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24 avril 2025
Développement
LES PLUIES DILUVIENNES VONT SE POURSUIVRE
Les populations doivent apprendre à vivre avec les fortes pluies, parties pour s’intensifier dans les années à venir, a indiqué lundi à Thiès, Ousmane Ndiaye, directeur de l’exploitation de la météorologie à l’Anacim
Les populations doivent apprendre à vivre avec les fortes pluies, parties pour s’intensifier dans les années à venir, a indiqué lundi à Thiès, Ousmane Ndiaye, directeur de l’exploitation de la météorologie à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM).
‘’Il y a eu des inondations cette année et l’année dernière, du fait des changements climatiques. Selon les experts, les populations doivent s’attendre à recevoir chaque année des pluies de forte intensité’’, a-t-il dit en marge d’un atelier de trois jours ouvert à Thiès.
Les représentants de près d’une vingtaine de services météorologiques de pays africains suivent une formation sur un outil d’information climatique dédié à l’agriculture.
Les fortes pluies enregistrées ces derniers jours ne sont pas spécifiques au Sénégal, a fait constater l’expert. Elles ont été observées au Tchad, Niger, France, Inde, avec des conséquences plus importantes.
Ces fortes pluies ne sont pas liées aux variations décennales cycliques, qui sont un phénomène naturel. Elles sont provoquées par le réchauffement climatique, du à l’effet de serre, un ‘’phénomène anthropique’’, c’est-à-dire, causé par l’homme, a laissé entendre Nidaye.
Il a insisté sur le fait que les changements climatiques se traduisaient par des ‘’phénomènes extrêmes’’, avec ‘’des pluies de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses’’, ‘’vont continuer, si l’on n’y prend garde’’, a-t-il prévenu.
‘’Il nous appartient d’adapter notre habitat à ce genre de pluie. C’est la solution’’, a-t-il préconisé, non sans annoncer qu’après les fortes précipitations de ces derniers jours, la situation devrait commencer à se stabiliser à partir de mardi.
Pour lui, en plus de l’adaptation de l’habitat et des canalisations à la nouvelle donne, il faudra surtout insister sur certains comportements, comme le fait de jeter des déchets dans les égouts.
Le gouvernement est ‘’en train de faire des efforts’’, mais de l’autre côté, il faut que populations adoptent des comportements qui ne sont de nature à provoquer des inondations.
L’autre aspect, a-t-il analysé, a trait aux habitations qui sont érigées sur les voies d’eau ou les zones inondables. Poussés par la cherté du loyer, ils sont nombreux à s’installer sur des points bas qu’ils essaient de remblayer.
‘’ C’est le cœur gros que nous faisons certaines prévisions, mais c’est ainsi que se présentent les choses, et il faut qu’on dise la vérité aux populations pour qu’elles se préparent en conséquence’’, a souligné Ousmane Ndiaye.
‘’Qu’il s’agisse de l’ANACIM, du plan d’organisation des secours (ORSEC), tout le monde joue sa partition, mais que la population joue aussi la sienne, pour limiter les dégâts’’.
LE PARADOXE AMINATA TOURÉ
Souvent touchée, elle a toujours lutté de toutes ses forces pour ne pas couler. Malgré ses nombreuses défaites électorales, Mimi continue de se positionner comme un des piliers dont le président Sall pourrait difficilement se passer
Trop dangereuse et battante pour être laissée longtemps en rade, Aminata Touré est aussi clivante, dépourvue d’ancrage et de base électorale pour mener la barque APR et BBY vers des victoires. Malgré ses revers électoraux, elle n’est jamais trop loin pour jouer les premiers rôles dans l’État.
C’est le genre de partenaire qu’il vaut toujours mieux avoir avec soi que contre soi. Fidèle et loyale en mariage, elle peut être redoutable, en cas de divorce. Elle, c’est Aminata Touré, ancienne Ministre de la Justice, ancienne Première ministre, ancienne Envoyée spéciale, ancienne Présidente du Conseil économique, social et environnemental, tête de liste de la majorité présidentielle aux dernières élections législatives de juillet 2022. Souvent touchée, elle a toujours lutté de toutes ses forces pour ne pas couler. Malgré ses nombreuses défaites électorales, Mimi continue de se positionner comme un des piliers dont le président Sall pourrait difficilement se passer. Bien que l’intention lui ait été souvent prêtée. À chaque fois qu’il la promeut, c’est pour la limoger. Quand il la limoge, c’est pour la reprendre. Comme cet époux qui a du mal à digérer les défauts et carences de sa conjointe, mais qui ne peut se passer d’elle. Soit parce qu’elle sait beaucoup de choses, soit parce qu’elle est indispensable, soit parce qu’il l’aime éperdument pour s’en séparer.
Au sortir des dernières élections législatives, ils étaient nombreux à la donner pour morte, en raison de la dégringolade historique de la majorité dont elle avait la redoutable mission de mener à la victoire. Alors que certains s’attendaient à sa mise à mort, Mimi se permet même de se positionner comme Première ministrable ou parmi les favoris pour la présidence de l’Assemblée nationale. Déjà, les comités de soutien ne manquent pas à la dame dite de fer.
Responsable à Benno Bokk Yaakaar et au Parti de l’indépendance et du travail, Ibrahima Sène en est un porte-étendard. Sur sa page Facebook, récemment, il dressait le portrait-robot du profil qui doit diriger la prochaine Assemblée. ‘’Pour permettre un fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale, dans le respect strict de son règlement intérieur, plaidait-il, il faudrait un homme ou une femme de poigne, doté (e) d’une grande expérience politique pour faire face efficacement à l’inculture politique du groupe perturbateur (l’opposition), d’une carapace en acier, pour ne pas être troublé (e) par les incivilités de ce groupe et d’une main de fer pour faire respecter strictement le règlement intérieur et faire régner l’ordre au sein de l’hémicycle, avec le concours des forces de défense et de sécurité affectées à l’ Assemblée nationale’’.
Le costume de présidente de l’Assemblée nationale lui va-t-elle ?
Un boubou sur mesure pour l’ancienne première ministre, malgré ce qui s’apparente, pour bien des observateurs, à une cuisante défaite. Pour sa part, Ibrahima Sène s’interroge avant de répondre lui-même à sa question : ‘’Qui a un tel profil au sein de la nouvelle majorité présidentielle ? Assurément, la tête de la liste proportionnelle de BBY y répond le mieux !’’
Ainsi, Mme Aminata Touré, selon l’analyse ainsi faite (sa propre analyse) pourrait être la prochaine présidente de l’Assemblée nationale !
