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25 novembre 2024
Culture
LE COLLECTIF POUR LE RENOUVEAU AFRICAIN CÉLÈBRE BOUBACAR BORIS DIOP
Le Collectif pour le renouveau africain (CORA) a rendu un hommage à l’écrivain, journaliste et penseur Boubacar Boris Diop, à la suite de l’obtention de son lauréat du prix international Neustadt 2022
Le Collectif pour le renouveau africain a rendu un hommage à l’écrivain et journaliste, penseur panafricain Boubacar Boris Diop, à l’occasion de l’obtention de son prestigieux prix International de Littérature Neustadt 2022. A cet effet, une journée de réflexion autour de son roman intitulé Murambi, le livre des ossements a été organisé le samedi 26 février, à la place du Souvenir africain. Ainsi, étaient proposées lors des discussions des thématiques et esthétiques littéraires liées au génocide contre les Tutsi du Rwanda, les écritures de la résilience, le dire de l’innombrable, la violence et genre, les écritures mémorielles.
Le Collectif pour le renouveau africain (CORA) a rendu un hommage à l’écrivain, journaliste et penseur Boubacar Boris Diop, à la suite de l’obtention de son lauréat du prix international Neustadt 2022. Un prix qui récompense l’auteur pour son roman intitulé Murambi, le Livre des ossements (Edition Flore Zoa 2022). C’est ainsi que pour lui témoigner le sens profond de son engagement d’inlassable bâtisseur de vie, que le CORA a jugé opportun de l’honorer.
Selon le Collectif pour le renouveau africain, Murambi, ce n’est pas l’histoire d’un triomphe, mais celle d’une lutte politique, philosophique, quotidienne, réelle. Ainsi, pour rendre encore plus riche cet hommage dédié à ce monument de la littérature contemporaine, le CORA a organisé une journée de réflexion autour de son œuvre Murambi ou le Livre des ossements, et aussi saisir l’occasion de sa parution dans l’édition africaine (Flore Zoa, 2022).
En effet, Murambi, le Livre des ossements, est un roman qui a été écrit dans le cadre d’un voyage d’écrivains africains, quelques années après le génocide pour raconter autrement ladite catastrophe. Ce roman retrace selon l’auteur, « les faits préexistants du génocide ». Il s’agit selon Dr Mamadou Ba, enseignant chercheur à l’Ucad, au département de Lettres Modernes, d’ « un récit singulier qui est né après un génocide. Un génocide, qui est un événement sans réponses. Quelque chose qui défi l’imagination, qui défi la raison. Un meurtre en masse et dont on ne peut trouver aucune justification normale ».
Pour l’écrivain Boubacar Boris Diop, le génocide des Tutsi au Rwanda s’est inscrit comme un événement singulier dans l’histoire du continent africain. C’est pourquoi, d’après l’enseignant chercheur au département de Lettres, M. Ba, « Après un tel traumatisme, il y a besoin de faire un récit pour trouver du sens, organiser une valeur thérapeutique bien sûr, soigner l’esprit, retrouver ses marques et aussi empêcher que cela ne se reproduise ». Mais seulement là, il fallait trouver le langage qui permettrait véritablement de frapper les consciences.
Et l’auteur a su trouver les moyens de le faire. Parce que selon Dr Ibrahima Wane, également enseignant chercheur en littérature orale au département de Lettres Modernes, c’est ça le sens même du projet de l’auteur. « Le roman de Boris Diop, justement appartient à cette mention-là. Il a été peut être l’un des plus lus, un des plus appréciés par le langage que le romancier a utilisé. Ce langage dépouillé, ce langage simple, ce langage dont la seule ambition est de nommer les choses à leur nom», a-t-il expliqué. « Mais cette recherche du langage, de comment dire, à qui parle-t-on, l’a amené également à se rendre compte qu’on ne peut pas s’exprimer mieux dans sa langue. Il y a des choses qu’on arrive difficilement à traduire, parce qu’on les sent dans une langue. Parce que les personnages qu’on décrit parlent une langue qui est le bambara, le wolof, swahili etc. Est-ce qu’il est facile de rendre cette vie de ce langage dans une autre langue. Et, c’est ça qui la amené progressivement à aller vers le wolof, puisque après Murambi, il s’est mis immédiatement à publier des romans en wolof dont Domme Golo ensuite Bameel Kocc barma. Murambi est un tournant qui annonçait ce revirement au plan du support linguistique », a-t-il précisé.
LES PRINCES DE LA MUSIQUE EN LIGNE AU SÉNÉGAL
La plateforme streaming audio la plus connue au monde, Spotify, qui s’est installée depuis un an au Sénégal, a fait un classement des artistes les plus écoutés sur internet et des chansons qui y cartonnent
La technologie avance à grand pas et affecte tous les secteurs de notre vie. Un des secteurs d’activité dans lequel elle a posé beaucoup de torts (piratage, facilité d’échange des sons, etc.) est l’industrie musicale. Mais, de plus en plus, les acteurs apprennent à saisir les opportunités qu’offrent les innovations technologiques. Une entreprise qui en offre est la plateforme d'abonnement de streaming audio, Spotify. Présent au Sénégal depuis un an (février 2021), le site d’accès à la musique et aux podcasts le plus connu au monde a fait une échographie du paysage musical sénégalais sur sa plateforme. Occasion de révéler les artistes en vogue, les sons les plus écoutés et les villes les plus branchées côté musique.
Vivant avec son temps, Dip Doundou Guiss est l’artiste le plus écouté sur Spotify au Sénégal. Une belle prouesse pour le rappeur de 29 ans qui, peu à peu, impose son style face à dictature du Mbalakh dans l’horizon musical sénégalais. Atout numéro un du Hip Hop sénégalais, celui qui est assimilé au ‘’Messi’’ du rap a su réconcilier l’ancien et la nouvelle génération dans son univers musical. Doué d’un flow hors pair, auteur de textes puissants, divers, choquants, emballants, ingénieux, Dominique Preira à l’état civil est ce qui se rapproche le plus d’un artiste complet.
Loin de se suffire d’un talent naturel indéniable, l’artiste soigne son image à travers des clips provocants. Il utilise les réseaux sociaux à son avantage et s’est créée une communauté acquise à sa cause. Être originaire du populeux quartier de Grand-Yoff a certainement aidé. Mais Dip est surtout un artiste auquel s’identifie la jeunesse sénégalaise et de grandes marques internationales l'ont bien compris en faisant de lui leur égérie.
Dip, l’artiste le plus écouté au Sénégal
Il faut dire que les Sénégalais sont en train de s’approprier la plateforme et les artistes y lancent leurs activités. En un an, 3 156 chansons y ont été ajoutés par les créateurs sénégalais. Les internautes sénégalais ont créé 110 600 playlists générées par les utilisateurs.
