Energy 4 Impact et ceci, pour sa première participation. «Ce partenariat vise à amener les acteurs des médias à contribuer à la promotion des investissements dans les énergies renouvelables à partir des retombées du gaz et du pétrole, en faveur de l’éducation, la santé et l’autonomisation économique des femmes et des filles», a tenu à souligner Abdou Karim Dosso, directeur Pays de Energy 4 Impact. Outre ces prix spéciaux, cinq autres prix (presse écrite, télévision, radio, presse en ligne et Grand Prix E-jicom de Journalisme) seront décernés lors de la cérémonie, rappelle le communiqué.
VIDEO
DE DU TAGO
Ecoutez le nouveau single de Lass qui parle de la mort
Chez l’artiste Omar Victor Diop, le paon, la biche et la tortue se transforment en messagers du danger actuel, mais aussi de la beauté de notre planète. A l’occasion de Paris Photo 2021, le photographe sénégalais présente sa nouvelle série «Allegoria». La plus grande foire internationale dédiée au médium photographique a ouvert ses portes, ce jeudi 11 novembre, au Grand Palais Ephémère de Paris en accueillant près de 200 galeries de 29 pays.
A 41 ans, vous êtes l’un des photographes les plus prometteurs de votre génération et vous présentez à Paris Photo 2021, à la galerie Magnin-A, votre nouvelle série Allegoria, dotée d’une mise en scène très graphique, d’un décor raffiné et de couleurs glorieuses. Une allégorie est définie comme une idée exprimée par une métaphore. Quelle est l’idée derrière vos images ?
Cette série, c’est l’allégorie du regret, l’allégorie du jour où nous nous retrouvons seuls avec nos souvenirs de la nature, parce que c’est tout ce qui en restera. C’est très fictionnel, très naïf dans la construction, mais ce qu’il faut en retenir, c’est une lettre d’amour à la nature. Une lettre d’amour au vivre-ensemble, entre les êtres humains et la nature dont ils font partie, plutôt que la conception omniprésente que la nature nous appartient. Je voulais présenter des êtres humains au milieu d’animaux, les présenter comme des animaux, comme les autres espèces vivantes. C’est une façon de rappeler l’importance de notre interaction avec les plantes et les choses vivantes de ce monde.
Vous menez votre carrière photographique depuis une dizaine d’années. Allegoria se situe plutôt en rupture avec vos autres séries précédentes, Diaspora (2014) et Liberty (2017) qui racontent fièrement les combats des Noirs pour la liberté. En quoi consiste cette rupture ?
Jusqu’à présent, mes travaux avaient comme source d’inspiration et source documentaire principales le passé, en particulier le passé des peuples noirs du monde. En cela, cette série est une rupture puisque je change de sujet, je traite d’une problématique tout aussi importante, celle du lieu où nous vivons, cette planète qui est exceptionnelle. Il n’y en a pas deux dans l’univers… au moins on n’en a pas encore trouvé. Il y a tellement de combinaisons de facteurs improbables pour que la vie soit possible ici, et je pense qu’on a tendance à oublier ce privilège d’être les habitants de cette planète. Donc, c’est un discours complètement différent. Et aussi dans le ton, je m’autorise un peu plus de naïveté, un peu plus de couleurs. Vous savez, j’ai construit cette série pendant les confinements successifs. Donc, c’est aussi une contemplation, une série que j’ai envie de revoir avec -certes, avec un certain sens de la gravité-, mais aussi avec un sentiment feelgood. J’ai envie d’être émerveillé par mon propre travail. En cela, c’est différent.
A travers vos images et affiches, vous avez incarné la Saison Africa2020, ce projet hors normes qui ambitionnait de présenter la créativité africaine sous toutes ses formes aux Français et Françaises. Après cet événement unique en son genre avec 1500 projets dans 210 villes et régions en France, qu’est-ce qui a changé pour vous en tant qu’artiste et photographe ?
