Auteur d’une bande dessinée sur l’épopée Samba Gelaajo Jeegi, Cheick Sakho, enseignant-chercheur à l’Ucad, réalise un travail de «re-médiatisation» des récits oraux et «rapprochement de l’épopée ancienne et des moyens modernes de communication» comme l’a souligné Pr Amadou Ly.
L’histoire de Samba Gelaajo Jeegi a bercé l’enfance de plusieurs générations de foutankés. Dans une autre vie, elle était racontée par des griots qui avaient refait son récit dans des cassettes. Cette fois-ci, Cheick Sakho, enseignant-chercheur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop, a décidé de consacrer une bande dessinée au prince Samba Gelaajo Jeegi, héros de l’épopée peulh du Fouta Toro.
Orphelin dès le bas âge, Samba Gelaajo Jeegi se lance dans une terrible guerre avec son oncle qu’il finit par défaire. Ce qui forge la réputation de Satigi du Fouta tooro (1724-1741).
Paru aux éditions «Edit’Art» le 15 avril dernier et illustré par Diéré Mané, ce récit montre la «la figure de l’enfant terrible dans les contes africains qui aspire à s’émanciper de la tutelle». «C’est un message d’espoir qui prouve qu’à force de persévérance, on finit toujours par atteindre ses objectifs», enchaîne l’enseignant-chercheur, spécialiste des épopées au Département de Lettres modernes de la Flhs.
Préfacier de cette «Bd», Pr Amadou Ly note que ce document permet «la modernisation de la littérature orale». «Merci au professeur Sakho d’avoir eu la lumineuse idée d’ouvrir la voie du rapprochement de l’épopée ancienne et des moyens modernes de communication», souligne-t-il.
Aujourd’hui, Cheick Sakho porte un «intérêt particulier à la re-médiatisation des récits oraux et leur impact dans les sociétés qui les produisent». Il est l’auteur de Discours de l’épopée et réalités socio-politiques contemporaines : Que reste-t-il de la révolution toroode de 1776 ? Et aussi Chanson moderne et médiatisation de l’épopée : la geste omarienne dans le répertoire de Baaba Maal et Diffusion de la littérature orale par la radio, la télévision et le numérique…
PAR MARY TEUW NIANE
GLOIRE AUX FAUTES DE FRANÇAIS
J’ai depuis quelques temps entendu bruire une chanson au rythme désaccordé. Ceux qui l’entonnent, excusent et même glorifient ceux qui font des fautes de français, écrivent mal le français, ne savent pas lire un texte en français et s’expriment mal
J’ai depuis quelques temps entendu bruire une chanson au rythme désaccordé.
Ceux qui l’entonnent, excusent et même glorifient ceux qui font des fautes de français, écrivent mal le français, ne savent pas lire un texte en français et enfin s’expriment mal en français.
Ils prétendent que le français n’étant pas une de nos langues maternelles, nous devons accepter sans broncher que cette langue soit écorchée par nos compatriotes y compris nos élèves, nos étudiants, nos enseignants, nos cadres, nos autorités de l’État et nos hommes politiques.
Certains pensent inconsciemment que le français étant la langue du colonisateur, pour prendre notre revanche sur la France, nous devions nous délecter de plaisir en maltraitant sa langue!
Quelle inconscience et inconsistance infantile!
Souvent d’ailleurs ceux qui le disent ne font que défendre leur incompétence linguistique en en faisant un signe malsain de patriotisme.
Il apparaît d’ailleurs très souvent que ceux qui maîtrisent mal le français, en fait, baragouinent leurs langues maternelles. Ils ne savent en réalité parler aucune langue.
Je suis pour l’enseignement de nos langues maternelles, de toutes nos langues maternelles, dès le préscolaire. Car un enfant qui maîtrise bien sa langue maternelle pourra plus facilement apprendre d’autres langues.
Chez-nous le français est non seulement notre langue officielle mais il est aussi pour la majorité des apprenants la langue d’apprentissage, celle par laquelle les savoirs et les connaissances sont transmis.
Le français est aussi la langue de référence dans laquelle sont transcrits nos lois, nos décrets, nos circulaires, nos textes réglementaires, les contrats et les conventions qui jalonnent la vie économique, sociale, culturelle et internationale.
Un juriste ne peut pas se permettre une faute de français car les conséquences juridiques qui en résultent pourraient êtres catastrophiques. Même la place d’une virgule dans un texte peut conduire à des interprétations contradictoires. Ne parlons pas alors d’un diplomate qui ferait des fautes de français, il pourrait provoquer des incidents diplomatiques!
Comment peut-on progresser en mathématiques si on ne connaît pas la différence entre «et» et «ou», lorsqu’on ne peut pas faire la négation de « il existe », etc.
Parler correctement la langue dans laquelle nous nous exprimons est un signe de correction, de respect et de considération en vers notre interlocuteur. C’est aussi un moyen de se faire écouter, respecter et considérer.
Cette idéologie de la médiocrité qui en dernière analyse ne reconnaît pas la connaissance comme source des transformations sociales est négative et contre-productive.
Sa finalité est de maintenir surtout les enfants et les jeunes issus des couches défavorisées au bas de l’échelle sociale alors que leur ambition est d’en gravir les marches pour atteindre les sommets. Comment un jeune qui s’exprime mal en français pourra réussir à un entretien d’embauche face à d’autres jeunes bien formés s’exprimant allègrement dans la langue de Claudel?
Ne nous voilons pas la face, même la maîtrise de l’anglais sera très difficile pour un apprenant qui ne maîtrise pas le français.
L’artiste a besoin de bien s’exprimer en français pour mieux partager ses œuvres, le joueur de football pour accrocher ses fans, etc.
Notre pays doit renforcer son appétence d’excellence.
La jeunesse, doit rejeter drastiquement l’idéologie de la médiocrité. Elle doit être à l’avant-garde pour dénicher tous ceux qui veulent nous ramener à la médiocrité dans tous les domaines et malheureusement qui par leur inconsistance font de notre pays une source de rigolade désagréable.
Comme la Chine a abandonné le livre rouge pour construire son développement à la place des incantations idéologiques insipides, nous aussi libérons-nous des stéréotypes anticolonialistes primitifs pour intégrer le concert des nations qui se battent pour conquérir les connaissances, pour innover, pour inventer, pour être les meilleurs !
Soyons et restons sur le chemin de l’honneur de l’esprit humain.
Dakar, le mardi 19 avril 2022
Mary Teuw Niane
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MBOUGAR, CULTURE ET CONSENSUS SOCIÉTAUX
EXCLUSIF SENEPLUS - Moment d'échange fécond organisé le 31 mars dernier à Dakar au siège de l'Harmattan, autour du prix Goncourt 2021, avec des intervenants de prestige, dont Abdoulaye Bathily, Abdoulaye Elimane Kane, Felwine Sarr, Elgas, entre autres
SenePlus.com a organisé le 31 mars 2022 une rencontre à l'Harmattan sur "Littérature, Culture et Consensus sociétaux" avec Mohamed Mbougar Sarr, le lauréat du prix Goncourt 2021, Abdoulaye Elimane Kane, Felwine Sarr, Elgas, Paap Seen, Penda Mbow et Alymana Bathily. Au-delà des panélistes, de nombreux intervenats se sont exprimés dont le professeur Abdoulaye Bathily et les sociologues Mamadou Mao Wane et Ibrahima Dia mais aussi l'entrepreneur Baba Zoumanigui, ancien président de division à IBM aux Etats-Unis.
