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26 novembre 2024
Culture
par Felwine Sarr
ÉCRIRE AU MILIEU DES CRIS
EXCLUSIF SENEPLUS ET SUD QUOTIDIEN - La parole nécessaire de Mbougar Sarr face à ceux qui ferment les yeux sur la maltraitance des enfants, sur les violences conjugales et qui se piquent quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains
Il fallait attendre que la clameur s’apaise quelque peu et que les cris stridents qui avaient irrité nos oreilles s’estompent, pour que nous prenions la parole.
De quoi s’agit-il ? Un jeune écrivain sénégalais de 31 ans qui écrit un roman majestueux, La Plus Secrète Mémoire des Hommes, qui est son quatrième opus, qui reçoit le plus prestigieux prix littéraire en langue française, le prix Goncourt, un siècle après le Guyanais René Maran en 1921. Après une première salve de félicitations unanimes, mâtinées de fierté nationale, les cris d’orfraie d’une frange de nos concitoyens qui l’accusent de tous les maux de Nubie, retirent leurs félicitations, le vouent aux gémonies en ressortant des placards son précèdent roman, De purs hommes, qui n’avait pourtant pas fait débat à sa parution en 2018, ainsi qu’une satire de jeunesse qu’il avait écrite, et prétendent qu’il a obtenu ce prix pour s’être fait le chantre de l’homosexualité, de l’aliénation culturelle et je ne sais quelle autre supposée plaie d’Égypte…, bref le charivari habituel. Ces derniers entretiennent savamment une confusion sur le livre primé, par des collages de textes destinés à nourrir les amalgames, mais surtout, par un procédé désormais connu, évacuent son travail littéraire et le sens de celui-ci, pour ramener leurs obsessions complotistes et leurs complexes victimaires au cœur de ce que l’on ne pourrait qualifier de débat tellement la parole qui la porte est indigente, fausse, mensongère et superficielle.
Une éthique dégradée de la parole semble hélas être le signe de nos temps. Les nouveaux lieux d’une expression censée être ouverte, libre et démocratique, que sont les réseaux dits sociaux, sont devenus dans leur versant obscur, des dépotoirs de la haine ordinaire, des espaces de procès sans appels et des lieux d’exécutions sommaires. Une cohorte de bourreaux en mal d’emploi y organise la vindicte populaire et la lapidation jouissive ; souvent y règle leurs comptes avec la société ou avec le vacuum de leur propre existence.
Faut-il répondre sur le fond, expliquer que le Goncourt ne prime pas une œuvre littéraire ni un parcours, mais un livre, que les jurés dudit prix pour la plupart ignoraient les précédents romans de Mbougar, que leur géopolitique était surtout littéraire. Allons-nous primer un roman classique ? Un texte complexe aux récits enchevêtrés ? Quels imaginaires nouveaux ces textes finalistes véhiculent-ils, sont-ils écrits dans une langue singulière, que disent-ils aux temps qui sont les nôtres ? Tels étaient leurs questionnements.
Faut-il expliquer tout ceci aux oreilles qui n’entendent pas et opposer des arguments rationnels et des faits à ceux dont les motivations profondes se logent hors de la raison et de la réalité nue ?
Il se joue au sein de notre société une bataille culturelle, menée par ceux qui estiment détenir la clef d’une authenticité sénégalaise sinon africaine ; chantres d’un récit, d’une eschatologie, d’un costume, d’une langue, d’un oratorio, d’une vision monochrome et souvent dichotomique du monde avec d’un côté les bons, et les méchants de l’autre. Ceux-là sont rejoints par une horde de nativistes identitaires qui refusent aux autres les inculturations qu’ils ont pourtant eux-mêmes opérées avec les éléments d’une culture venue d’ailleurs. S’y ajoutent, agglutinés et hallucinés, une foule de poujadistes qui réduisent le réel à la surface de leur propre dimension et demandent à tous d’habiter ce monde étriqué qu’ils proposent.
Les peuples du monde pratiquent pourtant depuis l’aube de l’humanité l’assimilation créatrice d’éléments venus d’ailleurs tout en restant eux-mêmes, en se métamorphosant et en se réinventant. Et les gardiens d’un temple longtemps défraîchi voudraient nous empêcher de faire notre miel de tous nos héritages, y compris parfois par une étrange haine de soi, de notre part négro-africaine. Cette même haine de soi rend suspecte toute reconnaissance de l’un des nôtres, venue d’ailleurs. Celle-ci ne peut-être le fait simple du talent du récipiendaire, celui-ci aurait forcement vendu son âme au diable.
Voici une société qui ferme les yeux sur la maltraitance de sa petite enfance, sur ses violences conjugales, ses incestes, sur l’exploitation et le piétinement du plus faible, sa fureur et sa violence quotidienne, et qui se pique quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains.
