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25 novembre 2024
Développement
CANICULE MORTELLE LORS DU HADJ
Des températures extrêmes ont frappé la ville sainte de La Mecque cette semaine, entraînant le décès de plus d’une douzaine de pèlerins lors du grand pèlerinage musulman
(SenePlus) - Des températures extrêmes ont frappé la ville sainte de La Mecque cette semaine, entraînant le décès de plus d’une douzaine de pèlerins lors du grand pèlerinage musulman, selon les informations communiquées lundi 17 juin par les autorités saoudiennes et de plusieurs autres pays, comme l’a rapporté l’AFP.
Plus de 2 700 cas d’«épuisement dus à la chaleur» ont été recensés pour seulement la journée de dimanche à La Mecque, a indiqué le ministère saoudien de la Santé à l’issue du hadj. Les températures pourraient atteindre les 49°C ce lundi dans la ville, selon les prévisions météorologiques citées par le quotidien français Le Monde.
Ces conditions climatiques extrêmes ont directement entraîné la mort de quatorze pèlerins jordaniens, «après qu'ils aient subi une insolation due à la vague de chaleur extrême», a déclaré le ministère jordanien des Affaires étrangères. Téhéran a également fait état du décès de cinq pèlerins iraniens tandis que Dakar a confirmé trois morts sénégalais, sans toutefois préciser les causes.
Face à ces drames humains, les autorités saoudiennes ont mis en garde les fidèles contre les fortes chaleurs. «Les lieux saints enregistrent aujourd'hui les températures les plus élevées depuis le début du hadj qui peuvent atteindre 49°C, et nous conseillons aux invités de Dieu de ne pas s'exposer au soleil», a souligné le ministère saoudien de la Santé dans un communiqué cité par la chaîne de télévision Al-Ekhbariya.
Les consignes sanitaires ont également été rappelées par les autorités : «Porter un parapluie, boire régulièrement de l’eau et éviter de s’exposer au soleil». Car le hadj, l’un des plus grands rassemblements religieux au monde rassemblant près de deux millions de personnes cette année selon Ryad, se tient traditionnellement en été, période particulièrement chaude en Arabie Saoudite.
Cet épisode malheureux met une nouvelle fois en lumière les risques que fait peser le calendrier estival du pèlerinage sur la santé des fidèles. Alors que les cérémonies touchent à leur fin, le bilan humain de cette canicule pourrait s’alourdir davantage.
LE SÉNÉGAL PLEURE SES FIDÈLES À LA MECQUE
Trois Sénégalais partis pour le pèlerinage ont rendu l'âme en Arabie Saoudite. Le ministère des Affaires étrangères a rapidement réagi en assurant la prise en charge des défunts
(SenePlus) - Dans un communiqué rendu public dimanche 16 juin 2024, le ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères du Sénégal a annoncé le décès de trois pèlerins sénégalais à La Mecque, en Arabie Saoudite.
Selon les informations fournies, ces fidèles musulmans avaient rejoint les Lieux Saints de l'Islam par l'intermédiaire de voyagistes privés pour accomplir le pèlerinage, l'un des piliers de l'Islam. Malheureusement, la vie les a rattrapés sur les terres sacrées.
"Le ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères a été informé du décès, à la Mecque, de trois (03) pèlerins, conduits par des voyagistes privés", indique le communiqué.
Face à cette lourde épreuve, les autorités sénégalaises ont rapidement réagi. "Le Consul général du Sénégal à Djeddah a été immédiatement instruit, en rapport avec la Délégation générale au Pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam, et les autorités saoudiennes compétentes, de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de l'inhumation, sur place des personnes décédées, conformément à la tradition musulmane", précise le texte officiel.
Cette tragique nouvelle a suscité une vive émotion au sein du gouvernement sénégalais. Madame Yassine Fall, ministre de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères, a tenu à présenter ses sincères condoléances aux familles endeuillées.