La rencontre a débuté par un mot de bienvenue et remerciements d'Abdoulaye Diallo et René Lake, patron respectivement de l'Harmattan Sénégal et de SenePlus.
Cette vidéo présente l'intégralité de cette rencontre de haute facture où l'intelligence, l'ouverture, la diversité, la pensée et l'action se sont retrouvés pour plaider le retour des espaces d'échanges et de pluralité de la pensée au Sénégal.
LE CONTE, UN ART ORATOIRE QUI RAVIVE LA MÉMOIRE
Si la fable est une leçon de vie destinée au monde tout entier, le conte est un mythe dégradé, qui véhicule des concepts propres à une culture donnée
A Saint-Louis, dans les autres localités du Sénégal et des pays de la sous-région, le conte a toujours permis à nos ancêtres d’inculquer aux enfants des valeurs culturelles très importantes, sans éprouver le besoin de les brutaliser, gronder, rudoyer, rabrouer et frustrer. Si la fable est une leçon de vie destinée au monde tout entier, le conte est un mythe dégradé, qui véhicule des concepts propres à une culture donnée. Il demeure un produit de l’imagination, qui propose aux enfants des récits qui s’inspirent de leur culture, de leurs réalités, de leur histoire, pour les faire voyager entre l’invraisemblance, le merveilleux et le surnaturel….
C’est un truisme de dire que le conte joue un rôle prépondérant dans la société. À Saint-Louis, dès le bas âge, on avait l’habitude de se retrouver autour de nos parents ou de nos grands-parents pour les supplier de nous raconter de petites histoires imaginaires, très intéressantes et captivantes, qui finirent par nous bercer, nous consoler et nous faire voyager dans des contrées merveilleuses. Des récits et autres aventures « vivantes », qui s’inspiraient de nos valeurs culturelles, qui étaient conçus et narrés de telle sorte qu’ils pouvaient facilement nous endormir.
Les vieillards et autres patriarches de la vieille cité mettaient à profit ces échanges culturels exceptionnels avec les enfants, pour les éduquer, leur apprendre la vie, les orienter vers les bonnes pratiques, les bonnes manières, le civisme, etc.
À travers le conte, on était bien outillé pour apprendre à devenir adulte, à assumer nos responsabilités, à dissocier la bonne graine de l’ivraie, le bien du mal, à avoir le réflexe d’adopter les attitudes idéales dans la société, un comportement modèle dans le groupement social ou ethnique, auquel on appartient.
Au fil du temps, nous précise une vieille vendeuse de produits halieutiques, Mame Kana Diop, 83 ans, originaire de Guet-Ndar et domiciliée à Bountou-Baat, un village situé à quelques encablures de la Réserve spéciale de faune de Guembeul, les habitants autochtones de Saint-Louis ont appris ainsi à s’enraciner dans leur culture, leurs traditions et coutumes ancestrales, en s’adossant à ces contes de fées. Mme Diop confie : « Ces récits nous aidaient à nous distraire, à nous épanouir, à décompresser après une journée de dur labeur. Nous ne pouvions pas dormir sans écouter ces petites histoires intéressantes que nos parents nous racontaient ».
Pape Samba Sow dit Zoumba, natif de Saint-Louis, devenu un grand conteur, a eu l’occasion de voyager à travers l’Afrique, l’Europe et d’autres continents, en vue de présenter, de valoriser, de partager avec les enfants du monde, les contes et légendes sénégalais. À cet effet, il a obtenu des prix et trophées aux Emirats arabes unis, plus précisément à Sharjah, à Zagora, au Maroc, etc.
UN ÉCRIVAIN ÉCLECTIQUE
Cet écrivain éclectique est un artiste multi-facettes. Il est professeur de français au Cem Abbé Boilat de Saint-Louis, animateur culturel, poète, conteur, musicien, danseur, chorégraphe, producteur extérieur de radio et maître de cérémonie. Zoumba était aussi chargé de mission de la culture, durant le mandat de l’ancien maire de Saint-Louis, Cheikh Bamba Dièye.
père, Samba Sow, était directeur d’école et musicien clarinettiste, sa mère, Amina Sow Mbaye, était enseignante, écrivaine, chanteuse et guitariste. C’est dans cette atmosphère qu’il grandit pour devenir artiste éclectique et conteur.
Selon Pape Sow, contrairement à ce que presque tout le monde pense, « le conte n’est pas inféodé au théâtre, nous vivons un monde où tout est factice, apparence, la vérité est que le conte, en tant qu’art majeur, est un verbe puissant, issu d’une longue tradition orale, c’est toute l’oralité que le conte charrie ».
Dans son argumentaire, Zoumba s’évertue à mettre en exergue la différence fondamentale qui existe entre la fable, qui est une leçon de morale universelle et le conte, qui intéresse un groupement social bien déterminé, donc, qui n’est pas transposable.
Pour Sow, « Rien ne sert de courir, il faut partir à point », « La raison du plus fort est toujours la meilleure », sont des exemples de fables parmi tant d’autres. Le conte est destiné à un groupe particulier, « on peut juste l’adapter, c’est un langage particulier, différent de la langue, qu’on peut transposer, c’est difficile de raconter à un Européen, un Asiatique ou un Américain, les histoires de Mame Coumba Bang et autres récits imaginaires qui occupent une place importante dans nos cultures ».
LE CONTE DÉPASSE L’EDUCATION
De l’avis de Zoumba, le conte est chargé de la tradition orale, « il a une valeur ajoutée culturelle, chargée de symboles, de proverbes, de devinettes, de lavanes (Fable ou récit satirique originaire d’Afrique), de métaphores, qui embellissent l’histoire, qui véhiculent des concepts de l’éducation populaire ».
Plus explicite, Pape Samba Sow nous fait savoir que le conte est le vraisemblable qui se base sur la réalité fondée sur l’histoire, « mais pas n’importe quelle réalité ».
Parlant des différents types de conte, ce professeur de français fait allusion au conte de fées (un récit qui met en scène des personnages magiques), au conte philosophique (qui fait penser à la philosophie de Kocc-Barma), au conte initiatique (raconté souvent aux enfants circoncis), aux contes merveilleux, facétieux, littéraire, fantastique, etc. « Le conte dépasse même l’éducation pour tendre vers l’instruction, s’il est raconté par un comédien, ce dernier saura comment convaincre l’assistance, par la plastique de son corps », dit-il. Zoumba rend hommage, au passage, à de grands conteurs tels que Massamba Guèye, Babacar Mbaye Ndack, Ngary Mbaye, Fatou Kiné Sow, Coura Sarr…
Louis Camara, écrivain, auteur du « Choix de l’Ori », communément appelé « Le Conteur d’Ifa », Grand Prix du chef de l’Etat pour les Lettres édition 1996, soutient que le conte est un genre narratif traditionnel, oral, qui appartient à la littérature orale. Il existe depuis la nuit des temps et certains chercheurs disent que c’est un mythe dégradé. Parce qu’il n’a pas de fonction religieuse comme le mythe.
En nous rappelant ces définitions, M. Camara, professeur de français à la retraite, nous présente, séance tenante, un poème divinatoire écrit en langue Yoruba (une ethnie du Nigeria et du Bénin), duquel est tiré son chef d’œuvre, le fameux livre intitulé « Le Choix de l’Ori », considéré par des sommités du monde académique comme un conte romanesque.
