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29 novembre 2024
Culture
LE DERNIER REFUGE D'OUSMANE ZOROME SAMASSEKOU
Le Festival international du documentaire à Paris montre, samedi 12 et mercredi 16 mars, «Le dernier refuge», un lieu cinématographique unique créé par Ousmane Zoromé Samassékou.
Le Festival international du documentaire à Paris montre, samedi 12 et mercredi 16 mars, «Le dernier refuge», un lieu cinématographique unique créé par Ousmane Zoromé Samassékou. Le réalisateur malien a posé sa caméra à la Maison des migrants, à Gao, au bord du Sahara, pour nous transmettre plus qu’un film, un état émotionnel. Il y accueille les espoirs et désespoirs des migrants, avant ou après leur traversée du désert.
Pourquoi avez-vous dédié votre film à votre oncle Amadou ?
Au départ, ce film est parti d’une histoire de famille. Mon oncle Amadou est parti à 32 ans et on n’a pas eu de nouvelles jusque-là. Je voulais faire un film sur cette histoire qui est aussi l’histoire de beaucoup de gens qui sont partis, mais hélas, ne sont pas revenus. Au début, il s’agissait juste de collecter des histoires et images représentant le départ, des images parfois poétiques et souvent abstraites. Ensuite, lors d’un atelier organisé par mon coproducteur, j’ai découvert cette Maison des migrants à Gao, au Mali.
Quelle est la particularité de cette Maison des mi¬grants que vous avez filmée à Gao pour Le dernier refuge ?
La particularité de cette Maison, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’un lieu accueillant des migrants qui sont de retour, mais aussi elle reçoit ceux qui sont en partance. Ces deux courants et ces expériences différentes se croisent dans cet endroit. Il y a des amitiés qui y naissent. L’espoir et le désespoir s’y croisent. Ce lieu est une forme d’abri pour ceux qui arrivent très fatigués avant leur traversée du désert. Mais, c’est aussi un lieu de connaissance, d’accueil et de prise de parole pour les migrants.
Votre documentaire commence avec une scène sur un cimetière improvisé et le danger de mort reste tout au long du film omniprésent. Le dernier refuge, est-ce une sorte de double portrait, à la fois des deux jeunes migrants burkinabè, Esther et Kady, mais aussi de la mort ?
Oui, absolument. On peut difficilement parler des migrants sans parler des morts, surtout ceux qui y vont clandestinement. Pour moi, ce qui était important, c’est de suggérer la mort sans la montrer. Sans montrer cette barbarie qu’on a l’habitude de voir dans les journaux télévisés, avec des immigrants qui meurent dans les embarcations, dans le désert ou ailleurs. Moi, je voulais avoir une forme de subtilité, ne pas montrer la mort, mais faire comprendre qu’il y a beaucoup de gens qui ont disparu et dont les familles n’ont plus de nouvelles. Pour cela, le film commence avec des tombes qu’on rénove.
Au-delà du récit des migrants, ce qui frappe dans votre film, ce sont les couleurs : le bleu, le turquoise de la Maison des migrants, le jaune ocre du sable…
C’est vraiment une recherche très photographique, très cinématographique. L’immigration a été tellement traitée. Je voulais une dimension cinéma dans ma recherche de couleurs. Le bleu, par exemple, est beau et représente la mer et la gaieté, mais aussi l’eau et la survie. Ensuite, le défi était de trouver une harmonie entre cette Maison des migrants et les autres images du désert.
Ce qui revient toujours dans la bouche des migrants est le mot «Sahara». Cela devient une véritable obsession, une sorte de mythe pour les migrants. Peut-on dire que le Sahara tient le rôle principal concernant l’imaginaire du film ?
Oui, le Sahara est une expérience particulière. Les migrants nous racontent leur expérience de cette traversée. Le Sahara comprend plusieurs pays, et chaque migrant a son propre tracé dans cet endroit où il n’y a pas de puits, pas d’eau, pas de loi. Il y a des terroristes, des trafiquants d’armes, des trafiquants de drogue…
Vous ne montrez pas la migration du point de départ, ni à l’arrivée, mais à mi-chemin. Est-ce une nouvelle façon de filmer ce phénomène ?
Oui, absolument. Dans ma façon de voir les choses, je pense que l’homme a toujours bougé. De l’origine de la terre jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, on vit dans un monde différent. Il y a des barrières, des frontières qu’il faut respecter, il y a des lois mises en place. Et cette Maison des migrants se trouve au milieu de tout cela. Là-bas, on n’est pas originaire de quelque part. On est juste à l’endroit où l’on est, à la recherche d’un endroit qui convient. Ce n’est pas un lieu de départ, ni un lieu d’arrivée, mais un lieu du juste milieu. C’est un endroit qui donne une forme d’humanité et de sécurité et une envie de vivre.
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ETERNEL CHEIKH ANTA DIOP
Depuis le décès du Professeur Cheikh Anta Diop le 7 février 1986 chaque année ce jour de commémoration est célébré au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora. Cette année, l'Evènement s'est déroulé à Dakar dans un contexte particulier et inédit.
