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24 avril 2025
Développement
par Adama Gaye
LA FRANCE ET NOUS, UN RESET IMPÉRATIF
Sauf à vouloir n'être que le chef des nouveaux négriers, représentés par les adeptes des pacotilles bradant territoires et traditions africains pour t'aider dans ton projet colonialiste, Emmanuel Macron, entends-tu la rue africaine ?
Nous sommes à la croisée des chemins. Dans toute relation humaine ou inter-étatique, il arrive un moment où les circonlocutions ne marchent plus, seul un sursaut de franchise peut sauver la mise. C'est le point atteint par nos liens avec la France.
Nous en sommes à une étape cruciale où l'alternative qui s'offre est lapidaire : les changer en profondeur ou couler ensemble dans une alliance devenue impie...
Il y a urgence en la matière. Car ni sentimentalisme, ni émotivité, encore moins ruse ou soumission ne peuvent plus suffire à endiguer le flot montant en Afrique appelant à une remise à plat, pour les rendre plus équitables, dignes. C'en est ainsi pour une raison simple : les relations de nos pays africains avec la France ont cessé d'être supportables. Et le mal, l'exploitation, qu'elles charrient ont tout naturellement déclenché un phénomène de rejet si fort, sensible à fleur de peau, que seuls les aveugles suicidaires ne peuvent pas en mesurer la profondeur.
Parapluie déchiré
On pouvait croire que la prise de conscience viendrait du sommet des Etats où les décisions ont toujours été prises pour définir la route dans le cheminement franco-africain. C'est hélas en cet instant décisif que les dirigeants des Etats francophones, se bousculant sous le parapluie déchiré de Paris, plus petits par leurs ambitions crypto-personnels et politiques, font tout pour en rater la portée. En clair, loin d'être des forces motrices du changement, ils se posent en obstacles, dont le principal souci, en relais de la puissance déclinante, est d'empêcher le surgissement du jour nouveau sans lequel aucun soleil durable ne pourra irradier les liens, désormais fragiles, unissant Paris à cette partie du continent africain dont elle fut longtemps le parrain tutélaire.
Le rejet par les peuples africain de cette relation malsaine, déséquilibrée, faite d'exploitation par la partie exogène au détriment des autres n'a plus d'avenir. Plus révolutionnaires et instruits par la techtonique des plaques numériques, les peuples africains, dans leur immense majorité, n'en veulent plus, du moins telle qu'elle se présente. Et il n'est pas sûr que la grande masse des français ordinaires y trouve aussi son compte, parce que, non dupe, elle sait que le néocolonialisme n'est plus qu'une part du passé de leur pays. Son envie de voir autre chose que les méthodes Foccartiennes, mafieuses, entre copains et coquins, sur le dos des peuples, n'a jamais été aussi lucide. Les français savent que l'ère des Trente Glorieuses (1950 à 1980) quand tout fut facile est révolue et la quête de poches de croissance ailleurs, notamment en Afrique, reste illusoire si elle ne repose pas sur un socle de coopération mutuellement consentie. Dans l'immédiat, comme les peuples africains, victimes aussi des magouilles politiciennes, pour ne pas dire pouvoiristes déconnectées de leurs réalités, les français, ainsi que l'illustre la montée en leur sein des mécontentements, ne sont-ils pas toujours assujetis à ce que l'on dénomme des taux de croissance Raj, selon le concept associé aux taux de croissance traditionnellement très bas d'une économie Indienne naguère poussive avant que l'ancien Premier ministre Manmohan Singh ne les décoince à partir de 1991 ?
Vendre, comme le fait le gouvernement français, à ses compatriotes, le rêve qu'ils trouveront en une Afrique nouvel Eldorado du développement mondial, les retombées nées d'une exploitation néocoloniale pour leur garantir un pouvoir d'achat devenu exorbitant, c'est donc les berner. A seule fin de pouvoir leur faire oublier les autres tourments qui agitent leurs nuits : le délitement, confirmé par le Brexit, du projet Européen, la prévalence du chômage durable et de masse et, davantage, le basculement de la géopolitique au détriment des vieilles nations européennes, comme la leur.
Il y a trente ans, la France avait eu l'occasion d'engager une vraie réforme de sa coopération avec le continent africain. Souvenez-vous : c'était l'époque où les pratiques mafieuses sous la coupole du parrain Jacques Foccart furent violemment dénoncées. L'Afrique se réveillait, comme le reste du monde, à la démocratie pluraliste. C'était l'année 1990, celle des vents de l'Est, de la réunification Allemande, de la dissolution en marche de l'Union soviétique. Certes, le néolibéralisme devenait la recette pour gérer les économies nationales en vertu du consensus de Washington à la mode mais les peuples, requinqués, ne semblaient plus vouloir céder aux diktats des institutions financières internationales.
La volonté souveraine reprenait le dessus. Et la tempête était si forte que partout sur le continent les revendications démocratiques aboutirent via des conférences nationales et des élections plus transparentes à d'inédites alternances par les urnes. Le feu était si vivace qu'en Juin 1990, l'alors rusé président français, François Mitterand, ne se fit pas prier pour convoquer à la Baule, dans l'Ouest de la France, un sommet éponyme où sa seule proposition de valeur fut d'ocroyer une prime aux Etats africains qui se démocratiseraient.
Dans la foulée, on avait pensé que Paris allait desserer l'étreinte de son tango décapacitante, pour débloquer les souverainetés africaines qu'elle manoeuvraient pour maintenir sous son joug.
Que nenni, le discours de gauche, suivant les pas d'un Gaullisme condescendant et ceux d'une droite réformatrice, ne fit rien pour changer la pratique d'une relation nourrie à la sève Foccartiste. Paris entendait rester ancrée au coeur du leadership et du destin des pays africains.
Trente-ans après la Baule, en Juin 1990, c'est ce lien vicié, compromettant l'idée même d'un vrai progrès, d'un développement endogène, des Etats africains, qui fait l'objet d'un légitime reflux -populaire et qui sait demain intellectuel et politique.
Bouillonnement populaire
Le drame est que l'ampleur de l'enjeu ne semble pas être comprise ni captée par ceux qui sont aux commandes des leviers officiels de la relation franco-africaine.
Le bouillonnement populaire pour forcer un autre destin que celui d'un Franc CFA-Eco humiliant, la bénédiction par Paris des reculs démocratiques, constitutionnels, de ses valets aux pouvoirs, la tentation d'un contrôle plus accru sur nos économies, notre sécurité et notre vie politique, publique, ou encore la pauvreté qu'un si long compagnonnage a produite, sont les points de fixation mendiant une autre approche.
Or, ce que la France s'évertue à faire, s'inscrivant dans la dynamique du projet colonial, tel qu'officialisé conceptuellement lors de la conférence de Berlin sous Otto Von Bismarck en 1885, puis physiquement à Fachoda au Soudan en 1898 entre Britanniques et Français, n'est plus possible. Parce qu'un réveil des peuples africains est à l'oeuvre et dans divers coins de la planète, de la Chine à l'Inde, du Brésil aux USA, de la Russie aux pays du Golfe Persique, même en Allemagne, et demain dans la Grande Bretagne mondiale, les voix se feront de plus en plus vives pour exiger la fin de cet esclavagisme économique et politique qui fait se retourner dans sa tombe Victor Schoelcher, l'architecte français, en 1848, de l'abolition de l'esclavage humain.