Voilà Mimi. Même quand elle perd, elle reste forte, respectée et crainte. Rares sont ceux qui osent s’en prendre ouvertement à elle au sein de Benno Bokk Yaakaar. C’est cela sa force, qui supplante toutes les insuffisances qu’elle peut bien trainer, en particulier le manque criant d’ancrage social et de base électorale qui lui a valu une carrière en dents-de-scie.
Ministre de la Justice dans le premier gouvernement de Macky Sall, elle fut d’abord promue Première ministre. Première ministre, elle est ensuite limogée au bout de 10 mois seulement. Après quelques mois de traversée du désert, elle est nommée au modeste poste d’Envoyée spéciale. Il aura fallu attendre jusqu’après la réélection du président Sall pour la voir à nouveau dans les bonnes grâces du chef. Promue présidente du Conseil économique, social et environnemental en mai 2019, elle est encore limogée au bout de 18 mois environ.
Comme à son habitude, l’ancienne garde des Sceaux n’avait pas manqué de manifester publiquement son mécontentement. Aussi, avait-elle multiplié les sorties médiatiques qui étaient rarement tendres pour le président. Chez Mimi, il y a quelque chose d’assez ‘’appréciable’’ de ne plus être aux affaires. Dans une interview accordée à ‘’Jeune Afrique’’ suite à son limogeage, elle comparait la vie sans fonction et la vie au sommet du régime. ‘’Les fonctions dont vous parlez, affirmait-elle, permettent de faire évoluer les choses, même si elles s’accompagnent bien sûr de contraintes, comme le devoir de réserve. Mais lorsqu’on les quitte, on retrouve une liberté de parole qui est appréciable. Dans les deux scénarios, les principes que l’on défend restent identiques’’.
Dans le même entretien, la nouvelle députée rappelait avec force sans même qu’on le lui demande : ‘’Avant la Présidentielle de 2012, j’étais fonctionnaire internationale aux Nations Unies, à New York, avec rang de directrice, quand j’ai pris la décision de venir soutenir un opposant – ce qui n’est pas si courant. Je l’ai fait par conviction, sachant que la victoire de Macky Sall était loin d’être écrite à l’avance…’’
Cela dit, malgré ses atouts non négligeables, Mimi n’en est pas moins un boulet, à cause de son bouillant caractère, ses ambitions qu’elle a toujours assumées, ainsi que sa nature clivante. En 2020, alors qu’elle venait fraichement d’être débarquée du Cese, elle ne s’était pas gênée de décocher des flèches contre le néo-allié de son leader qu’elle accusait d’être trop resté sans travailler. Pis, elle n’avait même pas un mot pour le président de la République et son successeur lors de son discours d’adieu.
En outre, dans un contexte où l’on prêtait déjà au président de la République de vouloir couper la tête de tous ceux qui, dans son entourage, nourrissent des ambitions, elle affirmait sans hésitation : ‘’En politique, l’ambition n’est pas un délit ; au contraire. Dans un système politique concurrentiel, on ne reste pas assis à regarder passer les trains. Un politicien sans ambition, c’est un politicien qui ne vous dit pas la vérité.’’
Position tranchée sur le troisième mandat
‘’Bien sûr, encore faut-il que cette ambition ne soit pas dévorante et ne vous conduise pas à la déloyauté. Mais elle est le signe qu’on souhaite passer à une étape ultérieure, pour être encore plus utile au pays. Personnellement, je suis pour qu’on célèbre l’ambition saine. Concernant les ministres qui ont quitté leurs fonctions, c’est à eux de définir comment ils se projettent pour la suite’’.
A la question plus directe de savoir si elle nourrit une ambition présidentielle, elle servait une réponse politique : ‘’Nous en parlerons en temps voulu. J’ai déjà dit que ce débat me paraissait prématuré. Tant de défis se posent à nous, notamment avec cette pandémie, qu’on ne va pas faire de la politique du matin au soir pendant les trois prochaines années. On peut s’exprimer sur des positions de principe, on peut rassembler ses amis comme on le souhaite, mais les ambitions politiques des uns et des autres ne sauraient devenir l’activité numéro un du pays, comme s’il s’agissait de sa production nationale brute.’’
Par ailleurs, Aminata Touré, c’est également une position très tranchée sur la question de la troisième candidature. Lors d’une conférence organisée par le NDI en décembre 2020, juste après son limogeage, elle expliquait que le Sénégal, suite aux choix constitutionnels effectués lors du référendum du 20 mars 2016, a modifié sa Constitution en limitant les mandats présidentiels à deux consécutifs. ‘’Le président Macky Sall réélu le 24 février 2019, a affirmé à de nombreuses reprises qu’il effectuerait son second et dernier mandat notamment le 31 décembre 2018. Donc, au Sénégal, la question est derrière nous, comme je l’ai déjà dit à diverses occasions’’, tranchait-elle net. Pour elle, ce qui est attendu partout sur le continent et partout ailleurs, c’est le respect des constitutions et de la volonté des peuples.
‘’Il y a de nombreux success-stories et il faut les encourager. En Afrique de l’Ouest, les exemples récents du Niger, de la Mauritanie, du Liberia, de la Sierra Leone, du Cap-Vert parmi d’autres cas sont à saluer... Depuis 1990, Il faut noter que 21 leaders ont sagement quitté le pouvoir dans 14 pays africains, grâce à la disposition de la limitation de mandats. Ce qui prouve qu’il peut y avoir une vie paisible après la présidence. La limitation des mandats est un moyen important de faciliter l’alternance au pouvoir sur le continent. Son respect est aussi, de nos jours, un moyen de quitter le pouvoir avec les honneurs’’. Relancée par ‘’JA’’ sur cette même sortie, elle assumait : ‘’Je n’ai pas attendu d’avoir quitté le Cese pour l’affirmer : je l’avais dit avant la réélection du président Macky Sall, je l’ai redit avant d’être nommée au Cese, puis à nouveau pendant que j’exerçais cette fonction et je vous le confirme aujourd’hui. Macky Sall a assuré, à plusieurs reprises, qu’il ne briguerait pas un troisième mandat. Je n’ai fait que le rappeler. Les dispositions adoptées en 2016 sont d’ailleurs claires sur ce point : il suffit de relire l’article 27 de la Constitution : ‘Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.’’’