Pour cet homme de lettres et de culture, de renommée internationale, « il existe des peuples qui n’ont pas de littérature, mais tous les peuples du monde ont créé des contes, ce qui équivaudrait à dire que le réservoir du conte est inépuisable ».
D’après Louis Camara, les mythes sont des récits, des réponses aux grandes questions existentielles comme la vie, la mort, le destin, etc. Le mythe veut non seulement expliquer le monde, mais il est religieux et peut avoir une fonction rituelle, « c’est une manière d’affirmer que le conte reprend un mythe profané, sécularisé, laïcisé, mais il vient du mythe ».
MYTHE ET CONTE LITTÉRAIRE
Sur la base de l’analyse pointue de l’hypothèse extraite de ce raisonnement discursif, on peut dès lors, soutenir, qu’à travers son œuvre « Le Choix de l’Ori », l’écrivain Louis Camara s’est évertué à transformer un mythe en conte littéraire. D’autant plus que les écrivains, en un moment donné, ont réussi avec brio, à faire du conte oral, un objet littéraire.
En Occident, au Moyen Âge, poursuit Louis Camara, on a été séduit par « Goupil, le Renard », les contes de Perrault, de Grimm, d’Anderson et autres grands conteurs qui se sont inspirés de la tradition orale. « Le conte a une valeur éducative, pédagogique et culturelle, ces trois fonctions sont liées, le conte oral est transmis directement au public et le conte littéraire est présenté sous forme de livre », indique-t-il.
Cet écrivain est formel lorsqu’il rappelle que le conte, en lui-même, est constitué d’éléments tirés directement de la culture, de la morale, de l’éthique, de la société, des mœurs, des valeurs cardinales… La langue est le véhicule du conte par excellence. Il s’est également appesanti sur la pertinence des « Contes d’Amadou Koumba » écrits par Birago Diop, de certains contes étiologiques, fantaisistes, philosophiques (Voltaire), des productions intellectuelles de Kocc-Barma, qui créait des aphorismes (paroles, sentences, qui ont pour but de mettre en valeur une sagesse populaire), d’Amadou Hampathé Bâ, de Bernard Dadié.
Louis Camara cite le président Senghor, Abdoulaye Sadji qui, à travers le conte sur Leuk le lièvre et Bouki l’hyène, un bijou littéraire, ont réussi à mettre en exergue l’opposition entre l’intelligence et la bêtise, la ruse et la stupidité, l’espièglerie et la naïveté, etc.
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UNE LANGUE, UNE CULTURE ET DES OPPORTUNITÉS
Quelle est la pertinence d'apprendre l'espagnol dans un monde dominé par l'hégémonie de l'anglais? Réponses du Directeur de l'Institut Cervantes de Dakar, Nestor Nongo Nsala. Avec 600 millions de locuteurs, l'espagnol gagne de plus en plus l'Afrique
Dans un contexte de mondialisation caractérisée par la libre circulation des biens et des personnes, la connaissance d’une langue étrangère est toujours une chance pour opérer à certains endroits du globe. L’anglais est connu pour être une lingua franca parmi toutes les grandes langues de communication au monde. Mais l’espagnol reste juste derrière en train de tisser sa toile.
L’instituto Cervantes contribue à diffuser cette langue et la culture espagnol dans le monde. Avec quelques 600 millions de locuteurs, la langue de Cervantès continue son expansion dans le monde. L’Afrique est de plus en plus gagné par cette langue que beaucoup découvrent via les télénovelas, le football, la musique, etc.
Dans la deuxième partie de notre entretien avec le Directeur du tout premier institut Cervantes de Dakar, nous abordons les opportunités qu’offre cette langue pour ses locuteurs. Pour Nestor Nongo Nsala, l’espagnol est une langue de la science, de la technologie, du commerce et des affaires. Suivez ses explications.
ALUNE WADE LANCE UN NOUVEL ALBUM
Le bassiste sénégalais Alune Wade revient avec "Sultan", un nouvel album proposant une diversité de styles à travers un périple initiatique dans le passé-présent de la musique, de la révélation des cultures du désert
Dakar, 15 avr (APS) - Le bassiste sénégalais Alune Wade revient avec "Sultan", un nouvel album proposant une diversité de styles à travers un périple initiatique dans le passé-présent de la musique, de la révélation des cultures du désert à la (re) découverte des nuances du jazz new-yorkais. Un parti pris artistique qui jamais ne renonce à la richesse de l’afro-beat et du groove africain.
C’est dire donc qu’il s’agit d’un retour inspiré pour cet artiste adepte de la fusion.
Il réussit là à créer "un puissant pont" de sonorités entre l’Afrique du Nord et de l’Ouest, en passant par l’Est du continent africain et l’Ethiopie en particulier, avec un morceau rappelant l’épopée de l’empereur Haïlé Sélassié.
Ce cinquième disque dont la sortie digitale est prévu le 6 mai prochain, propose un véritable voyage musical vers les rythmes arabo-berbères mélangés aux souffles des chants soufis, aux cuivres de l’afrobeat, aux accents du jazz new-yorkais et à la dynamique incontournable du groove africain.
Le bassiste et chanteur sénégalais va présenter son album dimanche lors d’une conférence en ligne.
Sa nouvelle production "valse entre les chants nomades et les rythmes gnawa, mais surtout exhume le passé et le présent de ce continent riche de ces mythes fondateurs et de son actualité parsemée de dangers".
"Sultan", un album composé de douze morceaux, promène le mélomane "entre force et mystère, rythmes guerriers et charmes envoutants puisés dans les dunes du sable".
Le nouvel album de Wade évoque, avec "Saba’s Journey", les chants épiques dédiés à la reine de Saba. Il insiste aussi sur les faits d’armes de l’empereur Haïlé Sélassié, du roi Samory Touré et de Ceerno Souleymane Baal, le meneur de la révolution toroodo au 18e siècle, figures chantés par l’artiste dans "Ethiopic".
Mais Alune Wade s’intéresse aussi aux nombreux morts de la méditerranée avec l’émigration clandestine, de même qu’il aborde plusieurs autres thèmes d’actualités dans cet album enregistré entre Tunis et Dakar, Tombouctou, Oran et Grenade.
Il perce ainsi les secrets de la transe Gnawa, dont il a emprunté le chemin avec Aziz Sahmaoui depuis 2010, avec la création du groupe "University of Gnawa".
Alune Wade, comme dans son précédent album "African Fast Food" (2018), est accompagné d’une palette d’instrumentistes et de chanteurs, parmi lesquels le chanteur de jazz tunisien Mounir Troudi dont les capacités vocales ne sont plus à démontrer.
La griotte mauritanienne Noura Mint Seymali entonne en featuring avec Wade un chant de louange à l’Afrique dans "Portrait de Maure". Une contribution qui occupe toute sa place aux côtés des dix-neuf artistes invités.
Des habitués pour la plupart des aventures du bassiste sénégalais, à savoir le batteur ivoirien Paco Sery ou encore le pianiste cubain Harold López-Nussa.
De son premier album "Mbollo" (Union en wolof, 2006) à sa participation à l’album "Afrodeesia" (2015) de l’Américain Marcus Miller, son idole, Alune Wade continue de tisser des liens musicaux sur le continent en expérimentant à fond métissage culturel.
