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2 décembre 2024
Développement
LE SUDES RÉPLIQUE À ISMAILA MADIOR FALL
L'affectation avortée de l'ex-ministre à l'IFAN soulève de nombreuses zones d'ombre. Le syndicat enseignant pointe des contradictions dans les déclarations de l'intéressé et du recteur, avec des manigances illégales - COMMUNIQUÉ
Alors que le recteur de l'Ucad et Ismaila Madior Fall présentent des versions divergentes des faits autour de l'affectation de ce dernier à l'IFAN, le SUDES tire à travers le communiqué suivant, la sonnette d'alarme et décrie les agissements frauduleux visant selon lui, à contourner les textes en vigueur.
"NON E T NON AU VIOL RÉPÉTÉ DES TEXTES À L'UCAD
À la lecture des déclarations contradictoires du porte-parole du recteur de l'UCAD et du professeur Ismaïla Madior Fall sur l'affaire des velléités d'affectation de ce dernier à l'IFAN, le SUDES/ESR Section UCAD voudrait, en guise de clarification, rappeler les faits constants et irréfutables suivants.
Le recteur de l'UCAD avait consulté le directeur de l'IFAN pour une affectation du professeur Fall dans cet Institut. Ce dernier en a informé l'Assemblée des chercheurs de l'IFAN le 30 avril 2024 et non le 6 mai, ainsi que l'affirme le porte-parole du recteur. Ces démarches sont une violation flagrante du décret n° 84-1184 du 13 octobre 1984 i régit l'IFAN. L'Assemblée de l'IFAN au vu des articles 10 et 1 du décret susmentionné n'est pas un organe habilité à statuer sur les questions liées à l'affectation de PER qui relèvent du Comité scientifique comme le stipule l'article 8 du même décret.
En outre, M. Fall déclare avoir soumis une demande d'intégration à l'IFAN quand le porte-parole du Recteur, lui, affirme le contraire. Ces contradictions apparentes prouvent à suffisance les manigances qui étaient en cours. C'est pourquoi, le SUDES/ESR Section UCAD se réjouit d'avoir réussi à mettre à nu les manœuvres illégales pour caser un enseignant-chercheur fut-il un ancien ministre.
Au demeurant, M. Fall semble avoir une connaissance approximative du décret qui organise l'IFAN quand il soutient que seuls les avis favorables de sa faculté d'origine et de l'IFAN comptent pour lui permettre de rejoindre l'institution. Le SUDES/ESR Section UCAD se permet de rappeler à monsieur le Professeur titulaire de classe exceptionnelle de droit que suivant l'article 24 du décret, de quo supra, il ne pourrait rejoindre cet Institut que par un arrêté du ministre chargé de l'Énseignement supérieur sur proposition du Comité scientifique et après avis de l'Assemblée de l'université.
Le SUDES/ESR Section UCAD voudrait également s'offusquer de la vision étroite et égocentrique qu'a M. Fall de son rôle de professeur titulaire de classe exceptionnelle quand il affirme qu'il serait à présent plus utile à la communauté universitaire en rejoignant l'IFAN pour se consacrer à la recherche. M. Fall en tant qu'enseignant-chercheur peut bien mener des recherches en s'acquittant de ses tâches d'enseignement et d'encadrement à la FSJP qui comme la plupart des facultés souffre d'un déficit démentiel d'encadrement et d'un ratio PER/étudiant alarmant.
Par ailleurs, M. Fall qui se targue d'une expérience gouvernementale décennale en tentant de disqualifier les préoccupations légitimes des syndicalistes qu'il accuse d'ignorance ou de mauvaise foi fait preuve d'une arrogance déconcertante et inadmissible.
Le SUDES/ESR Section UCAD rappelle que les syndicats jouent un rôle crucial dans la défense des règles de fonctionnement de l'université, dans la protection des droits et des intérêts des enseignants-chercheurs et que leur voix doit être entendue et respectée dans les processus décisionnels universitaires.
Le SUDES/ESR Section UCAD souligne qu'il ne saurait avoir de compte à solder avec quiconque et que son attachement au respect des textes est en l'occurrence sa seule motivation.
En conséquence, el SUDES/ESR Section UCAD voudrait :
1. Exprimer sa profonde inquiétude face à l'attitude inconvenante de M. Fall et du recteur vis-à-vis des textes qui régissent nos institutions.
2. Exiger du recteur encore une fois de plus le respect strict des textes.
3. En appeler au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation pour une analyse approfondie du dossier, à la lumière des défis de l'UCAD en termes de ressources humaines, quand tel que le stipule le décret 84-1184, la demande de monsieur Fall lui sera soumise."
par Farid Bathily
EN AFRIQUE, L'ATTRAIT DE WASHINGTON S'ÉRODE AU PROFIT DE PÉKIN
La Chine a connu en 2023 et pour la première fois depuis plus d'une décennie, son plus important bond de popularité sur le continent africain, selon une nouvelle enquête de l'institut Gallup. Parallèlement, son rival américain a décliné.
