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24 avril 2025
Développement
L'AVENIR EN POINTILLÉS DU PDS
Le parti d'Abdoulaye Wade semble vivre une résurrection depuis les législatives. Mais les résultats satisfaisants lors du scrutin contrastent profondément avec le climat interne délétère au sein de la formation «bleue jaune »
Au moment où tous les états-majors politiques se renforcent pour se préparer aux principales échéances électorales, le Pds continue de saigner grave et de se fragiliser. Le parti a enre-
gistré le plus grand contingent de départs de militants ces dernières années. Il s’agit souvent de leaders qui ont transhumé vers les prairies marron-beiges, des membres qui démissionnent pour créer leur propre parti politique sans compter ceux qui ont gelé leurs activités politiques.
Entre les dernières élections législatives et aujourd’hui, quatre responsables libéraux ont quitté le navire. Pourtant, ces derniers ont été de tous les combats ces douze dernières années. Ils étaient considérés comme des fidèles parmi les fidèles. D’aucuns étaient surpris de voir l’ancien président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie » et celui qui fut le chargé de communication tourner le dos au parti. Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly et Mayoro Faye, mécontents tous les deux de leurs positions sur la liste de Wallu lors des investitures pour les élections législatives et se sentant trahis par Karim Wade ont claqué la porte. Peu de temps après, ils ont rejoint la coalition de Macky Sall. Quant au virevoltant député libéral de la 13e législature Toussaint Manga, il a attendu l’officialisation des résultats des élections législatives pour quitter le bateau bleu jaune. Pour l’heure, il met sa carrière politique en suspens.
Le 29 août dernier, c’est un autre cacique du Pds en l’occurrence, Dr Cheikh Dieng, ancien maire de Djiddah Thiaroye Kao, de présenter sa démission arguant des «divergences avec Karim Wade». On se rappelle au mois de février 2020, celui qui était le président de la Fédération Nationale des Cadres Libéraux (Fncl) avait quitté le parti pour porter sur les fonts baptismaux une nouvelle formation politique dénommée Bloc National des Démocrates (BND)/Xel Koom. Sans compter le cas assez particulier du maire de Yeumbeul du sud, Bara Gaye militant actif du Pds devenu très proche de Yewwi et particulièrement du Pur. Ce dernier ne s’entend pas avec ceux qui gèrent actuellement le parti et est plus proche de la sortie.
Que prépare Karim Wade
En analysant cette situation, on se rend compte qu’il y a un vrai malaise dans la gestion et le fonctionnement du Pds. En effet, tous ces militants précités ne peuvent être accusés de rouler pour Macky Sall vu que pendant les dix ans restés dans l’opposition, ils pouvaient rejoindre la mouvance présidentielle. Ainsi, l’on se demande à quoi joue Abdoulaye Wade tout au moins Karim Wade qui tient
vraiment les rênes du parti ? L’impression donnée est qu’il y a une volonté de pousser les gens à quitter la formation politique. Or, le retour de «Wade-fils» au-devant de la scène politique sénégalaise peut dépendre de la construction d’un appareil fort avec des hommes de confiance qui ont le charisme, le courage et l’intelligence politique, ainsi que la capacité d’initier des actions politiques d’envergure. Mais il s’avère que toutes les fortes têtes et les dépositaires de bases politiques du parti ont été éjectés ou poussés à la démission. A défaut de se faire harakiri, Karim Wade mûrit peut-être un plan pour se remettre dans le jeu qui, sans doute, viendra de l’inter-coalition Wallu-Yaw ou d’un compromis avec l’actuel régime pour faire sauter sa disqualification.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que la purge ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été même utilisée à l’encontre des moins soupçonnés à l’image de Oumar Sarr qui a occupé de hautes fonctions dans le parti. L’actuel ministre des Mines et de la Géologie et ancien secrétaire général national adjoint du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) a aussi fait les frais de ses désaccords avec Karim Wade. Et il a emporté avec lui ses camarades Babacar Gaye, Me Amadou Sall, Abdou Aziz Diop, etc. Quant à Pape Samba Mboup et Farba Senghor, ils ont été exclus un peu plus tôt pour actes d’in-
discipline. Idem pour Modou Diagne Fada qui a été sacrifié pour son refus de céder son fauteuil de président du groupe libéral à Aïda Mbodj à la veille de l’ouverture d’une session parlementaire. Celle-ci également ne tardera pas d’ailleurs à quitter le parti.
Il faut ajouter à cette liste Ousmane Ngom, Aliou Sow, Sada Ndiaye, Samuel Sarr, Souleymane Ndéné Ndiaye, Aminata Tall,... L’on se demande en définitive comment le Pds pourrait survire dans cette dynamique qui ne permet à aucun leader d’émerger. En tout cas, rien n’est fait pour garder ces responsables qui ont cheminé une partie de leur vie avec le clan Wade. Après tout, la force d’un parti réside dans la multiplication de fortes têtes qui constellent autour d’un leader fort.
LA GALÈRE DES POPULATIONS DE GUÉDIAWAYE ET DES PARCELLES
Avec l’hivernage, les travaux du Brt ont augmenté les désagréments, poussant les habitants de Médina Gounass, Golf, les Unités 1 et 2 des Parcelles Assainies à sortir dans la rue et à bloquer les chantiers pendant quelque temps
Hier, les populations de Guédiawaye et des Parcelles Assainies sont sorties pour demander des mesures urgentes aux autorités. Avec l’hivernage, les travaux du Brt ont augmenté les désagréments, poussant les habitants de Médina Gounass, Golf, les Unités 1 et 2 des Parcelles Assainies à sortir dans la rue et à bloquer les chantiers pendant quelque temps.
