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24 avril 2025
Développement
Par Madiambal DIAGNE
MACKY SALL N’A RIEN À CRAINDRE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Même la perte du perchoir ne saurait sonner le glas du régime de Macky. Le seul président de l’Assemblée n’a pas de pouvoirs particuliers pour bloquer le fonctionnement des institutions, pas même celui du parlement qu’il dirige
Les élections législatives du 31 juillet 2022 ont produit une situation politique inédite, avec une majorité relative pour la coalition au pouvoir, et il aura fallu des arrangements ou autres combinaisons pour arriver à asseoir une stricte majorité absolue.
Le ralliement du député Pape Diop de la Coalition Bokk gis gis a fait l’affaire. La majorité est donc si ténue, au point qu’à entendre la chronique ambiante, c’est comme si le Président Macky Sall allait vers une perspective fatale avec la prochaine installation du Bureau de l’Assemblée nationale ou la formation de son gouvernement. Il faudrait savoir raison garder car il n’en est rien. Macky Sall n’aurait pas trop à craindre de cela ; non seulement au regard du fonctionnement des institutions et de leurs rapports mais aussi de la réalité des équilibres politiques ! Certes, son camp a perdu l’atout politique majeur de pouvoir s’asseoir confortablement sur une majorité parlementaire hégémonique ou monolithique mais en revanche, le système politique et démocratique aura indubitablement gagné en équilibre des forces et cette situation devra constituer une belle opportunité d’approfondissement de la démocratie et d’amélioration de la gouvernance publique. L’exercice du contrôle de l’action gouvernementale se trouvera plus affirmé. Au demeurant, la situation, notamment la prochaine formation du Bureau de l’Assemblée nationale, n’induit pas moins quelques risques politiques qu’il convient cependant d’examiner avec circonspection.
Le seul et unique enjeu est le Perchoir
Le Président Sall aura à convoquer pour les prochains jours, la première session de l’Assemblée nationale fraîchement élue. Si son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, élu député, daigne se déplacer le jour de l’installation et qu’il se montrait disponible, il lui reviendrait l’honorable devoir de présider la séance d’élection du nouveau bureau au titre du député le plus âgé. La structuration du bureau est déterminée par le Règlement intérieur de l’Assemblée. «Le président de l’Assemblée nationale est élu au scrutin uninominal, à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si cette majorité n’est pas atteinte au premier tour du scrutin, il est procédé à un second tour, pour lequel l’élection est acquise à la majorité relative. Les vice-présidents, les secrétaires et les questeurs sont élus au scrutin de liste, pour chaque fonction. Chaque groupe de l’Assemblée peut présenter une liste par fonction. Tous ces scrutins sont secrets et ont lieu à la représentation proportionnelle selon la méthode du quotient électoral, calculé sur la base du nombre des députés inscrits dans chaque groupe, avec répartition des restes selon le système de la plus forte moyenne. Les postes de vice-présidents et de questeurs sont attribués (…), en donnant la priorité au groupe ayant obtenu le plus de voix». On voit ainsi que seul le poste de président de l’Assemblée nationale sera âprement disputé et que les autres postes reviendront pratiquement d’office aux différents groupes parlementaires, en fonction de leur représentativité. Sans doute qu’il ne manquera pas de batailles internes à chaque groupe parlementaire pour la répartition des postes qui lui reviendraient de droit.
La compétition sera ouverte pour le poste de président de l’institution qui ne manque certes pas d’enjeux politiques et autres. Le président de l’Assemblée nationale est la deuxième personnalité de l’Etat et assure le remplacement provisoire du président de la République en cas de vacance du pouvoir. Aussi, bénéficie-t-il d’importantes prérogatives liées à la fonction. Si le(a) candidat(e) présenté(e) par le groupe Benno bokk yaakaar (Bby) fait le carton plein des 83 votes de députés de son camp, il(elle) sera élu(e) sans fioritures. Mais cela pourrait ne pas être évident en raison d’éventuelles frictions ou querelles de positionnement. On peut se rappeler qu’en France par exemple, la députée de La République en marche (Lrem), Yael Braun Pivet, n’avait pas réussi à mobiliser l’intégralité des voix du camp macroniste (250 députés), encore moins arriver à pêcher des voix dans d’autres groupes parlementaires pour obtenir la majorité absolue de 277 voix, lors du vote pour la présidence de l’Assemblée nationale. Elle a fini par être élue au second tour avec 244 voix alors qu’elle en avait engrangé 238 au premier tour. Elle a dû son salut au maintien de candidatures concurrentes de l’opposition parlementaire. Le même scénario pourrait se dérouler au Sénégal.
Seulement les pouvoirs politiques n’aiment pas jouer au funambulisme. Qui va croire que le Président Macky Sall ne travaillera pas à consolider son camp en s’assurant du vote de chacun des députés de Bby, en dépit des ancrages ou clivages politiques ou qu’il ne pourra pas grappiller des voix dans d’autres groupes parlementaires ? Le vote à bulletin secret ne devrait pas être redouté que par Bby. On voit bien que certaines coteries de Yewwi et de Wallu se révèleront de si bons amis qui n’auraient pas besoin de trop de persuasion pour revêtir le manteau de parfaits judas. Le pouvoir comme l’opposition pourraient essuyer des votes négatifs émanant de leurs députés respectifs. Chaque camp développe des astuces pour surveiller les votes de ses députés. Cela est si vrai que les coalitions Yewwi et Wallu ont tenu plusieurs séances de réglages pour se serrer les coudes et mobiliser leurs députés qui sont, sur le papier, au nombre total de 80. Le Président Macky Sall en a fait de même avec les députés de Bby le samedi 20 août 2022 de 16 heures au dimanche 21 août 2022 à 2 heures passées, sans compter d’autres audiences plus spécifiques. Tour à tour, les députés ont fait serment de fidélité et de loyauté !
