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24 avril 2025
Développement
LES DAMES AU POUVOIR
Après avoir présidé aux destinées du Conseil économique, social et environnemental, les femmes veulent désormais la présidence de l’Assemblée nationale et celle de la République
L’appétit venant en mangeant, les organisations de femmes qui ont acquis de haute lutte la parité depuis 2010, n’ont plus d’yeux que pour la deuxième institution de la République, en attendant une femme présidente.
Hier, à l’occasion d’une réunion d’évaluation entre le Collectif des organisations de la société civile et le National Démocratic Institute, Safiétou Diop, Présidente du Réseau Siggil Jigéen, est revenue sur l’impératif pour elle de confier l’Assemblée nationale à une femme. ‘’Nous n’avons jamais été aussi proches du but. Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, une liste de la coalition au pouvoir a été dirigée par une femme. Elle a mené la campagne et a, malgré tout, quoi qu’on puisse dire, fait gagner sa coalition. Cela prouve, s’il en est encore besoin, que les femmes ont droit de cité dans ce pays. Personne n’ose plus en douter’’.
Le chemin fut assez long : 1975-2022, c’est près de 50 ans de lutte. D’année en année, des efforts ont été réalisés jusqu’à l’adoption de la loi sur la parité, en 2010. Laquelle a largement contribué à booster la présence des femmes au niveau des instances électives. Aujourd’hui, sur les 165 députés que compte l’Assemblée nationale, 73 sont des femmes, soit un taux de 44,2 %. En 2012, à la suite des premières élections sous l’emprise de la loi sur la parité, le Parlement comptait 65 femmes sur 150, soit un taux de 42,7 % ; 69 sur 165 députés en 2017 (41,8 %). Il y a des avancées notoires certes, mais pas assez. Les femmes en veulent toujours plus. Dernièrement, elles ont même réussi à obtenir des décisions de justice invalidant des bureaux municipaux pour non-respect de la parité. Jusque-là, beaucoup de collectivités territoriales faisaient fi de la loi sur la parité, quand il s’agit de choisir les adjoints aux maires. Des juridictions sont même allées jusqu’à souligner que si le maire est, par exemple, un homme, son premier adjoint doit être obligatoirement une femme.
Un autre combat de gagné pour les femmes. Selon Safiétou Diop, la loi sur la parité a été un vrai catalyseur. ‘’Depuis l’avènement de cette loi, on se bat pour son application effective. Lors des dernières Législatives, tous les efforts ont convergé vers l’émergence de plus de leadership des femmes. La campagne a montré qu’il y a une émergence effective d’un autre type de leadership féminin’’, insiste la membre du Cosce. ‘’Nous nous sommes battues pendant plus de trois générations. Ces résultats, nous le devons aux efforts de toutes les femmes et à toutes les organisations comme le Cosce qui, depuis 1999, œuvre dans ce sens. Ce travail de longue haleine a porté ses fruits, mais il ne faut pas pour autant baisser les bras. Il faut poursuivre la lutte, parce qu’il y a encore des efforts à faire’’, conseille-t-elle.
Désormais, les seuls combats qui vaillent pour la femme leader, c’est l’Assemblée nationale et la présidence de la République. ‘’Il est temps que les femmes soient portées à la tête de l’Assemblée nationale pour montrer de quoi elles sont capables. Voilà pourquoi on se bat pour l’atteinte de cet objectif. Les femmes ont prouvé qu’elles étaient compétentes dans les différents ministères et directions ; elles ont prouvé à la tête des deux institutions que sont le Conseil économique, social et environnemental et le Haut conseil des collectivités territoriales. Il faut aussi leur confier l’Assemblée nationale et la présidence pour boucler la boucle’’, confie la présidente de Siggil Jigéen.
Pour elle, la campagne pour les dernières Législatives est de bon augure, avec davantage de femmes qui se sont illustrées comme de véritables leaders. ‘’Les femmes ont tout pour diriger les plus hautes institutions de ce pays. Elles ont le parcours académique, professionnel et maintenant politique qu’il faut pour faire bouger les lignes. Il faut reconnaitre que la loi sur la parité a été un catalyseur’’.
Par ailleurs, malgré les avancées, des obstacles se dressent sur le chemin des femmes. A commencer par la présidence de l’Assemblée nationale. Ces obstacles semblent avoir un dénominateur commun, de l’avis de Safiétou Diop : le machisme des hommes boulimiques.
Selon la présidente du Réseau Siggil Jigéen, il s’agit précisément de la boulimie des hommes politiques pour le pouvoir et l’argent ; le déficit de reconnaissance des capacités des femmes à diriger malgré toutes les preuves et, enfin, le déficit de patriotisme de certains qui n’acceptent pas que les femmes puissent servir aux niveaux les plus élevés de responsabilité.
L'ÉTAT ISLAMIQUE S'EMPARE D'UNE LOCALITÉ MALIENNE CLÉ
Des jihadistes affiliés à l'Etat islamique se sont emparés mardi soir d'une localité stratégique du nord du Mali au prix d'âpres combats avec d'autres groupes armés de la région et des jihadistes rivaux liés à Al-Qaïda
Des jihadistes affiliés à l'Etat islamique se sont emparés mardi soir d'une localité stratégique du nord du Mali au prix d'âpres combats avec d'autres groupes armés de la région et des jihadistes rivaux liés à Al-Qaïda, ont indiqué un élu local, un responsable régional et un interlocuteur sur place.