Si l’auteur de ‘’Lou Bandit di nirol’’ règne sur le mouvement Hip Hop, Wally Ballago Seck est bien l’artiste en vogue dans le genre musical le plus prisé au Sénégal. Le famararen est le chanteur Mbalakh le plus écouté et le deuxième artiste sur Spotify. Ses jeunes rivaux sur la bande passante le regardent de loin dans le streaming.
Adepte des lives et des soirées chaudes de la capitale sénégalaise, le fils de Thione Seck a subi, comme de nombreux artistes, les conséquences de la pandémie de coronavirus sur le monde du spectacle. Le numérique a été une solution, même s’il ne remplace pas les échanges réels avec le public. Mais son succès sur la plateforme de musique en ligne s’explique aussi par la diversification de son offre musicale. L’artiste s’essaie dans l’afrobeat, la pop, la techno également. Des genres qui touchent une plus grande communauté d'adeptes de technologies nouvelles.
Le roi du Mbalax vient en troisième position des artistes les plus écoutés sur Spotify. Malgré le poids de l’âge, Youssou Ndour reste la valeur sûre de la musique sénégalaise. Transcendant les époques, son public reste diversifié, fidèle et intergénérationnel. Peu importe les audiences et les supports, l’artiste multi récompensé est tout le temps parmi les mieux placés. Ce partage entre la jeunesse et l’expérience se poursuit avec les deux autres places. En effet, le rappeur Samba Peuzzi et l’artiste de Mbalax Omar Pene complètent le top 5 des musiciens les plus en vue sur la plateforme en ligne.
Akon, premier sur la scène internationale
Avec 406 millions d'utilisateurs actifs par mois et 180 millions d'abonnés Premium, Spotify détient une présence dans 184 marchés dans le monde entier, 3,6 millions de titres de podcasts et plus de 72 millions de pistes. Ce qui donne une capacité d’écoute et d’expansion dans le monde extraordinaire. Et sur le plan international, Akon reste l’artiste sénégalais le plus écouté. La culture américaine y est pour beaucoup pour ce chanteur, producteur, homme d'affaires.
La scène internationale est également dominée par la vielle garde, car le rappeur est suivi dans ce classement par Youssou N'Dour et Baaba Maal. Le mythique groupe Orchestra Baobab vient en quatrième place, et Osirus Jack est le cinquième. Lui, par contre, est né en 1995, à Dakar, et est un rappeur sénégalais d’origine camerounaise. Membre du collectif 667, son dernier album "Nouvel Ère" est sorti ce 22 février 2022.
D’ailleurs, le Mbalax, style musical le plus populaire au Sénégal, est en train de gagner du terrain sur la scène internationale. Sur Spotify, il est suivi par le Hip Hop Galsen, le Mande Pop, le Guinean Pop, et le Griot sur le classement des genres les plus appréciés. Et leur popularité est en hausse en France, avec aussi le Mbalax qui gagne du terrain en Italie où le meilleur artiste local, Dip Doundou Guiss, est le plus populaire.
‘’Xool Ma Ci Bët’’ et Jeeba cartonnent sur internet
Au niveau des tubes, les productions de Jeeba cartonnent. Son featuring avec Iss 814, ‘’Xool Ma Ci Bët’’ caracole en tête des chansons les écoutés sur la plateforme de musique en ligne. En 8 mois, le son a déjà atteint 10,2 millions de vues sur Youtube. Et les internautes Sénégalais ne se lassent pas de la voix suave du jeune Thiéssois. Car, son autre tube, ‘’Guuy’’, sorti il y a un an, occupe encore la deuxième place. Sur Youtube, cette chanson cumule plus de 17,3 millions de vues.
Les autres places sont trustées par les chansons des artistes les plus écoutés. ‘’Natural Love’’ de Wally B. Seck se place en troisième position, ‘’Oulalalah’’ de Samba Peuzzi est à la quatrième, alors que ‘’Musiba’’ de Dip Doundou Guiss complète le Top 5.
A côté de ces valeurs sûres, Spotify révèle que son lancement au Sénégal a permis à d'autres artistes moins connus de se frayer un chemin sur le streaming.Taal Bi est un exemple d’un artiste émergent, de même que Rijade et Zaga.
Un fait intéressant reste que Touba, ville où les prestations musicales sont proscrites, est la quatrième ville d’où les sénégalais écoutent de la musique sur Spotify. Elle est devancée par Dakar, Thiès, et Guédiawaye. Suit enfin Saint-Louis.
KEN BUGUL OU LA PAROLE LIBÉRÉE
L’autrice sénégalaise revient avec un nouveau roman, « Le Trio bleu ». Son thème central : les tourments engendrés par la migration
Le Point Afrique |
Carine Saint-Médar |
Publication 26/02/2022
Sept ans après Cacophonie, Ken Bugul, de son vrai nom Mariètou Mbaye Bileoma, signe en ce début d'année un nouveau roman, Le Trio bleu, paru aux éditions Présence africaine. Sous une plume plus que jamais aiguisée qui mêle réalité poignante, lyrisme poétique et univers fantasmagorique, la célèbre écrivaine sénégalaise s'attaque au sujet brûlant de la migration et « des systèmes pervers ».
L'exil et le rêve du retour
Dans chacun de ses romans, il existe toujours une partie d'elle. Et ce questionnement permanent qui la hante : rester, partir, pourquoi et pour où ? Dans ce nouveau roman, la quête incessante du lieu surgit de nouveau. Cette fois-ci, c'est sous l'angle de la migration forcée que l'écrivaine choisit de l'aborder. Ken Bugul mêle ici sa voix à celle de Goora, un jeune trentenaire, un « jolof-jolof » qui a quitté sous la contrainte sa province sénégalaise natale, le « Jolof », pour la France, « Réewma » (« le pays », en wolof). Une migration imposée et un déracinement douloureux qu'il a malheureusement du mal à supporter. Ainsi, durant toute la durée de son exil à Réewma, il place toutes ses espérances dans un seul et même objectif, celui de rentrer chez lui au Jolof et d'épouser Jojoo, « la plus jolie fille du monde ».
Un rêve qu'il aime à partager avec ses deux amis : François l'Auvergnat et Suleiman, un jeune réfugié politique syrien. Mais à son retour, rien ne se passe comme prévu. Des trahisons familiales et des déceptions l'attendent. Après un périple douloureux et des années d'inadéquation et de déracinement en Occident, Goora se trouve de nouveau confronté aux « langues déliées » et au « système pervers » qu'il avait préalablement fui. Sous ses yeux se déroule, en effet, le spectacle d'un pays qu'il ne reconnaît plus, en perte de valeurs, abruti par le capitalisme et l'argent. Une fois encore déraciné, Goora, l'immigré, est aussi un étranger chez lui.