Depuis le décès du Professeur Cheikh Anta Diop le 7 février 1986 chaque année ce jour de commémoration est célébré au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora. Cette année, l'Evènement s'est déroulé à Dakar dans un contexte particulier et inédit. Écoutez les échanges sur nationalisme, panafricanisme, internationalisme, à l'initiative de la place du souvenir, de Trust Africa et du projet Histoire Générale du Sénégal.
«JE SUIS VENU AU CINEMA PAR LA LITTERATURE»
Entretien avec Mahamat-Saleh Haroun, cinéaste tchadien
Le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun publie un nouveau roman, Les Culs-reptiles, très bien accueilli par la critique et le public : sorti début janvier, il a vu son premier tirage rapidement épuisé et a déjà été réimprimé. Le livre raconte une histoire incroyable, celle de Bourma Kabo, un jeune Africain sachant à peine nager, qui fut le seul à répondre à une petite annonce de la fédération de natation de son pays pour le représenter aux Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Un récit inspiré par l’histoire vraie du nageur équato-guinéen, Eric Moussambani, qui avait gagné un peu à ses dépens, une célébrité mondiale lors de cette compétition. L’incontestable originalité du livre provient moins de l’histoire qu’il raconte que de sa façon étonnante de la raconter. Car la jouissance que procure la lecture de cette fable politique résulte avant tout du style de l’auteur et de sa créativité langagière, quelque part entre Rabelais et Kourouma. Une tout autre musique, assurément, que celle que nous a donné à entendre jusque-là le cinéaste. D’où l’intérêt de lui demander ce qui l’a poussé à prendre la plume.
Il est difficile pour un cinéaste de trouver le financement pour un film quand le dernier sorti n’a pas rencontré le succès escompté. Est-ce la même chose dans l’édition ?
Non, on n’a pas hésité à m’accueillir à nouveau chez Gallimard. L’économie du livre et celle du cinéma sont très différentes. Pour un livre, on ne raisonne pas seulement en fonction des ventes ou des recettes, on parie encore souvent sur le long terme. Il y a encore un grand nombre d’auteurs publiés, y compris d’ailleurs de grands noms, qui ne vendent pas beaucoup de livres. Et on continue à éditer des poètes. On estime que cela participe à la vie culturelle. Mais il est vrai aussi que les moyens et donc les risques en jeu ne sont pas du même ordre au cinéma et dans l’édition.
On n’aurait jamais imaginé que le cinéaste Haroun pouvait écrire un récit jubilatoire com¬me Les Culs-reptiles. Que s’est-il passé ?
Cette jubilation, c’est celle que j’ai éprouvée en écrivant en quelques semaines cette histoire. Grâce à l’amour des mots, cette musicalité, cette écriture complètement libre qui permet de se déployer à travers le texte. Alors que l’écriture cinématographique est contrainte, presque formatée. J’ai pu vraiment entrer dans la tête de Bourma, dans l’univers absurde dans lequel il circule. J’ai aimé sentir que je pouvais écrire sans ressentir de limites, être tout seul face à la page blanche, cela donne une autre force. C’est un jet qui vient du fond du cœur, qui ne sera pas altéré parce qu’untel ou untel sera intervenu pour vous demander de modifier ceci ou cela. Il n’y aura qu’une personne, l’éditeur, qui regardera cet écrit, alors qu’au cinéma, vous êtes face à plusieurs points de vue – producteurs, distributeurs, etc. Des avis qui vont vous perturber, qui imposent une sorte d’écriture du consensus.
Quand vous êtes-vous tourné vers la littérature ?
Je n’ai jamais cessé d’écrire. J’ai commencé, comme tous les adolescents j’imagine, par des poèmes. Puis il y a eu des nouvelles. J’ai toujours eu un lien très fort avec la littérature, à tel point qu’on pourrait même dire que je suis venu au cinéma par là. Il y a dans le cinéma des auteurs comme Truffaut, Godard, qui sont en fait des écrivains contrariés. On sent bien l’influence de la littérature derrière leurs œuvres. Je suis plutôt comme ça.
Dans mon premier long métrage, Bye Bye Africa, il y a quelque chose de l’ordre de la littérature avec cette voix off, ce texte, ce film qui est une espèce de manifeste. Mes écrits étaient donc dans mes tiroirs et il est arrivé ce moment où j’ai eu le temps, l’occasion, l’opportunité d’y aller.
Par ailleurs, les personnages, le monde que je représente à l’écran sont très éloignés de la majorité de mon public et des personnes qui ont leur mot à dire sur ce que je fais. J’ai moins cette impression avec la littérature. Enfin, la littérature reste un socle dans la société. Les gens, ces derniers temps, se sont retournés vers le livre, comme si c’était le seul compagnon possible, un compagnon presque physique.
Les Culs-reptiles et sa vision satirique des pratiques du pouvoir sont-ils une façon de régler vos comptes avec la politique, après votre bref parcours de ministre tchadien de la Culture en 2017 et 2018 ?