Avec les travaux du Brt, l’hivernage apporte son lot de désolation dans la banlieue. A Guédiawaye, aux Unités 1 et 2 des Parcelles Assainies et à Golf-Sud, la grogne commence à monter. Hier, le Collectif des populations de Médina Gounass a improvisé un grand rassemblement à la place publique de la commune, pour faire l’état des lieux. Et la situation n’est pas agréable avec une succession de pluies depuis une semaine. C’est le calvaire à Médina Gounass, qui demande des actions urgentes au ministre Serigne Mbaye Thiam et aux responsables des travaux du Brt, pour les soulager. «Dans le cadre des travaux du Brt, la commune de Médina Gounass a été ciblée pour, d’une part, servir de site de recasement du terminus des cars de Ddd et, d’autre part, à travers des bassins de rétention, elle fait office de réceptacle des eaux pluviales en provenance de l’espace impacté par la trajectoire du Brt dans le département», explique Mactar Gassama, porte-parole du collectif.
Au cours de leur rencontre, les membres du collectif ont rappelé aux autorités municipales et du Brt, leurs engagements pour éviter les «désagréments» actuels, qui étaient prévisibles. «L’engagement avait été pris d’approfondir les bassins, de les écrêter, de les désherber totalement pour les adapter à ces nouvelles charges en termes de volume d’eau pluviale additionnel», explique M. Gassama. Il était prévu, en outre, de renforcer les capacités de la station de pompage. «Le ministre Serigne Mbaye Thiam, dans le cadre de sa tournée pré-hivernale, a réaffirmé les mêmes engagements, allant même jusqu’à répartir les aménagements à réaliser entre les différents services techniques, à savoir Ageroute, Onas, Brt… Il nous avait garanti que les travaux allaient se terminer et être livrés au plus tard le 30 juin dernier. Nous sommes aujourd’hui le 31 août (hier), aucun de ces engagements n’a été respecté. La situation des bassins aujourd’hui nous replonge dans la psychose des inondations», poursuit le porte-parole des populations. Au niveau des alentours des bassins, ce n’est pas la sécurité absolue. «Ces bassins sont devenus aujourd’hui un danger et une menace réelle sur la santé et le bien-être des populations riveraines. Compte tenu de toutes ces situations, nous exigeons de la part de ces autorités, plus de considération», enchaîne M. Gassama.
Maisons lézardées
Aux Unités 1 et 2 des Parcelles Assainies et à Golf-Sud, ce sont les mêmes complaintes. Hier, le Collectif des riverains, qui regroupent ces quartiers, est sorti pour arrêter les travaux en vue de partager ses «souffrances» et les «risques» que ses résidents encourent. Sur plusieurs bâtiments, on constate des fissures béantes provoquées par les mouvements des engins. Il y a quelques jours, 5 familles dont les maisons menaçaient ruine, ont été relocalisées par les responsables du Brt. «La situation est la même ici à l’Unité 1 des Parcelles Assainies où une quarantaine de maisons risquent de s’effondrer. Leurs engins lourds font bouger la terre comme si nous étions en train de vivre un tremblement de terre. Dès que ces engins commencent à creuser pour l’enfouissement des tuyaux de canalisation, toutes les familles sortent de leurs maisons de peur que les bâtiments ne leur tombent dessus», renseigne Mme Khady Sène.
Propositions des responsables du Brt
Responsable du Suivi des projets et d’exploitation du Brt, Serge Diatta a pris part à la rencontre du collectif pour trouver des points de convergence avec les populations. Tout en faisant savoir que les travaux allaient continuer, il a suggéré aux résidents de sortir de leurs domiciles lorsque les grues sont en plein travaux. Mieux, il leur a proposé des abris provisoires pour la journée. Evidemment, cette proposition a été rejetée par le collectif. «Les gens veulent nous enterrer vivants dans nos demeures. Cette proposition est inacceptable. Comment peut-on demander aux familles de sortir de leurs maisons comme si nous étions des sinistrés ? Ils n’ont aucun respect pour nous. Nous interpellons le chef de l’Etat et lui demandons d’envoyer des agents pour s’enquérir de notre situation avant que l’irréparable ne se produise», avance le porte-parole du collectif.
Interpellé pour apporter quelques explications par rapport à cette situation, Serge Diatta coupe net : «Je n’ai rien à dire.»
BAMBA PARTOUT À PRAIA
La communauté mouride du Cap-Vert est de plain-pied dans les préparatifs du Magal de Touba. Mardi, une masse de fidèles musulmans, brandissant des pancartes à l’effigie de Cheikh Ahmadou Bamba, ont marché dans les rues de Praia
La communauté mouride établie au Cap-Vert est de plain-pied dans les préparatifs du grand Magal de Touba. Ce mardi, une grande masse de fidèles musulmans, mais aussi de Capverdiens et de citoyens d’autres nationalités, entonnant des prières et brandissant des pancartes à l’effigie de Cheikh Ahmadou Bamba, ont organisé une marche dans les rues de Praia. Cette marche religieuse est en prélude de la célébration du Magal, prévu le 15 septembre. Le tout pour saluer la mémoire et les enseignements de Bamba.
Evènement planétaire, le grand Magal de Touba est célébré au Cap-Vert depuis plus de 20 ans par la communauté musulmane. Depuis cinq ans, il y a une innovation de taille avec l’introduction d’une marche religieuse. Elle est devenue désormais l’attraction du programme qui précède la date de la plus grande fête populaire islamique, organisée dans la capitale capverdienne. Chaque année, le nombre de participants ne cesse d’augmenter dans le pays pour fêter l’évènement, attirant des milliers de pèlerins, selon le responsable et organisateur de l’événement à Praia, Mandiaye Mbaye. «Lorsque nous avons organisé le festival Magal pour la première fois dans la ville de Praia, cela a été un peu difficile. Nous n’avions pas beaucoup de monde parce que les gens ne connaissaient pas cette fête. Mais maintenant, les gens le savent déjà, donc lorsque nous organisons notre fête, nous invitons beaucoup de gens à y participer, des Capverdiens et des citoyens d’autres nationalités», a-t-il réaffirmé lors de la marche.
Heureux comme un môme avec la grande mobilisation de personnes présentes à la marche, ce leader musulman a également fait connaître les autres motifs de satisfaction en cette période sacrée. «Cette année, a souligné Mandiaye Mbaye, le Magal aura une saveur particulière.» Car il se tiendra dans la mosquée récemment construite dans le village d’Achadinha, où vit une forte communauté sénégalaise. «Nous avions l’habitude d’organiser notre fête du Magal au Centre sportif d’Achadinha, mais l’espace est devenu trop petit pour accueillir autant de personnes. Nous avons réussi à acheter un terrain où nous avons construit notre mosquée. Elle abrite une grande salle où nous pouvons désormais organiser nos activités, dans un lieu qui nous appartient, notamment nos prières», a-t-il déclaré.
