SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 avril 2025
Développement
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, QUELLE STRATÉGIE POUR LE SÉNÉGAL ?
L'IA transforme le monde à une vitesse fulgurante. En parallèle, des réglementations émergent pour encadrer cette technologie. Dans ce contexte, le Sénégal, au sein de l’ensemble africain, se trouve en pleine phase de gestation d’un cadre éthique adapté.
L’intelligence artificielle (IA) transforme le monde à une vitesse fulgurante. En parallèle, des réglementations émergent pour encadrer cette technologie. Dans ce contexte, le Sénégal, au sein de l’ensemble africain, se trouve en pleine phase de gestation d’un cadre éthique adapté.
Alors que le sommet sur l’Intelligence artificielle se tiendra à Paris les 10 et 11 février, réunissant une centaine de chefs d’État et de figures majeures de la tech, l’Europe a déjà pris une longueur d’avance dans la réglementation de l’IA. Depuis le 2 février 2025, l’IA Act est entrée en vigueur en Europe. Cette réglementation vise à trouver un équilibre délicat : limiter les abus et dérives de l’IA tout en stimulant l’innovation. Ce premier volet, destiné aux entreprises européennes, interdit certaines pratiques jugées dangereuses ou contraires aux droits fondamentaux, comme l’analyse comportementale pour restreindre l’accès à des services, la reconnaissance faciale dans les espaces publics, ou encore le fichage basé sur des critères comme l’origine ethnique, la religion, l’orientation sexuelle ou les opinions politiques.
Ces mesures illustrent l’urgence d’un cadre réglementaire, à une époque où l’intelligence artificielle, notamment générative, devient un levier de pouvoir pour les grandes puissances. Face à la domination des géants chinois et américains, une question s’impose : quelle stratégie pour le Sénégal et l’Afrique ?
IA et géopolitique
Aux États-Unis, l’intelligence artificielle est utilisée par des organismes comme la CIA pour des missions stratégiques, notamment le profilage de dirigeants mondiaux. En exploitant des masses de données (déclarations publiques, statistiques, biographies, télégrammes diplomatiques, etc.), l’IA peut reconstituer les modes de pensée de personnalités clés et prédire leurs décisions. Ces usages, illustrés par des « jumeaux numériques », montrent le potentiel immense mais aussi les risques inhérents à l’IA.
Les défis du Sénégal dans un contexte mondial
Pour le Sénégal, l’IA reste un domaine en plein essor. Selon Emmanuel Diokh, juriste spécialisé dans le numérique, une double approche est nécessaire : « encourager l’innovation en stimulant la recherche, en développant les compétences locales et en promouvant l’usage de l’IA pour le développement socio-économique. »
M. Diokh a contribué à un rapport de 158 pages pour le Forum sur l’information et la démocratie, une réflexion sur l’avenir du continent africain face à l’intelligence artificielle. Le Sénégal s’est également doté d’une « Stratégie nationale et feuille de route sur l’Intelligence artificielle (IA) ». Parmi ses objectifs figurent une utilisation éthique et responsable de l’IA, la protection des données personnelles, le respect de la vie privée et la réduction des disparités d’accès aux technologies IA.
Le juriste sénégalais insiste sur l’urgence d’une régulation adaptée : « Cela permettra d’encadrer les usages pour garantir la dignité humaine, protéger les données et prévenir les dérives comme les deepfakes. »
Une telle stratégie implique de concilier innovation et régulation. Bien que des bases aient été posées, notamment sur les données, une collaboration étroite entre chercheurs, innovateurs et décideurs politiques est indispensable pour construire une vision cohérente et contrer l’hégémonie des géants technologiques de la Silicon Valley, pense M. Diokh.
Exemples de dérives et enjeux de régulation
L’IA comporte des risques réels, comme l’a montré l’affaire impliquant le député Guy M. Sagna. Un deepfake le montrant à La Mecque a trompé même des journalistes. « Si ce type de manipulation avait concerné un contexte compromettant, les conséquences auraient pu être graves. Ce cas souligne les dangers des technologies comme les deepfakes, capables de désinformer, manipuler et nuire à la réputation des individus », prévient l’expert en législation du numérique.
L’Afrique : Entre innovation et souveraineté
L’Afrique, et le Sénégal en particulier, doit adopter une approche stratégique pour tirer parti de l’IA tout en protégeant ses intérêts. Pour Emmanuel Diokh, « cela passe par une meilleure valorisation des données du continent, actuellement exploitées par des acteurs extérieurs ; mais aussi l’éducation et la sensibilisation des populations sur les opportunités et les dangers de l’IA ; et enfin une coopération régionale pour établir un cadre éthique et technologique propre à l’Afrique »
L’Afrique ne doit pas se contenter d’être un consommateur de technologies. Elle doit devenir un acteur influent, alliant innovation et conscience éthique, pour exploiter pleinement le potentiel de l’intelligence artificielle tout en protégeant ses valeurs et son autonomie.
EMPLOI DES JEUNES, UN CHERCHEUR APPELLE À BÂTIR UNE START-UP NATION
François Joseph Cabral a souligné l’urgence de créer un environnement propice à l’emploi des jeunes qualifiés et à l’innovation. Une transformation qui passe, selon lui, par une refonte du système éducatif.
