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24 avril 2025
Développement
texte collectif
FRANCE, SOUVIENS-TOI DU NAUFRAGE DE L'AFRIQUE
Il faut, cent ans plus tard, honorer la mémoire des 192 tirailleurs sénégalais qui étaient à bord de ce paquebot et espéraient rentrer chez eux après avoir mené une guerre qui n’était pas la leur
Jeune Afrique |
Karfa Diallo et Nicolas Michel |
Publication 08/01/2020
Il y a tout juste 100 ans, par une froide nuit de janvier, le paquebot Afrique coulait au large de Bordeaux dans une mer déchaînée. Parmi les quelques 600 passagers, 192 tirailleurs sénégalais qui rentraient chez eux après avoir servi la France durant le premier conflit mondial. Il n’y eut en tout qu’une trentaine de survivants. Une tragédie injustement oubliée.
Les faits sont documentés grâce au travail de Roland Mornet (La tragédie du paquebot Afrique, Geste Editions), mais ils ne sont guère connus, absents des livres d’histoire, comme gommés de la mémoire dans un pays qui, pourtant, aime se raconter.
Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, résumons. L’Afrique est un paquebot mixte de la Compagnie des chargeurs réunis (CCR). Pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale, il a assuré la liaison Bordeaux-Dakar. Décoré de la légion d’honneur le 20 janvier 1919, son capitaine est Antoine Le Dû, 43 ans, un homme aimé et expérimenté. Le 7 janvier 1920, le permis de navigation est renouvelé au paquebot après une série de réparations. A priori en état de prendre la mer, il largue les amarres deux jours plus tard, à 19 heures, et entame la descente de la Gironde depuis Bordeaux. À bord, un équipage de 135 hommes. Les blanchisseurs sont des « indigènes sujets français », tout comme les neuf « boys ».
Pour le reste des passagers, Roland Mornet avance un chiffre de 467 personnes. Le nombre de militaires blancs ayant embarqué pour rejoindre Saint-Louis du Sénégal, Brazzaville ou le Tchad est longtemps resté sujet à caution.
« La confusion est plus grande encore concernant les tirailleurs qui ne sont sénégalais que de nom, hors 34 à destination de Dakar, c’est à Conakry que doivent débarquer 72 autres, mais sont-ils tous pour autant Guinéens ? demande Mornet. Certains sont peut-être Maliens. 86 doivent être laissés au warf de Grand-Bassam devant Abidjan. Si vraisemblablement beaucoup sont ivoiriens, il peut s’y trouver des Voltaïques. Ces hommes ont combattu sur le front de Salonique et à Gallipoli, c’est la raison pour laquelle ils ont été démobilisés plus tardivement que leurs camarades ayant combattu sur le sol français, les redoutables nettoyeurs de tranchées, rescapés des tueries d’Argonne, d’Artois, de Verdun ou des Flandres… », écrit l’ancien capitaine.
Trente-quatre rescapés
Le temps est mauvais, les marins savent qu’au sortir du fleuve, ce sera pire. Le 10 janvier au matin, L’Afrique atteint la mer, déjà grosse. À 10 heures, le chef mécanicien demande au capitaine de ralentir l’allure en raison de la présence d’eau dans la chaufferie. Antoine Le Dû obtempère, tandis qu’on cherche l’origine de la fuite. Le temps forcit, les pompes fonctionnent jusqu’à ce que des résidus de combustion du charbon viennent boucher les tuyaux d’aspiration. Au soir du 10 janvier, le navire commence à donner de la bande. Vers minuit, le commandant décide de dérouter, mais virer de bord s’avère impossible par manque de vitesse.
Antoine Le Dû lance un appel au secours par télégraphie sans fil (TSF) le 11 janvier, à 7 heures du matin. Le Cèdre et La Victoire, deux remorqueurs basés à Rochefort, reçoivent l’ordre de se préparer, tandis que Le Ceylan, autre paquebot de la CCR, se déroute à 8 h 20 pour porter secours à L’Afrique.
Le paquebot, privé d’énergie électrique, dérive dans le noir. Le Ceylan, qui ne peut prendre le risque de toucher le plateau de Rochebonne, doit s’éloigner. Vers 22 heures, L’Afrique heurte le bateau-feu en acier indiquant le haut-fond. Une nouvelle voie d’eau s’ouvre dans sa coque. Peu après trois heures du matin, ce 12 janvier 1920, le navire pique de l’avant et sombre.
Le lendemain matin, le Ceylan récupère neuf membres d’équipage et treize Sénégalais sur un radeau. L’un d’eux, Mamadou N’Diaye, décédera peu après. Il n’y aura en tout que 34 rescapés.
Sacrifice imposé des soldats « indigènes »
Dans les journaux, une certaine émotion… qui s’estompe vite avec la victoire surprise de Paul Deschanel sur Georges Clemenceau à l’élection présidentielle. Bien entendu, une enquête est aussitôt diligentée auprès des survivants et des experts pour établir les causes du drame. Des demandes d’interpellation sont déposées à l’Assemblée nationale et mises à l’ordre du jour, le 18 mars 1920, débouchant sur de longs débats – en particulier sur la responsabilité de la CCR et sur celle de la société de classification Veritas.
Dans les années qui suivent, entre 1923 et 1930, la CCR sera plusieurs fois assignée en justice par les familles des passagers – définitivement déboutées en juillet 1931. Seules celles des membres d’équipage ont, vraisemblablement, été indemnisées. Le mystère entourant la première voie d’eau ne sera jamais élucidé. Pour Roland Mornet, elle serait le fait d’une épave « tueuse » non répertoriée de l’estuaire qui aurait percé la carène de L’Afrique.
L’épave gît aujourd’hui par 45 mètres de fond au nord du plateau de Rochebonne. La France, ingrate, a oublié les passagers de L’Afrique et le sacrifice imposé de ses soldats « indigènes ». En mémoire du drame, la Côte d’Ivoire a émis un timbre, en 1990. Mornet a lui-même bataillé pour l’installation d’une stèle, aux Sables-d’Olonne, en mémoire des naufragés, où leur mémoire sera honorée les 11 et 12 janvier prochain. Il en existerait une autre dans le cimetière de Conakry, à la mémoire des tirailleurs.
Mémoire
Est-ce suffisant ? Non. Dans cette tragédie, le destin des tirailleurs sénégalais qui rentraient chez eux interroge un pan complexe de l’histoire de France, puissance coloniale qui s’accapara les richesses et les chairs d’un continent. Les héros africains qui disparurent en cette nuit de janvier 1920, tout comme les rares qui survécurent, ont des noms. Lai Sako, Gore N’Diaye, Birame Sassoune, Amadou Diop… et nous n’écrirons pas « etc » : nous attendons que la France, par la voix de son président peut-être, prononce officiellement leurs noms, à haute et intelligible voix. Nous avons une dette envers eux.