Non, il y a dans ce livre quelque chose de l’ordre de la farce, mais le récit évoque des situations que je côtoie depuis longtemps. Peut-être ai-je pu voir de plus près certaines choses en étant ministre, mais c’est tout. Les choses horribles dont je parlais d’ailleurs dès mon premier livre font partie tout simplement de la réalité tchadienne.
Un livre, pour un cinéaste, n’est-ce pas un scénario contrarié ? Qui deviendra d’ailleurs peut-être, dans le cas de Les Culs-reptiles, un film ?
Pas du tout. Beaucoup de gens m’ont dit que ce livre ferait un très beau film, et même quelqu’un m’a déjà proposé de participer à un tel projet. Je suis tombé des nues. Car il y a dans le livre des éléments poétiques, un travail sur les allitérations, les assonances, des didascalies, des choses qu’on ne peut pas projeter sur un écran. Je ne vois pas comment on peut faire cela au cinéma. Je n’ai en tout cas pas du tout pensé à une possible adaptation au cinéma en écrivant.
Le livre est pourtant aussi très descriptif… N’avez-vous pas «vu» ce que vous écriviez en l’écrivant ?
Si la description est importante, c’est parce que le personnage de Bourma découvre pour la première fois, tous ces milieux qu’il ne connaissait pas : les ministères, les hommes de pouvoir, les hôtels, la mer, les Jeux Olympiques, etc. Donc je devais décrire tout cela de son point de vue. Il ne faut pas oublier que je suis parti d’une histoire vraie, ce qui m’a permis de traquer nos petites absurdités, de nous interroger sur le présent en Afrique, de mettre les gens face à leurs responsabilités. Et l’ironie que je pratique, c’était je crois la meilleure façon d’injecter de la réflexion dans cette histoire.
Est-ce le documentariste ou l’auteur de fictions qui a écrit ce livre ?
Sans doute plus le documentariste. Mais si j’ai fait des recherches, je n’ai pas pour autant voulu retrouver le nageur qui a vécu cette histoire. Je voulais laisser libre cours à mon imagination, tout en rendant attachant un personnage qui ne cherche rien d’autre qu’à sortir de son statut de «cul-reptile».
D’où vient cette expression de «cul-reptile» ?
Je l’ai imaginée en m’inspirant de ce que je voyais et entendais au Tchad. Il y a une expression qui dit : «Patient comme un varan.» Façon de dire qu’on peut, comme ce reptile, rester des heures et des heures au soleil en attendant aussi longtemps qu’il le faut ce qui va tomber tout seul. Je me suis demandé comment faire un lien entre cela et tous ces gens qu’on voit au Tchad assis sur des nattes, retenant leur envie de révolte, dans la frustration et le ressentiment, médisant sur ce qui se passe autour d’eux sans rien faire. Espérant qu’il va se passer quelque chose, que cela bougera et qu’alors ils pourront bouger eux-mêmes. D’où l’expression que j’ai forgée et le récit qui a suivi.
Ce livre est un peu dans la veine d’un Kourouma ou d’un Rabelais. Peut-on imaginer que le cinéaste Haroun explore cette veine à l’avenir ?
Il y a sans doute quelque chose de proche de Kou¬rouma dans l’ironie que je pratique. Où l’on peut retrouver certainement aussi, et peut-être surtout, l’ascendant Rabelais. Quant à retrouver au cinéma le style du livre, pourquoi pas, c’est tout à fait possible. Après avoir réalisé des films très sérieux, le cinéaste français Bruno Dumont a par exemple été vers le comique, le burlesque, le déjanté. Pour ma part, si je devais aller vers la comédie, ce serait plutôt dans la veine d’un Jim Jarmush, privilégiant la poésie, l’absurde.
Le prochain Haroun sera-t-il un film ou un livre ?
Un film, que j’espère pouvoir tourner l’année prochaine, au Tchad. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant, tant que le projet n’est pas plus avancé.
Jeune Afrique
5ÈME FESTIVAL DE FËSËL SUNU COSAAN : LA BANLIEUE VIBRE AU RYTHME DE LA CULTURE
Créée depuis 2017 par feu Ndongo Bèye, l’association Art et Culture organise la 5e édition du Festival Fësël Sunu Cosaan à Thiaroye-sur-Mer, dans la banlieue dakaroise, du 9 au 14 mars 2022.
Organisée par l’association Art et culture, la 5ème édition du festival Fësël Sunu Cosaan se tiendra du 9 au 14 mars prochain à Thiaroye Sur Mer. Durant six jours, la banlieue dakaroise va donc vibrer au rythme de la culture, au grand bonheur des mélomanes.
Créée depuis 2017 par feu Ndongo Bèye, l’association Art et Culture organise la 5e édition du Festival Fësël Sunu Cosaan à Thiaroye-sur-Mer, dans la banlieue dakaroise, du 9 au 14 mars 2022. Créé pour valoriser les liens entre les différentes communautés de la localité, ce festival a pour objectif de valoriser des traditions qui sont essentielles à la culture. Comme le fait de faire émerger les différentes traditions qui racontent d’où viennent les ancêtres et ce qu’ils ont dû traverser pour construire cette communauté.