Le directeur du Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Croissance et coordonnateur scientifique du Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), François Joseph Cabral, a invité, mardi, les autorités à changer de paradigme, en créant les conditions d’émergence d’une ‘’start-up nation’’ permettant ainsi aux jeunes d’avoir un travail qualifié.
‘’Il s’agit pour l’État de créer un environnement pour qu’il y ait assez de jeunes qualifiés afin d’inverser la tendance’’, a-t-il déclaré lors de la présentation de son livre intitulé: ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’.
L’expression ‘’start-up nation’’ ou ‘’nation start-up’’ en français est un concept vantant la volonté d’un gouvernement de créer les conditions d’un pays prospère, faisant émerger de nombreuses entreprises innovantes, des entrepreneurs, notamment dans le domaine du numérique.
Sur 180 pages présentées en 7 chapitres, l’auteur de ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’ met l’accent sur les ‘’individus qui ne sont jamais allés à l’école, ou s’ils y sont allés, l’ont abandonnée très tôt’’.
‘’La seconde étape, c’est de mettre en place les ingrédients pour aller vers ce que j’appelle un pays start-up, une nation start-up, qui fasse que les jeunes qui sortent de l’École supérieure polytechnique à Dakar, de l’Institut supérieur de management, ou ailleurs, tirent leurs semblables’’, a indiqué le professeur François Joseph Cabral.
Selon lui, la recherche de travail, étant dominée par des non qualifiés, ‘’rencontre une offre qui est également dominée par des gens n’ayant jamais fait l’école ou l’ayant abandonnée très tôt ».
Face à cette situation, ‘’deux horizons temporels’’ sont à prendre en compte, selon le chercheur qui se demande ce que les pouvoirs publics et le privé peuvent-ils faire à court terme pour arriver à cette ‘’start-up nation’’ qu’il appelle de ses vœux.
‘’Nous avons un bassin de jeunes technophiles très bons. Nous avons également une diaspora qui est dominée par des gens très qualifiés, qui opèrent dans les multinationales de la technologie’’, a-t-il fait observer.
Relevant, par ailleurs, un ‘’dysfonctionnement’’ né d’une ‘’trajectoire de croissance disqualifiante’’ au Sénégal, le coordonnateur scientifique du CRES estime qu’il y a ‘’urgence à réinventer le modèle éducatif sénégalais et à faire du pays une société de savoirs.
Pour y parvenir, l’auteur de ‘’Sénégal, quand la trajectoire de croissance de l’économie +disqualifie+ les qualifiés’’, préconise dans son livre l’émergence d’une économie tournée vers l’innovation, à l’instar de beaucoup de pays asiatiques sortis du sous-développement.
PROJET RADIUS, UNE INITIATIVE POUR UNE AGRICULTURE DURABLE EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Selon Dr Savadogo du CORAF, le projet se fixe plusieurs objectifs clés, notamment encourager l’adoption massive de pratiques agroécologiques dans les pays cibles (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire et Sénégal)
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a accueilli ce mardi 4 février le lancement officiel du projet RADiUS (Réseau en Agroécologie pour Promouvoir la Durabilité des Systèmes Alimentaires), une initiative régionale portée par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) et soutenue par l’Union européenne à travers le programme DeSIRA+.
Cet événement a réuni des chercheurs, des décideurs politiques, des représentants d’organisations paysannes, ainsi que des partenaires techniques et financiers, tous animés par un objectif commun : favoriser la transition agroécologique pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Lors de son allocution, le Directeur Exécutif du CORAF, Dr Moumini Savadogo, a souligné l'importance stratégique du projet RADiUS dans un contexte marqué par les défis environnementaux et climatiques.
« Ce projet vise à accompagner la transition agroécologique des exploitations agricoles afin de renforcer la sécurité économique, alimentaire et nutritionnelle dans notre région. La collaboration entre les différentes parties prenantes est essentielle pour garantir le succès de cette initiative », a-t-il déclaré.
Le projet RADiUS repose sur un partenariat entre plusieurs institutions académiques et de recherche, dont l’UCAD, l’Université Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso, l’Université Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement du Cameroun et l’Institut de Recherche sur le Coton du Bénin.
Selon Dr Savadogo, le projet se fixe plusieurs objectifs clés, notamment encourager l’adoption massive de pratiques agroécologiques dans les pays cibles (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire et Sénégal). Le projet vise également à améliorer la santé des sols et la gestion durable des ressources naturelles et à aloriser les données agricoles et soutenir l’émergence d’initiatives entrepreneuriales locales.
« L’apprentissage entre agriculteurs est crucial pour le renforcement des organisations paysannes. Nous devons créer un environnement propice à la diffusion des innovations en agroécologie et mettre en place des cadres favorisant les échanges entre chercheurs, décideurs politiques et acteurs de terrain », a-t-il ajouté.
L’Union européenne, principal bailleur du projet, a réaffirmé son engagement à accompagner la transition agroécologique en Afrique de l’Ouest et du Centre. Son représentant a rappelé que RADiUS s’inscrit dans les priorités de la stratégie conjointe UE-Sénégal, axée sur la croissance verte et inclusive.
« La transition agroécologique est essentielle pour faire face aux défis climatiques et environnementaux actuels. Elle offre des solutions innovantes pour une agriculture plus résiliente et durable, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs de la ‘Vision Sénégal 2050’ », a-t-il déclaré.