Interpellé en 2016 par l’association Mémoires & Partages, qui a réalisé la seule exposition sur le naufrage et lancé un « plaidoyer pour les tirailleurs naufragés », le président François Hollande avait transmis le dossier à Jean-Marc Todeschini, Secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire. Depuis, le silence est pesant et il n’y a plus de Secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire.
Le vivre-ensemble n’est pourtant possible qu’en retrouvant la mémoire de certains moments de notre passé. L’occasion se présente aujourd’hui, 100 ans plus tard. La France et les États africains ont en ce sens une obligation. Les 192 tirailleurs attendent depuis trop longtemps.
Karfa Sira Diallo, auteur, fondateur de Mémoires & Partages
Nicolas Michel, journaliste, romancier
par Jean-Pierre Corréa
RÉPUBLIQUE, FLONFLONS ET GAUDRIOLE
Voir les noms de nos présidents, ministres, DG, mêlés à des soirées où se dandinent des personnages dont certains finissent dans les pages infâmantes des faits divers judiciaires ne donne pas l’exemple d’une nation au travail
Comment connaître par cœur la liste des ministres de notre gouvernement et leurs fonctions ? Il suffit de suivre les annonces de soirées folkloriques et musicales et autres foureuls pour savoir quels sont nos ministres et quels ministères ils occupent. Toutes les semaines, leurs noms sont criés sur les ondes des radios pour annoncer qu’ils patronnent une soirée, l’anniversaire d’une improbable carrière ou un grand baloche. Faut croire qu’ils n’ont que ça à faire. Nous qui croyions que le chef de l’État avait dit «stop» aux fêtes en tous genres et en tous temps, pour que ce pays travaille enfin… Mais c’est sans compter avec notre propension à attirer les mouches avec du miel.
Il est véritablement inconvenant que tout l’aéropage déjà pléthorique de notre gouvernement soit crié, hurlé jusqu’à l’indécence sur les ondes des radios, défilant sur nos écrans dégoulinant de gaudrioles et de vulgarités, pour annoncer une fête où nous sommes certains de voir jetés des millions en billets neufs, par les temps qui courent parfois faux, et de façon souvent vulgaire, au nez et à la barbe d’abord des impôts et de bien des sénégalais qui tirent le diable par la queue, quand il trouvent le diable d’ailleurs. Du président de la République, en passant par son épouse, tous les ministres sont convoqués à ces agapes inutiles où leur «concours» est demandé et souvent obtenu à travers des grasses enveloppes apportées par les attachés de cabinet ou leurs épouses et ce, en grandes pompes et sans contrôle de quelque Dage de ministère que ce soit. Véritablement, voir les noms de nos présidents, ministres, DG, mêlés à des soirées où se dandinent toutes sortes de personnages et parfois les plus douteux, dont certains finissent souvent dans les pages infâmantes des faits divers judiciaires, n’est proprement pas distingué et ne donne pas l’exemple d’une nation au travail. Ce n’est pas aux institutions de sponsoriser des khawarés et ce n’est pas à notre président de la République et à son épouse de payer les dépenses de ces «anniversaires bidon» d’artistes qui ne vendent que des centaines de cassettes au Sénégal.
Sinon, il nous est loisible de penser que notre gouvernement est le premier des entertainers et le plus bel exemple de ce qu’on peut appeler des ambianceurs de basse-cour... Stoppez ce folklore monsieur le président. Pour que le Sénégal se mette au boulot et ses ministres au travail et plus sur la scène du grand Théâtre ou de Sorano. Ce n’est pas là qu’on les attend. Monsieur le président, que vous et votre épouse donnent l’exemple en refusant d’être mêlés à de telles annonces publicitaires, aux côtés des Wally Seck, Assane Ndiaye et autres Titi et Kiné Lam, la liste n’est pas exhaustive, hélas....
C’est notre vœu de Nouvel An.
Par Pape NDIAYE
SÉNÉGALAIS, LAVEZ-VOUS !
Que retenir de la « Cleaning day » ou la Journée nationale de nettoiement lancée le président Macky Sall ? 60 ans après l’indépendance, le Sénégal en quête d’hygiène et de propreté
Que retenir de la « Cleaning day » ou la Journée nationale de nettoiement lancée le président de la République Macky Sall ? D’abord, il nous plait de saluer cette initiative du chef de l’Etat procédant de sa volonté politique de débarrasser Dakar ainsi que les villes de l’intérieur de notre pays de leurs dépôts sauvages et autres ordures qui jonchent leurs rues et trottoirs.
L’initiative d’une telle journée de « Set-setal » est aussi salutaire au vu des nuées de papiers et de tasses en plastique qui échouent dans les caniveaux. Si ce ne sont pas les mégots de cigarettes et sachets d’eau qui tapissent les trottoirs. Malgré la mise en place d’une Unité de coordination de la gestion des déchets solides (Ucg) ayant mission de rendre la capitale propre, Dakar est sale. Vraiment sale, mal «siwilisée » ! Le constat est d’autant plus qu’amer qu’il intervient 60 ans après l’indépendance de notre pays. Soixante ans après que les « Toubabs » de France nous aient quitté officiellement après nous avoir légués des notions d’hygiène et de propreté. C’est-à-dire appris à être propres !
La preuve par l’actuel Service national d’Hygiène, qui est l’un des plus vieux corps de la République puisqu’ayant été créé à l’époque de l’Afrique Occidentale française (Aof). Et si la France-mère nous a légués le Service national d’hygiène après l’avoir spécialement créé pour nous, c’était assurément pour que nous prenions soin de nous, nous « indigènes ». C’est aussi ce qui expliquait la création de la première décharge publique (1950) implantée dans la banlieue dakaroise, notamment à Yeumbeul. Puis il y en a eu une autre après l’indépendance, à Yarakh, près de l’ancienne Sotiba.
La décharge de Yeumbeul, ouverte bien avant Mbeubeuss (1968) et communément appelée « Mbalitou-toubab » avait été créée par les soldats français du camp de la Marine abritant les stations de radio-télécommunications des forces françaises du Cap-Vert. Dans ce lot d’ordures, les canettes de bière et les mégots de cigarettes « Gauloises » que les bidasses français jetaient dans les avenues William Ponty et de Gambetta. Aujourd’hui, dans les mêmes artères, ce qui jonche majoritairement le décor, ce sont des tasses de café « Touba », des épluchures de « khaal » (pastèque) et autres « mboussou ndokh ».