De tous ces maux, nous avons notre part de responsabilité. Pour avoir laissé pendant des années le champ libre à la propagande furieuse, à la réduction du réel et à la non-pensée. Pour avoir assisté sans rien faire à la dégradation de la parole, notamment plurielle. Pour avoir laissé dépérir les lieux d’éducation, d’édification et de culture de l’âme et de l’esprit. Pour n’avoir rien dit lorsque des censeurs autoproclamés se sont permis de nous dicter que voir, que lire, que comprendre, …. Pour avoir passivement assisté au désarmement moral de la société.
Depuis quelque temps, sous nos cieux, des censeurs prétendent indiquer le partage du visible, du sensible, de l’intelligible, de ce qui de nos vies est montrable ou pas. Du haut de leur monticule, ils tentent d’ériger leurs frayeurs en normes pour le grand nombre. C’est toujours ainsi que les fascismes commencent. Quelques individus terrorisent la foule et on les laisse faire. Sidérés, paresseux, trop occupés, on retarde le moment d’affronter la bête qui deviendra immonde un jour si on ne l’arrête pas à temps. Le désastre qui nous guette et qui déjà projette son ombre, est celui de la démission de la pensée et de la créativité, lorsque celle-ci, intimidée par la violence verbale et symbolique, déserte nos espaces quotidiens. C’est à cette nuit-là qu’il ne faudra pas consentir.
La littérature n’est pas la littéralité ; elle est écart. C’est une cérémonie qui initie les lecteurs aux secrets de l’existence. Un écrivain est quelqu’un qui décide de prendre la parole pour révéler ses mondes intérieurs, la réalité telle qu’elle est et non telle que certains aimeraient qu’elle soit. S’adresser à ses semblables dans l’intimité de leur solitude, révéler les mondes que portent les individus dans leurs contrastes, leurs tensions existentielles, leur casuistique intime, et dire ce qui fait de nous des humains ; ni anges ni démons, mais oscillant entre lucidité et ferveur. Un écrivain n’est pas là pour conforter l’ordre établi ou la moraline dominante, il révèle les infinis possibles de la vie et de l’existence, qu’il fait advenir à notre conscience et ainsi, élargit notre réalité et nous fais habiter un monde plus vaste.
Qu’un écrivain de 31 ans ait eu le courage et la lucidité, dans l’un de ses ouvrages, de tendre un miroir à une société qui se dit pieuse et pétrie de valeurs, mais qui déterre les corps d’individus accusés ou suspectés d’homosexualité, les profane, violente leurs cadavres, les traîne dans la rue et refuse l’ultime dignité d’une sépulture à un être désormais défunt, oubliant qu’enterrer nos morts, c’est ce qui fait de nous des humains, est salutaire pour nous tous. Écrire c’est rendre proche nos semblables, en reconnaissant leur humanité. Écrire, c’est parfois rappeler aux humains leur part lumineuse.
Que répondre aux cris, aux éructations d’individus qui n’ont pas lu, ne savent lire, ne veulent lire et n’ont pas besoin de lire pour clouer au pilori, et qui craignent de se laisser habiter par l’inquiétude de la pensée et le tremblement (vacillement) de leurs certitudes. Que répondre à ceux qui ne savent pas passer du cri à la parole ?
Répondre serait reconnaître la légitimité de leur tribunal auto-institué d’inquisiteurs aux passions tristes. Ne peuvent réellement converser que ceux qui ont creusé dans la solitude de leur antre et y ont trouvé quelques lueurs à partager. Autrement le dialogue est sans poids. Comment alors parler sans affaiblir la parole ?
Nous écrivons pour éviter que par saturation de l’espace, la mauvaise parole ne finisse par définitivement chasser la bonne. Il y a dans ce pays et ce continent des jeunes gens qui rêvent d’écrire, de créer, de penser la vie et le monde, d’en explorer les richesses infinies. C’est à eux que s’adresse ce texte. Que nul n’effraie leur esprit et n’inhibe leur génie créateur.
On ne préserve pas les valeurs d’une société. Il n’y a que les valeurs fragiles (pas assez ancrées en nous) qui réclament qu’on les défende. Les valeurs justes se vivent, s’incarnent, silencieusement se donnent en exemple ; elles inspirent. Et là les humains les imitent et tentent de se les incorporer, éclairés et éblouis par leur sillage lumineux. Parce qu’au fond, si ces thuriféraires étaient assez ancrés dans la part lumineuse de leurs héritages, ils ne craindraient pas les autres cultures, y compris leur part ombrageuse. Leur lumière serait dévoreuse d’ombre. On ne défend que les valeurs que l’on a déjà perdues. Celles-ci ne hurlent pas au cœur de la nuit. Elles parlent délicatement à nos oreilles.