Il a également insisté sur la nécessité d’unir les forces entre institutions académiques, organisations paysannes et partenaires techniques afin d’assurer le succès du projet.
Pour sa part, le directeur général de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) a mis en avant le rôle clé de la recherche scientifique dans le développement de pratiques agricoles durables. « L’ISRA s’engage pleinement à mobiliser ses infrastructures, ses laboratoires et ses chercheurs pour accompagner cette transition. Nous devons co-construire des connaissances adaptées aux réalités de nos producteurs pour assurer une adoption efficace des innovations agroécologiques », a-t-il précisé.
Le représentant du ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique du Sénégal a salué l’initiative, soulignant son alignement avec les priorités du pays en matière de sécurité alimentaire et de préservation des ressources naturelles.
« L’agroécologie représente une réponse pertinente aux défis agricoles et climatiques actuels. Ce projet contribuera à renforcer les capacités des acteurs du secteur agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre », a-t-il affirmé.
Avant de conclure, il a appelé à une mobilisation collective pour assurer le succès de RADiUS : « En partageant nos connaissances et nos expériences, nous pourrons bâtir un réseau solide et unifié pour une agriculture plus résiliente et durable. »
LE RÉQUISITOIRE D'AMADOU SALL
"Personne ne l'a consulté, pas même les députés qui ont voté la levée de l'immunité de Farba Ngom", dénonce l'avocat à propos du rapport de la Centif. Des irrégularités qui, selon lui, établissent le caractère politique de l'affaire
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice sous la présidence d'Abdoulaye Wade, dresse un tableau préoccupant de la situation judiciaire au Sénégal. L'avocat, qui défend aujourd'hui plusieurs responsables politiques proches de l'ancien président Macky Sall, s'inquiète d'une dérive autoritaire du nouveau pouvoir.
Au cœur de ses préoccupations, l'affaire Farba Ngom cristallise les tensions. Ce député proche de l'ex-président Macky Sall a vu son immunité parlementaire levée le 24 janvier par l'Assemblée nationale, avec 130 voix sur 165. Une procédure que Me Sall qualifie de "véritable cabale" et d'"inadmissible instrumentalisation politique des institutions judiciaire et parlementaire pour liquider un adversaire politique."
L'avocat rappelle les propos tenus par l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko durant la campagne électorale : "Il a publiquement et ouvertement menacé Farba Ngom, en affirmant qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu'il soit définitivement inéligible", relate Me Sall à Jeune Afrique. Une promesse qui, selon lui, trouve aujourd'hui sa concrétisation.
Les irrégularités de procédure relevées par l'ancien garde des Sceaux sont nombreuses. Il pointe notamment l'absence du fameux rapport de la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières) sur lequel reposerait l'accusation de blanchiment de 125 milliards de F CFA. "Personne ne l'a consulté, pas même les députés qui ont voté la levée de l'immunité de Farba Ngom", dénonce-t-il auprès du magazine panafricain.
Le climat politique semble particulièrement tendu. Me Sall, qui dirige le Collectif des avocats républicains, dénonce des "interdictions systématiques de sortie du territoire" frappant les responsables de l'ancienne administration. Des mesures qu'il qualifie d'"administratives, donc illégales puisqu'elles n'ont jamais été ordonnées par une autorité judiciaire", précise-t-il à JA.
Sa critique est particulièrement acerbe envers les nouvelles autorités : "Lorsqu'elles étaient dans l'opposition, elles maîtrisaient l'art de l'invective, de l'outrage, des excès et de la violence, tant verbale que physique. Aujourd'hui, aucune critique n'est permise", déclare-t-il au magazine. Plus grave encore selon lui : "Elles cherchent à réduire au silence tous ceux qui parlent un langage différent en les mettant au cachot. C'est devenu un substitut au débat d'idées."
Quant au Pool judiciaire financier (PJF), récemment mis en place et qui revendique le traitement de 91 dossiers, l'ancien ministre reste sceptique. Pour lui, l'efficacité de la lutte contre la corruption ne peut être garantie que "lorsque l'autorité politique n'intervient pas pour diriger les actions répressives contre des opposants et lorsque les juges exercent leur devoir en toute liberté et dans la totale indépendance." Dans le cas contraire, prévient-il dans les colonnes de Jeune Afrique, "l'instrumentalisation de la justice creusera la tombe des valeurs républicaines."
LE RESTIC PLAIDE POUR UNE REFORME URGENTE DU CNRA ET DE LA CDP
Le Rassemblement des entreprises du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication soutient l’initiative du ministre de l’Économie numérique de mettre en place une nouvelle autorité de régulation des médias et des réseaux sociaux
Le Rassemblement des entreprises du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication soutient l’initiative du ministre de l’Économie numérique de mettre en place une nouvelle autorité de régulation des médias et des réseaux sociaux avant la fin de l’année. L’organisation appelle également à une réforme urgente de la Commission des Données Personnelles, qui ne répond plus aux enjeux du numérique et de la cybersécurité, notamment avec l’augmentation des cyberattaques et la gestion des données sensibles, lit-on dans un communiqué du RESTRIC.
