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25 novembre 2024
Culture
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STL OU LA BELLE REVANCHE DES FILLES EN SCIENCES
Plus de filles scientifiques, de femmes leaders, de femmes en politique... dans les prochaines années ; les solides bases d'une société plus inclusive, plus juste, sont en train d’être posées efficacement et sans grand bruit par Shine to lead
Dans cet entretien, la vice-présidente de Shine to lead (STL) , Rokhaya Solange Mbengue Ndir, rappelle la mission et les objectifs de cette association qui trace progressivement sa toile dans l’autonomisation des femmes au Sénégal.
Depuis plus de 4 ans, Shine to lead recrute et accompagne des jeunes lycéennes des séries scientifique dans leur formation et leur épanouissement émotionnelle en vue de faire d’elles des leaders dignes de ce nom demain. De ce fait, ces lauértes de l'association Shine to lead sont les fleurs de l’espérance pour le Sénégal et l’Afrique dont elles seront des futures légataires.
Les dirigeantes de l’association sont déterminées à aller plus loin en recrutant de plus en plus de filles pour peu que les partenaires suivent et continuent leur appui pour cette belle cause. Les détails avec Rokhaya Solange Mbengue Ndir.
BRILL RÉCLAME 100 MILLIONS FCFA AU GROUPE FUTUR MÉDIA
Sur la base d’une citation directe, Djibril Mbaye Fall reproche à la chaîne de télévision et aux sponsors de la série « Taille Fine », d’avoir utilisé un extrait de l’une de ses chansons sans son consentement
Bouba Ndour du Groupe Futur Média a comparu, hier, à la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Sur la base d’une citation directe, Djibril Mbaye Fall alias Brill reproche à celui-ci, au GFM et aux sponsors de la série « Taille Fine », d’avoir utilisé un extrait de l’une de ses chansons sans son consentement. Il réclame 100 millions de francs CFA, en guise de dédommagement. Étant seul à comparaître à la barre, Bouba Ndour a contesté les faits.
Pour avoir utilisé une des chansons de Djibril Mbaye Fall alias Brill dans la série «Taille fine» diffusée sur la Tfm, Bouba et Birane Ndour du Groupe Futur Média, ainsi que leurs sponsors sont poursuivis pour le délit de violation du droit d'exploitation de l'œuvre et du droit moral de l'auteur sur son œuvre. Selon les termes de la citation directe qui leur a été servie, il est mentionné que Bril avait, depuis le 14 avril 2021, constaté que la Tfm a diffusé sur ses plateformes en ligne YouTube et la télévision par câble ou satellite, une série télé dénommée «Taille fine» utilisant comme seul générique des extraits de la chanson «Sama beug-beug » sans son autorisation.
Face aux juges du tribunal correctionnel de Dakar, Bouba Ndour, seul à avoir déféré à la convocation, s’est dit étonné par la citation directe qui lui a été servie par Bril. Tout en contestant les faits qui lui sont reprochés, il soutient qu’il a, au préalable, sollicité l’aval de l’artiste, avant d’utiliser la séquence de la chanson dans la série. Ce, par le biais de Pathé Dia, dit-il. « Bril, je le connais de nom. C’est avec son consentement qu’on a utilisé la séquence de la chanson. Chaque année, durant les mois de ramadan, on produit des sketchs. C'est le monteur qui a attiré mon attention sur l'existence de la chanson. Je me suis rapproché du directeur de la production de la télé. Je lui ai fait savoir que je veux 25 secondes. Dia a appelé directement l'auteur. Il m'a dit que je n'avais pas à l'appeler. Il me donne son accord », a soutenu Bouba Ndour.
En tant que producteur, le prévenu précise qu’il n’ose pas utiliser l’œuvre d’un tiers sans son consentement. Le comparant de marteler qu’il a été extrêmement surpris, quand 2 mois après, l’artiste lui a servi une citation. N’ayant aucune autorisation écrite de Bril sur l’utilisation de son œuvre, Bouba Ndour renseigne pour sa défense : « Ce sont des choses qui arrivent tout le temps. Je ne pensais pas qu'il allait me traîner en justice. Je tiens à la parole. Ce sont des artistes qu'on connaît. Nous avons aidé Pape Birahim à évoluer dans musique. Ça m'a étonné ».
En réponse à la question du substitut du procureur de la République sur la rémunération de la partie civile sur les bénéfices engendrés, grâce aux sponsors, Bouba Ndour précise que l’autorisation était gratuite. « Il n'a pas donné de prix. La diffusion s'est arrêtée au mois de ramadan. Les sketches sont diffusés simultanément à la télé et à travers toutes les autres plateformes. Au moment de son accord, il n'y avait pas de sponsors », a-t-il expliqué.
Entendu à titre de témoin, Pathé Dia a conforté les déclarations du prévenu, avant de préciser : ‘’Je ne connais Brill que de nom. Je sais que c'est un artiste. Nous n'avons pas de relations particulières. C'est moi qui l'ai appelé au téléphone. C'était à la demande de Bouba. J'ai appelé un de mes contacts qui m'a passé son numéro. C'était la première fois que je l'appelais. Quand je l'ai eu, il était d'accord sur le principe. Avec les artistes, ça se passe comme ça. Comme c'est un extrait de 30 secondes, je ne voyais pas la gravité. Notre devoir, c'était de demander son autorisation ».
L’avocat de Bouba Ndour contre-attaque et réclame 200 millions à Brill
Prenant la parole, l’avocat de la partie civile, Me Souleymane Soumaré, n’a pas manqué de rappeler que l’œuvre artistique est protégée par la Sodav. La robe noire a regretté le fait que la contrefaçon ne soit pas maîtrisée au Sénégal. Ce, malgré la clarté de la loi sur ce fait. Il a réclamé la somme de 100 millions de francs CFA pour dédommager son client.
A la suite du maître des poursuites qui a requis l’application de la loi pénale, l’avocat de la défense a contesté la citation directe servie à ses clients. « On ne cite pas les noms propres des prévenus. C'est extraordinaire et contraire à la loi. La citation est nulle. On nous a servi une littérature. On a repris des dispositions dont les sens restent méconnus », a décrié la robe noire. « L'autorisation expresse n'existe pas dans cette affaire, mais, la cession par voie orale ou à l'écrit (…) Il faut respecter sa parole. On a commencé à perdre cette vertu de la parole donnée », a poursuivi Me Cissé qui sollicite la relaxe de ses clients.
