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24 avril 2025
Développement
par Dioubeyrou Sow
CAP SUR 2024
Pour convaincre, il faut exposer, il faut échanger et surtout il faut écouter tout un chacun pour que le projet voulu pour le Sénégal pour les prochaines années soit un projet partagé
Le 31 juillet 2022, le peuple sénégalais a eu, encore une fois, à montrer au monde entier sa maturité politique et démocratique. Comme tous les 5 ans, les citoyens sénégalais, sans tambour ni trompette mais dans la joie et la bonne humeur, ont choisi leur représentant à l’Assemblée nationale pour les 5 prochaines années. Sous la supervision des différentes instances et organisations nationales et internationales, le peuple souverain a su, en toute indépendance, malgré un contexte hivernal difficile, se rendre dans les centres de vote pour exprimer leur choix.
Auparavant, durant 3 semaines, les différentes listes en compétition ont sillonné le pays pour discuter directement avec leur concitoyen. Chacun, en ce qui le concerne, a exposé son projet et sa vision pour le Sénégal de demain. Ces jours ont aussi été propices pour les partis d’opposition pour taire leur querelle. Ils ont mis en avant leur ambition pour un Sénégal prospère et un Sénégal pour tous. Pour convaincre, il faut exposer, il faut échanger et surtout il faut écouter tout un chacun pour que le projet voulu pour le Sénégal pour les prochaines années soit un projet partagé, porté par la majorité qui ne cherche qu’à être associée.
Ces jours de campagne électorale ont été pour les coalitions de l’opposition des rencontres avec le peuple souverain. Dans les villes comme dans les campagnes, avec les femmes et les jeunes, les travailleurs et les sans-emplois, ces hommes engagés, qui rêvent du pouvoir, se sont donnés rendez-vous avec ce Sénégal dont on a tant rêvé pour échanger sur les sujets de l’heure. On ne va pas s’y étendre, notre objectif est autre.
Ces élections nationales interviennent 10 ans après l’accession de Macky Sall au pouvoir. Hé oui 10 ans déjà ; ça va très vite mais quel bilan élogieux ! Dans tous les secteurs, le Sénégal a fait un bon supérieur à celui effectué de 1980 à 2012, soit plus de 30 ans. On ne va pas revenir sur ces acquis. Le Sénégal le vit tous les jours. BBY devait prendre le temps durant cette campagne électorale pour expliquer, montrer et échanger avec nos concitoyens sur la vision 2035 mais aussi sur toutes les réalisations. Que de choses à dire et à montrer.
Une campagne électorale, on ne l’apprend plus à aucun Sénégalais. La stratégie est simple : Expliquer en un minimum de temps ce qu’on fera en 5 ans. On se souvient de la marche bleue. On se souvient aussi des autres victoires électorales qui ont suivi au Sénégal et ailleurs après des campagnes électorales simples mais riches. Pour la victoire finale, au-delà du projet, il faut un discours clair, un engouement partagé et aller par la suite à la rencontre avec le peuple mais tout en montrant que ce que l’on cherche, on le veut. C’est comme dans un entretien d’embauche. A compétence égale, on choisit toujours le candidat qui montre que ce job, est le job de sa vie. La motivation n’était pas avec BBY. La fébrilité n’est pas un point fort pour tout combat surtout pour un combat électoral.
Hélas, ce combat est terminé avec beaucoup de mou et de remords mais pas de regrets. Il est temps maintenant de fixer rapidement le Cap sur 2024. Les réflexions sont déjà lancées pour prendre la revanche dans les grandes villes. La victoire de 2012, construite à partir des villes et des communes rurales, était encore plus incertaine en 2010 mais nous l’avions réussie avec la manière en échangeant avec tous les Sénégalais et en misant sur toute la population mais surtout sur les jeunes et les femmes. Le diagnostic est déjà fait. Certaines villes ne doivent pas échapper à BBY. Les réalisations de Macky Sall y sont trop importantes. Cependant, si les leaders désertent le peuple à qui appartient le pouvoir, le pouvoir leur filera entre les doigts.
Par Abdoulaye THIAM
VACANCES DU POUVOIR ?
Il n’y a pas eu de conseil des ministres hier, mercredi 24 août. Un fait rarissime pour ne pas être relevé ; surtout que le président de la République est au palais présidentiel, sain, sauf et jouit de toutes ses facultés physiques et mentales
Il n’y a pas eu de conseil des ministres hier, mercredi 24 août. Un fait rarissime pour ne pas être relevé ; surtout que le président de la République est au Palais présidentiel. Il est sain et sauf et jouit de toutes ses facultés physiques et mentales. Sauf qu’en lieu et place de cette rencontre hebdomadaire où les ministres rendent compte au Chef de l’Etat de leurs activités relatives à l’exécution de la politique de la Nation qu’il définit lui-même, il a préféré gérer ses audiences. Dans un excellent papier paru avant-hier, à la UNE de nos confrères du journal EnQuête, annonçant que notre «pays est en stand by». Effectivement, il est à l’arrêt.
Ce, depuis novembre–décembre 2021, date de l’annonce de la restauration du bicéphalisme au sommet de l’Etat avec le retour du poste du Premier ministre. Un slogan anglo-saxon «Fast Track» avait été brandi contre toute attente pour légitimer la suppression du fusible juste après la réélection du Président de la République, Macky Sall à la tête de la magistrature suprême le 25 février 2019 avec 58,26 %.