Au-delà de cette question, Aminata Touré est aussi un obstacle majeur à toute volonté de matérialiser les retrouvailles libérales, surtout avec le Parti démocratique sénégalais. En effet, les libéraux du PDS lui ont toujours reproché et lui reprochent encore d’être à l’origine de tous les peines et assauts contre leur leader et candidat Karim Wade. Dans un contexte où les retrouvailles libérales sont de plus en plus agitées, cette hostilité pourrait aussi peser en sa défaveur.
par Claudy Siar
ÉCHEC À L’AFRICAINE
La chute d’Africa N°1est une honte pour tous ceux qui ont contribué à la tragédie de l’une des plus belles aventures de l’esprit panafricaniste post-indépendance.C'est un sort comparable à celui de la compagnie aérienne Air Afrique, liquidée en 2002
La chute d’AfricaN°1, « La radio africaine » est une honte pour toutes celles et ceux qui ont contribué à la tragédie de l’une des plus belles aventures de l’esprit panafricaniste post-indépendance !
Avant que RFI ne m’appelle, je rêvais d’intégrer cette radio emblématique pour moi.
C’était en 1995. À cette période, j’étais tous les dimanches matin sur France 3 et M6.
À AfricaN°1, le patron de l’époque à Paris, (Nicolas Barret), me dit que certains, au sein de l’équipe parisienne, ont peur que ma venue leur fasse de l’ombre.
15 jours plus tard, RFI me propose de remplacer Gilles Obringer.
AfricaN°1 a subi le même sort que la compagnie aérienne Air Afrique, liquidée le 25 avril 2002 au tribunal d’Abidjan après 41 ans d’existence !!
Certains membres de la compagnie, restés sans salaire, se sont suicidés…
À AfricaN°1 aussi le désespoir a tué !!
Hommage à toutes les victimes !
Que leur âme repose en paix…
Par Madiambal DIAGNE
DITES-DONC, LES OPPOSANTS NON PLUS N’ONT PAS DE PAROLE ?
Tous les coups sont permis entre alliés qui se découvrent être des ennemis. Leur dernière trouvaille est de multiplier les groupes parlementaires afin d’obtenir le maximum de postes pour offrir un strapontin grassement rémunéré à chacun des prétendants
Ils aspirent presque tous à devenir l’auguste président de l’Assemblée nationale du Sénégal, ces nouveaux députés de l’opposition ! La liste est bien longue : Barthélemy Dias, Ahmed Aïdara, Birame Soulèye Diop, Oumar Sy, Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké, Mamadou Lamine Thiam. Peut-être que d’autres derniers candidats sortiront d’on ne sait quels chapeaux ?
D’aucuns appréhendaient que la prochaine élection du Bureau de la nouvelle Assemblée nationale allait être un casse-tête pour le président Macky Sall et sa coalition, Benno bokk yaakaar (Bby), mais on constate que l’opposition vit elle aussi cette épreuve comme une foire d’empoigne. Tous les coups sont permis entre alliés qui se découvrent être les pires ennemis. J’avoue que j’en souris, car je voyais bien venir. Dans une chronique en date du 16 mai 2022, je prévenais : «Les profondes divisions, apparues à la suite des investitures aux élections législatives de juillet 2022, devraient interpeller tout électeur. En scellant ce qu’ils appellent une alliance stratégique, les responsables de Yaw et Wallu Senegaal annonçaient que leur trouvaille a pour vocation d’imposer une cohabitation au président Macky Sall.
Seulement, si d’aventure ils arrivent à obtenir la majorité parlementaire au lendemain du scrutin du 31 juillet 2022, ces opposants qui se déchirent, s’invectivent pour ne pas dire s’étripent, pour des positions sur les listes d’investitures, s’entendront-ils sur le nom d’un Premier ministre et/ou d’un président de l’Assemblée nationale et sur les noms des membres d’une équipe gouvernementale ? Ce sera bonjour la pagaille. La confusion serait encore plus grande que les coalitions électorales apparaissent comme de vulgaires conglomérats de personnalités politiques, sans aucun lien structurel ou un accord politique de gouvernement ou sur un programme quelconque. En effet, la formule est toute simple, se mettre ensemble pour obtenir le maximum de sièges de députés et on verra après.»
C’est exactement à ce spectacle que l’on assiste ! Arriveraient-ils à sauver ce qui pourrait encore rester de leur crédibilité par rapport à tous les engagements et professions de foi de désintéressement et de placer le sort des populations au-dessus de toutes préoccupations ? Leur dernière trouvaille est de multiplier les groupes parlementaires et ainsi d’obtenir le maximum de postes pour pouvoir offrir un strapontin grassement rémunéré à chacun des prétendants. Comme quoi, l’opposition aussi ne se priverait pas de se nourrir sur la bête !
Ousmane Sonko ne pourra pas faire la leçon à Barthélemy Dias ou à Macky Sall
C’est dans le même ordre d’idées que s’inscrit l’autre reniement de l’opposition à la parole donnée et martelée, avec une sincérité touchante, devant le peuple qui, à chaque fois, a été appelé à témoin. En prélude aux élections locales du 23 janvier 2022, la Coalition Yewwi askan wi (Yaw) avait adopté une charte qui a été claironnée comme étant une avancée majeure et décisive dans l’assainissement de la vie publique et de la transparence. Cette charte posait notamment l’engagement irrévocable de mettre fin au cumul de mandats électifs. Dans ces colonnes, nous avions applaudi l’initiative, d’autant que déjà, le 5 juillet 2021, nous demandions l’adoption d’une réforme des lois régissant la vie publique en vue de mettre fin au cumul des mandats électifs. Le parti Pastef de Ousmane Sonko avait été à l’origine d’une telle proposition dans la charte de Yaw. D’ailleurs, au lendemain des élections législatives du 31 juillet 2022, Abass Fall, un des principaux responsables de Pastef, avait tenu à rappeler, dans de nombreux médias, que cette disposition ne serait pas négociable et il menaçait de sanctions tout élu récalcitrant. Finalement, ils ne tiendront pas, une fois de plus, parole ! Il faut dire qu’il sera difficile à Ousmane Sonko, certes non élu pour la nouvelle législature, de faire la leçon à Barthélemy Dias, maire de Dakar, ou à Ahmed Aïdara, maire de Guédiawaye, ou Birame Soulèye Diop, maire d’arrondissement à Thiès, ou Bara Gaye, maire de Yeumbeul, ou Oumar Cissé, maire de la Ville de Rufisque. En effet, Ousmane Sonko, élu maire de Ziguinchor, depuis le 23 janvier 2022, a continué de cumuler ses fonctions de maire avec celles de député, jusqu’au terme de la législature, précisément le 12 septembre 2022, avec l’installation de la nouvelle Assemblée nationale ; donc pendant plus de huit mois. Ou bien Ousmane Sonko ferait-il sien l’adage : «Faites ce que je dis, pas ce je fais» ?