Ici, que l’on ne s’y trompe pas, la vertu se trouve du côté de Mbougar Sarr. Heureusement pour ce pays que demeurent des foyers ardents de production d’éthique et d’excellence. Les valeurs de jom, de fulla et de dëggu du pays profond et l’excellence et la rigueur du Prytanée militaire de Saint-Louis, ont trouvé à s’incarner chez ce jeune homme de 31 ans, droit dans ses bottes, lucide, talentueux et courageux. Il nous rappelle à nos honneurs perdus et à nos rêves longtemps désertés. Il s’agit pour nous de nous déterminer en toute conscience et de choisir le versant de l’humanité que l’on souhaite habiter. Nous n’avons pas besoin d’être nombreux pour cela, il nous faut juste être résolus et peut-être sauverons-nous ce pays de l’obscurité qui le guette. Il s’agit de tenir ferme le front de la liberté de créer, d’imaginer, de penser et de dire.
Qu’il est important pour une jeunesse d’avoir des figures de l’excellence ! Lorsque nous étions adolescents et que nous rêvions de l’esprit, nous avions comme modèles des ainé(e)s qui réussissaient brillamment dans les humanités et les sciences dures partout dans le monde. La rumeur nous faisait parvenir leurs noms et leurs cursus, nous savions qu’untel était major de sa classe préparatoire, un autre de Polytechnique ou de l’EPT de Thiès, d’autres excellaient au MIT, au Japon, à L’École militaire de santé, untel encore avait raflé tous les prix au concours général, un autre était champion de Génies en herbes. Ils venaient de nos villes, de nos campagnes et de nos quartiers, et avaient humé les mêmes saisons que nous et, par analogie et métonymie, nous pouvions donc faire comme eux et rien ne nous était interdit.
Dans la circulation des représentations du monde, l’Afrique a souvent eu la part congrue. Ce roman contribue à la dissémination de nos imaginaires et de nos élans existentiels aux quatre coins du monde. La Plus Secrète Mémoire des Hommes sera traduit en une quarantaine de langues. Aujourd’hui, il est en tête des ventes dans tout l’espace francophone. Pour les lettres sénégalaises et africaines, pour la circulation de nos imaginaires et leur capacité à affecter le monde (pas seulement à être affecté par lui), c’est une bonne nouvelle, qui en augure d’autres.
Dans La Plus Secrète Mémoire des Hommes, TC Élimane après avoir longtemps erré et cherché sa vérité dans l’écriture et dans le monde, revient en pays sérère à la fin de sa vie et y trouve la paix, en y reprenant sa place et y jouant son rôle d’ancien et de Yaal Mbin. Cet épilogue dit tout sur la matrice de sens et de sérénité existentielle que constitue ce lieu pour l’auteur et la place qu’il accorde au pays natal dans le commerce des imaginaires, et comme lieu d’élection. Il faudrait pour cela avoir lu et compris (ou deviné) les 460 pages du roman.
Mbougar n’a ni à se justifier ni à clarifier quoi que ce soit. L’élevé ne défère pas à la barre de l’inférieur. Écrire est une aristocratie de l’esprit et une forge incessante de notre humanité, et ce pays en a grandement besoin.
par Khadim Ndiaye
YAMBO OUOLOGUEM, D'ÉCRIVAIN CÉLÈBRE À VENDEUR DE CHARBON DE BOIS
Les jeunes écrivains Africains francophones devraient beaucoup méditer la trajectoire de ce grand écrivain d’expression française. Il y a beaucoup de leçons à tirer de son expérience de vie hors norme, de la cabale dirigée contre sa personne
SenePlus publie à nouveau ce texte de Khadim Ndiaye originellement publié sur Facebook en octobre 2017 dans le sillage de la mort de l'écrivain Yambo Ouologueme.
La mort de l'écrivain malien, Yambo Amadou Ouologuem, le 14 octobre dernier, à l'âge de 77 ans, est presque passée inaperçue.
J'ai toujours été frappé, depuis que je l'ai connu, par la trajectoire atypique de cet écrivain pas comme les autres. Dandy parisien à la cravate toujours bien nouée, cigarette ou pipe à la main, Ouologuem est l’écrivain africain francophone de la fin des années 60. Il devient célèbre et adulé lors de la parution de son livre phare, Le devoir de violence, Prix Renaudot en France en 1968. Ce livre est considéré comme l'un des plus grands ouvrages de la littérature francophone d’Afrique. Contre toute attente, Ouologuem y relevait qu’en plus de la violence coloniale, il existait une violence précoloniale et postcoloniale.
Il crée un immense tollé tant en Occident qu'en Afrique. La lame acérée de sa critique n'épargne personne. S'il dénonce les tenants du pouvoir traditionnel, il n'épargne pas non plus ceux qui voulaient "s'abreuver de culture blanche afin de mieux s'élever parmi les Noirs", comme il dira plus tard.