Le 14 mai 2019, il avait promulgué la loi constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre, renvoyé certains caciques du régime supposés à tort ou à raison d’avoir des ambitions présidentielles. Ce qui lui permet désormais de piloter, seul, l’action du gouvernement. «Quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif du résultat, l’urgence des tâches à accomplir requiert de la diligence dans le travail. Ce qui doit être fait aujourd’hui ne peut être remis à demain. Voilà le cap que j’entends fixer aux équipes qui m’accompagneront dans ce nouvel élan de réformes transformatives», justifiait alors Macky Sall, qui venait ainsi d’administrer un coup de Jarnac à toute la classe politique sénégalaise mais aussi aux analystes politiques.
Mais 31 mois après, à la surprise générale, le Chef de l’Etat, brandit sa nouvelle charge, celle du futur président en exercice de l’Union africaine, pour annoncer le retour d’un Premier ministre. La décision tombe, comme un couperet, en conseil des ministres le 24 novembre 2021, qui a adopté le projet de loi portant révision de la Constitution. Le texte passe ensuite comme lettre à la poste à l’assemblée nationale le 10 décembre 2022, avec 92 députés en faveur de la loi portant restauration du poste de Premier ministre, deux contre et huit abstentions.
Les «aboyeurs» sont envoyés sur les plateaux de télévisions et autres radios pour justifier la décision. Argument plus que fallacieux brandi : la charge est trop lourde pour que le Président Sall puisse s’occuper et du Sénégal et de l’Afrique. Diantre ! Sauf que l’urgence va se transformer en une véritable arlésienne. La fumée blanche attendue n’est toujours pas sortie du Palais. Et pour cause. Empêtré dans ses calculs de dauphinat et/ou de 3ème mandat, le Président Sall renvoie l’échéance jusqu’après les élections locales du 23 janvier 2022.
Mais, la perte des grandes villes comme Dakar, Thiès, Mbacké, Ziguinchor entre autres, fait encore hésiter le Chef de l’Etat, qui avait pourtant demandé à ses ministres de faire leurs dossiers. Ensuite, ils seront appelés à exécuter les affaires courantes. Ce qui durera 8 longs mois. Record absolu ! Arrivent ensuite les élections législatives du 31 juillet 2022. L’inter-coalition Yewwi Askan Wi et Wallu corse l’addition, installe une quasi-cohabitation à l’hémicycle et une panique généralisée au sein de la majorité. Ce qui explique d’ailleurs les réactions épidermiques contre chaque sortie de Ousmane Sonko qu’ils ont créé de toutes pièces en faisant de lui, le principal leader incontesté et incontestable de l’opposition. Sinon comment comprendre ses mises en demeure contre des ministres et autres directeurs de sociétés nationales qui ne mouilleraient pas le maillot ?
Face à l’expression de la volonté du peuple qui a envoyé au Chef de l’Etat un premier avertissement lors des Locales du 23 janvier 2022, puis un deuxième lors des Législatives du 31 juillet, il a annoncé face à «ses» députés lors d’une réunion marathonienne «chercher des combattants». Nous osons espérer que c’est pour sortir le Sénégal des ténèbres avec la cherté du coût de la vie suite à des flambées des prix tous azimuts dans un contexte international où chaque Etat se bat pour que ses industries ne mettent pas la clé sous le paillasson
LES NOUVEAUX DÉPUTÉS INSTALLÉS LE 12 SEPTEMBRE PROCHAIN
A travers un décret signé mercredi, le Président de la République, Macky Sall, a fixé la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale nouvellement élue
A travers un décret signé mercredi, le président de la République, Macky Sall, a fixé la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale nouvellement élue. Il est annoncé dans ce document que les 165 députés de la 14ème Législature sont convoqués le lundi 12 septembre 2022, à 10 heures.
La coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) a obtenu 82 sièges à l’issu du scrutin législatif du 31 juillet dernier. Elle est suivie de Yewwi Askan Wi avec 56 députés et Wallu Sénégal qui s’est adjugée 24 députés.
Les coalitions Bokk-Gis-Gis Ligueey, Aar Sénégal et M.P.R Les Serviteurs ont, chacune, un député. Mais, lors d’un point de presse, l’ancien maire de Dakar,Pape Diop (Bokk-Gis-Gis), a annoncé qu’il allait se joindre au groupe parlementaire qui sera mis sur pied par la coalition présidentielle.
Celle-ci, rappelons-le, avait un peu plutôt dans la journée du 24 août, sorti un communiqué pour faire savoir que les nouveaux parlementaires seront installés en septembre prochain, sans donner plus de précisions.
ALERTE À LA DROGUE À L'UASZ
À l’Université Assane Seck de Ziguinchor, les consommateurs de drogue opèrent en toute tranquillité dans la mesure où, entre autres raisons, il y a une absence de contrôle rigoureux du fait de la loi sur les franchises universitaires
À l’Université Assane Seck de Ziguinchor, les consommateurs de drogue opèrent en toute tranquillité dans la mesure où, entre autres raisons, il y a une absence de contrôle rigoureux du fait de la loi sur les franchises universitaires. C’est ce que pense le sociologue et criminologue Benoît Tine, enseignant dans ce temple du savoir.