Dans un élan de foi et de solidarité, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a formulé une prière pour le repos éternel des défunts. "Qu'Allah accueille les défuntes au paradis", a-t-elle imploré.
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DIOMAYE PRÔNE L'UNITÉ
Dans un discours empreint de spiritualité, le président a rappelé les valeurs incarnées par la Tabaski ce lundi. Mais au-delà des aspects religieux, c'est un appel à la solidarité nationale qui a marqué son allocution
(SenePlus) - Ce lundi 17 juin 2024, à l'occasion de la célébration de la Tabaski, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a adressé un discours empreint de spiritualité et d'appels à l'unité nationale. Dans une atmosphère de recueillement, sa voix a résonné comme un écho aux valeurs profondes ancrées dans la tradition islamique et sénégalaise.
"La fête d'aujourd'hui est une fête du sacrifice vous l'avez dit, c'est une fête aussi de la soumission", a déclaré le chef de l'État, rappelant l'essence même de l'Aïd el-Kebir. Évoquant la soumission comme un parallèle au respect de la loi juste et équitable, il a souligné l'importance de l'adaptation constante pour préserver "la sérénité et la tranquillité sans laquelle la vie en société peut être extrêmement compliquée".
Dans un geste d'humilité et de pardon, le président a demandé pardon à l'ensemble de la communauté islamique du pays et du monde, tout en accordant son pardon à ceux qui l'ont offensé, volontairement ou involontairement. Une démarche qui fait écho aux paroles du prophète Mohammed (paix et bénédiction sur lui) : "Celui qui ne pardonne pas aux autres, Allah ne lui pardonnera pas non plus."
Mais au-delà des aspects spirituels, le discours a mis en lumière un thème central : la solidarité agissante. "Je voudrais profiter de cette occasion pour magnifier l'élan de solidarité traditionnelle qui gouverne les rapports de la communauté sénégalaise ici et dans la diaspora", a affirmé Bassirou Diomaye Faye, soulignant l'importance de perpétuer cet esprit fraternel envers tous, sans distinction.
Cette solidarité, a-t-il expliqué, soulage de nombreux pères de famille confrontés aux obligations financières liées à la célébration de la Tabaski. "Il n'y a pas de petits actes, il n'y a pas d'actes qui soient aussi d'une grandeur telle qu'on ne puisse pas amusérer la portée", a-t-il déclaré, appelant chacun à contribuer selon ses moyens.
Dans un pays en pleine ascension économique, avec l'exploitation récente du pétrole et du gaz, le président a exprimé sa gratitude envers les prédécesseurs qui ont œuvré pour ces résultats, tout en s'engageant à garantir "la bonne administration de ces ressources, pétrolières et gazières, au profit du peuple sénégalais".
Mais au-delà des richesses naturelles, c'est la richesse humaine et environnementale qui a été mise en avant. Le chef de l'État a invité les Sénégalais à perpétuer l'élan d'action commune, particulièrement à travers le "set setal", une journée mensuelle de nettoyage des espaces publics. "Nous invitons les Sénégalais, où qu'ils soient, à penser à bien nettoyer pour que le Sénégal, des villes comme des campagnes, gardent la propreté que nous avons contribuée à leur donner il y a de cela quelques temps", a-t-il déclaré.
Dans un appel à l'unité et à la cohésion nationale, le président Bassirou Diomaye Faye a conclu son discours en renouvelant ses prières "pour un Sénégal prospère, pour un Sénégal juste, pour un Sénégal de cohésion".
UNE PARTIE DES FIDÈLES MUSULMANS A CÉLÉBRÉ LA TABASKI AUJOURD'HUI
Dans certains quartiers de Dakar, comme à la Médina, comme il est de tradition, des fidèles se sont rendus à la mosquée pour la prière de l’Aïd, mais aussi dans d’autres localités du pays comme à Podor (nord), par exemple
Une partie de la communauté musulmane sénégalaise a célébré dimanche la fête de la Tabaski, la grande majorité des fidèles ayant décidé de commémorer l’Aïd-el-Adha lundi 17 juin, conformément aux recommandations de la commission nationale de concertation du croissant lunaire.