A cet égard, les colons français avaient compris très tôt et tenu à faire comprendre à nos ancêtres que l’hygiène et la propreté constituent une branche très importante de la médecine à travers la prévention des maladies dans le but de favoriser la santé et le bien-être des populations. A l’époque, lorsque nous étions enfants, on se souvient de la peur bleue que ces agents du Service d’hygiène inspiraient à nos braves mamans. Lesquelles se dépêchaient de nettoyer les cours et les devantures des maisons, mais aussi de récurer les canaris afin qu’aucune saleté ou larve n’y traîne.
Hélas, le Service d’Hygiène est devenu le corps paramilitaire le plus « marginalisé » par les gouvernements post-indépendance alors qu’en matière de salubrité, il devait être la pierre angulaire de la mise en œuvre des politiques et programmes de lutte contre l’insalubrité publique. Les choses n’ont d’ailleurs pas changé sous le magistère du président Macky Sall puisque Abdou Karim Fofana, l’actuel responsable du secteur, est plus ministre de l’Urbanisme et Logement que de l’Hygiène publique. Sauf quand il s’agit de mener des opérations de déguerpissement des rues de Dakar. Et même dans ces cas, il se présente aux commandes des Caterpillar de l’Urbanisme. Pas avec des outils pour nettoyer les écuries d’Augias de la capitale !
Toujours est-il que l’opération « Coup de balai » ou « Grand ménage » menée par le Président Macky Sall, le temps d’un week-end, a eu le mérite de transformer toutes les institutions (ministères, gouvernances, préfectures et mairies) en services d’hygiène. Sans se faire prier, certains ministres, gouverneurs et préfets épaulés par des responsables politiques de la mouvance présidentielle (Benno) ont fait preuve de zèle et de prosélytisme au point de détourner le « Cleaning day » de son objectif premier c’est-à-dire pousser les citoyens à s’enraciner dans la culture de l’hygiène et de la propreté. Et nettoyer leur propre environnement. Ce, à l’exception de nos frères et compatriotes Diolas considérés comme l’ethnie la plus propre et la plus hygiénique du Sénégal comme l’attestent les belles rues de Ziguinchor et les magnifiques plages du Cap Skirring. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la majorité des maîtres d’hôtel et cuisiniers du Palais sous les régimes des présidents Senghor, Diouf, Wade et Macky sont originaires du Sud.
Tape à l’œil
Il est vrai qu’en matière de décentralisation d’événements comme la « Journée nationale de nettoiement », les gouverneurs, préfets et sous-préfets jouent un très important rôle de relais entre l’Administration centrale (Dakar) et les localités de l’intérieur du pays afin de veiller au respect de l’exécution des lois et autres programmes à l’image du « Setsetal ». Mais ce qui est déplorable, c’est le folklore politique et l’aspect festif dans lesquels ils ont lancé le premier coup de balai dans leurs circonscriptions respectives. Par exemple, les autorités politiques et administratives de Thiès ont plus cherché à taper dans l’œil du président de la République qu’à nettoyer les avenues, rues et places publiques de la capitale du Rail ! Car le gouverneur Mouhamadou Moustapha Ndao, le préfet Fodé Fall et le maire Talla Sylla se sont distingués à leur manière pour tenter de donner corps et âme à la « Cleaning day » de Sa Majesté Macky II. Comme pour dire que chaque mouvement de brouette ou coup de pelle effectué par le président Macky Sall depuis son jardin public de Mermoz (Dakar) où il n’y avait pratiquement rien à nettoyer, avait sa réplique à la Place de France (Thiès) pour être applaudi par les militants thiessois.
Pire, les responsables l’Unité de coordination et de gestion des déchets solides (Ucg) se sont approvisionnés en matériels (brouettes, pelles, balais) auprès des quincailleries grossistes des rues Galandou Diouf et Tolbiac pour soutenir et instrumentaliser la journée « Sénégal zéro déchet ». Pendant ce temps, nombreux sont les citoyens n’appartenant à aucune obédience politique qui se sont terrés chez eux en fustigeant ce qu’ils qualifient de « Set-setal » politique. Tous les observateurs vous le diront, aussi bien à Thiès qu’à Saint-Louis, Kaolack et Fatick, certains ministres et responsables politiques à popularité réduite ont essayé de compenser leur handicap par un activisme débordant.
Pour y parvenir, ils se sont armés de pelles le temps d’une prise d’images par les caméras de télévisions pour faire du bluff et du buzz, et le tour était joué ! Pendant ce temps, les journaliers agents de l’Ucg n’ont pas encore perçu leur salaire du mois de décembre 2019. Et paradoxalement, leur situation sociale se détériore au moment où le président de la République procédait au lancement de la « Cleaning day » alors qu’ils sont censés rendre Dakar propre.
En criant à l’antinomie, certains agents de l’Ucg ont profité de la présence de Mme Marieme Faye Sall sur le théâtre des opérations de… « Set-sétal » pour dénoncer le non-paiement de leurs salaires. « Oui, mes collègues et moi avons rencontré la Première dame à Mermoz pour qu’elle soit notre émissaire auprès du président de la République. Car on a du mal à comprendre comment le chef de l’Etat peut-il lancer une journée de propreté alors que les agents censés balayer les rues ne sont pas encore payés. Faute de salaires, nous n’avons même pas célébré les fêtes de fin d’année » nous révèle en pleurnichant un technicien de surface de l’Ucg.
Une belle initiative du Président !
Malgré le tintamarre médiatique et l’instrumentalisation politique autour de cette journée, il faut quand même magnifier et saluer l’initiative du président Macky Sall dans sa volonté de désengorger la ville de Dakar et la rendre propre. Et le succès pouvait être plus éclatant, l’œuvre plus valorisante si la journée avait connu une forte mobilisation citoyenne. Une mobilisation spontanée allant de l’action individuelle d’abord, ensuite collective, puis organisationnelle voire institutionnelle sous l’égide du ministère l’Urbanisme et l’Hygiène publique obligeant le Président de la république à descendre sur le terrain pour la pérennisation. Comme ce fut le cas dans les années 90 du temps des opérations « Set-setal » nées sous l’impulsion des quêtes financières et des animations folkloriques (foural) des associations sportives et culturelles (Asc) de quartiers évoluant au sein du mouvement navetanes.
A cette époque-là, sur l’ensemble du territoire national, les jeunes des Asc s’étaient levés spontanément pour nettoyer et embellir leurs quartiers. Cet engagement civique sur fond de mobilisation citoyenne sans précédent avait poussé le président Abdou Diouf à soutenir l’action de ces jeunes par le biais du ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdoulaye Makhtar Diop. Un ministre très populaire à l’époque au point d’être surnommé « Makhou-foural » puisqu’il sillonnait nuitamment les quartiers du Sénégal pour y présider des « foural » ou bals populaires.