LES AFRICAINS FURENT AU COEUR DE LA CONSTRUCTION DE NOTRE MONDE MODERNE
Howard W. French, journaliste américain devenu universitaire, prend à contre-pied l’orthodoxie historique dominante sur le rôle de l’Afrique et des Africains dans la construction de ce que l’on a appelé la « modernité » de l'Occident
Entretien. Dans un essai passionnant écrit en anglais, Born in Blackness, Howard W. French, un journaliste américain devenu universitaire, prend à contre-pied l’orthodoxie historique dominante. Grâce à une documentation riche, il démontre que l’Afrique et les Africains réduits en esclavage ont joué un rôle majeur dans la construction de ce que l’on a appelé la « modernité » de l’Occident.
Born in Blackness est un livre sensationnel qui n’a pour l’heure pas été traduit en langue française. Son auteur, Howard W. French, un journaliste américain devenu universitaire, prend à contre-pied l’orthodoxie historique dominante depuis plusieurs siècles en démontrant, de manière convaincante et à l’aide d’une documentation riche, que l’Afrique et les Africains réduits en esclavage furent au cœur de la « modernité » de l’Occident.
Les récits détaillés du processus qui a ruiné les sociétés complexes du continent africain et déshumanisé des millions d’hommes, de femmes et d’enfants noirs, mais aussi de l’avidité insatiable des marchands d’esclaves, des négociants et des chasseurs de fortune portugais, anglais, français, hollandais et espagnols, ou encore de la condition des « prisonniers » du sucre, du coton et du tabac, rendent la lecture tout à la fois douloureuse et compulsive.
L’Europe a effacé tout cela depuis longtemps – mais elle ne le peut plus aujourd’hui.
Ce livre est le fruit de dix années de travail, mais – c’est une coïncidence - il est publié à un moment où l’esprit du temps s’y prête. Dans le monde anglophone, il a été accueilli avec un profond respect et un enthousiasme rare. Aux États-Unis, une invitation à s’adresser à une seule classe dans le cadre d’un cours d’histoire à la fac s’est transformée du jour au lendemain, pour French, en un discours lu devant l’ensemble de l’université. Et au Nigeria, un homme a tout simplement commandé... 1 200 exemplaires de l’ouvrage.
Victoria Brittain : Le thème central et audacieux de votre livre consiste à réécrire l’histoire du monde, du XVe siècle à la Seconde Guerre mondiale, en plaçant l’Afrique et les Africains au cœur de la construction de l’économie capitaliste mondiale. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez entrepris un projet aussi vaste et ambitieux, et comment vous vous êtes plongé dans des archives rares à travers les continents pour faire de l’esclavage africain le pivot de la modernité ?
Howard W. French : Un certain nombre de facteurs se sont conjugués pour me pousser à effectuer cette recherche et m’amener à écrire ce livre. Le premier d’entre eux concerne mon histoire familiale. Je suis un Afro-Américain, dont les ancêtres ont été réduits en esclavage des deux côtés de ma famille. Le volet de cette histoire que je connais et qui est le plus significatif et le plus directement lié à ce livre remonte aux débuts de l’histoire des États-Unis et concerne un ami et un allié politique de Thomas Jefferson, le troisième président états-unien. Jefferson a eu des enfants d’une femme esclave qui lui appartenait, et il y a une histoire étonnamment similaire dans ma propre lignée, du côté de ma mère. L’ancêtre en question, une femme nommée Priscilla, a eu un enfant de son propriétaire, le gouverneur de l’État de Virginie, James Barbour [1775-1842]. Ses enfants métis ont mené une lutte acharnée pour se préserver de l’esclavage et obtenir finalement des terres en Virginie, et leur combat a été au cœur des discussions dans ma famille tout au long de ma vie. J’ai toujours essayé de comprendre l’esclavage et la résistance à la fois comme un travail intellectuel et comme une expérience humaine vécue.
Le deuxième grand fil directeur est lié à mon expérience de journaliste. Au cours de ma carrière de correspondant à l’étranger pour le New York Times, j’ai travaillé très fréquemment dans le monde atlantique, qui est le théâtre de mon livre. J’ai notamment travaillé en Afrique occidentale et centrale, durant deux longs séjours, mais aussi aux Caraïbes et en Amérique latine. J’ai en outre mené des missions dans le sud des États-Unis et en Europe. Je parle plusieurs des langues qui sont au centre de cette histoire globale, notamment l’anglais, le français et l’espagnol, ainsi que le portugais, langue dans laquelle je me débrouille.
Le dernier aspect qui mérite d’être mentionné est que, pendant les onze dernières années de mon travail à l’étranger pour le Times, j’étais basé en Asie, d’abord au Japon, puis en Chine. Cette expérience m’a ouvert les yeux à bien des égards, mais le plus frappant fut que le thème de l’ascension de l’Occident, qui a réussi à éclipser temporairement l’Asie en termes de richesse et de pouvoir, demeure un sujet très sensible en Asie de l’Est, et même en Inde. Mon précédent livre, Everything Under the Heavens : How the Past Helps Shape China’s Push for Global Power [Knopf, 2017], était en majeure partie un ouvrage d’histoire et, en même temps, une exploration de cette question. Au cours de mes recherches pour ce livre, j’ai approfondi l’histoire de la navigation portugaise aux XVe et XVIe siècles, et j’ai été stupéfait de découvrir, à partir de récits contemporains, que les Portugais avaient passé des décennies à privilégier l’exploration maritime de l’Afrique avant de se lancer en Asie.
Pourquoi, me suis-je demandé, moi qui suis une personne cultivée et raisonnablement instruite, n’avais-je jamais appris cela ? En fait, ces récits sapent et contredisent fondamentalement le récit conventionnel et omniprésent que nous avons tous appris, selon lequel la modernité est née de l’obsession européenne d’atteindre l’Asie par la mer. L’Afrique, selon ce récit classique de l’histoire, était sans intérêt intrinsèque et ne représentait guère plus qu’un obstacle. La construction d’un tel scénario a été le premier acte d’un projet séculaire d’effacement de l’Afrique et des Africains dans notre histoire commune de la modernité.
Victoria Brittain : L’or a amené le Portugal en Afrique de l’Ouest à la fin du XVe siècle. Pourriez-vous nous parler d’Elmina, le fort situé dans l’actuel Ghana que les Portugais ont construit en 1482, et de la nature des relations de négoce de l’or avec les dirigeants africains locaux au cours du siècle qui a précédé le remplacement du commerce de l’or par celui des Noirs ?