La Chine a connu en 2023 et pour la première fois depuis plus d'une décennie, son plus important bond de popularité sur le continent africain, selon une nouvelle enquête de l'institut Gallup. Parallèlement, son rival américain a décliné, d'après la même étude.
En 2023, le taux de popularité américaine en Afrique était de 56% selon le baromètre des leaders du monde de l'institut Gallup qui révèle les taux d'approbation des États-Unis, de l'Allemagne, de la Russie et de la Chine dans plus de 130 pays.
Cela représente une baisse de trois points par rapport à l'année précédente. Des quatre puissances concernées, Washington est la seule à voir son chiffre décliner pendant cette période. Plus remarquable, le pays de l'oncle Sam est devancé par la Chine estimée à 58%, contre 52% en 2022.
Il s'agit d'une première depuis 2018 quand cette dernière menait alors les États-Unis d'une courte tête (53 contre 52%). Mieux, l'Empire du Milieu n'avait plus connu une hausse d'approbation aussi spectaculaire d'une année à l'autre depuis 2010-2011.
Meilleure perception chinoise
Pékin a notamment vu sa cote de popularité bondir à deux chiffres dans sept pays, dont cinq situés en Afrique de l'Ouest. Les plus fortes progressions concernent le Ghana (+15 points), ainsi que la Côte d'Ivoire et le Sénégal dont la hausse d'approbation atteint 14 points chacun.
Gallup indique à cet effet que le facteur décisif à cette forte flambée de l'image de la Chine dans ces pays concerne l'effritement du camp des personnes autrefois "sans avis" sur la question. Autrement dit, nombre de sondés auparavant sans opinion sur le leadership chinois ont aujourd'hui une position plus positive.
Cela tient d'une prise de position plus nette des populations vis-à-vis de Pékin, premier investisseur étranger sur le continent. Les États-Unis jouissent également d'un gain de popularité à deux chiffres dans sept nations, mais leur effondrement est plus marqué.
La Russie en embuscade
C'est notamment le cas en Ouganda (-29 points), en Gambie (-21 points) et au Kenya (-14 points). Les taux d'approbation du leadership américain restent les plus bas en Libye (23%) et en Somalie (25%).
Le rapport constate par ailleurs un regain de popularité de la Russie auprès des populations africaines. Avec un taux d'approbation de 42% en 2023 – soit huit points de plus que 2022 –, Moscou réalise sa meilleure performance sur le continent depuis 2012.
Le soutien à Moscou demeure exceptionnellement élevé dans les pays du Sahel, dont le Mali (89 %), le Burkina Faso (81 %) et le Tchad (76 %).
par Macky Sall
LE SYSTÈME FINANCIER INTERNATIONAL APPROFONDIT LES INÉGALITÉS
Notre accès au capital est à la fois restreint et scandaleusement onéreux. Nos politiques fiscales et monétaires sont dictées, de fait, par des banques centrales lointaines. Nous n'avons pas voix au chapitre
Dans une tribune publiée le 8 mai 2024 sur le site de Context, une plateforme de la Thomson Reuters Foundation consacrée au changement climatique, aux impacts des technologies sur la société et aux économies inclusives, Macky Sall, l'ancien président devenu Envoyé spécial pour le Pacte de Paris pour les peuples et la planète depuis la fin de son mandat, dénonce le système financier international.
"Lorsque je réfléchis à mes 12 années passées en tant que président du Sénégal, une leçon se détache : à quel point le système financier international est déloyal envers les pays en développement comme le mien. Peu importe la solidité de nos politiques économiques, nous sommes considérés comme un pari risqué. Notre accès au capital est à la fois restreint et scandaleusement onéreux. Nos politiques fiscales et monétaires sont dictées, de fait, par des banques centrales lointaines. Et quand nous essayons de protester, nous découvrons que nous n'avons pas voix au chapitre.
Il a fallu une pandémie, et l'implosion économique qui a suivi, pour que ces failles deviennent visibles pour tous. Cela a conduit les Nations Unies et le Fonds Monétaire International (FMI) à appeler à un nouveau « moment de Bretton Woods » : une réforme en profondeur des institutions financières internationales.
Quatre ans plus tard, avec le Covid sous contrôle et une fragile reprise économique mondiale en cours, l'élan réformiste risque de s'estomper au fur et à mesure que le sentiment d'urgence s'estompe.
Mais pour la plupart d'entre nous dans le monde en développement, ces efforts ont été insuffisants. Les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés n'ont pas disparu. Au cours des trois dernières années seulement, il y a eu 18 défauts souverains dans 10 pays en développement - plus que tous les défauts de paiement de la dernière décennie réunis.
Les inégalités mondiales continuent de croître
Selon la Banque mondiale, 60% des pays à faible revenu courent un risque élevé de surendettement ou y sont déjà. Les paiements d'intérêts de ces pays ont quadruplé au cours des 10 dernières années alors que les taux d'intérêt mondiaux ont bondi.