Avec l’essor de la presse électronique, des réseaux sociaux et des sites d’information, un tournant majeur a été opéré dans le paysage médiatique. En effet, selon les statistiques, plus de 75 % des audiences, toutes plateformes confondues, et 55 % en Afrique, dont le Sénégal, s’informent désormais à travers ces moyens numériques : « Un marqueur irréversible dans la presse et les médias partout à travers le monde et ici en Afrique avec la pénétration fulgurante d’internet même en zone rurale » Ce phénomène a profondément modifié la manière dont les informations sont diffusées et consommées. Aussi, Le RESTIC attire également l’attention sur la cybersécurité, avec la montée des cyberattaques qui constituent une menace croissante. Selon Business Africa, en 2023, l’Afrique a enregistré le plus grand nombre de cyberattaques hebdomadaires, toutes régions confondues : « L’Afrique est très vulnérable et investit trop peu dans la cyberdéfense et la cybersécurité, d’où l’urgence d’adapter et de mettre à jour nos législations sur les données personnelles dans le cloud notamment ». Cette situation a été renforcée par une augmentation de 70 % des cyber-extorsions touchant les entreprises, selon Security Navigator 2024.
LA NECESSITE D’UNE CONCERTATION ELARGIE
En outre, le RESTIC souligne l’importance d’une concertation élargie avec toutes les parties prenantes du secteur des médias afin de garantir que la réforme soit inclusive et bien adaptée aux besoins réels : « Le RESTIC espère que la concertation sera élargie à toutes les parties prenantes du secteur afin que le processus soit le plus inclusif possible… », précise la note. Par ailleurs, le RESTIC rappelle « l’impérieuse nécessité d’accélérer la refonte de la Commission des Données Personnelles, qui ne correspond plus aux mutations en cours dans le numérique et le digital avec l’intelligence artificielle en ligne de mire » souligne le communiqué. « Ceci est d’autant plus urgent que des centres de données privés s’installent dans nos pays au Sénégal dans un contexte de menace sur les données sensibles hébergées dans ces data centers et les cyberattaques de plus en plus récurrents avec un monde très interconnectés », conclut la note du RESTIC.
CARBURANTS D’AVIATION DURABLES, LE SÉNÉGAL SÉLECTIONNÉ POUR UNE ÉTUDE DE FAISABILITÉ
Un atelier régional se tient à Dakar pour sensibiliser les parties prenantes et préparer l’intégration de ces carburants dans le cadre du programme CORSIA, visant à réduire les émissions de CO2 du secteur aérien.
Le Sénégal a été sélectionné parmi dix Etats membres de l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI) pour une étude de faisabilité de la production de carburants d’aviation durables (SAF) en 2026, a-t-on appris lundi de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM).
Pour préparer ‘’les prochaines étapes de la production de carburants éligibles au Programme de compensation et de réduction des émissions de carbone pour l’aviation internationale (CORSIA), notamment les SAF, un atelier régional pour sensibiliser toutes les parties prenantes, se tient, les 03 et 04 février, à la Direction générale de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), point focal CORSIA au Sénégal’’, indique un communiqué transmis à l’APS.
La même source souligne que »plusieurs entités, comme les ministères des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, de l’Environnement et de la Transition écologique, des Energies, du Pétrole et des Mines, ainsi que les compagnies aériennes nationales et les gestionnaires d’aéroports comme LAS (Limak-Aibd-Summa) et AIBD SA ou encore la société de manutention de carburants aviation (SMCADY) et la société de handling 2AS, participent à la rencontre en présentiel et en ligne’’.
Elle ajoute qu’une délégation venue du Togo, composée de représentants de l’Agence nationale de l’Aviation civile du Togo, de la Direction des hydrocarbures et du ministère de l’Environnement de ce pays, participe également aux travaux.
Selon le communiqué, ‘’le Directeur général de l’ANACIM, Dr Diaga Basse, a rappelé qu’en 2019, l’aviation civile »représentait environ 2 % des émissions mondiales de CO2′ »‘.
‘’Ce pourcentage, a-t-il déclaré, devrait évoluer dans les années à venir avec l’augmentation du trafic aérien’’, tandis que ‘’les SAF peuvent permettre une réduction significative jusqu’à 80% des émissions de CO2 sur leur cycle de vie complet, s’ils respectent les critères de durabilité, contrairement aux carburants fossiles traditionnels’’.
Ouvert lundi à Dakar, l’atelier qui prend fin mardi, se tient dans le cadre du Programme de renforcement des capacités pour l’atténuation des émissions de CO2 de l’aviation internationale en Afrique et dans les Caraïbes, financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA).
LES PARENTS PAUVRES
Souvent présentées comme les mauvais et les méchants, les hommes de main de politiciens sans foi ni loi, les forces de défense et de sécurité prennent de plus en plus la parole et laissent paraitre leur galère et leur amertume
Souvent présentées comme les mauvais et les méchants, les hommes de main de politiciens sans foi ni loi, les forces de défense et de sécurité prennent de plus en plus la parole et laissent paraitre leur galère et leur amertume.