Seulement en initiant une telle journée dans le but de faire Dakar une ville propre, vivante et accueillante, une ville ordonnée surtout, le président Macky Sall avait dû oublier que les Sénégalais que nous sommes n’ont aucune culture de la propreté et de l’hygiène. Il vrai qu’en lançant les « Cleaning days », il a plusieurs fois répété que l’embellissement, la décoration, le désengorgement et la propreté d’une ville sont l’affaire de tous ! En écoutant attentivement le président de la République, il est désormais impérieux pour chaque Sénégalais de s’approprier la propreté, le désengorgement et l’embellissement des jardins publics pour une révolution du cadre de vie. Des messages en boucle qu’il a souhaité faire passer à travers l’événement. Mais autant multiplier les campagnes du genre : lavez-vous, nettoyez-vous, aménagez-vous, désengorgez-vous et « propretez-vous », il en restera toujours quelque chose ! Ne vous offusquez surtout pas, c’est la triste réalité.
A l’école de la propreté et de l’hygiène…
Dans certains pays comme le Rwanda, le Japon, l’Australie, le Kenya, la Chine, les Etats-Unis, la France, l’Angleterre etc. la propreté et l’hygiène ne se décrètent pas ! Elles font pratiquement partie des us et coutumes. D’autres pays les ont intégrées dans l’éducation de base pour les inculquer aux enfants dès le bas âge. C’est pour cela qu’il existe certaines villes comme Kigali, Sydney, Tokyo et Nairobi où l’on vit dans le respect absolu de la propreté et de l’hygiène. Et rien que le fait de se racler la gorge dans un restaurant peut vous conduire vers la peine de…mort. Alors qu’en pleine ville de Sandaga (Dakar), l’urineur sauvage épinglé ne trouve rien de mieux à faire que de s’en prendre aux empêcheurs d’uriner en public histoire de les sommer à circuler ! C’est aux citoyens de cette capitale nommée Dakar que le président Macky Sall veut imposer chaque mois la culture ou l’apprentissage de la propreté et de l’hygiène publique. Une vaste perspective assurément !
AVEC "AKON CITY" À MBODIÈNE, ALIOUNE BADARA THIAM S’ENGAGE POUR LA PROMOTION DE LA DESTINATION SÉNÉGAL
Le chanteur américain Akon, Alioune Badara Thiam de son vrai nom, a signé mardi avec les autorités sénégalaises un accord de bail portant sur la construction d’une "cité futuriste’’ à Mbodiène, près de Mbour
Diamniadio, 7 jan (APS) - Le chanteur américain Akon, Alioune Badara Thiam de son vrai nom, a signé mardi avec les autorités sénégalaises un accord de bail portant sur la construction d’une "cité futuriste’’ à Mbodiène, près de Mbour (ouest), un projet par lequel il s’engage à soutenir la promotion de l’activité touristique au Sénégal.
L’accord liant les deux parties a été signé par le chanteur et le ministre du Tourisme et des Transports aériens, au nom de la SAPCO, la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal.
Cet accord de bail portant sur 50 hectares va permettre de construire une ville durable à Mbodiène, dénommée "Akon City" et qui sera composé de 60 villas dotées de ‘’commodités’’ et d’‘’installations modernes’’, une initiative appelée à traduire la vision du Sénégal émergent, selon le chanteur. Ni lui ni le ministère du Tourisme et des Transports aériens n’ont donné aucun détail concernant le montage financier de ce projet.
Le chanteur compte s’investir dans le secteur touristique sénégalais, avec la construction de cette "cité futuriste" devant être livrée dans un délai d’un an, en plus d’autres projets d’une "plus grande envergure", dont une "ville durable". La construction de cette ville "prendra beaucoup plus de temps".
"C’est un secteur dans lequel le Sénégal dispose de beaucoup d’atouts", a dit Akon après avoir visité le nouvel avion de la compagnie Air Sénégal à l’aéroport Blaise-Diagne de Diass (AIBD).
Selon le ministre Alioune Sarr, chargé du Tourisme et des Transports aériens, cet investissement va accompagner le secteur touristique et le transport aérien, identifiés dans le Plan Sénégal émergent (PSE) comme des "porteurs de croissance".
Akon, connu à travers le monde et suivi par des millions d’internautes à travers les réseaux sociaux, s’engage de son côté dans la promotion du tourisme au Sénégal et de "notre compagnie nationale", a dit M. Sarr, qui a fait visiter au chanteur le nouveau A330 Néo de la compagnie Air Sénégal.
"Air Sénégal ouvrira une ligne sur les Etats Unis, et nous comptons nouer un partenariat avec Akon pour que la promotion [du tourisme sénégalais] sur le marché américain et des Caraïbes puisse être faite par cette personnalité qui est une référence sur le plan mondial", a souligné Alioune Sarr.
Selon ce dernier, l’AIBD, dont le nombre de passagers devrait être de deux millions 500 mille en fin 2019, cible pour 2020 "pas loin des trois millions de passagers".
A l’annexe du ministère située à l’aéroport de Diass, Akon a eu droit à une présentation de l’initiative AIBD City Business, "un projet d’extension autour de l’aéroport, avec un centre de maintenance des avions (MRO), un centre de formation aux métiers aéronautiques et une ville aéroportuaire".
"Dans les grands aéroports du monde, vous avez en permanence une ville où les hommes et les femmes travaillent tous les jours’’, a-t-il dit, donnant l’exemple de Roissy-Charles-de-Gaulle (France), où "plus de de 200 mille personnes travaillent chaque matin et rentrent chez eux tous les soirs".
Alioune Sarr, qui n’a donné aucune précision relative au montant de ces projets, a par ailleurs réitéré la volonté du gouvernement de construire et de réhabiliter 13 nouveaux aéroports.
Selon lui, ce projet va démarrer avec l’aéroport de Saint-Louis, avant celui de Matam et Ourossogui, trois villes situées dans le nord du Sénégal.
PAR Caroline Roussy
CACHEZ CE RESSENTIMENT ANTI-FRANÇAIS QUE JE NE SAURAIS VOIR
L’omnivisibilité des multinationales françaises agace tout autant que les discours officiels sur l’incroyable croissance des PIB des pays de la région, sans développement tangible pour les populations
Longtemps, le ressentiment anti-français ouest-africain a été considéré, selon, comme l’apanage d’étudiants agités ou de réseaux sociaux peu représentatifs. Une parole décomplexée, résiduelle, qui ne pouvait être le reflet de l’opinion publique tant les liens entre la France et ses anciennes colonies sont certes pavés d’ambiguïtés, mais d’amitiés, malgré tout. Affirmer cette amitié est-elle performative ? Cela reste à (é)prouver désormais face à la contestation de la France sur de nombreux sujets : décolonisation inachevée, franc CFA, opération Barkhane… Les griefs s’accumulent. Paris a semblé un temps désarçonné avant de reprendre l’initiative de manière parfois incontrôlée : plébiscite d’« une réforme ambitieuse » du franc CFA, convocation des chefs d’État du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) à Pau. Dans tous les cas de figure et même si la fin du CFA était attendue, les paroles et les actions de la France sont scrutées. Elles génèrent frustrations et ressentiments et participe d’une ambivalence structurelle : le rejet et le besoin de la France, savamment entretenus par des chefs d’État africains en mal de crédibilité sur le plan national. Toutefois, dans un contexte de contestation sans précédent, l’étau se resserre sur l’Hexagone. Ce cycle ne traduit-il pas une bascule géopolitique nécessaire, une demande de redéfinition des relations internationales sur des bases égalitaires ?
