«Il faut tuer, il faut exterminer.» L’homme qui ponctue ainsi son appel assumé à l’«épuration ethnique» a une voix posée, presque sympathique. L’«Audio du sud-ouest», tel qu’il est baptisé, a inondé les réseaux sociaux burkinabés vers la mi-août. Un discours haineux de quinze minutes, en français, qui enjoint clairement à attaquer la communauté peule. Extraits : «C’est un Rwanda qui se prépare» ; «Le gouvernement n’a qu’à [me poursuivre], moi je le dis haut et fort, il faut exterminer, il faut mater, il faut nettoyer, il faut tuer» ; «C’est la lutte à la russe qui marche».
Deuxième groupe ethnique du pays en termes de population, de tradition pastorale, la minorité peule est stigmatisée depuis l’insurrection jihadiste qui a débordé du Mali vers le Burkina Faso en 2015. Car les groupes islamistes armés ont recruté – non exclusivement –, de nombreux Peuls en leur sein.
Ces diatribes vocales ne sont ni nouvelles, ni inoffensives. Elles attisent les braises. «Les Peuls sont pris en étau entre, d’un côté les groupes armés qui tuent sans discriminer, et de l’autre, certains acteurs étatiques indélicats ou milices pro-étatiques qui n’accordent aucune présomption d’innocence aux membres de cette communauté», résume Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC).
Cette organisation a été créée au lendemain du premier massacre interethnique au Burkina Faso, à Yirgou, dans la région du Centre-Nord. Le 1er janvier 2019, en représailles à une attaque dans cette localité, des milices rurales d’autodéfense (les «Koglweogo») soutenues par des villageois étaient parties à l’assaut de villages et hameaux peuls, faisant 216 morts selon le CISC.
Indignation et justice «sélectives»
L’organisation a également documenté plus de mille exécutions extrajudiciaires depuis 2019, et recensé plus de mille cas de disparitions forcées, tortures, ou violences ciblant des femmes. Le massacre le plus récent remonte au 8 août : plus de 40 corps ont été retrouvés au bord d’une route du Centre-Nord. Selon divers témoignages, les victimes auraient été enlevées puis exécutées par «des éléments des forces de défense et de sécurité habillés en tenues noires et encagoulés», accompagnés de «volontaires pour la défense de la patrie», les supplétifs civils de l’armée. L’état-major burkinabé n’a pas fait de commentaire.
LA CRISE CASAMANÇAISE, UN CASSE-TÊTE POUR MACKY SALL
Le rejet par plusieurs franges significatives du MFDC des récents accords de paix, entre le gouvernement sénégalais et des responsables se réclamant de ce mouvement, fait craindre aux populations de la région une résurgence du conflit armé
Tout comme son prédécesseur, le président Macky Sall, a classé le règlement de la crise casamançaise parmi ses priorités mais il peine à trouver la bonne formule.
Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l'économie, le conflit en Casamance a persisté à petit feu. L'armée sénégalaise mène depuis février des opérations contre des bases de la rébellion.
Le conflit casamançais qui dure depuis une quarantaine d'années, demeure une préoccupation majeure pour le gouvernement sénégalais.
En effet, les derniers accords de paix signés de paix signés récemment en Guinée-Bissau entre son gouvernement et des responsables de la rébellion risquent de ne pas produire les effets escomptés. Ce qui fait craindre aux populations un retour du conflit.
Des accords qui ne font pas l’unanimité
Le rejet par plusieurs franges significatives du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) des récents accords de paix, entre le gouvernement sénégalais et des responsables se réclamant de ce mouvement, fait craindre aux populations de la région une résurgence du conflit armé.
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d'un vieux conflit depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d'une marche du MFDC en décembre 1982.