Dans les universités, les pensionnaires viennent de localités différentes et se retrouvent dans un même endroit avec un objectif commun : réussir dans les études. Cependant, dans ces espaces d’apprentissage et de socialisation, des étudiants peuvent facilement se laisser aller à des pratiques illégales, notamment l’usage de la drogue. Au lendemain de la fête de l’Assomption, un militaire en civil a été arrêté dans l’enceinte de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) avec du chanvre indien. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) s’en offusquait dans un communiqué en date du 17 août dernier, précisant que l’individu avait été interpelé avec une importante quantité de chanvre indien. Cela laisse croire à un réseau de trafic de drogue dans l’enceinte universitaire. Professeur en Sociologie et Criminologie, Benoît Tine estime que cette pratique n’est pas nouvelle au sein de l’Uasz. La Casamance est, à l’en croire, une zone particulière dans cette problématique de la drogue puisqu’on y cultive du chanvre indien. « Ce qui s’est passé le 16 août dernier est un fait d’actualité. Mais, dans la plupart de nos études, apparaît cet aspect d’usage de la drogue, voire de la toxicomanie. Donc, le fait que cela se passe à l’Université ne nous étonne guère puisque cet espace est une microsociété. Ce sont des individus qui viennent de partout avec leurs habitudes (qualités et défauts). Parmi ces mauvais penchants figurent l’usage et la consommation de substances illicites et illégales, telles que le cannabis », explique M. Tine.
Poursuivant, le criminologue rappelle que la culture du cannabis, banalisé et démocratisé, et la rencontre des personnes qui viennent de milieux différents créent « un cocktail explosif ». Le cannabis, soutient Benoît Tine, circule dans toute la Casamance. « Cela ne nous étonne point qu’on retrouve ces pratiques-là à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, un temple du savoir. L’université est une société en miniature. Ce n’est pas étonnant de voir ces autres travers de la société au sein de ce campus social », clarifie l’enseignant à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.
« Garab ga », le coin des accros
Au-delà de l’espace universitaire, Benoît Tine considère qu’on retrouve la drogue dans les quartiers. Ce produit, confie-t-il, y est « très accessible » et peut coûter 1000 FCfa. De l’avis du Professeur en Sociologie et Criminologie, cet aspect peut être à l’origine de la circulation intense du chanvre indien jusque dans l’espace universitaire. « Avant, avec 500 FCfa, on pouvait avoir une certaine quantité. Aujourd’hui, il faut débourser 1000 FCfa pour en disposer parce que les prix ont connu une hausse. La même quantité peut être même vendue à 3000 FCfa. Les jeunes élèves et étudiants achètent autour de 1000 FCfa, à moins qu’ils ne se cotisent pour se payer le kilogramme ou 500 grammes », renseigne Benoît Tine.
Dans la cohorte des étudiants qui se sont lancés dans la consommation de la drogue, on retrouve certains qui ont commencé à s’adonner à cette pratique bien avant de fouler le sol de l’institution universitaire. Une fois au sein du campus, ils ont continué. Mais d’autres, poursuit M. Tine, ont, pour la première fois, consommé de la drogue à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. « Donc, l’une des principales causes de la consommation du chanvre indien, c’est la pression des pairs. Cela se passe entre amis. On peut refuser une première et une deuxième fois. Mais, peut-être pas une troisième fois. C’est cette sociabilité qui fait que beaucoup, en un moment donné, dans l’espace universitaire, tombent dans cet usage du cannabis, voire de la toxicomanie », explique-t-il, précisant qu’à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, les consommateurs de drogue se connaissent et sont toujours ensemble. D’ailleurs, soutient-il, ils ont un endroit privilégié, « Garab ga » (l’arbre), où ils se retrouvent pour se lancer dans la consommation intense de la drogue.
MON PÈRE EST UN PROFIL POLITIQUE QUI MANQUE BEAUCOUP SUR LA SCÈNE POLITIQUE ACTUELLE
Trois ans déjà qu'Amath Dansokho a quitté ce monde. Ce nouvel anniversaire de sa disparition est l’occasion d’en connaître un peu plus sur la vie de cet illustre homme, à travers son fils Alcaly - ENTRETIEN
Trois ans déjà que l’ancien maire de Kédougou a quitté ce monde. C’était le 23 août 2019. Figure emblématique de la gauche sénégalaise, Amath Dansokho s’est opposé aux présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, avant d’accompagner Macky Sall en 2012. Militant communiste, cofondateur du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), il aura marqué la vie publique du Sénégal, depuis les années 1950. Ce nouvel anniversaire de sa disparition est l’occasion d’en connaître un peu plus sur la vie de cet illustre homme, à travers un regard ‘’nouveau’’ sur la scène médiatique. Qui de mieux placé que son propre fils pour raconter Amath de l’intérieur ? La projection ne trahit pas l’image originelle, rassure Alcaly Dansokho. Conscient de l’homme qui l’a élevé et des qualités qu’il lui a inculquées, le professeur de mathématiques au lycée français Jean Mermoz n’en demeure pas moins un observateur averti de la scène politique sénégalaise. L’occasion de donner quelques appréciations sur ceux qui la composent principalement. Mais surtout de confirmer tout le bien que l’on a pu penser d’Amath Dansokho. Entretien.
C’est le troisième anniversaire de la disparition de votre père. Quels sont les souvenirs que vous gardez de lui ?
J’ai le souvenir d’un père qui aimait ses enfants, toujours généreux. C’est vrai qu’il était parfois absent, la politique lui prenait beaucoup de temps, mais le temps passé avec lui était très agréable, jovial. Comme les multiples témoignages de ses pairs de la politique, sa générosité est une de ses plus grandes qualités. Que ce soit sur le plan des idées, de l’effort, des luttes démocratiques, etc., les témoignages positifs émanant même de ses plus farouches opposants. Et c’est ça qui est extraordinaire.
Il est connu pour son franc-parler et son courage politique. Dans le cadre familial, c’est ce que vous retenez de lui ?