Ce qui est insultant, venant encore plus d'un Emmanuel Macron, l'actuel président français que l'on croyait plus ouvert, jeune, d'esprit et réceptif à la souveraineté des peuples africains, c'est son inclinaison à reproduire les anciennes méthodes en les enrobant d'un discours enjôleur, plus paternaliste que jamais. C'est sa tendance à se jouer de l'intelligence des africains qui le rend encore plus méprisable que ses prédécesseurs dont le mérite était au moins la crudité de leur volonté de faire main-basse sur l'Afrique.
Macron lui agit en panthère avançant doucement vers sa proie qu'il compte dévorer. Crument ! La forme, mise en place par des stratèges de la communication, ne lui sert que de décorum. Dans les faits, tout a changé en apparence pour demeurer sur le fond. Observons ses manœuvres : il coopte des noirs dans son cabinet, monte un Club présidentiel mixte par sa composition pour le conseiller, promet de restituer les objets d'arts africains, institue cette année, en Juin (tiens, tiens - 30 ans après la Baule !) une année Afrique en France, se rend en Côte d'Ivoire à Nöel 2019 pour prétendument souper avec les militaires français sur place mais en réalité pour planter une dague au coeur de la construction monétaire Ouest-africaine, celle sous l'égide de la Cedeao.
Cheval de Troie
Sur tous les plans, son édredon étouffe les pays africains. Il se fait le parrain d'une résolution Onusienne pour prolonger le mandat de la force multinationale en République démocratique du Congo dans le but d'avoir une mainmise sur ce pays riche en ressources naturelles. En Côte d'Ivoire, il fait cyniquement la courte échelle au président sortant, Alassane Ouattara, interdit de troisième mandat, pour en faire le cheval de Troie de ses projets, sans craindre de réveiller la guerre civile dans ce pays clé. Au passage, il y implante une académie de lutte contre le terrorisme, comme il en met une autre au Sénégal consacrée à la lutte contre la cybercriminalité, deux postes avancés de son espionnage. Régent, il a passé un marché de dupes avec tous les Africains prêts à soutenir la réussite de son plan de conquête, voire de reconquête, du continent : prêt à fermer les yeux sur les actes de malfaisance des officiels et de leurs prolongements à la condition que vous oeuvrez à la préservation du primat de la France !
Partout, à cette aune, les nouveaux réseaux de la France, moulés à la vieille école Foccartiste, sont de retour : dans ses chaînes de radio-télés ciblées sur les pays du pré-carré, dans les médias africains sous son influence, à Paris ou en Afrique, dans les gouvernements infiltrés, par ses entreprises qui raflent les marchés, via ses proconsuls modernes, comme Macky Sall, sans oublier le concours involontaire des populations démunies et réduites en spectatrices de la recolonisation en route.
En se faisant la surprenante, louche, avocate, de la fin du franc CFA, la France complète sa stratégie d'asphyxie des pays africains. Elle tente, ce faisant, de tuer dans l'oeuf le projet d'intégration monétaire Ouest-africaine, comme elle le fit en 1994 de celle régionale qu'elle avait déstabilisée en instaurant une Union monétaire ouest-africaine (Umoa), contrôlée par elle, afin de faire pièce à la Cedeao.
Une remise à plat
Plus grave, en plus d'y semer une zizanie déconsolidante, elle impose son imperium au coeur de l'agenda développemental africain, conçu au sein de l'Union africaine. Comme pour dire que rien ne se fera sans la France. Et elle lance un signal à des pays fiers de leur indépendance comme le Nigeria ou le Ghana, en prenant les devants sur la monnaie, les relations internationales africaines dans les opérations de maintien de la paix, la structuration de la lutte contre le terrorisme et l'insécurité. C'est une manière de rappeler qu'elle entend, par le bilatéral et le multilatéral, comme pendant la guerre froide, rester en charge de sa sphère d'influence africaine d'où, en plus, elle veut déployer ses ailes pour l'étendre ailleurs...
A la vérité, ce que Paris est en train de faire en Afrique insulte l'Afrique et dicte un réveil de toutes ses forces vives pour s'y opposer : ses intellectuels cesseront-ils de nous entretenir de pensées stratosphériques sans prise sur cette recolonisation froide en cours ? ses politiques se réveilleront-ils de leur coma ? ses jeunes feront-ils l'effort de mieux coordonner le combat contre un pays plus vicieux et cynique, mercantiliste, qu'on ne peut le deviner ? L'autorité de ses forces vives, religieuses et sociales, reste si imperceptible qu'on se demande si elle réalise la gravité des défis en jeu...
Sous un tel glacial éclairage, c'est dire que trente-ans après la Baule, ce n'est pas d'un festival d'arts et de musiques, avec des tonalités consensuelles autour de l'Afrique puissance du 21ème siècle, dont la relation franco-africaine a besoin.
Il est temps que ce soit le continent africain, au lieu de se faire sommer comme l'ont été les dirigeants des pays Sahéliens du G5 par un insolent Macron, qui convoque Paris à la table d'un dialogue novateur.
Berlin et Baule ont enfanté le contrôle direct et indirect de l'Afrique. Il faut maintenant un Bamako, disons une conférence africaine, pour qu'enfin les yeux dans les yeux, ruses écartées, s'ouvre le départ d'une nouvelle relation. Obama aurait dit un Reset, une remise à plat. Parce que la ruse a assez duré, et nous savons, enseignés par la littérature française, que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Assez de l'arnaque dont la nouvelle monnaie de singe n'est que l'ultime manifestation caricaturale.
Sauf à vouloir n'être que le chef des nouveaux négriers, représentés par les adeptes des pacotilles bradant territoires et traditions africains pour t'aider dans ton projet colonialiste, Emmanuel Macron, entends-tu la rue africaine ? Il serait temps !
Adama Gaye est auteur de : Chine-Afrique : Le dragon et l'autruche, et Demain, la nouvelle Afrique et, à venir, Terreur au Paradis.
par Ndeye Fatou Blondin Ndiaye
L'OMNI-PRÉSIDENT PARLE
En poussant les citoyens dans leurs derniers retranchements et en essayant de bâillonner toute opinion divergente, on a l’impression que seul l’affrontement frontal stoppera le phénomène et c’est ce que veut le gouvernement
Le matin du 31 décembre, on pensait qu’il y’avait eu suffisamment de problèmes durant l'année 2019 et qu’aucun secteur n’était épargné. Nous pensions faire une pause pour se souhaiter au moins une bonne santé autour d’un repas copieux accompagnés des parents et amis. Une pause, le temps d’un discours traditionnel présidentiel que de moins en moins de citoyens, surtout ceux qui ont moins de trente ans, écoutent. Depuis 1960, les sénégalais ont cerné les pouvoirs qui se succèdent. Ils connaissent surtout leurs limites à résoudre leurs nombreuses difficultés et leur grande aptitude à présenter le pays sous un jour très différent de celui que vit le peuple dans son entièreté. Alors, ce Sénégal de rêve s’est évaporé pour laisser place à des citoyens désabusés et en perte de repères nationaux.