Enterrement du franc CFA : la divine surprise
Février 2019. Sur le perron de l’Élysée, le président ivoirien, Alassane Ouattara, lors d’une conférence de presse improvisée, appelait de ses vœux que « cesse le faux débat sur le franc CFA, qui est une monnaie solide, bien gérée et appréciée ». Décembre 2019. À Abidjan cette fois, où il recevait son homologue français, Emmanuel Macron, le même président, Alassane Ouattara, a annoncé la fin du franc CFA, prochainement remplacé par l’éco. La séquence du 21 décembre était presque parfaite. D’autres annonces s’en sont suivies : retrait des réserves de change du Trésor public français, transfert du compte d’opération vers les banques centrales et « retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA ». Si de nombreuses questions demeurent – supposant un très haut niveau de technicité sur des points tels que le maintien de la parité fixe éco/euro, la création éventuelle d’un panier monétaire ou l’adoption de l’éco par l’ensemble des pays membres de la CEDEAO –, l’évolution sur ce dossier, en quelques mois, est pour le moins spectaculaire. Rappelons qu’Emmanuel Macron, qui pose sur la photo, interpellé sur cette question en marge de son discours prononcé à Ouagadougou en novembre 2017, avait soutenu que c’était là un « non-sujet » pour la France. Pourtant en quelques mois, on observe que « le faux débat », le « non-sujet » s’est imposé dans les agendas respectifs des chefs d’États africains et français. La pression conjuguée des intellectuels, des jeunes et des sociétés civiles aura eu raison de ce changement.
Si les processus électoraux africains sont souvent présentés comme des artefacts démocratiques, la lutte et l’opiniâtreté des mouvements populaires auront démontré que la démocratie ne saurait être réduite aux seules séquences électorales. Toutefois, ne feignons pas de déconsidérer que la France, de plus en plus conspuée et concurrencée par de nouvelles puissances comme la Russie ou la Chine, y avait également un sérieux intérêt géopolitique voire géoéconomique.
La parole lénifiante du président Emmanuel Macron : le « colonialisme a été une erreur profonde, une faute de la République »
Ce n’est pas un hasard si la fin du franc CFA a été annoncée conjointement par les présidents Ouattara et Macron, à Abidjan. Il s’agissait de mettre en scène les ressorts d’une nouvelle relation et de mettre symboliquement un terme aux liens de dépendance – même si ces derniers restent encore nombreux. Le président français, toujours dans la séquence questions-réponses en marge de son discours de Ouagadougou, avait soutenu que la dénomination « franc » de cette monnaie ne devait pas être « obsessionnelle ». « Sur ce sujet, avait-il ajouté à l’adresse des étudiants burkinabés, n’ayez pas une approche bêtement post-coloniale ou anti-impérialiste. » Il semble avoir ripoliné son discours depuis, ayant opté pour le changement et la coopération de sorte à endiguer la parole de quelques groupes extrémistes qui jusque-là instrumentalisaient le franc CFA pour nourrir un sentiment anti-français primaire. En effet, de nombreux « anti-CFA » ne se revendiquaient pas comme « anti-français ». La question reste celle de la temporalité. Ce changement de posture n’intervient-il pas trop tard lorsque l’on observe que l’opération Barkhane subit désormais les mêmes assauts aux relents lexicaux « dégagistes », voire conspirationnistes ? Le malaise est profond, attesté par des prises de paroles, devenues virales comme celles de Salif Keita accusant la France de collaboration avec les terroristes. La plateforme « Yéréwolo Debout sur les remparts », dont on ne connaît pas à ce stade l’audience, a appelé à manifester vendredi 10 janvier contre la présence française au Mali. Les organisateurs, souhaitant mobiliser un million de personnes, ont déclaré qu’ils « n’[étaient] pas contre les Français, mais contre la politique France-Afrique ».
À l’issue de l’entérinement de l’acte de décès du franc CFA, Emmanuel Macron a déclaré selon certains journaux que « (…) le colonialisme (…) [avait] été une erreur profonde, une faute de la République ». Mais quelle est cette faute ? La mise sous tutelle administrative ? La création de territoires d’exploitation ? La politique assimilationniste ? Les crimes commis au nom de la colonisation ? Le travail forcé ? L’idéologie colonialiste qui pourtant n’a pas toujours été univoque ? Si l’adage populaire avance que « faute avouée, à moitié pardonnée », la faute n’est pas clairement identifiable dans ce cas précis… Si cette parole est politique – et seules les populations seront en capacité de l’apprécier ou non –, elle ne saurait pour autant rendre compte des processus historiques qui justement ont conduit à la colonisation et reste le travail des historiens. La déclaration de Macron contextualisée, et donc plus ou moins rapportée dans son intégralité, est autrement plus intéressante : « Trop souvent aujourd’hui la France est perçue » comme ayant « un regard d’hégémonie et des oripeaux d’un colonialisme qui a été une erreur profonde, une faute de la République », ayant par la suite appelée à « bâtir une nouvelle page ». Dans cette assertion, il dénonce tout à la fois la représentation hégémonique de la France et les oripeaux du colonialisme même si on relève une faute syntaxique et si l’on ne sait si cette hégémonie est teintée des oripeaux du colonialisme ou si les deux propositions doivent être prises indépendamment. Le commentaire de texte invite à la contorsion. Si la première proposition est plausible, alors il admet et a condamné un système qui perdure jusqu’à nos jours. Il reconnaît la nécessité d’un changement de logiciel.