Léopold Sédar Senghor juge son livre "affligeant" là où Wole Soyinka trouve qu'il minimise les ravages de la colonisation occidentale. Accusé par la suite d'avoir plagié les écrivains André Schwarz-Bart, Maupassant et Graham Greene, Ouologuem a été "démoli" par la critique littéraire. Son éditeur français (Seuil) retire son livre de la vente et s'excuse auprès de Schwarz-Bart et de Graham Greene sans son consentement. Et, pour ne pas calmer les choses, Ouologuem publie l’année suivante un brûlot, Lettre à la France nègre, qui ne fit qu'accentuer la cabale.
Victime d'un ostracisme sournois, il est cloué au pilori par l'establishment littéraire. On sait pourtant, grâce aux travaux récents, en particulier ceux de l'américain Christopher Wise (Yambo Ouologuem: Postcolonial Writer, Islamic Militant), qu'il faisait un travail de réécriture intertextuelle, largement admis de nos jours.
Se sentant incompris et dégouté par tant de cynisme, Ouologuem se coupe littéralement des mondanités. Il retourne au Mali, se retire dans le village de Sévaré, à Mopti et se mure dans un silence monastique. Il renonce à tout : famille, privilèges, carrière universitaire (il fut titulaire d'un doctorat en sociologie, licencié en lettre, en philosophie, diplômé d'anglais), invitations dans les plus grands cénacles, conférences, droits d'auteur, etc.
Lui, le fils de notables dogons, qui s'en prenait à la tradition, se replie dans un milieu traditionnel austère et devint même vendeur de charbon de bois ("jaaykatu këriñ", comme on dit au Sénégal). Lui qui dénonce l’esclavage pratiqué par les Arabes, critiquant même l'attitude d'un Cassius Clay devenu Mohamed Ali, se refugie dans la mystique musulmane et devient même imam.
À l'instar de Ghazâlî qui, en pleine renommée, quitta sa célèbre chaire d'enseignement de la Nizamiyya de Bagdad pour se réfugier dans le silence mystique, Ouologuem tourne le dos au clinquant de la vie et préfère la discrétion. Il renvoie toutes les délégations qui viennent à sa rencontre. Pour l'homme blessé dans sa chair qu'il est devenu, seuls l'isolement et la foi mystique comptent. Sa vérité est désormais ancrée dans le mutisme. Ne dit-on pas que la sagesse va de pair avec le silence ?
En réalité, Ouologuem avait regagné son statut de "sous-développé", celui dans lequel beaucoup auraient toujours voulu le voir. Il en a eu l'intuition. Répondant à la question : "Que feriez-vous si vous aviez le Goncourt ?" Il affirme : "Je respecterais ma réputation de sous-développé".
Les jeunes écrivains Africains francophones devraient beaucoup méditer la trajectoire de ce grand écrivain d’expression française. Il y a en effet beaucoup de leçons à tirer de son expérience de vie hors norme, de la cabale dirigée contre sa personne, de son silence et de son reclus à Sévaré. Si cet écrivain devenu mystique avait écrit un livre avant sa mort, il serait riche en enseignements sur l'existence, le cynisme, la condition humaine, etc.
Pour son talent, sa sagesse, Ouologuem devrait être réhabilité, sa vie et son œuvre enseignées aux jeunes écoliers d’Afrique. Ce qui serait une bonne façon de lui dire : Yambo "ñoo la gëm" (nous t'aimons).
Immense consolation : du ciel, il veillera sur nous, comme il le dit si savoureusement dans le poème suivant :
"Quand à ma mort Dieu m’a demandé un siècle après
Ce que je voulais faire pour passer le tempsJe lui ai demandé la permission de veiller la nuit
Je suis le nègre veilleur de nuit
Et à l’heure des sciures noirâtres qui gèrent les parages
Lentement je lève ma lanterne et agite une cathédrale de Lumières
Mais l’occident se défie du travail noir de mes heures supplémentaires et dort et ferme l’oreille
A mes discours que le silence colporte
Selon l’usage comme vous savez
La nuit vous autres dormez mes frères
Mais moi j’égrène sur vos songes
La raie enrubannée de la ténèbres laiteuse qui chante
Bonne nuit les petits
Et je prie cependant au nom de l’égalité des droits
Devenue droit à l’égalité
Et je pleure la soif de mon sang sel de larmes
Et vous cependant dormez
Et vous dormez mes frères mais aussi
Le sommeil vous chasse de la terre
Et vous partez pour des minutes de songes
Amplifiés au gonflement de votre haleine ronronnante
Je vous vends gratis des alcools
Que sans savoir vous achetez par pintes quotidiennes
Et retrouvez la nuit transfigurée dans les myriades de feux
Qui rêvent pour vous
Bonne nuit les petits
Je suis le nègre veilleur de nuit
Qui combat des nichées de peurs
Juchées dans vos cauchemars de jeunes enfants que je rassure
Quand s’achève mon labeur sur des milliards de créatures
Mais le monde au réveil va à la librairie du coin
Consulter la clé des songes."