Selon les organisateurs de l’évènement, chaque rendez-vous relève d’une étape importante de la vie d’un individu, de l’enfance à l’adolescence, du jeune adulte à la famille, aux grands-parents, aux frères et sœurs ; mais aussi les règles du vivre-ensemble qui sont racontées.
Revenant sur le choix de Thiaroye-sur-Mer, les organisateurs renseignent que ce n’est pas un hasard si le festival a posé ses valises dans ces deux quartiers que sont Thiaroye-sur-Mer et Guinaw Rails. Car, disent-ils, ces localités font partie de l’histoire de vie de Ndongo Bèye, fondateur et président des associations. «Depuis son plus jeune âge, Ndongo Bèye s’est investi dans sa communauté, en y développant son art et en soutenant des petites entreprises. Celles-ci ont permis de faire vivre de nombreuses personnes», soulignent-ils.
Poursuivant, ils déclarent que chaque festival leur permet de participer, avec les habitants de Thiaroye-sur-Mer et de Guinaw rails, à prendre soin des quartiers, à faire des cours d’art et de culture avec les enfants des écoles publiques, intervenir dans les foyers socio-culturels pour mettre à disposition des outils de formation, offrir des rendez-vous qui coordonnent les acteurs de la mairie, des associations du quartier ainsi que ses habitants, des plus petits aux plus grands. Le thème retenu pour cette 5e édition est «Fësël sunu cosaan» 2022, ou encore faire valoriser notre culture. L’association Arcots Banlieue en est le parrain.
Il s’agit de valoriser le festival à Thiaroye/Mer, de le faire grandir en permettant aux artistes de rue de faire parvenir leur art dans d’autres espaces de représentation ainsi qu’en faisant des tournées autant nationales, transnationales qu’internationales, mais aussi valoriser les arts et cultures à travers de nombreuses photographies et vidéos qui ont été prises. Il y a également des films documentaires, des interviews d'acteurs culturels, des expositions photographiques, des vidéos des évènements.
A cela s'ajoutent des projets d’expositions photographiques, de livres, de sites internet, de films documentaires, qui permettront au public de les consulter et de les utiliser pour leurs projets culturels. Durant ces 6 jours, les artistes qui participent depuis le premier festival sont très investis dans la transmission de la culture en travaillant ces textes en langue wolof. A cela, s’ajoute la soirée «Tann béer» du mercredi 9 mars. Une série d'artistes locaux vont présenter leur travail et inaugurer une scène libre du festival. «Il est essentiel de laisser la place aux jeunes artistes de venir présenter», soulignent les organisateurs. Du jeudi 10 au dimanche 13 mars, chaque jour, la compagnie Fësël sunu cosaan accueille d’autres communautés telles que les Mandingues, les Sérères, les Lébous, les Congolais dans le cadre des journées culturelles.
Pour finir, le 14 mars, date de clôture du Festival, la compagnie Fësël sunu cosaan est invitée à montrer sa création au siège d’Arcots banlieue.
MASA 2022 – PRESIDANT LA CEREMONIE D’OUVERTURE : PATRICK ACHI INVITE A RELEVER LE DEFI DU NUMERIQUE
Le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (Masa) a démarré ce samedi 5 mars et va se poursuivre jusqu’au 12 du même mois, avec comme thème : «Les industries culturelles et créatives : le défi des contenus.»
Les artistes et le monde de la culture doivent relever le défi du numérique par ces temps qui courent. Telle est la conviction du Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Patrick Achi, qui l’a dit en présidant la cérémonie d’ouverture de l’édition 2022 du Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (Masa).
Le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (Masa) a démarré ce samedi 5 mars et va se poursuivre jusqu’au 12 du même mois, avec comme thème : «Les industries culturelles et créatives : le défi des contenus.»
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Patrick Achi, Premier ministre de la Côte d’Ivoire. Avant de déclarer ouverte cette 12ème édition, il a rappelé l’importance du numérique pour toutes les disciplines artistiques. «La culture doit s’adapter aux mutations sociologiques et technologiques», a-t-il dit avant d’ajouter : «Le digital a bouleversé le monde, mais il faut le comprendre dans le bon sens. Il faut, pour tout acteur culturel, une identité virtuelle pour promouvoir ses activités professionnelles.»
Mme Harlette Badou Nguessan Kouamé, ministre de la Culture et de l’industrie des arts et du spectacle, lui a rendu hommage. Elle a salué son leadership, qui a été déterminant dans l’organisation de cette 12ème édition. D’après la ministre de la Culture, le Masa 2022 est le fruit de la bonne synergie impulsée par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, et mise en œuvre par le Premier ministre, Patrick Achi.