Talataye, à environ 150 km de Gao, est régulièrement le théâtre de combats depuis le début du conflit malien en 2012, étant donné sa situation à la confluence des zones d'influence de différents groupes armés. Aucun bilan humain des combats n'était disponible mercredi matin.
Les combats de mardi illustrent la volonté d'extension territoriale manifestée récemment par les hommes affiliés à l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), qui multiplie les opérations au-delà de la zone déjà sous son emprise.
Les affrontements ont mis aux prises les combattants de l'EIGS et un certain nombre d'acteurs encore mal définis, compte tenu de la difficulté d'accès à l'information dans cette région désertique. Mais des jihadistes rivaux du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) faisaient partie de leurs adversaires, selon les sources de l'AFP. La nature de la relation entre les combattants du GSIM et des autres adversaires de l'EIGS n'a pu être précisée.
Le GSIM est très implanté dans les brousses de Talataye. Olivier Dubois, le journaliste français enlevé à Gao en 2021, s'y était rendu en vue d'un entretien avec le commandant du GSIM de Talataye. Des combattants du groupe pro-gouvernement Mouvement de salut de l'Azawad (MSA) et d'ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui ont combattu l'Etat malien avant de signer un accord de paix en 2015, sont aussi présents dans la zone.
Des affrontements "entre groupes jihadistes"
"Les gens de l'EIGS sont arrivés cet après-midi sur des motos, les combats ont duré trois heures", a dit mardi soir à l'AFP un combattant du MSA qui a pris part aux combats avant de se replier et qui a été joint par téléphone satellitaire. Les combattants de l'EIGS "ont pris Talataye" au crépuscule, a-t-il dit.
Un élu local a confirmé à l'AFP que "la mairie de Talataye et la ville" étaient mercredi matin aux mains de l'EIGS. Talataye consiste essentiellement en une agglomération de hameaux où vivent des milliers de personnes. Un responsable sécuritaire à Gao a confirmé des affrontements "entre groupes jihadistes".
Tous s'exprimaient sous le couvert de l'anonymat pour leur sécurité et en raison de la sensibilité de ces questions. La zone de Talataye, comme une grande partie du pays, échappent de fait au contrôle de l'Etat. L'armée malienne a dit mardi soir dans un communiqué avoir conduit une "reconnaissance offensive" par avion au-dessus de Talataye.
La junte au pouvoir depuis 2020 au Mali ne cesse d'affirmer avoir acculé les jihadistes à la défensive. "Grâce aux actions offensives menées, nos forces armées ont remporté des victoires décisives contre les groupes obscurantistes. Ces actions ont également permis à l’Etat de réaffirmer son autorité sur une grande partie du territoire national", déclarait ainsi mardi le chef de la diplomatie Abdoulaye Diop.
Par Seybani SOUGOU
ISMAILA MADIOR FALL, LE DROIT AU SERVICE DE L’IMPOSTURE
Tendant à légitimer nomination d'Awa Dieye, comme membre du Conseil Constitutionnel, le Juriste tailleur Ismaila Madior Fall, multiplie les écarts et les approximations juridiques, et engage, une nouvelle fois, le droit dans une trajectoire oblique
« L’ambition dont on n’a pas le talent est un crime » chateaubriand
Dans une contribution brouillonne, fondée sur un raisonnement bancal et absurde tendant à légitimer la nomination illégale de maître awa dieye, comme membre du Conseil constitutionnel, le juriste tailleur Ismaila Madior Fall, multiplie les écarts et les approximations juridiques, et engage, une nouvelle fois, le droit dans une trajectoire oblique. Son texte, qui est le fruit d’un laborieux colmatage, détonne par ses insuffisances marquées et par le nombre élevé d’inexactitudes, d’incohérences, et de contrevérités aussi bien dans les énoncés que les présupposés. L’incroyable audace dont il fait systématiquement montre pour défendre l’indéfendable défie le bon sens. Il y a incontestablement chez Ismaila Madior Fall une posture intellectuelle qui échappe à toute forme de rationalité.
Mais, revenons un instant au droit et à l’orthodoxie juridique, puisque c’est de cela dont il s’agit. Créé par la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012, l’office national de lutte contre la fraude et la corruption, « ofnac » est une autorité administrative indépendante, dont les membres dans l’exercice de leurs missions ne reçoivent d’instruction d’aucune autorité.
Article 6 de la loi n° 2012-30 portant création de l’Ofnac : avec l’inamovibilité des membres de l’ofnac, la temporalité de la démission d’un membre intervient avant le terme du mandat, et doit intervenir avant toute nomination dans une autre institution.
L’article 6 de la loi portant création de l’ofnac dispose « qu’il n’est mis fin, avant leur terme, aux fonctions de membre de l’Ofnac qu’en cas de démission ; décès ; faute lourde ou empêchement de l’intéressé dûment constatés par la majorité des membres sur le rapport du président ». l’autorité de nomination ne peut ni mettre fin au mandat d’un membre de l’ofnac avant son terme, ni contraindre un membre de l’Ofnac à la démission. La démission d’un membre de l’institution doit résulter d’un acte volontaire et d’un choix libre (elle ne doit pas être imposée). En nommant maître awa dieye membre du constitutionnel alors que son mandat à l’ofnac n’est pas arrivé à son terme, Macky sall a indirectement, de fait, poussé mme dieye à la sortie puisqu’il la contraint à démissionner à posteriori ; un acte illégal d’une extrême gravité. Les termes de l’article 6 sont clairs : pour mettre fin au mandat d’un membre de l’ofnac, avant son terme, il y a un préalable et 4 motifs : la démission (acte libre), le décès, la faute lourde, ou l’empêchement de l’intéressé. En conséquence, la démission doit précéder toute nouvelle prise de fonction.