La commission officielle avait fixé la date de cette fête au lundi 17 juin, mais une partie des fidèles a choisi commémorer la Tabaski 24 heures avant, à l’appel notamment de la coordination des musulmans du Sénégal.
Dans certains quartiers de Dakar, comme à la Médina, comme il est de tradition, des fidèles se sont rendus à la mosquée pour la prière de l’Aïd, mais aussi dans d’autres localités du pays comme à Podor (nord), par exemple.
Il est recommandé au croyant de sacrifier une bête à l’occasion de l’Aïd el-Kébir – un mouton, une chèvre ou une vache par exemple -, pour commémorer un épisode du Coran dans lequel Dieu ordonne à Abraham de faire don de la vie de son fils.
L’enfant est finalement épargné, l’ange Gabriel l’ayant remplacé par un mouton au dernier moment.
Le ”sacrifice d’Abraham” rappelle l’importance de la soumission à la volonté divine et de la confiance en Dieu.
La fête de Tabaski est aussi une occasion de renforcer les liens familiaux et communautaires, de pratiquer la gratitude envers Dieu et de manifester la compassion envers les personnes dans le besoin.
LE BOOMERANG DES COUPS D'ÉTAT
Alors que le putsch au Niger a fait grimper les taux d'emprunt du Kenya, l'Afrique souffre de raccourcis simplistes qui l'assimilent à un bloc monolithique. Pour gagner en crédibilité, le continent doit parler d'une même voix et faire preuve d'exemplarité
(SenePlus) - Il arrive que des événements politiques isolés dans un pays aient des répercussions économiques bien au-delà de ses frontières. C'est ce qu'a récemment illustré Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, dans un discours à Chatham House à Londres, comme le rapporte l'éditorial de Jean-Baptiste Placca sur RFI du 15 juin 2024.
Adesina a relaté la surprise du président kényan William Ruto en découvrant que "les taux auxquels son pays empruntait sur les marchés avaient sensiblement augmenté" à cause du coup d'État survenu au Niger. Comme l'a souligné Ruto avec une pointe d'ironie, "la dernière fois qu'il s'était penché sur la carte du Kenya, il n'y avait vu aucune trace du Niger."
Ce cas illustre une tendance regrettable des agences de notation à considérer l'Afrique comme un bloc monolithique plutôt que d'évaluer chaque pays selon ses propres mérites. Comme l'explique Placca, "il arrive que, par excès de simplification ou par paresse intellectuelle, des agences de notations – et pas seulement elles – englobent dans une appréciation unique tout ce continent de cinquante-quatre États."
Les conséquences financières de cette généralisation hâtive sont lourdes pour les économies africaines. Adesina a cité un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement selon lequel "des notations de crédit plus équitables permettraient aux pays africains de faire une économie d'au moins 75 milliards de dollars par an sur le service de la dette."
Face à ce constat alarmant, le président de la BAD a plaidé pour la création d'une agence de notation africaine qui offrirait "un regard de l'intérieur" et éviterait ce type de raccourcis préjudiciables. "C'est un peu comme si l'on prenait un autre avis médical", a-t-il imagé.
Cependant, Placca soulève un point crucial : si le regard extérieur peut être partial, les Africains eux-mêmes portent une part de responsabilité. "On ne peut oublier que ce sont, ici, des Africains qui causent du tort à d'autres Africains", rappelle-t-il, déplorant que "les peuples du continent [...] en sont à payer pour les forfaits de putschistes d'autres États africains."
L'éditorialiste plaide donc pour que les dirigeants africains prennent leurs responsabilités et évitent de nuire aux intérêts de leurs voisins : "Les choix sont simples : bien se tenir, dans l'intérêt de tous ou, sous couvert de souveraineté, faire ce que l'on veut chez soi, sans se soucier des conséquences pour les autres."