Lors de son discours de Ouagadougou en 2017, considéré comme fondateur par son entourage, et qui de fait nous invite à le considérer comme tel, le président français avait avancé qu’il n’y avait plus de politique africaine de la France. Si personne n’avait été dupe de cet effet de rhétorique, il avait souhaité initier un changement dans la politique française en évitant l’écueil de ses prédécesseurs, qui tous, avaient plaidé en faveur d’un renouvellement des relations entre la France et ses anciennes colonies. Pour finir par y céder. Si en haut lieu beaucoup se sont souvent escrimés à affirmer côté français que le ressentiment anti-français n’existait pas, on ne comprend pas cette nécessité incessante de revendiquer l’écriture d’une nouvelle narration entre la France et les anciens pays de l’AOF. Ou on la comprend trop bien…
Mais entre la parole et les actes, on observe tout de même un hiatus. Ce 5 décembre, Emmanuel Macron convoquait de manière peu amène les chefs d’État du G5 Sahel à Pau pour qu’ils clarifient leurs positions, voire réaffirment leur soutien à Barkhane. Une manière de faire qui fleure le manque de respect à l’égard de ses homologues en les campant dans une position de servitude volontaire à l’égard de la France tout en alimentant de manière collatérale le ressentiment anti-français. Emmanuel Macron n’en est d’ailleurs pas à son premier fait d’armes en la matière. Lors de son discours de Ouagadougou, répondant à la question d’un étudiant sur les problèmes d’électrification, et ce tandis que Roch Kaboré, président du Burkina Faso, avait momentanément quitté la salle – sans que les raisons aient été clairement identifiées –, il lançait goguenard à son homologue : « Reste là ! » Enchaînant aussitôt à l’adresse du public : « Du coup, il est parti réparer la climatisation », provoquant des rires hilares dans l’amphithéâtre. Un président humilié dans son propre pays devant sa jeunesse, alors que le respect à l’endroit des aînés y est un sanctuaire absolu…
Cette arrogance, cette morgue française, ce sentiment de supériorité que d’aucuns souhaiteraient voir disparaître n’est pas qu’imputable à Emmanuel Macron. Ses prédécesseurs avaient tous su se distinguer et le climax avait, sans doute, été atteint lors du discours de Nicolas Sarkozy prononcé à Dakar en 2007 : le « drame de l’Afrique » vient du fait que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ».
La faute du colonialisme sinon à considérer ses ramifications jusqu’à nos jours ne se niche pas que dans le comportement des gouvernants français. L’omnivisibilité des multinationales françaises (Orange, Suez, Eiffage, Bolloré, Auchan, Carrefour, pour ne citer que quelques exemples), et si désormais elles interagissent dans univers concurrentiels, agacent tout autant que les discours officiels sur l’incroyable croissance des PIB des pays de la région, sans développement tangible pour les populations.
Il y a donc tout lieu pour la France, par-delà des effets de communication, de se remettre en question et sans doute conjointement avec les chefs d’États africains, qui n’hésitent pas à jouer du double-discours. Cet effort doit être structurel et traduit en actes tangibles. Seuls le travail en commun, la confrontation des analyses, la mutualisation des informations, des savoir-faire, où bien évidemment la France conserve une expertise, permettront le basculement des mondes et que la géopolitique puisse s’écrire à partir de l’Afrique et non que l’Afrique continue à être inventée à partir de catégories d’analyses occidentales. Il en va désormais des relations entre la France et les pays ouest-africains. Dans tous les cas, côté africain, le changement est en marche. La France sera-t-elle au rendez-vous de l’histoire ? La question mérite d’être posée.
AUDIO
LE COUP DE SANG DE DONALD TRUMP
René Lake revient sur l'assassinat par les États-Unis, du général iranien Qassem Soleimani et évoque les possibles répercussions sur le monde d'une escalade des conflits au Moyen-Orient
René Lake réagit au micro d'Alassane Samba Diop sur Iradio, aux tensions entre l'Iran et les États-Unis, après l'assassinat sur ordre de Donald Trump, de Qassem Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, le 3 janvier dernier. Le spécialiste de la politique américaine évoque les motivations du président américain et les conséquences qui poourraient en découler en français et en wolof.
LE FRN AUX CÔTÉS DU MOUVEMENT NOO LANK LE 10 JANVIER PROCHAIN
Nous avons décidé de délivrer un message fort lors de cette manifestation, de façon visible et sans équivoque pour exprimer, encore une fois, notre détermination constante contre les dérives du pourvoir de Macky - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Front Démocratique et social de Résistance Nationale (FRN), daté du 6 janvier 2020, relatif à la visite du collectif Noo Lank, à son siège.
« Réunis à Dakar ce lundi 6 janvier 2010 au siège de BOKK GIS GIS, les leaders membres du Front démocratique et social de Résistance nationale (FRN) ont d’abord reçu la visite du député maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, accompagné d’une forte délégation.
Après lui avoir souhaité la bienvenue, le FRN l’a chaleureusement remercié pour son déplacement et lui a rendu compte du comportement exemplaire de ses représentants pendant son absence. Le FRN a insisté sur le caractère arbitraire de la privation de liberté dont il a fait l’objet de la part du régime de Macky Sall dans l’unique but de l’empêcher d’exercer son droit de participation aux élections.
A son tour, monsieur Sall a remercié le Front pour les combats menés et a réaffirmé son ancrage indéfectible comme un militant pour le Sénégal. Considérant l’épreuve traversée comme « un congé de 32 mois à l’Hôtel 5 étoiles pour insoumis », il a affirmé avoir définitivement tourné la page.
Enfin, le FRN a réaffirmé son engagement de poursuivre le combat pour la levée des contraintes qui pèsent sur Khalifa Sall, un des éminents membres du Front mais également sur les autres détenus politiques du régime de Macky Sall.
La Conférence des Leaders du FRN a ensuite reçu, sur sa demande, la délégation du Mouvement citoyen « Ñoo Lank », sous la conduite de monsieur Fadel Barro.
Après avoir souhaité la bienvenue aux hôtes, le Coordonnateur du Front, M. Moctar Sourang a rappelé l’implication du FRN dans le combat mené par Ñoo Lank par le biais de la désignation de deux représentants permanents dans les instances du Mouvement et la mobilisation des militants de l’opposition dans les combats en cours.
Le Mouvement « Ñoo Lank » a indiqué que sa démarche entre dans le cadre de la recherche de convergences dans la lutte contre la hausse du prix de l’électricité, pour la libération des militants arbitrairement arrêtés lors des manifestations notamment messieurs Guy Marius Sagna, Galass Fall et Ousmane Sarr et pour une participation conjointe, multiforme et massive à la manifestation du Vendredi 10 janvier 2020 à la Place de la Nation (ex Obélisque).
Le mouvement « Ñoo Lank » a dénoncé l’instrumentalisation de la Justice et a appelé à un regroupement des Forces citoyennes, politiques et sociales pour faire face aux violations répétées des droits et libertés garanties par la Constitution.
Faisant le point sur l’évolution des travaux de la Commission politique du Dialogue national, la conférence des leaders a adressé ses vives félicitations aux plénipotentiaires de l'opposition et les encourage à persévérer dans la recherche des voies et moyens pour garantir définitivement l’intégrité du processus électoral. Le FRN a ensuite entendu le rapport de ses représentants.