Conclusion n°1 : en vertu du principe d’inamovibilité des membres de l’ofnac, la temporalité de la démission d’un membre intervient avant le terme du mandat, et doit intervenir avant toute nomination dans une autre institution, quelle qu’elle soit. Par conséquent, le décret n°2022-1572 en date du 1er septembre 2022, nommant maître Awa Dieye est illégal parce qu’elle aurait dû démissionner de l’Ofnac avant d’être nommée au Conseil constitutionnel.
La fonction de membre du Conseil constitutionnel et de membre de l’ofnac sont totalement incompatibles.
Dans sa logique de brouiller les repères, et de semer la confusion dans les esprits, Ismaila Madior Fall prétend avec une incroyable audace qu’il n’y a aucune incompatibilité expressément postulée par les textes entre membre du conseil constitutionnel et membre de l’ofnac ; au motif que me awa dieye n’est dans aucune des qualités visées par l’article 6 de la loi organique sur le Conseil constitutionnel relative aux incompatibilités. la première observation, c’est que Ismaël madior fall fait preuve d’une flagrante malhonnêteté intellectuelle, puisque d’une part maître dieye est avocate à la cour et d’autre part le décret n°2022-1572 la nommant fait référence à sa qualité d’avocate. l’article 6 de la loi organique relative au Conseil constitutionnel dispose que « les fonctions de membre du Conseil constitutionnel sont incompatibles avec l’exercice des professions d’avocat… ». Au 01 septembre 2022, date à laquelle maître dieye est nommée membre du conseil constitutionnel, elle est toujours avocate de profession et ne s’est pas mise en retrait de sa profession. En conséquence, maître awa dieye est parfaitement visée par l’article 6 de la loi organique du Conseil constitutionnel à la date de sa nomination.
La seconde observation, porte sur le fait que l’article 6 de la loi relative au Conseil constitutionnel pose le principe de l’incompatibilité générale de la qualité de membre du conseil avec d’autres fonctions, en listant des fonctions non compatibles avec le statut de membre du conseil (membre du gouvernement, titulaire d’un mandat électif, exercice de la profession d’avocat, officier ministériel, auxiliaire de justice… ..), Et rend inconciliable la qualité de membre du conseil avec l’exercice de toute activité professionnelle privé. Le dernier alinéa de l’article 6 qui dispose que « l’exercice de toute autre activité publique doit être autorisé par le conseil » concerne exclusivement une activité exercée à titre accessoire et dont l’autorisation est accordée à titre exceptionnel. À ce niveau, le Conseil constitutionnel reprend les dispositions applicables à la fonction publique, qui consistent pour un agent à consacrer l’intégralité de son activité professionnelle aux tâches qui lui sont confiées (les activités exercées à titre accessoire sont soumises à l’autorisation de l’administration). il existe une abondante jurisprudence sur la définition de la notion d’activité accessoire. Du point de vue de l’article 6 de la loi organique, la fonction de membre du conseil constitutionnel est totalement incompatible avec celle de l’ofnac, car la qualité de membre de l’ofnac ne relève pas d’une activité accessoire. C’est clair, net et précis. La troisième observation découle d’un simple bon sens. le président du conseil constitutionnel peut-il en même temps être nommé président de l’ofnac ? Il n’y a qu’Ismaël madior fall qui puisse affirmer une telle niaiserie. On voit bien jusqu’où un tel raisonnement par l’absurde peut nous mener.
Conscient que sa théorie loufoque ne tient pas une seule seconde, et ne parviendra à convaincre aucun esprit rationnel, madior fall par un rétropédalage dont il est coutumier conclut son argumentaire en ces termes « il reste évident que pour des raisons de commodité professionnelle et de cumul non approprié en pratique, l’intéressée, une fois nommée, pourrait et devrait démissionner de l’ofnac dans les jours qui suivent… ».
Ainsi donc, après avoir bâti tout son argumentaire, sur la compatibilité entre la fonction de membre du Conseil constitutionnel et celle de l’ofnac, Ismaël madior finit par lâcher prise et reconnaître l’évidence qui s’impose à lui ; soulignant que les 2 fonctions sont incompatibles pour des questions de commodité professionnelle et de cumul. Dans ses errements juridiques, on observera qu’Ismaël madior fall confond, cumul et incompatibilités, deux notions qui n’ont pas la même signification juridique. Mais en matière d’approximations juridiques, le mieux est à venir quand madior soutient que le mandat du président de l’ofnac ayant expiré depuis quelques jours, la continuité de l’institution pourrait être assurée par le président (en vertu de la jurisprudence de l’expédition des affaires courantes) ou par le vice-président (en vertu de la suppléance). Les carences répétées et l’incompétence du régime de macky sall en matière de nominations, son amateurisme, son impréparation et son incapacité à assurer la bonne marche de l’administration ne peuvent être résolues par un bricolage juridique et une suppléance à tout va. Au demeurant, l’illégalité de nombreux décrets pris par macky sall est la preuve que son principal conseiller juridique, en la personne de madior fall est un Ismail Madior Fall
fait partie des égarés du monde universitaire qui ont perdu leurs repères et leur boussole. De constitutionnaliste jadis respecté par ses pairs, Ismaël madior fall s’est mué en illusionniste, et en un piètre juriste-tailleur, en mettant le droit au service de l’imposture.