L’impossible blocage des institutions
Un camouflet politique pour la majorité serait de perdre le Perchoir ; ce qui constituerait une première et serait un mauvais présage pour la poursuite de l’exercice du pouvoir. Il sera ainsi important de réaliser les consensus les plus solides au sein de la majorité. Toutefois, la perte du Perchoir ne saurait sonner le glas du régime de Macky Sall. Le seul président de l’Assemblée nationale n’a pas de pouvoirs particuliers pour bloquer le fonctionnement des institutions, pas même celui de l’Assemblée nationale qu’il dirige. Le président de la République gardera toute la latitude de constituer son gouvernement après avoir nommé son Premier ministre. Ce dernier pourra faire sa déclaration de politique générale dans un délai de trois mois et il lui sera loisible, au terme de l’article 55 de la Constitution, de demander ou de ne pas demander le vote confiance des députés. La Première ministre, Elisabeth Borne, s’était bien gardée de demander le vote de confiance des députés français, dans la situation de la majorité relative de son camp politique. Qu’en est-il du spectre fatidique de la motion de censure contre le gouvernement ? La configuration de l’Assemblée nationale du Sénégal montre qu’une motion de censure ne pourrait prospérer qu’en cas de défection de quelques députés de Bby. Le cas échéant, le président de la République pourrait reconduire immédiatement le gouvernement déchu, qui aura un sursis d’une année avant de pouvoir essuyer une autre motion de censure. L’article 86 de la Constitution fixe l’impossibilité de voter deux motions de censure dans la même année.
Pour le reste des rapports entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, il convient de souligner que la plupart des textes de lois qui font le menu des sessions parlementaires n’exigent pas la majorité absolue des députés pour être adoptés. En outre, on ne voit pas trop quelles lois organiques ou réformes constitutionnelles le gouvernement pourrait songer à faire adopter pendant les quelques mois qui séparent de l’échéance de l’élection présidentielle de 2024. Aussi, pour ce qu’il s’agit des lois de finances par exemple, l’article 68 de la Constitution indique qu’en cas de blocage imputable à l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat peut la mettre en œuvre par décret. L’hostilité des députés n’aurait pas de conséquences néfastes. Le gouvernement aura tous les moyens pour fonctionner convenablement et le blocage éventuel de l’Etat n’est qu’une vue d’esprit.
La fin du «chacun pour soi, Macky pour tous !»
Pourrait-on s’imaginer que les députés de Bby manqueront tant d’altruisme, à l’égard d’un quelconque de leurs camarades, jusqu’à offrir le poste de président de l’Assemblée nationale à l’opposition ? Seront-ils incapables d’arrêter le massacre et enfin de faire leur la devise des «frères Scott» selon laquelle «on gagne ensemble et on perd ensemble» ? On augure que le Président Sall est parvenu à obtenir de sa majorité le soutien nécessaire pour dégager des consensus politiques. Il reste qu’il n’a point le dos au mur devant la situation politique actuelle pour risquer le moindre chantage. La responsabilité du recul politique de Bby est imputable à chacun de ses acteurs qui se sont mutuellement combattus avec férocité. On a l’habitude de relever que Bokk yaakaar se révèle toujours comme le plus farouche adversaire de Benno. Au lendemain des élections locales, le constat était implacable : «Benno perdue par ses divisions» (24 janvier 2022). Il s’ajoute, à ses querelles, des attitudes et autres comportements d’arrogance de parvenus ou d’outrecuidance de nouveaux riches, qui ont pu rebuter les populations. Le 3 août 2015 nous alertions dans «Macky ou la tentation du suicide collectif» que «si l’on n’y prend pas garde, le gouvernement sera assez chahuté, parce que d’autres ministres feront encore montre d’insubordination ou de mauvaise tenue, pour ne pas dire de rébellion ; (…) Toutes les bévues portent leur signature. Nous ne nous y étions pas trompés dans une chronique intitulée «Mais Macky, où on va là ?», en date du 22 mai 2012. Déjà, nous tirions la sonnette d’alarme sur les risques encourus avec les comportements de certains responsables au pouvoir».
Le revers ou recul électoral du 31 juillet 2022 trouve largement son explication. Macky Sall laissera-t-il son régime se saborder par les turpitudes de ses propres partisans ? Du reste, les députés de Bby lui doivent leur élection. En effet, force est de dire que c’est le Président Macky Sall qui a daigné les investir de manière discrétionnaire sur les listes de sa coalition et qui leur a donné pour l’essentiel, les moyens pour battre campagne ; que ces députés ont battu campagne exclusivement sur son bilan et son coefficient personnel. Personne ne lui a imposé quoi que ce soit pour figurer sur les listes et à la position choisie par lui ! Alors, ils seraient bien malvenus de se mettre dans une posture de le gêner ! De toute façon, on ne s’imagine pas que le Président Sall se laissera marcher sur les pieds car c’est un secret de polichinelle que le chef de l’Etat s’est décidé à changer de fusil d’épaule, pour ne pas dire de façon de faire avec ses collaborateurs. Il a toujours cherché à faire jouer la conciliation jusqu’à ne pas sanctionner les fautes et dérives les plus nocives à la cohésion de son camp politique et la perception de sa gouvernance. Il semble désormais arriver au bout de sa patience ! A l’égard de ses députés, notamment ceux identifiés comme des candidats potentiels au Perchoir et qui, en cas de désillusion, pourraient être tentés de chercher à exercer des représailles, le message est sans équivoque selon lequel quiconque se sera illustré par un comportement réfractaire ou hostile aura bien choisi de se mettre au ban de la majorité et devra renoncer à toute ambition de figurer au gouvernement ou de prétendre à une autre fonction. En outre, ils seraient bien nombreux à devoir craindre la fragilisation du pouvoir, bien plus que le Président Macky Sall lui-même qui, dans tous les cas, restera chef de l’Etat jusqu’en 2024 et travaillera avec le gouvernement de son choix.