L’artiste prépare une série de concerts à Dakar, pendant la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, où il jouera en ouverture le 19 mai prochain.
Il présentera ensuite son nouvel album, le 28 mai, lors d’un concert à la gare de Dakar, et le lendemain au village de la Biennale, avant de participer le 4 juin au Festival international de jazz de Saint-Louis.
UNE PHOTOGRAPHIE POUR SENSIBILISER SUR LE HARCÈLEMENT DE RUE
Le harcèlement de rue, un sujet peu abordé dans les arts et dans l’actualité du pays, au détriment de milliers de femmes, on en parle grâce à l’exposition de Sophie Le Hire. «Territoires», traduit en wolof par Barab yi,
L’exposition «Territoires», ouverte mardi à Dakar, sensibilise et questionne, à travers des images et scénographies, le rapport entre l’être humain et son environnement, dans une dimension à la fois sociale, psychique et spirituelle. Ce projet d’exposition artistique et de laboratoire de recherche autour du harcèlement de rue à Dakar, imaginé et porté par Sophie Le Hire, artiste pluridisciplinaire, en collaboration avec des expert.e.s dakarois.es, des associations et institutions, donne la voix aux femmes et sensibilise les hommes pour un changement de comportements.
Le harcèlement de rue, ou le fait de se faire aborder, voire verbalement agresser par des inconnus, sort enfin de l’ombre. Le harcèlement de rue, un sujet peu abordé dans les arts et dans l’actualité du pays, au détriment de milliers de femmes, on en parle grâce à l’exposition de Sophie Le Hire. «Territoires», traduit en wolof par Barab yi, est une création artistique et un laboratoire collectif sur la violence d’une réalité dans la ville de Dakar : le harcèlement de rue. Les femmes, selon l’artiste, semblent avoir été oubliées par cette société qu’elles portent pourtant à bout de bras. Cette exposition dont l’objectif est de questionner la place de la femme dans l’espace urbain, la relation entre hommes et femmes dans la circulation des zones publiques de la ville et l’urbanisme de Dakar, peut se comprendre également, dit-elle, comme un appel à la prise de conscience des femmes à opérer un changement profond, mais aussi une sensibilisation, chez les hommes, sur leur comportement. Ainsi, pour comprendre et rendre visible ce phénomène très peu exploré au Sénégal, un laboratoire de recherche est installé par 6 femmes qui enquêtent chacune sur le sujet, à travers le prisme de sa spécialité notamment la psychologie, la sociologie, le journalisme, le Droit, l’urbanisme ou la danse, indique Sophie Le Hire. L’artiste française qui vit à Dakar depuis 2016, dit aussi avoir utilisé une installation polymorphe, comme la vidéo, le dessin, la photographie, la création sonore et l’écriture, afin d’approfondir la réflexion sur le sujet et ouvrir le dialogue à d’autres femmes et hommes.
La scénographie, une métaphore de l’agresseur
Regards insistants, sifflements, attouchements, agressions verbales, physiques et sexuelles dans la rue sont des phénomènes bien connus des femmes, qui adoptent des stratégies pour se protéger quelle que soit la forme du harcèlement. «Tout le poids est mis sur les épaules des femmes qui sont censées, chaque jour, adopter des stratégies pour éviter de se faire agresser. Est-ce que c’est normal ?», demande Sophie Le Hire, artiste et en même temps commissaire de l’exposition. Où s’arrête le consentement, où commence le harcèlement ? «C’est peut-être une question de territoires», a-t-elle répondu. L’objectif étant de porter le plus loin possible le dialogue autour de cette thématique. Ainsi, 3 conversations publiques seront organisées entre décembre et juin prochain dans 3 lieux différents dont la mairie de Dakar, partenaire du projet, indique Sophie Le Hire qui, dans cette démarche, a voulu donner la voix aux femmes qu’elle nomme : «Les Géantes.»
Ce travail plastique oppose le corps et la ville. «La ville devient l’agresseur. Des zones de chaos urbain de Dakar, chantiers, morceaux de bitumes, pavés cassés, poteaux défoncés, trottoirs à l’abandon, sont photographiés et utilisés comme symboles de cette agression et du dommage psychique causé aux femmes», a-t-elle expliqué. Avant d’ajouter que dans l’exposition également, le «bug» graphique symbolise à la fois le trouble psychique lié au harcèlement, le désordre architectural de la ville, mais aussi le dysfonctionnement social révélé par l’indifférence générale face à ce phénomène.
Sensibiliser les parents sur l’éducation de leurs enfants
Cette création artistique accueillie et présentée au Musée de la femme Henriette Bathily, à la Place du souvenir africain, se manifeste par 5 créations, à savoir : une exposition, un laboratoire, un livre, 3 conversations publiques et un film. Des images en écriture pour exprimer le combat mené par les femmes, afin d’approfondir leurs réflexions sur le sujet et ouvrir le dialogue à d’autres femmes et hommes. Selon Isseu Touré, géographe, aménagiste et urbaniste, pour de nombreuses femmes, l’éclairage des espaces publics est primordial pour leur sécurité et leur permettrait plus de mobilité dans les quartiers. « Le manque de postes de police, de patrouilles, de mobilier urbain inclusif et adapté aux besoins des femmes est aussi souvent cité par ces dernières comme un frein à leurs déplacements. Et nous estimons que l’éducation citoyenne, la sensibilisation et la prise en compte de la dimension de genre dans l’aménagement du territoire sont tout aussi importantes. Et ces notions doivent être au coeur de la conception des politiques territoriales.» De l’avis de Selly Bâ, docteur en sociologie, militante des droits humains et féministe, «la ville reflète des normes sociales de genre qui tendent à perpétuer une ségrégation sexuée des espaces et à attribuer des rôles hiérarchisés entre les femmes et les hommes. Cette répartition des espaces a été intériorisée dans le processus de socialisation.
L’identité féminine va, entre autres, se construire autour des stéréotypes liés à la limitation des déplacements, comme nous le retrouvons dans le discours populaire sénégalais : «Ji géen dafa wara toog ci pooju ndeyam», autrement dit, la fille ne doit pas s’éloigner des jupons de sa mère. L’identité masculine, elle, va se construire autour de la virilité, l’éloquence, la prise de parole et l’appropriation des espaces publics». Et pour Naffisatou Seck, juriste, spécialiste nationale Genre/ Lutte contre les Vg et droits humains, le phénomène de harcèlement de rue n’existe pas dans les textes de loi et l’incrimination pénale est une question de nécessité, si l’ordre public ainsi que des droits constitutionnellement protégés sont menacés. «Détecter les premiers seuils de violence peut permettre de mieux prévenir le passage à des actes plus graves, lorsque l’on sait que le fait de harceler quelqu’un dans un espace public fait partie du continuum des violences. Il n’y a pas d’incrimination spécifique au harcèlement de rue dans le Code pénal sénégalais, néanmoins l’arsenal législatif existant permet de sanctionner une partie des comportements s’y rapportant, comme l’injure», lit-on sur le tableau.
«L’homme capable de tout et responsable de rien»
«L’absence d’outils de dénonciation et de sanctions rend l’homme capable de tout et responsable de rien», écrit aussi Fabiola Mizero, consultante en développement organisationnel et sur les enjeux de genre en Afrique. En attendant, l’exposition ouvre le débat. La femme dakaroise est-elle libre dans Dakar ? «Non. Elle n’est pas libre dans l’espace public comme les hommes le sont», c’est ce que révèle Sophie Le Hire, qui invite tout le monde à avoir conscience du problème et chercher ensemble des solutions adaptées au contexte sénégalais, urbain, de transport et de mentalité pour qu’on puisse désamorcer de nombreuses situations de violence.