Mais ce soir du 31 décembre 2019 a été marqué par un nouveau coup de canif porté à notre démocratie. Nous avons vu un président sur un trône face à l’essentiel des chefs de publications des principales chaînes de télévision. Cette courte intervention a été suivie par plus de trois heures de questions/réponses diffusées sur les dites chaînes. Tout le pays ne devait voir ni entendre autre chose. On apprendra dans la soirée qu’une seule chaîne avait programmé le debfriefing du court discours avec un opposant ; elle sera sanctionnée le soir même par une semaine de privation de diffusion sous le prétexte fallacieux de non respect de la loi sur la publicité de produits dépigmentants. Ce « sale boulot » a été confié à l’expert émérite en la matière.
Ces faits sont dignes des ambiances qui prévalaient dans les républiques soviétiques. Et pourtant, ils se déroulent au Sénégal en 2020. C’est tout simplement honteux et indigne de notre pays. Après soixante ans d’indépendance, nous croyions avoir bâti une grande nation mature. Mais, en réalité, nous en étions là !
Ces actes viennent s’ajouter aux nombreuses régressions démocratiques observées dans le pays depuis 2012. En effet, les mesures liberticides font légion et on ne compte plus les décisions unilatérales sur des questions importantes qui touchent chaque citoyen. Une grande partie de l’opposition reste en retrait face à ces phénomènes ou semble préoccupée par des questions internes. Certains partis sont enfermés dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue national. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’esprit de gestion solitaire et de division prédomine dans les rapports au quotidien entre le pouvoir et l’opposition et surtout avec la société civile dont les membres qui manifestent pour leurs droits sont systématiquement emprisonnés.
En poussant les citoyens dans leurs derniers retranchements et en essayant de bâillonner toute opinion divergente, on a l’impression que seul l’affrontement frontal stoppera le phénomène et c’est ce que veut le gouvernement. Cette ambiance délétère est palpable partout dans la société et vient saper la foi des citoyens en leur capacité à tracer un avenir commun pour leur pays.
par Mamoudou Ibra Kane
VIDEO
PORTÉES ET LIMITES DE COUPS DE COM’
Le meilleur service que les conseillers de Sonko lui rendraient est de lui faire observer deux ou trois choses - La décence républicaine veut que l'opposant n'entre pas en concurrence frontale avec le chef de l'État lors de ses rendez-vous avec la nation
e-media |
Mamoudou Ibra Kane |
Publication 03/01/2020
Dans sa première chronique de l’année 2020, Mamoudou Ibra Kane s’est penché sur les deux sorties médiatiques qui ont marqué le dernier jour de l’an passé : l’entretien du chef de l’Etat Macky Sall, face à des journalistes de plusieurs médias différents et l’interview accordée, au même moment, par l’opposant Ousmane Sonko à la Sen TV. Deux grands face à face avec la presse aux airs de coups de comm’ dont les formats, les fonds et les formes pourraient être revus.
Entre le ni oui ni on de Macky Sall et la concurrence frontale de Sonko, attention aux stratégies contreproductives, avertit le journaliste, qui termine par donner son avis sur la mesure du CNRA de sanctionner la SEN TV.
par l'éditorialiste seneplus, Tidiane sow
L’AMBIGUÏTÉ DU PRÉSIDENT SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Cet ordre moral qui régit tout, qui aurait permis au peuple de tout faire pour se relever de ses difficultés fût sans doute le plus absent de la sortie médiatique de Macky Sall, le soir du 31 décembre
Lors de son entretien avec la presse, le président Sall a donné quelques explications, pour le moins surprenantes à plus d’un titre, sur son silence à propos du troisième mandat. Tels furent ses propos : “Si je dis que je ne serai pas candidat à un troisième mandat, les gens ne vont plus travailler”. Cette phrase, surprenante et grave, appelle quelques remarques :
La première remarque est que le président laisse entendre maintenant qu’il a la possibilité de dire s’il sera candidat ou pas, alors qu’il avait déjà dit urbi et orbi que la constitution ne lui permettait pas de se présenter, qu’il ne pouvait donc pas être candidat et que c’était un faux débat. Serait-il revenu sur ses intentions ? Ce glissement sémantique perceptible le laisserait penser. Soudain, quelque chose qui était inscrit hors de sa portée, car inscrit dans la constitution, revient dans la sphère de sa décision, du possible. Il peut dire oui ou non s’ il sera candidat, il avisera plus tard. On ne serait alors point surpris que plus tard, qu’il soit candidat à sa propre succession.
La seconde remarque procède de l’ immaturité qu’il prête à ses ouailles : “ils ne travailleront pas si je leur dis que je ne serai pas candidat à un troisième mandate !”, infantilise ceux qu’il appelle à ses côtés pour gouverner avec lui. Ses ministres ne savent-ils pas qu’ils sont nommés pour servir et que ne pas travailler n’est pas une option quelles que soient les circonstances dans lesquelles se projette le president ? Comment voudrait il que ses compagnons se comportent comme des hommes responsables si lui même ne les prend que pour des “enfants” dignes d’être surveillés ?
Enfin, il nous dit : “ Si je dis que je serai candidat, les opposants ne vont pas me lâcher, il y aura des marches partout et ce sera une polémique sans fin...” Cela ne traduirait-il pas sa peur du people ? Paradoxe pour un homme élu avec une majorité confortable quelques huit mois plus tôt.
Cette position de ni oui ni non est une façon de ménager la chèvre et le chou et de reculer aussi tard que possible sa sortie de l’ambiguïté. Le président Sall aime garder les cartes en main. C’est sa nature profonde de situationniste qui veut cela. Garder en tout temps les options ouvertes car les situations changent. C’est en cela qu’il est fin politicien. Il a cette patience d’attendre que n’ont pas les autres.
L’autre sujet qui m’a fait réagir fût sa cinglante réponse au journaliste qui évoquait le fait que son parti n’était pas structuré – ce que du reste son responsable des structures dit à qui veut l’entendre – comme une cause de la récente cacophonie au sommet de l’État. D’un revers de main, il a balayé cette hypothèse. Son parti est structuré, en tout cas suffisamment structuré pour avoir gagné toutes les élections auxquelles il a fait face. Il y a un président, lui même, des comités et un secrétariat exécutif national. Circulez il n’ y a rien à voir. Pour lui, la cause serait ailleurs. La foire d’empoignes à laquelle nous avons assisté, médusés avec son lot de révélations de scandales et de graves accusations jamais proférées dans une république, ne serait que des manifestations d’amour mal exprimées en son endroit (sic) et ne traduirait qu’une malencontreuse réaction, au demeurant compréhensible, de ses “enfants” face à son manque de considération. Ses “enfants” recherchent son attention et lui le “père” n’a pas le temps. Il travaille.
Voila ce que nous dit en substance le president !
L’ordre moral dont se préoccupe le peuple en cette circonstance est relégué au second plan.
Cet ordre moral qui régit tout, qui aurait permis au peuple de tout faire pour se relever de ses difficultés fût sans doute le plus absent du débat.