Elles ont eu le rôle le plus ingrat. Risquant leurs vies de jour comme de nuit, exposant leurs familles pour, à l'arrivée, ne récolter que mépris et injures, indexées d'être les complices des pourfendeurs de la démocratie. Elles, ce sont les forces de défense et de sécurité, celles-là qui ont été en première ligne durant toute la crise qui a secoué le pays, entre 2021 et 2024. À la faveur de l'émission de la RFM dénommée ‘’FDS’’ (Focus sur la défense et la sécurité), l'un de ses plus grands chefs, le commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle Masserigne Faye, a brisé le silence, pour revenir sur les sacrifices énormes consentis durant ces périodes troubles. “Beaucoup critiquent la police et les FDS en général sans les connaitre. Si on n'avait pas fait ce qu'on a fait, le Sénégal serait aujourd'hui à terre. On ne peut pas tout dire sur la place publique. Même pour vous accorder cet entretien, il m'a fallu l'autorisation du directeur général. Ce que je peux vous assurer, c'est que si on n'avait pas cette posture, le Sénégal serait aujourd'hui comme le Mali, comme la RDC”, témoigne avec des trémolos dans la voix celui qui a commandé le groupe opérationnel de Dakar, de 2020 à 2024.
Aujourd'hui, c'est eux que l'on présente comme les méchants de l'histoire. Ceux qui ne méritent pas le pardon de la République, qui doivent rendre compte de leurs actes contre ce que l'on appelle pompeusement “le peuple”. Dans cette catégorie, on retrouve pourtant des insulteurs publics notoires qui n'ont rien à envier à Amath Suzanne Camara envoyé en prison - à juste raison - sous le régime du président Bassirou Diomaye Faye, de présumés pilleurs et pyromanes de biens privés comme publics ou de gens qui ont été accusés de les financer. Eux ont droit non seulement au pardon, mais aussi à la “réparation” et aux honneurs de la République. Les plus chanceux sont devenus des députés ou nommés à des postes de responsabilité ; la grande masse aura droit à une indemnisation. L'État ayant déjà annoncé autour de cinq milliards F CFA pour les indemniser ainsi que des financements (voir encadré).
“Si les FDS n'avaient pas fait ce qu'ils ont fait, le pays serait aujourd'hui à terre”
Si ce n'était que les victimes, ceux qui ont injustement été arrêtés et torturés, cela aurait pu se comprendre. Mais sur quelle base on va s'appuyer pour déterminer les victimes, alors même qu'aucun tribunal ne s'est prononcé sur leur culpabilité ou non ? Est-ce que tous ceux qui ont été arrêtés dans le cadre de ces événements sont d’innocentes victimes d'arrestations arbitraires ? Quid de toutes ces personnes dont les biens ont été détruits durant la crise, de ceux qui ont failli ôter la vie à des éléments des forces de défense et de sécurité qui ne faisaient que défendre la République ?
Autant de questions qui viennent mettre un bémol dans cette initiative du gouvernement qui a tendance à considérer tout détenu arrêté dans le cadre des manifestations comme une victime. A contrario, ceux qui les ont envoyés en prison -magistrats et FDS - sont des complices. Qui, dans ces conditions, accepterait, la prochaine fois que des situations similaires se présenteront, de défendre l'État ? Qu'adviendrait-il si, dans quelques années, les mêmes jeunes, mécontents de la gestion des autorités, descendaient à nouveau en masse dans la rue pour réclamer la chute du régime actuel ?
En vérité, il y a eu certes pas mal de dérives du côté des forces de défense et de sécurité. Mais il y en a également eu du côté des manifestants. Des policiers et des gendarmes ont failli y laisser leurs vies. D'autres ont exposé leurs familles, pour que la République reste debout. Et le témoignage du commissaire Masserigne Faye en lève une partie du voile sur les risques énormes qui guettaient ce pays.
Selon lui, le jour où on a brûlé des infrastructures à l'université Cheikh Anta Diop, des gens étaient sortis pour aller mettre le feu à la Daf (Direction de l'automatisation des fichiers) et à la DGE (Direction générale des Élections). “Ils sont venus jusqu'à la rue 3. Mes éléments m'ont appelé pour me dire qu'il y a une foule importante et leur capacité ne leur permettrait pas de tenir 30 minutes. Il faut du renfort”, a-t-il rapporté.
La notion de victime et de coupable galvaudée
Tout de suite, il s'est déployé avec les renforts et a vu une foule immense et déterminée. “Je me suis dit que si on les attaque de face, on n'en sortirait pas. J'ai demandé à mon lieutenant de gérer cette position, je vais faire le tour pour qu'on les ceinture. Je les ai pris par derrière, du côté de marché Gueule tapée. Il y a eu deux fronts ; une attaque par-devant et une autre par-derrière. Ils ont paniqué et ont pris les rues transversales pour sortir de la zone. On les a chassés jusque vers la dibiterie Le Mboté, mais ils avaient mis le feu partout. J'ai dû prendre des bouteilles d'eau exposées à la devanture d'une boutique pour éteindre le feu qui menaçait la DGE et la Daf. D'ailleurs, j'y suis retourné plus tard pour présenter mes excuses au boutiquier. J'ai voulu lui donner un peu d'argent, mais il ne l'a pas pris”. La Daf et la DGE ont ainsi été sauvées. Des manifestants arrêtés. L'État a pu continuer la mise en œuvre de son calendrier pour l'organisation des élections.