Pour honorer le remboursement de leur dette, les pays à faible revenu réduisent les dépenses dans l'éducation, la santé et autres services publics. Ce faisant, ils sacrifient aussi leur droit à un avenir meilleur.
L'Afrique paie désormais davantage en service de sa dette qu'elle ne consacre à investir dans la résilience climatique, estimée à 50 milliards de dollars par an. Sa dette extérieure a atteint 824 milliards de dollars en 2021, les pays y consacrant 65% de leur PIB pour rembourser ces obligations.
Lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI cette année, le FMI a mis en garde contre la croissance des inégalités mondiales, avec « les pays les plus pauvres qui s'éloignent encore davantage ».
Le besoin de rendre le système financier international plus équitable, plus réactif aux besoins réels du monde en développement, et plus représentatif de la communauté mondiale, est plus urgent que jamais.
L'année dernière à Paris, lors d'un sommet mondial convoqué par le président français Emmanuel Macron, 32 pays dont le Sénégal se sont mis d'accord sur le Pacte de Paris pour les peuples et la planète (P4).
Nos objectifs sont clairs : créer un monde où la pauvreté a été éradiquée et la planète préservée, et où les pays vulnérables sont mieux armés pour faire face aux crises. Pour ce faire, nous visons à mobiliser toutes les sources de financement, ce qui explique pourquoi la réforme du système financier international est au sommet de notre agenda.
Nous savons que de nombreuses institutions partagent nos objectifs et que nous ne souhaitons pas dupliquer leurs efforts. Au contraire, nous plaidons pour une nouvelle approche, que j'appelle le 'multilatéralisme inclusif'.
Nous cherchons à rassembler le plus de pays possible, de tous les continents et niveaux de revenus, en surmontant les divisions - Est contre Ouest, Nord global contre Sud, pays verts contre pollueurs - qui ont nui aux initiatives par le passé.
Réécrire les règles de la finance mondiale
En tant que plateforme, nous pouvons d'ores et déjà pointer certains progrès. Par exemple, notre campagne en faveur d'une plus grande représentation des pays en développement dans la gouvernance des institutions financières internationales commence à porter ses fruits.
En octobre dernier, les membres du FMI ont approuvé l'élargissement de son Conseil d'administration pour inclure un troisième représentant africain sur 25, ce qui contribuera à renforcer la voix du continent dans les affaires économiques et financières.
Mais il nous reste encore un long chemin à parcourir.
Nous encourageons également les gouvernements à exiger des agences de notation des critères objectifs, transparents et mesurables dans l'évaluation du risque souverain.
Des recherches menées par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) montrent que ces agences attribuent systématiquement des notations de risque plus élevées aux pays pauvres, indépendamment des réalités économiques sur le terrain.
Cela a abouti à une situation où, en moyenne, les pays africains paient quatre fois plus pour emprunter que les États-Unis et huit fois plus que les économies européennes les plus riches. Notre accès au financement du développement et du climat dépend de la fin de cette discrimination financière.
Un autre objectif est d'attirer au moins un euro de financement privé pour chaque euro de financement public dépensé dans le développement, le climat et la nature.
Nous invitons davantage de pays à rejoindre le Pacte de Paris pour réécrire les règles de la finance mondiale, donner aux pays en développement une plus grande influence dans les institutions financières internationales et mobiliser le financement pour une croissance durable.
Ce faisant, nous espérons créer un nouvel ordre financier mondial inclusif et à la hauteur des enjeux du 21ème siècle."
LE NOUVEAU DÉFI DE PAPE ALÉ NIANG
Lanceur d'alerte intrépide des scandales d'Etat, PAN collectionne les séjours en prison. Sa nomination aux commandes de la RTS surprend. Saura-t-il conjuguer engagements et rigueur déontologique à la tête de cette grande maison ?
Pape Alé Niang, nouveau directeur général de la RTS, a toujours été un personnage clivant qui n’a jamais hésité à assumer ses opinions et ses points de vue. Une posture qui, selon ses détracteurs, va à l’encontre du principe d’objectivité qui est la base du métier de journaliste. Depuis ses débuts à Sud Banlieue en passant par la 2STV et finalement à la RTS, Pape Alé Niang (Pan) s’est imposé dans le paysage médiatique sénégalais comme un des plus farouches ‘’opposants’’ à Macky Sall qui l’a emprisonné plusieurs fois. Une situation qui n’a pas fait fléchir ce chevalier blanc prêt à lutter contre l’injustice et la corruption.
‘’Je refuse tout soin et je suis prêt à en assumer toutes les conséquences’’, dit Pape Alé Niang dans un de ses vidéos sur sa chaîne YouTube, à la suite de sa libération le 10 janvier 2023. Le journaliste est alors emprisonné pendant plusieurs jours pour diffusion de fausses nouvelles et indique aux yeux de l’opinion publique sénégalaise de sa détermination à aller jusqu’au bout de ses idées.
