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8 avril 2025
Développement
DÉSESPOIR SUR LE CAMPUS
Le suicide de Matar Diagne a brisé la loi du silence sur la détresse psychologique au sein des universités. Dans un pays où l'on compte un thérapeute pour 475,000 habitants, ce drame révèle l'ampleur d'une crise que les autorités continuent d'ignorer
(SenePlus) - La mort de lève Matar Diagne le voile sur la détresse psychologique des jeunes et l'insuffisance des dispositifs d'accompagnement dans l'enseignement supérieur au Sénégal.
Dans la nuit du 10 au 11 février, Matar Diagne, l'étudiant en master de droit à l'université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis, a mis fin à ses jours après avoir publié un message d'adieu poignant sur Facebook. « Je ne serai plus vivant quand vous lirez ce message. Je préfère mourir dans la dignité plutôt que de vivre dans le déshonneur », écrivait-il, évoquant à plusieurs reprises son « isolement » et la « souffrance de la maladie ».
Ses derniers mots exhortant à l'écoute – « N'isolez personne, n'ignorez personne (...). Rapprochez-vous des gens qui s'isolent, parlez-leur (...) sans les juger » – ont été massivement partagés et commentés en ligne.
Pour Fatou Fall, présidente de Safe Open Space (SOS), interrogée par Le Monde, « le drame de Matar illustre d'abord le tabou de la santé mentale, surtout celle des hommes ». La militante établit un parallèle avec un cas similaire survenu six ans plus tôt, quand « un Sénégalais anonyme avait annoncé sur Twitter [X, aujourd'hui] son suicide » en espérant que « peut-être [sa mort] aiderait certains pour mieux se comporter avec les gens ».
Les chiffres révélés par Le Monde sont alarmants : selon les dernières données officielles disponibles datant de 2019, le Sénégal ne compte que « 38 psychologues et psychiatres pour 18 millions de Sénégalais », soit « un ratio d'un thérapeute pour 475 000 habitants », alors que l'Organisation mondiale de la santé en préconise 25 fois plus.
À Saint-Louis, le suicide de Matar a créé « une onde de choc » à l'université Gaston-Berger, témoigne Al Jabbar Adebo, étudiant cité par le journal français. Le rassemblement organisé trois jours après le drame a laissé un goût amer à certains participants. Un étudiant ayant requis l'anonymat confie que cette réunion présentée comme « une thérapie collective » ressemblait davantage à « une opération communication », un agent administratif s'étant contenté d'inviter les étudiants à « la résilience » et à « se forger un moral de fer ».
« Nous avons besoin de psychologues disponibles sur le campus », plaide Al Jabbar Adebo dans les colonnes du Monde. « On doit faire face à un mal-être grandissant des étudiants, dont l'isolement s'est renforcé du fait de la dégradation de nos conditions de vie, notamment des logements et de la restauration ».
La situation n'est pas meilleure à l'université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar qui, selon Le Monde, « accueille plus de 90 000 des 240 000 étudiants du pays, mais ne compte aucune cellule d'accompagnement psychologique ».
Le reportage du journal met en lumière les conditions de vie difficiles des étudiants : « les chambres exiguës en colocation, les privations de nourriture – les 7 000 francs CFA mensuels en coupons ne permettent pas plus d'un repas par jour au restaurant universitaire –, et la pression sociale alors que le niveau pédagogique ne cesse de se dégrader ».
À cela s'ajoutent des retards considérables dans le versement des bourses, « parfois de 14 mois », précise Le Monde. Un étudiant prénommé Mohamed, membre d'un collectif de tous les masters 2 de l'UCAD, explique au journal : « Les autorités font croire que nous serions des privilégiés, alors qu'avec le système des bourses nous faisons vivre nos familles restées au village et payons nos études ».
Ce même étudiant conclut avec amertume : « Tout concourt à notre déclassement. Le suicide de Matar en est le symptôme ». Et Al Jabbar Adebo de lancer cet appel poignant rapporté : « Combien de Matar faudra-t-il au gouvernement pour réagir et comprendre l'ampleur du feu qui couve au sein de la jeunesse sénégalaise ? »
Par Vieux SAVANE
LA HONTE !
"Il s’appelle Thiam. Quand tu quittes le Sénégal pour venir en Côte d’Ivoire, tu vas sauter d’abord un pays…le nom de Thiam est de quelle région de la Côte d’Ivoire ?" Ces propos ignobles sont indignes d’une Côte d’Ivoire résiliente
« Il s’appelle Thiam. Quand tu quittes le Sénégal pour venir en Côte d’Ivoire, tu vas sauter d’abord un pays…le nom de Thiam est de quelle région de la Côte d’Ivoire? » Pénible résurgence d’une histoire récente douloureuse tournée autour de cette « identité meurtrière » que symbolise « l’Ivoirité »
Immondes, indignes, insoutenables sont les propos de Célestin Serey Doh, ministre délégué auprès du ministre des Transports chargé des affaires maritimes de Côte d’Ivoire, prononcés le 8 février dernier, à Tacourably, à l’ouest du pays dans la région des Dix-huit Montagnes.