La nouvelle Assemblée nationale : une fosse aux lions ?
Les prochains débats parlementaires s’annoncent passionnants et vont exiger plus d’assiduité et de rigueur dans le travail des députés. On ne manquera pas de vivre des situations de «guérilla parlementaire» car l’opposition cherchera obstinément à gêner le gouvernement. Ce sera de bonne guerre ! C’est pourquoi il faudrait que le Président Sall veille à ne pas trop dégarnir les rangs de sa majorité de ses pontes et autres personnalités d’expérience pour les porter au gouvernement ou à d’autres positions dans l’appareil d’Etat. Le débat parlementaire devrait gagner en intensité peut-être par la qualité des députés, mais le nombre important de députés de l’opposition et la multiplicité des groupes parlementaires et les temps de parole devraient imposer à la majorité de Bby de pouvoir compter sur des députés qui auront de la bouteille. Il devrait en être aussi de la qualité des membres du gouvernement. Les ministres qui se faisaient écrire des déclarations, qu’ils lisaient comme des écoliers, se verront malmener ou bouffer par les députés. Les pratiques qui consistaient à s’assurer, par des procédés peu orthodoxes, de la bienveillance de députés de la majorité comme de l’opposition, avant tout passage devant l’Assemblée nationale, ne pourront plus opérer. Il faudra pour un ministre, posséder ses dossiers, avoir le bagout, la verve et le verbe nécessaires pour faire face ou tenir la dragée haute. Autrement, si Bby perd le débat parlementaire de manière lamentable, elle perdra auprès de l’opinion, encore et encore, en termes de la perception de la qualité des personnels politiques et de la gouvernance. Il reste à savoir de quel bois se chaufferont tous ces nouveaux députés du pouvoir comme de l’opposition !
AU MALI, LE COLONEL ABDOULAYE MAÏGA DEVIENT PREMIER MINISTRE PAR INTÉRIM
Les deux têtes de l'exécutif sont, au moins provisoirement, des militaires, alors que les colonels s'étaient résignés sous la pression internationale après le putsch de 2020 à confier les deux postes à des civils
Actuel ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga a été nommé dimanche par la junte malienne au poste de Premier ministre par intérim. Il remplace Choguel Kokalla Maïga, hospitalisé après un malaise.
Le chef de la junte au Mali, le colonel Assimi Goïta, a désigné dimanche 21 août un autre colonel, le ministre Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim en remplacement du civil Choguel Kokalla Maïga, hospitalisé il y a quelques jours.
"Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, est désigné pour assurer l'intérim de M. Choguel Kokalla Maiga, Premier ministre, chef du gouvernement", dit un décret lu à la télévision d'État.
Outre l'important portefeuille de la Décentralisation, Abdoulaye Maïga, âgé d'une quarantaine d'années, était aussi le porte-parole du gouvernement. Peu connu avant sa nomination à ce poste fin 2021, il a régulièrement fait à ce titre au cours des derniers mois, revêtu de son treillis, à la télévision nationale certaines des annonces les plus marquantes du gouvernement et des déclarations les plus abruptes contre la France. Il avait ainsi "exigé" fin juillet du président Emmanuel Macron qu'il quitte "définitivement sa posture néo-coloniale, paternaliste et condescendante".
La voix de la rupture avec la France
Le colonel Maïga passe pour ne pas avoir fait partie du cercle des officiers qui ont pris le pouvoir par la force avec le colonel Goïta en août 2020. Mais il est considéré comme proche de l'homme fort malien et est devenu la voix de la politique de rupture avec la France et ses alliés engagée après un deuxième putsch qui, en mai 2021, a écarté le président et le Premier ministre civils.
Avec la désignation du colonel Maïga aux fonctions de chef du gouvernement, les deux têtes de l'exécutif sont, au moins provisoirement, des militaires, alors que les colonels s'étaient résignés sous la pression internationale après le putsch de 2020 à confier les deux postes à des civils, tout en conservant la haute main sur les décisions.
Choguel Kokalla Maïga, un vétéran de la politique malienne, avait été choisi pour être le chef du gouvernement après le second putsch de mai 2021. Il a été hospitalisé il y a huit jours après un malaise, cardiaque, selon un responsable hospitalier. Ses services s'étaient alors contentés d'indiquer qu'après "14 mois de travail sans répit, (il avait) été mis en repos forcé par son médecin". Ils annonçaient son retour au travail la semaine suivante. Mais aucune autre nouvelle de lui n'a été donnée officiellement depuis lors.