Défenseur des causes juridiques perdues et indéfendables, Ismaila Madior Fall improvise, tâtonne, et réinvente sans cesse le droit et la jurisprudence, qu’il cisaille en fonction des désirs de son guide politique, Macky Sall. avec Madior, c’est l’univers de tous les possibles, de toutes les contorsions et de tous les reniements.
Dans quelques mois, le régime de Macky Sall l’emportera dans sa chute. Comme dans les contes d’amadou koumba de l’écrivain birago diop, des étudiants en droit se souviendront….. Il était une fois, Ismaila Madior Fall …
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
LA RESPONSABILITÉ MÉDICALE, LE DROIT ADMINISTRATIF ET LE PROCUREUR
EXCLUSIF SENEPLUS - La sortie du procureur de Kédougou est un modèle de déclaration politique : biaisé, péremptoire et spéculatif. Malick Sall va-t-il faciliter le traitement juste des plaintes dans les services de santé ?
Felix Atchadé de SenePlus |
Publication 06/09/2022
Depuis quelques jours, la justice sénégalaise nous donne le spectacle affligeant de son niveau élevé de dysfonctionnement. Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un homme politique dont le destin est scellé par une poignée de magistrats obéissant aux ordres du chef de l’exécutif. Nous sommes confrontés à un drame que les errements d’un procureur rendent encore plus difficile à supporter.
La mort des suites d’une intervention chirurgicale de la parturiente Mamy Doura Diallo et de son bébé au centre de santé de Kédougou a montré à quel point les citoyens sont en insécurité judiciaire. Notre liberté, notre présence parmi nos proches, l’exercice de notre métier peuvent être remis en cause du jour au lendemain par la simple volonté d’un procureur et ceci sans que le droit ait quelque chose à y voir. Il s’y ajoute, pour le malheur des professionnels de santé, la frénésie procédurale des magistrats depuis la découverte par les médias du marronnier de la mort dans les structures de santé.
Il suffit de quelques manchettes racoleuses et morbides de la presse écrite le matin suivies de « plateaux de télévision » le soir avec des chroniqueurs sans la moindre compétence médicale, mais suffisamment spécialiste en « toutologie » pour que la machine s’emballe. Le procureur de pousser tous les dossiers qui se sont amoncelés sur son bureau au fil des années pour s’occuper du cas à grand renfort de communiqués de presse.
Deux remarques préliminaires
Il n’est pas question ici de critiquer la presse qui fait face à des contraintes structurelles parmi lesquelles le modèle économique n’est pas des moindres. Les journalistes qui tiennent l’antenne en direct pendant des heures sont des « forçats de l’information » nous leur devons des encouragements pas des quolibets. Il ne s’agit pas de dire que les professionnels de santé ne doivent pas rendre des comptes lorsque leur responsabilité est engagée. De même, passer par perte et profits la situation problématique de notre de système santé en général et des structures de soins médicaux en particulier. Divers travaux scientifiques et des rapports d’organisations de la société civile ont montré comment la violence est au cœur du fonctionnement des hôpitaux. Qu’elle soit verbale, physique ou symbolique, de manière banale la violence s’exerce sur les patients par des professionnels. Les travailleurs des hôpitaux subissent eux-mêmes la violence des usagers et de l’institution. Les établissements publics de santé sont des employeurs à qui le droit du travail ne s’applique pas.
Que les professionnels de santé et les établissements publics de santé aient mauvaise presse et l’opinion remontée contre eux, ils n’en demeurent pas moins des sujets de droit. La loi sénégalaise est claire : le professionnel de santé qui exerce au sein d’une structure hospitalière publique intervient en tant qu’agent de l’administration et le patient est un usager du service public. En cas d’accident, seule la responsabilité de l’établissement public est en principe engagée. C’est quand il peut être considéré que le professionnel de la santé a commis une faute personnelle détachable de ses fonctions que sa responsabilité pénale ou civile est engagée. Les fautes détachables de l’agent résultent d’actes relevant de sa vie privée ; d’une intention de nuire ; de la recherche d’un intérêt personnel et enfin la faute inadmissible, inexcusable au regard de la déontologie professionnelle. Cette responsabilité personnelle des agents ne se présume pas, elle doit être démontrée par des enquêtes sérieuses.
Procureur ou politicien ?