Et ce n’est pas tout. Selon Mandiaye Mbaye, le nouvel espace aura aussi un cadre d’hébergement pour les voyageurs. «Ce sera un lieu d’accueil non seulement pour les communautés musulmanes africaines, mais aussi pour les chrétiens et d’autres personnes qui arrivent à Praia en provenance d’autres pays et qui, au départ, n’ont pas d’endroit pour loger. Ils y restent pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’ils trouvent une maison où vivre», a-t-il ajouté, convaincu que la «fraternité» et la «solidarité» doivent toujours prévaloir au sein de la communauté.
A cet égard, outre les prières, plusieurs actions de solidarité seront menées dans la capitale capverdienne, dans le cadre du programme de la fête du grand Magal de Touba, qui se déroule depuis le 29 août et durera jusqu’au 18 septembre à Praia. Le 15 septembre, jour officiel de l’évènement, l’organisation promet une belle fête, du matin jusqu’en fin d’après-midi, avec un déjeuner convivial au cours duquel la viande de bœuf sera servie à tous.
LES MAUX DU LIVRE
Au Sénégal, il est difficile de parler d’une rentrée littéraire. Un environnement assez peu organisé et l’absence d’un véritable marché autour du livre sont avancés comme explications
En cette période de l’année, la France a les yeux rivés sur ses librairies. La rentrée littéraire étant un moment très attendu, le milieu des lettres entre en effervescence. Quels auteurs paraîtront ? Quels livres seront les plus vendus ? Lesquels auront les faveurs du public et ou des jurys littéraires ? Des questions qui accompagnent chaque année ce moment particulier de la vie littéraire du pays de Marianne. Les éditeurs s’affairent à organiser le meilleur départ possible pour leurs auteurs et les librairies réorganisent leurs étals. L’effervescence est perceptible dans tous les médias et on attend avec impatience la nouvelle cuvée. Au Sénégal, force est de constater que tout au long de l’année, le milieu littéraire n’arrive que rarement à se mettre en effervescence. Les raisons sont à chercher dans un monde de l’édition et du livre assez peu organisé. «Au Sénégal, le niveau d’organisation, l’absence d’un vrai marché, du reste concentré à Dakar, et encore !, d’un bon circuit de diffusion, font qu’on en est encore loin», explique le journaliste culturel Aboubacar Demba Cissokho. Une rentrée littéraire est, dit-il, «une expression, un mot générique qui désigne une séquence de temps essentiellement commerciale, qui concentre un important nombre de publications/parutions de nouveaux livres, tous genres confondus».
A l’origine, on parlait plutôt de rentrée théâtrale à la fin du 19e siècle. Et c’est en 1874 que le poète et critique d’art français, Stéphane Mallarmé, en parle pour désigner au sens large, la rentrée culturelle. En effet, au mois de septembre, de nouvelles pièces faisaient leur apparition sur les planches. Mais l’apparition des récompenses littéraires, comme le célèbre Goncourt en 1903, contribue à structurer le phénomène. Et les éditeurs comprennent peu à peu que les désignations de prix stimulent les ventes de livres. Ils en publient donc davantage en septembre et la notion de «rentrée littéraire» s’impose naturellement dans la presse. Le terme se fige en 1975 grâce à Apostrophes, le magazine littéraire de Bernard Pivot, explique Michel Dufranne, un critique littéraire belge.
En Afrique, au Mali voisin, une rentrée littéraire officielle est organisée depuis plus d’une dizaine d’années. Mais il faut souligner tout de même que la rentée malienne se rapproche plus du Salon national du livre du Sénégal puisqu’elle s’étale sur plusieurs jours, plusieurs lieux, et s’achève par une remise de prix.
Une rentrée aux objectifs commerciaux
Au Sénégal, on enregistre beaucoup de sorties chaque année, mais voilà, le niveau d’organisation du milieu littéraire ne permet pas encore de tenir un tel évènement. «Cela suppose une organisation et une entente implicite des maisons d’édition qui savent que le public attend cette période, et font donc paraître les livres à cette période-là», indique M. Cissokho. La rentrée littéraire a des objectifs clairement commerciaux. Il s’agit en effet de vendre et d’assurer la meilleure promotion possible aux nouvelles parutions. Et les médias et les critiques littéraires y jouent un grand rôle. D’ailleurs, en France, la chronologie est bien ficelée. «Il y a la rentrée d’octobre-novembre, réservée aux jeunes écrivains, et celle de janvier, réservée aux écrivains confirmés», note Abdourahmane Mbengue, journaliste et critique littéraire. Cette chronologie s’explique, selon Michel Dufranne, parce qu’«aujourd’hui, la survie d’un bouquin en librairie, c’est trois semaines». «Grâce à ce phénomène artificiel où la presse, les libraires, les critiques en parlent, vous tenez vos livres jusqu’aux prix, vous les faites survivre, et puis comme les prix arrivent, cela continue à créer une forme d’actualité et cela tient jusqu’à Noël», poursuit-il. On le voit donc, il s’agit d’opérations commerciales bien pensées. Mais il n’empêche qu’autant les lecteurs que les libraires et les éditeurs peuvent en tirer profit. Aussi, souligne Abdourahmane Mbengue, au Sénégal, «si tous les activistes du livre s’organisent et réunissent leur forces, ils peuvent créer cet engouement et provoquer une rentrée littéraire». Il y a une dizaine d’années, une maison d’édition avait tenté l’aventure. Mais elle ne fera pas long feu face aux réactions négatives de certains acteurs de l’écosystème du livre.