Il est depuis plusieurs mois critiqué par de nombreux cadres politiques qui demandent sa démission et par nombre de ses anciens alliés du Mouvement du 5-Juin, dont il est l'un des fondateurs et qui a joué un rôle de premier plan dans la contestation ayant précédé la prise du pouvoir par les militaires en 2020.
DE LA TOLÉRANCE DE LA PENSÉE
Mohamed Mbodj, Jean-Claude Djéréké et Benoît Elie Awazi Mbambi Kungua reviennent sur l'agression au couteau de l'écrivain Salman Rushdie pour son ouvrage "Les versets sataniques" jugé blasphématoire par certains extrémistes religieux
Mohamed Mbodj, professeur à Manhattanville College à New York, Jean-Claude Djéréké, Docteur en Histoire contemporaine et en Sociologie des Religions et Benoît Elie Awazi Mbambi Kungua, président du Centre de Recherches Pluridisciplinaires sur les Communautés d’Afrique noire et des diasporas basé à Ottawa, reviennent sur l'agression au couteau de l'écrivain Salman Rushdie pour son ouvrage "Les versets sataniques" jugé blasphématoire par certains extrémistes religieux.
Ils sont invités de l'émission 'L'Amérique et vous sur VOA.
par Korassi Téwéché
LUMIERES SUR LE SENTIMENT ANTIFRANÇAIS
Y-a-t-il un ‘sentiment antifrançais’ en Afrique ? Ou bien, est-ce l’éveil d’une conscience africaine planétaire qui appelle au bon sens devant l’Histoire ?
Y-a-t-il un ‘sentiment antifrançais’ en Afrique ? Ou bien, est-ce l’éveil d’une conscience africaineplanétaire qui appelle au bon sens devant l’Histoire ? « Lève-toi dit-elle, Afrique ! Réfléchi. Quelle est ta misère ? Comment rétablir chez toi la justice et le droit ? » De l’autre côté, on entend dire : « Le Temps de l’Afrique viendra ». « Mais non, dit La Conscience : Il est là ! Qui a des yeux, peut le voir : il n’y a ni ombre ni ‘malédiction’. La monnaie, les matières premières, la banque, le marché… ne sont pas à venir. Ils font l’Afrique. Notre génération veut en rendre compte. Maintenant. L’Afrique s’est désenchantée ! » Vous l’avez peut-être aussi appris : une nouvelle ère s’ouvre ; une quête réelle d’autonomie. Des gens s’interrogent, partout en Afrique : « Comment stopper la banalité du crime, les sodomies autour des matières premières et ces orgies républicaines bizarres ? » Mais je me demande : qui parle ? À qui s’adresse-t-il ? « L’interlocutrice n’est ni la France, ni la Russie, me dit-on. L’Afrique converse avec elle-même. Des faits sont là : de Yaoundé à Abidjan, de Bamako à Kinshasa, de Dakar au Caire… des crimes attendent une réparation. La scène, c’est l’Afrique ! » Certes, mais que vient faire la France dedans ? « Posons-lui la question, me réponds-t-on. Comment se retrouve-t-elle là, comme par hasard, à ces heures indues, sur chaque scène de crime ? Qu’elle prouve son innocence, et on la laissera tranquille ! » Il semble que la France refuse de témoigner. Elle garde silence. C’est son droit.
Néanmoins, une révolution est en marche, dit-on. L’Afrique se regarde en face. Elle brise la glace. Auto-procès peut-être. Je pose la question : s’agit-il de vraies critiques ou simplement d’émotions ? Car tout cela a déjà été entendu et vu. Ce qui nous manque, ce sont des actions. Des vraies. Celles des Architectes : qui connaissent le terrain, maitrisent la composition du sol, l’alchimie des pierres, la vitesse du vent, la densité de la pluie... qui savent mesurer, compter… qui savent voir et apprécier la vie, le travail et l’intelligence, au-delà des guerres identitaires. Car, démolir une hutte en sable, et bâtir un château de cartes, n’est-ce pas perdre son temps ? Dites-moi, où sont donc ces architectes de l’Afrique ? « Ils sont là ; me réponds-t-on. Ces gens influencent le présent et l’avenir de nos enfants. » Soit ! Mais l’influence seule suffit-elle ? Ne faut-il pas d’autres moyens ? D’abord les choses simples : le travail assidu et honnête, le respect mutuel, la sagesse et la lucidité au quotidien... Bref, partir de soi-même. Puis, monter. De bas en haut. J’appelle cela l’architecture villageoise ou la politique vue par ma grand-mère. Doit-on continuer à invoquer l’Histoire, à incriminer les ‘sorciers’ ou les ‘dieux’, alors que ce B-A-BA de nos savoirs ancestraux nous échappe ? Ce qu’il nous faut c’est l’action. Certes. Mais qu’est-ce que l’action ?