''Nous avons peur de cet accord parce que ces gens l’ont dénoncé pour dire que ce n'est pas le vrai MFDC qui a signé l'accord. Nous avons peur que la rébellion revienne en Casamance. Sur le plan social, ça peut créer beaucoup de choses. Et si vraiment la rébellion revient, ça va créer des situations dramatiques'', a expliqué Antoine Mendy, originaire d'un village non loin de Ziguinchor.
Le gouvernement sénégalais aurait ainsi volontairement évité de parler avec les représentants les plus légitimes du MFDC, estime Aka Mpamy qui réside à Ziguinchor.
''Le gouvernement du Sénégal connaît très bien les gens du MFDC. Pourquoi ne sont-ils pas allés discuter avec ces gens ? S'ils se démarquent de ces accords, c'est parce que le gouvernement du Sénégal cherche à se créer ses propres interlocuteurs pour le problème de la Casamance. La question de la Casamance est entre des mains que le gouvernement du Sénégal connaît parfaitement, ils n'ont qu'à aller vers ces gens et leur dire : venez on va discuter'', a déclaré le résident de Ziguinchor.
La paix mais pas à n’importe quel prix
Les accords de paix ont été conclus à Bissau avec les bons offices du président bissau-guinéen, Umaru Sissoco Embalo.
''La Casamance veut la paix mais pas une paix bricolée. Ça il faut le dire haut et fort. Il ne faudrait pas souffler encore sur la braise'', a précisé, Aka Mpamy.
Les rebelles casamançais, accusés de faire du trafic de bois et de cannabis, se sont souvent réfugiés en Gambie ou en Guinée-Bissau, qui a également une frontière commune avec le Sénégal.
De l'avis de Seynabou Maale Cissé, coordinatrice du Comité régional de solidarité des femmes pour la paix en Casamance, très active dans la recherche de la paix, un accord signé n'incluant pas toutes les composantes du MFDC est un problème.
Selon elle, le gouvernement sénégalais doit donc poursuivre le processus pour impliquer toutes les composantes du MFDC.
''S'il y a un accord et que celui-ci n'inclut pas toutes les franges du Mouvement des forces démocratiques de Casamance, c'est un problème. Mais nous pensons que si c'est un processus qui vise effectivement à discuter avec toutes ces franges, à signer des protocoles avec toutes ces franges, nous pensons qu'il y a un espoir. Nous pensons qu'il faut continuer le processus pour que toutes les franges se sentent concernées par cette paix définitive'', a déclaré Seynabou Maale Cissé.
Parmi les signataires de cet accord du côté du MFDC, il y a le chef de guerre César Atoute Badiate, récemment condamné à la prison à perpétuité dans le cadre de la tuerie de Boffa qui avait fait 14 morts en 2018.
Les contestataires de ces accords de Bissau affirment toutefois que ce dernier aurait quitté le maquis depuis longtemps pour cause de maladie. Par conséquent, selon eux, sa signature ne pourrait pas engager leur mouvement.
LIBÉRATION DE TROIS DES 49 SOLDATS IVOIRIENS DÉTENUS AU MALI
Les discussions sont en cours pour que, très rapidement, les autres soldats en détention puissent retrouver leur liberté totale
Trois femmes soldates sur un groupe de 49 militaires ivoiriens détenus au Mali, qui les accuse d'être des mercenaires, ont été libérées, ont indiqué samedi des responsables togolais et ivoirien.
"Je voudrais vous annoncer que le président de la transition (...) du Mali Assimi Goïta a accepté (...) de procéder à la libération de certains prisonniers", a déclaré lors d'une conférence de presse à Lomé le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey. Le président togolais Faure Gnassingbé "se réjouit que le président Assimi Goïta ait accepté de libérer, en guise d'un geste humanitaire, trois prisonniers sur les 49", a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agissait de "soldats féminins". Il s'exprimait aux côtés de son homologue malien Abdoulaye Diop et du ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne Fidèle Sarassoro.