Aujourd'hui, les manifestants sont honorés. Les policiers et les gendarmes voués aux gémonies. Comment vivent-ils de telles critiques ? Le commissaire Faye rétorque : “Les critiques ne peuvent manquer quand on est devant. Mais nous, on agit par devoir. Ce qu'on a fait, si on ne l'avait pas fait, le Sénégal serait comme le Mali, comme le Congo. Il faut que les Sénégalais soient conscients que notre plus grande richesse, c'est la paix. Ne bradons pas cette richesse pour des futilités. Ce qui nous unit est beaucoup plus fort. Les gens doivent comprendre que les forces de police sont apolitiques, qu'ils se gardent de les inviter dans la chose politique”, renchérit-il, tout en soulignant qu'il était prêt au sacrifice suprême pour la défense de la République. “Je le disais souvent aux hommes. S'il faut qu'une personne meure pour que le Sénégal reste, que ça soit moi. Tenons la baraque, ne laissons pas ce pays sombrer”, rapporte l'ancien chef de la Brigade d'intervention polyvalente (Bip), celui qui a mené de main de maitre l'arrestation d’Hissène Habré à Dakar.
Cela dit, des éléments des FDS ont aussi été accusés de tortures, de violence inouïe et injustifiée sur des manifestants, sans parler des nombreux morts qu'il faudra élucider par des enquêtes indépendantes.
Mais l'un des grands griefs portés contre les FDS, c'est de n'avoir rien fait contre les gros bras qui les accompagnaient sur le terrain. D'ailleurs, à l'époque, cela avait soulevé un vrai malaise au sein des forces de défense et de sécurité. Certains officiers étant contre l'implication de nervis dans la gestion des manifestations.
Le recours aux nervis : la tache noire
Fortement critiqué pour le rôle qu'il a eu à jouer durant les manifestations politiques, Masserigne Faye est pourtant très respecté dans le système des Nations Unies, pour le rôle décisif qu'il a eu à jouer dans le maintien de l'ordre dans des zones chaudes comme Kidal, Gao et Tombouctou au Mali, mais aussi au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo où il commandait plusieurs forces. Il est réputé comme un homme profondément croyant. Sa plus grande satisfaction, c'est d'avoir su préserver ses hommes durant la crise. Il en rend grâce au bon Dieu. “Quand on a trois mille hommes à commander, ce n'est pas évident. Tous les jours, je me levais à l'aube pour prier Dieu de garder sains et saufs les éléments. Ma grande satisfaction, c'est de n'avoir enregistré aucune perte en vie humaine. Nous avons eu peur pour deux éléments qui ont été roués de pierres, mais grâce à Dieu, il y a eu plus de peur que de mal”.
Aux jeunes générations des FDS qui ont tendance à recourir aux médias et surtout aux activistes pour vilipender l'image de la police ou de la gendarmerie, il demande d'utiliser les canaux internes pour faire passer leurs messages. Ce qu'il a eu à faire, c'est plus par patriotisme, a-t-il tenu à expliquer. “J'aurais pu choisir de rester aux Nations Unies où on me payait six fois ce que je gagne au Sénégal, où on me payait 60 000 euros par an, rien que pour l'éducation de mes enfants. D'autres ont fait des sacrifices bien plus importants. C'est facile de critiquer les gens sans les connaitre, s'est-il défendu. C'est d'autant plus facile que ceux qui sont attaqués de toutes parts ne peuvent répondre aux attaques et critiques. Pour vous accorder cet entretien, il a fallu l'autorisation du DG”.
Qui va honorer les policiers et les gendarmes qui ont permis au Sénégal de ne pas sombrer dans le chaos ?
En 43 ans de police, le commissaire Masserigne, qui est au seuil de sa carrière (il devait partir à la retraite, mais avait bénéficié d'une prolongation qui va bientôt arriver à terme) jouit d'un grand respect auprès de ses pairs. Il a aussi beaucoup contribué à la réputation des forces sénégalaises au sein des missions de la paix au Mali et au Congo, notamment en y faisant intégrer les forces d'élite sénégalaises du GIGN. Les attaques sont loin de l'ébranler. “Quand on est animé de bonne foi et de droiture, on ne peut avoir peur. Comme on dit : le feu est ennemi de l'encens. Mais le fait qu'il le brûle le fait sentir encore plus, au bonheur de tout le monde. Quand on raconte des inepties et des contrevérités sur toi, cela ne peut vous affecter. C'est juste qu'on est devant et quand on est devant, forcément, on est exposé aux critiques. Les gens vont inventer des choses pour te démoraliser, parce qu'ils savent que c'est toi qui les empêches de tourner en rond. C'est pourquoi un chef ne doit pas avoir peur des critiques. Celui qui rechigne de faire ce qu'il a à faire de peur d'être critiqué ne mérite pas d'être chef. Pour ma part, rien ne peut m'ébranler. Je n'ai peur que de Dieu”, souligne l'ancien commandant du groupe opérationnel de Dakar.
CRISE MAJEURE À L'USAID
Les chefs de la sécurité ont été écartés après leur confrontation avec l'équipe d'Elon Musk, dans une purge touchant des centaines d'employés. Cette agence aux 38 milliards de budget consacré à l'aide internationale risque maintenant la dissolution
(SenePlus) - L'Agence américaine pour le développement international (USAID) traverse la plus grave crise de son histoire. Les chefs de la sécurité ont été écartés après leur confrontation avec l'équipe du milliardaire proche du nouveau président américain Elon Musk, dans une purge touchant des centaines d'employés. Cette agence aux 38 milliards de budget risque maintenant la dissolution pure et simple.