Le Masa célèbre son trentenaire et, selon Mme Kandia Camara, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la diaspora, marraine de cette édition, cela prouve que la Côte d’Ivoire rassemble toujours. Elle n’a nullement douté qu’à partir de cette édition, des carrières d’artistes vont prendre forme. Ce qu’a soutenu aussi Patrick Hervé Yapi, le tout nouveau Directeur général du Masa, qui estime que les participants vont beaucoup tirer profit de cet événement. La cérémonie qui a démarré à 19 heures, avait un contenu qui reflète la diversité culturelle. Il y avait l’orchestre philarmonique de l’Insaac (Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle d’Abidjan), des fresques de danses traditionnelles ivoiriennes exécutées avec beaucoup d’énergie.
Pour les play-back, il y avait trois générations d’artistes chanteurs. Eveline Nayo comme chanteuse émer¬gente, Sadoni la tigresse comme artiste intermédiaire célèbre et Bailly Spinto qui fête cette année les cinquante ans de sa carrière musicale. Le groupe qui a joué en vedette et en live, c’est Magic System. Cette formation musicale a joué les titres phares de son répertoire. L’espa¬ce lagunaire qui a abrité la cérémonie d’ouverture avec deux scènes, était rempli de monde, avec beaucoup de feux d’artifice et de lumières.
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L'OCCIDENT A UN PROBLÈME EXISTENTIEL
Comment ne pas penser que le Mali paye pour la résistance de ses militaires aux normes de la françafrique. La France en Afrique n'avance plus masquée. Le tribalisme est moins la haine de l'autre que la haine de soi - ENTRETIEN AVEC BOUBACAR BORIS DIOP
Conversation avec le journaliste et auteur sénégalais, Boubacar Boris Diop, à propos de son dernier ouvrage en wolof "Malaanüm Lëndëm" publié aux Éditions EJO, dans l'émission Belles lignes sur itv, dimanche 6 mars 2022.
par Seydou Ka
FELWINE SARR, LES CHEMINS DE QUÊTE DE SOI
Entre souci de l’altérité et évocation du royaume d'enfance, le nouveau roman de Felwine Sarr, « Les lieux qu’habitent mes rêves », offre une synthèse réussie sur le dialogue des cultures
Dans son dernier roman intitulé « Les lieux qu’habitent mes rêves » (Gallimard, 2022, 174 pages), Felwine Sarr met en scène deux jumeaux sénégalais, Fodé et Bouhel, sur le chemin de l’apprentissage de la vie. Une quête qui prend le chemin des sagesses (notamment la spiritualité africaine) ou des voies inconnues, individuelles. L’auteur puise dans sa culture sérère et son expérience de citoyen du monde pour nous offrir un puissant roman sur l’enracinement et l’ouverture.
Fodé et Bouhel sont deux frères jumeaux sénégalais. A l’apparence, ils se ressemblent comme un « double » ou deux fleuves qui se jettent à la même source. Mais la vie les a mis sur des chemins initiatiques différents. Après le bac, Fodé, qui n’avait « aucun goût pour l’ailleurs », choisit de rester au pays sérère. Il se forme au métier de menuisier et doit reprendre la charge spirituelle de veilleur sur le Ndut après la mort de Ngof, le maître des initiations. Pour cela, il doit vivre une expérience singulière, celle de la décorporation. Il doit sortir de son corps, devenir souffle pour recueillir l’ultime savoir du maître. Il prit rendez-vous avec l’esprit de Ngof à Katamague. « Fodé repéra le rônier des Fédior. Ngof était enterré tout près […] Fodé sortit de son sac l’outre cousue sur les côtés et celle qui contenait l’eau du puits de Simal. Ngof lui avait remis une décoction qu’il devait ingurgiter pour dissoudre son corps […] son esprit se retrouva sur la cime de l’arbre, au milieu d’un petit tourbillon ». L’ultime transmission se fait. Son baptême de feu commence par le « Ndut » qui aurait lieu cette année deux mois après les récoltes. Il était très attendu. La dernière initiation avait eu lieu une quinzaine d’années auparavant. Les « Juul » (initiés) viendraient de partout. Les mangeurs d’âmes aussi. Entre légende, fiction et réalité, le lecteur est replongé dans l'ambiance du Ndut en pays sérère, un univers peuplé de "Nak" (mangeurs d'âmes) et autres habitants du territoire des ombres, où l'honneur des familles est en jeu. Fodé réussit à triompher de Buré Yaay Daman, le terrible « Nak ». Désormais, il est un « Yaal Xoox » (littéralement, qui a une tête, qui sait, possède un savoir ésotérique) dans sa communauté. En tant que « Kumax », il doit protéger les circoncis des esprits malfaisants lors du « Ndut », désobstruer le canal de la force de vie, afin qu’elle irrigue les champs, fasse pousser le mil, assurer la fécondité des femmes, éviter que ne s’abattent sur la communauté calamités et détresses. Son destin semble tout tracé : recevoir et transmettre cette « sagesse ancienne conservée dans l’outre » par le biais de l’initiation.