Pour s’enlever cette épine du pied, des membres de Pastef viennent de trouver l’alibi qu’une disposition interdisant le cumul des mandats devrait être réglée par une loi mais pas par l’humeur des gens. S’agit-il ici d’humeur ou d’engagement solennel ? Pourtant, on avait bien entendu d’éminentes personnalités prôner en quelque sorte le paradigme angélique de la primauté de l’éthique sur la règle de droit même. En spéculant sur une éventuelle nouvelle candidature du président Macky Sall en 2024, elles indiquent sans sourciller que la question d’une telle candidature ne devrait pas être d’ordre juridique mais plutôt moral, car la morale et l’éthique d’un homme, qui dirige ou qui aspire à diriger ses concitoyens, devraient être placées au-dessus de tout. On pourrait dire que désormais sous ce registre, il y a bien match nul ! Il restera qu’on devra toujours croire qu’opposants, ils peuvent prendre des libertés avec les lois et les règles morales les plus élémentaires mais qu’ils seront vertueux une fois au pouvoir ! On était habitué du contraire. Comme avec l’opposant François Mitterrand, auteur du livre Le coup d’Etat permanent, dans lequel il n’a rien pardonné à Charles de Gaulle et arrivé au pouvoir en 1981, a tout jeté aux orties et s’était vautré dans tout ce qu’il dénonçait. Ou peut-être encore Abdoulaye Wade et Abdou Diouf ?
Cependant, on a observé que tous les discours enflammés sur la gestion vertueuse ont été vite oubliés. A l’épreuve de la gestion municipale, des édiles de l’opposition ont fait montre de gabegie et de népotisme en distribuant des emplois manifestement fictifs, à tout le moins non nécessaires, à leurs amis et camarades. C’est bien le cas à la mairie de Dakar, où Barthélemy Dias s’est découvert une nouvelle âme d’employeur d’activistes au chômage. Des conseillers municipaux de Ziguinchor ruent également dans les brancards contre des recrutements de leur maire et surtout pour fustiger ses multiples voyages par avion, avec sa suite, aux frais du contribuable de Ziguinchor. Pire, en moins d’un semestre d’exercice, des scandales éclaboussent gravement de nombreux maires de Yaw, liés à la gestion prédatrice des terres de leurs collectivités locales ou de cas de détournement d’aides sociales et autres secours destinés à des nécessiteux. On a pu dire que ça commence bien ! Plus grave, à la Mairie de Dakar on relève qu’entre mars et mai 2022 Barthélémy Dias a dépensé officiellement (sans appel d’offre dit-on) 2 milliards. C’est à dire plus que ce pourquoi Khalifa Sall a été en prison, pour sa gestion de 2010 à 2014!
Une législature partie pour être la plus courte de l’histoire parlementaire du Sénégal
On peut nourrir de grosses appréhensions pour la 14ème législature qui s’ouvre lundi prochain, 12 septembre 2022. La forte représentation de l’opposition pourrait laisser augurer des débats et des mesures qui permettraient d’améliorer les conditions de la gouvernance publique. Mais on risque fort de déchanter car en parcourant les listes des députés, on se rend compte qu’en termes de profils intellectuels et sociaux et de compétence, la qualité de la représentation parlementaire n’apparait guère meilleure que lors des législatures précédentes. Il s’y ajoute que les discussions s’annonceront chaotiques car ils sont nombreux, les hâbleurs qui vont siéger au Parlement et qui ne sont éclairés par aucune lumière, et qui fondent leur action politique sur la mauvaise foi, le mensonge, le dénigrement, l’insolence et un populisme de mauvais alois. Les joutes sont ainsi parties pour révéler des situations de déshonneur pour l’Assemblée nationale. Déjà, des séances de pugilat entre députés avaient été déplorées dans les couloirs de l’Assemblée nationale, mais on risque cette fois-ci d’en regretter au sein même de l’Hémicycle. On dira que ce ne serait pas une première dans le monde ? Assurément, mais l’ambition légitime d’une amélioration continue du niveau de qualité du système démocratique sénégalais devrait l’interdire.
Sur un autre registre, la nouvelle législature ne devrait pas durer plus de deux ans, c’est-à-dire strictement la durée constitutionnelle pour permettre la dissolution anticipée de l’Assemblée nationale.
En effet, la personne (quelle qu’elle sera du reste) qui sera élue à l’issue de l’élection présidentielle de 2024, sera bien amenée, pour ne pas dire obligée, de dissoudre l’Assemblée nationale en septembre 2024. Au cas où le président Macky Sall rempilerait, il devra avoir besoin de chercher à profiter de la nouvelle dynamique politique enclenchée avec sa réélection pour chercher à se donner une majorité parlementaire plus solide ou plus commode ou confortable que celle, très volatile, avec 83 députés sur un total de 165 députés. Un autre président de la République, provenant de l’opposition ou même du camp politique du président Sall, aura absolument besoin d’avoir sa propre majorité, ses «propres» députés, pour s’assurer de leur fidélité et loyauté. Dans ce cas de figure, il faudrait néanmoins retenir que la dissolution ne pourrait pas intervenir dès le lendemain de l’installation du nouveau président car la Constitution de 2016 a fixé entretemps, une interdiction de dissolution, d’ordre temporel.
Ainsi, on sera à la même échéance de septembre 2024 pour pouvoir envisager la dissolution de l’Assemblée nationale. Ou bien ce nouveau président appliquerait-il une certaine «jurisprudence» Abdoulaye Wade ? Le président Wade avait été confronté à cette situation en 2000, au moment où il venait d’être installé à la tête du Sénégal. A l’époque, l’interdiction fixée par la Constitution était d’un autre ordre. La dissolution de l’Assemblée nationale ne pouvait être possible qu’en cas d’adoption d’une motion de censure. Or, les députés socialistes qui dominaient l’Assemblée élue en 1998, tenaient à sauver leurs sièges et s’étaient interdit toute idée de voter une motion de censure et avaient même juré au président Wade de ne lui créer aucune difficulté ou situation conflictuelle ; mieux, de voter sans broncher toutes ses lois. Le président Wade ne pouvait se suffire de cela pour se coltiner une telle Assemblée nationale jusqu’en mai 2003, terme de la législature. D’autant plus qu’il avait grand besoin de caser son personnel politique ! Ainsi, avait-il initié une réforme constitutionnelle pour faire adopter une nouvelle Constitution, celle du 22 janvier 2001. Le subterfuge lui avait permis de tenir de nouvelles élections législatives le 29 avril 2001.