LES DÉPUTÉS TOUCHENT LE FONDS
Selon Thierno Bocoum, les groupes parlementaires doivent être mis en place par affinités politiques et non pour d’autres intérêts. Il appelle l’opposition à rester unie pour avoir des chances de diriger l’Assemblée nationale
Des centaines de millions dépensés sur le dos du contribuable pour satisfaire des ambitions politiques individuelles. C’est la conséquence de plusieurs groupes parlementaires. Selon Thierno Bocoum, les groupes parlementaires doivent être mis en place par affinités politiques et non pour d’autres intérêts. Il appelle l’opposition à rester unie pour avoir des chances de diriger l’Assemblée nationale.
L’Inter-coalition Yewwi-Wallu est en train d’étudier la formation de plusieurs groupes parlementaires pour peser de tout son poids dans l’Hémicycle. Une perspective qui choque Thierno Bocoum. Dans une note intitulée «Floraison de groupes parlementaires en perspective de la 14ème législature : et le Peuple dans tout ça ?», l’ancien député ne voit dans cette trouvaille qu’une manière pour des parlementaires de s’en mettre plein les poches au détriment des populations. «Cette escalade en perspective dans la formation de groupes parlementaires doit être arrêtée net. L’Assemblée nationale ne doit plus être un lieu de partage de gâteau et de mimétisme de mauvais aloi sur le dos des populations.»
Thierno Bocoum motive sa position en détaillant les conséquences économiques de la constitution de plusieurs groupes parlementaires. Il explique que les groupes parlementaires coûtent cher au contribuable sénégalais. Ce sont des centaines de millions qui sont dépensés pour encadrer leur existence légale. «Les groupes sont dotés de fonds de gestion d’un montant minimum de 2 à 5 millions par mois, selon la taille du groupe. Le président du groupe parlementaire a un rang de vice-président de l’Assemblée nationale, avec un salaire de 2 millions minimum, et d’autres avantages, en plus d’une dotation en carburant de 1000 litres minimum, de 2 voitures 4X4 mises à sa disposition, de prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit téléphonique… Le vice-président du groupe parlementaire a un rang de président de commission avec un salaire minimum de 1,6 million, en plus des avantages accordés au président du groupe (dotation en carburant de 1000 litres, deux voitures 4X4, prise en charge d’un secrétariat, d’un bureau équipé, de crédit téléphonique…)», décrit Thierno Bocoum, pour qui le respect du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale doit être de mise. «L’article 20 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale prévoit que les groupes parlementaires puissent être formés par «affinités politiques». Les élections législatives ont révélé les affinités politiques à travers des coalitions qui, jusque-là, existent encore. La création de groupes parlementaires en parfaite abstraction de cette affinité politique existante, ne sera que le résultat d’un calcul politicien sous fond d’enrichissement sur le dos des populations», a-t-il argumenté.
Dans la même logique, il balaie d’un revers de la main, l’hypothèse selon laquelle plusieurs groupes parlementaires seraient bénéfiques à l’opposition car elle gagnerait en temps de parole. «Les quelques bribes d’explications allant dans le sens de justifier ces groupes par des soucis de temps de parole ne résistent pas face aux dispositions pertinentes du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Dans l’Hémicycle, le mandat impératif n’existe pas et le débat est libre. Même occasionnellement, dans le cadre d’un débat organisé par la Conférence des présidents, tel que prévu par le Règlement intérieur, toutes les entités sont prises en compte, y compris les non-inscrits», soutient-il, tout en invitant l’opposition à «travailler à avoir un candidat unique pour se donner les chances de diriger l’Hémicycle, en comptant sur la discipline de ses membres et sur les frustrations qui pourraient résulter de choix arbitraires dans la distribution des postes au sein de la Coalition Bby».
Birahime Seck est également intervenu pour jeter sa pierre à l’opposition. Le président du Forum civil, chantre de la bonne gestion des deniers publics a posté un mot sur ses différents réseaux sociaux, pour mettre en garde l’opposition parlementaire. M. Seck se désole : «Contrairement à son engagement de rationalisation des dépenses, l’opposition, principalement Yewwi askan wi, aura trahi son programme si elle se lançait dans la création de plusieurs groupes parlementaires, aggravant ainsi les dépenses de l’Assemblée nationale».
Comme Thierno Bocoum, le président de la branche sénégalaise de Transparency International semble vouloir faire comprendre que la multiplicité de groupes parlementaires de l’opposition n’aurait de véritable finalité que de permettre à certains députés parmi les mieux placés dans la hiérarchie, de participer à la mangeoire.
Par Abdoulaye THIAM
MORT PROGRAMMÉE DES MÉDIAS
Nous sommes révoltés d’être devenus des caisses de résonnance, des poseurs de micro et de simples preneurs de son. Les journalistes sont devenus pour la plupart, des carriéristes et leur métier, un simple hobby
«Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude». Cette expression d’origine latine qui a été popularisée par la jurisprudence, s’appliquerait à merveille à la bronca médiatique des journalistes sénégalais qui s’indignent devant le diktat que leur imposent les hommes politiques depuis un certain temps, lors des «conférences» de presse. Nous sommes révoltés d’être devenus des caisses de résonnance, des poseurs de micro et de simples preneurs de son.
Il ne s’agit là que de larmes de crocodile. Parce que si la presse sénégalaise jadis chantée, jalousée dans toute sa sous-région voire dans le monde francophone en est arrivée là, c’est qu’elle a, elle-même, creusé sa propre tombe. D’articles sur commande, au «marchandage» des «UNE», sans occulter la prolifération des séismes déontologiques, nous sommes tout simplement en train de tomber de Charybde en Scylla au grand dam des quatre «mousquetaires» et autres vaillants combattants pour la liberté de la presse, qui regardent impuissants, ce qu’ils ont bâti, s’écrouler comme un château de cartes. Ne cherchons pas très loin pour diagnostiquer le mal. Les journalistes sont devenus pour la plupart, des carriéristes et leur métier, un simple hobby. Quid des actionnaires de ces entreprises de presse qui pullulent comme des champignons ? Rien qu’avec les journaux dits d’informations générales, nous sommes à 29 quotidiens dans un marché publicitaire complètement désorganisé. Sans occulter les sites, radios, télévisions ou boites à images, etc. Il n’est donc pas exagéré d’écrire que beaucoup d'organes sénégalais ont la même fonction que des récépissés politiques convertibles en «mère porteuse» à chaque élection. C'est juste un moyen de pression sur l'État pour entretenir le "géniteur".