Pape Alé Niang, Directeur de Dakar Matin, a été inculpé, le 9 novembre 2023, entre autres, pour ‘’divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la défense nationale’’, de ‘’recel de documents administratifs et militaires’’ et de ‘’diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques’’. Cette inculpation suivie d’une détention avait déclenché une levée de boucliers de tous les organismes de droits et de la Coordination des associations de presse (Cap). Cette mobilisation avait abouti à l’élargissement de l’ancien journaliste de la 2STV, mais n’avait pas réussi à faire taire ses détracteurs qui l'accusent d’avoir troqué sa casquette de journaliste pour celle d’activiste et plus particulièrement de partisan de Pastef, le parti d’Ousmane Sonko.
Sa couverture de l’arrestation de ce dernier, sur son site Dakar Matin pour ‘’terrorisme, appel à l’insurrection et atteinte à la sureté de l’État’’ lui vaut son incarcération pour une dizaine de jours. Il n’en sortira qu’après une grève de la faim et un passage à l’hôpital, mais placé sous contrôle judiciaire.
Il faut dire que l’ex-pensionnaire de l’Issic a multiplié les séjours à la prison de Sébikotane, depuis le début de l’affaire Sweet Beauté. Pape Alé avait été arrêté en novembre et en décembre 2022, avant d’être libéré en janvier 2023, à la suite d’une grève de la faim. Des affirmations que ce dernier balaie d’un revers de main et rappelle souvent à ses détracteurs qu’il fut l’une des rares personnes à avoir été accepté dans l’entourage de Macky Sall, alors que ce dernier, opposant de Me Abdoulaye Wade, a été convoqué au commissariat central pour des questions de blanchiment d’argent en 2011.
En outre, ce titulaire d'une Maîtrise en sociologie à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar n’hésite pas à rappeler que son micro était ouvert à tous les opposants de Wade dans son émission sur la 2STV et qu’il n’a jamais été encarté chez les patriotes. Une manière pour ce membre de la Cellule Norbert Zongo (Cenozo), qui regroupe les journalistes d'investigation en Afrique de l'Ouest, d’indiquer le principe de la lutte contre l’injustice comme celle de l’affaire de corruption et de détournement de deniers publics qui mit fin à la carrière de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall.
Pape Alé Niang refuse de voir son engagement se cantonner à la défense de la cause d’Ousmane Sonko avec qui il a tissé des liens d’amitié. Un rapport de confiance entre les deux hommes qui s’est traduit lors de la soirée électorale de la Présidentielle 2019.
Devant la presse nationale et internationale, le maire de Ziguinchor va dénoncer d’éventuelles fraudes perpétrées par le camp présidentiel, sur la base des informations fournies par de son ‘’ami’’.
Un lanceur d’alerte au cœur des scandales de la République
Ce quadragénaire s’est fait le spécialiste des révélations en tout genre sous le règne de Macky Sall. Malgré la présence d’un frère ainé au cœur de l’appareil étatique, Maguette Niang, directeur général du Budget au ministère des Finances, Pape Alé Niang s’est fait un devoir de faire tomber le régime de ‘’Niangal’’ Sall et n’hésite pas à cogner sur le président et certains pontes du régime.
Dans son livre ‘’Scandale au cœur de la République - Dossier Coud’’ en 2020, il n’a pas hésité à fouiller, sur la base du rapport 2014-2015 de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), la gestion du Centre des œuvres universitaires de Dakar qu’il considérait comme l’un des plus gros scandales financiers sous l’ère Macky Sall.
Pape Alé Niang a toujours été un personnage indépendant et de nature têtue. ‘’Je peux aussi dire que Pan est une personne très joviale, un peu taquine à la limite. Mais dès qu’il croit en quelque chose, il va jusqu’au bout et il faut déployer une bonne capacité de persuasion pour le contraindre à renoncer. C’est un esprit téméraire et un peu rebelle qui se cache derrière ce syndicaliste qui n’a jamais hésité à monter au front pour défendre des collègues embastillés’’, soutient l’ancien directeur de Sud FM, Oumar Diouf Fall.
Doté d’une audace sans limites, il n'hésite pas à mettre le doigt sur des dossiers sulfureux de la République, comme celui de Locafrique au blanchiment d’argent opéré par certains membres éminents de la communauté libanaise au Sénégal, en passant par l’assassinat de Me Babacar Sèye. D'après plusieurs informations, ces enquêtes serviront de base de travail au livre d’Abdou Latif Coulibaly, son ancien professeur à l’Issic, consacré à cette affaire.
Un nouveau directeur général de la RTS à l’épreuve
Pape Alé Niang, qui n’a jamais été tendre avec la RTS, se trouve désormais propulsé à la tête de la grosse boite du Triangle Sud, provoquant l’incompréhension de certains employés qui auraient préféré un personnage moins clivant à la tête de la Radiotélévision du Sénégal.
