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21 avril 2025
Culture
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RÉTRÉCISSEMENT DU CHAMP DE LA DIVERSITÉ AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - L'universitaire et économiste Felwine Sarr pose le diagnostic d'une société sénégalaise où les espaces de production culturelle se raréfient depuis quelques années au profit d'une tendance à la répression
"Il y a depuis quelques années une sorte de répression et de rétrécissement de la pluralité au Sénégal", a affirmé le célébre intellectuel sénégalais Felwine Sarr, lors d'un cadre d'échange organisé par SenePlus.com en l'honneur de Mohamed Mbougar Sarr, le lauréat du prix Goncourt 2021, jeudi 31 mars 2022 à Dakar.
À en croire l'universitaire, la société sénégalaise était beaucoup plus encline à la diversité des opinions, des modes de vie, etc. dans le passé. Il s'en explique dans l'élément vidéo.
À SAINT-LOUIS, LES MYTHES SURVIVENT AU TEMPS DE LA MODERNITÉ
Le patrimoine immatériel de la ville tricentenaire, est d’une richesse infinie. Les croyances populaires très enracinées continuent de défier le temps. Elles peuplent les esprits et les espaces malgré les mutations sociales
Le patrimoine immatériel de Saint-Louis, ville tricentenaire, est d’une richesse infinie. Les croyances populaires très enracinées continuent de défier le temps. Elles peuplent les esprits et les espaces malgré les mutations sociales et les aspirations nouvelles, la modernité et la réécriture de l’aventure collective.
Le récit mythologique habite le « peuple » de Ndar, Saint-Louis, ville tricentenaire frappée par sa modernité et ses traditions bien ancrées. Mame Coumba Bang, génie tutélaire des eaux, y circule le jour et la nuit pour surveiller cette vieille cité, ses populations, le fleuve et la mer. A Sor-Daga, l’histoire du baobab-totem multiséculaire, « Gouye-Seddelé », continue d’éveiller la curiosité tout comme le djinn « Reukeul-Mba-Meu-Reuk ». Dans la mémoire collective sont également consignés le cheval se mettant au galop sur une seule patte sur le Pont Faidherbe, les deux mystérieuses barriques…Les récits foisonnent.
Certains habitants de Saint-Louis soutiennent toujours avec véhémence que Mame Coumba Bang est « la fille des eaux », une sirène à la beauté incommensurable ; une divinité du fleuve et de la mer, qui aurait le pouvoir de se métamorphoser en simple ménagère pour aller faire ses courses au marché. Pour d’autres, ce génie tutélaire avait l’habitude de s’asseoir sur un banc au milieu du fleuve, amusant ainsi les esprits les plus jeunes peu attachés à ce mythe. C’est tout le contraire de P. Diabira Gaye, âgée de 83 ans, domiciliée dans le Gandiolais. Ses amies d’enfance accordaient une grande importance aux sacrifices à faire pour bénéficier de la protection de ce génie. « A l’époque, dit-elle, avant de baptiser un enfant, on avait le réflexe de déposer une offrande dans le fleuve, composée d’un bon plat de bouillie de mil accompagnée de lait pasteurisé. A l’aller comme au retour, on n’avait pas le droit de se retourner. Il arrivait aussi que ce génie protecteur de Saint-Louis se fâche si une embarcation heurte ses petit-fils ou si on ne fait pas de sacrifice avant de démarrer des travaux de réhabilitation du pont Faidherbe ». Elle fait allusion aux raz-de-marée récurrents qui se produisent dans la Langue de Barbarie, à la raréfaction des ressources halieutiques, aux nombreux cas de noyade, aux houles dangereuses, qui seraient dus à l’action de ce génie.