Examinant la demande du Mouvement « Ñoo Lank », le FRN, après avoir insisté sur son attachement au respect et à la considération mutuelle de toutes les composantes impliquées dans la lutte pour la défense des droits et libertés, a marqué son accord pour contribuer de façon décisive à la réussite de la manifestation du 10 janvier 2020.
Par conséquent, le FRN lance un appel à tous ses membres à y prendre part activement. Le FRN demande à tous les leaders de lancer des appels à leurs militants et sympathisants à se mobiliser pour la réussite de la manifestation.
Le FRN a décidé de délivrer un message fort lors de cette importante manifestation, de façon visible et sans équivoque pour exprimer, encore une fois, sa détermination constante contre les dérives du pourvoir de Macky Sall.
Le FRN réaffirme son engagement à prendre ses responsabilités pour mener à bien tous les combats, actuels et futurs, dans le cadre de son plan d’actions et invite à son tour tous les mouvements citoyens et sociaux à le rejoindre dans le cadre d’une synergie des forces pour faire reculer le pouvoir en place et sauvegarder les acquis démocratiques et sociaux. »
KHADY DIOR NDIAYE DÉSORMAIS PATRONNE DE KOSMOS ENERGY AU SÉNÉGAL
L'ancienne de Citibank va gérer les opérations relatives à trois découvertes importantes de gaz naturel au large des côtes - Guembeul, Teranga et Yakaar, ainsi que du projet de gaz naturel liquéfié de Grand Tortue/Ahmeyim
Kosmos Energy (KosmosEnergy.com) a annoncé aujourd’hui que Khady Dior Ndiaye a été nommée Vice-présidente et Directrice Régionale en charge des activités au Sénégal et en Côte d’Ivoire, pays dans lesquels la société possède des intérêts substantiels.
Au Sénégal, Mme Ndiaye est à présent responsable des opérations relatives à trois découvertes importantes de gaz naturel au large des côtes - Guembeul, Teranga et Yakaar, ainsi que du projet de gaz naturel liquéfié de Grand Tortue/Ahmeyim en cours de développement en partenariat avec BP, Petrosen et la Société Mauritanienne des Hydrocarbures et de Patrimoine Minier. En Côte d’Ivoire, où elle dirige Kosmos Energy depuis janvier de 2019, Mme Ndiaye chapeaute les opérations relatives à la recherche de cinq blocs contigus en mer, qui couvrent environ 17.000 kilomètres carrés.
Mme Ndiaye a rejoint Kosmos Energy récemment de Citibank, où elle a été Présidente-Directrice Générale pour les régions de l’Afrique occidentale et centrale en charge des activités de Citi dans 14 pays. Pendant ses 20 années chez Citi, Mme Ndiaye a occupé divers postes de direction, accumulant ainsi une vaste expérience dans les domaines des services bancaires aux entreprises et aux gouvernements, des marchés de capitaux, des opérations de change, du commerce international, et de la réglementation.
Mme Ndiaye est titulaire d’un Bachelor de la School of Foreign Service de Georgetown University, Washington D.C. et d’un Executive MBA de HEC Paris.
par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
TYRANNIE D’UNE ROUTINE FUNESTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces catastrophes qui nous émeuvent tant n’ont rien d’accidentel bien que cela y ressemble - Elles procèdent d’une coupable banalisation d’un code d’inconduite généralisé, qui jure avec une circulation routière sécuritaire
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 07/01/2020
“ Nous sommes atteints dans notre capacité d’initiative au point de ne pouvoir réagir à ce qui nous arrive” Pr. Souleymane Bachir Diagne, philosophe.
Les accidents de la circulation sont une triste routine chez nous, qu’il convient de conjurer sans tarder pour épargner des vies. Sommes-nous capables de prendre les initiatives idoines ?
Comme partout ailleurs, au Sénégal nous avons des routes et des voitures pour nous assurer un déplacement facile d'un point à un autre du territoire national, à la différence près que notre parc automobile souffre d’une quantité effarante de véhicules incommodants et dangereux, inaptes à la circulation.
Quand ce système pose problème du fait de calamités homicides récurrentes, il convient de l‘analyser avec des outils modernes, telle l’approche qui consiste à considérer le tout comme étant un ensemble constitué d’une part d’un hardware - c’est ce qu’on appelle communément les infrastructures routières (routes, autoroutes, péages stations d’essence, gares routières, panneaux de signalisations) et d’autre part le software - c’est l’ensemble des usagers et utilitaires (les voitures, conducteurs, code de la route, policiers, gendarmes, etc.)
Ainsi, nous pouvons voir que dans les pays développés où ce système a été pensé avec une intelligence subtile et soutenue, il permet une meilleure régulation de la sécurité et du trafic routiers. Les catastrophes homicides ne se produisent alors en cas de meilleures circonstances que faute d’une faille du système, dont le défi est de s’approcher de zéro collision : ce n’est que dans des cas pareils d’organisation que l’on peut parler d’accident. L’imprévisibilité attachée à l’avènement de la catastrophe est nécessaire pour valider la qualification d’accident qui lui sied.
Par contre chez nous où toutes les conditions sont réunies pour favoriser les collisions, l’on ne peut pas continuer à parler d’accidents quand ce qui arrive est tout à fait prévisible et ancré dans l’opinion collective. Les causes sont connues, indexées depuis des décennies et devenues chroniques face à une inquiétante indifférence. Ces catastrophes qui nous émeuvent tant n’ont rien d’accidentel bien que cela y ressemble ; elles sont inconsciemment programmées. Elles procèdent d’une coupable banalisation d’un code d’inconduite généralisé, qui jure avec une circulation routière sécuritaire, de même qu’avec la bienséance tout court.
Des situations et comportements inacceptables accablent notre décor impunément : que 60% des conducteurs au bas mot n’aient jamais pris de cours de code de la route, ne sachent lire les panneaux de signalisation, conduisent avec un pare-brise fissuré, sans essuie-glaces, ni rétroviseurs, ni feux rouges. D’autres pour vous dépasser n’hésitent pas à le faire par votre droite et même emprunter le trottoir. Que 80% des véhicules de transport en commun ne répondent pas aux normes techniques les plus élémentaires, ce qui ne les empêche pas de faire de la surcharge illégale sans aucune crainte de policiers, qui ont tout simplement abdiqués. Que tout cela et pire encore, soit absolument pérenne en dépit d’une large désapprobation, alors il s’agit bien là d’une tyrannie de la routine, mais hélas une si funeste, que l’ensemble de la société en est consternée. Un milieu d’un tel déficit de qualité décourage toute initiative personnelle, du fait qu’aucun modèle singulier ne peut prétendre y influencer significativement les agrégats de la collectivité. Il faut alors songer à appliquer un diktat injonctif extrêmement dissuasive, voire même afflictive.