Mais pour Mama Moussa Niang, secrétaire général de la section RTS du Syndicat des professionnels de l’audiovisuel public (Synpap), c’est un faux débat. ‘’Ce qui importe pour nous, c’est d’avoir un bon directeur capable de jouer le rôle de coordinateur, de capitaine’’, indique-t-il.
Pape Alé Niang a toujours été un homme engagé, qui n’a jamais hésité à défendre les opprimés et les victimes d’injustice, même au péril de sa vie, nous révèle son ancien patron à la radio Sud FM Oumar Diouf Fall. ‘’J’ai encadré Pape Alé Niang, quand il est fraîchement sorti de l’Issic. Il a affûté ses armes dans la station Sud Banlieue avec d’autres jeunes reporters comme Isseu Niang, Ndèye Marième Ndiaye, Abdoulaye Cissé et Fabrice Nguema. C’était un journaliste compétent, doté d’un bagage intellectuel et bosseur par nature. Il ne rechignait jamais à la tâche et était très dévoué à sa tâche. Il était présent dès 4 h pour faire la revue de presse avec l’équipe du matin’’, informe-t-il.
Combatif, Pan aime bousculer les hiérarchies et les codes de son métier qui rendent parfois routinier le travail de journaliste. ‘’En tant que rédacteur en chef de l’information, il nous incitait quotidiennement à faire des reportages et à délaisser les conférences de presse. Il ne voulait pas d’un journalisme passif’’, révèle un de ses reporters. Cette personne s’est toujours présentée comme quelqu'un d'indépendant, qui n’hésite jamais à vous dire la vérité en face, peu importe les conséquences. Une intransigeance qui va lui coûter sa place dans la chaîne d’El Hadj Ndiaye avec lequel il s’est brouillé à la fin de leur collaboration en 2019, après l’épisode Sud FM. Selon plusieurs rumeurs, le choix d’inviter le leader du Pastef, Ousmane Sonko, le 31 décembre 2018, lui a valu son licenciement à la 2STV. Une version contestée par le président-directeur général d’Origines SA qui évoque une succession de pieds de nez à son autorité de la part de son animateur fétiche qui a finalement justifié son licenciement.
Après un passage éclair à la Sen TV, cet homme marié réussit à mettre sur pied son propre site d’informations Dakar Matin, offrant une large tribune aux opposants du régime de Macky Sall.
Pour Oumar Diouf Fall, cette volonté de préserver sa liberté d’action et ses convictions profondes est si forte en lui qu’il n’hésitera pas à démissionner ou à aller au clash si on veut le forcer à faire des choses contraires à ses croyances.
Profession de foi d’un journaliste militant
La profession de foi de ce journaliste militant trône en première page sur son compte X : ‘’Je suis un journaliste sénégalais engagé pour les causes justes. Je me bats pour une véritable société démocratique ancrée dans la bonne gouvernance.’’ Une démarche qui a toujours été en adéquation avec sa dévotion pour le métier de journaliste.
Ainsi, d’après Ibrahima Lissa Faye, journaliste et fondateur du site en ligne Pressafrik qui l’a côtoyé au groupe Sud Communication, derrière ce petit homme à la carrure frêle et aux lunettes bien ajustées sur le nez, lui donnant un air de professeur, se cache un farouche combattant et défenseur de la presse. ‘’Je me souviens qu’on avait créé avec Habiboulah Fall, Papé Alé Niang et moi la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) et lui était chargé des relations publiques. On s’est engagé corps et âme dans la lutte pour faire libérer Madiambal Diagne, patron du journal ‘le Quotidien’, en 2004. On peut dire qu’il a toujours fait du journalisme engagé. Je peux vous dire que c’est un homme très gentil et affable. Mais, par moments, il peut s’emporter’’, affirme le président de l’Association de la presse en ligne.
Pape Alé Niang s’est toujours présenté comme un chevalier blanc qui part en croisade contre l’autoritarisme et la gabegie. Ndèye Fatou Sy, son ancienne collègue, se souvient d’un journaliste toujours à l’affût d’informations de première main et si possible dérangeantes pour le pouvoir, fait-elle savoir dans le magazine panafricain ‘’Jeune Afrique’’. Depuis 2019, à travers son site en ligne Dakar Matin, Pape Alé Niang, à travers ses vidéos en wolof, a réussi à avoir un public fidèle et une forte communauté en ligne qui en fait l’un des journalistes les plus suivis sur le Net. Même si les principes de base du journalisme d’investigation sont parfois chahutés au profit de la recherche effrénée de scoops et de la volonté d’alimenter un narratif anti-pouvoir sous Macky Sall.