Par l'éditorialiste de seneplus, Serigne Saliou GUEYE
RETOUR AU MONOLITHISME DES MÉDIAS D’ÉTAT
Ce qui s’est passé dans la nuit du 31 décembre 2019 est inédit. Jamais depuis l’avènement des médias privés, le discours présidentiel n’a manqué de faire l’objet de décryptage critique.
Ce qui s’est passé dans la nuit du 31 décembre 2019 est inédit. Jamais depuis l’avènement des médias privés, le discours présidentiel n’a manqué de faire l’objet de décryptage critique. Hélas, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal de l’ère des médias libres, le service de communication de la Présidence est parvenu à sevrer les Sénégalais des traditionnels débats contradictoires animés au niveau des différentes télévisions et autres radios leaders. Le président de la République, en bon stratège, a anéanti toute possibilité de débat contradictoire sur son discours. Lequel n’a été d’ailleurs qu’un remake light de son speech de l’année dernière. Son éternel numéro sur les indicateurs macro-économiques au vert, ses réalisations dans les domaines des infrastructures ou de l’agriculture — malgré les scandales soulevés par Moustapha Cissé Lo et la difficulté de collecte des huiliers —, de l’énergie et tutti quanti. Toutes ces questions qui méritaient d’être débattues contradictoirement ont été abordées timidement par les « meilleurs » journalistes du Sénégal triés sur le volet et à la manœuvre dans les jardins exotiques du Palais royal, pardon présidentiel.
La position du président de la République devant les journalistes intervieweurs, les journalistes spectateurs, l’équipe gouvernementale, ses enfants et la Première Dame laissait penser à un Roi en face de sa cour. Souvent les caméras nous montraient le rictus forcé de certains membres de la cour présidentielle comme pour manifester à sa Majesté tout l’intérêt qu’ils portaient à ses interventions indigestes. Ce, à l’image des démocraties populaires comme la Corée du Nord où quand le leader suprême Kim Jong-un parle, tout le monde acquiesce quel que soit l’intérêt que l’on porte à ses propos insipides.
En contrepartie de leur participation à la grande rencontre du palais et de leur acceptation à diffuser la grande interview de l’année, toutes les chaines auxquelles appartiennent les journalistes télé et radio qui avaient l’impérieuse et la laborieuse mission d’interroger limitativement sa Majesté sur des thèmes choisis par une journaliste de la RTS ont été gratifiées d’une somme comblant le soi-disant manque à gagner à pareille heure de diffusion.
Par voie de conséquence, il fallait diffuser toute la soirée présidentielle sur toutes les chaines et radios concernées. Une façon diplomatique de dire que Macky a bâillonné par l’usage des espèces sonnantes et trébuchantes toutes les télés « grandes gueules » qui ont l’habitude de passer sous les feux de la critique le discours présidentiel de fin d’année. De cette manière, il a anesthésié tous ces journalistes qui habituellement animent les grands débats dans leurs télés respectives.
Par ce procédé inédit dans les annales des médias nationaux, le président Macky Sall a imposé une sorte de censure aux médias les plus suivis du Sénégal privant ipso facto nos compatriotes des débats contradictoires post-discours présidentiel dont ils avaient l’habitude de se délecter les soirs de 31 décembre. Du coup, il a empêché avec la complicité consciente ou inconsciente desdits organes de presse à ses opposants de médiatiser leurs lectures critiques et contradictoires à travers le tube cathodique ou les ondes des radios. Une fois encore, la stratégie de réduction des médias à leur plus simple expression du président Macky Sall a prospéré cette nuit du 31 décembre 2019.
Dans toutes les télés, il fallait faire passer une seule image : celle du Président Macky Sall, la journaliste RTS Arame Ndao distributrice de parole, veillait avec son glaive aux questions des intervieweurs qui pouvaient provoquer une fâcherie présidentielle. Ainsi, chaque journaliste avait droits à trois questions. Ce qui est contradictoire à la liberté d’expression. Et avant de poser sa question, il faut la calibrer et laisser au Président toute la latitude pour répondre à sa guise.
Point de questions du tac au tac avec des relances désarçonnantes ou déstabilisantes. Il fallait laisser le soin à sa Majesté Sall de dérouler et de convaincre ses auditeurs et téléspectateurs. Encore une fois, les plus grands perdants lors de cette soirée de prestation soporifique, ce sont les Sénégalais insatiables de débats contradictoires et critiques après le message présidentiel. On assiste hélas au retour au monolithisme de la presse d’Etat des années socialistes où seul l’ORTS ou la RTS détenait le monopole des médias. Mais heureusement que le groupe D-Média a brisé le bel unanimisme qui avait comme terrain d’exécution le palais présidentiel.
Sen Tv et Zik-Fm, qui ont décliné l’offre du service de la communication du Palais, ont permis aux Sénégalais d’entendre par la voix du principal opposant à Macky Sall, à savoir Ousmane Sonko, une intervention contradictoire. Il fallait seulement consulter les réseaux sociaux pour voir que l’audience du leader de Pastef damait le pion à celle cumulée de toutes les autres chaines qui diffusaient la « grande interview » de fin d’année du président de la République.
D’ailleurs, Sen-Tv, qui a vu ses programmes frappés d’une suspension le même jour à minuit, considère à juste titre qu’elle a été sanctionnée pour avoir refusé de cautionner ce qui, à ses yeux, paraissait comme une pantalonnade médiatique. Du pseudo-débat au palais, les Sénégalais n’ont pas tiré grand-chose parce que le Président est revenu sur ces histoires de croissance et autres litanies de chiffres qui ne les intéressent guère. Malheureusement pour nos compatriotes, les vraies questions afférentes à la hausse du prix de l’électricité, à la cherté de la vie et à la clarification du 3emandat, n’ont soit pas été abordées ou alors avec une langue de bois !
Et il n’y avait aucune possibilité d’insister et d’acculer le Président parce que le journaliste-gendarme Arame Ndao ne permettait pas au poseur de la question de revenir à la charge. D’ailleurs, les remerciements personnels du Président décernés à ladite consœur à la fin du marathon verbal à sens unique sont révélateurs du soulagement de Macky Sall qui est parvenu à éluder les questions qui fâchent ou qui gênent. Répétons-le : cette formule qui inaugure le retour au monolithisme des médias d’Etat va à l’encontre de la pluralité de l’information et tue le débat contradictoire.
Dans un pays où le pluralisme médiatique est érigé en vertu première, il est inconcevable, voire périlleux, de laisser au seul président de la République le soin d’occuper tous les médias durant une soirée aussi importante que celle du 31 décembre et de dérouler selon un plan bien défini par ses journalistes de la RTS. Ce même une contrepartie financière est dégagée pour compenser un soi-disant temps d’antenne réservé à la publicité.
"MON AMBITION, C'EST D'ÊTRE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE"
Après avoir occupé de hautes fonctions dans l’Etat, Abdoulaye Baldé n’a désormais d’ambition que de succéder à Macky Sall
Le festival de Lyndiane a vécu en ce début de semaine. Du 29 au 31 décembre dernier, il a permis aux Ziguinchorois de renouer avec la culture, en offrant la tribune la plus enviée aux leaders politiques de la région. Invité de choix de ce festival de Lyndiane, le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé. Face aux reporters de Kewoulo, l’ancien ministre des forces armées de Abdoulaye Wade a décliné ses ambitions. Après avoir occupé de hautes fonctions dans l’Etat, il n’a désormais d’ambition que de succéder à Macky Sall.