Howard W. French : Le Portugal a été poussé à explorer la côte ouest-africaine dans les premières décennies du XVe siècle à la suite de la révélation, en Europe, d’une formidable manœuvre géopolitique menée par le dirigeant de l’empire du Mali au début du siècle précédent, dans le but de renforcer les liens de l’Afrique de l’Ouest avec le monde arabe musulman, et en particulier avec le sultanat mamelouk en Égypte. Ce dirigeant malien, Mansa Musa [dixième mansa de l’empire dans la première moitié du XIVe siècle], a parcouru 5 600 kilomètres jusqu’au Caire avec un énorme cortège transportant 18 tonnes d’or, qu’il a distribué dans des gestes de patronage et générosité extraordinaires.
Cela a fait baisser le prix de l’or sur les marchés méditerranéens pendant de nombreuses années, et les récits de la richesse du Mali se sont rapidement répandus en Europe, où les cartographes se sont affairés à essayer de localiser le royaume de Musa. Au début du XVe siècle, la jeune et pauvre dynastie portugaise des Aviz était obsédée par la recherche de cette source d’or et par la création d’un commerce avec l’Afrique de l’Ouest, dans le but de prospérer et d’assurer sa domination sur les autres couronnes ibériques qui convoitaient son territoire.
Coup de projecteur pour les habitants de Mboumba avec l'ouverture officielle, ce samedi 26 février, de la 6ème édition du festival international A Sahel ouvert, qui a pour vocation de vendre l'identité culturelle africaine.
Coup de projecteur pour les habitants de Mboumba avec l'ouverture officielle, ce samedi 26 février, de la 6ème édition du festival international A Sahel ouvert, qui a pour vocation de vendre l'identité culturelle africaine.
Mboumba est une localité située à 600 km de Dakar, dans la région de Saint-Louis, département de Podor. La cérémonie s'est tenue sous la présence d'illustres personnalités venues de diverses nationalités pour prendre part à ce grand rendez-vous culturel qui fait la promotion de l'eau et de la paix.
Avec ses 7000 habitants, Mboumba s'en sort avec son festival qui fait son charme en créant des infrastructures routières, culturelles, qui aujourd'hui ont fait de cette localité un véritable pôle de compétitivité dans plusieurs domaines.
Le thème de cette année porte sur l'importance de l'eau et de la paix, attesté par l'implication de l'Omvs, le forum mondial de l'eau, forum de Paris sur la paix etc...
Selon le Maire de la localité Sadel Ndiaye, le festival A Sahel ouvert a une importance particulière pour les habitants de Mboumba. "Ce festival nous a permis de construire beaucoup d'infrastructures liées car aujourd'hui le village est en mouvement, les commerçants sont heureux, sans oublier de dire que grâce à ce festival, un centre culturel sera mis sur pied et la pose de première pierre a eu lieu ce matin. Donc ce festival rapporte beaucoup à Mboumba" a-t-il affirmé.
En revanche, la localité souffre d'une insuffisance d'eau due à un forage qui date de 40 ans et qui n'arrive plus à couvrir toute la localité, raison pour laquelle les habitants appellent les autorités compétentes à trouver une solution pour régler ce problème qui est très fréquent dans cette contrée.
À rappeler que les festivités du festival se poursuivent avec des concerts, des parades de pirogues, défilé de mode et deux spectacles qui seront animés par la Star Gambienne Sona Jorbather et Daradji Family.
«LE SENEGAL DOIT ETRE AU CŒUR D’UNE NOUVELLE REVOLUTION CULTURELLE…»
Selon l’essayiste et spécialiste des relations internationales, Hamidou Anne, l’arrivée en force de nouveaux centres culturels occidentaux propulse le Sénégal au cœur des enjeux du monde.
Le Sénégal et sa stabilité démocratique ont toujours été pensés, par le Président Senghor, comme «un lieu symbolique d’accueil et d’expérimentation de toutes les cultures». Selon l’essayiste et spécialiste des relations internationales, Hamidou Anne, l’arrivée en force de nouveaux centres culturels occidentaux propulse le Sénégal au cœur des enjeux du monde.
On a constaté ces derniers mois, l’implantation de plusieurs centres culturels occidentaux au Séné¬gal. Qu’est-ce qui pourrait expliquer, selon vous, cet engouement ?
Ce n’est pas nouveau comme phénomène, les pays occidentaux ont toujours déployé leur art de vivre à l’étranger dans les valises, notamment de leurs représentations diplomatiques. L’Institut français, le Centre culturel américain, le Goethe institute, Aula Cervantès témoignent d’une présence longue de ces pays à Dakar et d’une volonté de transmettre et partager leurs cultures et valeurs. En revanche, ce qui est nouveau, eu égard à la nouvelle configuration de la scène internationale, c’est que de nouvelles puissances veulent aussi vendre leur culture, à travers ces outils de projection, à l’étranger, c’est ainsi que je conçois l’arrivée des Chinois, des Turcs, etc. Ce qui confirme à nouveau que la volonté d’influence à travers la langue, la culture et les valeurs, est corrélée à la prospérité économique.
Est-on à la veille de rivalités d’influence entre les puissances européennes au Sénégal ?
L’histoire suit son cours, presque normal. Il ne s’agit pas ici d’une nouvelle rivalité à inventer, il faut seulement encastrer cette course à l’influence dans un pays à haute intensité politique et symbolique comme le Sénégal, comme une volonté de peser dans les relations internationales à travers le soft power. Le Sénégal est un pays démocratique, de paix et de stabilité, un pays d’accueil et d’hospitalité qui, par conséquent, se prête à ce type d’exercice.
Peut-on parler d’un choc des cultures dans ce cas ?
Je dirais qu’il s’agit d’une opportunité supplémentaire pour des jeunes Sénégalais, étudiants, artistes et intellectuels, de se confronter à des savoirs et des imaginaires jusque-là éloignés, afin de continuer avec des gens venus d’ailleurs à «faire-monde». Senghor pensait notre pays comme un lieu symbolique d’accueil et d’expérimentation de toutes les cultures. Il voulait forger un citoyen sénégalais ouvert au monde et ancré dans ses racines culturelles. Je ne crois pas à la théorie bien connue du choc des civilisations, je pense l’époque comme une formidable opportunité d’alliage des diverses influences, dans le respect de la dignité et la sensibilité de chacun. Il faut propulser le Sénégal au cœur des enjeux du monde.
Quel est l’intérêt de ces puissances étrangères à vouloir construire et/ou renforcer leurs centres culturels ici, au Sénégal ?