Un vieux reporter photographe, El Hadj Adama Sylla, âgé de 88 ans et domicilié à Ndiolofène, est resté profondément marqué par cette légende. Trouvé dans son atelier, il fait savoir que ce génie se manifestait après avoir attendu en vain ses offrandes. L’un de ses petits-fils, feu Seydou Diallo, un menuisier qui vivait à Gokhou-Mbathie, confie-t-il, avait le pouvoir de repêcher, d’une manière très mystique et mystérieuse, les noyés à la demande des sapeurs-pompiers. « Pour repêcher un corps sans vie, il était obligé de formuler des prières accompagnées d’offrandes, avant de jeter sa bague magique dans le fleuve pour repérer l’endroit où il devait plonger. Quelques instants plus tard, il ressortait de l’eau en demandant qu’on lui donne un pagne qui devait lui permettre de recouvrir le corps », se rappelle-t-il, marqué par les prouesses de cette âme disparue. Si l’opération échoue, renchérit un autre octogénaire rencontré à Pikine Bas-Sénégal, Alé Banda Diop, « il demandait aux parents du noyé de sacrifier un coq rouge, avant de faire une autre plongée dans le fleuve pour récupérer le corps sans vie, retenu quelque part au fond de l’eau ».
Les mets chauds de Mame Coumba Bang
Il arrivait souvent, a-t-il poursuivi, que le brave Seydou Diallo fasse le tour de la ville, avant l’hivernage, pour collecter les offrandes devant permettre au génie de protéger les populations contre ces noyades. « De temps à autre, il ressortait du fleuve avec un bon plat de riz au poisson, un bol de bouillie de mil accompagnée de lait caillé, pour les offrir aux habitants de la vieille cité. C’était une manière de leur faire comprendre qu’il suffisait juste d’en goûter pour bénéficier de la protection du génie ».
Dans son livre intitulé « Saint-Louis, d’hier à aujourd’hui », Abdoul Hadir Aïdara, ancien Directeur du Crds, a rappelé que la dame Adja Fatma Samb, qui a vécu à la pointe Sud de l’île, avait raconté dans quelles circonstances elle avait aperçu, en 1939, Mame Coumba Bang. Cette vieille dame, indique-t-il, avait à peine 20 ans au moment où elle était jeune cuisinière au service d’un jeune capitaine de génie militaire de l’armée coloniale. « Fatma Samb repassait à l’heure de la sieste, lorsqu’elle vit une femme assise tranquillement sur un pieu au bord du fleuve. Prise de peur, elle alla se confier à sa tante Fatou Ndiaye Amy Yalla, cuisinière et matrone du quartier, qui lui confirma que c’était bel et bien Mame Coumba Bang », relate M. Aïdara. Ce dernier cite dans son livre, Diaw Singuelti Diop, une dame née en 1919, qui affirme que Mame Coumba Bang est la mère d’une grande famille. Ancêtre des esprits du fleuve, elle coifferait tous les génies. L’avait-elle ainsi décrite comme une femme vêtue d’un pagne blanc rayé d’une bande noire, portant une chevelure très abondante qui descend jusqu’aux hanches.
Aïdara soutient qu’un Européen raconte qu’il avait croisé ce génie vers trois heures du matin, en rentrant chez lui. Elle présentait un visage de vieille dame et insistait pour que l’homme la raccompagne chez elle. Cet Européen, qui vivait à Saint-Louis depuis de longues années, affirme qu’il n’avait jamais rencontré une si mystérieuse femme.
« Guy sedële », baobab-totem
Un vieux pêcheur du nom de G. Dame Sène, âgé de 79 ans, originaire de Guet-Ndar et relogé dans le Toubé, entre Ndialakhar et Ndiabène-Toubé, raconte la fameuse histoire de « Guy sedële », le baobab-totem, avec enthousiasme. « A l’époque, narre-t-il, les jeunes circoncis âgés de 18 à 20 ans étaient obligés de se présenter devant cet arbre en suivant un rituel pour conjurer le mauvais sort. Malheureusement, cet arbre géant et sacré s’est effondré en 1986, laissant orpheline toute une communauté ».