Ceux qui croyaient en avoir fini avec lui peuvent déchanter. Après sa déclaration de candidature à la dernière présidentielle et son virage qui a laissé plus d’un Casamançais sur sa soif, Abdoulaye Baldé est de nouveau dans la course de ce qu’il faut, désormais, appelé « l’après Macky« . Même s’il n’a pas ouvertement évoqué l’hypothèse d’un troisième mandat présidentiel de Macky Sall, qui pourrait repousser ses ambitions personnelles, -puisque le sujet est tabou dans les rangs des supporters de Macky Sall- le maire de Ziguinchor a défoncé une porte pourtant déjà ouverte: puisque tout politique aspire à gouverner.
Au micro des reporters de Kewoulo, l’ancien ministre des forces armées, qui était en déplacement au festival de Lyndiane, a déclaré avoir « beaucoup de projets pour les jeunes » de ce quartier oublié qui avaient, pourtant, beaucoup cru en lui. Alors qu’en 2008, sa promesse de trouver un emploi pour chaque foyer de Ziguinchor avait séduit les masses, le maire de Ziguinchor est, aujourd’hui, à la recherche de l’alléchante promesse électorale. De plus en plus politisés, ces jeunes, qui avaient bouté le baobab Robert Sagna hors de la mairie pour l’installer aux manettes, sont, aujourd’hui, devenus ses principaux pourfendeurs. Et promettent d’en finir avec lui, convaincus que « le nouvel espoir de la Casamance« , Ousmane Sonko, ferait un meilleur maire que lui.
Alors que tous croyaient qu’il allait quitter la scène politique avec le départ de Macky Sall dans 5 ans, puisque désormais son destin est lié à celui de ce dernier, il a surpris son monde. Droit dans ses bottes, il a déclaré n’avoir d’autres ambitions nationales que de succéder à Macky Sall à la présidence de la République. Aussi, Abdoulaye Baldé n’a pas manqué de rappeler que le président de la République du Sénégal est un membre de sa famille et que, à ce titre, ils entretiennent « d’excellentes relations. » Si le jadis très populaire maire de Ziguinchor continue de susciter des passions, c’est que les populations ne savent toujours pas quoi faire de ce fils si imprévisible.
Son dernier retournement de veste, lors de la présidentielle, est pour certains une grosse insulte à l’intelligence de ce peuple de refus, si épris de la parole donnée. Et, puisque l’homme politique n’a jamais fait le pas vers ce même peuple trahi qui l’avait adoubé, pour lui demander pardon et tenter de se justifier, seul l’avenir dira si la Casamance l’accompagnera dans la concrétisation de cette nouvelle ambition présidentielle. Parce que, ici, même si la pomme de la discorde a déjà été avalée depuis l’acceptation de la seconde élection de Macky Sall, le gout très amère du reniement du patron de l’UCS garde toujours toute son acidité. Et dans ce pays du refus, il est de coutume de dire que « lorsque une personne te fait boire du sang, il faut lui servir du pus. »
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 2 JANVIER
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 2 janvier 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Habib Léon NDIAYE, Administrateur civil principal, matricule de solde 606 919/E, précédemment Gouverneur de la Région de Sédhiou, est nommé, Secrétaire général du Ministère de la Culture et de la Communication, en remplacement de Monsieur Birane NIANG, appelé à autres fonctions.
Monsieur Abdourahmane Dieye, Colonel-Inspecteur Principal des Douanes, est nommé Directeur général de la Douane, en remplacement de Monsieur Oumar DIALLO, appelé à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Papa Demba DIALLO, Administrateur civil principal, matricule de solde n° 513 117/Z, précédemment préfet du Département de Matam, est nommé Gouverneur de la Région de Sédhiou, en remplacement de Monsieur Habib Léon NDIAYE, appelé à autres fonctions
Monsieur Moussa DIAGNE, Administrateur civil, matricule de solde n° 518 911/C, précédemment préfet du Département de Salemata, est nommé Prefet du département de Thies, en remplacement de Monsieur Fode FALL, appelé à autres fonctions ;
Monsieur Jean Paul Malick FAYE, Administrateur civil, matricule de solde n° 661 358/E, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Kédougou chargé des affaires administratives, est nommé Préfet du Département de Salemata, en remplacement de Monsieur Moussa DIAGNE, appelé à autres fonctions ;
Monsieur Souleymane DIAGNE, Administrateur civil, matricule de solde n° 604 925/B, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Louga chargé des affaires administratives, est nommé Préfet du Département de Matam, en remplacement de Monsieur Papa Demba DIALLO, appelé à autres fonctions ;
Monsieur Khalifa GAYE, Maître de Conférences titulaire en Informatique, matricule de solde n°176 104/E, est nommé Directeur des Bourses, au Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation."
LE GRAND THÉÂTRE NATIONAL OFFICIELLEMENT BAPTISÉ DOUDOU NDIAYE COUMBA ROSE
Le célèbre maître-tambour sénégalais, classé par l’Unesco ‘’trésor humain vivant’’, en 2006, est décédé en 2015 à l’âge de 85 ans - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 2 janvier 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé ce jeudi 02 janvier 2020, le Conseil des ministres.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, renouvelé ses meilleurs vœux à l’ensemble des compatriotes. Il a souhaité que 2020 soit une année de prospérité et de bonheur pour toutes les familles ; une année de consolidation des performances économiques et sociales du Sénégal dans la paix, la stabilité, la solidarité, le bien-être collectif et le dialogue national renforcé.
Le Président de la République, revenant sur le lancement du dialogue national, a rappelé son initiative de mise en place d’une instance inclusive de concertation afin de réunir, dans la communion et le respect des diversités, toutes les forces vives de la Nation autour de réflexions majeures pour l’avenir économique et social du Sénégal.
Par ailleurs, il a demandé aux différents représentants de l’Etat, d’adopter une posture d’anticipation par une communication efficace sur les enjeux et défis de la réalisation des politiques publiques.
Le Chef de l’Etat, au titre du basculement de la gestion publique en mode budgets - programmes, a demandé au Ministre des Finances et du Budget de faire le point sur les diligences effectuées pour son effectivité en 2020 dans la dynamique d’ancrage d’une culture de performance.
Evoquant la gouvernance du secteur de l’eau, le Président de la République a invité le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement à consolider sa modernisation par le renforcement des performances des structures publiques et privées impliquées, dans une optique de synergies et de mutualisation des actions et ressources.
Le Chef de l’Etat, sur la question de la campagne de commercialisation arachidière, a demandé au Ministre de l’Agriculture, en relation avec les ministres concernés, de mettre en place des dispositifs innovants permettant le suivi rapproché de la présente campagne.