L’aventure « ambiguë » de Bouhel
De son côté, Bouhel, le cadet des jumeaux, qui a très tôt développé le goût du voyage, grâce à la magie de la lecture, choisit d’aller étudier la sémiologie dans une contrée lointaine appelée « Tugal » (la France). De cet aventure « ambiguë », il rencontre Ulga, une étudiante polonaise, elle aussi venue étudier à Orléans. Un amour fusionnel les lie. Leurs corps entrent « en résonance intime », voguent dans la même mer. Au rythme de la musique de Wasis Diop et de Cesària Evora, le récit nous mène Pologne et en Poméranie. Mais après la mort tragique de Vladimir, le frère d’Ulga, la relation bascule. Après l’Eden, la chute advient. Une « plante lumineuse qui grandissait et s’épanouissait dans un sol riche » doit être coupée, arrachée de son sol. « Galu Nobéél », la pirogue de l’amour, avait échoué sur une banquise. En effet, Bouhel s’exile en Suisse pour tenter une lente remontée à la surface. « J'avais déjà choisi l'exil dans ce pays pour repartir dans la vie. Tenter de mieux jouer la partie et enfin habiter ce rêve [...] J'avais cru que recommencer la vie signifiait me guérir de mes blessures, taire mes tourments, congédier mes espoirs, me délester de mes fardeaux, faire peau et âme neuves », dit le narrateur. Une quête de la guérison qui prend le chemin de la spiritualité. En dépit du fait que Bouhel avait été « sourd à l'appel des ancêtres et à ceux des cavaliers venus d'Orient ». « J'avais tenu à demeurer le disciple de ma propre compréhension des choses ». Des voies inconnues, mais qui ne le terrifiaient pas. Il fréquente un cloître de de moines, Marmyal, non pas à la quête de foi, mais d’une paix intérieure, pour « laisser les choses remonter des profondeurs de [sa] psyché ». Sa rencontre avec Frère Tim ouvre une conversation sur les mystères de la foi et la convergence des spiritualités. « Quand on y pense, il y a une relation transcendantale entre la foi que l’on pourrait dire globale ou universelle et la croyance particulière », soutient Frère Tim.
L'apprentissage prend aussi le chemin de l'écriture, perçue comme une "ascèse", notamment la poésie, capable d'ouvrir complètement les portes du sens. Mais en dépit du fait qu'elle « tient dans sa main la totalité de l'univers dont elle agrège les lumières, les ombres et les protubérances », la poésie, l'écriture de façon générale, ne suffit. Elle est « une insurrection permanente qu'aucune fausse paix n'amadoue ». Et on ne guérit pas tout seul. Il fallait donc pour Bouhel accepter la main tendue. Comme on vous aide, aux margelles du puits, à soulever la bassine d'eau et à la mettre sur votre tête. « Fodé tiendrait l'une des anses et frère Tim pourrait tenir l'autre », se dit-il.
La graine de l’hybridité
En effet, en pays sérère, on savait dévier un malheur, vous éviter qu’une clé se referme derrière vous (la prison). Certains de ces savoirs avaient été développés durant le temps colonial pour faire face à l’oppression. La graine d’adansonia semée devant la prison de Mokotów à Varsovie, sur recommandation de Fodé, pour faire libérer Bouhel, après le meurtre accidentel de Vladimir, symbolise autant l’hybridation que la décolonisation des représentations et savoirs africains. Un vaste chantier que Felwine Sarr poursuit depuis des années avec Achille Mbembé dans le cadre des Ateliers de la pensée. « Quelquefois, la métamorphose ne s’achève pas, elle nous installe dans l’hybride et nous y laisse », écrit Cheikh Hamidou Kane. Mais à la différence de Samba Diallo, le héros de « L’Aventure ambiguë », Bouhel ne tente pas un retour à la source. C’est en Europe qu’il entreprend sa guérison. Et « du pays sans fin, Ngof observait le destin des frères jumeaux ». En effet, dans les spiritualités africaines, il existe des passerelles entre le monde des vivants et l’au-delà.
En définitive, entre souci de l’altérité et évocation du royaume d'enfance, le nouveau roman de Felwine Sarr offre une synthèse réussie sur le dialogue des cultures. Si ce thème est devenu un classique de la littérature africaine depuis "L'aventure ambiguë" de Cheikh Hamidou Kane, l'originalité réside dans le choix des personnages et la géographie du récit. A défaut de sortir du face-à-face avec l’Occident, on sent le souci d’explorer d’autres lieux (l’Europe de l’Est). Entre le pays sérère au Sénégal, la France, la Pologne, la Suisse, la Poméranie, mais aussi le pays sans fin, il nous amène, à travers ses personnages, à la découverte des lieux qu’habitent ses rêves. Mêlant démarche poétique, effluves sur l’amour et réflexion sur le sens de l’existence, Felwine Sarr y explore les chemins de quêtes de soi. Au fil des pages, celle-ci se transforme en quête de sens tout court dans un monde qui a perdu son âme à cause du néolibéralisme. C’était le rêve fou de Vladimir que de changer le monde. Felwine puise dans sa culture sérère et son expérience de citoyen du monde pour nous offrir un puissant roman sur l’enracinement et l’ouverture.