« Nous demandons au tribunal de le condamner à nous payer un montant de 200 millions de mille francs CFA. C'est du sabotage », a-t-il conclu.
L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 13 avril prochain.
UN CHANT ÉCARLATE, LE DERNIER ROMAN DE MARIAMA BÂ, PLUS ACTUEL QUE JAMAIS
Le deuxième livre de l’écrivaine et militante féministe sénégalaise paraît pour la première fois en France. Un ouvrage moins connu qu’« Une si longue lettre », mais tout aussi moderne
Jeune Afrique |
Julie Gonnet |
Publication 26/03/2022
Sa Si longue lettre est devenu un classique de la littérature au Sénégal et a éveillé des générations de féministes sur le continent et au-delà. Mais c’est l’autre roman, moins connu, de Mariama Bâ, Un chant écarlate, qui a réellement bouleversé la journaliste afropéenne Axelle Jah Njiké. « Il a scellé dans mon cœur mon admiration pour son œuvre », confie-t-elle en prologue d’une nouvelle édition de l’ouvrage proposée par la jeune maison Les Prouesses. Si le deuxième et dernier livre de cette figure militante de la littérature sénégalaise, publié à titre posthume en 1982, a déjà été traduit en sept langues et réédité cinq fois dans son pays d’origine, c’est la première fois qu’il est accessible aux lecteurs français, belges et suisses.
Mariages broyés
L’ombre du racisme plane très vite sur l’idylle dakaroise entre Mireille, fille de diplomate français, et Ousmane, rejeton d’un ancien tirailleur pauvre et invalide. Elle doit affronter son père – « bien sûr qu’on peut fraterniser avec le Nègre mais on ne l’épouse pas », tonne-t-il. Lui sait parfaitement que « choisir sa femme en dehors de la communauté est un acte de haute trahison ». Qu’importe, les deux amants, sûrs de leurs sentiments, finissent par mettre leurs familles respectives devant le fait accompli de leur mariage. Mais les différences culturelles vont bientôt peser de tout leur poids sur leur histoire. Mireille s’adapte mal à la vie en communauté, au manque d’intimité, à des comportements épinglés crûment par Mariama Bâ.
Pour cette lébou musulmane, née à Dakar en 1929 dans une famille aisée, les unions mixtes semblent condamnées dès la racine. « On ne bâtit pas l’avenir sur des passés sans liens. Tant de ménages mixtes sont broyés par l’incompréhension », fait-elle dire à Boly, l’ami de Ousmane. Au point que, rapporte sa fille et biographe Mame Coumba Ndiaye dans la postface, son « chant » est apparu intolérant à certains critiques de l’époque. La principale intéressée, décédée à 52 ans d’un cancer, n’a jamais pu répondre. Elle qui a vu ses trois mariages se briser « ne fait que brosser la dure et affreuse réalité de ce qui survient souvent aux femmes quand elles ont tout délaissé pour consacrer leur vie entièrement à un homme », considère sa fille.
LES ACTEURS INVITÉS À CONVAINCRE LES AUTORITÉS DE LA PERTINENCE DU PLAN STRATÉGIQUE DE DÉVELOPPEMENT DU THÉÂTRE
Le document du Plan stratégique de développement du théâtre (Psdt) a été présenté aux autorités du ministère de la Culture et de la communication, sous l’impulsion de la Direction des arts.
En prélude de la Journée mondiale du théâtre, prévue le 27 mars 2022, la Direction des arts du ministère de la Culture et de la communication a organisé hier à la Maison de la culture Douta Seck, avec les différents acteurs du sous-secteur, un atelier pour le partage et la validation du Plan stratégique de développement du théâtre (Psdt). Le budget de ce-dit plan s’élève à 1 milliard 883 millions 500 mille francs CFA.
Le document du Plan stratégique de développement du théâtre (Psdt) a été présenté aux autorités du ministère de la Culture et de la communication, sous l’impulsion de la Direction des arts. Sa mise en œuvre est prévue pour durer 3 ans. Son objectif est de créer un cadre de formation des acteurs, d’élaborer de véritables espaces de diffusion et de plateformes, de structurer et formaliser les acteurs du théâtre et d’améliorer l’accès au financement.
Dans cet élan, le document est articulé autour de trois grands axes, à savoir la structuration et le développement du sous-secteur du théâtre, le développement des infrastructures et des plateformes de diffusion et la coordination, mise en œuvre, suivi et évaluation de développement du théâtre. Et tout cela, pour un budget de 1 milliard 883 millions 500 mille francs Cfa, a indiqué Louis Dione, qui faisait la présentation de ce Plan stratégique de développement du théâtre (Psdt). Ce nouveau plan stratégique traduit la volonté des acteurs du sous-secteur de trouver une nouvelle voie pour le théâtre, à défaut de trouver son lustre d’antan et sa créativité perdue.
En effet, pour la validation de ce plan stratégique, le Secrétaire général du ministère de la Culture et de la communication, Habib Léon Ndiaye, «invite» les acteurs à convaincre les autorités administratives sur la pertinence et l’opportunité de mettre en place leur fonds, mais également qu’ils impliquent les autres acteurs des départements ministériels, notamment le ministère des Finances et du budget. «Il faut également un cadre normatif, des organes de gouvernance pour mettre en place ce fonds», a-t-il insisté.
Pour Habib Léon Ndiaye, le contexte actuel des artistes et acteurs culturels appelle à une structuration et une professionnalisation de ce sous-secteur important. «Aujourd’hui, la contribution des industries culturelles n’est plus à démontrer, au regard du rôle joué dans plusieurs pays. C’est pourquoi il est heureux de constater que vous, bénéficiaires directs des politiques culturelles, vous avez compris les enjeux de l’heure, en tenant les assises pour prendre le destin du théâtre sénégalais en mains», explique M. Ndiaye.
Et de poursuivre : «L’élaboration d’un document d’orientation est un long processus qui demande de l’énergie et des moyens, et le département s’y attèlera.» Pour donner à ce plan toutes les chances de réussite, il «exhorte» également les acteurs à trouver les meilleurs profils qui vont intégrer le comité de suivi du plan, ainsi que des stratégies abouties.
Cette présentation du Plan stratégique de développement du théâtre a vu la participation des acteurs du théâtre des 14 régions du Sénégal, des comédiens, metteurs en scène, dramaturges, scénographes, décorateurs, costumières, maquilleurs, promoteurs, producteurs et entrepreneurs, et en présence du metteur en scène, Mamadou Seyba Traoré, et Abdoulaye Koundoul, le Directeur général du Théâtre national Daniel Sorano.