Le communiqué de presse (CP) du 31 août 2022 du procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Kédougou est un modèle de déclaration politique : biaisé, péremptoire et spéculatif, il peut servir de modèle à tous ceux qui au sein des partis sont chargés d’en rédiger. Il ressort de la lecture que son auteur n’est pas médecin et qu’il connaît peu de choses à l’art. Aucun terme médical pour décrire les éventuels manquements, des affirmations gratuites comme « la défunte qui était diabétique ne pouvait nullement supporter accouchement par voie basse vu son poids qui était quasiment à 100 kg ». « Il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 4 kilos 770 grammes et donc ne pouvait sous quelque acrobatie utilisée sortir par la voie basse. »
Quelles sont les sources médicales du procureur ? En termes techniques, l’équipe médicale était face à une dystocie des épaules conséquence d’une macrosomie fœtale. Les praticiens avaient-ils posé le diagnostic de macrosomie fœtale avant le début du travail ? Au cours des visites prénatales avaient-ils décelé les signes devant les orienter dans ce sens ? Les réponses à ces questions et bien d’autres ne peuvent que découler de l’étude attentive du dossier médical de la défunte. Le dépistage d’une macrosomie fœtale n’est pas un exercice facile. La sensibilité et la spécificité du dépistage clinique sont mauvaises. À l’échographie, les calculs pour estimer le poids fœtal ne sont pas infaillibles. À Kédougou, ces moyens existent-ils ? Le débat fondamental est de savoir si la responsabilité des praticiens est engagée. Le cas échéant, savoir s’il s’agit d’erreur ou de faute. Le procureur de Kédougou tel un politicien désireux de profiter d’une occasion pour faire avancer sa cause n’a pas voulu s’intéresser au fond.
Que fait maître Malick Sall, le ministre de la Justice ?
Il y a quelques semaines François Mancabou interpellé en bonne santé mourait après quelques jours de garde à vue. Dans un endroit où il n’y a aucune de raison d’avoir des « fractures cervicales », il en a été victime. L’« enquête » du procureur de Dakar n’a donné lieu à aucune garde à vue. Pourquoi l’hôpital, lieu où la mort est un phénomène malheureusement récurent, ne peut pas être le théâtre d’enquêtes sans gardes à vue et mandats de dépôt ? Maître Malick Sall qui s’est surtout illustré jusqu’à présent comme garde des siens va-t-il prendre date avec l’histoire en mettant en œuvre des réformes qui permettront un traitement juste et équitable des plaintes des usagers des services publics de santé ? En attendant, peut-il nous dire quelles sont les instructions de la Chancellerie aux parquets dans le traitement des dossiers impliquant les professionnels de la santé ?
L’époque de la toute-puissance et l’impunité du corps médical sont révolues. En même temps que la médecine devient une science pointue et une technique sûre, le public tolère de moins en moins ce qui peut sembler des erreurs ou des fautes. Il faut prendre en compte ces évolutions et penser le traitement judiciaire qu’il faut apporter aux plaintes des usagers. Il nous paraît qu’il y a deux travers à éviter : la complaisance et l’acharnement. Cela passe par la protection des droits des usagers et des professionnels, le respect des textes de loi édictés et l’allocation à la Justice de moyens nécessaires à sa mission. Personnellement, je suis contre l’idée d’un tribunal des paires telle que le demande le Conseil de l’Ordre des médecins. Que le Conseil continue de s’occuper des fautes déontologiques va de soi. Lui donner des prérogatives en matières civiles et pénales est inconcevable en démocratie.
par Momar Dieng
IMAM NDAO, VICTIME COLLATÉRALE D'UNE TERREUR D'ÉTAT OBSESSIONNEL
Ceux qui ont assisté aux audiences du palais de justice Lat-Dior ont pu mesurer la vacuité gênante d’un dossier d’accusation dans lequel un procureur aussi zélé qu’aveugle a fini par se perdre
Paix à l’âme de l’imam Alioune Ndao. Dieu a repris ce qu’il lui appartient. Qu’Il lui plaise de l’accueillir en Son Paradis Firdaws. Mais l’histoire retiendra que cet homme a été victime d’infâmes accusations fabriquées par des autorités mues par le désir obsessionnel de remplir à tout prix - et quoi qu’il en eût coûté - leur cave à « terroristes » pour être dans le sens d’un projet venu d’ailleurs.
Ceux qui ont comploté contre lui – l’Etat, ses bras sécuritaires et sa machinerie judiciaire - savaient et savent encore aujourd’hui que imam Ndao est innocent. Sinon, le tribunal qui l’a jugé l’aurait condamné. A l’épreuve du procès, tout ne fut que pipeau. Ceux qui ont assisté aux audiences du palais de justice Lat-Dior ont pu mesurer la vacuité gênante d’un dossier d’accusation dans lequel un procureur aussi zélé qu’aveugle a fini par se perdre. On ne triomphe jamais définitivement de la réalité.
Dieu a repris son dû. Mais les injustices infligées à un homme aussi peu perméable à la violence, son séjour en prison, sa moralité attaquée, son intelligence bafouée, son éloignement d’un milieu naturel qui contribuait fondamentalement à son équilibre psychique et à son épanouissement, n’ont pas manqué d’affaiblir un corps qui commençait à prendre de l’âge. Une détention préventive quasiment sans limite - permise par les nouvelles lois sur le terrorisme – un terrorisme psychologique et mental sans fin pour le faire craquer (en vain) et son agression finale par la maladie semblent l’avoir achevé.
Pour ceux qui ont « contribué » à sa mort et qui caressaient le rêve secret de le présenter vivant au monde entier comme le premier « trophée de guerre majeur » (un imam) du Sénégal dans l’embrouillamini de l’anti-terrorisme mondialisé, le citoyen Alioune Ndao ne sera jamais plus qu’une victime collatérale, un « djihadiste illuminé et fou furieux » dont l’emprisonnement à perpétuité visait à satisfaire l’appétence de courtiers anti-terroristes nationaux parrainés par des stratégistes de la tension permanente. Allah ne dort jamais. Mais aux yeux de ceux qui l’ont connu et de ses sympathisants, imam Alioune Ndao restera ce citoyen pacifique dont la générosité alla jusqu'à offrir une parcelle de terrain à l'Etat pour l'édification d'un complexe destiné à la scolarisation des enfants. Paix à son âme !