Une nouvelle conscience s’ouvre en Afrique, peut-être. Elle abhorre la honte et le mensonge. Elle accuse et s’accuse. Dans cette auto-censure, elle quête ses repères et ses bouc-émissaires. Elle s’agrippe sur ses luminaires d’hier – l’Angleterre, la France… – et explore d’autres planètes – la Chine, la Russie… –. Tout ça, elle le fait en même temps. C’est son droit. Mais qu’a-t-elle fait de ses Architectes ? Au lieu de graviter frénétiquement autour de ses concubines extérieures, ou de singer bougrement ses nouveaux ‘prophètes’, saura-t-elle réinventer chez elle une poétique du travail et de la reconnaissance mutuelle qui respecte chaque vie et chaque intelligence, par-delà les clivages religieux, linguistiques, nationaux et ethniques ? Car, quand on parle d’architecture ou de révolution, c’est peut-être d’abord de cela qu’il s’agit : des choses simples. À bon entendeur…
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PAULIN HOUNTONDJI, LA MODERNITÉ D'UN PÈRE FONDATEUR
Paulin Hountondji, philosophe béninois né en 1942, est l’un des pères fondateurs de la philosophie africaine moderne. Il a développé une philosophie de l’engagement et a travaillé sur l’universel
Paulin Hountondji, philosophe béninois né en 1942, est l’un des pères fondateurs de la philosophie africaine moderne. Son ouvrage Sur la « philosophie africaine » : critique de l’ethnophilosophie (1976) a amplement contribué à clarifier le débat sur ce qu’était la philosophie africaine en l’affranchissant d’un regard colonial qui la résumait à un ensemble de croyances de type mythologique.
Paulin Hountondji s’est également intéressé à ce qui pouvait fonder une science africaine en travaillant sur les savoirs endogènes. Il a développé une philosophie de l’engagement et a travaillé sur l’universel.
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L'ÉLITE POLITIQUE SÉNÉGALAISE VUE PAR EL HADJI OMAR DIOP
L'enseignant-chercheur à la Faculté de Droit de l'Ucad, analyse la situation sociopolitique nationale et convie le pouvoir et l'opposition à négocier à l'Assemblée nationale au cours de la prochaine législature
L'enseignant-chercheur à la Faculté de Droit de l'Ucad, analyse la situation sociopolitique nationale et convie le pouvoir et l'opposition à négocier à l'Assemblée nationale au cours de la prochaine législature. Il est l'invité de Baye Omar Gueye dans l'émission dominicale Objection sur Sud FM.
GABOU, PORTE DU BOUNDOU ET TERRE D'ÉMIGRÉS
C'est l’une des 12 communes du département de Bakel. Enclavée et difficile d’accès, elle sort petit à petit de l’ornière grâce à l’émigration, l’agriculture, le commerce et l’élevage
Gabou est l’une des 12 communes du département de Bakel. Enclavée et difficile d’accès, elle sort petit à petit de l’ornière grâce à l’émigration, l’agriculture, le commerce et l’élevage. À la découverte de la porte du Boundou, de son histoire et de ses spécificités.
Quelque 25 km séparent Bakel de la commune de Gabou. Mais le voyage semble durer une éternité. Si l’axe Kidira-Toumbacounda est bien goudronné, bien luisant, ce n’est pas le cas pour la distance Bakel-Gabou. C’est le parcours du combattant pour le voyageur. Il slalome les crevasses, bondit sur les nids de poule. Pire, il est souvent obligé de quitter la chaussée pour des pistes latéritiques… Plus d’une heure de calvaire, avant de voir le bout du tunnel.
Ce lundi matin, on tombe sur une commune en effervescence. C’est l’un des mérites du marché hebdomadaire qui mobilise des milliers d’acteurs économiques. Les camions ne cessent de convoyer les denrées telles riz, maïs, etc. Sous le chaud soleil, les dockers débordent d’énergie, suent à grosses gouttes.
De l’autre côté, la vente d’habits attire l’attention de plusieurs jeunes qui ont fini d’installer leurs tentes. À côté de l’humain, le bétail broute l’herbe, dans une pittoresque et verdoyante nature. Avenants mais vigilants, les éleveurs veillent sur les centaines de têtes.
À Gabou, les huttes ont presque chuté. La plupart des maisons sont en dur. Comptant plus de 24.000 habitants répartis dans 44 villages dont 39 électrifiés, elle est la porte du Boundou. Sa population est constituée par les Peuls, qui sont les premiers à s’y installer, viennent ensuite les Soninkés et les Bambaras. « Les Peuls sont les premiers à s’installer à Gabou. La famille Sy qui assure la Chefferie a ensuite accueilli les autres groupes. Les Bambaras viennent du Mali et sont descendants d’une femme appelée Aïssa Coulibaly qui a rejoint son mari à Gabou avec beaucoup de ses parents. Les Soninkés proviennent de la famille maraboutique Wagué venue du Fouta et accueillie par mon arrière-grand-père pour diriger les prières », détaille le chef de village de Gabou, Bocar Sy.
Terre d’émigrés
Pendant que le marché hebdomadaire bat son plein. Des jeunes se débrouillent dans un atelier de menuisier. L’un d’eux, Modou, a acquis l’expertise à Dakar pour monnayer son talent auprès des siens car il n’y a pas beaucoup de professionnels dans ce domaine. « Ces métiers sont rares ici, car la plupart des jeunes émigrent avant même l’âge de 20 ans. Il y a une forte colonie de Gabou en France. Ce sont eux qui portent quasiment l’économie. Les maisons en dur que vous voyez sont construites pour la plupart par eux. Idem pour les boutiques et cosmétiques », explique-t-il.
Devant un dépôt, Abdoulaye Faye manipule sa calculatrice. Très courtois et souriant, le bonhomme de grande taille propose une séance de thé. Le temps de parcourir les spécificités de la localité. « À mon avis, la première activité, c’est l’émigration. Après, viennent l’agriculture, l’élevage et le commerce. Ce sont les émigrés qui gèrent les maisons. Sans eux, les gens allaient mourir de faim et boire dans les mares », assure le commerçant au teint noir. « Rares sont les familles qui n’ont pas de parents en France. C’est leur destination préférée. Ainsi on compte, au minimum, un émigré par famille », souligne-t-il.