Il a, par ailleurs, rappelé au Ministre de la Communication, en accord avec ses collègues des finances et de l’économie numérique, l’urgence de finaliser, dans les meilleurs délais, l’évaluation globale de la concession de service public de l’audiovisuel pour la construction et l’exploitation d’une infrastructure de Télévision Numérique Terrestre (TNT). A cet effet, il a invité le Gouvernement à accomplir les diligences nécessaires pour le basculement numérique intégral durant le premier semestre 2020.
Le Chef de l’Etat a, en outre, demandé au Ministre des Transports terrestres, d’une part, d’accélérer la révision de la règlementation de la circulation des gros porteurs afin de lutter avec efficacité contre la recrudescence des accidents et, d’autre part, de veiller au suivi spécial de la situation de la société « Dakar- Dem- Dik ».
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique.
Au titre des communications :
Le Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République a fait une communication portant d’abord sur les vœux formulés à l’endroit du Chef de l’Etat, au nom des membres du Conseil, de son cabinet, des vœux ardents de santé, de prospérité et de bonheur, en y associant sa famille, ses proches et tous nos compatriotes. Par ailleurs, il a salué l’initiative du Président de la République d’avoir bien voulu engager le dialogue national, dans une dynamique de renforcement de notre démocratie.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur la situation du budget 2019 et sur le budget programme.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait le point sur la campagne de commercialisation de l’arachide.
Le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement a fait la situation sur la clôture au 31 décembre 2019 du contrat d’affermage du service de l’eau potable avec la SDE et la transition vers le nouveau régime d’exploitation, avec la société « SEN’EAU ».
Le Ministre de l’Economie et du Plan et de la Coopération a fait une communication sur l’élaboration de la politique nationale de population et de migration du Sénégal. Il a également fait la situation du projet d’usine de fabrication de vaccins contre la fièvre jaune, entamé à Diam-Niadio.
Le Ministre de l’Industrie a fait le point sur les projets d’agropoles.
Le Ministre de l’Urbanisme a fait la situation sur l’organisation de la journée citoyenne du nettoiement, qui aura lieu le samedi 04 janvier 2020. Il a également rendu compte de l’état d’avancement de l’inscription des sénégalais au programme des cent mille (100 000) logements
Le Ministre, en charge de la Microfinance, de l’Economie sociale et solidaire a fait une communication sur les financements annoncés dans le cadre de la vulgarisation de la phase II de la PLASEPRI.
Le Ministre, en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) a fait le point sur l’état d’exécution de projets prioritaires, notamment le lancement du Parc des Technologies numériques.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- le projet de loi organique portant loi de finances ;
- le projet de décret portant dénomination du Grand Théâtre national, dénommé Grand Théâtre National Doudou Ndiaye Coumba Rose.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Habib Léon NDIAYE, Administrateur civil principal, matricule de solde 606 919/E, précédemment Gouverneur de la Région de Sédhiou, est nommé, Secrétaire général du Ministère de la Culture et de la Communication, en remplacement de Monsieur Birane NIANG, appelé à autres fonctions.
Monsieur Abdourahmane Dieye, Colonel-Inspecteur Principal des Douanes, est nommé Directeur général de la Douane, en remplacement de Monsieur Oumar DIALLO, appelé à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Papa Demba DIALLO, Administrateur civil principal, matricule de solde n° 513 117/Z, précédemment préfet du Département de Matam, est nommé Gouverneur de la Région de Sédhiou, en remplacement de Monsieur Habib Léon NDIAYE, appelé à autres fonctions
Monsieur Moussa DIAGNE, Administrateur civil, matricule de solde n° 518 911/C, précédemment préfet du Département de Salemata, est nommé Prefet du département de Thies, en remplacement de Monsieur Fode FALL, appelé à autres fonctions ;
Monsieur Jean Paul Malick FAYE, Administrateur civil, matricule de solde n° 661 358/E, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Kédougou chargé des affaires administratives, est nommé Préfet du Département de Salemata, en remplacement de Monsieur Moussa DIAGNE, appelé à autres fonctions ;
Monsieur Souleymane DIAGNE, Administrateur civil, matricule de solde n° 604 925/B, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Louga chargé des affaires administratives, est nommé Préfet du Département de Matam, en remplacement de Monsieur Papa Demba DIALLO, appelé à autres fonctions ;
Monsieur Khalifa GAYE, Maître de Conférences titulaire en Informatique, matricule de solde n°176 104/E, est nommé Directeur des Bourses, au Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation."
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
MEILLEURS VŒUX DU PRÉSIDENT POUR...2024 !
EXCLUSIF SENEPLUS - Le ni oui ni non de Macky Sall lors du discours de fin d’année, ne convainc personne et s’inscrit bien dans un jeu politique clair dont l’étape du Dialogue national en fait assurément partie
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 02/01/2020
(La fable du président et de « ses » opposants triés sur le volet)
Les contrariétés ont été nombreuses ces derniers mois pour Macky Sall. Pêle-mêle, les affaires du petit frère, les dissidences au sein de l’APR sur fond de troisième mandat, la hausse du prix de l’électricité, les activistes aux portes du Palais, l’épisode diplomatique du Comité des droits de l’homme, il était difficile d’envisager un pire démarrage de deuxième mandat ! Voilà, c’était sans compter sur le Dialogue national entre le président et « ses » opposants pour mettre du baume au cœur des sénégalais en cette fin d’année 2019 et en ce début d’année 2020.
Malgré mon ton persifleur, le Dialogue national ne nuit pas à la santé de la démocratie ! Il est indispensable en cas de crise politique et socio-économique aiguë. Et à fortiori lorsque le régime démocratique fonctionne mal ! Chaque pays, sous des formes différentes, y a recours à un moment critique de son histoire politique. Par exemple, eu égard à la dégradation de la situation dans tout le pays, Louis XVI convoqua, le 4 mai 1789, les Etats généraux où les 3 ordres (clergé, noblesse et tiers- état) étaient représentés. Le Roi ambitionna de restaurer une mutuelle confiance et un « amour réciproque » entre le souverain et ses sujets, et d’apporter le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l’Etat. Ainsi pensait-il sauver sa tête !
Le Sénégal serait-il au bord du gouffre pour recourir à ce qui ressemble à des Etats généraux ? Pourquoi, après un large succès à l’élection présidentielle de 2019, Macky Sall se presse-t-il pour consulter « son » opposition et « sa » société civile, si souvent minorés lors de son premier mandat et lors de la suppression du poste de premier ministre ? Pour restaurer une mutuelle confiance comme sous Louis XVI ? Pour rétablir l’Etat de droit qu’il a méthodiquement déconstruit, se rapprochant dangereusement d’une monarchie républicaine ? Pour disposer de cahiers de doléances de son peuple sous forme d’un rapport ?
Pour 2024, pardi ! Pour un troisième mandat direct-assumé ou indirect-déguisé (désignation d’un successeur) ! Le Dialogue national serait utilisé comme une énième fourberie de Macky Sall. Malgré les difficultés réelles de sa gouvernance et les dérives démocratiques certaines, le président sénégalais veut avoir une longueur d’avance pour que l’histoire ne se répète pas avec les Assises nationales initiées par l’opposition sénégalaise de 2007 et parachevées par la journée historique du 23 juin. Son ni oui ni non lors du discours de fin d’année, ne convainc personne et s’inscrit bien dans un jeu politique clair dont l’étape du Dialogue national en fait assurément partie !