Les femmes libérées étaient également présentes, en uniforme. Ces trois libérations avaient été annoncées à l'AFP, un peu plus tôt dans la journée, par un diplomate malien sous couvert de l'anonymat. "Les discussions sont en cours pour que, très rapidement, les autres soldats en détention puissent retrouver leur liberté totale", a poursuivi M. Dussey.
Les 49 soldats avaient été inculpés mi-août par la justice malienne, notamment pour "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" et formellement écroués. Plusieurs médiations sont en cours pour obtenir leur libération, dont celle du président togolais et de leaders religieux maliens.
Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens en tenue militaire, mais non armés, avaient débarqué à Bamako d'un avion de la compagnie nationale Air Côte d'Ivoire, un autre appareil transportant leurs armes. Ils avaient été aussitôt interpellés et interrogés sur les raisons de leur présence au Mali, n'ayant "ni ordre de mission, ni autorisation" pour y être, selon les autorités maliennes. Dès le lendemain, ils avaient été accusés d'être des "mercenaires" venus au Mali avec le "dessein funeste" de "briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l'ordre constitutionnel". Mais Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.
- "Manquements et incompréhensions" -
Lors de la conférence de presse de samedi, le ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne Fidèle Sarassoro est revenu sur ces interpellations. "La République de la Côte d'Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l'origine de cet événement fortement regrettable", a-t-il souligné. La République de Côte d'Ivoire, soucieuse de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali, s'engage à respecter les procédures des Nations unies ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées, relatives au déploiement des forces militaires au Mali", a-t-il ajouté. Enfin, "afin d'aplanir les divergences existantes et de contribuer ainsi à la préservation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, la République de Côte d'Ivoire, s'engage à poursuivre de manière transparente et constructive avec le Mali, les échanges et les discussions sur tous les sujets d'intérêt commun", selon lui.
Dans ce dossier, l'ONU avait reconnu des "dysfonctionnements" dans une note adressée au gouvernement malien et admis que "certaines mesures n'ont pas été suivies". "La Minusma note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (nord) où est basé le contingent ivoirien de la Minusma", est-il notamment expliqué. Jusqu'à la libération des femmes soldates, cette affaire illustrait les tensions entre le Mali et la Côte d'Ivoire, accusée par Bamako d'avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens auteurs de deux coups d'Etat depuis 2020, sanctions finalement levées début juillet.
HALIMA GADJI RETOURNE À L'ÉCRAN
La chaine cryptée française Canal+ a lancé une nouvelle série intitulée : ‘’Le Futur est à nous’’ qui sera diffusée à partir de lundi, marquant ainsi le retour sur le petit écran de l’actrice principale, la Sénégalaise Halima Gadji
La chaine cryptée française Canal+ a lancé une nouvelle série intitulée : ‘’Le Futur est à nous’’ qui sera diffusée à partir de lundi, marquant ainsi le retour sur le petit écran de l’actrice principale, la Sénégalaise Halima Gadji.
‘’C’est le grand retour, une nouvelle production, un nouveau personnage. C’est grâce à Samantha Biffot (la productrice) et à mon art qui m’a amenée ici’’, a déclaré l’actrice, vendredi, lors d’une projection, en avant première, devant un public de trois épisodes de cette série à la salle Canal Olympia Téranga.
Dans cette nouvelle série, Halima Gadji interprète le rôle de Aby Ndiaye Konan, une journaliste sénégalaise, partie à Abidjan (Côte d’Ivoire) avec son époux Henri Konan (l’Ivoirien Mahoula Kane, assassiné à leur arrivée) et son fils Milel Konan.
Cette série qui relate l’histoire de trois familles met en scène 15 acteurs principaux venant du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.
‘’C’est une très belle expérience vécue et un challenge bien relevé’’, a raconté Halima Gadji.
‘’J’ai commencé les tournages avec beaucoup d’enthousiasme, d’amour, avec une très belle équipe panafricaine de production composée que de jeunes, une équipe panafricaine des acteurs formidables et c’est la première fois que je joue avec des acteurs étrangers hors de chez moi’’, a-t-elle expliqué.