À côté de lui, Ousmane a fini de ranger quelques billets dans un portefeuille noué à la ceinture. Il n’est pas originaire de Gabou, mais il y séjourne depuis plusieurs années dans le cadre de ses activités économiques.
Âgé de 52 ans, il dépeint une localité fortement marquée par la solidarité familiale. « Ici, tu as l’impression que les gens n’ont aucun souci. Tellement ils sont modestes. Mais il y a plusieurs hommes et femmes qui détiennent la nationalité française et se déplacent quand ils veulent. Cela est, à mon avis, favorisé par une solidarité familiale ancrée dans leurs cultures. Si un émigré s’en sort bien, son premier réflexe est de transformer la maison familiale et ensuite de payer le billet pour son frère. Ça, c’est une réalité », soutient le commerçant.
Agriculture et élevage, les activités dominantes
Malgré la forte canicule imposée par une température qui a atteint les 40 degrés, Gabou vibre au rythme de l’activité économique et commerciale. Des centaines d’éleveurs guettent les clients et s’égosillent pour interpeller les passagers à bord des divers véhicules. En pantalon bouffant, le « tengadé » (chapeau traditionnel) sur la tête, Aboubacar a, devant lui, une trentaine de têtes. Et Gabou est son principal point de chute. « C’est un carrefour. Gabou est â 25 kilomètres de Bakel et à 40 kilomètres de Kidira. C’est un passage obligé pour tout voyageur. Et nous en profitons pour exposer nos troupeaux au bord de la chaussée. Et les voyageurs n’hésitent pas à acheter », sourit-il, déplaçant difficilement un abreuvoir. Aliou Sylla a quasiment le même accoutrement. Du boubou aux chaussures en plastique, il est tout en bleu. À l’aide d’un bâton solide, il oriente et canalise sa dizaine de têtes de moutons et de chèvres. Vivant à Gabou, il capitalise 25 années dans le secteur de l’élevage. Il y est né d’ailleurs. Et c’est son filon, son gagne-pain. « La forêt est immense. Donc l’élevage est une activité propice à Gabou. Et nous nous en sortons, même si nous souffrons des braquages et du vol de bétail. Nous approvisionnons même des marchés hebdomadaires », dit-il, à un taximan, qui assure la traduction.
Non loin de cette aire de repos et de business des éleveurs, les plants poussent. C’est la rayonnante verdure. En tee-shirt vert, Moussa Gaye, travailleur saisonnier, se confond avec la nature. Dans ce champ, ses collaborateurs et lui cultivent de la carotte, du chou et d’autres légumes. Les récoltes sont ensuite acheminées vers les marchés permanents et hebdomadaires. « À côté de l’élevage, il y a l’agriculture, notamment le maraîchage. Ici, les légumes ne sont pas chères, car les productions sont importantes. En un mois, certains gagnent près d’un million de FCfa », indique le trentenaire. Même si l’activité marche bien, il souffre des difficultés d’accès à l’eau. « Parmi les problèmes auxquels nous sommes confrontés, il y a la maîtrise de l’eau. Les systèmes modernes d’arrosage ne sont pas assez développés. L’eau des mares est également polluée par endroit. Son utilisation comporte des risques », décrie Moussa.
Du social et des initiatives de développement
À Gabou, deux choses sont chères aux populations, notamment les émigrés. L’une est la solidarité familiale, l’autre est l’implication pour un meilleur cadre de vie et le développement. Ainsi souligne Ousmane, dans plusieurs villages de la commune, les populations qui se sont mobilisées pour la construction d’infrastructures telles que les écoles, les garderies d’enfants. « Je peux compter plusieurs villages dans lesquels l’Etat n’intervient que pour l’affectation d’enseignants et du personnel de santé. Car les émigrés s’impliquent et n’hésitent pas à se cotiser pour construire ou réhabiliter une école ou un poste de santé », dit-il. Abdoulaye Faye embouche la même trompette. « Certes l’Etat a électrifié près de 40 villages et accompagné les éleveurs et les agriculteurs, mais les populations, fortement appuyées par les émigrés, jouent un rôle essentiel ». « Des millions sont investis chaque année dans des projets sociaux, contribuant ainsi au bien-être des populations », assure Abdoulaye Faye.
Pour le chef de village, Bocar Sy, les émigrés jouent un rôle à la fois social et économique. « Les émigrés accompagnent l’Etat. Ils ont contribué à la construction d’un forage, d’un château d’eau et à l’installation des robinets partout dans le village. Ainsi que d’autres infrastructures telles que la grande mosquée de Gabou. Pendant la fête de Korité, des tas de viande sont distribués aux populations », informe le chef de village de Gabou, Bocar Sy.
Le Peul, le taureau et l’origine du nom Gabou
D’où viennent les noms des villes et villages ? C’est une question qu’on se pose souvent. À Gabou, le secret est dévoilé. Et tout est parti d’une prédiction d’un soufi se basant sur un taureau et un berger peul. « Il y a eu des tiraillements et un marabout leur a dit qu’il allait mettre le pouvoir sur le taureau noir. L’endroit où il se couchera est le lieu où il faudra s’installer », raconte le chef de village, Bocar Sy. « Dieu a fait qu’ils ont suivi le taureau jusque dans un village. Subitement, l’animal se coucha à côté d’un Peul. Comme ce dernier s’appelait Gabou Ndendé, Gabou a été retenu comme nom du village. Cet homme venait du Fouta, précisément de Kobilo », indique-t-il.