Le Sénégal est une démocratie certes perfectible, mais nous sommes un grand pays bâti par un grand homme, Léopold Sédar Senghor. Mon ami, le poète Hamidou Sall, nous rappelle à juste titre que Senghor a théorisé dès 1961, sa volonté de faire du Sénégal la Grèce de l’Afrique, c’est-à-dire un lieu symbolique qui accouche d’une civilisation à même de proposer au monde un humanisme salvateur, qui serait issu des entrailles de l’Afrique. Il ne faut jamais oublier que notre pays a été fondé par un poète doublé d’un homme politique, donc une personnalité riche de mots, d’émotions, de pensées et d’actions. Que le Sénégal soit un pays attractif pour la culture, les langues et la pensée des autres, relève de l’évidence. Dans l’imaginaire collectif mondial, nous sommes le pays des penseurs, des intellectuels et des hommes et des femmes imbibés de la magie de la culture. Il nous reste d’être digne de ce glorieux passé, dont l’étiolement inquiétant doit nous interpeller davantage.
Faut-il s’attendre à une invasion de l’Occident ?
Je me méfie de l’usage de certains mots issus du vocabulaire de ceux-là ailleurs, et ils sont désormais chez-nous et ont une conception étriquée de l’identité, de la culture ou de la religion. Je n’ai rien en commun avec les militants de la guerre des races, qui pensent le monde relativement à la couleur de peau ou la pratique religieuse. Je ne crois pas au fantasme de l’invasion ; j’essaie d’ailleurs à travers des livres et dans vos colonnes, chaque semaine, de combattre les partisans du choc des civilisations, en leur opposant un humanisme exigeant.
Est-ce que cette invasion vous inquiète ?
Elle ne saurait m’inquiéter, car je n’y crois pas. Mais, je constate que l’humanité traverse un moment critique à travers notamment la parade des populistes autoritaires, caractérisés par leur médiocrité et leurs idées morbides. Le fait qu’ils prospèrent partout doit mobiliser les progressistes et les humanistes autour de nouvelles utopies à faire advenir ensemble autour de la démocratie, des libertés et de l’intelligence.
Mais qu’est-ce que le Sénégal pourrait en tirer comme bénéfice ?
N’en déplaise aux concepteurs d’une humanité rabougrie qui pensent l’autre comme ennemi, le Sénégal ne peut être à la marge du monde. Il doit être même au cœur d’une nouvelle révolution culturelle, qui sacralise le dialogue critique et construit des ponts à la place des barrières. Ce mardi 22 février, Diamniadio a été la capitale du monde libre. Pendant que l’Europe, éternelle donneuse de leçons, faisait face à des actes de guerre en Ukraine, la jeunesse sénégalaise montrait à la face du monde, une image de fête, de joie, de communion et de paix.
LE YEBBI, UN FARDEAU POUR LE PLAISIR DE LA BELLE-FAMILLE
Cette tradition visant à raffermir les liens entre la mariée et sa belle-famille est devenue une charge écrasante pour les mères des épouses
Le « yebbi » est une tradition visant à raffermir les liens entre la mariée et sa belle-famille couverte de cadeaux lors des mariages et baptêmes. Cependant, elle est devenue une charge écrasante pour les mères des épouses même si certaines en tirent un grand plaisir. Elles sont obligées de casquer fort pour « l’honneur » de leurs filles.
Le Sénégal a ses charmes et ses codes de convenance. Fatou Diop a célébré, il y a quelques mois, le mariage de sa fille aînée. Pour l’occasion, la quinquagénaire a cassé sa tirelire pour donner des cadeaux à la belle-famille de sa fille. Tissus, bijoux, fortes sommes d’argent, tout y est. On doit ravir la nouvelle famille de sa fille. Une nuit, en plein mois d’avril, dans l’un des deux pavillons dressés à l’occasion, une maman de trois filles a décaissé près de trois millions de FCfa pour combler l’assistance de cadeaux. « J’ai dû prendre les mises de mes deux tontines, soit une valeur de trois millions de FCfa, pour dilapider ça en une nuit », regrette-t-elle aujourd’hui.
Le « yebbi » est une tradition devenue un fardeau d’après Fatou Diop. La quinquagénaire explique que cette pratique avait pour but de solidifier les rapports de la mariée avec sa belle-famille. « C’est devenu difficile pour nous les mères, car nous perdons le même soir notre fille qui nous prêtait assistance dans les tâches ménagères et en même temps nous dépensons beaucoup d’argent pour lui assurer un bel avenir dans son ménage », crache-t-elle avec amertume. « Nous sommes obligées, ajoute-t-elle, de nous décarcasser pour cela, car, si nous ne le faisons pas, notre fille peut ne pas avoir un ménage épanoui ». Elle explique que la belle-fille peut même être victime de médisances de la part d’une belle-famille insatisfaite. « Il y a une sorte de concurrence qui se joue entre les mères. Chacune veut faire mieux que l’autre en donnant le maximum de cadeaux », dit-elle, peinée. Avec le temps, Fatou Diop juge que cette pratique est dévoyée, devenant un « fardeau social » pour les mères qui doivent penser à l’avenir de leurs filles.
Un « mal nécessaire »
« Si cela ne dépendait que de moi, cette pratique n’allait plus exister dans notre société », renchérit Khady Diakham d’un ton catégorique. Cette sexagénaire au corps frêle juge que le « yebbi » est une charge écrasante qui étouffe les mères même si parmi elles certaines y trouvent du plaisir. « Avant, la mère achetait juste quelques ustensiles de cuisine à sa fille et elle rejoignait tranquillement le domicile conjugal », se remémore-t-elle. Elle a eu à passer par cette « épreuve » pour le mariage de sa fille adoptive l’année dernière. Mais les 500.000 FCfa dépensées lors des épousailles lui ont laissé un goût amer. Elle en éprouve encore des remords. « En une nuit, tu flambes tout ce que tu as épargné durant des mois », dit-elle, le visage grave. La résidente de Grand Yoff travaillait dans un supermarché à Ngor et a dû piocher dans ses économies. « C’était difficile pour moi de me refaire une santé financière. Mais c’est une manière de fuir les qu’en-dira-t-on et autres humiliations », estime-telle, poussant un long soupir.
« J’ai empoché la mise de notre tontine, soit 400.000 FCfa, récupéré l’argent que me devaient des gens et reçu l’appui financier de quelques connaissances », énumère Fatou Diouf, en racontant comment elle a dilapidé ses sous lors du mariage de sa fille aînée. Agée de 67 ans, elle s’est débrouillée pour « honorer » sa fille. La commerçante avoue que c’est une « obligation » pour les mères d’agir ainsi devant la belle-famille de sa fille, un mal nécessaire.