MEMORIALES, PAR ELGAS
L’ÊTRE FÉMININ, LETTRES FÉMINISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Chez beaucoup d’écrivaines sénégalaises, existe un malaise tenace quant au bon dosage du discours féministe. On assiste ainsi à une forme de cohabitation entre les exigences morales et les exigences libertaires
Il a été déjà dit d’Aminata Sow Fall qu’elle était la gardienne du temple des lettres sénégalaises. Et on ne peut pas dire qu’elle ne s’y soit pas employée, et même avec brio. Il y a même fort à parier que cette idée de matrone primale, ne perdra pas de sitôt valeur même si des plaisantins s’y essayent. Avec sa maîtrise du memento doucereux et son talent de tempérance, la grande royale, foulard et boubou majestueux, est devenue l’auréole maternelle qui veille sur les lettres nationales. Une irradiation si précieuse qu’elle s’est aussi faite continentale, tant l’icône s’est muée en totem sacré chez qui on fait pèlerinage, que l’on accable presque d’honneurs, et que le grand âge dans lequel elle se meut, la présente en fossile muséal, qui séduit et rassure avec la déférence requise. Amadou Hampâté Ba doit bien souvent maudire dans sa tombe son impuissance à refréner ce besoin de sanctuariser les personnes âgées, assimilées assez indistinctement à des bibliothèques qui brûlent. Hymne à la gérontocratie continentale, il casse les ailes de toutes critiques priées de se laisser attendrir par l’âge et fatalement de renoncer à la nécessaire évaluation des œuvres, sans laquelle la littérature emprunte à la caste maraboutique son confort et son privilège de mandarin.
Garder la morale et écrire, l’équation impossible ?
J’ai lu La grève des bàttu (1979)avec spasmes, pour la beauté et la justesse de ce livre si évocateur, si séminal dans les lettres sénégalaises. Pour son objet, pour la finesse de son point de vue. Sans y penser, je suis devenu aussi un enfant de la maman généreuse, mère première des aspirants littérateurs. Pourtant, L’empire du mensonge (2017), ce dernier opus de la gardienne du temple consume la bibliothèque et jette une poussière cendrée sur les belles antiquités qui ont fait sa réputation. Le retour de l’œuvre de la doyenne ne se fait pas sans un pincement au cœur, tant le contentement, la suffisance, ont dépouillé le texte. Regret d’autant plus amer, que la gardienne n’est pas seulement une écrivaine. Elle a été un gouvernail et un baromètre dont le legs reste encore fondateur d’un déchirement sans fin.
Elle a coloré grandement et inconsciemment les lettres nationales dans une logique de genre et de statut qui a conforté tous les clichés sur le devoir maternel, la préservation des mœurs, la vertu, une idée de la retenue littéraire, une vision morale conciliatrice et diplomatique que les gardiens du temple, bien mâles, possiblement religieux, n’avaient plus qu’à célébrer pour gagner en sursis. La littérature peut-elle évoluer dans un corset étroit et étouffant, doit-elle comme dans une logique épicière ménager la chèvre et le chou, donner des gages de sa bonne conduite aux inquisitions ? Sans mérites ni affres, ni rejets, Aminata Sow Fall a donné cette licence, tout compte fait, toute bourgeoise, d’un regard pondéré et neutre, probablement dépolitisé, qui au bout du compte, conforte toute la structure de domination. L’injonction au respect, le refus d’agiter la mer des idées, pour préserver la paix sociale et sa légendaire stabilité, sont proprement l’argument par excellence pour étouffer le débat, miner la création, dont on délimite d’avance le périmètre du « permis ». Si la vitalité se trouve dans la saine et sainte controverse, gageons que dans le moule des convenances, elle devient le bras armé du conservatisme.
Le plafond de verre féministe ?
Elle l’a d’ailleurs compris en reprenant le flambeau, Mariama Bâ. Elle l’étoffe certes, le revivifie, se borne à déchirer le corset. Elle déchire le bâillon des consensus dans sa Si Longue lettre (1979). Sa complainte est pourtant toujours marquée par cette docilité de l’attente qui subit. Les évènements et leur cours la percutent et si les lettres chez elle sont un facteur d’émancipation, c’est bien souvent dans une proportion timide, tant l’héritière dans sa rébellion même, pave la voie à cette idée de soumission à l’ordre patriarcal, qu’elle gifle, mais qu’elle renonce à déboulonner. On est troublé par ce roman puissant, si bien écrit, mais qui dans son huis-clos, dit encore l’extrême fragilité d’une condition qui essaie de grignoter sa survie, pactisant avec son bourreau. Si le livre résonne, et que son écho paraît fort, c’est que Mariama Bâ, encore plus verte et vive dans Un chant écarlate (1981), semble combattre après avoir déjà renoncé. Cette troublante impression tend à montrer qu’au cœur même des classiques féministes sénégalais, les doléances restent timides.
Contexte sans doute, cette littérature féminine naissante se débat dans ses contradictions éthiques, bourgeoises, transpercée elle aussi par des logiques de classes. Entre un désir de desserrer l’étreinte des pesanteurs et la nécessité d’honorer ce cœur féminin, l’idée sacrée de la « mère », arbitre des élégances dont le cœur doit être arrimé à la raison nationale. Tâche qui requiert en conséquence modération, acte premier, notons-le, dans ce cas précis, de la renonciation car céder sur l’horizon final, c’est se contacter de victoires mineures. Malgré la violence de la peine, le beau lamento de l’épouse éplorée et trahie, le discours féministe, Mariama Bâ ne renverse pas la table, elle pleure juste son sort. Comment concilier la notabilité maternelle par laquelle la société vous donne des galons de respectabilité avec ce cri littéraire libérateur qui vibre dans le cœur ? Défi générationnel avec infortunes et fortunes, elle dit la déchirure originelle de l’être féminin, et des lettres féministes sénégalaises. Argument déjà visité et pourtant fondateur, l’extraction bourgeoise de nombre d’autrices en fait des continuatrices inconscientes d’un ordre, telle Madame de La Fayette et sa Princesse de Clèves dont les tourments paraissent finalement si anecdotiques face à l’étendue du malheur féminin de l’époque.
Les problèmes de la société comme voix de la raison ?
Si l’idée de dénoncer la société et ses problèmes forment le canevas de l’essentiel la production littéraire nationale – toutes les autrices en cochent les cases - elle semble plafonner à ce devoir de pondération que d’autres héritières, quoique brillantes, dans le même esprit que Mariama Bâ, n’ont pas su déplafonner. Il se trouve ainsi sur le plateau des lettres, en fonction des auteurs, à la fois du talent, du panache, de l’inventivité, du punch et un courage à révéler les coutures, hideurs, arrière-cuisine, de la société. Et en même temps, tout cet élan semble parfois tourner autour de lui-même. On retrouve cette filiation à la fois dans la génération des années 80 et bien au-delà. Héritières à leur corps défendant, par dessein aussi probablement, de cette littérature qui module son cri pour ne pas effrayer la morale nationale.
« La Beat génération sénégalaise » ?