Dans un article paru dans les colonnes de Sud Quotidien en juin 2016, nous soulignions déjà que sous l'ère wadienne, le régime avait favorisé la promotion de certains organes estampillés proche du Palais. Ils ont tous, ou presque disparu, après la perte du pouvoir des Libéraux, le 25 mars 2012. Avec Macky Sall, la méthode est plus subtile. Plus efficace. Plus pernicieuse et dangereuse de telle sorte que le Président de la République n'avait plus besoin de s'encombrer de conseillers en communication que Idrissa Seck avait qualifié de «dames de compagnie». Il a su profiter de la vulnérabilité des médias et de son accaparement par des hommes d'affaires, pour faire passer ses commandes, ses ballons de sonde. La connivence est telle que les citoyens avaient commencé à douter de ce que les médias leur livrent chaque matin. Le développement de l’internet est venu enfoncer clou. Fort heureusement d’ailleurs pour l’opposition sénégalaise. Sinon, elle allait être ostracisée et privée de parole surtout dans les médias publics comme Abdoulaye Wade et Macky Sall l’ont été, jadis. Désormais, ces hommes politiques nous dictent leur loi. Ils font des déclarations sur leur page facebook et s’imposent d’office à la presse qui ne peut que constater les faits et les relayer. Alors, ne les accusons surtout pas. Essayons plutôt de faire notre propre introspection au lieu de chercher des faux-fuyants en jetant l’anathème sur Abdoulaye Saydou Sow, Aminata Touré, Ousmane Sonko, Khalifa Ababacar Sall et autres Farba Ngom.
De nos jours, les journalistes quittent très tôt le terrain et s’embourgeoisent en se calfeutrant dans des bureaux climatisés pour finalement devenir ce que nous appelons dans le jargon des «Sénateurs». Ce sont les jeunes reporters et/ou stagiaires que l’on retrouve sur le terrain, livrés à eux mêmes et dont certains finissent par devenir des chasseurs de prime que nous cataloguons honteusement de «racaille». Tout le monde semble démissionné face à cette mort programmée de la presse. Espérons que le Syndicat national des Professionnels de l’information et de la communication (SYNPICS) qui travaille sur les assises de la presse parviendra à sauver la face. Mais il n’en sera ainsi que si et seulement si nous le voulons. Sinon, nous allons tous mourir de notre belle mort.
SANDINIÉRY À L'ÉPREUVE DE LA MODERNITÉ
Elle fait partie des rares localités qui n’ont pas été vaincues par les colons français. Cette prouesse, Sandiniéry la doit à son marabout résistant, Almamy Fodé Fossar Souané. Grâce à ses « soldats », des abeilles, il a dérouté l’armée coloniale en 1861
Samba Oumar Fall et Souleymane Diam Sy, Ndèye Seyni Samb |
Publication 31/08/2022
Située sur l’autre côté de la rive droite du fleuve Casamance, à hauteur du département de Sédhiou, Sandiniéry a la réputation d’être une terre de refus ou un village « rebelle ». Elle fait partie des rares localités qui n’ont pas été vaincues par les colons français. Cette prouesse, Sandiniéry la doit à son marabout résistant, Almamy Fodé Fossar Souané. Grâce à ses « soldats », des abeilles, il a dérouté l’armée coloniale en février 1861. Celle-ci a essuyé une cuisante défaite au débarcadère de Sandiniéry.
Sandiniéry. À Dakar, ce nom renvoie à la fameuse rue située au marché Sandaga, là où les ressortissants guinéens vendent des fruits. D’où vient cette appellation ? Pour en savoir plus, il faut remonter le temps, l’histoire. Sandiniéry est une localité située dans la commune de Karantaba, département de Sédhiou. Pour rallier cette bourgade, il faut traverser le fleuve Casamance, soit par pirogue soit par bac à partir de Sédhiou, donc une distance de trois kilomètres.
En ce dimanche 22 août 2022, le débarcadère de Sédhiou grouille de monde. Le bac étant en panne depuis des lustres, les pirogues ont pris le relais. Le rythme des navettes est incessant. Il faut un quart d’heure pour atteindre l’autre bout. Chauffeurs de taxis-brousse et conducteurs de motos « Jakarta » guettent la moindre arrivée des passagers et autres visiteurs pour leur proposer leurs services. Au cœur de ce village de Sédhiou, les activités vont bon train. À côté des maisons en dur ou en paille, les femmes, assises devant leurs étals garnis de quelques légumes et de tas de poissons, attendent la clientèle. Sandiniéry baigne dans un grand calme qui contraste d’avec son histoire agitée, son passé guerrier. Différentes péripéties conflictuelles avec le colon lui ont valu la réputation de « village rebelle ».
Le Fort Pinet Laprade et Sandiniéry sont deux grandes pages du passé colonial de Sédhiou. Le premier site abritait l’arsenal militaire du colon, avec trois pièces de canons orientés vers le village pour bombarder et surveiller les différents mouvements de l’ennemi.
Selon Amor Souané dit Dioutou, chef du village, Sandiniéry est fondé vers 1800 par des Baïnoucks, notamment par le couple Sandi. La fusion du nom de l’époux (Sandi) et celui de la femme (Niéry) a donné Sandiniéry.
Avec l’islamisation du Pakao, renseigne-t-il, Almamy Fodé Fossar Souané a quitté Diannah Ba, village situé à une cinquantaine de kilomètres de Sédhiou, pour s’installer à Sandiniéry. Sur place, le marabout a invité les premiers habitants du village, notamment les Baïnoucks qui étaient des païens, à embrasser la religion musulmane. Ces derniers lui ont opposé un niet catégorique. L’érudit a alors engagé la bataille pour la propagation de l’Islam. Les Baïnoucks ont fini par abandonner le village pour aller s’installer ailleurs, précise le chef de village.