MBALAKH, ENQUÊTE SUR LA GROSSE RENTRÉE DES CLASHS
Les esprits s’échauffent dans les rangs des «Mbalakhmen». Pour solder leurs comptes avec leurs potentiels concurrents ou détracteurs, certains chanteurs glissent des attaques et des piques acerbes dans les paroles de leurs chansons
Aida Coumba Diop et Awa Seck |
Publication 25/03/2022
Les esprits s’échauffent dans les rangs des «Mbalakhmen». Pour solder leurs comptes avec leurs potentiels concurrents ou détracteurs, certains chanteurs glissent des attaques et des piques acerbes dans les paroles de leurs chansons. Le clash, jadis répandu dans le milieu Hip-hop, a de plus en plus tendance à changer de camp et à investir le «Mbalakh»…
Inutile d’être un initié dans la musique pour saisir le message. Même les profanes ont compris que le dernier tube de Sidy Diop, titré «Karkarato», n’est pas sorti ex nihilo. Derrière cette envie de distraire son public, l’artiste semble avoir une cible bien déterminée, avec qui il veut solder ses comptes. A travers des jeux de mots, le chanteur surfe, à coup sûr, dans l’escarcelle de son vis-à-vis, Wally Seck. Cela est d’autant plus perceptible, lorsqu’il dit, entre les lignes, «Sa thiébou Diaaga mounoul gueun sama Penda Mbaye» (ton riz rouge au poisson et sa sauce n’est pas meilleur que mon riz au poisson). En entendant dans la phrase «Diaga», tous les esprits se tournent vers la mère du prince des «Faramareen». «Mane dama wooy ba laago» (j’ai chanté jusqu’à en tirer un handicap). Mais on peut tout aussi entendre, «Ballago», en référence au deuxième prénom du chanteur Wally Seck, ainsi que celui de son défunt père. Toujours dans les couplets du tube, il enchaîne : «Même soumey raame, damey daane. Kou mér kalamel sougnou borom» (je parviens toujours à vaincre, même en rampant. Les jaloux n’ont qu’à s’en ouvrir au Bon Dieu). Là également, il y a une parfaite allusion au «Raam Daan», le nom du groupe de son antagoniste, qu’il a hérité de son papa. Si ce nouveau single, sorti vendredi 18 mars 2022, qui capitalise 271 666 vues (hier) et 12K de j’aime, fait déjà polémique sur les réseaux sociaux, c’est parce qu’il vient confirmer la rivalité qui existe entre lui et le fils de Thione Balago Seck, le regretté lead-vocal du groupe «Ram Dan», Waly Seck. Lui qui avait récemment chanté, «mba xol ya ngui féx» (êtes-vous heureux) ? Toujours dans son dernier tube, Sidy Diop, comme pour lui apporter une réplique salée, chante «Xol bou fanane si frigo diaroul lathié baxam mo ngui fex. Fii lépeu congéler» (Pas besoin de demander si nous sommes heureux. Nous sommes aux anges). Progressivement, l’enfant de Pikine (Dakar) chemine sur le terrain du «Punchline». Il n’est d’ailleurs pas le seul chanteur à adopter ce style dans sa musique. Le jeune chanteur Tarba Mbaye a lui aussi apporté une cinglante riposte à ses détracteurs. Sidy Diop lui-même a été le premier à en faire les frais, dans son titre «Da nga geuleum» où il le cite nommément. «Sidy, tu as clamé partout haut et fort que Wally était ton idole, aujourd’hui, tu fais de ton mieux pour le descendre. T’es-tu perdu en cours de route», a-t-il psalmodié. Dans une autre de ses chansons qu’il a récemment mis sur le marché, «Taloumala», et qui figure parmi les hits du moment, le natif de Grand-Dakar/Niarry-Tally a clairement adressé un message à ses collègues qui cherchent à rabaisser son mérite. Un come-back qui vient ouvrir une nouvelle page de sa carrière prometteuse.
Depuis quelques temps, le « punchline ou clash » entre artiste a pris une autre dimension. Les artistes ne se suffisent plus à se lancer des piques assermentés et acerbes dosés de romance pour atteindre leur cible. Le bouchon est poussé plus loin. Depuis un moment, des camps rivaux ont commencé à surgir dans le landerneau musical. Des clans ponctués par des featuring commencent à se dessiner au plus grand bonheur des mélomanes. Le duo inattendu entre le Framareen et la star du Djolof Band, Viviane a crée en son passage un sésame. Les fans des deux camps n’ont rien vu venir. C’est sans attente qu’ils seront gratifiés d’un tube intitulé «Reuguine Teuss». Les paroles sont aussi accrocheuses et perceptibles. Le chanteur du peuple tacle sévèrement cela qui ont tendance à colporter des ragots à son égard, aux artistes qui veulent coute que coute s’élever à son niveau mais aussi cela qui ont tendance à le copier. « Déloussil-Déloussil, Meune ngua dara dé diaroul Khass » (Reviens-reviens. T’a pas besoin de rouspéter parce que tout simplement, on t’a dit que tu es doué).En plus fort, il enchaine «Meuneu dem ma takha dem. Moytou dougue thi auto you tass» pour dire (être dans les prérogatives de partir ne doit pas te pousser à prendre le risque d’entrer dans des véhicules abimés). Un message fort ou l’artiste lance des mises en gardes sur les moyens déloyales dont certains ont tendeance à user pour asseoir leur notoriété. Mieux, il dit « Fii ma diemmeu sorri, damay banie guoudé. Wakh dji barrina, daye ndourou marriné » (Il me reste du temps à parcourir, alors je ne veux pas tarder ). Dans ces paroles fortes en messages instructifs qu’en allusion, on a pas besoins d’etre Einstein pour déviner qu’il s’adresse à la jeune génération d’artiste à l’image de Sidi Diop qui essaye de le copier à pas de course. Sur les réseaux sociaux, l’excitation était à son summum. Les spéculations commencèrent. Les internautes annonçaient déjà un probable teaser de Sidi Diop avec une autre artiste. Certains commentateurs intéressés par la question désignaient déjà Titi comme l’allié la plus approprié qui permettra à Sidi d’assurer la riposte. Ils n’ont pas tort ! L’opinion a vu juste. Hier à 21 heures, un teaser de Sidi Diop et Quenne biz a vu le jour. Le titre du tube «yaw la faral» est accrocheur et en dit long sur le contenu. Un connivence ou choix qui n’est pas du tout anodin. Tout récemment, lors de la célébration de la coupe d’Afrique, Queen Biz a déclaré ouvertement la guerre à Waly. C’est sans langue de bois que Queen a taxé Waly Seck d’hypocrite dans un message posté sur son compte twitter. Un featuring qui annonce un camp riposte. «Nioo taye nobanté bamou neex, ay xaléi laniou té xéw lool» ( On s’aime et on a pas besoin de rendre compte à quiconque. On est deux jeunes en phase avec notre époque et on fait le buzz). Tres complice dans le cilp vidéo, ils dégage l’assurance et assument leurs choix malgré la polémique naissantes atteste ses paroles qui suivent «Kou niou dadiéél gagné la» (on battre quiconque sur notre passage).