Pour la petite histoire, le président Wade avait tenu à ménager les députés qui venaient de perdre de manière abrupte leur mandat en décidant par exemple de leur verser un pécule qui pourrait représenter l’équivalent des indemnités parlementaires qu’ils pourraient escompter si la législature avait été menée jusqu’à son terme. Le président Abdoulaye Wade avait eu l’intelligence sociale «d’habiller» l’affaire sous le prétexte d’aider les députés à rembourser des dettes contractées. Il ne s’arrêtera pas en si bon chemin pour s’accommoder à sa guise de «son» Assemblée nationale, et va pousser le bouchon jusqu’à faire reporter à 2007, les élections législatives prévues en 2006. Les députés avaient ainsi voté une loi pour prolonger leur propre mandat. Le président Wade affirmait, dans un message solennel à la nation, vouloir fusionner les élections législatives avec la présidentielle de 2007 pour permettre de «réduire les coûts qui leur sont consacrés et libérer ainsi des fonds pour aider les personnes les plus touchées par des inondations». C’était le plan Jaxaay, se souvient-on ! Pour le Président Wade, «il n’est pas raisonnable, pour un pays pauvre, de consacrer en 2006, la somme de 7 milliards pour des élections et la même somme en 2007». Seulement, on verra qu’en 2007, la Présidentielle s’était tenue le 25 février 2007 et les élections législatives le 3 juin 2007. Une frange importante de l’opposition avait boycotté ces fameuses élections législatives de 2007.
Le président Macky Sall, nouvellement installé en avril 2012, n’avait pas trop eu besoin de recourir à l’arme de la dissolution de l’Assemblée nationale. Le mandat des députés devait arriver à expiration trois mois plus tard. Les élections législatives avaient été prévues pour le 17 juin 2012, mais il aura fallu un consensus avec la classe politique pour les fixer pour la date du 1er juillet 2012. Il obtenait ainsi une majorité pour supplanter celle qui était favorable à son prédécesseur. Le Président Abdou Diouf, installé le 1er janvier 1981, après que Léopold Sédar Senghor lui eut filé le pouvoir, se garda de dissoudre l’Assemblée nationale et manœuvra très difficilement avec les «barons socialistes» jusqu’aux élections législatives de 1983, pour pouvoir enfin faire élire «ses députés».
Du reste, la configuration de la nouvelle Assemblée nationale ne saurait permettre au Président élu en 2024, de faire adopter une pareille réforme constitutionnelle par les députés. Il ne pourrait que recourir à un référendum mais la gestation et l’adoption par voie référendaire d’une nouvelle constitution demanderaient plus de temps au nouveau chef de l’Etat, qui sera installé en avril 2024. En d’autres termes, il se résignera à attendre impatiemment l’échéance fatidique de septembre 2024.
par l'éditorialiste de seneplus, jean-claude djéréké
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Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 04/09/2022
Mgr Albert Ndongmo avait été accusé d’avoir voulu renverser Ahmadou Ahidjo, le premier président du Cameroun, ou d’avoir encouragé les femmes bamiléké à avoir beaucoup d’enfants afin que les Bamilékés puissent devenir les plus nombreux et porter un des leurs au pouvoir. Accusations fondées ou non ? Comment Ndongmo fut-il nommé à la tête du diocèse de Nkongsamba ? Que voulait-il pour ce diocèse ? Quelle était sa vision ?
Selon les informations que nous avons obtenues de sources différentes, Ndongmo ne faisait pas partie des prêtres camerounais à qui l’on pensait pour succéder à Mgr Paul Bouque. Les prêtres du Sacré-Cœur de Saint-Quentin, qui ont “évangélisé” le diocèse de Nkongsamba, ne le portaient guère dans leur cœur, parce qu’il était un homme brillant, libre et direct. Ils préféraient quelqu’un qui ferait leur volonté et dépendrait de leur générosité. Le Vatican ne les suivit pas puisqu’il choisit Albert Ndongmo qu’il avait découvert à une rencontre de la Jeunesse ouvrière catholique (JOC) au Nigeria. L’exposé de l’abbé Ndongmo sur la JOC camerounaise avait séduit la délégation vaticane présente à cette rencontre. “C’était un intellectuel au sens le plus plein du terme, le symbole du courage de dire”, confirme André Norbert Ntonfo. Le 15 mars 1960, l’abbé Ndongmo lance le journal ‘L’Essor des jeunes’ pour permettre à la jeunesse catholique de Nkongsamba de débattre librement des problèmes du pays. Devenu évêque de Nkongsamba, le 16 juin 1964, il continue de soutenir le journal où sont publiés quelquefois des extraits de ses lettres pastorales. Le pouvoir ne tarde pas à exprimer des craintes pour ce journal qu’il juge subversif. Quant à Mgr Jean Zoa, il souhaite que le quotidien déménage de Nkongsamba à Yaoundé et devienne national. Ndongmo répond négativement à la requête de l’archevêque de Yaoundé. Est-ce à cause de cette réponse négative que Mgr Zoa refusa de soutenir Ndongmo quand ce dernier fut accusé de participation à une tentative de coup d’État contre Ahidjo ? En tous les cas, les prêches de Mgr Ndongmo attiraient du monde, parce qu’ils critiquaient la corruption et la brutalité du régime, parce que Mgr Ndongmo n’avait de cesse d’indiquer que “l’Évangile doit être incarné dans les réalités camerounaises de l’heure” ou que “l’Église ne peut conduire les hommes au ciel comme si la terre n’existait pas”. Mongo Beti, qu’on ne peut soupçonner de caresser l’Église catholique dans le sens du poil, admirait Mgr Ndongmo au point de le décrire comme “la goutte d’humanité dans un océan de bureaucratie” et “la bête noire des soi-disant experts” (cf. ‘Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation’, Paris, Éditions François Maspero, 1972). C’est sous sa plume que l’on apprend que “rien n'avait été négligé pour conditionner l’opinion camerounaise et internationale en accréditant la thèse de la culpabilité des accusés bien avant leur jugement”. Le romancier camerounais poursuit : “À la veille de l'arrestation de l’évêque, le bureau local de l'AFP lança plusieurs fois une dépêche à l'évidence mensongère, selon laquelle des stocks d’armes avaient été découverts dans des locaux appartenant à l'évêché de Nkongsamba. Aucun journal honnête n'aurait dû reproduire une dépêche aussi peu conforme aux usages de la profession : elle fut cependant reproduite telle quelle dans Le Monde où officiait alors un certain Philippe Decraene, autre grand ami et conseiller occulte du dictateur camerounais Ahidjo. Toutes les tentatives effectuées par la suite par des Camerounais, y compris Mgr Albert Ndongmo, pour démentir l’information furent vaines.” (cf. ‘Peuples noirs-Peuples africains’, n. 47, 1985)