Ces propos ignobles sont indignes d’une Côte d’Ivoire résiliente, qui sort péniblement de longues années de guerre civile et fait la fierté de beaucoup d’Ivoiriens et d’Africains pour son dynamisme économique.
Tidjane Thiam est un digne fils de l’Afrique, un digne fils de Côte d’Ivoire, de Guinée, Du Cameroun, du Ghana, d’Ethiopie, du Congo, etc. Par son cursus, il est une fierté africaine. On ne peut que s’étonner du fait que le président de la République dont le serment en fait le garant de la cohésion nationale ne l’ait pas débarqué illico presto ou suspendu de son poste.
En attendant, un citoyen a saisi le Procureur de la République pour exiger l’ouverture d’une enquête et l’application des sanctions pénales prévues par la loi notamment en son article 227 qui punit d’une peine d’emprisonnement d’1 à 2 ans et d’une amende de 500.000 à 2.000.OOO FCFA », toute personne qui se « rend coupable de racisme, de xénophobie, de tribalisme ou de discrimination ».
LA CRISE CONGOLAISE VUE PAR BOUBACAR BORIS DIOP
De la Conférence de Berlin au génocide des Tutsi, en passant par les discriminations contre les Congolais rwandophones, l'intellectuel sénégalais remonte le fil d'un conflit aux racines profondes
(SenePlus) - Dans un entretien accordé au journaliste Momar Dieng d'Impact.sn, l'écrivain et intellectuel sénégalais Boubacar Boris Diop, décrypte les enjeux complexes du conflit qui secoue l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), offrant une perspective historique et géopolitique rarement mise en lumière.
La prise récente de Goma par le M23 s'inscrit, selon l'analyste, dans une longue histoire de tensions régionales dont les racines remontent à la fin du XIXe siècle. La Conférence de Berlin (1884-1885) constitue un point de départ crucial, ayant redessiné arbitrairement les frontières africaines. "L'Afrique a été découpée comme on l'aurait fait d'un zoo gigantesque", souligne l'écrivain, pointant du doigt la mentalité raciste des élites européennes de l'époque qui a conduit à ces décisions aux conséquences durables.
Le Rwanda, amputé alors de plusieurs territoires au profit de l'Ouganda, de la Tanzanie et de l'actuelle RDC, ne cherche pourtant pas à reconquérir ces terres, précise Boubacar Boris Diop. Il décrit le président Kagame comme "beaucoup trop rationnel pour caresser une telle idée", soulignant que les enjeux actuels sont ailleurs.
L'héritage du génocide de 1994 constitue, selon l'intellectuel, une clé de compréhension essentielle du conflit. La présence en RDC des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), composées d'anciens génocidaires ayant fui grâce à l'Opération Turquoise, représente une menace existentielle pour le Rwanda. "Dans l'imaginaire des Rwandais qui savent dans leur chair ce que signifie le mot génocide, un seul FDLR c'est un génocidaire de trop", explique-t-il avec force.
La situation des Congolais rwandophones constitue un autre aspect critique du conflit. L'écrivain révèle qu'en 1965 déjà, ces populations étaient privées du droit de vote, et plus récemment exclues de la "Conférence nationale souveraine" du Zaïre. Cette discrimination systématique, couplée à des violences ethniques, fait écho aux événements qui ont précédé le génocide rwandais, créant une inquiétude légitime à Kigali.
Concernant le soutien présumé du Rwanda au M23, Boubacar Boris Diop adopte une position nuancée. S'il reconnaît une présence militaire rwandaise en RDC, il refuse de réduire le M23 à un simple instrument de Kigali. "Les rebelles du M23 sont des citoyens qui exigent précisément la reconnaissance de leur nationalité congolaise", affirme-t-il, ajoutant que "beaucoup de jeunes combattants du M23 se considèrent en état de légitime défense".
La chute rapide de Goma pourrait marquer un tournant décisif dans la région. L'auteur de "Murambi" souligne l'échec de la stratégie du président Tshisekedi, qui aurait misé sur une victoire militaire rapide contre le Rwanda en s'appuyant sur des mercenaires étrangers et diverses forces armées. "Ma conviction est qu'il y aura un avant et un après Goma 2025", prédit-il.
L'intellectuel s'attaque également aux idées reçues concernant les ressources minières de la région. Contrairement aux allégations répandues, le Rwanda est le deuxième producteur mondial de coltan, après la RDC mais devant le Brésil, le Nigeria et la Chine. Il appelle à un travail d'enquête journalistique approfondi pour identifier les véritables acteurs de l'exploitation minière dans l'Est du Congo.