Malgré notre retard sur ce qui est à faire pour éviter les calamités, il faut reconnaître qu’en ce qui concerne les infrastructures, il y a eu des efforts depuis l’an 2000 et énormément de changements avec l’impact du PSE, que nul ne peut ignorer. Entre 1960 et 2012 quelqu’un pouvait s’absenter du pays quinze années durant, descendre un beau jour à l’aéroport et retrouver son domicile sans aucun risque de se perdre. Aujourd’hui ce n’est plus possible, les revenants d’un séjour de seulement cinq ans à l’étranger se perdent pour rejoindre leurs demeures en raison d’infrastructures nouvelles impressionnantes qui jalonnent leurs itinéraires. Mais là où pêche le système c’est au niveau des usagers de toutes sortes (le software) : les vieux tacots impropres à la circulation ; les conducteurs inconscients de leurs actes parce qu'analphabètes, qui n’hésitent pas à emprunter le trottoir pour éviter de faire la queue ; les vendeurs ambulants et mendiants au milieu des autoroutes, y compris l'autoroute à péage durant certaines périodes de grands embouteillages, se faufilant entre les voitures ; l’absence ou l’inefficacité de forces de répression dissuasives des infractions routières sur la voie publique etc. Trop c’est trop ! Cette triste exception sénégalaise a fini par substituer aux valeurs d’homme civilisé qui nous étaient connues, celles d’indiscipliné et d’anarchiste ; ruinant ainsi notre réputation.
Le chef de l’Etat Macky Sall a réitéré dans son discours de fin d’année ses propos édifiants tenus déjà en septembre dernier indexant les comportements comme causes majeures des accidents et appelant à des sanctions sévères à l’encontre des attitudes de défiance déplorables. Cette insistance de sa part laisse augurer des changements à venir.
Seulement, ne nous y méprenons pas ! Les accidents homicides spectaculaires nous émeuvent mais leurs causes ne prennent pas naissance là où ils se produisent les voies où l’on produit de la vitesse). C’est au cœur de la ville qu’il va falloir traquer les infractions mineures. Ceux qui provoquent les collisions stupides sur les voies rapides sont ceux-là mêmes qui en ville ont des attitudes de défiance à l’encontre de toutes les règles. Quand ils seront amenés à bien se comporter en ville, hors de toute surveillance, il n’y aura plus à craindre leur inconscience et irresponsabilité quelles que soient les circonstances.
Avec plus de six cent morts directs concédés à l’insécurité routière en 2019, sans compter les blessés qui périssent des jours plus tard, qui pourraient porter ce nombre à près de 2000. Vous conviendrez avec moi que cela est suffisamment alarmant pour justifier que j’ouvre avec ça mes éditos de l’année, tout en souhaitant mes meilleurs vœux 2020 à tous les lecteurs et au Sénégal notre berceau une sécurité routière exempte d’homicide.
AU-DELA D’UNE SIMPLE INTERDICTION DE LA PUBLICITÉ DES PRODUITS DÉPIGMENTANTS
Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue Innocent Laïson, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant.
Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue Innocent Laïson, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant. Ce combat exige une sincère réconciliation avec soi. Collectivement, il nécessite de la part du sociologue une repensée et une rééducation portant sur les normes et valeurs symbolisant la beauté noire africaine.
La mise en demeure adressée par le Conseil national de régularisation de l’audiovisuel (CNRA) à plusieurs organes de presse pour diffusion de produits dépigmentant et la sanction appliquée à Sen TV par l’arrêt de ses programmes pour sept jours (du 31 décembre 2019 au 6 janvier 2020) remettent au goût du jour, selon le sociologue Innocent Laïson, la question fondamentale de notre rapport au Noir. Car « il s’agit bien d’interroger les motivations profondes des hommes et des femmes noires à se dépigmenter ».
A quoi répond cette tendance à s’éclaircir la peau ? Notre source convoque d’emblée Frantz Fanon qui, en 1952 dans Peau noire, masques blancs, au chapitre 3 consacré à L’homme de couleur et la Blanche, avançait ceci : « De la partie la plus noire de mon âme, à travers la zone hachurée me monte ce désir d’être tout à coup blanc. Je ne veux pas être reconnu comme Noir, mais comme Blanc. ».
Pour soigner ce trouble de la personnalité, le Noir part à la conquête de la Blanche. Et Fanon de dire : « Son amour m’ouvre l’illustre couloir qui mène à la prégnance totale… J’épouse la culture blanche, la beauté blanche, la blancheur blanche. Dans ces seins blancs que mes mains ubiquitaires caressent, c’est la civilisation et la dignité blanches que je fais miennes. » On en est encore à ce stade, se désole le sociologue. Qui soutient que le traumatisme vécu pendant les siècles d’esclave et les années de colonisation a pour séquelles chez le Noir un déni de soi-même, un sentiment d’infériorité face au Blanc.
« La dépigmentation cosmétique est considérée comme une mue (renouvellement du plumage) et procède d’une thérapie qui apaise ce trouble de la personnalité » poursuit-il. Comme la fille noire du « test de la poupée » du couple de psychologues américains Kenneth et Mamie Clark, « nous attribuons sans hésitation la sagesse, la gentillesse, l’intelligence et la supériorité dans tous les domaines à la poupée pâle et refusons obstinément de ressembler à la poupée brune ». Il faut à tout prix se débarrasser de cette couleur qui fait tache…sombre. « On se souvient des joueurs de l’équipe du Zaïre qui s’étaient dépigmentés pour ‘’exprimer leur égalité’’ aux autres joueurs européens participant à la coupe du monde de 1974. Aujourd’hui, il est courant de voir des enfants que les parents dépigmentent, à leur insu, prétextant leur ‘’offrir plus d’opportunités dans la vie’’ en améliorant leur paraître », explique de diplômé de l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Malgré les complications médicales connues et les coûts économiques onéreux qui en découlent, la dépigmentation est encouragée, selon lui, par le diktat des canaux de beauté dits modernes occidentaux. La beauté est blanche. Et nous l’acceptons intérieurement.
Et de s’interroger : « Combien sommes-nous à exhiber avec fierté notre compagne ou compagnon à peau blanche ou claire, voire xessalisée ? » Bien nombreux.
Ainsi, abstraction faite de quelques résistants, principalement idéalistes prônant une certaine authenticité africaine par la préservation de la peau noire, « un bon nombre a déjà fini de conquérir sa peau blanche ». Combattre le phénomène de la dépigmentation dans les communautés noires appelle, de l’avis du sociologue, à aller au-delà d’une simple interdiction de la publicité des produits dépigmentant.
« Ce combat exige, individuellement, une profonde introspection et une sincère réconciliation avec soi ; collectivement, une repensée et une rééducation portant sur les normes et valeurs symbolisant la beauté noire africaine ».