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GUAL BI TER, UNE ŒUVRE POIGNANTE QUI QUESTIONNE L'IMMIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Une pirogue coupée en deux exposée à Ouakam. Derrière cette œuvre choc se cache une réflexion sur l'immigration clandestine et ses conséquences. L'artiste Moussa Ndiaye questionne aussi les difficultés des communautés côtières à travers ce symbole fort
L'artiste sénégalais Moussa Ndiaye frappe fort avec sa dernière création, "Gual bi Ter". Cette installation monumentale sur la plage Jean le Fèvre à Ouakam sur les Mamelles attire l'attention sur les réalités complexes de l'immigration et les défis auxquels sont confrontées les communautés côtières au Sénégal.
"Gual bi Ter" met en scène une pirogue coupée en deux, symbole puissant des tragédies humaines liées à l'immigration clandestine. L'œuvre invite à une réflexion profonde sur les motivations des migrants, les dangers qu'ils encourent et les conséquences de ces migrations sur la jeunesse.
"Gual bi Ter" est une composition artistique soigneusement élaborée, mettant en scène une pirogue chargée d'histoire. Ayant chaviré sur la plage de Ouakam, cette embarcation venue d’ailleurs a été le théâtre d'une tragédie humaine, transportant des migrants clandestins cherchant un avenir meilleur en Europe. L'œuvre explore visuellement cette histoire en positionnant les deux moitiés de la pirogue à la verticale, se faisant face et créant un espace entre elles qui offre une vue suggestive sur la mer. L'installation évoque une pirogue inclinée vers le ciel, remettant en question l'image traditionnelle dans la culture lébou d'une embarcation pointant vers l'océan.
Ndiaye explore également d'autres thématiques cruciales, telles que la pêche infructueuse, les pertes foncières et le manque de perspectives d'avenir pour la jeunesse. Son message est clair : il est urgent de trouver des solutions durables aux problèmes qui touchent les communautés côtières sénégalaises mais aussi à ces voyages périlleux qui impactent toute une génération en désespoir sur tout le continent africain.
Un geste de résistance artistique face à la prédation foncière
Le choix d'installer "Gual bi Ter" sur la plage Jean le Fèvre à Ouakam sur les Mamelles n'est pas anodin. Cette plage, lieu symbolique et cher aux Lebou de Ouakam, était menacée par une prédation foncière. En choisissant d'y installer son œuvre monumentale, Moussa Ndiaye a posé un geste de résistance artistique, attirant l'attention sur cette problématique et empêchant la destruction de ce site patrimonial.
La dimension monumentale de l'œuvre a imposé le respect et a contribué à clore le débat sur l'avenir de cette plage. "Gual bi Ter" est devenu un symbole de la lutte contre la prédation foncière et un rappel de l'importance de préserver le patrimoine culturel et naturel du Sénégal.
"Gual bi Ter" est une œuvre d'art puissante et émouvante qui ne manquera pas de susciter des débats et réflexions. C'est une invitation à repenser nos perceptions de l'immigration et du développement et à agir pour un monde plus juste et équitable.
Un dialogue ouvert et constructif
L'objectif de Moussa Ndiaye n'est pas de donner des leçons ou de proposer des solutions toutes faites. Il s'agit plutôt d'ouvrir un dialogue, de susciter la réflexion et d'encourager une prise de conscience collective. Son art agit comme un catalyseur de discussions et d'actions, permettant de faire avancer la cause des communautés marginalisées et de construire un avenir meilleur.
"A travers cette œuvre je cherche à donner une voix visuelle aux réalités difficiles de l'immigration et à stimuler une prise de conscience sur les défis complexes auxquels font face les communautés côtières au Sénégal mais aussi la jeunesse africaine les poussant vers ces périlleux voyages. Je souhaite inspirer un dialogue ouvert et constructif sur ces enjeux."
LES AGRICULTEURS SÉNÉGALAIS PEUVENT SE FROTTER LES MAINS
Baisse mondiale des prix des engrais, et augmentation de la subvention des intrants agricoles au niveau national.
Le gouvernement du Sénégal a considérablement augmenté la subvention des intrants agricoles dans le pays. Une mesure qui coïncide avec une baisse mondiale des prix des engrais. Au final, ce sont les agriculteurs qui demeurent les grands gagnants dans cette affaire.
Après la pluie, c’est le beau temps pour les agriculteurs. Le marché des engrais au niveau mondial avait connu de grandes hausses en 2022 à cause des nombreuses perturbations de l’approvisionnement et des restrictions commerciales. Aujourd’hui, cette page est en train d’être tournée. La preuve, selon le rapport Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale repris par l’agence Ecofin, sur le premier trimestre 2024, les prix mondiaux des engrais ont reculé de 30 %. Dans les détails, rapporte-t-elle, le prix de l’engrais phosphaté le plus répandu (Phosphate diammonique-DAP) a atteint une moyenne de 599,2 $ pour la tonne sur le trimestre écoulé, soit un recul de 2,8 % par rapport à l’année dernière (616,5 $).