L’actrice a été revelée au grand public avec la série sénégalaise ‘’Maitresse d’un homme marié’’ de la Maison de production ‘’Marodi Tv’’, dans laquelle, elle a interprété le rôle de Marième Dial.
La nouvelle série ‘’originale’’ de la chaine française ‘’Le Futur est à nous’’ sera diffusée pour la première fois quotidiennement du lundi au vendredi, selon le nouveau directeur général de Canal+ Sénégal, Cheikh Ahmadou Bamba Sarr.
‘’C’est de la responsabilité de tout un chacun de travailler à ce que les artistes puissent y vivre, des investisseurs comme nous puissent continuer à investir dans cet écosystème de sorte que tout le monde puisse s’y retrouver et en bénéficier’’, a-t-il estimé.
Cette série ‘’Le futur est à nous’’ créée en 2019 regroupe 15 acteurs principaux, 40 personnages secondaires et plus de 1000 figurants. Elle a été entièrement tournée en Côte d’Ivoire.
Selon sa productrice Samantha Biffot, 60 épisodes ont été tournées pour cette première saison, 120 épisodes seront tournés en 2023 et 260 sont prévues à l’horizon 2025.
PA Béatrice Soulé
IL FAUT SAUVER L'ÎLE DE GORÉE ET SES HABITANTS
Délabrement, projets avortés, absence d’entretien, silence des autorités, l’île symbole au large de Dakar doit sans attendre faire l’objet d’une attention particulière du gouvernement sénégalais et de l’Unesco
Jeune Afrique |
Béatrice Soulé |
Publication 03/09/2022
L’île de Gorée, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup l’aimer pour pouvoir la supporter.
Ou plutôt pour supporter la maltraitance dont elle est victime et dont sont victimes ceux qui l’aiment .
Aujourd’hui plus que jamais, elle a besoin de notre soutien.
Gorée n’est pas seulement « l’île aux esclaves » visitée aux heures chaudes par les touristes.
Gorée, c’est une île à nulle autre pareille, habitée par une population joyeuse et solidaire, une véritable communauté, où l’abbé de la paroisse catholique et l’imam organisent prières et randonnées communes, où le vivre ensemble est une réalité, où toubabs et locaux se retrouvent délicieusement dans l’eau le matin avant l’arrivée des chaloupes, s’invitent à l’improviste pour déjeuner, dîner, boire un thé, se soutiennent et s’entraident.
Éléphant blanc
Gorée, c’est une île à l’architecture métissée d’une beauté inouïe ; mais c’est aussi une île qui tombe en ruine en raison de l’incurie d’un gouvernement qui semble ne pas compter dans son vocabulaire le mot « patrimoine » et de l’Unesco, qui n’a peut-être pas conscience de son abandon. L’Unesco, qui préfère soutenir un éléphant blanc, le Mémorial de Gorée, déjà en construction… à Dakar ! Alors que le seul mémorial de Gorée, c’est Gorée !
L’Unesco encore, qui laisse le gouvernement attribuer l’un des plus beaux bâtiments de l’île, l’Université des Mutants, aux initiateurs de ce mémorial. Depuis cette attribution, ce lieu sublime abandonné à des squatteurs est dans un tel état de décomposition qu’il n’a plus ni portes ni fenêtres et que ses escaliers se sont écroulés.
Et s’il ne s’agissait que de cette maison là…
L’île regorge de bâtiments splendides appartenant au ministère de la Culture et à l’État sénégalais, qui les abandonnent au même sort. Parmi eux, une merveille absolue, l’ancien Palais du gouverneur, pour lequel j’ai vu naître depuis quarante ans nombre de projets toujours démesurés, toujours inaboutis.
Que faire ?