Mgr Ndongmo avait créé l’entreprise “La Mungo-Plastique” en mars 1970 pour la fabrication d’objets en matière plastique parce qu’il ne voulait pas que son diocèse soit perpétuellement assisté. Au bout de 3 mois, l’entreprise enregistre un bénéfice de 9 millions de franc CFA. L’argent était destiné “à alimenter les caisses des écoles, des hôpitaux et la création d’une caisse retraite pour les prêtres âgés”. Mgr Ndongmo ne s’arrêta pas là. Le diocèse devint actionnaire dans plusieurs affaires (centre climatique et touristique de Dschang, les librairies catholiques de Nkongsamba et Douala, la boucherie de Nkongsamba, des hôtels, plusieurs plantations, etc.). Ndongmo comptait à long terme s’investir dans la production de cahiers scolaires et de chaussettes, dans la création d’une caisse mutuelle (maladie et retraite) pour tous les diocèses du Cameroun. Il confie à des expatriés la gestion de la Mungo-Plastique. En mars 1970, 70 personnes sont employées par la Mungo-Plastique. Ce dynamisme est cependant mal vu par le colonisateur français et ses pantins locaux. On a peur de ce prélat qui veut s’émanciper de la domination économique française. On le suspecte même de chercher l’argent nécessaire pour soutenir l’Union des populations du Cameroun (UPC) et renverser le régime néocolonial installé en 1960 par Paris. En avril 1970, la sûreté nationale et la BMM (Brigade mobile mixte) passent à l’attaque contre la Mungo-Plastique. Le 17 avril 1970, Christophe Tcheuleu Tientcheu, cogestionnaire de l’entreprise, est arrêté. Le 27 Juin 1970, le Belge Yves Verbeek, recruté par Mgr Ndongmo, est prié de quitter le Cameroun sans motif. Le 3 juillet 1970, c’est au tour du technicien Krzeminski d’être expulsé. Privée de ses deux principaux cadres, la Mungo-Plastique est obligée d’arrêter ses activités. L’entreprise est mise en vente mais Jean Fochivé, le tout-puissant patron de la police camerounaise, promet l’enfer à quiconque voudra la racheter. Fochivé avait emprunté 60 millions de franc CFA au diocèse de Nkongsamba. Pour ne pas rembourser sa dette, il va accuser Ndongmo d’avoir participé à un complot visant à assassiner Ahidjo.
Au terme d’un faux procès, la peine capitale est prononcée contre Mgr Ndongmo à qui les autorités camerounaises avaient pourtant demandé de nouer des contacts avec Ernest Ouandié. Sa peine est ensuite commuée en détention à vie dans un camp de “rééducation civique” du Nord-Cameroun. Le 16 mai 1975, il est libéré sous la pression de la section canadienne d’Amnesty International. Il s’exile d’abord à Rome, puis au Canada où il s’éteint, le 29 mai 1992.
Quand Ndongmo fut condamné à mort, il n’y avait personne pour protester, ce qui poussa Mongo Beti à poser la question suivante : “Pourquoi ce peuple, que Mgr Ndongmo défend tant au point de pouvoir donner sa vie pour lui, ne s’est-il pas mobilisé pour lui manifester sa solidarité, le soutenir ?” (cf. ‘Main basse sur le Cameroun’). Même ses confrères ne levèrent pas le petit doigt. Mgr Zoa estimait qu’il ne fallait pas confondre Mgr Ndongmo avec l’Église catholique. Certains pensent que c’est ce manque de solidarité qui empêcha l’archevêque de Yaoundé d’être promu cardinal.
À Bafou, avant l’enterrement de Ndongmo, l’abbé André Ségue n’y va pas de main morte dans son homélie quand il déclare : “Mgr Albert Ndongmo a été trahi par des hommes d’Église et de nombreux chrétiens qui, au moment où il en avait le plus grand besoin, n’ont pas appliqué l’Évangile à son égard en prenant le parti de l’opprimé.” Pour sa part, Mgr Thomas Nkuissi, successeur de Ndongmo, admet qu’il “n’est pas aisé d’être évêque de Nkongsamba : un peuple des plus travailleurs, et qui, depuis l’indépendance, ne reçoit pas sa part du fruit de son labeur”. Il ajoute : “Comment un Pasteur, aimant ce peuple, pourrait-il lui parler de l’espérance divine sans dire un mot sur l’espoir humain ?... Résultat : rupture du ministère, l’expérience de la torture, la mort en exil… Nous sommes nombreux à avoir collaboré à la mort de Monseigneur Ndongmo, mais nous n’en avons pas conscience, nous refusons d’en prendre conscience.”
Pendant le procès, l’Association interdiocésaine des prêtres indigènes avait interpellé les évêques du Cameroun en ces termes : “Voilà plus de trois mois que nous scrutons vainement l’horizon, attendant de vous une parole, un acte, un signe. Mais vous êtes restés étonnamment et obstinément discrets, muets, absents, et cela n’a fait qu’épaissir notre angoisse. Pourquoi, Excellences, depuis le début de l’affaire Ndongmo, avez-vous autant de prises de position aussi contradictoires ? Est-il vrai, Excellences, que pendant la détention de Mgr Ndongmo à Yaoundé, vous ou certains parmi vous n’avez pas rendu ou tenté de rendre visite à votre confrère qui était en prison ? Où étiez-vous, Excellences, pendant tous les deux procès ? Est-il vrai que vous n’avez pas assisté votre confrère lors de son jugement, malgré la promesse que vous aviez faite le 11-11-70 ?”