Il est également établi que le chlorure de potassium (MOP) a enregistré une baisse de près de 40 % de son tarif à 295,4 $ la tonne alors que les mêmes quantités de Superphosphate triple (TSP) et d’urée ont respectivement chuté d’environ 18 % et 9 % à 451,3 $ et 338,9 $. Selon la Banque mondiale, rapporte toujours Ecofin, cette tendance des prix s’explique notamment par la réduction des prix du gaz naturel européen et du charbon en Chine qui ont atteint sur la période sous revue la moitié de leurs prix enregistrés un an plus tôt. Cette situation a notamment aidé à l’augmentation de la production d’ammoniac, ingrédient de base de la fabrication des engrais azotés, souligne-t-elle. Non sans attirer l’attention sur la résilience des exportations de MOP par la Biélorussie et la Russie (près de 50 % de la production mondiale) malgré les sanctions occidentales. D’après l’institution financière, la Biélorussie a accru ses envois vers la Chine et réorienté vers l’Europe, les cargaisons destinées habituellement au Canada. Pour la Banque mondiale, la baisse des prix des engrais devrait encore se poursuivre d’ici la fin d’année. «L’urée, la roche de phosphate et le TSP devraient ainsi terminer 2024 avec des niveaux en baisse par rapport à 2023 à l’exception du DAP même si le tarif de ce dernier produit restera en recul comparativement au montant record enregistré en 2022 », lit-on dans le document exploité par l’Agence Ecofin. Il faut noter par ailleurs que cette donne coïncide avec une forte augmentation de la subvention des intrants agricoles suite au conseil interministériel présidé le 3 mai dernier par le Premier ministre Ousmane Sonko.
A l’issue de cette rencontre, le gouvernement a exprimé sa volonté de consacrer 120 milliards FCFA (environ 197 millions $) à la subvention des intrants au cours de la campagne agricole 2024/2025. « Cette enveloppe affiche une hausse de 20% par rapport au budget de 100 milliards FCFA (environ 164 millions $) alloué au programme de subvention au cours de la campagne précédente», apprend-on. Parmi les autres mesures prises par le gouvernement, on peut noter la numérisation du système de distribution des intrants, en vue d’assurer une traçabilité complète des subventions agricoles, la création d’une cellule logistique militaire du ministère des Forces armées pour contribuer à la distribution des intrants agricoles, … Cette série de mesures envers le secteur agricole est grandement salué. Elles vont aider à révolutionner ce secteur qui contribue à hauteur d’environ 15% au PIB et emploie plus de 20% de la population active.
VIDEO
LA CONVERGENCE INATTENDUE ENTRE DAKAR ET ABIDJAN
Génération et vision politiques les séparent. À 82 ans, Ouattara est un poids lourd libéral de la vieille garde africaine. Diomaye, 44 ans, se veut l'incarnation de la rupture panafricaniste. Pourtant, les deux font front commun face à la crise sahélienne
(SenePlus) - Malgré leurs différences générationnelles et idéologiques, les présidents sénégalais Bassirou Diomaye Faye et ivoirien Alassane Ouattara ont affiché leur "totale convergence de vue" lors de la visite du nouveau chef d'État sénégalais à Abidjan le 7 mai, d'après une analyse du journal Le Monde.
Cette rencontre intervient dans un contexte de crise politique sans précédent en Afrique de l'Ouest, après les coups d'État militaires au Mali, Burkina Faso et Niger. Selon Le Monde, "le Sénégal pourrait s'affirmer comme un médiateur avec les régimes putschistes du Sahel."
Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, se décrit comme un "panafricaniste de gauche" incarnant la rupture après son élection démocratique fin mars. À l'inverse, Alassane Ouattara, 82 ans, est un libéral de droite prônant la continuité à la tête de la Côte d'Ivoire pour un troisième mandat.
Comme le souligne Le Monde, "deux hommes que peu de choses rapprochent à première vue, mais à la tête des poids lourds francophones d'Afrique de l'Ouest".
Pourtant, les deux présidents ont mis en avant leurs visions communes. Ouattara a adressé ses "chaleureuses félicitations" à Faye, avec qui il partage une "convergence totale des points de vue" sur les questions internationales et régionales.
Faye a confirmé vouloir "œuvrer à dissiper les incompréhensions" avec la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), un "outil formidable d'intégration" à préserver selon ses dires rapportés par Le Monde.
"Bassirou Diomaye Faye semble vouloir se poser en médiateur pour empêcher les pays" du Sahel de quitter la Cédéao, analyse pour Le Monde Caroline Roussy de l'Institut de relations internationales et stratégiques.
Son élection démocratique à 44 ans et son discours de rupture pourraient faciliter le dialogue avec les juntes, qui partagent certaines de ses aspirations comme la fin du franc CFA.
"Bassirou Diomaye Faye est dans une position qui nécessite beaucoup d'intelligence diplomatique" pour ne pas "crisper" ces régimes, estime Mamadou Hady Dème, chercheur à l'université de Dakar, cité par le journal.