J’étais ravi d’avoir eu l’occasion de participer, modestement, à cet événement important. Cette Saison Africa 2020 va changer tellement de choses. Elle va entrer jusqu’aux cursus scolaires des générations à venir. C’est ça qui est important. Et je suis content d’avoir eu l’honneur de faire l’affiche d’un moment aussi important.
Rfi
YOUSSOU NDOUR REHAUSSE LA MUSIQUE SENEGALAISE
Youssou Ndour a pris le temps de mûrir son projet artistique, à travers lequel il montre la force de la musique sénégalaise. ‘’Mbalax’’, le nouvel album marquant le retour du leader du Super Etoile qui avait marqué une pause
Youssou Ndour a pris le temps de mûrir son projet artistique, à travers lequel il montre la force de la musique sénégalaise. ‘’Mbalax’’, le nouvel album marquant le retour du leader du Super Etoile qui avait marqué une pause, est un opus riche, mais aussi profond. Écrit par le Roi du mbalax, il est personnel, mais se veut universel. C’est un appel à la paix, à l’amour, à la tolérance et au dépassement.
Sur la pochette de son nouvel album, Youssou Ndour, assis sur une chaise comme un souverain, arborant un look tradi-moderne chic, est entouré d’instruments de musique. Écrit en majuscules et tout en blanc, ‘’Mbalax’’ est le titre de l’opus. Ainsi dominée par la couleur jaune, la couverture de cette œuvre, qui sort officiellement aujourd’hui, en dit long sur son contenu. Le choix du titre peut se justifier par le fait que le leader du Super Etoile est la personne qui a osé imposer ce genre musical pendant que d’autres n’y croyaient pas, selon le producteur et frère de l’artiste Bouba Ndour.
’’C’est une manière pour Youssou Ndour de revendiquer la paternité du mbalax’’, a-t-il estimé en marge d’une séance d’écoute. Qui ose douter de son statut de ‘’père du mbalax’’, a-t-on envie de lui demander ?
Ce choix de l’appellation est déterminé, en grande partie, par la volonté de la star planétaire, qui chante ce genre de musique percussive depuis 40 ans, de la mettre en valeur. D’ailleurs, pour le producteur, le nom de Youssou Ndour est plus connu que le genre de musique qu’il fait. Ainsi, il pense que titrer ‘’Mbalax’’ pourrait conduire les gens à faire des recherches sur la musique sénégalaise et, par conséquent, découvrir d’autres chanteurs du pays. C’est un opus très personnel que Youssou Ndour a lui-même rédigé. Le compositeur et producteur Bouba Ndour n’a fait que mettre les choses en boîte, en collaboration avec d’autres professionnels du secteur, comme ses frères Ibou et Ndiaga Ndour. Et le chanteur, qui veut exporter davantage la musique sénégalaise, a voulu que cet album soit d’abord sénégalais.
A cet effet, même si You collabore avec Universal Music Africa, tout le travail a été fait au Sénégal. Côté international, le chanteur a collaboré, à distance (virtuel), avec d’autres artistes comme Toumani Diabaté avec qui il a beaucoup échangé. De plus, la fraîcheur se dégage dans cette nouvelle production, avec la participation de jeunes artistes du Sénégal et d’ailleurs. Le talentueux Balla Diabaté, frère de Sidiki Diabaté, y a joué sa partition.
Une écriture profonde et ‘’douce’’
Très profond, l’opus est composé de 12 titres dont ‘’ Waññi Ko’’, seul morceau qui est jusque-là connu du grand public. Il n’y a pas de remake. Bien qu’il ait l’habitude d’en servir à ses aficionados, Youssou Ndour a décidé de changer de cap. N’ayant plus rien à prouver, il a quand même la ferme volonté de maintenir le flambeau et de relever la barre plus haut. Les morceaux qui composent ‘’Mbalax’’ sont colorés et dansants. Mais il faut plutôt les écouter avec son esprit et son cœur. Il y a un rapport intime entre la musique et les mots. Dans son album, abordant des thèmes actuels qui parlent aux Sénégalais, mais aussi au monde entier, Youssou Ndour appelle, dans un premier temps, à la tolérance, à l’amour et à la paix. ‘’Ganggantiko’’, le premier morceau, est une chanson d’amour dans lequel il demande aux amoureux, surtout à l'homme, d’avoir un esprit de dépassement. Invitant le couple à privilégier le dialogue, le chanteur y dénonce les violences conjugales, qu’elles soient physiques ou verbales. Pour lui, la communication peut régler bien de choses. S’entretuer ne règle absolument rien, dit-il. Il ne le dit pas que pour les couples.