La décision de Bouhel d’« incorporer » l’âme de Vladimir, de la faire « revivre » en lui et l’arrivée de Fodé en Suisse pour que leurs deux fleuves se mêlent « en un grand cours d’eau », s’inscrit dans ce projet cher à l’auteur d’Afrotopia : construire une nouvelle anthropologie relationnelle et redéfinir une nouvelle épistémè qui rompt avec « l’universel de surplomb ». Et dans vaste chantier, ce que les cultures négro-africaines et les spiritualités orientales pourraient justement enseigner aux Européens serait de retrouver le sens de l’hospitalité, expliquait l’économiste français Gaël Giraud dans un récent ouvrage co-écrit avec Felwine Sarr, « L’économie à venir » (Editions Les liens qui libèrent, 2021, 208 pages).
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QUI SUIS-JE SANS MARI ?
Le documentaire à voir mardi 8 mars à 15h30 sur TV5 Afrique invite à une réflexion, sans tabou, sur le bien-être et la dignité de la personne, au-delà du vernis social. Ce film analyse la perception de la femme célibataire ou divorcée dans la société
Qui suis-je sans mari ? est un documentaire qui invite à une réflexion, sans tabou, sur le bien-être et la dignité de la personne, au-delà du vernis social. Ce film analyse la perception de la femme célibataire ou divorcée au sein d'une société sénégalaise qui se transforme, tout en restant attachée à ses traditions et préceptes religieux. On y découvre des femmes qui témoignent de la pression qu'elles subissent afin de se trouver un époux.
Le film est à voir sur TV5 Afrique, mardi 8 mars à 15h30.
L’OMART RECLAME UNE 4EME EDITION FESTIVAL MONDIAL DES ARTS NEGRES
Après le premier Festival mondial des arts nègres (Fesman) en 1966, le Nigeria a accueilli l’évènement avant que le Président Abdoulaye Wade ne reprenne le flambeau. Aujourd’hui, c’est au Président Macky Sall qu’il revient de poursuivre ...
Après le premier Festival mondial des arts nègres (Fesman) en 1966, le Nigeria a accueilli l’évènement avant que le Président Abdoulaye Wade ne reprenne le flambeau. Aujourd’hui, c’est au Président Macky Sall qu’il revient de poursuivre ce que ses prédécesseurs ont entamé. C’est ce que souhaite l’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal (Omart).
L’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal (Omart) souhaite que le Président Macky Sall organise le 4ème Festival mondial des arts négres au Sénégal, en 2023. La structure a rendu publique l’information, au cours d’une conférence de presse au Café de Rome. «On veut que le Président Macky Sall organise, en 2023, le 4ème Festival mondial des arts nègres», a plaidé Idrissa Diop, président du conseil scientifique de l’Omart.
Le musicien poursuit en soulignant que comme les Présidents Senghor et Wade ont eu à le faire, l’heure est venue pour le 4ème Président du Sénégal, d’organiser cette 4ème édition. Cette rencontre avec la presse a eu lieu au lendemain d’un déjeuner partagé au Palais, avec le Président Macky Sall. L’Omart qui se veut ainsi une force de proposition, entend militer pour le «rehaussement de la culture au Sénégal».
Abdoulaye Mamadou Guissé, président de l’Omart, souligne qu’organiser un festival de cette envergure est bénéfique.
«Ce festival va générer des emplois, en plus de faire bénéficier au Sénégal d’infrastructures culturelles majeures pour l’organisation des festivals», souligne-t-il.
Le 3ème Festival des arts négres, sous l’ère Abdoulaye Wade, en est une parfaite illustration, à en croire le patron de l’Omart. «Le matériel de sonorisation, les outils culturels qu’on a actuellement dans les centres culturels régionaux, on les a obtenus lors du 3ème Fesman. Si nous en organisons un 4ème, la culture, les artistes des régions, les artistes sénégalais, les artistes africains auront l’occasion, à jamais, d’être dans le circuit d’industrialisation parce que ce qui manque en Afrique, ce sont les festivals d’envergure à l’image des Fesman, qui sont de grands moments de communion pour tout le continent africain», soutient-il. Pour donner encore plus de teneur à son argumentaire, M. Guissé de soutenir qu’«en lisant le mémorandum du Festival des arts négres élaboré par le professeur Iba Der Thiam, vous verrez ce que le 4ème festival des arts négres pourrait contribuer au développement et à l’émergence définitive du Sénégal».
LE MEMORIAL DE GOREE EN 2023
L’Omart a évoqué le Mémorial de Gorée qui, selon cette structure, va être inaugurée en juillet 2023 et est considéré comme le «monument qui sera 2 fois plus grand que le Monument de la Renaissance». Abdoulaye Mamadou Guissé, qui donne l’information, indique que c’est le plus grand projet culturel africain. «La diaspora noire américaine a senti la nécessité de faire la jonction entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Afrique. On dit que le cordon ombilical entre l’Afrique et les Etats-Unis doit être matérialisé», a déclaré Abdoulaye Mamadou Guissé, qui assure avoir permis l’arrivée dans ce projet, d’un financement de 24 milliards de francs de la part du premier chef d’Etat-major noir des Armées américaines, Colin Powell. «Il nous avait remis cette somme d’argent. C’était du temps du Président Abdou Diouf et c’est sous l’ère Macky Sall que les difficultés relatives à l’aboutissement dudit projet ont été surmontées.»