En 2013 , il y presque dix ans maintenant, tout ce que Gorée comptait de personnes concernées par leur île a tenté de créer un mouvement citoyen et de lancer un appel intitulé « Sauvons Gorée », soulignant l’urgence d’agir non seulement pour sauver le patrimoine architectural de l’île, mais aussi pour offrir à sa population des conditions de vie décentes.
ABDOULAYE BATHILY NOMMÉ ÉMISSAIRE DE L'ONU EN LIBYE
L'ancien ministre sénégalais a précédemment été représentant de l'ONU en Afrique centrale, conseiller spécial du secrétaire général pour Madagascar ou encore représentant spécial adjoint pour la mission de l'ONU au Mali
Après des mois de vacance du poste, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a nommé le diplomate sénégalais Abdoulaye Bathily émissaire de l'ONU en Libye où deux gouvernements se disputent le pouvoir, ont annoncé ses services vendredi.
L'ancien ministre sénégalais a précédemment été représentant de l'ONU en Afrique centrale, conseiller spécial du secrétaire général pour Madagascar ou encore représentant spécial adjoint pour la mission de l'ONU au Mali.
Son prédécesseur, le Slovaque Jan Kubis, avait abruptement démissionné en novembre dernier. Depuis le poste était vacant, le Conseil de sécurité, dont l'aval est nécessaire, ayant rejeté plusieurs propositions du secrétaire général.
Il y a quelques jours, des sources diplomatiques avaient indiqué à l'AFP que les membres du Conseil étaient désormais d'accord sur le nom d'Abdoulaye Bathily. Le gouvernement de Tripoli avait en revanche indiqué ses "réserves".
La nomination d'un nouvel émissaire était particulièrement attendue alors que l'ONU est en première ligne pour organiser une médiation entre les deux parties pour parvenir à un cadre constitutionnel permettant la tenue d'élections et que de nouvelles violences ont secoué Tripoli fin juillet.
En raison de la vacance du poste, depuis l'automne, la mission politique de l'ONU (Manul) n'est renouvelée que pour des périodes de quelques mois, la Russie réclamant un nouvel émissaire avant un renouvellement plus long. Le dernier renouvellement a eu lieu en juillet pour trois mois, jusqu'au 31 octobre.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir dans le pays pétrolier plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011: l'un est basé à Tripoli (ouest) et dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis début 2021, et un autre conduit depuis mars dernier par Fathi Bachagha et soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est.
LE KHALIFA PERDU DE DAKAR
2024 pourrait être le terminus pour l'ex-maire dakarois. Si ça ne passe pas, l’héritier du socialisme pourrait définitivement mettre un terme à son rêve présidentiel. Surtout si quelqu’un comme Ousmane Sonko parvient à succéder à Macky Sall au pouvoir
Né en 1956, Khalifa Ababacar Sall aura 68 ans en 2024 et ça pourrait être sa dernière chance de réaliser son ambition présidentielle, si plus jeune que lui arrive à succéder au président de la République Macky Sall.
2024 pour Khalifa Ababacar Sall, ça pourrait être le terminus. Si ça ne passe pas, l’héritier du socialisme pourrait définitivement mettre un terme à son rêve présidentiel. Surtout si quelqu’un comme Ousmane Sonko arrive à succéder à Macky Sall au pouvoir. D’où les mille et une interrogations sur sa posture en direction de la prochaine élection présidentielle. Va-t-il être candidat comme il l’a déjà annoncé ? Va-t-il soutenir la candidature d’Ousmane Sonko, présenté comme le candidat le mieux placé de l’opposition ? A-t-il une botte secrète pour arriver à supplanter les favoris de l’opposition comme Sonko ? Autant de questions qui devraient hanter le leader de Taxawu Senegal sur la route de 2024.