Quant à l'avenir de la RDC, Boubacar Boris Diop évoque la possibilité d'une solution fédérale, tout en soulignant que cette décision appartient aux Congolais eux-mêmes. Il insiste sur la nécessité d'un leadership fort, comparable à celui de figures historiques comme Nyerere ou Mandela, pour surmonter les défis actuels. "Ce n'est pas en réveillant les démons de la haine qu'on peut se donner une chance de refermer la funeste page ouverte en janvier 1961 par l'assassinat de Patrice Lumumba", conclut-il.
L'intellectuel appelle à une approche plus nuancée et moins manichéenne du conflit, soulignant que la RDC est "le terrain des jeux les plus malsains du monde entier" où interviennent de nombreux acteurs internationaux, bien au-delà du seul Rwanda.
LA QUESTION DES RÉPARATIONS POUR L’AFRIQUE EST RELANCÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le 38ème Sommet de l'UA pose clairement la question des réparations coloniales, avec un soutien international grandissant incluant l'ONU. Il reste aux sociétés civiles africaines de s’en saisir
Le 38ᵉ Sommet de l'Union africaine (UA) a effectivement discuté de la question des réparations en mettant un accent particulier sur le thème annoncé « Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations ».
« Le Conseil économique, social et culturel de l'UA (ECOSOCC) a affirmé que « les réparations sont le sujet brûlant à Addis-Abeba ». Le général-major Dr. al-Tayeb Abdul Jalil, professeur soudanais de droit international, a élaboré une carte des réparations, estimant que Londres doit 700 milliards de dollars au seul Soudan en raison des pertes subies durant la domination coloniale britannique.
Dr. al-Tayeb Abdul Jalila indiqué qu’il ne parlait pas au nom du seul Soudan mais de plusieurs pays africains, ajoutant : « La compensation matérielle n'est pas une tentative de mesurer les souffrances en argent, mais une opportunité de consacrer ces fonds au développement de nos pays. »
La Première ministre de la Barbade, Mia Motley a quant à elle lancé un appel passionné en faveur des réparations, en demandant à l’Europe et aux USA de commencer par reconnaître leurs torts historiques.
"Dites pardon. Dites pardon et soyez sincères. Et après avoir dit pardon, reconnaissez que l'avenir du monde n'est pas possible sans la stabilité de l'Afrique et de sa diaspora", a-t-elle souligné.
La Première Ministre Mottley a souligné la nécessité d'actions tangibles telles que la création de ponts aériens et maritimes pour faciliter les voyages et les échanges entre l’Afrique et les Caraïbes.
Le Secrétaire de l’Organisation des Nations Unies, M. Antonio Guterres a pour sa part pris position très clairement an faveur des réparations en déclarant notamment devant l’Assemblée Générale, au cours de son allocution du 15 février 2025 :
« Le monde ne doit jamais oublier que l’Afrique est victime des effets conjugués de deux injustices colossales. Tout d’abord, les profonds ravages du colonialisme et de la traite transatlantique des esclaves. C’est un mal dont les racines remontent à plusieurs siècles et dont les Africains et les personnes d’ascendance africaine continuent de pâtir aujourd’hui encore…La décolonisation, en elle-même, n’a pas été une panacée. L’indépendance politique n’a pas débarrassé les pays des structures fondées sur l’exploitation et des décennies de sous-investissement économique, social et institutionnel. Il est grand temps de mettre en place des cadres de justice réparatrice… »
Ainsi la question des réparations de la part de l’Europe et des Etats Unis en faveur de l’Afrique a été relancée par le 38eme Sommet de l’Union Africaine.
Il reste aux sociétés civiles africaines de s’en saisir et de faire sorte que les chefs d’Etat posent des actes concrets, en direction de l’ONU notamment pour la réalisation des engagements pris au cours de ce 38eme Sommet.
Image d'illustration: Alwihda Info
L’ÉTAT D'URGENCE DES PRISONS SÉNÉGALAISES
Environ 14 000 détenus se partagent 10 000 places. Les détentions provisoires peuvent durer jusqu'à six ans. Une situation explosive qui, selon l'ONU, "peut entraîner des conséquences dramatiques"
(SenePlus) - Une poudrière qui menace d'exploser. C'est le constat alarmant dressé par Alice Jill Edwards, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture, à l'issue de sa mission d'inspection des prisons sénégalaises menée du 3 au 14 février, rapporte Jeune Afrique. Le tableau qu'elle dépeint est sans appel : une surpopulation carcérale atteignant 40%, des conditions de détention qualifiées d'inhumaines et un système pénitentiaire au bord de la rupture.
Les chiffres sont éloquents : environ 14 000 détenus se partagent 10 000 places dans 37 établissements pénitentiaires à travers le pays. Une situation explosive qui, selon la rapporteuse spéciale citée par Jeune Afrique, "peut entraîner des conséquences dramatiques, telles que des émeutes, des violences ou la propagation soudaine et incontrôlable de maladies infectieuses ou transmissibles."