Le site internet de l'USAID s'est brutalement éteint samedi après-midi, alors qu'une version réduite de ses activités apparaissait sur le site du Département d'État, signalant une possible absorption de l'agence. Selon le New York Times, les signes physiques de l'USAID ont commencé à être retirés de son siège à Washington, tandis que des rumeurs circulent sur le rappel des directeurs de mission à travers le monde.
Deux employés du siège, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison d'une directive interdisant toute discussion sur les changements en cours, décrivent un climat de "peur et de chaos". La moitié du personnel aurait été éliminée en une semaine. Plus inquiétant encore, trois autres employés ont signalé l'installation présumée d'un programme d'intelligence artificielle nommé Gemini sur leurs comptes de messagerie.
Pete Marocco, un responsable du Département d'État ayant occupé plusieurs postes sous la première administration Trump, semble orchestrer ce démantèlement de l'USAID. Il apparaît comme une figure centrale dans la confrontation avec les responsables de la sécurité et dans les efforts de l'équipe Musk pour accéder aux documents classifiés.
Le sénateur Chris Coons, démocrate du Delaware et membre des commissions sénatoriales des relations étrangères et des crédits, s'alarme : "Tous les signaux, de la mise en congé administratif des hauts responsables à l'ordre de silence imposé au personnel, suggèrent davantage les prémices d'une fermeture qu'une simple restructuration."
Créée en 1961, l'USAID est l'agence gouvernementale principale pour l'aide humanitaire et l'assistance au développement. Bien que recevant ses orientations de politique étrangère du Département d'État, elle a toujours fonctionné de manière autonome. Les législateurs démocrates soulignent que sa fermeture unilatérale serait illégale, l'agence ayant été créée par le Congrès et recevant des crédits spécifiques.
Les conséquences géopolitiques d'un tel démantèlement inquiètent. La sénatrice Amy Klobuchar avertit : "Éliminer l'USAID - qui prévient les famines, combat l'extrémisme et crée des marchés pour les exportations américaines - rendrait le monde plus dangereux pour les Américains et serait un cadeau à la Chine et à la Russie."
Cette crise survient alors que l'administration Trump a déjà ordonné en janvier le gel de presque tous les programmes d'aide étrangère, n'accordant qu'une dérogation limitée pour l'aide humanitaire vitale. Le président Trump n'a jamais caché son mépris pour l'ampleur de l'aide étrangère américaine, arguant que l'envoi de dollars des contribuables à l'étranger va à l'encontre de son agenda "America First".
L'avenir de millions de bénéficiaires de l'aide américaine reste désormais en suspens, tandis que le Congrès, qui finance l'agence jusqu'au 14 mars, se prépare à une possible bataille constitutionnelle sur le sort de cette institution cruciale pour l'aide internationale.
LA POLICE TEND LA MAIN AUX MÉDIAS
Une récente rencontre historique a rassemblé plus de 200 policiers et des journalistes, dont Absa Hann, victime de violences policières en février 2024. L’objectif ? Désamorcer les tensions et trouver des solutions pour une meilleure collaboration
(SenePlus) - Une rencontre s'est tenue entre forces de l'ordre et professionnels des médias, dans une tentative de réconciliation après plusieurs années de relations tendues. Comme le rapporte RFI, cette initiative inédite de la police nationale visait à restaurer la confiance entre deux corps de métier que les récentes crises politiques ont profondément opposés.
La symbolique était forte : dans l'assemblée, plus de 200 policiers en uniforme faisaient face à Absa Hann, journaliste victime de violences policières en février 2024 lors des manifestations contre le report de la présidentielle. Une configuration qui illustre l'ampleur du fossé à combler.
Le commissaire Ndiaga Diop, cité par RFI, a d'ailleurs reconnu l'urgence de la situation : "Les tensions passées entre la police et les journalistes nécessitent d'être désamorcées. Il y a également un besoin urgent de restaurer la confiance entre les deux corps de métier."
Le bilan des trois dernières années est en effet accablant, comme le souligne Ibrahima Lissa Faye, président de la coordination nationale des associations de presse : "Beaucoup de journalistes ont été agressés, une soixantaine de journalistes brutalisés, leurs matériels détruits et il n'y a pas eu de suite judiciaire. Et il n'y a pas eu en tout cas de suites administratives, malheureusement."
Pour Mateew Mbaye, responsable des questions de protection pour l'ONG Article 19, la solution passe par "plus de communication". Il pointe notamment l'absence de "canaux de communication clairs qui fait que chacun pourra plus faire son travail sur le terrain sans pour autant gêner l'autre."
Des propositions concrètes ont émergé de cette rencontre, rapporte RFI : création d'une zone sécurisée pour les journalistes, établissement d'un guide de bonne conduite, mise en place de formations croisées pour sensibiliser chaque corps de métier aux contraintes de l'autre. Les journalistes insistent particulièrement sur la nécessité d'un suivi effectif des plaintes déposées contre les forces de l'ordre.
Cette initiative intervient dans un contexte de normalisation progressive au Sénégal, après une période marquée par la répression des manifestations de l'opposition et la restriction de l'espace d'expression publique.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
LANDING SAVANE OU LA POÉSIE EN LETTRES RÉVOLUTIONNAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces mots sont puissants des souffrances traversées, forgés de dignité humaine. Ainsi l’homme peut « renaître » sans être affaibli par son histoire mais armé de « feu du soleil »
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
C’est à un beau voyage que nous convie Landing Savané.