Si l'appel à la création d'une agence panafricaine de notation est légitime pour contrebalancer les biais extérieurs, Placca met en garde contre l'illusion qu'elle suffirait à redorer l'image du continent. "L'Afrique serait-elle plus attrayante ou plus attractive pour les capitaux, juste parce qu'elle se mirerait dans sa propre glace?", interroge-t-il avec scepticisme.
Au final, la crédibilité et l'attractivité économique de l'Afrique dépendront avant tout de "bonnes politiques et la respectabilité qui en découle" plutôt que de simples effets de communication. Une agence africaine devra elle-même "conquérir, sur la durée, une crédibilité qui n'est en libre-service nulle part."
PRÈS DE 500 MOUTONS DISTRIBUÉS PAR LA FAMILLE DE SERIGNE BABACAR SY
Cette action vise à partager la joie de la fête avec les plus vulnérables. Hommes, femmes et enfants reçoivent tous les bienfaits de cette tradition solidaire.
La famille de Serigne Babacar Sy a distribué près de 500 moutons pour la Tabaski à des membres de la descendance maraboutique de Tivaouane (ouest), des dignitaires de la confrérie tidjane et des personnes vulnérables.
Cette traditionnelle distribution de moutons pour la Tabaski, qui remonte à 1953, s’est déroulée cette année en trois jours, du mercredi au vendredi, dans la cour de Serigne Babacar Sy, au profit des membres de la famille Sy et des “moukhadams”, représentants de la confrérie dans différents coins du pays.
Cette action de solidarité a été élargie à des personnes nécessiteuses.
En plus des petits-fils de El Hadji Malick Sy et des “moukhadams”, des femmes qui s’activent dans les cuisines de Sokhna Oumou et Sokhna Aïda Kane font partie des bénéficiaires.
Selon Khalifa Niang, maître d’oeuvre des grands évènements de la communauté de Tivaouane, “la liste des bénéficiaires avoisine les 500 personnes, car beaucoup de nécessiteux profitent également de la légendaire bonté de Serigne Babacar Sy, disparu le 25 mars 1957”.
Selon Serigne Babacar Sy Cissé, actuel khalife du précurseur de cette initiative, Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine déboursait chaque année des dizaines de millions pour perpétuer cette tradition.
Lors de la première édition, Serigne Aladji Cissé, un fervent disciple de Serigne Babacar Sy, avait offert au premier khalife de Maodo Malick Sy un mouton qui coûtait à l’époque 30.000 FCFA. Le joli bélier était alors une attraction au domicile Serigne Babacar Sy à Tivaouane, raconte-t-il.
Après le rappel à Dieu de Serigne Babacar Sy, Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine avait repris le flambeau, en supervisant la distribution des animaux à l’approche de chaque Tabaski ou Aid el-adha.
Après le rappel à Dieu de Serigne Abdoul Aziz Al Amine, c’est son aîné Serigne Babacar Sy dit Papa Aïda qui supervise cette initiative depuis 2018, avec Serigne Moustapha Sy Al Amine et Serigne Babacar Sy Cissé.
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LA TABASKI, UN VOYAGE SEMÉ D'EMBÛCHES POUR DE NOMBREUX SÉNÉGALAIS
"Les gares routières sénégalaises sont une véritable jungle où le client, loin d'être traité comme un roi, n'est que gage. On le prend pour une vache à lait alors que souvent c'est plutôt un mouton fatigué qui traîne avec l'énergie du désespoir"
(SenePlus) - Pour de nombreux musulmans sénégalais, la fête de la Tabaski, censée célébrer le partage et la solidarité, se transforme en un véritable parcours du combattant. Comme le souligne Omar Diaw, journaliste à la RTS, "la quête de l'animal à sacrifier n'est pas la seule équation pour de nombreux musulmans obligés de se sacrifier."
Au-delà de l'achat onéreux de la bête, c'est le simple fait de rejoindre sa famille dans les régions d'origine qui relève du défi. "S'il y a un seuil, un minimum, pour le coup, on a l'impression que les plafonds explosent," déplore Diaw, faisant référence aux coûts exorbitants des transports routiers.