Réputé dans le milieu du rap et du Hip-hop, le «Punchline» est de plus en plus utilisé dans le cercle du «Mbalakh». Les chanteurs en font recours pour faire passer indirectement des messages qu’ils ne peuvent pas porter de but en blanc. Chacun cherche à dominer ou évincer ses concurrents directs en les défiant presque nommément, avec pour enjeu principal, la conquête de nouvelles parts de marché et le renforcement de sa «Fanbase». Animatrice à la SenTv et à Zik Fm, Alima Ndione estime que le «Punchline» apporte une touche de fun dans le ‘’Mbalakh’’. «Le style est salué par certains animateurs et fans des artistes. Personnellement, j’encourage cela, surtout pour le cas de Waly Seck et Sidy Diop. Cela permet à l’un de toujours vouloir faire mieux que l’autre. Les fans aussi l’encouragent parce que sur les réseaux sociaux, ces genres de chansons sont guettées et très challengées. Et c’est à l’avantage de certains artistes comme Sidy Diop. Il y gagne en notoriété. A chaque fois qu’on parle de Wally Seck, on parlera forcément de Sidy Diop. Même si Wally Seck a plus de productions et plus de tournées nationales comme internationales, Sidy est considéré comme son concurrent. C’est bien grâce à cette stratégie. Sidy Diop est de la même génération que Tarba Mbaye, El Hadji Keïta et autres, mais il a réussi à les devancer, même sur le plan de la communication», analyse-t-elle.
«Il y a des limites à ne pas dépasser»
Le chanteur Wally Seck est aussi passé par là... Dans un de ses tubes, le «Faramareen» dit avoir visité le tamarinier situé sur la route de Marène. «Gouy Daxar bathia yoonou maarène (…) demnafa, guisnako. Waww.» Pour les internautes, c’était une réaction au message lancé par le «Roi du Mbalax», Youssou Ndour qui, dans son morceau «Mbaadane», révélait avoir eu un don particulier qui l’a mené au tamarinier de Mbadane. «Gouy Daxaar bathia yoonou Mbaadane, kén manoufa dem, xana mane ak thioy» (Le tamarinier situé sur la route de Mbadane, personne ne peut y accéder, sauf moi et la pie). Alima Ndione soutient que Sidy Diop est en train de suivre les pas de Wally Seck dans cette manière de s’imposer dans le milieu du showbiz. «En 2009, quand Wally Seck sortait son premier single, il y avait Abou Thioubalo et bien d’autres artistes de sa génération. Mais on parlait beaucoup plus de lui que les autres. On ne l’assimilait jamais aux chanteurs de sa génération. On le comparaît à Pape Diouf et Youssou Ndour. Il a autant réussi ce que Sidy est en train de faire. Quand une entreprise veut s’attacher les services de Youssou Ndour et que le calendrier de ce dernier est chargé, il se rabat sur Wally Seck. En cas d’indisponibilité de Wally Seck, les entreprises pensent automatiquement à Sidy Diop», ajoute-t-elle.
Avant eux, les générations précédentes s’affrontaient aussi artistiquement à travers des chansons sorties de studio ou des prestations en live ou improvisées. «Il y avait même de l’adversité entre les aînés qui ont balisé le chemin. Cela se voyait à l’époque entre Thione Seck et Youssou Ndour, entre Youssou Ndour et Omar Pène, même si on n’est plus de ces temps.»
Selon Alima Ndione, pour parvenir à tirer son épingle du jeu à travers le «Punchline», le chanteur doit avoir un émule bien défini. Mais il y a des limites à ne pas franchir. L’animatrice est d’avis qu’il ne faut pas en abuser, ni pousser le bouchon trop loin, au point de pourrir le milieu avec des insanités, comme c’est le cas dans le Rap, au risque de lasser les inconditionnels. «Il y a des limites à ne pas dépasser. A un moment donné, cela peut même décourager les fans. Ils peuvent se lasser. Il ne faut pas persister dans ce style. L’artiste doit pouvoir dérouler d’autres styles et faire découvrir son véritable talent de chanteur», recommande l’animatrice à la SenTv et ZikFm.
Tout comme Alima, L’animateur de la radio future Média Sidath Thioune abonde dans le même sens. Pour l’artiste, le punchline apporte une touche de charme dans la musique. D’ailleurs à en croire l’artiste, cela a toujours existé avec la génération d’antan. Même si à l’époque, les pique étaient plus subtil et moins agressifs. L’animateur se remémore encore de la guéguerre qui régnait entre Fallou Dieng et son poulain Papa Ndiaye Thiopet. Quand après des soucis internes et pour des convenances personnels, Pape a décidé de lui tourner le dos pour monter son propre groupe. Au moment ou les raisons de son depart foisonnaient et que les commentaires allaient bon train, Fallou Dieng a sorti un album intitulé « Feuk-Dieuf ». Un titre qui en disait long sur les circonstances de leur divorce. Peu de temps après, Pape Ndiaye Thiopet a riposté avec un autre tube ou il n’a pas massé ces mots pour tirer à boulet rouge sur son mentor. Selon, l’animateur de la radio futur média, la liste doit faire un parchemin. Un punchline a toujours existé entre Youssou Ndour Oumar Péne de tel sorte que leurs fan’s avaient pris gout à la concurrence. A chaque fois, que le leader du super étoile ou du super Diamono sortait un album,l’autte camp en réclammait aussi pour son artiste. Sidath se rappelle encore de la géguerre qui existe entre Fatou Guéwuel et Fatou Laobé. Ces dernières qui étaient dans une rude concurrence, en sont venues une fois en main. « Fatou Guéwuel et Fatou Laobé se sont battues aux États-Unis. Cela avait en ce temps créé beaucoup de bruits. Ndiolé tall et Ngoné Ndiaye idem. Il y’a beaucoup d’autres artistes qui se regardent en chien de faïence. Ma posture ne me permet pas de citer explicitement des noms » s’est-il gardé de dire l’animateur de la future Média. Le punchiline a toujours existé mais a l’epoque,il coulait facilement dans l’eau. Si aujourd’hui tout le monde en parle et saisit les messages c’est grâce à la magie des réseaux sociaux.