SUR LES TRACES DE L'IMAM NDAO
Derrière sa longue barbe blanche, le maître coranique est devenu, jusqu’en 2018, le visage d’un feuilleton judiciaire inédit au Sénégal, sur fonds de suspicion de création d’une base jihadiste et de liens avec Daesh et Boko Haram
Arrêté en 2015 pour terrorisme puis libéré en 2018, l’Imam Alioune Ndao est décédé dans la nuit de lundi à mardi, à Dakar, à l’âge de 62 ans.
Imam Alioune Badara Ndao a perdu son combat contre la vie. En soin intensif depuis une semaine, il a malheureusement rendu l’âme, dans la nuit du lundi à mardi à l’hôpital Fann de Dakar où il était admis. Le religieux est mis au-devant de la scène médiatique en 2015. Derrière sa longue barbe blanche, le maître coranique est devenu, jusqu’en 2018, le visage d’un feuilleton judiciaire inédit au Sénégal, sur fonds de suspicion de création d’une base jihadiste et de liens avec les organisations terroristes Daesh et Boko Haram. En effet, c’est dans la nuit du 26 au 27 octobre 2015 que les éléments de la Section de recherches de la gendarmerie nationale ont fait irruption au domicile du Secrétaire général de la section de Kaolack de la Ligue des Imams et Oulémas du Sénégal pour procéder à son arrestation. Il a été suspecté d’appartenir à un réseau en lien avec Boko Haram qui projetait de mener des attentats au Sénégal. Il a été arrêté dans le cadre d’une vaste opération antiterroriste qui a débouché sur plusieurs interpellations de jihadistes supposés dans différentes villes du pays, fin octobre et début novembre 2016.
Lors de sa détention, il a fait les prisons de Saint-Louis, Rebeuss, Camp Pénal et Cap Manuel.
Mais, après plusieurs mois de procès (avril-juillet 2018), le religieux est finalement acquitté des crimes d’actes de terrorisme, financement du terrorisme en bande organisée, apologie du terrorisme, détention de minutions sans autorisation administrative et blanchiment de capitaux pour lesquels le parquet avait requis trente ans de prison. Et ces chefs d’accusations ont été requalifiés en détention d’armes de la troisième catégorie initialement reprochée au prédicateur de la mosquée de Ngane Alassane (Kaolack) en détention d’arme de la deuxième catégorie sans autorisation administrative. Imam Ndao avait été déclaré coupable de ce chef et condamné à une peine d’un mois assorti de sursis. Le juge avait également ordonné la confiscation de l’arme automatique.
Malade
Depuis lors, Imam Ndao est libre. Mais, du fait de l’appel interjeté aussi bien par le ministère public que les 29 autres accusés condamnés, le religieux était encore à la disposition de la justice. Le juge et le Procureur général ont demandé sa comparution en tant que témoin « pour éclairer le tribunal ». Mais, ce procès en appel, d’abord prévu le 18 février, a été reporté au 30 mai, puis au 27 juin de la même année. Motif évoqué : l’absence d’un des avocats de la défense. Mais, depuis lors, rien n’a bougé.
Après que sa maladie s’est aggravée, les membres de l’Ong sont entretenus avec le frère cadet de Imam Ndao, Oustaz Abdoulaye Ndao. Suite à cela, « des bonnes volontés ont lancé une souscription nationale à travers la plateforme « Kopar Express » pour accompagner l’imam des bienveillantes contributions financières », lit-on sur la note de Mame Makhtar Guèye & Cie. L’objectif de la cagnotte était de rassembler 10 millions F Cfa. Mais, cette cagnotte a déjà récolté plus de 25 millions Fcfa en 24 h. Hélas, Imam Ndao va désormais reposer dans son fief, au cœur du Saloum.
Homme de « daara »
Né le 6 mai 1960 à Ndalane Malick, dans l’arrondissement Gandiaye, département de Kaolack, le fils de El hadji Ousmane Ndao, -un des plus proches disciples de El Hadji Malick Sy-, a très tôt fréquenté l’école coranique. A àgé de 6 ans à peine, son père l’envoie avec ses frères à Koki (Louga), chez Mouhamad Sakhir Lô, où il a pu mémoriser le Saint Coran en trois ans. De retour à Ndalane Malick, son père l’envoie à nouveau à Koki, mais cette fois-ci, ce sera pour enseigner les enfants débutants. Une manière de rendre la monnaie pendant deux ans.
Au bout de quelques années, Imam Ndao rentre à Ndalane avant de se rendre à Ndiaréme, au Daara de Serigne Mor Mbaye Cissé où il récrit intégralement deux versions du Saint Coran (Warse et Hafse). Il s’engage, à l’âge quatorze ans, à étudier les sciences islamiques à travers la zone du Saloum : Diamal, Santhie Diamal, Makka Gouye, Keur Bakary… C’est après qu’il est revenu à Ndalane pour intégrer ensuite l’Ecole Abdoulaye Niass à Kaolack. Depuis quelques années, le défunt a ouvert une école coranique à Ngane Alassane.