Si l’on s’en tient à la prose poétique, ce sont les vents qui ont semé les graines « ébènes » de la terre africaine de par le monde. Mais l’histoire du peuple noir, et Landing Savané nous le rappelle avec justesse et avec grandeur, a été arrachée, déchirée, écartelée par l’esclavage et soumise au colonialisme. Traversant l’Atlantique, les enfants africains ont échoué aux Caraïbes, en Amérique, tels des oiseaux morts, espèce décimée par le pouvoir occidental.
Pourtant, la poésie de Landing Savané n’est pas tournée vers elle-même, elle est ouverte sur les terres, les océans, sur l’humanité et sur l’espoir à reconquérir.
Les mots de Landing Savané ne sont pas des gémissements, ils sont puissants des souffrances traversées, forgés de dignité humaine. Ainsi l’homme peut « renaître » sans être affaibli par son histoire mais armé de « feu du soleil ».
Premier hommage que le poète rend à l’astre flamboyant comme à un être vivant, « le nègre est homme de feu ». Il rappelle sa vitalité, « le feu follet de nos nuits indigènes », ses ténèbres aussi :
« Par le feu et le sang
L’homme réduit par l’homme
En bête de somme servile »
Mais il n’oublie pas son rôle de combattant pour aller vers la lumière.
« Par le feu et le sang
La justice et la vérité
Rétablies »
La volonté de Landing Savané parcourt le recueil comme
« Les rafales de vent
Claquent, claquent à l’infini, claquent… »
Hommage aux grands hommes de l’Afrique, Cheikh Anta Diop « Pharaon du savoir », Patrice Lumumba, « Rawlings le pionner », « Sankara le rebelle », Steve Bantu Biko « L’homme du renouveau noir », Mangaliso Sobukwe « L’homme de la rupture radicale » et encore :
« Mandela, le plus illustre
Mais aussi d’autres symboles vivants
Nkosi, et Masemola
Et le vieux Mothopeng »
Tendre réminiscence pour les peuples et ses courageux combattants :
« Hier aujourd’hui et demain
Le peuple créole d’Amilcar
Magnifique de courage
Domestiquant la nature » Cabo Verde
« Guevara abattu
Au cœur des montagnes
Judas-Pinochet
Crucifiant Allende » Latinos
Landing Savané, panafricain engagé, est encore et surtout un poète qui célèbre le courage, la lutte « des militants du refus » et « des passions écartelées ».
« Guevara et Allende
Héritiers de Sandino
Ressuscités sous nos yeux
Dans l’air frémissant
Le chant poignant
Des fusillés
Le verbe tranchant
Et la foi triomphante
Des fils du soleil » Latinos
La force poétique vient de cette alliance universelle qui réconcilie combat, rupture, délivrance, dignité, puissance et espérances. C’est une poésie du renouveau, avec le tissage coloré d’un passé historique réhabilité, le métissage indispensable d’une inspiration ancestrale tournée vers la modernité, celle de la réconciliation des peuples africains redevenus confiants.
En intellectuel et militant, Landing Savané précise dans son avant-propos que « le rêve d’une Afrique terre de liberté et d’opportunités pour ses enfants » fera du continent africain, le continent du 21ème siècle. C’est la force de cette conviction qu’il place ici en poésie avec une grande harmonie esthétique.
Puis, tel un enfant du pays, il célèbre la terre ancestrale :
« Terre africaine
Berceau de l’homme
Terre des pharaons
Et des grands empires »
En homme conscient de l’importance de la mémoire et de la vérité, il dialogue avec l’Afrique, « mère nourricière », telle un être vivant :
« Je te salue Afrique
Pour tes miracles
Inscrits en lettres d’ébène
Sur tous les continents »
En créateur, il chante la solitude « du lutteur dans l’arène », « du penseur rebelle », « du chercheur hérétique ».
Landing Savané est un poète, un « Homme dans l’Univers », aux côtés des condamnés, des martyrs, des sages, des faibles.
« Je chante la solitude
Prélude aux communions
Restituant à l’homme
Dignité et puissance »
Enfin, il nous entraîne vers les lumières, les ombres de la ville de Ndar au Sénégal :
« Citadelle séculaire
De Mame Coumba Bang
Ville fantôme
A l’ombre du Delta
Ndar-Guedj, Ndar-Ndar
Les eaux glauques
Et la ville de sable
Bercent ta silhouette alanguie »
Ainsi, la poésie de Landing Savané est mémoire, elle est savoir et elle traverse notre siècle, avec sa seule force ensoleillée. Elle vise toujours juste avec une esthétique sobre mais profonde, comme un souffle de nos paroles africaines qui repoussent toutes les appartenances et toutes les frontières. La poésie de Landing Savané est aussi une ode à la liberté et aux combats que les hommes ont livrés pour conduire l’avenir vers l’insoumission. Afin de repousser les soubresauts, les chaos perpétrés par les hommes, on recompose encore et encore car l’histoire est un sable mouvant qu’il faut toujours rebattre pour voir poindre de nouvelles aurores. Cette histoire est ainsi magnifiée par la poésie intense de Landing Savané tandis que notre récit trouve sa place dans la chronologie de l’Humanité.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Errances et Espérances, Landing Savané, éditions Panafrika / Silex / Nouvelles du Sud, Dakar, 2006