Contrairement aux animateur Sidath et Alima qui jugent que le punchline apporte un punch dans le milieu musical, Sahel Soumah pense qu’il ne devrait pas émailler les relations entre artistes «A mon avis, le clash n’a pas sa raison d’être entre artistes. Il faut que les musiciens sachent que la musique, c’est d’abord le partage. Donc ils ont tout intérêt à réunir leurs talents pour un meilleur rayonnement de la musique et de ne pas aller en ordre dispersé. » s’étrangle le …… Pour la concurrence est immuable dans le milieu du showbiz, mais cela doit se faire dans les règles de l’éthique, de la bienveillance et de la loyauté « Certes la concurrence existe dans la musique où chacun cherche à toujours faire mieux que l’autre. Toutefois, concurrence n’est pas synonyme de manque de respect envers l’autre, envers le public surtout. Ce n’est pas non plus synonyme d’embrouilles, de guéguerres. La concurrence doit plutôt se ressentir au niveau du travail bien fait, comme une bonne réalisation musicale, pour une bonne appréciation de la part du public. On remarque que dans la musique c’est la loi du chacun pour soi» au Sénégal. L’animateur n’a pas passé par détour pour tirer sur la nouvelle génération « Cette nouvelle génération a plus intérêt à être soudé, plus créatif et faire de telle sorte que leur musique puisse rayonner partout dans le monde. C’est à cela qu’ils doivent s’atteler, au lieu de se faire la guerre. » s’étrangle l’animatrice.
Pour Michael Soumah, la génération d’antan faisait une concurrence intelligente « nous avions des artistes musiciens, des groupes beaucoup plus responsables, qui avaient du respect pour leur public. C’est très important. Ils produisaient une musique d’une excellente facture, la preuve on les écoute jusqu’à présent. La concurrence était là mais d’une manière beaucoup plus intelligente. Elle se ressentait surtout au sein des fans clubs. Chaque fan club voulait montrer que son artiste était le meilleur. Donc on peut dire que le clash se faisait entre chaque fan club, de chaque groupe musical mais de façon beaucoup intelligente. Ce n’était pas la guerre des mots comme cela se fait maintenant ; ce n’était pas les embrouilles. »
«IL FAUT INVERSER L’INTÉRÊT DES JEUNES EN LES ORIENTANT VERS LA SCULPTURE, LA LITTÉRATURE OU LE CINÉMA»
La danseuse et chorégraphe Germaine Acogny, fondatrice de l’Ecole des Sables, souhaite une diversification des intérêts des enfants, en les faisant aimer la culture.
La danseuse et chorégraphe Germaine Acogny, fondatrice de l’Ecole des Sables, souhaite une diversification des intérêts des enfants, en les faisant aimer la culture.
Pour Germaine Acogny, le football est extraordinaire, mais ne doit pas seulement être l’activité que les enfants suivent. “Il faudrait inverser cet intérêt des jeunes, en les orientant par exemple sur la sculpture, la littérature ou encore le cinéma”, a-t-elle dit, hier, lors de la cérémonie d’ouverture du festival Cinéma 72, initié par le journaliste Alioune Diop.
Pour la célèbre danseuse, c’est grâce à la culture que le Sénégal a émergé. Elle cite les prix remportés par des sénégalais évoluant dans la culture. C’est le cas de Boubacar Boris Diop, lauréat du Prix International de Littérature Neustadt 2022 ou Mouhamed Mbougar Sarr qui a remporté le Prix Goncourt ou encore, elle -même avec le Lion d’Or. Ce qui a fait, selon elle, que le Sénégal a longuement été au-devant de l’actualité. La fondatrice de l’Ecole des Sables, où sont formés des danseurs et chorégraphes sénégalais et étrangers, soutient qu’il n y a pas que le football qui gagne. “Les autres sports comme le basket ont beaucoup gagné. Il faut donc absolument que les gouvernants et ceux qui sont là diversifient l’intérêt des enfants pour qu’ils ne s’intéressent pas uniquement au football où on gagne beaucoup d’argent, parce qu’il existe aussi d’autres valeurs”, a lancé Germaine Acogny. D’après, elle, son école implantée à Toubab Dialaw, dans le département de Rufisque, a réussi ce que les politiciens n’ont pas pu faire, à savoir réunir toute l’Afrique et le monde par la danse.
« Iya Tunde » et « Amadou Lamine Sall: La poésie en action » à l’affiche
Le film “Iya Tunde” (La mère est revenue) a été projeté lors de la cérémonie d’ouverture. Selon Germaine Acogny, la réalisatrice Laure Malecot retrace son travail de chorégraphe. Un documentaire sur le poète Amadou Lamine Sall, intitulé “La poésie en action”, a été également projeté. Ce film, qui retrace la vie du poète de sa ville natale à Kaolack à Dakar, s’intéresse à l’enfance de Sall, marquée par le décès de son père alors qu’il était âgé de dix ans. La danseuse n’a pas manqué de féliciter l’initiateur du festival, Alioune Diop, qu’il qualifie de courageux. Cependant, elle a suggéré au journaliste de délocaliser l’événement en l’amenant dans les lycées et les universités, aller vers la jeunesse pour leur montrer le patrimoine du pays. Un avis partagé par le poète Amadou Lamine Sall qui invite le promoteur à convier la jeunesse à assister aux projections.
Cette édition 2022 est consacrée aux documentaires du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de la République du Congo et de la France. Il y aura également des documentaires longs, moyens et courts métrages au tour du thème, Patrimoine : “Quelle coopération africaine pour une restitution”. Ce festival est dédié aux films d’art et de littérature.” A travers le thème, nous cherchons également à fédérer les pays dans le but de réclamer nos objets et biens patrimoniaux”, a soutenu l’initiateur du festival qui est aussi fondateur et administrateur de Production Artistiques Culturelles d’Afrisie (PACAF).