Le problème est d'autant plus grave que les normes d'occupation sont parfois définies selon des critères budgétaires plutôt que sur la base du nombre de lits disponibles. Certains détenus ont confié à la rapporteuse qu'ils avaient "l'impression d'être détenus dans des conditions proches de l'esclavage".
Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal, confirme à JA la vétusté des installations : "Héritées de l'époque coloniale, celles-ci sont vétustes et surpeuplées." La construction de nouvelles prisons reste exceptionnelle, comme à Fatick ou à Sébikotane, la tendance étant plutôt à la rénovation des bâtiments existants.
Face à cette situation, la rapporteuse de l'ONU suggère de s'inspirer d'autres pays qui ont vendu leurs anciennes prisons coloniales pour les transformer en hôtels, utilisant les fonds pour construire des établissements modernes.
L'enquête révèle également des dysfonctionnements majeurs dans le système judiciaire. La détention provisoire peut s'étendre jusqu'à six ans dans l'attente d'un procès. Selon Seydi Gassama, cité par Jeune Afrique, cette situation s'explique en partie par "la culture punitive du ministère public", les procureurs requérant presque systématiquement la détention, même pour des infractions mineures liées aux réseaux sociaux.
Le manque de magistrats aggrave le problème en rallongeant mécaniquement la durée des instructions. La rapporteuse préconise des mesures radicales, notamment la réduction automatique de 20% des peines pour les condamnations de plus de trois ans et la libération des détenus en attente de jugement depuis plus d'un an, sauf pour les crimes les plus graves.
Depuis l'alternance politique récente, Jeune Afrique note quelques évolutions positives : "De plus en plus de délinquants présumés sont jugés en flagrant délit" et les peines prononcées sont souvent assorties du sursis ou relativement courtes, selon Seydi Gassama. Le gouvernement montre également sa volonté d'agir, avec la construction en cours d'une nouvelle prison de 2 500 places et le développement d'alternatives à l'incarcération, comme le bracelet électronique.
Toutefois, ces mesures semblent insuffisantes face à l'ampleur du défi. Le système carcéral sénégalais nécessite une réforme en profondeur pour sortir de cette situation que l'ONU qualifie d'inhumaine, conclut le magazine panafricain.
LE CADAP, UN PARTENARIAT POUR BOOSTER L’ACCÈS AUX DONNÉES CARBONE EN AFRIQUE
Ce partenariat a pour but de libérer le potentiel de l’Afrique en facilitant l’accès aux informations sur les marchés du carbone et en fournissant des données détaillées sur plus de 21 000 projets carbone.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la plateforme de données carbone Sylvera ont annoncé lundi un nouveau partenariat, dénommé « le Partenariat d’Accès aux Données Carbone (CaDAP) », noué en marge du 38ᵉ Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba. L’objectif est selon les initiateurs de libérer le potentiel de l’Afrique.
Dans un communiqué, le Pnud renseigne que le CaDAP améliorera l’accès aux informations sur les marchés du carbone pour les pays africains et mettra à disposition des gouvernements participants des données détaillées sur les projets carbone via la plateforme de Sylvera, leur donnant accès à des informations sur plus de 21 000 projets. Ce partenariat permettra aux responsables gouvernementaux africains d’avoir une vision complète des projets carbone existants et prévus sur leurs territoires. En facilitant l’accès à ces données, cette nouvelle initiative vise, selon les promoteurs à renforcer l’engagement des pays africains sur les marchés du carbone et à libérer des financements carbone, notamment dans le cadre de l’Article 6 de l’Accord de Paris.
Par ailleurs, ces données aideront à la prise de décisions politiques, amélioreront la préparation des pays hôtes et favoriseront un cadre réglementaire plus attractif pour les investissements. « L’Afrique joue un rôle clé dans la transition vers la neutralité carbone et se trouve à l’avant-garde de l’action climatique. Ce partenariat avec le PNUD renforce notre mission en nous permettant de nous appuyer sur son travail et son expertise, afin de fournir des informations carbone critiques pour agir en faveur d’une croissance économique, » a déclaré la Présidente Directrice générale (PDG) de Sylvera, Allister Furey.
De son côté, le PNUD s’est engagé à faciliter l’utilisation de données crédibles, actualisées et complètes aux gouvernements africains. Car, celles-ci sont essentielles pour pouvoir prendre des décisions informées en matière de politique et d’investissement, et pour optimiser les bénéfices des marchés du carbone. Le CaDAP soutiendra, selon la même source, les efforts visant à garantir que les crédits carbone africains soient valorisés plus équitablement sur les marchés mondiaux. Malgré le vaste potentiel de l’Afrique pour des projets carbone de haute intégrité, ses crédits ont souvent été sous-évalués en raison d’un accès limité à des données transparentes et à des mécanismes de notation standardisés.