Il nous reste à présenter la réponse de Ndongmo à l’accusation selon laquelle il aurait demandé aux Bamilékés de faire beaucoup d’enfants afin de prendre le pouvoir d’État. Cette réponse, intitulée “Je ne peux plus me taire”, a été publiée dans la revue ‘Peuples Noirs-Peuples Africains de Mongo Beti (nn. 55/56/57/58, année 1987, pp.107-110). Voici comment Ndongmo se défend : “On dit que, le samedi 28 mars 1987 à 8 heures du matin a eu lieu le baptême des enfants de M. Tekam Jean-Michel, baptême fait par moi à 92 Neuilly-sur-Seine, dans une petite église située à côté du domicile de M. Tekam. Or la vérité est bien différente : j’ai baptisé les 4 (quatre) enfants de M. et Mme René Youmbi à 95110 Sannois, petite ville de banlieue nord de Paris, à 16 heures, et non à 8 heures du matin ; le 14 mars et non le 28… En dehors du Professeur Kapet et de Monsieur Tekam, je n’ai vu aucun de ceux qui sont mentionnés. Par contre, il y avait des Français, des Antillais, des Espagnols, des Camerounais de tribus autres que bamiléké. Pour ce qui a trait aux trois déclarations que j’aurais faites, à savoir : 1) les Bamilékés doivent conquérir le monopole dans l’Église catholique du Cameroun ; 2) « il faut encourager les naissances parmi les populations bamilékés ; 3) il faut encourager les Bamilékés à être présents dans tous les milieux, je dois dire que ces déclarations sont inventées, voire créées de toutes pièces pour me discréditer et vilipender les Camerounais d’origine bamiléké. Où ces déclarations ont-elles été faites ? À l’église ? Lors de la réception chez Youmbi ?... S’il y a un péché dont je me suis cru pur jusqu’ici, c’est bien du péché de tribalisme et de racisme. Et c’est bien de ce péché que je suis accusé, et par le mémorandum des prêtres autochtones de l’archidiocèse de Douala, et par la note de Paris. Au baptême des enfants des Youmbi, je n’ai parlé que du baptême à partir d’un texte que j’avais envoyé des mois à l’avance à M. et Mme Youmbi pour les préparer au baptême de leurs enfants. Ce même texte a été remis à M. le Curé de Sannois. J’ai prêché publiquement, et rien des trois déclarations ci-dessus n’a été prêché ni à l’église, ni en dehors de l’église, puisqu’après le baptême, j’ai juste assisté à l’ouverture de la réception, et je me suis retiré pour aller dormir. Je déclare donc devant Dieu et ma conscience d’évêque que les trois assertions ci-dessus sont de pures créations ex nihilo ou de pures sécrétions du cerveau. De vilenie... En conséquence, je déclare, par le présent article, n’avoir jamais posé un acte qui, de près ou de loin, ait poussé les Camerounais ou des Camerounais à se diviser ; je ne poserai jamais un tel acte ; je demande que les autorités camerounaises fassent une enquête sur le baptême que j’ai conféré aux 4 enfants des Youmbi, afin de vérifier mes dires, voir les photos prises, les lieux, le document sur les baptêmes chez les Youmbi et chez M. le Curé de Sannois… Ainsi on verrait de quel côté viennent les affabulations, et justice me serait faite… Si, suite à cette enquête, il s’avérait que je porte tous les péchés d’Israël, je suis prêt à renoncer à ma citoyenneté camerounaise et à remettre mon passeport camerounais à qui de droit. Je n’aurais plus, dès lors, que la consolation théologique qui consiste à savoir qu’être camerounais n’est pas un article de foi nécessaire au salut… Je déclare que le pouvoir politique ne m’intéresse point ni au Cameroun, ni ailleurs. J’ai accepté librement ma vocation de Prêtre et d’Évêque catholique pour servir Dieu, l’homme et le monde dans une sphère qui n’est point politique, mais surnaturelle.”
Albert Ndongmo a été persécuté, diffamé et injustement condamné, abandonné par les siens lors de son procès, contraint à l’exil parce qu’il était en avance sur son temps, parce qu’il réfléchissait et parlait comme les prophètes de l’Ancien et du nouveau Testaments, parce qu’il était contre la médiocrité et la facilité, parce qu’il voulait un Évangile incarné et une Église africaine qui se prenne en charge, parce qu’il rêvait d’un Cameroun libre et souverain. Il fut combattu “parce qu’un Africain autonome, c'est un nègre potentiellement lucide, donc rebelle, vrai danger mortel pour le système”. Et Mongo Beti ajoute : “Tout Africain susceptible d’exercer quelque influence, à moins qu'il ne soit déjà acquis à la cause, doit être d’abord assisté, puis retourné et enfin contrôlé. Telles sont les trois étapes qu'on a essayé de faire parcourir à Mgr Albert Ndongmo. En vain, rappelons-le.”
par Ousseynou Nar Gueye
AUCHAN SÉNÉGAL N'EST PAS LA FRANCE NÉO-COLONISATRICE
Auchan est une société de droit sénégalais à capitaux français. C'est la marque de l'accession à la société de consommation, futur indépassable de toutes les sociétés modernes, urbanisées et en progrès économique
Auchan nous est précieux, Auchan nous est utile, Auchan stabilise les prix qui font notre pouvoir d'achat. Après analyse longue : nos compatriotes empapaoutés par la paupérisation qui pillaient les rayonnages des magasins Auchan en mars 2021 ne s'en prenaient pas à un symbole français.
Ils voulaient juste accéder à un temple de la consommation qui leur est refusé en temps normal, et jouir des mêmes produits auxquels accèdent quotidiennement la rare haute bourgeoisie et la passablement étroite aussi classe moyenne qui s'escrime elle également à maintenir un niveau de vie décent, pour leurs enfants et avec les salaires des deux membres du couple.
Les supposés France-dégagistes ne s'en sont pris ni à Carrefour, ni à Casino, ni à Supéco, ni à Utile, autres enseignes de supermarchés gauloises à Djoloff.
Auchan Sénégal, ce n'est pas le symbole de la France néo-colonisatrice : c'est une société de droit sénégalais à capitaux français et c'est la marque de l'accession à la société de consommation, futur indépassable de toutes les sociétés modernes, urbanisées et en progrès économique.
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VALENTIN-YVES MUDIMBE, SORTIR L'AFRIQUE DU REGARD COLONIAL
Le philosophe congolais est l'auteur d'un ensemble de textes, de récits sur lesquels s’est construite l’image du continent. Il défend le principe d’un savoir africain à travers le principe de la gnose et une forme d’indiscipline intellectuelle
L'œuvre de Valentin-Yves Mudimbe, philosophe congolais né en 1941, a déconstruit le regard de l’Occident sur l’Afrique, notamment dans The invention of Africa (L’Invention de l’Afrique, 1988), devenu un classique des études africaines.
Il a forgé le concept de bibliothèque coloniale, un ensemble de textes, de discours et de récits sur lesquels s’est construite l’image du continent. Il défend le principe d’un savoir africain à travers le principe de la gnose et défend une forme d’indiscipline intellectuelle. Il est l’auteur de textes romanesques et poétiques qui prolongent son œuvre théorique.