Getzner, or, million…
« Je pense que cela contribue à raffermir les liens. C’est une pratique pavée de bonnes intentions. Elle fait partie de la téranga sénégalaise », pense Anta Ndiaye. Elle a eu à recevoir des présents lors des baptêmes de ses deux belles-filles. Des gestes fortement appréciés par cette mère de famille : « C’est une façon d’entrer dans les bonnes grâces de sa belle-famille en offrant des cadeaux à la belle-mère, au beau-père, aux beaux-frères, aux belles-sœurs et aux marraines ». Ces cadeaux l’ont émue. « Cela m’a beaucoup fait plaisir et j’étais très contente », se souvient-elle. Malgré ce bonheur, elle fustige certaines dérives rien que pour faire plaisir, au prix d’énormes sacrifices.
Magatte Ba a reçu beaucoup de cadeaux des mains de la mère de sa bru qui a eu un enfant récemment. Cela remonte à deux mois, mais elle se souvient encore des présents et de la joie immense qu’elle a éprouvée. « Elle m’a donné cinq getzner, cinq tissus brodés, cinq tissus wax, cinq thioup, des bijoux en or et un million de FCfa », énumère l’ancienne secrétaire à la Direction de l’automatisation des fichiers. La femme de 70 ans a beaucoup apprécié le geste. « J’étais agréablement surprise par ce geste », dit-elle, le sourire aux lèvres.
La contre-dot
Pour le sociologue Souleymane Lô, le « yebbi » ou la contre-dot est une épreuve par laquelle la famille de la mariée doit nécessairement passer pour rétablir l’équilibre des relations dominant-dominé, donateur-receveur dans cette entreprise sociale qu’est le mariage.
Le « yebbi », selon le sociologue Souleymane Lô, peut être compris comme une réponse à la dot qui est censée, au Sénégal, être donnée par le mari à la belle-famille. Il parle même d’une « contre-dot » à la fois libre et obligatoire. « La dot, par son caractère obligatoire en nature comme en espèce, garde perpétuellement enfouie dans la mémoire de la famille qui la reçoit la personnalité de la famille qui la donne », estime-t-il. Ce qui constitue, d’après le chercheur, une forme de domination voire une prééminence psychologique et culturelle de l’une sur l’autre, laquelle, désormais, se retrouve dans l’obligation de rendre après avoir reçu. « Sous ce rapport, le « yebbi » ou la contre-dot est une épreuve par laquelle la famille de la mariée doit nécessairement passer pour rétablir l’équilibre des relations dominant-dominé, donateur-receveur dans cette entreprise sociale qu’est le mariage », soutient M. Lô.
Ce dernier souligne que c’est par le « yebbi » qu’il est conféré à la mariée le statut social dont elle est censée jouir au sein de sa belle-famille. « C’est le prix à payer pour qu’elle ait droit d’être citée avec le respect et la dignité que les autres (belles-sœurs, belles-mères, beaux-frères et beaux-pères) lui devront nonobstant sa conduite, fût-elle des meilleures au sein d’eux », dit-il.
« Neutraliser » la belle-famille.
Cette contre-dot, autrement dit « Téranga », à l’image de la dot, est, d’après lui, l’arme avec laquelle la famille de la mariée compte neutraliser la belle-famille en la condamnant à couvrir ses yeux, ses oreilles et sa bouche au prix du bonheur de la mariée et de son accomplissement. « Ce fait est non seulement un gage de réussite du mariage de la fille mais une soupape de sécurité pour sa famille », soutient-il.
Le sociologue Souleymane Lô affirme qu’il n’y a pas de dérives coupables, car le « yebbi » est à la hauteur de la dot. « Plus la dot est importante en nature comme en espèce, plus l’est obligatoirement la contre-dot », estime-t-il. Le « yebbi » est, selon lui, l’effet de sa cause, la dot. Mieux, puisqu’elle est, elle aussi, appelée à garder dans la mémoire de la belle famille la personnalité de la famille de la mariée, cette dernière a naturellement tendance à avoir, par cette occasion, le dessus sur l’autre en marquant son territoire et en exprimant la grandeur de la famille digne d’avoir acté le mariage. « Dans ce rapport, la « téranga » constitue une forme de domination vis-à-vis de l’autre qui, par l’importance de la dot, avait déjà pris le dessus. Alors, relever un défi en vaut toujours la chandelle pour le parieur, notamment la famille de la mariée ».
DU CINÉMA AU FÉMININ
Le festival Films Femmes Afrique s’ouvre ce vendredi 25 février à Dakar et ce jusqu’au 5 mars prochain.
C’est hier, mardi 22 février que s’est tenue la conférence de presse de lancement du festival Films Femmes d’Afrique qui se déroulera du 25 février au 5 mars 2022 à Dakar et du 6 au 12 mars dans dix villes de régions du Sénégal. Cette 5e édition aura pour thème «Femmes créatrices d’avenir».
Le festival Films Femmes Afrique s’ouvre ce vendredi 25 février à Dakar et ce jusqu’au 5 mars prochain. Pour cette 5e édition de la biennale du cinéma prévue du 6 au 12 mars dans les régions, la programmation est très riche avec 63 films africains (courts métrages, longs métrages, fictions, documentaires, animations), abordant des thématiques liées aux femmes et une rencontre internationale des festivals de films de femmes. «Le festival agit pour l’égalité des genres et utilise le cinéma comme moyen d’information, de sensibilisation et de dialogue», a déclaré la présidente de Films Femmes Afrique, Martine Ndiaye lors de la conférence de presse de lancement de l’évènement hier, mardi 22 février, au centre Yennenga de Grand Dakar. Selon elle, le festival a pour objectif de «promouvoir le cinéma africain» et «les droits des femmes».
En effet, le thème de cette année est « Femmes créatrices d’avenir ». Dans ce cadre, des questions liées à la préservation de l’environnement, à l’arrêt de la production plastique et l’accès à l’eau potable à tous seront à l’ordre du jour à travers des films qui vont dans ce sens. « Qui connaît mieux la valeur de l’eau que Houlèye dans Marcher sur l’eau, ou l’importance d’enrayer la pollution plastique que Mélati qui parcourt le monde depuis six ans dans Bigger than us », s’interroge Martine Ndiaye. Au programme du festival, il y aura des projections gratuites de films dans 45 lieux différents à Dakar, suivies de débats organisés avec les réalisatrices invitées, des experts, des sociologues, des juristes afin que «le public connaisse ses droits». Parmi les films sélectionnés, on peut citer Ghofrane et les promesses du printemps de Raja Amari, Une Histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid, Un pinceau en or de Lobé Ndiaye, Tang Jer de Selly Raby Kane, Kipou de Abdoulaye Sow, Mami Watta de Christian Thiam, Fissures de Dieynaba Ngom, Anonymes de Fama Reyane Sow.