Une injustice criante se profile, où "certaines bêtes de race s'échangent contre des millions," tandis que la majorité des Sénégalais doit se contenter de "rabais présidentiels substantiels aux allures de dumping." Cette disparité souligne les inégalités sociales flagrantes qui persistent dans le pays.
Pour de nombreux Sénégalais, le véritable défi réside dans le fait de "retourner à ses racines sans frais chez soi, celui-là qui vous a vu naître avant d'atterrir dans ces cités où on s'épuise, su et sus dans l'espoir incertain de s'accomplir." Cette "Tabasquie" devient alors "un marqueur social et sociologique précis," révélateur des difficultés rencontrées par une frange importante de la population.
Lorsque vient le temps des célébrations, "d'innombrables Sénégalais se libèrent de l'étreinte des banlieues captives pour se retrouver dans des bleds laissés à eux-mêmes, aux épouses, aux vieux-parents et à des jeunes qui ne rêvent que de partir." Cependant, cette quête de retrouvailles familiales se heurte à l'âpreté des conditions de voyage.
"Les gares routières sont alors assaillies par des milliers de voyageurs, vite pris à la gorge par des rabatteurs sécoxeurs qui s'empressent de vous encaisser jusqu'au triple du tarif normal." Malgré les protestations et les appels à la raison, "vous perdriez votre temps et votre énergie. Rien ne les attendrit. Au bout du compte, il faudra se résigner et casquer."
Non seulement les tarifs sont exorbitants, mais les conditions de transport sont également déplorables. "Le chauffeur, les poches pleines de votre argent, par lui mal acquis, se pointe pour vous narguer et vous transporter comme des bestiaux conduisant avec arrogance et désinvolture." Les passagers sont traités avec mépris, à l'image de cette description saisissante: "Les gares routières sénégalaises sont une véritable jungle où le client, loin d'être traité comme un roi, n'est que gage. On le prend pour une vache à lait alors que souvent c'est plutôt un mouton fatigué qui traîne avec l'énergie du désespoir."
Face à cette situation alarmante, Omar Diaw lance un cri d'alarme retentissant: "C'est ainsi depuis trop longtemps et trop c'est trop." Il est grand temps que les autorités compétentes prennent des mesures fermes pour mettre fin à ces abus et permettre à tous les Sénégalais de célébrer dignement la Tabaski, dans un esprit de partage et de solidarité, conformément aux valeurs prônées par cette fête importante.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
PLAIDOYER POUR UN NOUVEL ORDRE DE L’INFORMATION ET DE LA PRESSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le débat en cours dépasse la seule question des arriérés d'impôts. Il interroge la pérennité d'un modèle de presse fragilisé et appelle à une refonte des rapports entre médias et personnel publique
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 15/06/2024
38 milliards, c’est la somme que les services de la Direction Générale des Impôts et Domaine (DGID) réclament aux entreprises de presse en arriérés : 13 milliards pour dette fiscale et 25 milliards pour redevances dues à l’Agence de Régulation des Télécommunications et de la Poste (ARTP). Une trentaine d’entreprises de presse serait concernée.
Pour récupérer cette somme due, la DGID a procédé au blocage des comptes des entreprises débitrices. Alerté, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), demande par la voix de son président M. Mamadou Ibra kane « un arrangement » pour permettre « la main levée sur les comptes bancaires des entreprises de presse… »
Un « arrangement » entre les entreprises de presse et le fisc est recevable car prévu par le Code des impôts et conforme à la pratique habituelle des services de recouvrement de l’impôt.
Il est prévu que ces derniers puissent convenir avec l’entreprise interpellée de modalités de paiement d’arriérés d’impôt selon un échéancier de paiement soutenable, sur la base de ses états financiers.