LE JOUR OÙ EUGÈNE ÉBODÉ A RENCONTRÉ YAMBO OUOLOGUEM
Le succès du roman de Mbougar Sarr, « La plus secrète mémoire des hommes », a remis au goût du jour « Le Devoir de violence », de Yambo Ouologuem. L’écrivain camerounais est l’un des rares à avoir été reçu par celui qui s’était isolé à Sévaré
Le succès du roman de Mohamed Mbougar Sarr, « La plus secrète mémoire des hommes », a remis au goût du jour « Le Devoir de violence », texte controversé de Yambo Ouologuem. L’écrivain camerounais Eugène Ébodé est l’un des rares à avoir été reçu par celui qui s’était isolé à Sévaré au début des années 1970. Il raconte.
Les connaisseurs de l’histoire littéraire se souviennent : prix Renaudot en 1968 pour Le Devoir de violence, Ouologuem fut cloué au pilori quelques années plus tard, après que de nombreux emprunts à d’autres auteurs furent relevés dans son texte. André Schwarz-Bart (Le Dernier des Justes), Graham Greene (It’s a Battlefield), mais aussi Guy de Maupassant et quelques autres comptent au nombre des auteurs « plagiés » par le jeune homme à la culture titanesque.
Blessés de n’avoir rien décelé – l’habile supercherie avait été découverte dans le monde universitaire anglo-saxon –, la presse et le monde littéraire francophone lynchèrent sans pitié celui qu’ils avaient couronné d’un des prix les plus prestigieux, sans jamais se donner la peine d’écouter vraiment ce qu’il avait à dire ou d’essayer de comprendre ses explications, parfois alambiquées.
Principal auteur plagié, André Schwarz-Bart se montra pourtant plus que conciliant, intervenant auprès du rédacteur en chef de La gazette littéraire, en Suisse, qui s’apprêtait à publier un texte à charge. « À la suite de la lettre que je lui avais adressée aux éditions du Seuil, M. André Schwarz-Bart m’a demandé de ne pas publier l’enquête que j’avais entreprise au sujet des ressemblances entre Le Devoir de violence et Le Dernier des Justes, écrit le journaliste. J’estime trop cet auteur et ses livres pour ne pas tenir compte de ses désirs. Il craint en effet qu’un débat ne suscite des réactions anti-africaines et ne nuise à la carrière d’un écrivain qu’il estime beaucoup. Pour la première fois, m’écrit-il, on voit naître une littérature africaine francophone, débarrassée des complexes blancs, il ne faut rien faire pour la décourager. »
Aura magnétique
Las ! Ouologuem, plus que découragé, ne trouvera son salut que dans le retour au pays natal et, presque du jour au lendemain, disparaîtra du paysage médiatique et littéraire pour se réfugier chez lui, à Sévaré, au Mali, où il cessera d’écrire. Demeurera néanmoins autour de ses rares textes – Le Devoir de violence,Lettre à la France nègre, Les Mille et une bibles du sexe – une aura magnétique intense, suscitant l’admiration de ses pairs.
FONK SUNNUY LAMIN POUR LA REVALORISATION DES LANGUES MATERNELLES
La vie et l’œuvre de l’écrivaine Mame yunus Dieng a été revisitée à la place du souvenir africain par l’association à travers des rencontres littéraires dénommées Penccum Mame yunus Dieng. L’objectif est de promouvoir les langues natio
La vie et l’œuvre de l’écrivaine Mame yunus DIENG a été revisitée à la place du souvenir africain par l’association Fonk sunnuy lammin à travers des rencontres littéraires dénommées Penccum Mame yunus DIENG. L’objectif est de promouvoir les langues nationales.
Ils sont linguistes, écrivains, historiens, éditeurs, bibliothécaires, brefs des militants engagés pour la promotion de la culture. A travers ces rencontres littéraires, dénommées « Pencum Mame Yunus Dieng » l’association «Fonk sunnuy lamign» et Goethe Institute veulent offrir aux acteurs du sous-secteur un cadre d’échanger et de partager sur les voies et moyens pour la revalorisation de la langue nationale.
L’ombre de Mame Yunus Dieng a plané tout au long de cette activité. Les témoignages sont unanimes. La marraine est décrite comme un porte-étendard du combat pour la promotion des langues nationales.
Faire de la langue maternelle, un moyen de production et de transmission de savoirs, l’ambition est noble et les défis sont grands. C’est pourquoi, l’association «Fonk sunnuy lamign» entend s’investir dans l’alphabétisation gratuite en woloff et dans les autres langues nationales. Elle compte également veiller à leur transcription normale dans les médias et les supports de communication.