Les jeunes Africains, Sénégalais engagés pour le bien-être de leur peuple, le développement de leur continent, sont interpellés. Les manifestations de mars dernier l’ont surement inspiré. Son discours est responsable, surtout sur le plan politique, puisqu’en Afrique, en période électorale, diverses violences se produisent. Youssou Ndour invite également les citoyens à travailler davantage au lieu d’être dans le discours, les disputes, dans le morceau ‘’Wax Ju Bari’’. Cette chanson est un hommage, en outre, à feu Ibra Kassé. Le tube ‘’Fay Bor’’ est un appel à la citoyenneté et au respect de son prochain.
Le changement climatique et ses répercussions sur la nature, l’environnement préoccupent Youssou Ndour. Il chante dans ‘’Ndox’’ l'importance de l'eau pour l’agriculture et l’élevage, conseillant son utilisation responsable par les populations. L'une des principales exigences de la vie terrestre est l'économie d'eau. Elle est, au même titre que l'air, un élément primordial à la vie. De plus, l’eau représente 60 % du poids de l’être humain, soit 50 litres pour un individu de 70 kg (avec des différences liées au sexe, à l'âge et à la masse grasse). Dans une autre chanson ‘’Zéro déchets’’, Youssou Ndour montre la nécessité de faire des ‘’set-setal’’ (opération de salubrité). Il interpelle ses concitoyens pour vaincre l’insalubrité. L’on se rappelle qu’en janvier 2020, le président Macky Sall avait initié le ‘’Cleaning Day’’, une opération visant à bâtir ‘’un Sénégal propre’’ sur toute l’étendue du territoire national.
Dans un autre registre, il faut souligner que le leader du Super Étoile a rendu un hommage poignant au défunt père de Wally Seck, à travers la chanson ‘’Ballago Ndoumbé Yatma’’. Venu quelques minutes avant la fin de la séance d’écoute, le musicien, déclare avec émotion : ‘’J’ai parlé de lui comme il aurait parlé de moi. Cette année, beaucoup de personnes qui nous sont chères sont parties. J’ai aussi voulu rendre hommage à tous ces disparus.’’ Et ajoute : ‘’Il est parti et ça aurait pu être moi. Il a laissé derrière lui un immense vide, car il était un monument de la musique sénégalaise. J’ai repris, à travers cette chanson, les termes qu’il nous a fait connaître comme ‘Faramareen’, ‘Ballago Ndoumbé Yacine’ et beaucoup d'autres.’’
Période propice à la création
Il faut dire qu’à travers la qualité exceptionnelle (comparée à certaines productions locales et non aux anciens albums de l’artiste) de cet opus, le Roi du mbalax honore Thione Seck, Ismaël Lo, Baaba Maal, Touré Kunda, Meissa Mbaye, Omar Pène, Lemzo Diamono, Alioune Mbaye Nder, Coumba Gawlo Seck, etc. La valeur qu’a cet album est égale au temps que l’artiste lui a consacré. Bien qu’angoissante, la situation sanitaire actuelle, qui avait poussé les autorités à prendre certaines mesures contraignantes, et qui a engendré un bouleversement, est source d’inspiration pour beaucoup de créateurs. Youssou Ndour fait partie de ceux-là qui ont su profiter de cette période propice à la réflexion.