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LA RELATION PLUTÔT QUE LA DOMINATION
Comment résister quand l'obscurantisme gagne du terrain ? Dans un entretien avec Edwy Plenel, Patrick Chamoiseau propose de réinventer notre rapport au monde par la poésie et l'art, seuls remparts contre la "bêtise" du capitalisme triomphant
Dans un entretien riche et profond accordé à Edwy Plenel pour la dernière édition de son émission "L'échappée", l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau livre une analyse saisissante de notre époque. Le lauréat du Prix Goncourt pour « Texaco » dévoile sa pensée depuis la Maison de l'Amérique latine à Paris, lieu symbolique que le cofondateur de Médiapart décrit comme subversif face à l'appropriation du terme « Amérique » par Donald Trump.
Le "marqueur de paroles", comme il aime se définir en représentant une expression martiniquaise, s'inquiète de l'entreprise grandissante du capitalisme extrême. Selon lui, ce système renforce ce qu'il nomme la "bêtise", un obscurantisme qui nous coupe du monde. Face à cette dérive, Chamoiseau appelle à développer un autre imaginaire, y compris dans la vie quotidienne : dans notre façon de consommer, de nous déplacer, de nous nourrir.
L'invité de Plenel observe une disparition préoccupante du poétique dans nos sociétés. Il propose une articulation entre le prosaïque (la sécurité, les besoins fondamentaux) et le poétique (la joie, l'amitié, la fête, la créativité, l'amour). Pour l'écrivain martiniquais, l'art de vivre aujourd'hui consiste non pas à opposer ces dimensions, mais à permettre au poétique d'irriguer pleinement la nécessité prosaïque.
Héritier de la pensée d'Édouard Glissant, Chamoiseau développe le concept de « relation », central dans sa réflexion. Cette notion implique la reconnaissance et le respect de la diversité du monde, s'opposant aux réponses identitaires et aux grands récits dominants. Face à la montée des nationalismes et des extrémismes, l'auteur de "Frères Migrants" insiste sur l'importance de percevoir les émergences positives dans les "épaisseurs du réel".
Le romancier souligne également le rôle crucial des stimulations artistiques et esthétiques pour élargir notre sensibilité et notre perception du monde. Il cite notamment le "Cahier d'un retour au pays natal" d'Aimé Césaire comme exemple d'un "organisme narratif" qui transcende la simple poésie pour devenir un outil de résistance et de compréhension du monde.
Chamoiseau dessine les contours d'un nouvel humanisme, non plus vertical mais horizontal, ancré dans la mondialité plutôt que dans la mondialisation économique. Cette vision, explique l'écrivain, s'incarne dans un monde de rencontres, de mobilité et d'hospitalité, en opposition directe avec les réponses identitaires et nationalistes actuelles.
Par Adama Ba
L'IA, LA BOITE DE PANDORE DE NOTRE ÉPOQUE
L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle suscite une inquiétude grandissante. À l’image du mythe de Frankenstein, l’homme risque de perdre le contrôle de sa propre création, entraînant un bouleversement intellectuel et existentiel sans précédent
L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle suscite une inquiétude grandissante. À l’image du mythe de Frankenstein, l’homme risque de perdre le contrôle de sa propre création, entraînant un bouleversement intellectuel et existentiel sans précédent. Entre progrès technologique et menace pour la pensée humaine, l’avenir semble incertain.
Francis Fukuyama n'avait sans doute pas tort lorsqu'il prophétisait la fin de l'homme. Comme Frankenstein avec sa monstrueuse créature, l'intelligence humaine risque de perdre le contrôle de sa propre création : l'intelligence artificielle. Avec les logiciels ChatGPT ou Deepseek, l'humanité risque d'hériter de générations d'idiots et de débiles. Le développement spectaculaire du numérique est en train d'engendrer des conséquences désastreuses, car il a déjà commencé à nous plonger dans les abysses de la bêtise humaine.
En plus de l'angoisse existentielle, on assiste, dès lors, à l'avènement d'une nouvelle angoisse qu'il conviendrait d'appeler à juste raison l'angoisse du numérique. En effet, cette angoisse secoue le monde entier telle une pandémie qui échappe au contrôle des spécialistes les plus aguerris. Face à son propre piège, l'homme semble désorienté et déboussolé par une situation dramatique : dans dix ans, par exemple, personne n'a une idée de ce que l'avenir de l'intelligence artificielle nous réserve. Sommes-nous en train de foncer inéluctablement vers une fin imminente ? Certes, la question est terrible, mais elle mérite réflexion.
Cependant, l'hégémonie techno-scientifique ou technologique, quoique bénéfique, doit être axiologiquement limitée et encadrée. Sinon, le réveil de l'humanité dans un avenir très proche risque d'être fatal.
Le monde n'est pas encore rétabli des deux grandes guerres qui ont marqué son évolution. Mais la grande menace qui pèse aujourd'hui sur lui comme une épée de Damoclès est l'intelligence artificielle. Ce Prométhée du XXIᵉ siècle est en train, malheureusement, de semer un désordre intellectuel dans les écoles et les universités.