D’autres pousseront le hurlement bien plus loin, et il n’est pas de hasard qu’elles forment un club d’amies. Elles forment une génération littéraire au courant des mêmes années 80-90-2000, avec Ken Bugul (Le baobab fou, 84), Khady Sylla (Le jeu de la mer, 1992), Aminata Sophie Dieye (La nuit est tombée sur Dakar, 2004). Triptyque refondateur d’une idée du roman, de la chronique, et d’une littérature du dévoilement, de l’audace, du charnel et des bas-fonds, elles ont jeté une fraicheur littéraire à leurs risques et périls. En gagnant à l’extérieur une notoriété, et en perdant parfois sur le territoire national la figure de l’exemplarité si précieuse pour les mondanités littéraires locales. Même chez elles, où le gage de liberté semble plus prononcé, l’être féminin se débat contre des lettres féministes, tant leur combat pour le droit des femmes sera intermittent, parfois contradictoire, dans une logique qui ne permet pas forcément de les situer sur l’échiquier féministe. Exemple notoire, Ken Bugul – probablement la plus connue du trio – fraye avec un discours féministe à la fois ambigu et troublant, parfois à rebours de son œuvre, parfois à l’avant-garde de ce combat. On note, avec le développement fulgurant de la question féministe récemment, l’émergence d’une vision plus radicale, portée par de jeunes autrices, qui essaient de puiser dans cet héritage tout en traçant des chemins de rupture plus francs.
L’exil et le contournement ?
Dans ce paysage, il apparait parfois des profils singuliers, qui mènent leur carrière en contournant les écueils, et dont le souffle international déjoue les enfermements et les assignations. Fatou Diome semble appartenir à cette classe, il n’y a pas besoin de redire combien son œuvre est féministe, il suffit de la lire. Elle a empoigné les questions identitaires, les angoisses personnelles, l’attachement au pays Sérère, l’endurance des femmes. On pourrait citer, avec la même vista, une Khadi Hane aussi, entre autres. Au total, autant de sujets que l’on retrouve chez toutes ses devancières et ses consœurs, mais avec un regard et une maestria qui lui sont propres. Avec aussi un détachement qui peut la précipiter dans la désaffection et l’exil littéraire au sens premier du terme.
Si Awa Thiam, dans le registre de l’essai moins soumis aux contraintes esthétiques, a poussé un cri dans son Parole aux négresses (1978), elle semble bien seule hors du champ universitaire à avoir charpenté un travail d’exploration sur les féminismes et leurs liens avec la littérature. Son texte fondateur reste une Bible qui traverse les époques en ouvrant encore plus grand le champ. Bien sûr, il est impossible de prétendre à l’exhaustivité, tant les écrivaines sénégalaises sont nombreuses, différentes, entre la France, l’Afrique et le monde. Il serait imprudent de dresser une liste, les omissions seraient terribles, les exceptions nombreuses. Elles foisonnent. Avec des récits, des préoccupations, des intérêts différents. Mais le cœur du sujet reste commun.
Comment une littérature féministe peut-elle naitre, s’épanouir, porter la flamme du combat, sans trahir aucune des implications de l’écosystème littéraire ? Voilà bien une équation difficile à résoudre. Elle a été pendant longtemps la prison de la littérature féministe. Si les ainées comme Aminata Sow Fall ont décidé d’en épouser les murs et les contours à dessein ou à décharge, et que les héritières ont crié pour s’en échapper, la réalité semble bien complexe. Dans cette longue route féministe, chez beaucoup d’écrivaines sénégalaises, existe un malaise tenace quant au bon dosage du discours féministe, pour à la fois satisfaire la littérature comme esthétique, la société comme code moral et prescripteur, et les principes qui les meuvent comme devise et étendard.
On assiste ainsi à une forme de cohabitation entre les exigences morales et les exigences libertaires. Malgré la diversité des profils, le sujet demeure, et les nouvelles générations semblent toujours tiraillées par ces questions dans un contexte de regain religieux. Dans leurs productions, connues ou inconnues, la société devient le réceptacle anonyme et impersonnel où l’on projette le courage comme les renoncements, tant l’acte de dissidence, comme la révolution chez Camus, ne peut aller à son terme sans risquer de défaire le fragile fil de l’équilibre social et identitaire.
L’ENJEU CULTUREL ET LINGUISTIQUE DANS L’ÉTAT-NATION AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le projet de formation d’un type idéal d’un l’homme franco-sénégalais nourri des valeurs de la France et enraciné dans ses appartenances ne semble plus d’époque
La mondialisation a créé 3 types d’actualités qui reconfigurent les enjeux de la culture, des langues et identités dans le destin du pays.
La réorganisation de l’espace.
Du fait de la connexion planétaire avec le numérique, l’internet et les réseaux satellitaires, la question de l’espace, des territoires, est devenue historiquement un enjeu politique, économique et identitaire. Un espace mondialisé entraîne d’un point historique et logique a des regroupements régionaux qui lui correspondent. La mondialisation est, sous cet angle, multiplicateur potentiel de la puissance nationale. Elle présente l’opportunité d’émergences d’espaces régionaux élargis et de construction de cohésions sociales et culturelles plus larges et plus fortes. Ainsi les actuels micros États-nation n’expriment que la dispersion de puissance des sociétés africaines sans aucune possibilité d’assurer leur développement intégral.
L’actualité de la démocratie participative
La mondialisation a entraîné une certaine remise en cause de l’État-nation et de la souveraineté nationale. De nombreux acteurs sociaux porteurs de nouvelles légitimités et d’expertise émergente avec qui l’État doit désormais négocier. Ainsi les catégories sociales, les communautés culturelles brimées ou marginalisées voient leur possibilité d’expression s’affirmer et leur capacité à peser sur l’échiquier politique, renforcé. « En tout état de cause, souligne Zaki Laidi (2000), les grandes configurations d’idées planétaires, les valeurs et les processus qui prennent le monde seront obligés de négocier avec les acteurs et les sociétés locales et de s’y adapter ».
Les affirmations identitaires
La mondialisation en unifiant les localités et les communautés de la planète a en même temps étalé au grand jour la pluralité culturelle du monde. Elle a restitué à la culture son actualité historique et sa dimension fondamentale. Le capital le précieux n’est pas tant le capital en milliards de dollars, mais le capital de savoir, l’intelligence et la capacité d’innovation, la sagesse spirituelle à préserver la planète et la paix. La culture est la dimension organisatrice fondamentale de la résistance, de l’émancipation politique et du développement économique et social intégral. C’est pourquoi elle est au centre de la compétition pour le leadership de la gouvernance mondiale. L’enjeu du durcissement de cette compétition est qui va avoir la direction culturelle du monde, qui va avoir l’hégémonie de civilisation.
La question fondamentale
Mais les États-nation peuvent-ils arriver à relever le grand défi avec la configuration politique de la plupart d’entre eux. Vu leur souveraineté confisquée, Willy Jackson (2000 : 58)[1]s’est posé la question : « L’Afrique peut-elle, dans le contexte actuel de son insertion dépendante dans la mondialisation, concevoir des politiques cohérentes de développement des capacités » ?
L’inadaptation aux changements
Des changements en profondeur et des mutations inédites affectent la société sénégalaise de part en part. En effet les rapports de genre, de génération, d’ethnies, de région, d’autorité, de savoir, de communication et de pouvoir sont aujourd’hui au Sénégal dans un processus critique de redéfinition. Mais face à ces défis majeurs, l’État-nation sénégalais reste dans le conservatisme politique du fait précisément du maintien du modèle de développement colonial français et des alliances d’intérêts qui s’y rattachent.