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ALIOUNE DIOP, UN INFATIGABLE COMBATTANT DES DROITS HUMAINS
Fondateur de la revue Présence africaine, ce professeur de philosophie né au Sénégal fédère et inspire les intellectuels les plus importants de son époque. lIl es rassemble en 1956 en créant le premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs à La Sorbonne
Fondateur de la revue Présence africaine, ce professeur de philosophie né au Sénégal fédère et inspire les intellectuels les plus importants de son époque. Alioune Diop les rassemble en 1956 en créant le premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs à La Sorbonne. Cet infatigable combattant pour l'équité des droits humains n'hésite pas à poser des questions dérangeantes. Ainsi, "Pourquoi est-ce que l'art nègre se trouve au Musée de l'Homme alors que l'art grec, par exemple, se trouve au Louvre ?
ÑAAM JOODO, ASTUCE HOSPITALIÈRE DU FOULADOU
À Vélingara, dans la région de Kolda, beaucoup d’hommes sont également ferrés à la vitesse de l’éclair par le « ñaam joodo » qui transcende la légende charnelle
Loin de relever du mysticisme et du mythe, le « ñaam joodo » est l’astuce hospitalière du Sud qui promeut le mieux-être et le mieux-vivre en communauté. À Vélingara, dans la région de Kolda, beaucoup d’hommes sont également ferrés à la vitesse de l’éclair par le « ñaam joodo » qui transcende la légende charnelle.
Ses supérieurs ont dû hausser le ton et insister pour que Souleymane Ndiaye, juriste de formation, rejoigne son poste à Vélingara (Sud). Il a même fallu que sa hiérarchie brandisse la menace pour qu’il se résigne enfin à fouler le sol vélingarois. C’était il y a six ans. À cette époque, les préjugés et rumeurs défilaient dans son cerveau. Et Jules, pour les intimes, croyait ferme que Vélingara était une terre hostile, farouche et rebelle. Mais il va découvrir un peuple courtois et accueillant, des gens simples, une communauté pacifique unie par le sang et la chair. Au fil du temps, l’enfant de Pikine (re)trouve goût à la vie et découvre les sensations et merveilles du Sénégal des profondeurs. Loin du train-train dakarois, très loin de la pression quotidienne et du stress permanant de la capitale sénégalaise.
Plus les jours passent, plus Jules chérie davantage sa terre d’accueil. Sa rencontre avec une fille du nom d’Aïcha Diallo, une matinée de janvier 2018, marquera un tournant décisif dans sa (nouvelle) vie dans cette contrée du Fouladou. « J’ai croisé Aïcha au marché central de Vélingara. J’ai été subjugué par sa beauté, son charme et sa courtoisie. Pour moi, il n’était pas question de laisser passer cette chance. J’ai pris son numéro de téléphone et je suis passé à la vitesse supérieure ». Souleymane Ndiaye va, quelques semaines plus tard, épouser Aïcha. Aujourd’hui, le couple a deux enfants (une fille et un garçon). Pour manifester désormais son choix de rester vivre à Vélingara, Souleymane a construit une villa au quartier Sinthiang Woulata de Vélingara et compte finir ses jours dans cette localité.
Pour les proches, nul doute que Souleymane Ndiaye a été terrassé par le phénomène « ñaam joodo » (dans la langue locale, ce terme renvoie à une astuce cuisinière des femmes du Sud qui ferrent les hommes grâce à ce procédé). Jules n’est pas le premier et ne sera pas, sans doute, le dernier à se terrer définitivement, ou presque, sur la terre hospitalière de Vélingara, dans la région de Kolda.
En affectation ou en séjour périodique, certains fonctionnaires finissent par s’installer et élire domicile dans cette partie du Sud du pays. La grande beauté des femmes vélingaroises, l’hospitalité légendaire des sudistes, la vie harmonieuse en communauté, l’éloignement du foyer originel et les opportunités d’une vie à moindre coût… expliqueraient le choix de certains fonctionnaires sénégalais à élire domicile définitivement sur cette terre ferme de la Haute Casamance ou presque.
La quête d’un mieux-être
Même si le bruit a longtemps couru faisant du « ñaam joodo » un plat mystique concocté par la gente féminine du Sud, la réalité est tout autre. C’est une affaire de mieux-être et de mieux-vivre. Un fait social qui permet à l’homme de se sentir utile, d’être un maillon important de la société, de se construire et de construire son environnement, au grand bonheur de toute la collectivité.