Contrairement à Ousmane Sonko qui a très tôt coupé court à toutes les discussions en annonçant de manière solennelle et sans équivoque sa candidature pour 2024 et une tournée nationale, indépendamment des états d’âme de ses camarades de la coalition Yewwi Askan Wi, Khalifa Sall, lui, n’a toujours pas dévoilé sa stratégie pour engager la bataille de 2024. La seule chose qu’il a eu jusque-là à assumer, c’est qu’il sera candidat. Et c’était bien avant les élections locales, au cours d’une interview avec RFI et France 24, sur demande des journalistes. A la question de savoir s’il souhaite se présenter en 2024, il avait répondu : ‘’Inch’Allah ! Je serai candidat en 2024. Notre coalition, qui est la coalition de l’espoir, a décidé d’aller ensemble pour les élections locales ; elle a décidé d’aller ensemble pour les élections législatives ; mais pour la Présidentielle, c’est la pluralité qui est préconisée. Tous les candidats se battront et le mieux placé dans Yewwi aura le soutien de tout le monde au deuxième tour…’’
La question qui se pose est surtout de savoir quelles sont les chances de Khalifa de passer au second tour ? Sur la liste des potentiels vainqueurs pour 2024, l’ancien maire de Dakar est rarement, pour ne pas dire jamais, cité. En fait, entre 2017 et 2022, le socialiste a perdu beaucoup de terrain. Même la capitale qui lui semblait totalement acquise a basculé au profit de Barth qui reste officiellement son lieutenant et de Sonko qui est un allié et concurrent direct. Quelques chiffres qui illustrent la perte de contrôle de Dakar.
Aux élections législatives de 2017 auxquelles il était tête de liste nationale de la coalition Taxawu Senegal, certes il était en prison mais cela n’était pas la seule explication à la défaite de sa liste dans le département de Dakar, malgré le soutien de la quasi-totalité des leaders de l’opposition (Idrissa Seck était encore dans l’opposition et avait soutenu la liste de Taxawu). A la Présidentielle de 2019, malgré son soutien à Idrissa Seck, le patron de Rewmi n’avait pas gagné la capitale. Il avait perdu devant Macky Sall qui était arrivé largement en tête avec 212 355 voix soit 46,85 % des suffrages, loin derrière suivait le candidat de Khalifa Sall (Idrissa Seck : 115 612 soit 25,51 %). Déjà, Ousmane Sonko, qui faisait son baptême du feu avait fait une grande percée avec plus de 100 000 voix. Il n’avait ni le soutien de Barth ni celui de Khalifa.
Depuis, il a démontré que Dakar n’est plus le ‘’royaume’’ de Khalifa. Barthélemy Dias, qui semble l’avoir assez tôt compris, aura tout fait pour avoir son soutien pour les élections successives. Quand Khalifa était accusé d’hésiter entre Barth et Soham, Sonko avait pour sa part très tôt montré qu’il roulait pour l’actuel maire de Dakar. Récemment, à l’étape des candidatures pour les Législatives, quand Khalifa peinait à convaincre Barth de lâcher du lest pour se conformer à la parité, c’est Sonko qui est monté au créneau pour lui faire entendre raison. En des termes peu avenants, il intimait à un Barth méconnaissable : ‘’Je ne suis pas en train de te consulter parce que tu n’es pas un leader…’’ Et l’affaire fut réglée de l’avis même du président de Pastef/Les patriotes. Par-là, Ousmane Sonko avait prouvé qu’il avait non seulement pris à Khalifa des électeurs, mais aussi des lieutenants ambitieux, conscients qu’ils n’arriveraient pas à leurs fins sans le soutien du jeune leader politique.
Sans être assuré de s’imposer à Dakar, dépourvu d’ancrage solide à l’intérieur du pays, l’ancien maire de Dakar a peu de chance de s’imposer en 2024 sans le soutien d’Ousmane Sonko. À moins que ce dernier ne soit donc écarté de la course à cause de l’affaire Adji Sarr, M. Sall a peu de chance de s’imposer lors des prochaines échéances.