L’article 706 du Code général des Impôts (CGI), indique en effet que « le contribuable, en situation économique ou financière difficile, qui reconnaît le bien-fondé d’une imposition établie à son nom, peut introduire une demande de remise ou de modération de sa dette fiscale ».
Il suffit aux entreprises de presse concernées d’introduire auprès du ministère des Finances sous le couvert de la DGID, une demande de remise ou de modération de la dette fiscale et de main levée sur leurs comptes.
Mais ce n’est pas la première fois que les entreprises de presse sont interpellées par le fisc pour arriérés d’impôts et taxes. C’est arrivé sous le régime du président Abdoulaye Wade puis de M. Macky Sall.
Une solution pérenne est donc requise.
C’est d’ailleurs le plaidoyer que le président Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), porte : « Nous ne refusons pas de payer, et nous payons nos impôts. Par contre, ce que nous demandons, c’est que compte tenu de la spécificité du secteur, qu’il y ait une fiscalité adaptée comme en France et ici au Sénégal dans les secteurs de l’agriculture, du logement social, de la santé. »
De la viabilité de l’entreprise de presse au Sénégal
On devrait en effet considérer la récurrente crise fiscale et adresser la question de la viabilité de l’entreprise de presse au Sénégal. Que le législateur revoie les dispositions du Code de l’impôt relatives à l’entreprise de presse pour introduire une déduction spéciale de l’impôt comme on l’a fait récemment en France.
Dans le même temps, on devrait réviser la loi sur la publicité de 1983 (Loi N° 83.20 du 28 janvier 1983) afin de promouvoir et développer le secteur de la publicité, seul susceptible de financer les médias et d’assurer leur viabilité économique à long terme.
De même, une révision en profondeur du Fonds d’Appui à la Presse s’impose aussi bien dans sa gestion que dans son utilisation.
Il devrait être géré désormais pour plus de transparence, non plus par le ministère de l’Information et de la communication, mais par le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA).
Il devrait être affectée pour partie à des appuis indirects, formations spéciales et frais de séjour de couverture d’événements mondiaux incontournables par exemple notamment et pour partie comme caution auprès de la Banque Nationale de Développement pour le financement des projets d’équipement des entreprises.
Liquider le conflit politique récurrent entre l’Exécutif et les médias
Mais voici qu’en marge du contentieux sur les dettes fiscales, la presse, tout au moins une partie significative de celle-ci, s’attaque au nouveau régime, en ciblant particulièrement le Premier ministre Ousmane Sonko.
Une information fabriquée de toute pièce est reprise selon laquelle il est le seul responsable de l’affectation d’un officier supérieur de l’armée, sans aucun respect des procédures et protocoles habituels, juste pour régler un compte personnel.
Ses propos sur l’homosexualité sont relevés et mis en exergue pour indiquer que sa position sur la question a changée, histoire de semer le trouble au sein de ses soutiens qui y sont particulièrement sensibles.
Il réagit avec colère et défiance : on crie haro sur l’intolérant, sur l’islamiste menaçant les bonnes mœurs démocratiques.
Apparemment, cette presse prend en charge le combat politique contre le régime du Pastef de l’opposition politique, pour faciliter la remise sur pied de celle-ci. A moins qu’elle ne cherche à provoquer littéralement le gouvernement Diomaye Faye /Ousmane Sonko, pour l’accuser ensuite d’atteinte à la liberté d’expression voire aux droits de l’homme.
Rêve-t-on plutôt de rétablir le « deal » qu’on avait avec le président Macky Sall qui avait coopté nombre de patrons de presse et crée de toutes pièces une presse « marron beige » au service de ses combats ?
Ce n’est évidemment ni de la mission ni de l’intérêt de la presse de prendre en charge le combat politique de l’opposition ou de se mettre au service du gouvernement. Elle devrait plutôt considérer que les entreprises de presse sont pour la plupart exsangues économiquement et que les journalistes en sont les premières victimes.