À cause des logiciels comme ChatGPT ou Deepseek, les élèves et les étudiants délèguent leur réflexion, leur capacité d'analyse à l'intelligence artificielle. Et si la réflexion meurt en l'homme, c'est ce qu'il y a de plus fondamental en lui qui est réduit au silence ou même anéanti. Si l'ordinateur ou le téléphone portable devient plus intelligent que l'homme, alors c'est l’apocalypse intellectuelle chez l'humain.
Entre l'homme et la machine, choisissons vite, sinon ce sera le suicide collectif.
Par Fatou Warkha SAMBE
CES MAUX QUE L’ON TAIT
Certains s'identifient au message de Matar Diagne, d'autres ont été sauvés par du soutien. Mais beaucoup restent sans aide. Sommes-nous assez attentifs à la souffrance autour de nous ?
Nous vivons dans une société où l’espoir s’efface lentement, comme un murmure étouffé par le bruit des exigences et des illusions perdues. Une jeunesse en quête d’avenir se cogne contre un mur d’indifférence, traînant derrière elle des rêves brisés et des ambitions érodées par l’incertitude. Nous avançons, fatigués, sous le poids des attentes familiales, des contraintes économiques et des inégalités qui s’étirent comme une ombre. Exprimer son mal-être est perçu comme une faiblesse, alors que c’est parfois le seul cri qui nous reste avant de sombrer.
Chaque disparition tragique, chaque acte de violence lié à la santé mentale secoue l’opinion publique comme une onde de choc qui s’éteint aussitôt qu’elle est née. Nous nous sentons tous concernés, car chacun porte en lui des blessures invisibles, des douleurs qu’il tait par peur d’être incompris. Mais combien de ces douleurs resteront-elles sans écho ? Combien de vies s’éteindront en silence, noyées sous l’injonction à tenir, à paraître invincibles dans un monde qui broie sans relâche ?
La lettre publiée sur la page de Matar Diagne, cet étudiant retrouvé sans vie dans sa chambre à l’Université Gaston Berger, dont l’autopsie a confirmé la thèse du suicide, a ravivé un malaise profond. Ce qui bouleverse dans ces réactions, ce n’est pas seulement la douleur d’un destin brisé, mais la façon dont chacun y projette sa propre lutte. Certains se reconnaissent dans les mots laissés, d’autres témoignent de l’importance d’un soutien qui les a sauvés. Mais pour tant d’autres, il n’y a ni oreille attentive, ni regard bienveillant, ni main tendue pour retenir leur chute. Nous courons après la réussite, pensant que les biens matériels combleront le vide. Pourtant, ce manque est là, profond, abyssal. Nous avons soif d’amour, de reconnaissance, d’un lieu où être soi ne soit pas un luxe. Même ceux qui condamnent son geste ne le font pas toujours par conviction religieuse, mais parce qu’ils vivent la même détresse, parfois pire, et s’accrochent malgré tout, tentant de survivre là où l’on ne laisse aucune place à la vulnérabilité. Les cas de détresse explosent, et pourtant, la santé mentale demeure un tabou. On nous apprend à sourire même quand tout s’effondre, à tenir même quand nous sommes à bout, à ravaler nos peines pour ne pas déranger. Mais qui prend soin de celles et ceux qui portent ce fardeau invisible ?
L’absence de prise en charge de la santé mentale est une blessure béante dans notre société. Peu de structures existent pour accompagner ceux qui souffrent, et celles qui existent restent inaccessibles, faute de moyens ou par manque d’information. L’impact de cette négligence est terrible : des vies brisées, des familles détruites, des générations entières condamnées à porter un poids qu’ils n’ont jamais choisi. L’anxiété chronique, la dépression, les pensées suicidaires, l’épuisement émotionnel ne sont pas de simples états d’âme : ce sont des silences qui tuent à petit feu.
L’histoire se répète inlassablement, comme une pièce de théâtre dont nous connaissons déjà la fin. En 2012, les révélations sur les milliards détournés faisaient la Une, les scandales s’empilaient, les promesses de justice se multipliaient. Mais au fil du temps, l’indignation a cédé la place à l’oubli, et les coupables ont disparu dans l’ombre, protégés par un système qui pardonne aux puissants. Aujourd’hui, les chiffres de la Cour des comptes révèlent de nouvelles malversations, des fonds publics dilapidés à une échelle insoutenable. Encore une fois, ces révélations captivent, suscitent la colère, mais pour combien de temps ? La population endure, souffre, se débat avec des urgences bien plus pressantes que ces scandales qui finissent toujours par être enterrés.
Sommes-nous condamnés à revivre le même cycle de mensonges et d’impunité ?