BAMAKO DEMANDE LA LEVÉE DES SANCTIONS AFRICAINES
Le Mali a demandé mardi à Lomé la levée des sanctions imposées par les organisations africaines après deux coups d'Etat militaires en deux ans, en arguant des progrès accomplis par la junte vers un retour des civils au pouvoir
"L’une des priorités majeures du gouvernement de transition reste l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles en vue du retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé dans le délai de 24 mois" à compter de mars 2022, a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, devant un groupe créé par l'Union africaine sur le Mali en 2020, après le premier putsch des colonels.
La date d'un retour des civils au pouvoir dans ce pays en proie à la poussée jihadiste et une grave crise sécuritaire et politique a donné lieu depuis le premier coup d'Etat d'août 2020 à deux années de confrontation entre le Mali d'une part et ses voisins ouest-africains et une partie de la communauté internationale de l'autre.
L'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont suspendu le Mali une première fois après le putsch de 2020, puis à nouveau après un second coup de force renforçant la mainmise des colonels en mai 2021. Les tensions se sont atténuées quand les militaires se sont engagés sous la pression à organiser des élections en février 2024. La Cédéao a alors levé de sévères sanctions financières et commerciales infligées en janvier 2022.
"Des avancées indéniables"
Mais la suspension du Mali des organisations africaines est restée en vigueur, de même que des sanctions individuelles prises par la Cédéao fin 2021 contre quelque 150 membres de la junte.
"Les avancées indéniables (réalisées par le gouvernement malien) ainsi que son engagement et sa détermination manifeste à poursuivre cette dynamique positive plaident incontestablement pour un examen favorable de notre requête en faveur de la levée de la mesure de suspension de mon pays des instances de l’Organisation continentale" (l'UA), a estimé M. Diop.
Quant à la Cédéao, il a salué une "normalisation progressive" tout en qualifiant les sanctions encore en vigueur d'"entraves". "Le gouvernement du Mali demande la levée de ces mesures afin de favoriser une pleine coopération avec tous les partenaires", a-t-il dit devant le groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali.
UN AN APRÈS LE COUP D'ÉTAT EN GUINÉE, ESPOIRS ET FRUSTRATIONS
Le 5 septembre 2021, un putsch entraînait la chute de Condé, le pays découvrait alors un nouvel homme fort : le colonel Mamadi Doumbouya. 12 mois plus tard, le nouveau leader guinéen engagé dans une transition de 36 mois a provoqué de vives tensions
Le 5 septembre 2021, un coup d’État entraînait la chute d’Alpha Condé, le pays découvrait alors le nouvel homme fort du pays : le colonel Mamadi Doumbouya. Un an plus tard, le nouveau leader guinéen qui est engagé dans une transition de 36 mois a aussi provoqué de vives tensions au sein de la classe politique et de la société civile. Entre les inconditionnels du colonel-président et les déçus, les espoirs et les attentes de la population sont donc multiples.
Au bout de la presqu’île de Kaloum, posées sur des chaises siglées au nom de la bière nationale, Madame Fofana et ses amies papotent tranquillement en ce début de week-end. Au bout de la rue la présidence, et cette secrétaire au sein d’une société informatique se souvient du 5 septembre 2021 comme si c’était hier : « Vers les 8 heures, j’étais couchée chez moi quand on a entendu les coups de fusil, tout le monde a eu peur ». Bangoura, un voisin, complète : « vers 10h, 11h, 12 h, on s’informe. On voit les images du président Condé arrêté. On parle de coup d’État, de renversement ». « C’est après que l’on a appris que c’était le colonel Mamadi Doumbouya », ajoute Madame Fofana. Kaly, 19 ans, des rêves de footballeur professionnel plein la tête, conclut : « Il y avait la joie, il est venu pour nous donner des espoirs car on était désespérés ». En descendant vers le port Boulbinet, Mohamed, docker à la retraite, montre avec fierté les nouvelles routes construites depuis un an. « Je soutiens à 100% Mamadi Doumbouya. Il a ramené une stabilité que je n’avais pas vue depuis le temps du premier président Sékou Touré », témoigne-t-il.
Méthode forte, actes forts
S’appuyer sur toutes les forces vives et l’héritage politique du pays, c’était l’une de ambitions de Mamadi Doumbouya. Le jour de sa prise de pouvoir, sur le plateau de la télévision nationale, drapeau de la Guinée sur les épaules, il déclarait en tapant du poing sur la table : « les Guinéens ne doivent plus mourir pour la politique. Nous allons mettre en place un système qui n’existe pas et ce système, il faut qu’on le fasse tous ensemble ». Et s’il a multiplié les appels au dialogue, à la cohésion, le leader des putschistes a rapidement imposé sa méthode basée avant tout sur la fermeté.
En décembre dernier, par décret, le leader du pays décide ainsi de renommer l’aéroport international de Conakry. Désormais le nom du père de l’indépendance s’affiche en lettres dorées sur le terminal. Une décision forte, saluée par les héritiers mais immédiatement critiquée, particulièrement par l’Association des victimes du régime de Sékou Touré. « Comment peut-on donner le nom de notre aéroport, qui est la vitrine du pays, à ce dictateur ? », s'indignait l'association. Vu comme le sauveur de la nation par une large frange de la population pressée par les années Alpha Condé, le haut gradé, dirigeant des forces spéciales était néanmoins scruté avec distance par les opposants politiques et la société civile qui attendaient, après les promesses, des actes. Et certains de ces leaders ont vite déchanté.