Renfermant un centre culturel universel et un parking d’une capacité de dix mille véhicules, la moitié sur terre à Dakar et l’autre moitié sur l’océan, et un musée de civilisation maritime, le Mémorial connait des lenteurs dans sa mise en œuvre. Et Abdoulaye Mamadou Guissé invite l’Apix à accélérer la cadence pour aider au respect des délais de livraison, en vue d’inaugurer ce joyau à date due.
VALORISATION DU STATUT DES ARTISTES ET FINANCEMENT DES ACTIVITES : MACKY SALL DONNE DES DIRECTIVES
Les cultures urbaines et les industries culturelles et créatives intéressent le chef de l’Etat.
Le chef de l’Etat a demandé au ministre de la Culture et de la communication d’engager avec les acteurs impliqués, les concertations nécessaires à l’amélioration du statut des artistes et au financement adéquat de leurs projets et activités culturels. Une nouvelle bien reçue par les acteurs.
Les cultures urbaines et les industries culturelles et créatives intéressent le chef de l’Etat. Ce mercredi, en Conseil des ministres, il a demandé au ministre de la Culture et de la communication, Abdoulaye Diop, d’engager avec les acteurs impliqués, les concertations nécessaires à l’amélioration du statut des artistes et au financement adéquat de leurs projets et activités culturels. Face au gouvernement, Macky Sall a indiqué qu’il souhaitait valoriser davantage l’esprit créatif des jeunes par la promotion des cultures urbaines, avec le renforcement des fonds alloués à ce sous-secteur dynamique et innovant. Une nouvelle accueillie favorablement par les acteurs de ce sous-secteur. «C’est une bonne nouvelle. Le Président a donné le ton. Maintenant, il faut que l’importance que le Président accorde à la culture, soit très bien saisie par les différents ministères et directions», a déclaré le rappeur Malal Talla, alias Fou malade.
Joint au téléphone, il affirme que ces autorités ne comprennent pas qu’elles doivent rencontrer les acteurs et discuter avec eux, parce que «c’est primordial». «Il faut qu’il y ait assez rapidement des rencontres entre les acteurs culturels et le ministère de la Culture, pour effectivement discuter de la mise en œuvre des projets», lance-t-il. Des mesures qui devraient permettre de relancer la promotion des industries culturelles et créatives.
Même son de cloche du côté de Safouane Pindra, manager général de Optimiste productions et directeur artistique du Festival Yakaar. «Je pense que, suite à une rencontre dans le mois du ramadan passé au Palais, on avait souligné nos inquiétudes au président de la République. Et je pense qu’il nous a écoutés. On le félicite, on l’encourage mais aussi que ça ne soit pas un discours parce qu’aujourd’hui, la priorité c’est déjà le statut des artistes», a-t-il expliqué.
Tout en se réjouissant de cette nouvelle annoncée par le Président Macky Sall, il demande également une convention spéciale pour la fiscalité des artistes. «Aujourd’hui, on est sous le même régime que les commerçants, ce qui n’arrange pas du tout nos activités parce que la majeure partie d’entre nous, font des activités temporaires. Et si on nous applique dans le même régime, ça va être difficile», juge-t-il.
Le Fdcu en question
Depuis quelques années, les industries culturelles bénéficient d’un fonds de développement. Doté d’un budget initial de 300 millions de francs Cfa, il a été doublé par le chef de l’Etat, pour atteindre 600 millions de francs Cfa à partir de 2019. «Le président de la République souligne la nécessité de valoriser davantage l’esprit créatif des jeunes par la promotion des cultures urbaines, avec le renforcement des fonds alloués à ce sous-secteur dynamique et innovant.»
Selon Safouane Pindra, le Fdcu joue bien son rôle. Mais comme dans toute chose, il y a des brebis galeuses. «C’est aux acteurs des cultures urbaines de dénoncer ces fraudeurs et d’effacer les structures fictives qui bénéficient de ce fonds», dit-il.
Toutefois, concernant la gestion du fonds, il avoue que ce n’est pas du tout satisfaisant. Raison pour laquelle, dans le cadre du Forum national sur le fonds des cultures urbaines qu’ils avaient initié, l’année dernière, au mois de mai, la question avait été largement discutée entre acteurs et autorités de la tutelle, c’est-à-dire le ministère de la Culture. Et des recommandations pour une meilleure gestion des fonds avaient été faites. Un travail qu’on a partagé avec les acteurs des 14 régions du Sénégal.
De son côté, Malal Talla est rassurant. «Le fonds des cultures urbaines joue son rôle comme il le faut. Il y a beaucoup de choses à améliorer quand même, mais c’est un fonds très important, qui joue un rôle très important et a aidé vraiment à ce que le secteur se développe davantage. Donc, je pense qu’on a même besoin que ce fonds soit augmenté parce que c’est insuffisant par rapport à la demande», a-t-il détaillé.