Ces scandales «politiques» occultent déjà la tragédie de cet étudiant, comme tant d’autres injustices. Mais ils ne peuvent effacer la peur qui brille dans les regards, celle de ces centaines de citoyens qui, du jour au lendemain, se retrouvent au chômage à cause de décisions politiques. Que ce soit la fermeture des bases françaises, les politiques d’austérité -comme la récente décision de Donald Trump de supprimer des agences comme l’Usaid et de suspendre d’autres institutions d’aide internationale- ou encore ces nouveaux directeurs d’agence qui licencient pour recruter des militants en guise de récompense politique. Ces licenciements de masse exacerbent une crise de l’emploi déjà insoutenable, où les opportunités sont rares et l’espoir d’un avenir stable s’amenuise chaque jour un peu plus.
Le harcèlement en ligne est devenu une arme invisible, mais dévastatrice. Derrière un écran, les mots fusent sans retenue, les humiliations s’enchaînent, les accusations se propagent comme une traînée de poudre. Pour certaines victimes, ce n’est pas seulement une question d’image ou de réputation : c’est un poids psychologique qui les écrase, les enfermant dans une spirale d’anxiété, de honte et parfois même de désespoir. Combien d’adolescents, de militants, de personnalités publiques ont sombré sous le poids de cette violence numérique ? Combien de vies ont été brisées par une rumeur amplifiée, par des insultes incessantes, par l’acharnement collectif d’inconnus qui ne mesurent pas l’ampleur des cicatrices qu’ils laissent derrière eux ? Des nuits entières sont consacrées à des «révélations» sans preuve, à l’étalage public de l’intimité des personnes, aux accusations infondées relayées pour faire de l’audience. Des vies sont brisées par des sextapes diffusées sans consentement, par des mensonges orchestrés pour salir une réputation, par des familles endeuillées qui voient l’histoire de leurs défunts déformée et exploitée pour le divertissement. Derrière chaque scandale viral, il y a des êtres humains piégés dans un lynchage collectif, qui ignore les séquelles psychologiques qu’il laisse derrière lui.
Combien de personnes souffrent en silence, accablées par le manque d’affection, par des attentes irréalistes, par des trahisons qui laissent des plaies profondes ? Dans un monde où le matériel prend le dessus sur les sentiments, où la valeur d’un individu semble parfois se mesurer à ce qu’il possède plutôt qu’à ce qu’il est, les liens humains se fragilisent. Les cadeaux remplacent les paroles réconfortantes, la réussite financière se substitue à la tendresse, et les connexions authentiques s’effacent derrière des obligations superficielles. Combien d’âmes se brisent sous le poids d’une relation toxique, d’un amour non partagé, d’un rejet familial ou de l’indifférence d’un ami ? L’absence d’écoute, le manque de reconnaissance, l’incapacité à exprimer ses émotions sans peur du jugement transforment parfois les liens affectifs en blessures qui ne cicatrisent jamais. Car la solitude ne vient pas toujours d’un isolement physique, mais souvent du sentiment d’être incompris, invisible, même entouré.
Regardons-nous vraiment ceux qui souffrent autour de nous ? Sommes-nous capables d’entendre les silences pesants, ces non-dits qui trahissent une détresse que l’on refuse de voir ?
L’Etat doit agir maintenant. Il ne peut plus ignorer la douleur de son peuple. Pourquoi la santé mentale n’est-elle toujours pas une priorité ? Pourquoi les budgets alloués aux infrastructures psychologiques sont-ils si dérisoires face à l’ampleur du problème ? Pourquoi la Justice ne protège-t-elle pas mieux les victimes des lynchages médiatiques, du harcèlement en ligne et de la détresse psychologique qui en découle ? Il est temps d’offrir de vraies solutions, d’écouter, de protéger, d’agir.
Moi aussi, comme vous, je ressens le poids des attentes, des jugements, de toutes ces injonctions qui dictent nos vies et nous enferment dans des cases trop étroites. Comme vous, j’ai été ébranlée par les mots qui blessent, les silences qui tuent, les déceptions qui marquent. Mais ce qui me permet de tenir, ce qui me permet de croire encore, c’est cette infime lueur qui, même vacillante, refuse de s’éteindre. Dans tout ce que je traverse, dans chaque chute et chaque doute, je cherche ce fil invisible qui relie encore mon cœur à l’espoir. Parfois, c’est un sourire échangé, une présence discrète mais précieuse, une main tendue quand je n’y croyais plus. Si vous ne l’avez pas encore trouvée, cherchez cette lumière, même minuscule, qui réchauffe l’âme et rappelle que nous ne sommes pas seuls. Que même dans l’obscurité la plus totale, il y a toujours une promesse d’aube. Prenons soin de nous, osons demander de l’aide, osons exister pleinement, car chaque souffle porte en lui la possibilité d’un renouveau.
Par Vieux SAVANE
S’AJUSTER PAR L’EXEMPLE
La meilleure manière de mobiliser les troupes, c’est de se mettre en première ligne. On jette tout le clinquant et le m’as-tu vu qui coûtent cher au trésor public et n’apportent aucune plus-value.