Alors que les lignes dans le pays bougent au plan social, intellectuel, artistique et culturel, et que des tendances lourdes négatives s’identifient nettement, mais aussi des signaux d’un possible renouveau, le mode de gestion politique des dirigeants est resté idem, sans initiative, sans imagination. Les discours et les pratiques politiques restent ainsi décalés des processus de transformation et dynamiques de changement qui travaillent la société sénégalaise.
La crise de l’appareil éducatif
L’école publique francophone comme gage de réussite, lieu de production d’une élite subordonnée est aujourd’hui en profonde crise. Le projet de formation d’un type idéal d’un l’homme franco-sénégalais nourri des valeurs de la France et enraciné dans ses appartenances ne semble plus d’époque. Le statut hégémonique de la langue française, langue officielle de travail et d’enseignement et les humanités gréco-latines civilisatrices ne sont plus d’époque.
Une reconfiguration des langues
La mondialisation libérale a ouvert un vaste champ communicationnel selon un nouveau modèle de gravitation des langues. (Calvet 2005 : 229-233).[2] De nouveaux rapports de force s’établissent autour de la langue hyper centrale, l’Anglais devenu le ciment des systèmes de bilinguisme. En même temps se produisent à la fois l’éclatement en micro-communautés linguistiques et l’affirmation élargie des grandes langues régionales du continent. La langue française est en train donc de perdre de son statut de langue coloniale de chasse gardée pour devenir de plus en plus dans l’espace culturel africain francophone en plein renforcement identitaire, une langue utilitaire comme l’anglais, une langue de communication avec le monde.
La détérioration politique
La détérioration politique est consécutive à l’abandon du système d’exercice de l’hégémonie politique et des stratégies de reproduction spécifique à l’État sénégalais depuis Senghor. Certains des différents appareils idéologiques, institutionnels, les soupapes de sûreté, les courroies de transmission et de contrôle hégémonique se sont affaiblise ou ont disparu, pendant que le relais confrérique ne fonctionne plus en bloc homogène. Il en résulte un affaiblissement de la communication politique devenue minimale entre l’État et la société, la jeunesse et les dirigeants.
La culture de la violence
Lorsque le pouvoir est concentré entre les mains d’un groupe restreint alors que la masse des administrés en éveil de conscience s’accroît en nombre alors s’applique la loi tendancielle au durcissement, à l’usage de la force répressive. C’est alors que s’instaure une violence d’État à partir de la zone centre du pouvoir face aux contradictions sociales nées des inégalités et de la crise aggravée. Celle-ci engendre au niveau de la jeunesse en désarroi, une mentalité suicidaire avec le Barça ou Barsax, mais aussi une violence domestique accrue. Depuis les années 2000, on a assisté à un accroissement de la violence dans le pays avec les viols, agressions, meurtres sacrificiels, crimes odieux, témoins d’une société malade. De nouveaux phénomènes sont apparus, annonciateurs de désordres...grèves de la faim répétées, suicides fréquents, immolations par le feu, profanations de cimetières, actes de pédophilie, rapts et meurtres d’enfants. On assiste malgré la force du lien communautaire, de la culture religieuse ambiante, à une surprenante individuation radicale, cela dans une atmosphère où tout semble se défaire : autorité, hiérarchie, justice, sécurité.
Le monde a changé, la société sénégalaise a changé. Ce n’est pas le cas de l’État-nation arcbouté sur lui-même, sur des options et des politiques qui manifestement ne correspondent plus à l’évolution historique, aux besoins vitaux et nouveaux des citoyens et de la jeunesse.
L’État-nation se trouve fragilisé dans un contexte régional d’insécurité du fait du terrorisme jihadiste, de la crise sanitaire du Covid, des conséquences économiques et sociales du conflit ukrainien. C’est pourquoi l’évolution du monde et les bouleversements en cours dans les sociétés africaines annoncent l’actualité à l’ère du dépérissement nécessaire des micro-États-nations, héritage le plus lourd de la colonisation spoliatrice. L’enjeu est le remembrement politique unitaire, le développement économique prodigieux du continent et le renouveau de ses civilisations.
[1] Willy Jackson (2000). Mondialisation, exode des compétences et développement des capacités en Afrique, in Exode des compétences et développement des capacités en Afrique, éd. CEA/CRDI/OIM, p.58.
[2]Jean Louis Calvet (2005). L’avenir des langues africaines en liaison avec les problèmes de développement, in Mondialisation, cultures et développement (Isidore Ndaywel E Nziem et Julien Kilanga Musinde (dir). Paris : éd. Maisonneuve et Larose, pp.229-233.
UN COMEDIEN AUX MULTIPLES CASQUETTES
Ablaye Mbaye alias Djibson revient sur son riche parcours ponctué de plusieurs participations à des séries dont «Njabar» d’Evenprod qui passe sur le petit écran
L’art occupe une large place dans le cœur de Ablaye Mbaye alias Djibson et que l’on surnomme aussi Atou. N’ayant pu échapper à l’univers artistique qu’il partage avec sa mère chanteuse hal pulaar, Aïssatou Sow dit Fama Boly, Ablaye Mbaye alias Djibson revient sur son riche parcours ponctué de plusieurs participations à des séries dont «Njabar» d’Evenprod qui passe sur le petit écran. Continuant de s’inspirer de son père, feu El Hadji Alassane Mbaye, qui a travaillé dans une société de la place, Ablaye Mbaye est aussi dans le cinéma et offre son image à plusieurs sociétés de la place dans le cadre de leur publicité.
Il y a certains qui n’arrivent point à s’éloigner du chemin que leur ont tracé leurs parents. Ils les suivent comme leur ombre. Ce sont généralement ceux qui sont appelés à assurer la relève d’une mère ou d’un père dans le domaine où ces derniers évoluent. Ablaye Mbaye alias Djibson que l’on surnomme aussi Atou fait partie de cette catégorie de personnes. Né d’une mère chanteuse haal pulaar, Aïssatou Sow dit Fama Boly, Djibson rejoint cette dernière dans l’univers de l’art en choisissant le théâtre et le cinéma comme mode d’expression culturelle. Il s’en explique. «Originaire d’une famille ancrée dans ses traditions, ayant une maman gardienne du temple d’une partie de la musique traditionnelle hal pulaar, dépositaire de la «science» des anciens traditionnellement et culturellement, ma personne ne saurait échapper à l’élan universel de la culture. Artiste de sang, les chants de ma culture me bercent et m’inspirent. Je chante, je danse, je joue du théâtre. Et après tout, je suis artiste, comme le moi est haïssable dit-on. Je suis…, nous sommes Espoir», surligne Djibson.
Débuts prometteurs au théâtre
Membre de la compagnie théâtrale «Les Espoirs de la Banlieue», il y a commencé à faire ses premiers pas dans le théâtre au début des années 2000. «J’ai fait mes premiers pas dans le théâtre vers 2002, 2003 et la compagnie théâtrale «Les Espoirs de la Banlieue» m’a ouvert ses portes. Comme on dit chemin faisant, l’appétit vient en mangeant. J’ai ensuite intégré la troupe du lycée Seydina Limamoulaye qu’on a après rebaptisée Ousmane Sembène», ainsi résume-t-il son parcours.