En effet, pour combler ce vide culturel, l’Ong « Guy Sedële » qui porte le nom de ce baobab totem, eut le réflexe de raviver cette « flamme » de l’histoire de Saint-Louis. Avec un pragmatisme légendaire et en étroite collaboration avec les autorités administratives et municipales, les services régionaux de l’environnement, des Eaux et Forêts et autres partenaires, cette Ong a pu replanter cet arbre. Une opération de reboisement qui s’est déroulée le 11 mai 2018 dans le faubourg de Sor, en présence de nombreux fils et ressortissants de Saint-Louis et autres nostalgiques qui ont eu à sacrifier à cette tradition devant cet arbre dès leur tendre enfance. L’émotion était indescriptible. Plusieurs intervenants s’étaient succédé au micro pour réitérer leur engagement indéfectible à protéger et sauvegarder ce « patrimoine culturel ». Une belle cérémonie, riche en sons et couleurs, animée avec brio par le célèbre chanteur de Saint-Louis, Abdou Guité Seck et des troupes folkloriques qui nous ont fait revivre le beau temps des « kassak » et autres belles chansons qui étaient savamment conçues pour sublimer les jeunes circoncis.
Le vieux Sène a même eu l’occasion de faire partie, dès sa tendre enfance, d’un groupe de circoncis qui ont administré des coups de couteau au tronc du baobab, avant d’y inscrire leurs noms. Ces derniers, pour obtenir auprès du génie qui habitait dans ce baobab, une guérison rapide, étaient obligés de coller au tronc de cet arbre géant, une chaussure ou un autre objet, en y enfonçant un gros clou.
« Rekël mba ma rëk », le « nain capricieux »
« Rekël mba ma rëk », c’est le récit mythologique d’un djinn qui apparaissait la nuit sous la forme d’un nain pour sommer les passants de lui donner un coup de poing ou d’en recevoir de sa part. Dans les deux cas, on passe inéluctablement de vie à trépas. Selon les témoignages, les agissements de ce nain « capricieux » étaient imprévisibles. « Ce génie pouvait nous surprendre à n’importe quel moment de la nuit et à n’importe quel endroit de la ville. C’est la raison pour laquelle les noctambules s’arrangeaient pour se déplacer en groupe pour l’empêcher de sortir de son trou », raconte la septuagénaire Mame Astou Massa Diop qui habite à Darou-Sor, Keur Ibra Falang.
Malamine Ndiaye Sarr, 75 ans, enseignant à la retraite, domicilié à Ndiawsir, dans la commune de Gandon et originaire de Diawlingue, dans le faubourg de Sor, se rappelle également de l’histoire du cheval qui galopait sur une seule patte sur le pont, pour rendre fous les passants. Il en est de même des deux fameuses barriques qui se déplaçaient à partir des extrémités d’une rue pour prendre en sandwich les épicuriens de la nuit. « Dans notre jeunesse, on nous demandait aussi d’éviter de circuler à Roxu-jinné, à Diawlingue ».
Selon le vieux Sarr, la ville est marquée par d’autres légendes vivantes qui occupent une place très importante dans son histoire. Elles continuent de faire de Saint-Louis une belle terre où cohabitent mythes et réalités.
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SENEPLUS COMME LIANT DE L'INTELLIGENTSIA SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Destruction de l'environnement, violence contre les femmes et les enfants, langues nationales... Penda Mbow plaide pour l'émergence d'un mouvement intellectuel susceptible d'influencer l'agenda politique sur des questions sociétales
Dans le long combat contre les violences faites aux femmes et aux enfants, la destruction de l'environnement ; ainsi que la promotion des langues nationales, Penda Mbow pense que SenePlus a une part à prendre. Notamment en jouant un rôle de connecteur des différentes tendances intellectuelles du pays et de sa diaspora, de sorte à imposer aux politiques la prise en compte de ces différentes questions sociétales cruciales.
L'historienne et ancienne ministre de la Culture s'en est ouverte, jeudi 31 mars, lors de la rencontre d'échange organisée à Dakar sur le thème "Littérature, Culture et Consensus sociétaux" avec Felwine Sarr, Mohamed Mbougar Sarr, Aboulaye Elime Kane, Elgas et plusieurs autres participants de prestige.