LA RIPOSTE DE L’ARMÉE DES ABEILLES
Sandiniéry est réputé être « village de refus, une localité rebelle ». Tout serait parti de la fameuse bataille ayant opposé l’armée coloniale au marabout guerrier Almamy Fossar Souané en février 1861. Celle-ci découle, d’après Massy Dabo, notable du village, de la volonté des colons de « chasser » le marabout et Sounkar Yéri Camara, résistant qui s’était réfugié à Sandiniéry. Ce dernier s’était opposé à l’installation des colons à Sédhiou en 1854. N’y étant pas parvenu, il avait fini par traverser le fleuve Casamance pour se réfugier à Sandiniéry, auprès de son oncle, Almamy Fodé Fossar Souané, car sa maman était originaire de ce village. Après l’avoir contraint à l’exil, les colons ont voulu le poursuivre à Sandiniéry. Mais, c’était sans compter avec la détermination de l’Almamy. La confrontation était inévitable. C’est le début du déclenchement de la guerre entre colons et autochtones.
Très mystique, Almamy Fodé Fossar Souané avait déjà « sécurisé » son fief, selon le chef de village. Depuis le Fort de Pinet Laprade de Sédhiou, les colons déclenchèrent les hostilités en larguant une bombe sur Sandiniéry. Ils avaient malheureusement raté leur cible, selon Amor Souané. Leur engin explosif avait atterri à sept kilomètres derrière le village qui était mystiquement protégé par Almamy Fodé Fossar Souané. N’ayant pu localiser l’emplacement de la localité avec leurs outils de guerre, explique le chef de village, les colons décidèrent de traverser le fleuve Casamance pour en découdre avec les combattants de Sandiniéry et leur chef, Almamy Fodé Fossar Souané. À leur débarquement, ils seront attaqués par une colonie d’abeilles, considérées comme les « soldats » du marabout guerrier. Selon nos interlocuteurs, la guerre n’a pas duré plus d’une demi-heure ; les abeilles ayant réussi à dérouter les envahisseurs. Sandiniéry n’a pas capitulé.
Aujourd’hui, le baobab, lieu de refuge des « soldats » de l’Almamy Fodé Fossar Souané, attire la curiosité du fait de la présence mythique des abeilles dans cet arbre. Selon les autochtones, elles sont toujours présentes et prêtes à faire face à toute velléité d’attaque contre le village. Ces abeilles, informe le chef de village, jouent toujours leur rôle. Ce sont, d’après Amor Souané, les « protectrices » de Sandiniéry, des anges gardiens. Depuis lors, aucun incident n’a été noté entre elles et les habitants.
L’engin explosif retrouvé en 1992 par l’Armée
Mis en difficulté par les autochtones, les militaires français se repliaient dans les souterrains du Fort, selon une autre version de la bataille de Sandiniéry. Combattant à armes inégales, les guerriers de la rive droite, venus de Karantaba et Tanaff pour épauler leurs camarades de Sandiniéry, en fins stratèges, prenaient les pirogues, traversaient le fleuve et se cachaient dans les mangroves pour essayer d’atteindre le Fort Pinet Laprade, explique une autre version. Défaite, l’armée coloniale s’est retirée. Elle sera suivie, d’après Massy Dabo, par les commerçants blancs qui détenaient des comptoirs au débarcadère de Sandiniéry. Par ailleurs, révèle le notable du village, l’engin explosif, que les colons avaient largué et qui pèse 15 tonnes, a finalement été retrouvé. Il a été déterré en 1992 par l’Armée sénégalaise dans la forêt, à sept kilomètres du village.
par Nioxor Tine
POUR UNE COALITION DE LA RAISON
Le pays continue de subir les caprices d’un président autiste qui, faute d’avoir pu déchiffrer le message pourtant clair des électeurs sénégalais, met la vie publique à l’arrêt, en faisant une sorte de grève de zèle
Rome détruit par Néron : trop de pouvoir mène au chaos - Cyril Guedj
Il y a exactement un mois se tenaient les élections législatives, qui ont consacré la déroute politique de Benno Bokk Yakaar, dont le staff dirigeant semble comme frappé de sidération. Pourtant, le déclin du camp de la majorité présidentielle était déjà perceptible, lors des élections de janvier dernier, mais les communicants de Benno Bokk Yakaar, aveuglés par la gouvernance tyrannique - à la limite de la schizophrénie – de leur mentor, l’avaient mis sur le compte des divisions internes à leur camp.
Il faut reconnaitre, que la période préélectorale avait été caractérisée par une démesure frisant la démence, avec un fait unique dans les annales de l’histoire électorale mondiale, c’est-à-dire l’invalidation de la "semi-liste" de titulaires de Yewwi et celle des candidats suppléants de Benno, comme pour faire bonne mesure.
N’oublions pas, - pour agrémenter le contexte loufoque -, l’élimination, pour divers prétextes fallacieux de 17 autres listes concurrentes à celle de Benno, l’arrestation arbitraire de députés en session, dont on n’aura pas pris la peine de lever l’immunité parlementaire, de maires et de citoyens vaquant tranquillement à leurs occupations. Il y a aussi eu, comble de stupidité, le siège des maisons de leaders politiques de l’opposition.
C’est dire que l’amplification du désaveu populaire de ce pouvoir "néronesque", lors des législatives de fin juillet a été un électrochoc salutaire, qui a balayé les derniers doutes sur le déclin programmé de la coalition présidentielle, malgré l’utilisation d’armes politiques non conventionnelles.
Comble de désespoir, le chef de l’État et ses thuriféraires peinent à changer de paradigme, malgré la nouvelle donne politique que constitue le désamour flagrant entre eux et les populations !
Alors que dans une démocratie digne de ce nom, on aurait eu droit à une allocution solennelle du chef de la majorité, reconnaissant sinon une défaite politique indéniable, tout au moins un recul électoral substantiel, on a vu les cadres politiques de Benno se glorifier d’être le premier de la classe.
Ce faisant, ils commettaient une double faute : ils occultaient leur perte de majorité, aussi bien en termes de sièges, que par rapport au vote populaire, tout en se privant de la possibilité de se réconcilier avec les Sénégalais, qui semblent leur avoir définitivement tourné leur dos.