Elle devrait se préoccuper des voies et moyens pour remplir sa mission première : produire et diffuser quotidiennement l’information nécessaire au fonctionnement de la société et de la démocratie. Aussi est-il urgent d’établir des « rapports normaux » entre l’administration politique et la presse.
Pour un nouvel ordre de l’information et de la communication
Que les patrons de presse, car ce ne sont pas les journalistes qui sont en cause ici, considèrent qu’ils n’ont pas affaire ici à un quelconque Comité de transition monté par des colonels en rupture de ban, mais à un régime dont le président a été élu au premier tour d’une élection on ne peut plus démocratique. Que ceux d’entre eux qui ont partie liée avec l’ancien régime, soient inquiets à l’idée de devoir rendre compte et rendre gorge, cela se comprend.
Appelons-les pourtant à s’imposer ce « minimum de discrétion » (concernant par exemple les informations du secret défense), ce « minimum de sérieux » (pour ne pas publier des informations mensongères en connaissance de cause ou par défaut de vérification) et ce « sens des responsabilités » auquel appelait ce spécialiste de droit public français[1].
Appelons l’administration du président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à considérer que l’information est un bien commun fondamental qu’il faut sauvegarder vaille que vaille.
Oui, l’information est un bien commun dans le sens de la déclaration de l’UNESCO : elle contribue à la formation du citoyen et à son expression, à la dissémination du savoir, à l’expression de la culture, au bon fonctionnement des institutions et au renforcement de la démocratie.
Que l’administration du président Diomaye Faye se convainque que la presse dans sa majorité travaille effectivement à produire et à diffuser ce bien commun qu’est l’information qui est indispensable non pas seulement au succès du « Projet », mais à l’avènement de la nouvelle société à laquelle les Sénégalais aspirent.
Qu’elle se convainque que le droit des Sénégalais à une information plurielle et sans filtre, corollaire de la liberté de la presse, est indispensable à l’atteinte des objectifs de souveraineté nationale et d’émancipation sociale.
C’est pourquoi il revient à l’administration du président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko de proposer à la presse et de mettre en œuvre un nouvel ordre de l’information et de la presse au Sénégal.
Ce nouvel ordre devra imposer les règles élémentaires qui régissent toutes les entreprises de presse partout à travers le monde : le respect de l’éthique professionnelle, la transparence concernant aussi bien les bailleurs et propriétaires, que la ligne éditoriale, les tirages et les parts d’audience.
Le respect aussi de la convention collective des journalistes et techniciens. Le paiement régulier des impôts et taxes. Ainsi que les cotisations sociales des employés.
Le nouvel ordre auquel nous appelons ici a pour objet de mettre en place un partenariat entre les entreprises de presse, l’administration publique, les organisations de la société civile spécialisées et les organisations professionnelles (notamment le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les médias au Sénégal (CORED) pour le bien de la corporation toute entière. Et pour le renforcement de la démocratie.
LE PÈLERINAGE À LA MECQUE, UN FARDEAU DE PLUS EN PLUS LOURD
Entre l'augmentation constante du prix des billets d'avion, la taxation accrue du royaume saoudien et les effets de la dévaluation monétaire, le coût du hajj flambe pour les fidèles. Un véritable frein à l'accomplissement de ce cinquième pilier de l'islam
(SenePlus) - Le hajj, cinquième pilier de l'islam, est un devoir sacré pour tout musulman qui en a les moyens physiques et financiers. Comme le rappelle le Coran : "Et aux gens, l'accomplissement du pèlerinage de la Maison est une obligation envers Allah pour tous ceux qui en ont la possibilité." (Sourate 3, verset 97). Chaque année, l'Arabie Saoudite délivre des quotas de pèlerins par pays en fonction de leur population musulmane. Pour cette édition 2024, le Sénégal peut envoyer jusqu'à 13 000 fidèles, la Côte d'Ivoire près de 10 000. Le Nigeria, nation la plus peuplée d'Afrique, dispose logiquement du contingent le plus important avec près de 90 000 pèlerins autorisés.