Mon père avait cette aptitude à dire tout le temps ce qu’il pensait. Même si cela pouvait paraître dur, cela ne l’empêchait pas d’être dans la discussion. Il acceptait toutes les différences. Parler à un conducteur de charrette (sans dévaloriser ce métier) n’avait pas de différence pour lui que parler avec un chef d’État. Lorsqu’on n’était pas d’accord, cela ne posait jamais de problèmes ou de répercussions. Il nous a élevés avec ce franc-parler et c’est quelque chose de très bien.
Quand vous observez la situation politique sénégalaise d’aujourd’hui, dans quel camp placeriez-vous votre père ?
Justement, j’observe beaucoup la scène politique sénégalaise et je pense que mon père est un profil qui manque beaucoup. Tout autant qu’il était capable de s’opposer fortement à certains régimes, il était capable de réunir des personnalités très différentes. Ce modérateur manque beaucoup dans l’espace politico-médiatique.
Aujourd’hui, nous avons des égos surdimensionnés, alors qu’Amath Dansokho, c’était beaucoup de générosité. Il pensait avant tout pour le Sénégal. Maintenant, on a l’impression que les politiciens pensent d’abord à leurs propres objectifs et intérêts personnels, soit pour des raisons pécuniaires, soit de pouvoir. Je pense que c’est dommage qu’on ait très peu de profils qui ‘’matchent’’ avec lui, en passant à l’intérêt général avant leur propre personne.
Pour son œuvre politique, sa lutte pour l’indépendance du Sénégal, qui voyez-vous comme son digne héritier ?
Je n’en vois pas ! Je pense également qu’il y a des choses qu’il faut savoir accepter. Ce ne sont plus les mêmes générations de politiciens. Et ce n’est pas particulier à lui. Les Mamadou Dia, Majmouth Diop, etc., tous ces anciens qui se sont beaucoup battus pour le Sénégal, sont très différents du ‘’nouveau type de politicien’’. Je ne sais pas si c’est bien ou mal, peut-être qu’il faudra attendre que l’un d’entre eux arrive au pouvoir pour savoir où cela va mener. En tout cas, je trouve qu’il serait mal venu d’appliquer le terme ‘’héritier’’ à l’un des profils de la génération actuelle. Nous ne vivons ni les mêmes époques ni les mêmes enjeux. La population a doublé, peut-être même triplé, entre-temps. Le rapport au pouvoir est un peu différent. D’ailleurs, le taux d’abstention (53 %) lors des élections législatives (31 juillet 2022) prouve que l’offre politique n’est pas très riche. Mais nous espérons que les choses seront mieux dans les années à venir.
Est-ce qu’en grandissant à ses côtés, son parcours politique vous a inspiré à suivre ses pas ?
Dans la famille, nous avons tous des convictions politiques. D’ailleurs, j’ai acheté ma carte de membre au PIT (Parti de l’indépendance et du travail, formation politique de feu Amath Dansokho), après le décès de mon père. Je suis syndicaliste ; la politique m’intéresse, mais je ne vise rien de particulier. Il y a le camarade Samba Sy (secrétaire général) que je considère comme un grand frère. Je retrouve également des amis de mon père ; on discute de tout et cela me plait beaucoup. De là à dire que j’ai des ambitions politiques, on en est très loin. Surtout que les enfants de politiciens réussissent rarement dans la politique. Il y a très peu d’exemples qui ont très bien marché (rires).
En tant que fils, quelle est la plus belle leçon qu’il vous a apprise ?
J’essaie encore de l’appliquer, mais je n’y suis pas encore arrivé. C’est la capacité à faire très attention à ne pas juger les gens, en considérant que les choses sont toujours complexes. Il faut être capable de pardonner, quel que soit ce qui se passe. Mon père me disait : ‘’Quand tu dois faire un choix entre deux individus, deux choses, etc., fais toujours le choix le plus généreux.’’ Des gens pouvaient perpétrer de mauvaises actions contre lui, mais cela glissait sur lui. Il était capable de rediscuter avec eux dans la foulée, sans les juger. C’est quelque chose qui m’a marqué sur lui. J’essaie de le faire et à chaque fois, je me sens bien, libre. On n’a pas de contrainte, on n’est pas aigri et c’est extraordinaire. Je le souhaite à tout le monde.
PETIT-PARIS DU BOUNDOU, UNE VILLE LUMIÈRE EN PLEINE BROUSSE
Dans ce village de Kidira, écoles, poste de santé, sièges administratifs, lieux de culte, logements des fonctionnaires… Tout est l’œuvre des émigrés. Un système de cotisation mensuelle permet notamment d’envoyer des fils du village en France
Comme les Almadies à Dakar, Petit-Paris est un paradis au cœur du Boundou. Une ville lumière en pleine brousse. Dans ce village de Kidira, écoles, poste de santé, sièges administratifs, lieux de culte, logements des fonctionnaires… Tout est l’œuvre des émigrés. Un système de cotisation mensuelle permet d’envoyer des fils du village en France, avec l’ordre d’inscription sur la liste, le seul et unique critère qui vaille.