Egalement, un hommage sera rendu à la première femme cinéaste sénégalaise, à travers une soirée spéciale avec la projection de «Kaddu Beykat» (Lettres paysannes). Le festival Films Femmes Afrique, c’est aussi une formation intensive, Kino Linguère, en scénario, réalisation, cadre, scripte et montage pour 14 personnes sélectionnées. Les films produits dans ce cadre vont être projetés en avant-première lors de la cérémonie de clôture le 5 mars 2022 au cinéma Canal Olympia. Une exposition sur le travail privé d’archives Ababacar Samb Makharam sera aussi au menu. Un Prix du meilleur long métrage et un autre du meilleur court métrage fiction vont être à la cérémonie de clôture. Au sein du jury, on retrouve des professionnels comme l’actrice Amélie Mbaye, le journaliste Baba Diop, la réalisatrice documentaire Cornélia Glele, la journaliste Diabou Bessane, le producteur Souleymane Kébé.
COUPE D'AFRIQUE DE SLAM POESIE, EL HADJ OMAR BALDE SUCCEDE AU SENEGALAIS AL FARUQ
Le Poète Slameur Guinéen, El hadj Omar Baldé a remporté la deuxième édition de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie (Casp), qui s’est tenue le weekend à Addis Abeba. Ainsi, le jeune slameur succède au défunt sénégalais Al Faruq qui avait honoré le Sénégal.
Le Poète Slameur Guinéen, El hadj Omar Baldé a remporté la deuxième édition de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie (Casp), qui s’est tenue le weekend à Addis Abeba. Ainsi, le jeune slameur succède au défunt sénégalais Al Faruq qui avait honoré le Sénégal en 2018. Une occasion pour revenir sur la vie du regretté slameur sénégalais.
La deuxième édition de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie s’est tenue ce weekend à Addis-Abeba dans la capitale éthiopienne. Cette compétition de l’esprit, tenue du 16 au 19 février, est remportée par la Guinée. Puisque, c’est le jeune poète et slameur guinéen, El hadj Omar Baldé qui a remporté cette deuxième édition de la Coupe d’Afrique Slam Poésie. Ainsi, il succédé au regretté sénégalais Al Faruq qui avait remporté l’édition de 2018 à N’Djamena, au Tchad. Ce, après quatre années qui se sont écoulées depuis la première édition.
Le slameur guinéen était retenu parmi les 8 finalistes nationaux, le jeune Elhadj Oumar Baldé connu sous le sobriquet de « EOB » a hissé haut lors de la deuxième édition de ce grandiose festival continental, le tricolore national en dehors de nos frontières, à Addis-Abeba en Ethiopie. C’est l’artiste lui-même qui donne cette bonne nouvelle à travers ses comptes. « C’est désormais chose faite, la Guinée est championne d’Afrique de l’art oratoire Slam ! Le binôme de Mohamed Dieng du groupe Dimèdi Slam a raflé dans l’après-midi de ce samedi, la Coupe d’Afrique de Slam Poésie (Casp) 2022 », écrit-il.
Flash-back sur Al Fàruq
Pour rappel le slameur sénégalais Al Fàruq est décédé le 6 octobre 2020, suite à une violente crise d’asthme à Diamniadio (Sénégal). Un mort brutale puisqu’il est parti sur la pointe des pieds, plongeant tout un pays dans l’émoi et la consternation, surtout la jeunesse. Car il était une valeur sûre du slam, et a bien, représenté le Sénégal. Grâce à sa plume facile et ses textes pleins de vie, Al Fàruq a réuni une communauté de plusieurs milliers de fans autour de son art. Avec son décès il avait laissé les Sénégalais sans voix. Champion national du slam en 2018, Abdourahmane Dabo à l’état civil, plus connu sous le pseudo d’Al Fàruq, s’était lancé dans le slam en 2017 après un master en Géographie à l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Cependant, son amour pour la poésie remonte à l’âge de12 ans. Il aura fallu juste trois années au jeune casamançais (de 2017 à 2020) pour conquérir le slam au Sénégal et au-delà. C’est ainsi qu’il remporte en 2018 la Coupe d’Afrique de Slam à N’Djamena après avoir été couronné champion de Slam, Poésie au Sénégal. Cette coupe d’Afrique de Slam organisée au Tchad avait réuni plus d’une trentaine d’artistes d’Afrique francophone et anglophone qui s’étaient affrontés sur scène pendant une semaine. La même année (2018), le défunt remporte également le Prix du Public du Grand Slam National et est finaliste du Prix Jeunes Écritures AUF RFI en 2019.
Le natif de Bignona est aussi alumni du prestigieux « Club des amis du Livre » et lauréat de la « Caravane des 10 Mots » en 2011. En 2015, il fait éditer son recueil de poème « Déluge de l’esprit ». Al Fàruq était également nouvelliste également. L’une de ses œuvres « Le Carnet » était d’ailleurs retenu parmi les finalistes du Prix Stéphane Hessel de la Jeune Écriture Francophone en 2015 (Rfi).
MAL-GOUVERNANCE EN AFRIQUE : DREAD MAXIM S’EN PREND AUX DIRIGEANTS
Propos recueillis par Amadou MBODJI |
Publication 21/02/2022
Dans ce nouvel album, Soul Jah, vous avez repris des titres de vos précédents albums. Mais y a-t-il de nouveaux titres également?
L’album compte 14 morceaux. Ce sont deux albums que j’ai réunis, parce que le format est celui d’une clé Usb. Si c’était un format Cd, on aurait pu sortir deux Cd différents. Au total, il y a huit nouveaux titres dans ce nouvel album. Après mes expériences de production qui n’ont pas abouti, j’ai adopté le mode Do it yourself. Je suis allé bosser, j’ai créé une micro entreprise dans le domaine de la livraison. Quand j’ai gagné des sous, j’ai investi dans la musique. J’ai mis en place mon studio chez moi. Je me suis payé une formation d’ingénieur de son et de beatmaker. C’est une autoproduction et les gens m’ont aidé, m’ont soutenu pour que ça soit possible. Je les en remercie encore. Une partie de l’album a été enregistrée, mixée et masterisée dans mon studio. Et l’autre partie a été enregistrée à Dakar, au studio Mass 36.
Que vous inspirent les derniers événements dans la sous-région, avec les sanctions infligées par la Cedeao au Mali après le coup d’Etat qu’a connu ce pays qui demande maintenant à la France de quitter son territoire ?