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DES CONDOLÉANCES ADRESSÉES PAR MACKY SALL AUX VICTIMES DES FORTES PLUIES
Le chef de l’Etat a exprimé ‘’toute sa compassion’’ aux familles ayant perdu des proches, après les fortes pluies du samedi et leur présente ses condoléances ainsi que celles de la Nation
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a exprimé ‘’toute sa compassion’’ aux familles ayant perdu des proches, après les fortes pluies du samedi et leur présente ses condoléances ainsi que celles de la Nation.
‘’Nous avons compté trois pertes en vie humaine avec ces pluies diluviennes qui sont tombées avec une très, très forte intensité et en très peu de temps. Ce qui fait que forcément l’eau vient avec une force redoutable (…). Je voudrais présenter toutes mes condoléances aux familles qui ont perdus des êtres proches’’, a-t-il indiqué.
Macky Sall, actuellement en visite hors du Sénégal, réagissait, dimanche, à la télévision nationale (RTS), suite aux fortes pluies tombées samedi sur plusieurs endroits du pays notamment à Dakar et sa banlieue.
Selon lui, parmi ces trois décès, l’un a été enregistré à Sadel, une localité de la commune de Bokidiawé, dans le Nord du Sénégal, l’autre à Cambèrène (Dakar) et un troisième à Yeumbeul Nord dans le département de Keur Massar (banlieue de Dakar).
‘’Donc, ça fait trois décès. C’est beaucoup’’, a fait savoir Macky Sall.
Il a rappelé avoir donné des instructions au ministre de l’Intérieur et celui en charge de l’Eau et de l’Assainissement de faire, la situation journalière, de concert avec les services de la Météorologie, et de donner des recommandations sur les mesures à prendre en cas de fortes pluies.
PAR Jean-Baptiste Placca
AU-DELÀ DU DÉSABUSEMENT
Avec le décès de l'ancien président Gorbatchev, c'est aussi une page de l'histoire de l'Afrique qui se tourne, même si elle n'a pas l'importance que lui prêtent certains. L'Afrique n'a, en tout cas, jamais eu autant besoin de se penser par elle-même
Alors que le monde salue son rôle dans la chute du Mur de Berlin et la fin de la Guerre froide, les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev se déroulent dans une relative indifférence, à Moscou. Comment expliquer que certains voient en lui l’homme qui a sonné le glas des partis uniques et des régimes autocratiques, en Afrique, et ouvert la voie à la démocratisation des pays du continent ?
Ces événements ont, certes, eu leur part d’incidence sur la fin du parti unique dans nombre d’Etats africains, mais il a fallu, en réalité, la conjonction d’une multitude d’événements pour libérer de la peur les populations contraignant les régimes autocratiques à se démocratiser, presque partout sur le continent.
Tout aussi impressionnante que la chute du Mur de Berlin, la chute de Nicolae Ceausescu, en décembre 1989, a ébranlé bien des chefs d’Etat africains, qui étaient, pour la plupart, ses amis personnels. Ce dictateur déstabilisé par la révolte d’une population jusque-là soumise, traqué, arrêté puis sommairement jugé, et aussitôt exécuté… ces images avaient donné aux peuples africains une incroyable détermination, pour affronter les petits timoniers et autres guides éclairés, qui savaient devoir concéder beaucoup, pour échapper à un sort identique à celui du « génie des Carpates ». En cette fin d’année 1989, la peur avait radicalement changé de camp. Le Bénin marxiste de Mathieu Kérékou, affaibli par une situation économique désastreuse, sera le premier à céder à une conférence nationale souveraine, qui fera école.
Quel autre événement a pu peser sur la rigidité des régimes de parti unique ?
Huit jours avant le démarrage de la Conférence nationale souveraine du Bénin, un prisonnier politique, qui a résisté, vingt-sept années durant, à toutes formes de pressions et d’intimidations, sortait de prison, sans avoir rien renié de ses convictions et des revendications de son peuple. Voir, ainsi, Nelson Mandela sortir triomphalement de prison, sous le regard admiratif de milliards de téléspectateurs, était, pour les Africains, l’indication que la résistance pouvait être payante, en tout cas plus que les compromissions.
On pourrait y rajouter le fameux discours de La Baule, dans lequel François Mitterrand, en juin 1990, exhortait ses pairs africains à démocratiser, pour espérer l’aide de la France.
OUVERTURE DES BUREAUX DE VOTE POUR L'ÉLECTION DES MEMBRES DU HCCT
Douze listes sont en compétition pour ce scrutin, où seuls 80 conseillers sur les 150 que compte cette Institution sont élus au suffrage universel indirect par les conseillers municipaux et départementaux
Le vote pour l’élection des membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) a démarré ce dimanche à 8 heures, dans plusieurs lieux de vote du pays, ont constaté des reporters de l’APS.
Douze listes sont en compétition pour ce scrutin, où seuls 80 conseillers sur les 150 que compte cette Institution sont élus au suffrage universel indirect par les conseillers municipaux et départementaux.
Les 70 autres sont désignés par le chef de l’Etat parmi les membres de la société civile, les organisations socioprofessionnelles et diverses catégories de la société.
‘’Depuis 2016, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), institué par le Président de la République, vise à apporter une touche nouvelle à l’acte III de la décentralisation’’, indique le site officiel de cette Institution.
Il précise que ‘’le HCCT est une Assemblée consultative qui complète l’architecture institutionnelle afin d’accompagner le processus de développement des territoires. Il intervient, opportunément, dans la formation d’avis qui reflètent les préoccupations des populations’’.
Selon la même source le HCCT compte 150 hauts conseillers désignés pour un mandat de cinq ans. Les instances et structures du HCCT sont l’Assemblée plénière, le Bureau, la conférence des présidents, les Commissions et les services administratifs.
Elle ajoute que le HCCT a pour mission de renforcer la participation active des acteurs territoriaux à la définition, l’instauration et l’évaluation des politiques publiques territoriales.
Il élargit les espaces de dialogue, de consultation et de concertation dans le processus de prise de décisions qui engagent la vie des collectivités territoriales pour une meilleure inclusion des citoyens dans l’identification des besoins et des priorités ainsi que dans la conception et la mise en œuvre des politiques de décentralisation.
L’inter-coalition Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal qui totalise 80 députés sur les 165 que compte l’Assemblée nationale, à l’issue des dernières législatives, a boycotté cette élection. Elle estime que cette Institution est ‘’inutile’’.