Moustapha DIA
MEMORIALES, PAR ELGAS
« REGARDS », FENÊTRE CULTURELLE À L’ORTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Makhily Gassama et Sada Kane se souviennent d’un vent de liberté. Avant, la culture était sentinelle et horizon. Aujourd’hui, malgré certaines résistances, elle est plus à la remorque de la politique
Senghor ! Encore lui, décidément. Toute remontée du fil historique sénégalais, jusqu’aux années 60 au moins, paraît devoir faire une halte sur une part de son héritage, ou si l’on préfère, une part de son ombre.
L’histoire de la télévision au Sénégal est mine de rien pas si jeune. C’est une quinquagénaire qui a connu ses balbutiements au milieu des années 60, avant de battre ses ailes, plus amplement, de façon plus autonome, une décennie plus tard. L’ORTS (Office de radiodiffusion télévision du Sénégal) naît l’année du choc pétrolier, peu avant le multipartisme, et calque presque tout sur son aînée française l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). Graphisme proche, homophonie, lien direct avec le pouvoir, outil de promotion ou de propagande, les deux offices semblent presque jumeaux, reliés par l’ombilic colonial, avec des tempos cependant légèrement décalés. Plus théoriquement, dans les premières offres de décryptage de l’impact des médias après la guerre, le pouvoir de la télévision, comme mass-média, s’annonce comme un sujet commun à tous les pouvoirs dotés de la petite lucarne. Dans Le Pouvoir sur scène de Georges Balandier par exemple, ou encore Cristallizing public opinion d’Edward Bernays, les relations publiques comme la mise en scène du pouvoir apparaissent clairement comme les enjeux et les éléments essentiels d’une maitrise de la communication politique.
Élan panafricain et culturel à l’ORTS
Quand la télévision arrive, elle vient étoffer l’offre, après le sanctuaire premier qu’est la radio qui a déjà une belle histoire. L’ORTS est alors une grande structure, comme le journal le Soleil, rendant compte directement au pouvoir, qui y place ses hommes, voire ses commis. On y trouve toutes les nationalités, des Sénégalais, des Haïtiens, des Français, avec un culte de la rigueur et un enthousiasme, propres aux épopées naissantes. À la radio, Joseph Zobel le grand écrivain de la Rue des Cases-Nègres (1950) régale les auditeurs avec son émission un Livre par semaine, émission que ne rate pas le président, fidèle à ses passions littéraires. Le goût pour la culture de Senghor n’est en rien un mythe, c’est même une tyrannie au sens pour une fois noble du terme. Ainsi, il supervise, conseille, n’hésite pas à intervenir directement, et en discute régulièrement avec son conseiller culturel, Makhily Gassama, professeur de lettres promis au plus brillant des destins.
Quand ce dernier remplace Zobel, pour un laps de temps court au démarrage, l’intérim est plus que prometteur, il séduit les auditeurs. La tentation de la petite lucarne, et d’y voir l’esprit et les artistes célébrés, font boule de neige. La culture est alors incarnée à la télévision par un couple de haïtiens Lucien et Jacqueline Lemoine (née Scott) qui animent l’émission La voix des poètes. Dans l’élan panafricain du festival des Arts nègres, ils se sont installés à Dakar et font les beaux jours de la radio aussi. Pourquoi pas ajouter à ces profils précieux, un jeune, local, avec déjà une signature ? Pathé Fall Dièye, journaliste, lecteur, directeur de la télévision, encourage Makhily Gassama à sauter le pas. Ne reste plus que l’assentiment du père spirituel et du mentor au palais. Senghor le pousse chaleureusement. Voici comment, la bénédiction acquise, naît à la fin des années 70, Regards sur. Émission culturelle phare de l’époque, périodicité irrégulière au début qui devient vite rendez-vous hebdomadaire, on y radioscopie les livres. Tout le monde y défile. Conversations pointues, trait littéraire appuyé.
Regards, un rendez-vous majeur de la culture
L’émission est un vade-mecum pour le président. À plusieurs titres : c’est la matérialisation de son vœu culturel, mais plus encore, il éprouve ce pincement de fierté, de voir ses proches et protégés nourrir sa vision. Regards sur s’ancre plus globalement dans un écosystème où la culture n’est pas un faire-valoir. C’est l’étalon de mesure d’une politique, d’une vision. À son service, plusieurs segments. Les nouvelles éditions africaines (NEA), créées par Senghor en 72, sous la direction de Mamadou Seck, soutiennent l’émission. L’homme est un passionné de lecture, il donne et se donne. Logistiquement et spirituellement, il est l’un des piliers de cette émission générationnelle, qui a, bon an mal an, inspiré nombre d’amateurs des lettres qui avaient ainsi un rendez-vous et un repaire. Les ponts sont ainsi dressés. Et le paysage est marqué par cette forte teneur culturelle qui semble être une énergie globale qui irrigue la politique. Pour Senghor, la télévision vient après les grandes épreuves de son règne. Les deux premières décennies de son pouvoir ont été dures, violentes, et au moment où Regards pose son empreinte sur la scène, lui-même s’apprête à la quitter. Symboles d’une transition, ces parenthèses culturelles adoucissent la brutalité du souvenir dont il a été à la fois le bourreau et la victime. Métaphore d’un adieu, et scène mythique, Senghor participe même à l’émission, à sa demande. Il est reçu par son ancien conseiller, face à une dizaine d’intellectuels, triés sur le volet. Émission intéressante, mœurs d’un temps où Regards recevait le débat, le désaccord, sur lesquels un voile de pudeur et de bienséance venait étouffer les radicalités, sans doute les brutalités, pour le meilleur et le pire.
Makhily Gassama, devient, des années plus tard, l’homme de culture que l’on connaît. Regards contribue à bâtir son envol. Quand il part, un jeune journaliste, recruté comme rédacteur présentateur, prend le relai. Il s’agit de Sada Kane. C’est lui que les jeunes générations connaissent et retrouvent tous les mardis, dans cette messe feutrée du mardi soir à 22h. Aux profils littéraires de l’émission des débuts, Sada Kane, féru aussi de livres, apporte un complément. Il vient avec une double casquette, à la fois journaliste et lecteur. Regards sur devient Regards, Sada Kane est un minimaliste. Ses émissions où foisonnent les idées tiennent pourtant en un seul mot : Palabre, Regards, Impressions… Il pose sur l’émission dont il hérite sa propre patte. Il diversifie la palette des invités, les sujets étendent leur spectre.