L’autre option qui s’offre à lui pour maximiser ses chances et qui ne surprendrait pas certains acteurs, c’est qu’il soit le cheval de Troie du président Macky Sall, dont le rêve supposé ou réel d’un troisième mandat pourrait s’envoler avec les dernières élections locales et législatives.
MACRON PROVOQUE L'IRE DE FRANCE 24 ET RFI
Les journalistes des médias publics français ont protesté vendredi après des déclarations d'Emmanuel Macron sur l'influence internationale de la France, qui les assimilent selon eux à des "porte-voix" de l'Etat
Jeudi, devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée, le président de la République a appelé à "assumer une stratégie d'influence et de rayonnement de la France".
Dans ce discours qui pointait "le narratif, russe, chinois ou turc" en Afrique, M. Macron a exhorté à "mieux utiliser le réseau France Médias Monde, qui est absolument clé, qui doit être une force pour nous".
"France 24, média du groupe FMM (France Médias Monde, ndlr), n'est en aucun cas la voix officielle de la France", a répliqué la SDJ (Société des journalistes) de la chaîne de télévision d'information continue, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
"Elle est un média de service public, pas un média gouvernemental. Elle n'est pas, non plus, un opérateur de la diplomatie d'influence", a insisté la SDJ de France 24.
Dans un communiqué distinct, son homologue de la radio RFI, qui appartient également à France Médias Monde, a martelé que ce groupe "n'est pas le porte-voix de l'Elysée".
"Nos journalistes ne sont en aucun cas et ne seront jamais un outil au service de votre communication et de votre politique", poursuit la SDJ de RFI, radio très écoutée en Afrique.
"Nous ne cèderons jamais une once de notre indépendance", poursuit la SDJ de RFI, selon qui "ces phrases jettent soupçon et discrédit sur le travail de (ses) correspondants".
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Cette polémique intervient dans la foulée de la suppression de la redevance qui finance l'audiovisuel public, votée en août après une promesse d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
Les opposants à la suppression de la redevance craignent que l'audiovisuel public perde de son indépendance en étant soumis aux aléas budgétaires décidés par l'Etat, au lieu d'un mode de financement dédié.
Le groupe France Médias Monde réunit France 24 (en français, en anglais, en arabe et en espagnol), RFI (en français et 15 autres langues) et Monte Carlo Doualiya, radio en langue arabe.
LA JUNTE MALIENNE NAVIGUE À VUE, D'ÉCHEC EN ÉCHEC
"Au Mali, nous voyons progresser les groupes terroristes armés dans tout le pays, les Maliens déplacés par milliers", a dit la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna devant les ambassadeurs français à Paris pour leur conférence annuelle
La junte au pouvoir au Mali "navigue à vue, d'échec en échec", a lancé vendredi la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, quelques semaines après le retrait militaire de la France de ce pays en proie au jihadisme et à la violence.
"Au Mali, nous voyons progresser les groupes terroristes armés dans tout le pays, les Maliens déplacés par milliers", a-t-elle dit devant les ambassadeurs français réunis à Paris pour leur conférence annuelle. "Le régime, auteur d'un double coup d'Etat, s'en prend un jour au Danemark, le lendemain à la Côte d'Ivoire, et toujours à la France, pour tenter de faire oublier qu'il navigue à vue, d'échec en échec, attelé à un groupe de mercenaires russes", a-t-elle poursuivi.
La France, dont les relations avec la junte malienne au pouvoir depuis 2020 sont devenues exécrables, a achevé son départ du pays le 15 août, après neuf ans d'engagement militaire contre les jihadistes. Les autorités maliennes se sont depuis tournées vers la Russie pour le soutien militaire, avec des "instructeurs" que Paris et Washington accusent d'être des mercenaires du sulfureux groupe Wagner.