«Ce qui s’est passé est inadmissible, incompréhensible et porte préjudice au Sénégal », a indiqué Ahmadou Al Aminou Lô, Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, en commentant hier dimanche, le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques pour la période 2019- 2024. Et de préciser qu’« il va falloir serrer la ceinture, en commençant par l’Etat », avec une suppression d’agences, une rationalisation des subventions, des dépenses de transfert, des exonérations.
Selon le ministre, « L’heure est extrêmement grave parce que des gens investis de la confiance du peuple ont eu à avoir des comportements qui ont consisté à fausser les comptes ». Aussi a-t-il indiqué : "Si on écoute tout le monde dans ses revendications, c'est un naufrage collectif qui nous attend".
On veut bien le croire, mais à lui et au gouvernement auquel il appartient, de convaincre en donnant l’exemple. La meilleure manière de mobiliser les troupes, c’est de se mettre en première ligne. On jette les costumes, on baisse les salaires des ministres, on rationalise les agences, on en finit avec ces longs cortèges de voiture rutilantes, les voyages en première classe aux frais de la princesse. En un mot avec tout le clinquant et le m’as-tu vu qui coûtent cher au trésor public et n’apportent aucune plus-value.
On l’aura compris, il appartiendra au gouvernement d’être soucieux au premier chef de la bonne gestion de l’argent public, de montrer de la sobriété, de l’engagement. Il se doit de délivrer un message fort à savoir qu’on n’accède pas au pouvoir pour bénéficier de privilèges qui grugent le trésor public mais pour se mettre au service des populations. C’est la manière la plus probante d’opérer un changement de paradigme susceptible de ruisseler sur des pans entiers de la population et d’entrainer l’adhésion de la plupart des Sénégalais et de les amener à consentir à faire des sacrifices, même s’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
A l’endroit de l’ancien régime, le ministre dit avoir personnellement alerté, en tant qu'ancien directeur national de la BCEAO, sur les dangers de sa gestion hasardeuse. Ce que viendrait conforter les révélations accablantes contenues dans le rapport de la Cour des comptes, relativement à l'endettement du Sénégal qui atteint désormais 99,65% du PIB, pulvérisant le plafond de 70% fixé par les normes communautaires.
Mais cela ne saurait être un argument suffisant pour la simple raison que tout pouvoir « hérite du passif comme de l’actif » du régime qui l’a précédé.
Habitués en effet aux beaux discours non suivis d’effets, les Sénégalais veulent à coup sûr sortir de l’ère de la communication tous azimuts pour entrer de plain-pied dans le monde de la concrétude. Ils veulent que s’édifie une gouvernance respectueuse des lois et règlements, avec des autorités exemplaires qui ne profitent pas de leurs positions pour se la couler douce mais se positionnent plutôt comme des modèles en arrivant les premiers au bureau et en ressortant les derniers.
Il est essentiel d'assumer pleinement les responsabilités du pouvoir en mettant en œuvre des politiques inclusives et efficaces. La stabilité d'un pays repose en effet sur la cohésion sociale et l'équité dans la gestion des affaires publiques. Seules la transparence, la justice et la rigueur permettront de surmonter les défis et de bâtir un État fort et respecté.
A l’évidence tout le monde a conscience que durs sont les temps d’aujourd’hui, comme l’attestent toute cette vague de jeunes gens et de jeunes filles prêts à tout pour s’exiler, sous la couverture de la migration circulaire ou à leurs risques et périls, à la recherche de champs d’avenir à cultiver. Les centrales et fédérations syndicales qui se sont réunies vendredi dernier à la Bourse du travail de la Cnts (Keur Madia) et affirmé leur intention de déclencher une grève générale pour la défense des intérêts de leurs mandants seront certainement plus enclines à entendre un gouvernement qui met sur la table les sacrifices auxquels il va consentir en premier.
C’est dire que ce vent de fronde qui semble vouloir souffler appelle à instaurer au plus vite des relations de confiance avec les partenaires sociaux et les citoyens. Aussi, la publication du rapport définitif de la Cour des Comptes mercredi dernier, invite-t-elle au contraire à nous garder de toute conjecture pour nous inscrire dans un véritable et fécond débat de fond. Celui qui convoque l’esprit critique avec l’objectif d’identifier, étape par étape, les goulots d’étranglements qui compriment le Sénégal depuis près de 65 ans, l’empêchant d’afficher la ferme volonté d’avancer vers une gestion vertueuse des deniers publics, piétinant comme interdit de mouvement, sous peine de se voir aspirer par les sables mouvants de la mal gouvernance. Au-delà de toute mise en scène, il revient au président de la République Bassirou Diomaye Faye, au Premier ministre Ousmane Sonko, aux ministres et à l’ensemble du gouvernement de prendre la pleine mesure de leurs responsabilités. Aux partenaires sociaux, à la société civile, aux médias, de rester vigilants et sans concession dans la consolidation d’un Etat de droit soucieux de la bonne gestion des deniers publics. Plus que jamais, le leadership doit s'incarner dans une action efficace, guidée par la responsabilité et la justice. Il en va de notre vitalité démocratique.