En allant à Petit-Paris, on se perd facilement. Roulant à vive allure, le motocycliste, guide d’une journée de découvertes, finit sa course au village appelé Sinthiou Dialiguel. « Non, vous n’êtes pas à Petit-Paris », sourit un vieux mâchant sa cola. Puis, il entame une séance d’explications. « Si vous voyez une rangée d’étages, sachez que vous êtes arrivés à destination », indique-t-il. Il a fallu encore appuyer sur l’accélérateur. Après une course d’un quart d’heure, on finit par découvrir l’architecture décrite par le notable de Sinthiou Dialiguel. La température avoisine les 42 degrés en cette matinée du mardi. Un groupe de jeunes et de vieux profitent de l’ombre d’un grand arbre en face du poste de santé. Pendant ce temps, un bruit assourdissant provenant d’une menuiserie métallique rend difficile ou impossible toute discussion. Le vieux a raison. Le visiteur est tout de suite frappé par la floraison d’étages. Les ruelles sont ceinturées par des bâtiments en R2+, R+3, aux carreaux luisants et éclatants. Il n’y a plus de maison en paille ou en zinc dans ce village créé en 1840 sous l’appellation de Ouro Himadou. Ce nom est presque aux oubliettes depuis 2013. Et c’est grâce au génie d’une griotte venue de Kidira. « Avec toutes ces jolies villas, nous sommes à Petit-Paris », s’est-elle exclamée, selon les confidences d’un des notables. L’ancien ambassadeur de la France au Sénégal, Christophe Ruffin, en visite sur cette contrée du Boundou en 2014 est allé plus loin. « Ce n’est plus Petit Paris mais Grand Paris », avait dit le diplomate. Une réputation qui a failli leur priver d’une sélection au programme « L’eau pour tous ». « Quand le responsable est venu ici, il nous a dit ‘’mais vous, vous n’avez plus besoin de rien, vous avez tout’’ », rappelle l’un des notables du village, Sada Ly, par ailleurs secrétaire chargé des relations extérieures du village de Petit-Paris.
Méthode, organisation et une caisse pour l’émigration
« C’est le paradis en pleine forêt », rigole un vieux du nom de Demba Ly, en pleine discussion sous un arbre. Ainsi, l’homme en caftan blanc fait allusion à l’organisation et à la vie dans ce village de l’arrondissement de Bellé. Pour une population de 2.000 habitants, Petit-Paris compte plus de 150 émigrés en France. Amadou Tidiane Ly en est un. En djellaba noir, il mène une visite guidée du village commençant par sa propre demeure construite grâce à l’émigration. « Je suis cheminot en France. Ce qui m’a permis de construire cette terrasse entièrement carrelée », explique-t-il. La prochaine étape est la présentation du premier étage du village construit en 2002. La façade est carrelée en bleue, les pourtours peints en jaune et rouge. Ici, la première maison en dur a été construite en 1980, la deuxième en 1986. Le premier étage a été bâti en 2002. Aujourd’hui, on en compte plus de 50. Cette transformation fulgurante est propulsée par une organisation qui promeut la réussite sociale et un investissement dans la famille. Ainsi une caisse de solidarité est mise en place pour envoyer les jeunes en France. « La caisse est tout le temps alimentée. Quelqu’un qui veut aller trouver un emploi en France s’inscrit sur la liste. Le voyageur est choisi selon l’ordre d’inscription. La caisse gère tous les frais du voyage », explique M. Ly. À l’en croire, l’émigré prend ensuite le temps de travailler et de rembourser. « Il n’y a aucune pression, il rembourse à son rythme, car l’intégration n’est pas toujours facile », ajoute M. Ly.
2013, l’année des lumières
Avant 2013, ce n’était pas encore Petit-Paris, mais Ouro Himadou. Le changement n’est pas seulement que de nom. La localité a franchi un cap. L’émigration s’est développée. La lumière a jailli. Les rues et ruelles sont jalonnées de poteaux et de lampadaires. « La nuit, la lumière fuse de partout. Tous les coins sont éclairés », signale le jeune Moussa, à l’aise en face du Poste de santé. Sada Ly embouche la même trompette. « C’est en 2013 que nous avons eu l’électricité. Et nous sommes le premier village du département à en bénéficier. Avant 2013, nous avions des papiers sénégalais, mais nous ne nous sentions pas Sénégalais. C’est lors du Conseil des ministres décentralisés de Tambacounda que nous avons envoyé un mémorandum. Deux mois plus tard, notre requête a été satisfaite », souligne-t-il. Cette lumière, indique Amadou Tidiane Ly, a favorisé le développement économique avec l’installation de plusieurs ateliers et commerces. « On est passé de zéro à sept ateliers de couture. Ce qui constitue un record. Des salons de coiffure, des menuiseries s’installent presque tous les jours, sans oublier les restaurants et fast-food qu’on trouve rarement en brousse », explique l’émigré.
« De la glace partout »
À Petit-Paris, il ne neige pas, mais la glace est bien présente. Après l’électrification du village en 2013, le premier réflexe des émigrés était d’acheter 300 congélateurs pour permettre aux femmes de vendre de la glace aux villages environnants. Aujourd’hui, plus de 2000 congélateurs sont utilisés d’où l’expression « la glace partout » utilisée par les habitants. Les femmes s’épanouissent et se font de l’argent. Les principaux clients sont les villages maliens dépourvus d’électricité. « En période de chaleur, nous pouvons vendre le morceau entre 300 et 500 FCfa. Les Maliens traversent le fleuve pour venir s’approvisionner. C’est la principale activité des femmes qui gagnent bien leur vie », dit Aïssa Ly mobilisée par la préparation du déjeuner. Sa voisine va dans le même sens. À ses yeux, l’électricité contribue à l’autonomisation des femmes. « En période de chaleur ou durant le Ramadan, nous nous en sortons bien avec des gains journaliers supérieurs à 3000 FCfa », assure-t-elle.
POURQUOI LES PAYS AFRICAINS PRÔNENT-ILS LE NON-ALIGNEMENT À PROPOS DE L'INVASION DE L'UKRAINE ?