Ces dernières années pourtant, accomplir ce grand pèlerinage est devenu un véritable fardeau financier pour de nombreux croyants. "Les packages de voyages organisés à la Mecque comprennent les billets d'avion, la nourriture, l'hébergement sur place. Au Sénégal par exemple, leurs prix ont littéralement doublé depuis le Covid" explique RFI. Cette année, un pèlerin doit débourser en moyenne 4 300 000 francs CFA pour effectuer le hajj.
Plusieurs facteurs expliquent ces tarifs exorbitants. "Il y a d'abord eu l'augmentation généralisée du prix des billets d'avion ces derniers mois. Ensuite, la chute de valeur de certaines monnaies face au dollar renchérit mécaniquement les coûts sur place en Arabie Saoudite" analyse Aminata Touré, économiste. Le royaume lui-même a aussi augmenté récemment les taxes appliquées, comme la TVA. Une stratégie délibérée car comme le souligne RFI: "Le hajj est aussi une source de revenus considérable pour l'Arabie Saoudite. Avant le Covid, le pèlerinage rapportait entre 10 et 15 milliards de dollars par an à l'Etat."
Le tourisme religieux s'inscrit d'ailleurs pleinement dans le plan Vision 2030 visant à préparer l'après-pétrole pour l'économie saoudienne. "L'organisation des pèlerinages tout au long de l'année est désormais la deuxième source de recettes pour le royaume, loin derrière les exportations d'hydrocarbures mais c'est un secteur en pleine expansion" la radio française. Une perspective peu réjouissante pour les fidèles musulmans qui peinent déjà à financer leur pieux voyage...
LA CONCRÉTISATION DES BAISSES DE PRIX SE FAIT ATTENDRE
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais
(SenePlus) - Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye a annoncé jeudi dernier les premières mesures destinées à lutter contre la vie chère, un sujet brûlant sur lequel les nouvelles autorités sont très attendues depuis leur prise de pouvoir il y a deux mois et demi. Parmi ces mesures, une diminution négociée des tarifs du sucre, du riz, de l'huile et du pain devrait en théorie entrer en vigueur dans le courant de la semaine prochaine. Mais sur le terrain, cette baisse tant espérée semble encore loin d'être une réalité, comme l'a constaté la correspondante de RFI à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff, lors d'un reportage au marché Tilène.
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Un épicier interrogé confie : "Si les grossistes baissent, ça va diminuer, sinon non, ça ne va pas diminuer parce qu'on achète ça cher. Actuellement, 610 FCFA le sac [de sucre]. On passe parfois à 700, 675 FCFA." Bien loin donc de l'objectif fixé à 600 FCFA maximum le kilogramme.
Pour le riz brisé, c'est la même inconnue. Le gouvernement a négocié 40 FCFA de baisse pour ramener le prix à 410 FCFA le kg, mais sur le marché, il se négocie encore à 640, voire 600 FCFA. Un grossiste de produits alimentaires se dit pourtant "impatient qu'on les fasse appliquer pour qu'on puisse travailler correctement". "Maintenant, comme les autorités les ont fixés à 600 FCFA, je pense que tous les clients voudront bénéficier de ce nouveau prix et les vendeurs devront modifier", espère-t-il dans des propos rapportés par RFI.
Pour accompagner cette transition, le gouvernement a promis la création de "boutiques-témoin" pour encourager la baisse. Du côté de la baguette de pain, la réduction de 15 FCFA devrait être plus aisée à appliquer selon un boulanger : "C'est le gouvernement qui fixe les prix. S'il y a un accord avec le patronat, peut-être qu'ils vont l'appliquer." Une suspension des droits de douane sur le blé à partir d'août est d'ailleurs prévue pour compenser.
Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes de 15 à 50 FCFA semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais, alors que le prix du riz a presque doublé en trois ans, dans un contexte d'inflation galopante. "Non, ce n'est pas suffisant", répondent ainsi de nombreux clients, espérant que d'autres mesures plus ambitieuses suivront.