Le plan politique de Macky Sall. Dans son discours du 18 juin 2018 en réaction au dialogue sur le pétrole et gaz, Mamadou Diop Decroix est peut-être celui qui décrit le mieux le système Macky Sall : « Le président de la République, comme à son habitude, lance un os à ronger. Il n’appelle au Dialogue que lorsqu’il a fini de signer. Une équipe qui pose ce type d’actes peut-elle bénéficier de la moindre confiance (…) ? ». Il poursuit avec un constat qui fait froid dans le dos : « Le système Macky Sall est dangereux. Son seul principe, c’est sa survie. Tout ce qui peut compromettre sa survie doit être impitoyablement néantisé y compris la loi elle-même, tandis que tout ce qui peut favoriser sa survie répond au référentiel et aux normes. C’est cela qu’on appelle dictature ».
La mise en œuvre du plan de Macky Sall en faveur de sa survie et subséquemment d’un troisième mandat direct ou indirect – les deux étant intimement liés, s’appuie sur :
1) La « schizophrénie » de certains politiques. Le temps des retrouvailles entre le président et « ses » opposants a été long depuis la journée du Dialogue national (28 mai). La mise en place du Comité de pilotage a été laborieuse depuis le décret présidentiel du 3 juillet. D’où des poignées de main bienveillantes et des sourires complices en ce 26 décembre 2019, dans la salle des banquets du Palais présidentiel ! Mamadou Diop Decroix, participant au Dialogue national, avait répondu, sous un ton général de donneur de leçons, à un de mes éditoriaux dans les termes suivants : « Rencontrer Macky Sall ne peut pas être en soi un crime ». C’est l’exemple type du dédoublement de la pensée politique : Parler au président n’est pas un crime alors qu’il commet concomitamment, selon Decroix, des forfaits contre la démocratie, il l’assimile même à un Dictateur (le 26 décembre, Guy Marius Sagna était toujours en détention) ! Parler avec Macky Sall n’est pas un crime, alors que, toujours selon Decroix, tout ce que le président de la République met en place, comme le Dialogue national (interprétation analogique), est au service de sa propre survie ! Allez donc y comprendre quelque chose !
2) L’isolement des vrais opposants. Macky Sall, dès son accession, le 2 avril 2012, ne veut pas de vrais opposants à son régime. Lors de son premier mandat, il les met aux arrêts pour les plus récalcitrants, les chasse du pays pour les plus dangereux d’entre eux, les pourchasse si nécessaire avec le chantage politico-judiciaire à la clé. Et ça marche ! Ce 26 décembre, c’était le Dialogue national sans opposants ! Juste ceux triés sur le volet par Macky Sall ! Les vrais opposants, eux, ont un planning chargé qui, comme par miracle, arrange le président sénégalais ! Les non-participants du PDS livrent bataille pour que l’histoire AJ/PADS ne se répète pas ; tandis que PASTEF, bien esseulé, et sous la menace de poursuites judiciaires en diffamations publiques, doit tenir la dragée haute. La morale-Dialogue est sauve pour Macky Sall ! Ce dont il a besoin, c’est d’une opposition fragmentée, et de préférence occupée par ses affaires internes et judiciaires. Qui reparlent de l’affaire Aliou Sall ? Les frondeurs du PDS, aux côtés des Apéristes, pourfendent Sonko dans l’affaire des 94 milliards. Intérêts convergents ?
3) L’onction de la France. RFI, station de radio publique française, successeur de « Le poste Colonial », a accordé, 8 jours avant la mise en place du Comité du Pilotage du Dialogue national, une longue interview à Oumar Sarr. Le droit de réponse exercé par le PDS sur les ondes de RFI était une erreur de communication ! Simple coïncidence dans l’agenda politique de Macky Sall ? Comment permettre au mouvement Suqali Sopi, frondeur, dépourvu de toute légitimité démocratique et électorale, encore rattaché au PDS, de figurer à un Dialogue national sans le consentement de son Secrétaire général ? Appartenant à l’audiovisuel extérieur de la France, RFI donne une forme d’existence à un épiphénomène politique. C’est loin d’être un hasard ! La visite du premier ministre français, Edouard Philippe, mi-novembre, à Dakar, a permis de sceller le sort des opposants Karim Wade et Ousmane Sonko. La France n’en veut toujours pas, ni en 2019, ni en 2024 !
La crise du développement politique (de la Démocratie) au Sénégal. Jusqu’alors, le système politique sénégalais avait trouvé son équilibre entre la coexistence de l’ordre et du désordre, de l’ambiguïté et de la cohésion, du pouvoir visible et invisible, des alliances contre-nature et des convergences idéologiques, de l’Etat central et des autorités périphériques, et de la répression et du dialogue.
Aujourd’hui, ces équilibres régissant la société politique ne tiennent qu’à un fil. Le Dialogue national en est une triste illustration ! Le fameux équilibre politique sénégalais – je vous emprisonne, et, après votre sacrifice, on se salue entre frères, avec le sourire en prime et une poignée de main chaleureuse, sous couvert de la paix, de la stabilité et de l’intérêt supérieur de la Nation qui ont bon dos – a été incarné par la présence d’Oumar Sarr et de Mamadou Diop Decroix, entre autres, le 26 décembre 2019. Babacar Gaye, dans sa longue interview auto-glorifiante « Il faut sauver le soldat Abdoulaye Wade », reconnait lui aussi que, malgré l’emprisonnement de ses frères par Macky Sall, s’il voyait ce dernier, il le saluerait chaleureusement et l’embrasserait sûrement ! C’est le triomphe du cynisme politique !
Le frondeur du PDS est nostalgique de la lutte sacrificielle de Wade par la case prison le conduisant au Palais. Il érige l’emprisonnement comme principal mode de lutte et de chantage. Il fait de l’homme politique-lutteur l’acteur prédominant de la classe politique, dans un environnement masculinisme. Il participe à la légitimation de la violence de l’Etat car, in fine, il y aura la négociation ! L’Etat peut donc embastiller avec le feu vert d’une certaine opposition. Le peuple lui reste impassible devant ce jeu politique entre les membres de la caste politique. Il laisse faire car c’est un code de sorcellerie entre eux auquel il est habitué (en sus du syndrome de Dakar que j’avais déjà décrit) !
L’alternance au Dialogue national : la jeunesse sénégalaise. A partir du mois d’août, le PDS a été silencieux. Occupé par sa réorganisation sans doute ! Respectueux des efforts de réconciliation de Cheikh Mouhamadou Mountakha Mbacké ! Et de surcroît espérant voir enfin s’appliquer les observations du Comité des droits de l’homme de Genève qui n’est en aucun cas un deal ! Désillusions ! Bien que la révision fût étudiée au plus haut niveau de l’Etat, cette procédure pénale n’entrait ni dans les intérêts de Macky Sall et de son Dialogue national, et ni dans ceux de la France. Certains secrétaires nationaux du PDS ont récemment déclaré la fin de la trêve. Espérons qu’ils auront retenu la leçon ! Il faut impérativement que ce Parti redevienne celui de la défense des libertés publiques (abandonnée aux activistes) et s’adresse, sur les réseaux sociaux, à la jeunesse par un nouveau programme politique ambitieux. Sans oublier des projets que ce parti pourrait déjà réaliser dans le cadre de ses collectivités locales. Je pense par exemple au développement du sport qu’il ne faut pas abandonner aux seuls français !