Six mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la majorité des États d'Afrique se refusent à prendre parti pour ou contre Moscou. Une attitude qualifiée de « non-alignement » qui a plusieurs motivations
Mercredi 2 mars, l’Assemblée générale de l'ONU avait adopté, par une très large majorité, une résolution exigeant que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine. Si le texte a été approuvé par 141 pays, 35 s'étaient abstenus. Plus de la moitié de ces derniers étaient des pays africains. Une décision qui s'expliquerait par la vision du bloc occidental, selon Paul-Simon Handy, chercheur à l'Institut d'études de sécurité (ISS), à Dakar.
« C’est peut-être un non-alignement dans le sens de ce que les pays se refusent de faire un choix face à un conflit qui est très complexe, que les Africains comprennent mal. Ils pensent que l’Occident (ou du moins l’Europe), les États-Unis et les pays alliés, sont très mal placés pour donner des leçons de morale internationale, compte tenu l’histoire récente où on a vu des blocs occidentaux remettre en question la souveraineté d’États comme en Libye, et l'Irak récemment », affirme-t-il au micro de Claire Fages du service Afrique.
« Il y a une sympathie de plus en plus affirmée pour la Russie et son chef, le président Poutine. Cette fascination tient beaucoup moins de l’admiration du président Poutine que d’un certain rejet de ce que beaucoup de pays africains considèrent être des formes de néocolonialisme. La Russie apparaît surtout comme un partenaire sécuritaire et de défense en Afrique, à un moment où la construction d’États africains fait face à des assauts répétés qui remettent en question leur souveraineté », continue Paul-Simon Handy.
MACRON, DE LA RELECTURE DE L'HISTOIRE COLONIALE DE LA FRANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - La France devrait privilégier la réalisation effective des désirs exprimés par les Africains et éviter les discours moralisateurs que la réminiscence des effets négatifs de son passé colonial peut rendre inaudible
La prochaine visite du président Macron en Algérie à partir du 25 août, après le Bénin et le Cameroun, semble indiquer sa détermination à maintenir le cap vers une relecture de l’histoire coloniale de la France.
La configuration de la nouvelle Assemblée nationale française pourrait favoriser l’émergence de débats plus crédibles pour refonder la politique africaine de la France et satisfaire les aspirations de la jeunesse française qui souhaite en savoir plus et mieux sur l’histoire coloniale de son pays qu’elle vit à travers le prisme de la présence des immigrés en France.
Une relecture moins passionnelle de l’histoire coloniale peut être profitable à une France tiraillée entre des conservateurs nostalgiques d'un passé et d'une gloire que rien ne peut ressusciter et des forces du progrès, pragmatiques et réalistes qui savent que le renforcement mondial d’une bonne image de leur pays est le gage de la perpétuation de son influence morale, intellectuelle et économique qui lui permettrait de continuer de jouer dans la cour des grands.
Macron sait aussi que si la France perd son glacis francophone d’Afrique, sa voix risque de ne plus être plus audible que celle de l'Italie.
Volonté de refonder la relation Afrique-France
Monsieur Macron, pourrait-on dire, a commencé sa campagne pour une relecture de l’histoire coloniale de la France avec sa déclaration en Algérie en février 2017 en déclarant que « La colonisation est un crime contre l'humanité ».
Lors de la célébration du 75e anniversaire du débarquement de Province, il rappela à certains de ses compatriotes la contribution des ancêtres des Africains dont certains vivent aujourd'hui en France. À cette occasion, il déclarait que « la France a une part d’Afrique en elle et sur ce sol de Provence, cette part fut celle du sang versé ".
Le président français continua son intervention en soulignant que "c’est pourquoi je lance aujourd’hui un appel aux maires de France pour qu’ils fassent vivre par le nom de nos rues et de nos places, par nos monuments et nos cérémonies la mémoire de ces hommes qui rendent fiers toute l’Afrique et disent de la France ce qu’elle est profondément : un engagement, un attachement à la liberté et à la grandeur, un esprit de résistance qui unit dans le courage ».
Macron a eu aussi le courage de garder dans ses mains la patate chaude du dossier des Harkis, que ses prédécesseurs se sont refilés les uns après les autres, en exprimant d'une façon lucide la responsabilité de la France dans cette affaire. Ainsi, lors de la cérémonie d’hommage qui leur était consacrée au palais de l'Élysée, le président Macron a demandé "pardon" aux harkis, qui "ont prêté leur force, ont versé leur sang, ont donné leur vie pour la France". .........C'est l'occasion, a-t-il ajouté, pour la France de reconnaître et de réparer ses manquements", et de dire « aux harkis et à leurs enfants à voix haute et solennelle que la République a alors contracté à leur égard une dette." Dans cet esprit, il a également annoncé le vote prochain par l’Assemblée Nationale d'un texte de loi de reconnaissance et de réparation »
Cependant, cette volonté mainte fois exprimée par le président français de procéder à une relecture de l'histoire coloniale française ne devrait pas se faire en sautant certaines pages dont celles relatives aux massacres de Thiaroye en 1944 et Madagascar en 1947.
Toujours est-il qu'armé de la conviction que seule une relecture honnête et humaniste de son histoire coloniale peut rapprocher durablement la France des peuples qu’elle avait dominés, Macron s'est lancé dans la tentative de trouver une solution à la restitution des biens culturels africains. Le processus de restitution, d'abord rejeté par le gouvernement français au nom du principe d'inaliénabilité des collections publiques, commence à prendre forme avec le retour de certains objets culturels au Bénin et au Sénégal.