Son intégration dans la troupe du lycée Seydina Lima¬moulaye rebaptisée Ousmane Sembène a été rendu possible grâce à un club de français où il était partie prenante et grâce auquel il dit avoir pris part au Festival interscolaire de théâtre (Fist) au cours duquel il dit avoir décroché en 2007, le prix «Griot de la meilleure comédie» décerné exclusivement aux lycéens, en plus de la palme de la meilleure innovation théâtrale. «Donc, mes débuts au théâtre se sont faits entre ma compagnie d’initiation, «Les Espoirs de la Banlieue», et «Ousmane Sembène», qui m’ont propulsé dans le théâtre scolaire», embraye Djibson Atou, qui a fait son cursus scolaire au lycée Limamou Laye de Guédiawaye jusqu’en classe terminale L2. «J’étais malade, c’est pourquoi je n’ai pu poursuivre mes études», indique celui qui voue un amour au théâtre depuis sa tendre enfance.
Ablaye Mbaye dit s’inspirer des qualités de son défunt père pour avancer. «Mon père, feu El hadji Alassane Mbaye, paix à son âme, fut mon mentor, il m’inspire et continue à m’inspirer car toute sa vie durant il était un brave travailleur modeste, il avait le sens du partage, de l’entraide et de l’assistance», indique Ablaye Mbaye.
L’artiste-comédien a évolué dans plusieurs pièces com¬me Cruche cassée, qui est une réadaptation d’une œuvre allemande par feu Oumar Ndao et Ibrahima Mbaye Sopé. Les autres pièces dans lesquelles l’artiste-comédien a joué sa partition sont, entre autres, Urgen¬ce, D’un temps à l’écran, le Sa¬cre de Medina de Mou¬hamed Bachir Sy, La légende du fusil de feu Masseye Niang, mise en scène par l’un des grands metteurs en scène et chorégraphes, feu Mamadou Diop , Les corbeaux et les hirondelles doivent se marier, Recto Verso, Liking de Berengère Brooks. A celles-là, s’ajoute la pièce Ennemi du Peuple, réadaptation et mise en scène du texte du Norvégien Henrik Ibsen par Berengère.
Ayant eu la chance de bénéficier d’une session de formation offerte en 2012 au Grand Théâtre aux artistes-comédiens du Sénégal et encadré par des experts comme feu Mamadou Diop, Sayba Traoré, Moustapha Mbaye, tous des professeurs à l’Ecole nationale des arts, mais aussi Ibrahima Mbaye Thié de Sorano, Ibrahima Mbaye Sopé et Matar Diouf, Ablaye Mbaye a emmagasiné une somme d’expériences pour être parmi les mieux placés pour parler du théâtre sénégalais et de son évolution. Pour se plier à l’exercice, l’artiste-comédien de se livrer à une sorte d’étude comparative en partant de deux époques différentes. «Parler de l’évolution du théâtre m’oblige à prendre un point de départ. Disons qu’il y a quelques années auparavant je trouvais que l’animation culturelle côté théâtre était encore beaucoup plus dense. Les créations étaient-là, il y avait beaucoup de mouvements avec l’ouverture de la saison culturelle au Ccf (Institut français), à Blaise Senghor, qui est le centre culturel régional, le Théâtre national Daniel Sorano, la maison de la culture Douta Seck, etc.» «Aujourd’hui, il y a moins de créations qu’à l’époque», diagnostique-t-il. «Cela dit, il y a des aspects où nous acteurs du théâtre avons fait des pas en avant comme il y a aussi des côtés où nous n’avons pas du tout avancé», fait comprendre Mbaye.
Parlant de la méthode empruntée par les uns et les autres pour faire du théâtre, Ablaye Mbaye d’arriver à la conclusion selon laquelle que les méthodes «diffèrent d’une troupe ou compagnie à une autre selon les hommes, le contexte et les réalités». Mais ce «qui est bien», souligne-t-il, «est cette diversité» comme pour reprendre Senghor qui disait «s’enrichir de nos différences pour converger vers l’universel».
Se projetant sur la Journée internationale du théâtre célébrée le 26 mars, le comédien dit être incapable de voir le monde dans lequel il évolue soit fêté après une pause imposée par le contexte sanitaire sur fond de pandémie du Covid-19. Aujourd’¬hui que les acteurs du milieu renouent avec cette célébration, l’occasion sera saisie par eux pour diagnostiquer les maux dont souffre le secteur pour tenter d’y apporter des solutions. «La Journée internationale du théâtre est d’abord pour moi un acquis, une fierté que de voir un jour consacré à ma passion. Lors de cette journée, au-delà de l’animation, il s’agit pour nous d’un moment de réflexion, d’échanges et de perspectives sur le théâtre et les métiers du théâtre. J’ai longtemps participé à la Journée mondiale du théâtre, surtout lors des cérémonies officielles. En raison de la pandémie, cela fait déjà deux ans que je ne suis pas monté sur scène pour la Journée mondiale du théâtre.» «Pour cette année aussi, la journée est célébrée au lendemain de la fin du Forum mondial de l’eau et je participe à cet évènement mondial a enjeu important», souligne-t-il.
Carrière dans le cinéma
Le théâtre n’est pas seulement le dada de Ablaye Mbaye, il a aussi évolué dans le cinéma. «Le cinéma et moi, c’est aussi une longue histoire car je suis comédien et acteur et j’ai très tôt fait mes balbutiements dans le 7ème art», fait-il remarquer. Il a été d’abord figurant dans le film court-métrage intitulé La jeune maman, puis a participé à des téléfilms comme Feex aduna, tous deux faits par «Les Espoirs de la Banlieue», diffusés sur la Rts et qui l’ont révélé au petit écran. Il y a aussi Tolouway de Mouhamed Bachir Sy, directeur artistique de «Les Espoirs de la Banlieue», le film documentaire Les amants de Gorée de Gregory Hietin, qui part d’un spectacle théâtral La résurrection rouge et blanche de Roméo et Juliette de Sony Labou Tansi mis en scène par Stella Beuvard et Matar Diouf et le film court métrage L’arme de Pape Bounama Lopy, qui avait remporté le festival «7 jours, un film» sont les autres films auxquels Ablaye Mbaye a pris part.
Dans Deukeundo de Ibra¬hima Mbaye Sopé sur la Rdv, l’artiste-comédien se voit con¬fier des rubriques dans des émissions à la télé : Balcon de Aziz Samb avec «Les Espoirs de la Banlieue» dans le sketch du jour et a joué sa partition dans Takussan sur la Rts avec Aïssatou Sarr, dans Actu show (l’actualité de la semaine sous forme de comédie) et dans l’émission Les ados à la radio, Fm Sénégal ensuite Origines Fm, etc. et dans l’émission Kinkéliba à la Rts sur des plateaux de fin d’année.
Ayant pris part à un camp d’échanges culturels sénégalo-belge, Ablaye Mbaye a participé aussi à des projets de recherche artistique et théâtrale comme l’apport du théâtre dans la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation, le théâtre pour la résolution non violente des conflits.
En plus de la série Chez Abdou de Bérengère Brooks, Casting, une production de Sabadol’Art, l’artiste-comédien joue actuellement dans la série Njabar d’Evenprod. Diplômé d’Etat des collectivités éducatives, Ablaye Mbaye est aussi un publiciste dont l’image est associée à une grande société de téléphonie et à d’autres entreprises de la place.