Ancien banquier à la retraite, Oumar Diop, homme au visage creusé de rides, avait quitté son Saint-Louis natal pour rejoindre son poste d’instituteur à Vélingara. Après plusieurs années de service, il a pris femme, eu des enfants et construit une maison à Vélingara Fulbé, célèbre quartier vélingarois. « Les gens se trompent lourdement sur le sujet. Le « ñaam joodo » n’est pas un plat mystique qu’on offre aux étrangers. Il s’agit plutôt d’un mieux-être. Car, contrairement à la vie urbaine, la vie rurale ou semi-urbaine offre des commodités qui permettent à l’être humain de s’épanouir mais surtout de se sentir utile pour sa communauté, vice-versa. Loin du vacarme quotidien des villes industrialisées du Nord, Vélingara offre une nature généreuse, une vie vouée au culte du travail et de la considération communautaire », explique Oumar, conquis. Il enchaîne : « Je connais une trentaine d’amis qui étaient venus en affectation à Vélingara mais, au final, ils s’y sont installés définitivement. Ils y ont finalement élu domicile et vivent en famille, tous heureux ».
Pas de sorcellerie
De la joie dans le cœur de l’agent agricole Pape Mboup quand il a foulé, il y a 17 ans, le sol très accueillant de Vélingara. Autrefois, la ville n’avait pas une mine aussi radieuse que maintenant. Et pourtant, Pape était tombé sous le charme de cette contrée. Il a été séduit par la grande hospitalité et la simplicité des populations. « J’avais refusé de venir car pour moi une affectation à Vélingara était synonyme de sanction professionnelle, alors que j’avais une bonne réputation au sein de ma corporation. Mais dès que je suis arrivé sur place, j’ai eu une autre appréhension de la localité. Semi-urbain et semi-rural, Vélingara m’offrait tout le confort que je n’ai pu avoir chez moi à Thiès. Je ne veux plus y retourner, prévient Pape Mboup. Parce que tous mes trois enfants sont nés et ont grandi ici. Vélingara, c’est ma terre d’accueil ».
Cette terre ferme du Fouladou a la particularité de « ferrer » tout individu mû par le mieux-vivre, comme l’indique son nom « viens, s’il fait bon vivre ». Ici, le « ñaam joodo » charnel accroche les hommes et convainc les plus sceptiques. La nature généreuse berce. La femme prend soin de l’homme. La communauté intègre tout homme, quels que soient son rang et sa qualité, elle lui voue considération et estime. Pas de magie, pas de sorcellerie…, tout est dans l’approche et le savoir-être.
VIDEO
LE GONCOURT DE MBOUGAR BOOSTE LES VENTES DES LIBRAIRIES AU SÉNÉGAL
Joie et fierté mais aussi un regain d'espoir dans le milieu littéraire. La consécration de l'écrivain a donné un coup de fouet au secteur du livre plongé dans la crise depuis des années
Au Sénégal, le sacre de Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt, a apporté joie et fierté mais aussi un regain d'espoir dans le milieu littéraire. La consécration de l'écrivain a donné un coup de fouet au secteur du livre plongé dans la crise depuis des années.
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE, L'ONU RECOMPENSE BABA MAAL
Ambassadeur de l’ONU contre la désertification, Baba Maal a été distingué pour son engagement artiste et citoyen contre ce processus de dégradation des sols.
Ambassadeur de l’ONU contre la désertification, Baba Maal a été distingué pour son engagement artiste et citoyen contre ce processus de dégradation des sols. La distinction lui a été remise ce mercredi, chez lui, à Yène, par le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Ibrahima Thiaw, par ailleurs Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies contre la désertification (CNULCD).
Partenariat avec E-Media
En marge de la visite du représentant des Nations Unies, le Lead Vocal du Daande Leñol a reçu le Directeur général du Groupe E-Media Invest. Mamoudou Ibra Kane était venu lui présenter ses condoléances, suite au décès de l’entrepreneur et maire de Démett, Abdoulaye Elimane Dia, et le remercier pour sa présence et sa prestation remarquables lors de la présentation du livre ‘’Le Sénégal et Mandela : le grand secret’’ paru aux éditions feu de brousse.
Baba Maal et Mamoudou Ibra Kane n’ont pas manqué d’échanger sur un futur partenariat entre l’orchestre Daande Leñol et le groupe E-Media Invest, et sur d’autres projets de développement.
Baba Maal, ayant appris l’initiative de présentation de la nouvelle plateforme du site www.emedia.sn aux grands professionnels, samedi 20 novembre, a salué cette approche corporate du Top management de E-Media Invest.
par Birane Diop
DES ÉTOILES DE DYANA GAYE
C'est un film sensible, émouvant mais juste. Il raconte sans clichés l’expérience de l’exil. À travers sa caméra, la cinéaste franco-sénégalaise déconstruit les idées reçues sur les migrants
Vendredi 5 novembre 2021. 20h45. Dans le ventre de Paris. J’ai regardé pour la troisième fois ce long-métrage dans la vaste maison d’Univers ciné. Des étoiles. 1h26 de pur bonheur dans la culture, le pays sans fin. Des étoiles est une production de la cinéaste franco-sénégalaise, Dyana Gaye. Filmé dans plusieurs villes, dont Turin, New-York et Dakar, ce thriller raconte l’histoire de trois personnages au destin commun. L’intrigue du film tourne autour du voyage, in fine, de l’exil. Les vies de Sophie, d’Abdoulaye et de Thierno s’entretissent mais ne se rencontrent pas. Elles dialoguent seulement à travers l’expérience de l’émigration et du récit qu’on fait sur ce parcours sinueux.