L’ambiguité d’une diplomatie de refondation
Cependant, la volonté de restituer les biens culturels africains, la reconnaissance de certaines erreurs du passé ne sauraient à elles seules fonder une diplomatie de refondation des relations entre la France et l’Afrique. En effet, une certaine cohérence dans le discours et la pratique des autorités françaises donnerait plus de visibilité à cette volonté exprimée de dépoussiérer l’histoire des relations entre la France et les États africains.
À cet égard, certaines prises de position du président Macron dont l'opportunité et la pertinence ne peuvent être contestées ont été obscurcies par des postures oratoires inutiles et inappropriées adoptées par les personnes à qui il avait confié la politique étrangère et de défense de son pays, mais parfois aussi par ses propres déclarations malencontreuses du point de vue de la jeunesse africaine attentive à la considération et au respect qu'on doit à leur continent.
Ainsi en est-il de sa récente déclaration au Cameroun ou il qualifiait d’ « hypocrisie » le fait que des États africains n’aient pas condamné comme la France, l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Peut être qu’il aurait pu se passer d’un tel commentaire quand on sait que quelques jours après, à la suite de la visite du président des USA en Arabie Saoudite, le président Macron a reçu solennellement le Prince Bin Salman que l’Occident avait décrit comme un pestiféré dont il ne fallait nullement s’approcher. Comme s'il fallait comprendre que ce qui est « realpolitik » au Nord serait « hypocrisie » au Sud.
La jeunesse africaine frustrée par l’attribution aléatoire des visas ou leur réduction drastique a du mal à comprendre cette posture de la France qui en plus du manque de considération n’exprime aucune empathie à son égard. Ces jeunes qui pensent avoir rempli toutes les conditions pour bénéficier d’un visa qui souvent leur est refusé , ce qui les oblige parfois à emprunter les voies de la clandestinité, voient que les jeunes français peuvent venir chez eux sans avoir besoin de ce sésame.
Cette diplomatie à géométrie variable et ce mépris à l’égard d’une jeunesse qui a cru, à tort ou à raison, que ses ancêtres ont contribué à la libération de l’Europe ne peut que nuire aux intérêts de la France en Afrique. Ce qui peut expliquer ce sentiment anti français, qui a été exacerbé dans certains pays de l’Espace francophone comme au Burkina Faso, au Niger, au Mali et au Sénégal qu’il convient de contenir avant qu'il n'atteigne des situations difficilement contrôlables.
Porter les revendications legitimes des africains
Le mouvement de contestation de la politique française est essentiellement animé par des jeunes africains, souvent en dehors de tout embrigadement partisan, et qui sont loin d’accepter les relations que leurs dirigeants entretiennent avec l'ancienne puissance coloniale. Le sommet Afrique-France de Montpellier, en donnant l’occasion à la jeunesse africaine de s’exprimer sans détours, offrait à la France tous les éléments pouvant servir à une réelle refondation de ses relations avec l’Afrique.
En sa qualité d'ex-puissance coloniale qui porte sa part de responsabilité dans la situation actuelle de l'Afrique, ses dirigeants devraient d'avantage essayer de soutenir les revendications légitimes des Africains et éviter les discours et postures qui n'ont aucune prise sur une jeunesse africaine très informée, sure d'elle-même et vivant au rythme d'une société internationale mondialisée.
La France, grâce à sa connaissance du continent, devrait s’évertuer à privilégier la réalisation effective des désirs exprimés par les Africains et éviter les discours moralisateurs que la réminiscence des effets négatifs de son passé colonial peut rendre inaudible.
par Ibra Pouye
ODE À LA JOIE POUR UN SÉNÉGAL NOUVEAU
EXCLUSIF SENEPLUS - De Léopold Sedar Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, gaccé ngalama et place à une renaissance du Sénégal, lavé de toutes ses souillures
L'heure est-elle aux supputations ? L'heure est-elle aux logorrhées ? Cette heure que nous vivons au Sénégal, terre de nos aïeuls, n'est plus à la politique. Non plus dédiée à la caste des politiciens, cette espèce se nourrissant des sarcasmes de la vie de la cité.
Les législatives de 2022 ont eu leur lot de désillusions et de happy few. L'heure est venue de dire que le temps des promesses et des excuses est révolu ! L'heure est à l'amour ce que le temps est aux victoires électorales où naîtrait une cohabitation incertaine et des lendemains enchantants et désenchantants.
Décidément le Sénégal et la politique ne font qu'un corps homogène amoureux. Par essence, le Sénégalais kiffe la politique comme le bébé tète le sein de sa mère. Nous sommes tombés dans la soupe politique comme ruisselle naturellement l'eau de pluie, notre joie et notre malheur. Qu'il n'en déplaise aux aigris, aux jaloux, le Sénégal, terre de métissage et de condensé ethnique, est-il une bénédiction voire une exception ? Le fou du village, heureux et convaincu de détenir un savoir inné, dirait oui. Ce Sénégal-là est une île de paix entourée par le chaos risquant de le consumer. Armes à la main et non tête engoncée, nous avançons tel un homme à la quête de ce développement qui nous a tant échappé depuis le soleil des indépendances.
Nous aimons ce pays, terre de la Téranga, cette hospitalité légendaire depuis les temps immémoriaux, du royaume du Sénégal à la République du Sénégal. République, terme qui vaut ce qu'elle vaut même s’il est indigne de notre culture à nous tous. République et démocratie, des termes exportés et travestis par quelques fils, félons d'Afrique. Ô oui, l'Afrique, terre de Lucie, mérite mieux. Elle vivait mieux avant l'arrivée du colon. Les racines de la colonisation, cette pseudo-mission civilisatrice est dans notre peau de soi-disant civilisés et nous hante encore. De Cheikh Anta Diop, illustre fils d'Afrique qui disait'', quand la science coulait dans la vallée du Nil, l'Europe était dans la barbarie''.