Une opposition sous pression
Mamadi Doumbouya a fait de la lutte contre la corruption une priorité et la majorité des acteurs politiques et de la société civile se sont félicités en décembre dernier lorsque la Crief, la Cour spéciale de répression des infractions économiques et financières, a été créé.
Mais en parallèle, le chef de la junte a aussi voulu récupérer des terrains considérés comme propriété de l’État. En février dernier, deux des principaux opposants, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ont donc été sommés par la justice de quitter leurs maisons. Malgré des recours en justice, les autorités ont fait démolir celle du leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée pour y construire une école. Depuis, Cellou Dalien Diallo vit en exil et présente Mamadi Doumbouya comme un oppresseur.
Le Haut conseil des collectivités territoriales est un levier important pour la territorialisation des politiques publiques, selon le député et maire de Mérina Dakhar
Le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) est un levier important pour la territorialisation des politiques publiques, a déclaré, Aymérou Gningue, député et maire de Mérina Dakhar, une commune du département de Tivaouane, dans la région de Thiès.
‘’Le HCCT est une instance extrêmement importante dans un pays comme le Sénégal qui a choisi la décentralisation comme mode de développement’’, a-t-il indiqué lors d’un entretien avec l’APS.
Les conseillers municipaux et départementaux ont élu dimanche les 80 membres du HCCT. Les 70 autres conseillers territoriaux seront désignés par le président de la République parmi les membres de la société civile, les organisations socioprofessionnelles et diverses catégories de la société.
‘’Avec l’acte 3 de la décentralisation, on voit bien la place que la politique des territoires doit avoir dans le processus de développement économique et social de notre pays’’, a souligné le parlementaire.
’’Le HCCT constitue une instance qui prend en compte les préoccupations des territoires à la base pour ensuite les porter au niveau de l’exécutif’’, a souligné le président du groupe parlementaire de Benno Bok Yakaar (coalition présidentielle).
Il a par ailleurs salué la ‘’bonne’’ organisation des élections législatives du 31 juillet dernier.
‘’La leçon que nous pouvons tirer des dernières législatives du 31 juillet est d’abord une leçon qui fortifie notre système démocratique, a-t-il ajouté, avant de rendre hommage aux électeurs sénégalais qui ‘’connaissent la signification du vote’’.
‘’Le vote est un moment de respiration démocratique et les sénégalais nous ont donné une courte majorité et un nombre significatif de parlementaires à l’opposition’’, a relevé M. Gningue.
Le maire de Mérina Dakhar note que ‘’c’est la première fois dans l’histoire politique du Sénégal qu’une majorité politique soit aussi étriquée’’, un ’’signe d’un système démocratique viable’’.
HEURTS À CONAKRY UN AN APRÈS LE PUTSCH
Des affrontements sporadiques entre manifestants et forces de sécurité guinéennes ont éclaté lundi dans la banlieue de la capitale guinéenne partiellement paralysée, un an après le coup d'Etat qui a porté les militaires au pouvoir
Des affrontements sporadiques entre manifestants et forces de sécurité guinéennes ont éclaté lundi dans la banlieue de Conakry partiellement paralysée, un an après le coup d'Etat qui a porté les militaires au pouvoir, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le 5 septembre 2021, le colonel Mamady Doumbouya et ses forces spéciales renversaient le chef de l'Etat Alpha Condé, avant de se faire investir président. La junte a promis de remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, rejoint par ce qu'il reste de l'opposition, a appelé à manifester lundi pour réclamer un retour plus rapide à l'ordre constitutionnel et dénoncer une confiscation du pouvoir, la répression de la contestation et une instrumentalisation de la justice.
Malgré l'interdiction par la junte de tout rassemblement depuis mai et la dissolution du FNDC décrétée par les autorités en août, des manifestations éparses se sont déroulées dans des quartiers acquis à l'opposition de la banlieue de la capitale, comme Sonfonia, Wanindara, Bambeto et Hamdallaye. A Cosa, une dizaine de jeunes ont été interpellés, a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans ces lieux, les commerces ont été fermés et la circulation paralysée. Les manifestants ont essayé d'ériger des barricades, vite démantelées par les forces de l'ordre, bénéficiant par endroit d'un discret renfort de l'armée.
Des dizaines de pick-ups de la police et de la gendarmerie étaient également stationnées sur la Route Le Prince, axe traversant la banlieue de la capitale et théâtre fréquent des confrontations à Conakry.
Affrontements sporadiques
Dimanche soir et lundi très tôt, des affrontements sporadiques ont aussi eu lieu à Dabondy, dans la proche banlieue de la capitale, sans faire de blessés.
Lundi soir, un concert festif était annoncé au centre-ville, sur l'esplanade du Palais du peuple, pour célébrer l'arrivée au pouvoir des militaires il y a un an.
Après avoir orchestré pendant des mois la mobilisation contre un troisième mandat présidentiel d'Alpha Condé (2010-2021), le FNDC porte à présent la voix de la protestation contre la junte, l'opposition étant considérablement affaiblie.
Cinq personnes avaient été tuées lors de journées de contestation fin juillet, et deux le 17 août. Deux des leaders du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Mangué et Ibrahima Diallo, sont détenus depuis les manifestations de fin juillet.