La télévision comme expérience artistique émergence d’une conversation paisible
Dans l’arrière-scène, Senghor est toujours là. Il aime ce que dégage ce jeune journaliste à la voix suave, qui présente bien, dont la pondération naturelle, le sens de l’écoute, pérennisent une culture de la conversation apaisée. L’ORTS n’est pas juste une télévision technique, c’est aussi un écosystème et une esthétique. Les journalistes prennent des cours de diction administrée entre autres par Joseph Zobel. Les tenues correctes son exigées. On recourt au besoin à Farba Sarr du théâtre National Daniel Sorano. La télévision est une représentation, et on retrouve certains piliers du journalisme : comprendre, réécrire, raconter. Un triptyque fondateur de la mise en scène, presque artistique. Sada Kane a aussi ses soutiens, Guila Thiam, directeur général, Mactar Silla ancien directeur de TV5 Afrique, que le président Abdoulaye Wade débauche pour prendre la tête de ce qui est devenu entre-temps, la RTS (Radiodiffusion télévision sénégalaise).
Regards connaît des temps forts sur le plateau de Sada Kane. La réception d’Ibrahima Ly, emprisonné au Mali qui raconte son calvaire dans son livre Toile d’araignée (1982) sur le plateau avec sa famille en coulisse. Moment de malaise, ou de télévision, dont se souvient Sada Kane comme une de ses plus grandes épreuves de tournage. Autre passage délicat, quand Maurice Bucaille écrit son célèbre livre La Bible, le Coran et la science (1976). Sur le plateau, Bara Diouf et Iba der Thiam, entre autres, sont présents. L’émission, potentiellement radioactive, du fait du léger avantage dans la discussion des idées laïques, ne passera pas à l’antenne. La charge est potentiellement venimeuse. Étape de plus dans la généalogie d’une censure pour la paix civile, dont étaient conscients les travailleurs de l’ORTS, témoins d’une grande époque d’apprentissage, malgré la contrainte et les marges de manœuvre resserrées. L’absence d’éclat, d’empoignes spectaculaires, n’est en rien gage de vassalité ni de tiédeur. À l’inverse, l’invective permanente hystérise toute idée de débat. Avec cette tempérance sous le contrôle du pouvoir, l’ORTS tente pourtant d’ancrer un esprit, que nombre de témoignages affranchissent de potentiels soupçons de couardise.
Makhily Gassama comme Sada Kane se souviennent d’un vent de liberté. Point pour eux de temps pour la nostalgie, tant leurs carrières respectives ont, après, servi cet idéal. Il est de bon ton de fustiger la bascule de ce qui apparait comme un âge d’or vers une vulgate actuelle plus foutraque, mais ce serait probablement céder à une facilité générationnelle qui ne manque pas de snobisme. S’il y a besoin de retenir quelque chose qui pourrait faire l’unanimité : l’intérêt pour la culture n’est plus le même aujourd’hui. Avant, elle était sentinelle et horizon. Aujourd’hui, malgré les efforts et certaines résistances, elle est plus à la remorque de la politique qu’autre chose.
UNE MALICIEUSE SAGESSE DE LA LIBERTÉ ET DU MOUVEMENT
Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021, a relu pour «Libération», «l’Etrange destin de Wangrin », un roman d ‘Amadou Hampâté Bâ qui conte les aventures «authentiques et invraisemblables» d’un fonctionnaire malien de l’administration coloniale
Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021, a relu pour «Libération», «l’Etrange destin de Wangrin », un roman d ‘Amadou Hampâté Bâ qui conte les aventures «authentiques et invraisemblables» d’un fonctionnaire malien de l’administration coloniale française. Un livre qui raconte l’Afrique.
Amadou Hampâté Bâ (1900-1991) a eu beau se défendre d’avoir voulu faire œuvre de fiction avec l’Etrange destin de Wangrin (1973), on ne sort de ce livre qu’à regret et en soufflant : quel merveilleux roman ! Que l’auteur ait rigoureusement recueilli, ordonné et rapporté, à partir de sources orales, les aventures authentiques et invraisemblables d’un de ses amis ; qu’il les ait inventées tout cela en assurant, dans un procédé classique de brouillage des pistes, les avoir seulement retranscrites ; qu’il ait encore mêlé les deux régimes du discours, l’historique et le fictionnel : au fond, tout cela importe peu. Ce qui importe, c’est qu’avec ce livre traversé par une énergie et une imagination si puissantes, seul demeure le plaisir de s’y laisser porter.
On suit Wangrin, un homme né à l’orée du XXe siècle en Afrique de l’Ouest, et dont le destin, étalé sur à peu près trente-cinq ans, se déploie dans un récit aux épisodes, directions, strates, et significations multiples. Au moment où l’on fait sa rencontre, Wangrin est un élève brillant à «l’Ecole des otages» (qui a réellement existé), dans laquelle l’administration coloniale s’assurait que les fils des notables de la brousse continueraient à coopérer. Notre protagoniste, issu d’une famille de l’aristocratie bambara, s’y fait remarquer : brillant, polyglotte, plein de ressources, il devient très vite l’interprète favori des différents commandants de cercle de la région. Cette position intermédiaire, un pied dans le secret des maîtres, l’autre dans celui des arcanes locaux, permet à Wangrin de jouer, c’est-à-dire de se jouer de tous les pouvoirs en place. A grand renfort d’audace et de ruse, le voici qui s’engage dans une fabuleuse épopée tragicomique aux retournements incessants. Il dupe les puissants de tous bords, les dépouille pour donner aux moins pourvus, ment pour s’enrichir, se fait des ennemis, s’allie aussitôt avec des forces occultes pour les neutraliser («Accepterais-tu de travailler pour garantir contre mes ennemis blancs-blancs, noirs-blancs et noirs, et pour combien ?») ; il se déguise, voyage, erre, perd sa fortune, la regagne, la rejoue, arnaque, corrompt, charme des femmes, engage des espions quand il ne s’agit d’hommes de main, paie des coups à des ivrognes fauchés, rit des autres mais, surtout, de lui-même, que la fortune lui sourit ou le fuie.