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REVENIR AU PLURALISME DE LA PENSÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est la critique qui fait avancer la société. Ce n'est pas le mimétisme ou l'homogénéisation des consciences. L'intolérance est à combattre - Le fort plaidoyer d'Abdoulaye Bathily pour l'épanouissement de la production intellectuelle
Parmi les intervenants de la rencontre organisée par SenePlus.com, jeudi 31 mars 2022 sur le thème "Littérature, Culture et Consensus sociétaux", figurait Abdoulaye Bathily. L'historien et ancien ministre d'État s'est insurgé, dans son adresse à l'auditoire, contre le règne de la censure qui prévaut au pays de la Téranga depuis quelques années. Un contexte qui, regrette-t-il, contraste avec une certaine époque où le pluralisme avait encore droit de cité au Sénégal, malgré les tendances religieuses diverses.
"N'ayez pas peur ! Continuez, produisez !", a notamment lancé l'universitaire à l'endroit de Mohamed Mbougar Sarr, Elgas, Felwine Sarr et les autres intellectuels dont les oeuvres participent d'un éveil des consciences contre l'obscurantisme.
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LE FLAMENCO, LE MBALAKH ET MOI SIDY SAMB
Artiste chanteur, Sidy Samba a beaucoup aimé la musique andalouse. Depuis des années, il fait un savant mélange avec la musique espagnole et sénégalaise.
A cheval entre l'Espagne et le Sénégal, Sidy Samb est établi depuis une trentaine d'année au pays de Miguel de Cervantes. Lors de la cérémonie d'inauguration de l'Institut Cervantes de Dakar, le 13 décembre dernier, il était l'un des artistes invités.
Artistes éclectique, Sidy Samb mêle les sonorités africaines à celles espagnoles. Revivez sa prestation lors de cette cérémonie d'inauguration en présence de la reine Letizia Ortiz, de l'ambassadrice d'Espagne et des autorités sénégalaises.
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LE RÉVEIL DE L'ESPAGNE EN AFRIQUE
Longtemps, l'Afrique subsaharienne n'était dans l'agenda diplomatique de l'Espagne qui s'activait du côté de l'Amérique Latine et du Maghreb. Mais depuis quelque temps, le Royaume a reconsidéré son choix. L'Instituto Cervantes de Dakar est ainsi né
Le Royaume d'Espagne est dans une nouvelle dynamique en ce qui concerne la diplomatie en Afrique subsaharienne. Et c’est avec la Culture qu’elle veut marquer sa présence dans la région à travers son centre culturel, Instituto Cervantes. Inauguré le 13 décembre 2021, en grandes pompes par la reine Letizia Ortiz en personne, le tout premier centre culturel espagnol de toute l’Afrique subsaharienne installé à Dakar, a officiellement démarré ses activités à son siège dans le quartier de Fann.
Au menu de ses activités, conférences, des expos, des cours d’espagnol et surtout l’appui aux professeurs d’espagnol, entre autres de dérouleront dans cette institution. La coopération culturelle sera au cœur de ses missions en plus de la promotion de la langue espagnole qui offre des opportunités dans un contexte de la mondialisation.
Dans cet entretien, Nestor Nongo Nsala, le directeur de l’Instituto Cervantes, explique les enjeux et le rôle de cette institution dans le dispositif de la coopération espagnole en Afrique en général et au Sénégal en particulier. Natif de la République démocratique du Congo et devenu espagnol à part entière explique aussi que l’Espagne n’est pas dans une démarche d’imposer sa langue et sa culture mais dans une dynamique de coopérer
ENGOUEMENT AUTOUR DE L'EXPOSITION DES OEUVRES DE PICASSO
Le peintre et sculpteur, Picasso est à Dakar après un demi-siècle. Un retour très symbolique. Pour cause, le Sénégal abrite une exposition de ses œuvres. Le vernissage, ouvert avant-hier, se poursuit jusqu’au 30 juin prochain
Le peintre et sculpteur, Picasso est à Dakar après un demi-siècle. Un retour très symbolique. Pour cause, le Sénégal abrite une exposition de ses œuvres. Le vernissage, ouvert avant-hier, se poursuit jusqu’au 30 juin prochain. Les amoureux des arts plastiques sont émerveillés des pièces de cet artiste aux multiples facettes. La grande salle du Musée des Civilisations Noires a refusé du monde avant-hier. Le public est venu nombreux prendre part au vernissage de l’artiste multidimensionnel, Pablo Picasso. Les œuvres de ce dernier sont à Dakar 50 ans après. Les visiteurs et les officiels ont été sublimés par les pièces de celui qui est considéré comme l’un des artistes les plus marquants du 20e siècle. Picasso était à la fois peintre, sculpteur, graveur et céramiste. Ses œuvres attirent les curieux et continuent à passionner le monde. A cette exposition, il y a des sculptures et des peintures réalisées par des artistes africains. Il y a aussi des masques et des bustes. Sur les cimaises fièrement accrochées, un tableau attire l’attention.