Le peuple sénégalais avale des couleuvres par les renversements incessants de paroles de certains opposants, par les combinaisons politiciennes où l’on se joue de lui. Cette « sorcellerie » politique, constituée de violence-sacrifice-chantage-dialogue, de cynisme et d’intérêts personnels, ne peut plus servir de modèle à la jeunesse. Cette pratique politique a atteint ses limites d’existence. Nous sommes à l’ère du désenchantement politique ! D’ailleurs, ces opposants déclinent plutôt leurs états de service au passé. Tout en respectant le travail réalisé par leurs aînés, une nouvelle génération doit reconsidérer la pensée politique et réexaminer les institutions au regard des réalités d’aujourd’hui. Les partis de l’opposition doivent travailler à l’unisson dans cette direction.
« Il n’y a de sorcellerie que là où l’on y croit, n’y croyez plus et il n’y en aura plus », prophétisait Bathasar Bekker. C’est ainsi que les Etats généraux du 4 mai 1789 ont été les derniers d’un ancien régime finissant. Car le peuple français a cru en lui un certain 14 juillet ! Le Dialogue national du 26 décembre 2019, sera-t-il le dernier sous sa forme actuelle ? C’est à l’opposition d’en décider et à elle seule avec l’appui souverain du peuple sénégalais. Cette opposition doit être davantage dans l’initiative et doit créer de nouvelles méthodes de lutte politique pour ne plus tomber dans les pièges de Macky Sall et de son Dialogue national.
DONC, PAS ASSEZ DE SÉNÉGALAIS TRAVAILLEURS À NOMMER SELON MACKY SALL ?
Nous disons au président que la meilleure preuve de bon management, c’est de laisser après soi, une ou plusieurs ressources humaines suffisamment qualifiées pour vous succéder et perçues comme telles
Le 31 décembre 2019, en wolof face aux journalistes au palais présidentiel, Macky Sall a donc répondu à la question qui fâche et qui tache, pour enterrer l’année et tenter d’en faire de même avec la question concernée : celle de son éventuel et, disons-le, surréaliste troisième mandat en 2024. En indiquant qu’il répondait par une non-réponse, ce que les Français appellent une réponse de Normand et que nous Sénégalais pourrions qualifier de réponse de Saloum-Saloum : « Je ne répondrai ni par oui, ni par non », a-t-il majestueusement indiqué. Majestueux et despotique, car s’il a dit « servir les Sénégalais », dans son discours télévisé diffusé un peu plus tôt dans la soirée, Macky Sall ne prouve pas le mouvement en marchant : quand on sert un peuple, la première chose qu’on lui doit, c’est la transparence et la claire information sur le cap qu’on fixe au pays.
« Je ne peux pas parler de troisième mandat. Parce que si je dis que je ne serai pas candidat, les gens ne vont plus travailler. Si je dis que je serai candidat, les (…) vont se suivre et ce sera une polémique sans fin ». Bien. C’est là une réponse que le bon sens populaire comprendra, dit dans la langue de Kocc Barma : les Sénégalais, qui refusent qu’on répartisse leur héritage de leur vivant, peuvent en effet être majoritairement enclins à penser que c’est là une réponse qui tient la route. Le rôle d’un leader n’est pas toujours de suivre la masse et d’aller dans le sens du jugement de l’homme de la rue, dont le « bon sens » est la chose la mieux partagée. Il est souvent – et parfois même - de lui montrer la voie et de le convaincre de le suivre pour transformer le pays ; ce qui est le plus exigeant et le plus difficile.
Car, cette réponse n’est pas républicaine ; République que le président Sall a délibérément pris en otage pour quatre années, en refusant toute lisibilité et visibilité sur l’horizon du pays au-delà de 2024.
Macky Sall dispose pourtant du pouvoir exorbitant de remplacer et de dégommer tout collaborateur qui ne « travaillerait » plus assez : le décret présidentiel. Que ne prévoit-il pas d’y recourir, pour le cas où la claire expression qu’il ne se représentera pas en 2024 menacerait de rendre le pays ingouvernable et de le mettre à l’arrêt ? Macky Sall, avec ce « suspense 2024 » pour cause de risque de non-travail de ses collaborateurs, nous dit deux choses :
1) Ses collaborateurs (ministres, députés, hauts fonctionnaires et directeurs de sociétés publiques) ne travaillent que parce qu’ils craignent une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, qui serait le sabre d’un omniprésident Macky Sall au corps aussi éternel que l’était celui du roi dans les monarchies.
2) Sur les seize millions de Sénégalais(es), il n’y en pas un nombre assez suffisant d’entre eux qui soient assez compétents et travailleurs pour remplacer ceux que le président Sall serait amené, par la force des choses, à limoger.
C’est là un signal néfaste et déplorable, qui illustre ce qu’on reproche le plus à nos républiques de pays en développement : l’absence de prédictabilité. Or la prédictabilité des événements est la chose essentielle qui distingue nos démocratures marquées par la corruption et le népotisme (hydres à tête qui repousse à chaque fois qu’on pense l’avoir coupée), qui les distingue donc des pays avancés et normaux.
Sans la prédictabilité, qui est l’exact opposé du fatalisme que Macky Sall érige en foi et doctrine pour justifier sa non-réponse sur 2024, on n’aura ni l’espérance de nos concitoyens en de lendemains meilleurs pour le pays et pour les générations futures. Ni n’attirerons-nous la seule chose qui peut développer nos pays : les investissements privés (et non l’aide au développement et la charité des ONG caritatives internationales, qui tous les deux ne font que promouvoir la mentalité de bénéficiaires éternels de l’assistanat).
Conclusion de Macky Sall: « On ne peut pas accepter de perdre notre temps pour parler d’un sujet sur lequel on va décider en 2024 ». Eh bien, M. le président, c’est bien pourquoi il fallait en parler une bonne fois pour toutes. Pour la clore et la mettre de côté. Ce n’est pas ce que vous avez fait.
Enfin, selon Macky Sall, « il ne peut pas y avoir de dauphin dans (son) parti ». L’APR a beau être une association privée dont nous laisserons les membres et responsables (?) réagir à cette auguste sentence, nous disons au président que la meilleure preuve de bon management, c’est de laisser après soi, une ou plusieurs ressources humaines suffisamment qualifiées pour vous succéder et perçues comme telles.
La « malédiction africaine du troisième mandat » continuera donc de planer sur la pirogue Sénégal pour le reste du Salltennat, comme cela est également le cas dans plusieurs pays de la sous – région : la Côte d’Ivoire de Ouattara et la Guinee Conakry d’Alpha Condé, pour n’en citer que deux. Hélas.
Ousseynou Nar Gueye est fondateur de Tract.sn, General Manager d’Axes & Cibles Com SARL