LE RIZ DE PLATEAU TRACE SON SILLON DANS LE BASSIN ARACHIDIER
Installer la culture du riz dans les mœurs agricoles dans une zone où l’arachide est encore roi. C’est l’ambition du gouvernement du Sénégal dans le cadre de son programme de souveraineté alimentaire
Installer la culture du riz dans les mœurs agricoles dans une zone où l’arachide est encore roi. C’est l’ambition du Gouvernement du Sénégal dans le cadre de son programme de souveraineté alimentaire. Dans la région de Kaffrine, des producteurs s’y essaient avec plus ou moins de bonheur.
Au bout d’un chemin vicinal ceint par de hautes herbes et des champs épanouis de maïs et de mil que surplombent des arbres géants par-ci, par-là, une petite exploitation rizicole d’une superficie d’un hectare et demi fleurit à côté d’un champ d’arachide. Pas de bas-fonds ni de terres inondées ; les touffes de feuilles étroites et dressées d’un vert clair poussent sur une terre moite. Les cultures, de la variété Nerica 8, sont au stade R1. Le propriétaire, Elhadji Babou Dieng, a procédé aux semis le 11 juillet dernier dans cette écologie de plateau située dans le village de Bouchra, à deux kilomètres de la commune de Ndiognick, département de Birkilane, région de Kaffrine.
Zone arachidière par excellence, le bassin arachidier, constitué des régions de Kaolack, de Kaffrine et de Fatick, renferme un potentiel rizicole très peu exploité jusque-là. Mais, avec les stratégies du Gouvernement appuyées, dans un passé récent, par ses partenaires, comme le Japon, dans le cadre du Projet d’appui à la production durable du riz pluvial dans le bassin arachidier (Prip) 2015-2019, la culture du riz est en train de se faire, petit à petit, une place à côté de l’arachide et du mil.
Cette diversification agricole vise à transformer le bassin arachidier en zone agricole conformément au souhait du Président de la République, selon le Ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Moussa Baldé, jeudi dernier, à l’issue de sa visite à Ndiognick. « Avec ce que nous avons vu ici, on peut dire que le Sine-Saloum n’est plus seulement un bassin arachidier, mais un bassin agricole pour toutes les spéculations. Ici, on peut sauter d’un champ de riz à un champ de maïs et d’un champ de mil à un champ de niébé. Cela prouve que la souveraineté alimentaire du Sénégal peut être très rapidement atteinte avec la région de Kaffrine puisque partout, on peut maintenant faire du riz, alterner avec l’arachide, du mil, du maïs, du niébé », s’est-il réjoui. Non sans féliciter les producteurs de la région pour leur engagement ainsi que l’administration territoriale, le Directeur régional du Développement rural et toute son équipe pour avoir fait en sorte que la mise en place des intrants soit optimale. Le Ministre est d’avis qu’avec les emblavures de cette année, la donne va changer et que la souveraineté alimentaire, une priorité pour le Gouvernement, pourra être une réalité au Sénégal.
Diversifier pour bien et mieux se nourrir
Les orientations étant claires, les efforts sur le terrain pour le développement de la culture du riz de plateau commencent à porter leurs fruits, selon les acteurs. Pour eux, l’enjeu est de diversifier les cultures pour ne plus être à la merci des caprices du ciel. Ainsi, il est devenu quasiment rare de voir, dans le Sine-Saloum, des périmètres où ne pousse qu’une seule spéculation. « Je cultive du riz sur un hectare et demi, l’arachide sur 10 hectares, le maïs sur six hectares, le mil sur quatre hectares et aussi du niébé fourrager », confirme Elhadji Babou Dieng. Selon lui, l’époque où l’on estimait que le riz ne pouvait pas pousser dans le Saloum à cause de la salinité des terres ou des pauses pluviométriques est révolue. « Les temps ont changé. Je l’expérimente depuis 2016. Nous avons juste besoin de matériels de récolte et de transformation pour s’y engager davantage », indique ce producteur. En effet, selon lui, l’absence de batteuse est un frein, car ici, les femmes n’ont pas l’habitude de la transformation manuelle du riz comme elles le font avec le mil, par exemple. « Parfois, il faut se rendre jusqu’en Gambie pour la transformation. Si nous avons l’équipement nécessaire, il n’y aucune raison que la culture du riz ne se développe dans le bassin arachidier. Les possibilités existent et on n’a pas besoin de beaucoup d’engrais. Par exemple, pour cette parcelle, je n’ai mis que deux sacs et demi d’urée, plus de l’engrais organique composé de résidus de coques d’arachide. Il n’y a aucun engrais chimique », explique Elhadji Babou Dieng.
Le maire de Ndiognick et nouvellement élu député pour le compte du département de Birkilane, Ndéry Loum, abonde dans le même sens. Il encourage les producteurs à diversifier les cultures parce que c’est la voie vers l’autosuffisance alimentaire.