En attendant, le pays continue de subir les caprices d’un président autiste qui, faute d’avoir pu déchiffrer le message pourtant clair des électeurs sénégalais, met la vie publique à l’arrêt, en faisant une sorte de grève de zèle. De fait, il refuse de nommer un Premier ministre, alors que la loi rétablissant ce poste a été votée depuis décembre dernier, maintient à leurs fonctions, des ministres ayant perdu, depuis plusieurs mois, toute légitimité politique et retarde l’installation de la nouvelle législature pour des raisons purement politiciennes et partisanes. Ce qui ne l’empêche guère de parcourir le monde par monts et par vaux, aux frais du contribuable, bien entendu !
Quid de l’opposition ?
Il est navrant de constater, encore une fois, que ce sont des querelles de leadership ou des rivalités autour de la présidence de l’Assemblée Nationale, qui sont mises en avant, en lieu et place des discussions programmatiques.
Or, le simple fait que ce soit une liste de suppléants qui ait remporté cette élection législative, (en prenant en compte les fraudes en zone rurale - surtout au Fouta - et les quiproquos au sein de l’Inter-coalition Yewwi – Wallu, dans certains départements), devrait inciter les leaders de l’opposition à plus de modestie. D’ailleurs le même phénomène avait pu être observé lors des élections locales au cours desquelles, d’illustres inconnus ont pu gagner plusieurs collectivités territoriales dont l’une des plus grandes de la capitale contre des politiciens bien établis, de gros poissons pris – il est vrai - dans les filets de la transhumance.
Cela traduit certes, avant tout, le ras-le-bol des populations contre les difficultés de la vie, l’injustice ambiante, l’excès d’autorité du régime autocratique de Benno en même temps qu’une ferme volonté de promouvoir des hommes politiques appartenant aux nouvelles générations.
C’est ce qui fait que l’Intercoalition Yewwi – Wallu et l’ensemble des forces d’opposition ont l’impérieux devoir de transformer le vote de défiance populaire contre Macky Sall et ses velléités de candidature illégale à la prochaine présidentielle en un vote d’adhésion, si ce n’est à un programme alternatif en 2024, tout au moins à une feuille de route commune, pour un laps de temps déterminé.
A plus long terme, il y aura une nécessité de clarification politique, préalable incontournable pour la délimitation entre forces patriotiques et celles soumises aux désidératas des puissances étrangères.
Mais à l’étape actuelle, il faut mettre sur pied une nouvelle Coalition de la raison (retrouvée), qui pourra inclure certains hommes politiques lucides de l’actuelle majorité en voie de déliquescence et qui pourront faire valoir leurs légitimes ambitions dans la course à la magistrature suprême, qui s’annonce.
Des ententes d’états-majors politiques sur la base du plus petit commun dénominateur sont possibles, car la résolution de certaines exigences démocratiques, ayant atteint leur seuil de maturité, devient une condition sine qua non de stabilité de tout futur régime dans notre pays.
Parmi celles-ci figurent la réforme du processus électoral, avec la suppression du parrainage citoyen sous sa forme actuelle, le réaménagement de la loi sur la parité, qui devra être moins mécanique et l’adoption du bulletin unique, en se servant des leçons tirées des contre-exemples des régimes issus de nos deux premières alternances. Il y a également urgence à prendre certaines mesures comme la réévaluation par des experts indépendants de toutes les procédures judiciaires intentées contre des hommes politiques (Barthélémy Diaz, Karim Wade, Khalifa Sall, Ousmane Sonko ...). De nouveaux consensus devront être recherchés sur le conseil supérieur de la magistrature et le conseil constitutionnel, pour rendre notre Justice réellement indépendante.
Concernant la liberté de presse, il faudra aller vers la suppression du monopole de la coalition au pouvoir sur les médias publics et promouvoir la pluralité médiatique par la répartition équitable des marchés de la publicité et autres droits de retransmission d’évènements sportifs. Le poste de président du CNRA devra faire l’objet d’appel à candidature.
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption et l’impunité, il faudra régler la question du leadership de l’ARMP et diligenter le traitement des dossiers judiciaires, bloqués soit au niveau de la présidence ou au niveau du bureau du Procureur dont ceux de l’OFNAC.
Ce ne sont là que quelques exemples du grand catalogue des Assises nationales et de la CNRI, dont le peuple sénégalais devrait s’approprier dans son entièreté, dès que les conditions politiques s’y prêteront.
HCCT, UNE CHAMBRE EN QUÊTE DE RÉFORMES
Les contempteurs de cette institution la trouvent « inutile et budgétivore ». Pour autant, le Hcct semble joué un rôle majeur en ce qui concerne la démocratie locale en remettant des rapports, des avis, des études et des recommandations au chef de l’Etat
Beaucoup de voix, notamment dans l’opposition, se sont élevées pour réclamer la dissolution du Haut conseil pour les collectivités territoriales (Hcct). Les contempteurs de cette institution la trouvent « inutile et budgétivore ». Pour autant, le Hcct semble joué un rôle majeur en ce qui concerne la démocratie locale en remettant des rapports, des avis, des études et des recommandations au chef de l’Etat. Ces hauts conseillers prouvent ainsi toute la pertinence de leur mission même s’ils souhaitent que le statut de cette institution soit revu.
Inutile et budgétivore. Ce sont les deux qualificatifs utilisés par ceux-là qui ne veulent plus du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et souhaitent simplement qu’il soit dissout. Les partisans d’une telle posture, notamment les opposants de l’intercoalition Yewwi-wallu l’ont ouvertement dit dernièrement. Allant même jusqu’à boycotter l’élection des hauts conseillers devant se tenir ce 4 septembre sur l’ensemble des départements du pays. Seulement, Me Ousmane Sèye, vice-présidente de ladite institution ne partage pas leur avis. Selon lui, ces contempteurs du Hcct ne sont pas bien inspirés ou sont simplement des mal intentionnés. « Tout cela rentre dans le cadre d’une tentative de discrédit de certaines institutions de l’Etat par une certaine opposition. De la même manière qu’on a essayé de discrédit la justice, l’action du président de la République, il y a une certaine opposition qui fonde sa politique et son programme sur le discrédit des institutions », explique Me Sèye rappelant que le Hcct n’est pas la première institution créée par un régime donné. D’ailleurs, il signale qu’aucun régime ne peut être installé sans créer une institution qui encadre la décentralisation. Il explique que sous le régime socialiste de Abdou Diouf, le Conseil de la République avait été créé. Abdoulaye Wade va le maintenir avant de créer le Sénat. Mais Macky Sall a opté pour le Hcct.