En Afrique, "de nouvelles concurrences se manifestent, certaines de façon agressive ou sans scrupule", a déclaré Mme Colonna, alors que la France et la Russie sont aussi engagées dans une guerre informationnelle, particulièrement au Mali. Fin avril dans ce pays, un drone français avait surpris des mercenaires mettant en scène un faux charnier à proximité d'une base française, pour faire accuser Paris de crimes de guerre.
"Il faut démonter les manipulations et couper court aux mensonges, il faut aussi reprendre la maîtrise de notre propre récit, de notre image", a lancé la ministre, évoquant un "enjeu stratégique". "C'est à nous de faire la démonstration que nous sommes le bon partenaire, le plus fiable, le plus respectueux", a déclaré Mme Colonna, assurant que Paris était déterminé à "agir avec les Etats et dialoguer directement avec les sociétés civiles". "Nous resterons présents auprès des Etats africains qui le souhaitent, et en soutien des besoins qu'ils expriment souverainement", a-t-elle répété.
LE QUOTIDIEN LE MONDE RETIRE UNE TRIBUNE SUR MACRON EN ALGÉRIE, ET PROVOQUE UN TOLLÉ
"Retirer une tribune pour une citation de Macron qui lui déplaît ! Nouvelle étape dans l'affaissement d'une presse autrefois référence", avait ainsi tweeté jeudi soir le leader de La France insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon
Le journal Le Monde a retiré de son site une tribune sur la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie, car elle "contenait une erreur qui induisait une mauvaise interprétation", s'est-il justifié vendredi après avoir été la cible d'accusations de censure.
Le président français s'est rendu fin août à Alger, après des mois de crise diplomatique, liée au contentieux mémoriel entre les deux pays. A cette occasion, Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmajid Tebboune ont signé solennellement un document qui "renouvelle leur engagement à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible", 60 ans après la fin de la guerre d'Algérie. A la suite de cette visite, une tribune, publiée jeudi matin avant d'être retirée dans l'après-midi, était signée par le chercheur Paul Max Morin, et s'intitulait "Réduire la colonisation en Algérie à une histoire d'amour parachève la droitisation de Macron sur la question mémorielle".
Dans une première brève mise au point, le quotidien du soir avait livré cette explication : "Si elle peut être sujette à diverses interprétations, la phrase une histoire d'amour qui a sa part de tragique prononcée par M. Macron lors de la conférence de presse n'évoquait pas spécifiquement la colonisation, comme cela était écrit dans la tribune, mais les longues relations franco-algériennes". "Le Monde présente ses excuses à ses lectrices et lecteurs, ainsi qu'au président de la République", écrivait le journal à la fin de cette première mise au point, vite suivie de critiques.
"Retirer une tribune pour une citation de Macron qui lui déplaît ! Nouvelle étape dans l'affaissement d'une presse autrefois référence", avait ainsi tweeté jeudi soir le leader de La France insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon. "Sidérante censure", a également tweeté vendredi matin le journaliste Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, pointant le fait que Le Monde "présente ses excuses au président de la République". "Retirer un texte est une pratique anormale et incompréhensible", a réagi vendredi l'auteur de la tribune, Paul Max Morin, auprès du quotidien Libération.
Après ces critiques, Le Monde a publié vendredi après-midi sur son site une explication plus développée. "Les pages Débats du Monde ont vocation à accueillir des analyses et des points de vue, y compris très polémiques. Nous ne pouvons nous permettre d'y accueillir des textes comportant des erreurs factuelles", a argumenté le journal vendredi après-midi. "Quand on commet des erreurs qui sont de notre fait, c'est normal de s'excuser auprès des personnes à qui ça a pu porter préjudice, à commencer par nos lecteurs", a par ailleurs déclaré à l'AFP le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, au sujet des excuses exprimées dans le premier billet.
En octobre 2021, des propos de M. Macron rapportés par Le Monde, accusant le système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle", avaient provoqué une crise entre Alger et Paris.