Cette toile, intitulée « Le peintre et son modèle » a été réalisé en 1964. Il fait partie des nombreuses variations que Picasso a consacrées, au cours de sa vie, à un thème fondamental de l’histoire de la peinture. L’œuvre « Nu couché avec des personnages » attire l’attention des visiteurs. Selon une note de présentation, Picasso abandonne la perspective illusionniste pour se concentrer sur l’étude des volumes qu’il souhaite transcrire d’une façon à la fois profonde et plus exhaustive. Le tableau du « Jeune garçon nu » fait partie d’une série de portraits et d’autoportraits que Picasso a réalisés à l’été et à l’automne 1906. La palette est réduite à des tons gris et ocre pour privilégier une recherche formelle. En fait, Picasso effectue ici, un retour à la tradition grecque archaïque, notamment au type « kouros ». Il rappelle également les « Ignudi » de Michel Ange. Ce tableau est un jeune homme « imberbe » représenté de face, nu, aux épaules larges, un pied en avant, excluant tout trait individuel... Cette exposition gigantesque est l’œuvre de quatre institutions. On y note également des archives qui viennent de l’Ifan, en l’occurrence des journaux de Dakar Matin et des journaux du « Soleil » ainsi que le catalogue de l’exposition de Picasso de 72. Il y a aussi une grosse photo qui montre Picasso dans son contexte. C’est-à-dire dans son atelier, dans son espace entouré de ses œuvres.
« On a choisi de mettre ici des world peppers à dimension humaine pour immerger les visiteurs dans l’ambiance de l’atelier de Picasso. Picasso est de nouveau à Dakar. Car, c’est une exposition du retour de 1972 à 2022. C’est un demi-siècle. Il faut fêter ça », explique le commissaire de l’exposition Dr Malick Ndiaye par ailleurs directeur du Musée Ifan, Théodore Monod. A noter que le vernissage a été présidé par le ministre de la Culture, Abdoulaye, Diop, l’Ambassadeur de France au Sénégal, Philippe Lalliot.
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L'ART DU ROMAN SELON MBOUGAR SARR
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est quoi être un romancier ? Que fait ce dernier à sa société ? Qu'est-ce qu'une fiction fait au réel, et inversement ? Comment les distingue-t-on ? Le lauréat du Prix Goncourt 2021 parle de sa quête quotidienne en tant qu'écrivain
SenePlus.com a organisé, jeudi 31 mars 2022 à L'Harmattan, une rencontre sur "Littérature, Culture et Consensus sociétaux" avec Mohamed Mbougar Sarr, le lauréat du prix Goncourt 2021, Abdoulaye Elimane Kane, Felwine Sarr, Elgas, Paap Seen, Penda Mbow, Alymana Bathily et plusieurs autres participants d'envergure.
Dans cet extrait, Mbougar Sarr interrogé par Elgas, s'épanche quelque peu sur son travail en tant que romancier face aux réceptions diverses et variées de la part des lecteurs.
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LA NÉCESSITÉ D'INTRODUIRE LES LANGUES NATIONALES DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF
Retour sur la conversation organisée par SenePlus jeudi 31 mars à Dakar autour du thème "littérature, culture et consensus sociétaux", avec nombre d'intervenants de renom dont Mohamed Mbougar Sarr, Felwine Sarr, Elgas, Penda Mbow, entre autres
Retour sur la conversation organisée par SenePlus jeudi 31 mars à Dakar autour du thème "littérature, culture et consensus sociétaux", avec nombre d'intervenants de renom dont Mohamed Mbougar Sarr, Felwine Sarr, Elgas, Penda Mbow, entre autres, dans le journal de VOA Afrique. Élément à écouter à partir de 22 minutes 33 secondes.