Qu'il nous plaise de dire, le temps des cerises oups des promesses électorales voire mondaines et des excuses est fini ! Place au travail ! Place à l'amour que nous portons par-devers nous ce beau pays de femmes et d'hommes intègres ! Même si tant va la calebasse, elle se cassera en miettes un jour ! Ce qui se dit et peu nous chaut ! Haro sur les oiseaux de mauvais augure ! Haro sur les corbeaux couvrant de leur bec ce chant guttural annonçant la fin tragique de l'homosenegalensis !
Une stabilité politique insolente, une belle jeunesse, du pétrole, du gaz, du zircon, des terres arables à perte de vue et tutti quanti ; un espoir qui fait tant vivre et renaître en chacun de nous cette espérance tant rêvée et des envies d'ailleurs. Que 2024, l'année de l’élection présidentielle, ce lointain et en même temps proche horizon nous couvre de son manteau de mansuétude et de joie, sous le regard complice du Seigneur.
De Léopold Sedar Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, gaccé ngalama et place à une renaissance du Sénégal, lavé de toutes ses souillures. Vivement l’ode à la joie pour un nouveau type de politique dans une société éprise de justice, de dynamisme économique, d’éthique et de liberté. Uni et indivisible sera le Sénégal ad vitam aeternam.
Par Yoro DIA
LES ETATS-UNIS, UNE DÉMOCRATIE DU TIERS-MONDE
La rhétorique de Trump et sa stratégie sont celles qu’on retrouve exactement dans les démocraties du tiers monde, comme ce fut le cas au Benin entre le Président Talon et son prédécesseur, Yayi Boni.
Jimmy Carter n’a pas été un grand Président mais tous les Américains reconnaissent qu’il est un grand ancien Président. Le meilleur ancien Président, disent-ils. On connait maintenant le plus mauvais ancien Président de l’histoire des Etats-Unis. Il s’agit de Donald Trump. Il sera difficile dans l’histoire et dans l’avenir de faire pire que Trump.
Heureusement que les institutions américaines sont solides et que le système y est plus fort que les acteurs. C’est parce qu’elles sont solides que Trump y a été soluble pendant quatre ans. Aujourd’hui, Trump est le pire ancien Président parce qu’il est en train de transformer la vieille democratie américaine en une démocratie du tiers monde. C’est quand même incroyable qu’un Président des Etats-Unis quitte le Bureau Ovale en emportant des archives et des documents confidentiels.
Comme dans les démocraties du tiers monde, la police est partie perquisitionner le domicile de l’opposant et probable candidat qui se met à accuser la Justice et la police d’avoir des motivations politiques et d’agir sous la dictée de l’Exécutif. La rhétorique de Trump et sa stratégie sont celles qu’on retrouve exactement dans les démocraties du tiers monde, comme ce fut le cas au Benin entre le Président Talon et son prédécesseur, Yayi Boni. Depuis George Washington, la tradition veut qu’un ancien Président se retire de la vie politique, écrive ses mémoires ou devient un sage qu’on vient consulter de temps en temps, ou crée une fondation. Le phénomène Trump est la preuve des faiblesses des démocraties face au populisme qui a permis au Caporal Adolph Hitler de faire main basse sur l’Allemagne, le pays qui a donné au monde Goethe, Kant, Schiller, Beethoven. Le Caporal Hitler et son gang de nazis se sont emparés du 2e plus grand pays de la pensée après la Grèce, grâce à la terreur et la manipulation, devant lesquelles les démocraties sont si vulnérables.
La terreur ne pouvant prospérer aux Etats-Unis, la manipulation est la principale arme de Trump, avec ses «vérités alternatives».
Cette manipulation des foules, qui est la principale arme des populistes et que Thucydide dénonçait déjà comme «cette multitude athénienne qui décidait des affaires de l’Etat sans rien y connaître» comme le relate Moses Finley dans son livre l’Invention de la Politique. Ce que Cicéron appellera plus tard «un ramassis d’hommes universellement incompétents, frustes et ignorants». Cicéron ne savait pas si bien dire parce qu’il n’y a que l’audace, l’ignorance accentuée par la manipulation, qui peuvent expliquer l’attaque et la profanation du Capitole.
Même si Donald Trump a des pratiques et des méthodes d’une démocratie du tiers-monde, il y a une grande différence entre la démocratie américaine et celles de la plupart du monde, parce qu’aux Etats-Unis, nous avons comme dit Aristote, «le gouvernement des lois, pas celle des hommes». C’est pourquoi personne, à part les partisans fanatiques de Trump, ne croit à l’instrumentalisation de la Justice et de la police contre Trump.
Malheureusement, le retour du Gourou Trump à la Maison Blanche n’est pas à exclure, comme beaucoup s’y étaient trompés quand il avait lancé sa candidature, parce qu’en démocratie, ce sont ceux que Cicéron appelle dédaigneusement «un ramassis d’hommes universellement incompétents, frustes et ignorants» qui décident et ils sont très vulnérables à la manipulation. C’est d’ailleurs pourquoi les pères fondateurs des Etats-Unis ont immédiatement adopté une Constitution après la révolution, pour brider les ardeurs et instincts populaires et montrer qu’on était passé de la Démocratie à la République. C’est la démocratie qui a amené Trump dans le Bureau Ovale, mais c’est la République qui va sauver l’Amérique de la menace Trump.