Des étoiles est un film bouleversant, tout de même lumineux. Il est d’une grande beauté. Tous les trois personnages ont la liberté, la dignité comme horizon. Mais dans les interstices de cette quête existentielle, Dyana Gaye met aussi en lumière la solitude avec son kit de blessures ouvertes à laquelle est confrontée, tous ceux qui partent, en laissant derrière eux pays, langue, famille, amis. Le voyage charrie des douleurs profondes difficile à guérir. Partie confluer son époux Abdoulaye à Turin, à cause des appels incessants de l’amour, Sophie apprend à ses dépens cette impasse existentielle : « la solitude est le fond ultime de la condition humaine », comme disait Octavio Paz. C’est tristement vrai ! Son mari s’est caleté à New York avant même son arrivée, pour y chercher vie et devenir loin d’elle. Mais les premiers mois d’Abdoulaye aux États-Unis ne sont pas un long fleuve tranquille. Il est perdu dans les rues de Harlem. Sans logement, sans-papier, emploi précaire, et trahi par un cousin escroc, Abdoulaye bascule dans la détresse psychologique. Les routes qui mènent au fameux rêve américain sont parsemées d’embuches. Abdoulaye ne dira pas le contraire.
Que dire de Thierno ? Parti au Sénégal à l’occasion des obsèques de son père, en compagnie de sa mère Mame Amy. Le jeune homme de 19 ans découvre la terre de ses parents, ses racines. Là où tout a commencé. Quelques jours après sa rencontre avec Dakar, Thierno veut trouver dans l’antre de la capitale sénégalaise un piano pour envoyer ses notes afin de libérer ses joies secrètes, ses angoisses, sa solitude. Il a la musique dans la tête et les tripes. Pour lui, c’est une thérapie voire un exutoire. Ainsi, grâce à l’aide de sa demi-sœur, Thierno finit par trouver cet instrument qui lui manquait. Il est tout simplement heureux.
Des étoiles est un film sensible, émouvant mais juste. Il raconte sans clichés l’expérience de l’exil. Mieux, à travers sa caméra, Dyana Gaye déconstruit les idées reçues sur les migrants. Ce film-documentaire m’a procuré des émotions fortes. Car il m’a rappelé ma condition d’homme. Un sénégalais vivant en France. Des étoiles – un film magnifique, à voir absolument.
LES PRÉALABLES D'UNE RELATION AFRIQUE-FRANCE MOINS NÉOCOLONIALE
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », selon Mohamed Mbougar Sarr
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », a déclaré le romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
« Quant à la relation entre la France et ses anciennes colonies, tout ou presque est réuni à la base pour qu’elle change, soit moins dissymétrique et moins néocoloniale », a soutenu Sarr, dans une interview publiée mercredi par le quotidien EnQuête, repris par l’Aps.
« Il ne manque peut-être que des leaders politiques plus courageux pour effectuer le basculement décisif pour le rééquilibrage des relations » entre l’Hexagone et ses anciennes colonies africaines, a-t-il encore dit au journal sénégalais.
Mohamed Mbougar Sarr dit espérer que ces leaders « viendront et travailleront au service de leurs peuples, avec intégrité, talent et humanité, sans esprit de revanche, ni populisme, en tirant les leçons qu’il faut de l’histoire ».
Interrogé sur le « mouvement de plus en plus affirmé de rejet » de la France en Afrique, le romancier vivant en terre française depuis plusieurs années a estimé qu’il est le prolongement d’« une tradition ancienne de luttes anticolonialistes, indépendantistes et anti-impérialistes ».
« Ces mouvements [de protestation] ne s’adressent pas seulement à la France, mais aussi aux élites corrompues et aux pouvoirs antidémocratiques du continent », a précisé Sarr.
« Il faut écouter (…) ce que ces mouvements disent de la jeunesse du continent, ce qu’ils disent de leurs aspirations (celles des jeunes Africains), ce qu’ils disent surtout de leur espoir », recommande-t-il, ajoutant que « leur désir de repenser la relation est légitime ».
Les leaders politiques « courageux » qu’il dit espérer pour l’Afrique doivent, à son avis, « sans démagogie, ni populisme facile, passer à une autre étape où il ne s’agira plus de seulement de s’opposer, mais de construire ou reconstruire sur le continent (…) en toute dignité ».
Le prix Goncourt 2021 a été attribué à Mohamed Mbougar Sarr pour son quatrième roman « La plus secrète mémoire des hommes » (462 pages), publié par les éditions Jimsaan (Sénégal) et Philippe Rey (France).