Dans la même lancée, Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté, conseiller de la présidente du Hcct et responsable des pôles territoires estime que c’est peut-être par méconnaissance du rôle de cette institution que ces critiques sont formulées. « Ceux qui ont pris la parole pour se prononcer sur l’utilité ou pas du Hcct auraient dû au préalable se renseigner, documenter leur avis pour être crédibles. Parce que ce qu’ils ont avancé est totalement faux. Il faut qu’ils sachent que la mission du Haut Conseil est fixée par la Constitution », soutient M. Diakhaté. Selon lui, il y a un nouveau paradigme en matière de décentralisation. Celui-ci est basé sur l’Acte 3 et le Pnadt avec la création de territoires compétitifs et porteurs de développement durable. « Cela passe obligatoirement par une institution, un organe qui est l’interface entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux. Donc le Hcct joue le rôle d’une courroie de transmission. Parce que sa compétence c’est d’approfondir la décentralisation, mais aussi l’aménagement du territoire et le développement territorial », explique le professeur Diakhaté.
Le haut conseiller n’a pas droit à la retraite
D’ailleurs, depuis sa création, cette institution a fait bouger les lignes sur bien des questions. Notamment en faisant le plaidoyer sur l’équité territoriale en permettant, entre autres, aux communes rurales de bénéficier du Pacasen (Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal). De même, les hauts conseillers ont permis de revaloriser le statut chef de village qui est le premier maillon du pouvoir décentralisé. D’autres actions ont été menées par les hauts conseillers comme la création de la valise de l’élu sans compter le plaidoyer fait sur la Fonction publique locale.
Malgré toutes ces réalisations, le Hcct est vu comme une institution qui consomme trop de moyens. Aussi bien financiers que matériels. Une idée réfutée par le Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté. Selon lui, le Haut conseil vit avec des « conditions spartiates » et contrairement à ce que les gens disent, ce n’est pas un lieu où l’on se régale et se partage des cadeaux. « Si le budget du Sénégal est l’équivalent de 10 000 Fcfa, le Hcct a consommé 30 Fcfa sur ces 10 000 Fcfa. En consommant 30 Fcfa, le Hcct créé plus de 250 emplois dont les chauffeurs qui sont pris en charge par les Hauts conseillers », explique Pr Diakhaté. Il s’y ajoute, selon lui, qu’un haut conseiller n’a pas de salaire, mais dispose d’indemnités mensuelles de session. « Ensuite, il faut rappeler que le haut conseiller n’a pas droit à la retraite. Même s’il effectue plusieurs mandats, ce n’est pas comme à l’Assemblée nationale. Il s’y ajoute que le haut conseiller ne dispose pas de prise en charge médicale. Il se soigne à ses frais lui et sa famille et plus de la moitié des hauts conseillers qui proviennent des régions louent un appartement et à ses frais. Le Hctt ne dispose pas d’hôtel », soutient Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté.
LA MAISON NORMANDE DE SENGHOR OUVERTE AU PUBLIC
L'ex-demeure normande de l'ancien président du Sénégal va être ouverte au public pour la première fois, à l'occasion des journées du patrimoine, a indiqué mercredi la mairie de Verson (Calvados)
L'ex-demeure normande de l'ancien président du Sénégal Léopold Sédar Senghor va être ouverte au public pour la première fois, à l'occasion des journées du patrimoine, a indiqué mercredi la mairie de Verson (Calvados).
"C'est une première mondiale. La succession a pris deux ans et demi mais ça se termine bien: nous sommes propriétaires depuis le 7 juillet du parc, de la maison, du mobilier" et de 25 m3 environ d'archives écrites, conformément aux volontés de Colette Senghor, la seconde épouse de l'homme politique, a dit à l'AFP Marie-Hélène Brioul, adjointe au maire de la commune de 3.500 habitants à 8 km de Caen.
Dans son testament, l'ancienne première dame du Sénégal, dont la famille est d'origine normande, demande "que cette maison du poète soit un lieu vivant accessible au public", selon la mairie de Verson.
A partir de 1957, le couple passa tous ses étés à Verson, avant de s’y installer durablement au début des années 1980, selon la mairie. Le poète-académicien y mourut en 2001 et sa muse, Colette Senghor, en 2019.
Pour les journées du patrimoine les 17 et 18 septembre, des visites guidées de la maison de pierres blanches aux nombreuses fenêtres seront proposées au public qui aura également accès à son grand parc arboré.
La demeure, aux volets et portail aujourd'hui défraîchis, sera nettoyée, précise Mme Brioul. Des travaux sont envisagés mais dans un second temps.
La Fondation du Patrimoine a effectué un diagnostic sanitaire de la maison et du parc et "l’état sanitaire général est bon", avait indiqué le conseil régional en 2021.
Dans la maison se trouvent "quelques cahiers", du poète, selon Mme Brioul.
Mais la plupart des archives dont Verson a hérité ne peuvent pas encore être présentées au public. Conservés dans un hangar à Bretteville-sur-Odon, entre Verson et Caen, les documents doivent encore faire l'objet d'un inventaire précis.
On y trouve notamment des courriers avec d'autres chefs d'Etat, selon Mme Brioul mais il se peut qu'on y découvre aussi des documents "qui concerne "l’académicien, le poète".
"On est beaucoup sollicités par des chercheurs" qui s'intéressent au "contexte dans lequel il a écrit, les premiers jets d’une élégie pour arriver jusqu’à l’élégie finale. Il écrivait sur des petits cahiers et puis après ça prenait forme", explique Mme Brioul.
Les écrits qui ont donné lieu à publication se trouvent eux à la BNF, selon l'élue.
La mairie réfléchit encore à la façon dont elle rendra la maison accessible au public à plus long terme.