Le Ministre Moussa Baldé promet le soutien de l’État aux producteurs de la zone en matière d’équipements de récolte et de transformation. Une aide qui serait la bienvenue, d’autant plus que, dans le cadre du programme Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaines de valeur (Provale-Cv), 20 hectares de riz sont en cours d’exploitation dans la commune de Ndiognick et 18 hectares à Keur Birame. « On veut manger le riz qu’on cultive comme on mange notre propre mil et maïs. On veut qu’on retrouve, dans chaque famille, au minimum un demi hectare ou un hectare de riz », martèle Elhadji Babou Dieng. Assurément, dans le bassin arachidier, où le potentiel d’emblavure est non négligeable, les gens commencent à prendre conscience de l’importance de cultiver du riz à côté des spéculations traditionnelles. Les techniques de production de cette céréale ayant été assimilées par les producteurs qui s’y intéressent.
TOUSSAINT MANGA DÉMISSIONNE DU PDS
L’ancien député libéral a quitté le parti à travers une lettre adressée au secrétaire général national, Abdoulaye Wade. Candidat malheureux aux locales de janvier, M. Manga n’a pas été investi lors des dernières législatives
L’ancien député libéral, Toussaint Manga, a quitté le Parti démocratique sénégalais (Pds). Il a annoncé sa démission à travers une lettre adressée au secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade.
« C’est avec beaucoup d’émotions que je vous adresse ces quelques mots pour vous présenter ma démission de toutes les instances du parti (Secrétariat national, Comité directeur et Fédération de Ziguinchor) et par conséquent la fin de mon militantisme au sein du Parti démocratique sénégalais », a-t-il dit dans sa note qu’il a publiée, ce dimanche, sur sa page Facebook.
Toussaint Manga a, par ailleurs, rendu « un vibrant hommage » au ‘’Pape du Sopi’’ qu’il a également remercié pour tout ce qu’il a « fait pour l’humanité, l’Afrique, le Sénégal et pour moi-même durant mes 23 ans de militantisme actif dans le parti. Je vous en serai éternellement reconnaissant ».
Candidat malheureux aux élections territoriales de janvier 2022, M. Manga n’a pas été investi lors des dernières Législatives. D’ailleurs, au cours d’un point de presse, il avait dénoncé un « mépris politique », constatant l’absence des Libéraux dans les choix faits par l’inter-coalition ‘’Yewi-Wallu’’ au niveau des départements de Bignona, d’Oussouye et de Ziguinchor.
LE BILAN DE LA JUNTE MALIENNE AU POUVOIR JUGÉ CATASTROPHIQUE
Pour le Cadre d'échange réunissant une dizaine de partis et regroupements de partis, la situation se dégrade dans presque tous les domaines et de graves menaces pèsent sur l'unité et la souveraineté nationales
Au Mali, une coalition de partis juge "catastrophique" le bilan de la junte après deux ans d'exercice du pouvoir. Dans un communiqué, le Cadre d'échange fait ainsi entendre une rare voix dissonante.
Le 18 août 2020, un groupe de colonels, dont le futur chef de la junte Assimi Goïta, a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta après des mois de contestation contre l'incapacité à stopper l'expansion jihadiste et la violence, le marasme économique et la corruption. Un second coup d'Etat en mai 2021 a renforcé leur emprise.
Les expressions dissidentes sont devenues exceptionnelles, étouffées par les injonctions à l'unité nationale et les mesures répressives.
Une coalition s'est cependant alarmée de la situation.
"Le bilan est catastrophique et la situation est inquiétante", dit la coalition regroupée sous le nom de Cadre d'échange, dans un communiqué reçu samedi par l'AFP.
Le Cadre d'échange réunit une dizaine de partis et regroupements de partis, dont le Rassemblement pour le Mali de l'ancien président Keïta et le Yelema de l'ancien Premier ministre Moussa Mara.
Pour lui, "la situation se dégrade dans presque tous les domaines et de graves menaces pèsent sur l'unité et la souveraineté nationales".
La "presque totalité du territoire" est sous le contrôle des jihadistes qui "montent visiblement en puissance"; "le panier de la ménagère n'a jamais été aussi vide"; "les libertés fondamentales sont régulièrement violées", détaille-t-il.
Par ailleurs, le Mali "s'enfonce dans un isolement diplomatique inédit", dit-il.
Le deuxième anniversaire du 18 août 2020 n'a donné lieu à aucune manifestation officielle. C'est après le putsch de 2021, l'investiture du colonel Goïta comme président et la nomination d'un nouveau Premier ministre qu'a été engagée une politique de rupture.
La junte s'est tournée vers la Russie et a rompu avec la France et ses alliés. Le dernier soldat de l'opération antijihadiste française Barkhane a quitté le Mali lundi.
Les autorités s'enorgueillissent d'avoir résisté aux pressions internationales et restauré la souveraineté du pays et d'acculer les jihadistes à la défensive.
L'état-major a revendiqué samedi dans un communiqué d'avoir "neutralisé" depuis début août 81 jihadistes lors de différentes opérations. Il a fait état de quelques blessés dans les rangs de l'armée. Il a rapporté les premières frappes d'un Soukhoi-25 livré en août par le partenaire russe.
Toutes ces données sont quasiment invérifiables.
Vendredi, les partisans de l'imam Mahmoud Dicko, influent personnage public qui avait été la figure tutélaire de la contestation en 2020, avait juqé que "la situation politique et sécuritaire et politique du pays (restait) préoccupante malgré quelques avancées dans certains domaines".
"Le pays est en train de s'enliser dans un mode de gouvernance caractérisé par la promotion de la propagande, la diversion, le bâillonement de la liberté d'expression, les crises diplomatiques avec nos partenaires, la distinction (entre) bons et mauvais Maliens", disaient-ils dans un communiqué.