"VOIX DU FLEUVE, VOIE DE LA PAIX", UN ALBUM POUR ACCOMPAGNER LE DÉVELOPPEMENT ET LA PAIX
Les artistes africains engagés dans le projet musical intitulé "Voix du fleuve, voie de la paix", veulent accompagner tous les processus de développement et d’acquisition de paix sur le continent africain et ailleurs
Diamniadio, 23 mars (APS) - Les artistes africains engagés dans le projet musical intitulé "Voix du fleuve, voie de la paix", veulent accompagner tous les processus de développement et d’acquisition de paix sur le continent africain et ailleurs, a déclaré mercredi, le chanteur sénégalais, Baaba Maal.
"Nous avons nos mots à dire, notre participation à amener. Nous voulons accompagner tout processus de développement et d’acquisition de paix en Afrique et dans le monde’’, a-t-il dit lors d’une conférence de presse au Forum mondial de l’eau.
Six grands chanteurs d’Afrique de l’Ouest, Baaba Maal, Daara J, Noumoucounda, Fatoumata Diawara, Noura Mint Seymali et Sékou Kouyaté, ont sorti mardi, un disque intitulé : "Voix du fleuve, voie de la paix’’.
Pour Baba Maal, le parrain musical de ce projet, "la musique doit jouer ce rôle davantage dans le monde’’.
"C’est l’eau qui réunit dans ce forum mondial de l’eau. C’est la paix que nous voulons qu’il soit durable pour le fleuve Sénégal pour que ça sert d’exemple dans d’autres parties du monde comme l’Afrique’’, a expliqué le lead vocal du "Daande leñol’’.
Parlant du projet musical, Baba Maal a souligné c’est une occasion pour les artistes de se donner la main pour continuer le travail au-delà du forum de Dakar, un peu partout.
"C’est un bon exemple pour démontrer que la musique est quelque chose d’essentiel pour la marche du monde. La marche du monde vers l’épanouissement, le développement durable, vers l’engagement d’autres générations qui vont venir ‘’, a fait savoir le natif de Podor.
Selon lui, c’est un "élan de solidarité" des artistes envers la communauté.
"Nous n’avons pas fait un album pour avoir des sous, se rendre plus populaire, démontrer à la face du monde que nous sommes talentueux, mais montrer que nous sommes des artistes engagés pour la société pour tout ce qui concerne le développement", a ajouté Baba Maal.
LES OEUVRES DE PICASSO EN EXPOSITION AU MUSEE DES CIVILISATIONS A PARTIR DU 1ER AVRIL
Le musée des Civilisations noires abrite du 1er avril au 30 juin prochain l’exposition "Picasso à Dakar, 1972-2022’", sous le haut patronage des présidents Macky Sall et Emmanuel Macron, annonce un communiqué transmis à l’APS.
Dakar, 23 mars (APS) - Le musée des Civilisations noires abrite du 1er avril au 30 juin prochain l’exposition "Picasso à Dakar, 1972-2022’", sous le haut patronage des présidents Macky Sall et Emmanuel Macron, annonce un communiqué transmis à l’APS.
Cette exposition se tient 30 après l’exposition des oeuvres de l’artiste espagnol au Musée dynamique de Dakar.
"Un demi-siècle après la présentation de son travail au Musée dynamique, Picasso revient aujourd’hui à Dakar, au Musée des Civilisations noires, à travers une exposition inédite par son contenu, son ampleur et sa résonance historique : « Picasso à Dakar, 1972-2022 »", souligne le communiqué.
Selon le texte, ce projet "engagé dès 2016 par le Musée national Picasso-Paris (…) est issu de l’engagement fort de l’établissement en faveur de la diffusion large de l’œuvre de Picasso et de relectures sans cesse renouvelées autour de sa réception".
"Il a rapidement reçu l’appui du musée du quai Branly – Jacques Chirac car cette opération de collaboration culturelle internationale répond pleinement à la politique que mène actuellement l’établissement pour favoriser la circulation des œuvres d’art en Afrique", note-t-il.
"Le projet a mûri cinq années durant afin que cette exposition exceptionnelle puisse trouver au Musée des Civilisations noires un écrin parfait", indique la même source.
Elle précise que cette exposition est le résultat d’une "collaboration inédite et exemplaire entre quatre musées, à l’articulation de l’Afrique et de l’Europe, entre Dakar et Paris".
"Avec leurs héritages propres, leurs collections et leurs responsabilités présentes, le musée des Civilisations noires, le musée Théodore Monod d’art africain, le musée national Picasso-Paris et le musée du quai Branly - Jacques Chirac ont souhaité partager un projet où l’histoire de l’art s’écrit en partage autour d’œuvres, de connaissances et d’idées mises en commun. Pablo Picasso fut un des premiers artistes occidentaux à être profondément influencé par l’art africain", explique le communiqué.
Il évoque le "choc fondateur" que provoquèrent chez lui la visite du musée d’ethnographie du Trocadéro, en 1907, ainsi que la découverte de la puissance formelle et spirituelle de la sculpture africaine.
"Depuis lors, relève-t-il, les œuvres du continent africain ont habité, sans discontinuer, les espaces de vie et de travail du créateur."
Selon le communiqué, "l’exposition « Picasso à Dakar, 1972-2022 » revient sur cette rencontre, forte des apports récents de la recherche historique et historiographique. Elle propose un retour fécond sur l’exposition « Picasso » de 1972 au musée Dynamique de Dakar, qui honora l’artiste de son vivant".
De même s’inscrit-elle dans la ligne directe de cette exposition matricielle, "dont elle commémorera le 50e anniversaire".
L’occasion sera ainsi donnée à une trentaine d’œuvres issues des deux institutions parisiennes de dialoguer avec une dizaine d’œuvres issues des collections dakaroises.
L’exposition "mettra en lumière l’attrait de Picasso pour l’art africain tout en célébrant l’ambition culturelle fondatrice du président Léopold Sédar Senghor en matière de développement culturel et muséal panafricain".
Les œuvres choisies seront "présentées chronologiquement mais également sous forme de correspondances formelles, techniques (assemblage), imaginaire (figure anthropo-zoomorphe) ou fonctionnelles (magie, exorcisme)".
Elles devraient permettre de "découvrir l’artiste au regard de ses sources africaines et attesteront du dialogue fructueux entre les collections nationales françaises et sénégalaises".
"L’exposition se tiendra par ailleurs simultanément à l’édition de la biennale Dak’Art 2022, point d’orgue biennal de la vie artistique dakaroise avec laquelle elle ambitionne de favoriser des résonances et notamment à la galerie d’art contemporain du Manège de l’Institut français de Dakar."
Elle est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal, le ministère français de la Culture, des équipes de l’ambassade de France au Sénégal et de l’Institut français de Dakar.