Je pense que le Peuple aspire à la liberté. Ce qui s’est passé, je ne le cautionne pas. Mais je pense que c’est la suite logique de la mauvaise gestion des Etats africains, du manque de volonté politique de nos dirigeants pour que les choses changent. Ce sentiment de Justice dont la jeunesse africaine a besoin, ressort à travers ces moments durs de son histoire, en commençant par la colonisation. Aujourd’hui, on nous dit que nos pays sont indépendants. Je ne suis pas vraiment d’accord avec ça. Je ne pense pas que nous soyons tout à fait indépendants, vu la présence de la puissance coloniale qui est toujours de mise. Je pense qu’on a juste changé de paradigme. J’ai envie que cette liberté soit effective. Nos dirigeants, on a l’impression que ce sont plus des gouverneurs de la France que des gens qui se préoccupent des problèmes de l’Afrique. On parle d’indépendance entre guillemets. La vie au Sénégal après les indépendances, était meilleure qu’aujourd’hui. Il faut une volonté politique pour faire avancer l’Afrique. Il faudrait des changements dans le domaine de l’éducation. L’école qu’on nous propose, est une école de la colonisation. L’éducation is the key. Il faut qu’on apprenne notre histoire à nos enfants, qu’on arrive à rétablir la vérité des faits, de l’histoire pour que les Africains soient fiers d’eux. Pour une nouvelle Afrique, celle qui va permettre de se soigner gratuitement. Je me rappelle, ça doit faire une dizaine d’années, j’avais le palu¬disme un jour, je suis rendu dans un hôpital pour me faire soigner. On m’a dit qu’il n’y avait plus de lit disponible pour moi. Je me suis fait perfuser et j’ai voulu rentrer chez moi. On m’avait fait savoir que ce n’était pas possible. Et j’ai dû louer les services d’une voiture clando pour me ramener un matelas à l’hôpital. Les riches deviennent de plus en plus riches. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Il faut une redistribution des richesses. Je n’ai pas envie de parler aux dirigeants. C’est tellement médiocre leur façon de gérer nos pays. C’est comme si c’est le culte de la médiocrité. J’essaie de parler aux gens qui doivent changer les choses. Quand on était jeune, il y avait une matière, l’instruction civique que l’on nous enseignait. On devrait continuer à l’enseigner pour plus de civisme. Nos dirigeants sont nos coaches. Ils ont plus de responsabilité dans ce qui se passe actuellement.
Qu’est-ce que vous comptez faire pour faire la promotion de votre nouvel album ?
Je prévois de faire connaître l’album au niveau de l’Europe plus tard. Je laisse le temps aux mélomanes de s’approprier l’album, de se familiariser avec. Je prévois de faire une tournée nationale et internationale. Je pense que c’est une page d’une nouvelle carrière, plus professionnelle qui s’ouvre pour moi. Je ne ferai pas que du show, je ferai un peu de business. Parce que d’après l’expérience que j’ai eue de ces 20 ans, je n’ai fait que du show, je n’ai pas privilégié le business. J’ai vu que le show sans business a du mal à avancer. Trop de show tue le business. On va essayer, avec mon équipe, de travailler l’équilibre entre le show et le business. Je ne suis pas encore entre les mains des grosses maisons de production qui peuvent t’imposer le chemin à suivre. Je rends grâce à Dieu. Je suis concentré sur notre reggae, je sais que le mbalax a une grosse part du marché et que le hip-hop suit. Je souhaite que le reggae se développe un peu plus. On parle de mbalax, de hip-hop et autres qui sont regroupés, qui ont du mal à avancer. L’industrie musicale sénégalaise gagnerait à sortir de l’informel. Je vois le hip-hop évoluer, je vois des jeunes qui font des choses extraordinaires. Je souhaite que le reggae se développe un peu plus. Il nous faut des maisons de production reggae. Parce que ce n’est pas normal qu’il y ait une seule fois par an, un grand concert de reggae comme ce fut le cas le 6 janvier dernier avec de grosses pointures de la musique reggae. De grands concerts reggae, il n’y en a pas souvent à Dakar.
Pourquoi le reggae ne marche pas au Sénégal ?
Peut-être que ça ne marche pas comme il faut. Mais je dirais que le Sénégal n’est pas un pays de reggae comparé à la Gambie. Les Gambiens comprennent l’anglais, le reggae est chanté en anglais. Je pense que la musique reggae au Sénégal a évolué de manière positive vu que depuis 2000, quand j’étais sur le marché sénégalais, il n’y avait pas vraiment d’album. Il y avait Amandla, Jam Yalla. En 2000, il n’y avait pas grand-chose. Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Finalement, ils ont voyagé. Au Sénégal, il n’y a pas une véritable scène musicale reggae. Il nous manque une structure de production. Et il faut une bonne communication. Si je compare avec le mbalax, il y a de grandes maisons de production qui produisent des artistes mbalax. Pour le hip-hop, c’est un peu la même chose, même si les maisons de production hip-hop ne sont pas de la taille de celles du mbalax. Nous, on fait notre part du travail. On ne lâche pas l’affaire. L’album Jah Fire, je l’ai produit avec mes propres moyens, avec le soutien des amis. J’ai reçu beaucoup de témoignages me disant : «Oh Dread, on a écouté ton reggae. C’est grâce à toi qu’on a découvert le reggae.» Et maintenant, tous les week-ends, toutes les semaines, il y a des sound system partout. Je vois que la manière de voir le reggae a changé, a évolué. Aujourd’hui, je vois que même les filles s’y mettent. Elles portent des dreadlocks, même si c’est de faux dreadlocks (Rire). Ça veut dire que c’est un aspect positif, c’est-à-dire que le Sénégal s’approprie de plus en plus le reggae. Même si le Sénégal n’est pas un pays de reggae, ça commence à évoluer de manière positive.
Comment s’est faite votre connexion à la musique ?
Je ne suis pas issu d’une famille d’artistes. Ma mère a travaillé avec le Président Abdou¬laye Wade comme mi¬nistre à un moment donné et après, elle a été dans le Sénat. Elle s’appelle Marie Lucienne Tissa. Elle était enseignante, maintenant, elle est à la retraite et vit à Mboro. Mais peut-être que mon grand-père chantait lors des cérémonies de battage du mil. Mon grand-père était l’homme qui motivait les gens. Peut-être que ça, je l’ai pris de lui. Par contre mes parents sont mélomanes. Ils écoutent beaucoup de musique. Ma mère aimait beaucoup écouter la chanson française, mon père aimait écouter du soul américain. Et j’ai été bercé par cette ambiance musicale. L’envie de chanter est née en moi quand j’étais petit. J’adorais interpréter les chansons qui me plaisaient et donc quand je suis devenu majeur, j’ai dit voilà pourquoi pas ?