J’EVITE DE PLUS EN PLUS DE ME JUSTIFIER
Point final de la polémique sur l’apologie de l’homosexualité : Mbougar Sarr est formel
Les petites vidéos de lui qui circulaient à sa consécration au Goncourt, le décrivaient comme quelqu’un de discret. Et c’est un coup d’œil discret qu’il a jeté avant de pénétrer la salle Amadou Aly Dieng de la maison d’édition Harmattan. L’écrivain n’aura pas de mal : la salle n’est pas pleine. Mais elle le sera, progressivement, et comme on pouvait l’espérer. La cérémonie de présentation du roman, qui trône en ce moment sur la littérature en langue française, a tenu ses promesses.
Ce sont Mbougar Sarr, Souleymane Gassama dit Elgas, la professeure Penda Mbow, Seneplus, entre autres, qui invitent : ça ne pouvait que drainer du monde. Et des demandes de photos et d’autographes. C’est «un travail sérieux» qui a suscité la réussite de La plus secrète mémoire des hommes, a annoncé Abdoulaye Diallo, directeur de Harmattan Sénégal. Les éloges n’ont pas manqué envers le Goncourt. Ce dernier, meilleur élève du Sénégal en 2009, est connu de tous. Et «il faut débarquer de la planète mars ou de plus loin, pour ne pas le connaître», a dit son ami Elgas qui n’a pas manqué de le défendre. Car, bien sûr, Mbougar, depuis peu, est un nom qui a «polémique» pour synonyme. Apologie de l’homosexualité, lui accole-t-on. Toute la furie après consécration sera balayée d’un revers de main par Souleymane Gassama : «Il a fallu qu’il y ait le Goncourt pour que toutes ces choses souterraines, ces frustrations accumulées ressortent, comme ça, en flots incendiaires, alors que justement sur ce sujet-là, il a eu un propos mesuré. Il a capté l’état de la société sénégalaise à laquelle il a pu tendre un miroir.» De purs hommes (ouvrage publié avant celui qui a remporté le Goncourt), somme toute, «a suscité des tensions irrationnelles».
Rétrécissement de l’espace du débat
Cette rencontre du 31 mars à la maison d’édition Harmattan de Dakar, selon la perspective de Elgas qui retraçait l’itinéraire littéraire de Mbougar, aide «à désamorcer les bombes» et à «ramener les choses à leur proportion». Parce qu’«un romancier n’est pas un dogmatique. Il n’est pas dans l’injonction, ce n’est pas un manipulateur». L’accusé lui-même ne manquera pas de dire un mot sur le livre pointé du doigt. Parlant d’engagement, de co-construction du sens d’un roman, entre lecteur et auteur, il dira que «ce n’est jamais un auteur que vous êtes en train de juger, c’est vous que vous dévoilez». Ce propos n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. L’assistance semblait guetter une telle phrase. Des applaudissements l’accompagnent alors. Par ailleurs, il soutiendra : «Tout ce que j’ai tenté de dire, de faire, se trouve dans les livres. C’est la raison pour laquelle j’évite de plus en plus de m’exprimer. J’évite de plus en plus de donner des explications. J’évite de plus en plus de me justifier, parce que je crois que je n’ai pas à le faire.»
Eloges, applaudissements, enthousiasme : à la salle Aly Dieng se sont rencontrés des hommes et des femmes, jeunes et autres d’âge plus avancé, pour célébrer un fils du pays. L’ambiance bienveillante a aussi mis en évidence une convergence d’idées entre les différents intervenants. Les professeurs Penda Mbow, Felwine Sarr et Abdoulaye Bathily se sont accordés à dire qu’il s’installe au Sénégal un rétrécissement de l’espace du débat. Felwine Sarr, co-éditeur de La plus secrète mémoire des hommes, a d’ailleurs fustigé l’émergence de «censeurs» qui s’arrogent le droit de s’opposer à la diffusion de telle ou telle œuvre artistique. «Obscuran¬tisme» et «intolérance», décriera M. Bathily.