En effet, en début mars 2020, le Sénégal signale son premier cas de Covid-19, devenant le quatrième pays africain à confirmer le virus. Bloqué à Dakar à cause de cette pandémie, l’homme aux innombrables casquettes se consacre pleinement à sa passion, à écrire des chansons. Youssou précise que ‘’cette sombre période - que nous continuons de vivre d’ailleurs avec des remous - est difficile. On s’est ré-écouté, on a replongé notre mémoire dans l’histoire de la musique’’. ‘’C’est la première fois que je fais un album qui m’a pris deux ans d’écriture. Deux ans pendant lesquels je ne suis pas sorti du pays, je n’ai pas donné de concert. Ça donne plus de temps. On peut, en cinq minutes, trouver une idée géniale’’, poursuit l’artiste qui signe son come-back avec cet album.
En effet, il avait observé une pause musicale, après le décès de Thione Seck survenu le 14 mars dernier. Mais étant donné que la menace (Covid-19) est toujours présente, le retour sur la scène n’est pas encore envisageable.
LE RÉCENT SUCCÈS DE LA LITTÉRATURE AFRICAINE PEUT-IL DURER ?
De nombreux prix littéraires ont été remis à des auteurs d'origine africaine cet automne. L'Occident reconnaîtrait-il (enfin) la littérature africaine? Pourquoi tout à coup un tel engouement ? Réponses en compagnie d'auteurs et d'experts
Mohamed Mbougar Sarr a reçu cette année le prix Goncourt, l’un des prix les plus prestigieux de la littérature francophone. D’autres prix ont été remis à des auteurs d’origine africaine cet automne, comme le prix Nobel de littérature pour l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah. Le Sénégalais Boubacar Boris Diop a remporté le prestigieux prix international Neustadt, tandis que la Mozambicaine Paulina Chiziane a reçu le prix Camoes, récompensant les auteurs et autrices de langue portugaise. Au point que certains parlent d'un "automne africain" pour la littérature.
Une reconnaissance dans l’air du temps
La reconnaissance de la littérature d’Afrique répond à l’attente d’une plus grande diversité dans la culture. Le mouvement Black Lives Matter, mais aussi les réflexions sur la décolonisation de l’art et de la littérature ont rendu cette question plus sensible. Il s’agit de donner plus de place à une littérature jusqu’ici sous-représentée. Une chose est sûre: le regard de l'Occident commence (enfin) à changer sur la littérature africaine.
Il y a aussi eu quelques changements du côté de la littérature africaine elle-même. Pour Christine Le Quellec, professeure de littérature francophone d'Afrique subsaharienne à l'Université de Lausanne, il s’agit d’une "diffusion plus large et d’auteurs plus internationaux. Il y a de fortes différences entre les Anglo-saxons et la France par rapport aux auteurs qui produisent depuis l’Afrique. Dans le cas de Mohamed Mbougar Sarr, c’est intéressant car il y a une co-édition entre les éditions Philippe Rey en France et Jimsaan au Sénégal. Son livre va sans doute aussi paraître en wolof"".
Un succès favorisé par la diaspora et internet
Être édité sur le continent africain, c'est aussi un élément essentiel de la reconnaissance pour Max Lobe, auteur genevois d'origine camerounaise. "Pour le texte 'Confidences', nous avons tout fait avec mon éditeur genevois pour qu’il soit publié au Cameroun. C’est un parcours du combattant! On ne veut pas reconnaître une littérature qui fait partie du patrimoine d’un pays étranger."
Comme Max Lobe, deux lauréats des grands prix font partie de la diaspora. Le prix Nobel Abdulrazak Gurnah vit depuis cinquante ans en Grande-Bretagne, tandis que le Goncourt Mohamed Mbougar Sarr vit en France, ce qui facilite leur reconnaissance.
Pour Bakary Sarr, professeur de littérature comparée à l'Université Cheikh Anta Diop à Dakar, d’un point de vue global, les mouvements entre Nord et Sud favorisés par internet jouent un rôle dans la créativité de la littérature africaine. "Cette circulation a permis de déconstruire les choses et apporté une meilleure fluidité dans la créativité. Il y a aussi des espaces critiques importants. Je cite l’exemple des Ateliers de la Pensée, qui ont eu un écho auprès des chercheurs et de la manière dont le devenu de l’Afrique est interrogé."