Alors qu'Ouattara entretient des liens glacials avec les juntes, c'est donc le Sénégal, "rare pays à pouvoir parler à tous", qui pourrait être la "clé de l'apaisement" régional, poursuit l'analyse. Une visite du Premier ministre sénégalais au Sahel est d'ailleurs prévue.
En choisissant Abidjan pour sa première visite non limitrophe plutôt que la France comme ses prédécesseurs, Faye illustre "la diplomatie de proximité" que veut privilégier Dakar, une "première rupture" notable selon M. Dème cité par Le Monde.
Les relations apaisées entre les présidents sénégalais et ivoirien semblent ainsi promettre un nouveau partenariat influent face aux défis régionaux en Afrique de l'Ouest.
par Ismaila Madior Fall
LES RÈGLEMENTS DE COMPTES PERSONNELS N'ONT PAS DROIT DE CITÉ À L'UNIVERSITÉ
Les syndicalistes du SUDES, qui ont écrit ce communiqué fustigeant ma démarche, sont ou ignorants des règles qui régissent le statut des enseignants chercheurs ou de mauvaise foi. Respectons les usages et la liberté académiques
La communication du porte-parole du Recteur de l'UCAD, le Professeur Mbaye Thiam a été éclairante sur la question mais il convient de faire les précisions suivantes :
Après avoir formé une cinquantaine de docteurs et des professeurs agrégés, présidé le concours d'agrégation de droit public du CAMES et accumulé une expérience gouvernementale décennale, j'ai considéré que, de retour à l'Université, je serai plus utile à la communauté universitaire en dirigeant des recherches sur divers sujets portant sur les politiques publiques et la gouvernance plutôt que de donner des enseignements sur les disciplines classiques que les professeurs que j'ai formés assurent de manière remarquable.
Mes activités d'enseignement à la FSJP pourraient alors se limiter à ce qu'ils souhaitent que je complète par des conférences de méthode et des cours sur des aspects pratiques non abordés par les enseignements théoriques.
A cet effet, j'ai introduit une demande auprès du Recteur dont seul un début d'instruction provoque des cris d'orfraie de syndicalistes à qui il faut rappeler l'histoire intellectuelle et la vocation pluridisciplinaire de l'IFAN, mais aussi la vocation hospitalière de celui-ci qui a fait sa réputation.
Les syndicalistes du SUDES, qui ont écrit ce communiqué fustigeant ma démarche, sont ou ignorants des règles qui régissent le statut des enseignants chercheurs ou de mauvaise foi. Le Recteur ne peut pas et ne veut pas m'affecter proprio motu à l'IFAN. Il ne peut que soumettre ma demande aux instances délibérantes des deux institutions (IFAN et FSJP) pour avis avant de prendre une décision y relative.
La FAC donne un avis favorable, l'IFAN de même, des syndicalistes ne peuvent pas s'y opposer. En cas de divergence d'avis, je m'acquitte de ma charge de professeur titulaire de classe exceptionnelle d'une demi-journée par semaine. Et j'ai tout mon temps libre à moi.
C'est une profanation des traditions universitaires et de la décence de ruer dans les brancards et de crier sur la place publique un avis d'opposition qu'on peut sereinement donner dans les instances appropriées.
Respectons les usages et la liberté académiques. Les règlements de comptes personnels n'ont pas droit de cité à l'Université.
par Nioxor Tine
PAS DE TRANSFORMATION SYSTÉMIQUE SANS REFONDATION INSTITUTIONNELLE
Porteur d'ambitions de changement, le nouvel exécutif est contraint d'avancer sur plusieurs fronts pour matérialiser sa vision et contrer les assauts de l'opposition
Un peu plus d’un mois après la constitution du gouvernement issu de la Coalition Diomaye Président, l’espoir, dont se réclamait frauduleusement l’ancienne majorité et qui s’était progressivement éteint, est en train de renaître. Certes, tout n’est pas pour le mieux, dans le meilleur des mondes, mais il y a quelques signes encourageants comme l’angle de traitement de questions aussi sensibles que la reddition des comptes, la question foncière y compris l’occupation illégale du domaine public maritime, la campagne agricole, les contrats de pêche, la question panafricaine…
Des efforts ont été faits pour ce qui est de la taille du gouvernement, même si des malentendus persistent, avec certains pans de l’élite féminine, sur le niveau de la représentation féminine dans l’Exécutif.
On ne peut manquer d’évoquer ces actes ambigus posés sur la question religieuse, pourtant clairement tranchée par le peuple, lors des différentes consultations électorales, depuis plusieurs années.
Pendant ce temps, les larges masses laborieuses, tout en mesurant l’ampleur de la tâche et conscientes, que l’équipe de Diomaye-Sonko n’en est qu’à ses premiers pas, se félicitent de ces courageuses mesures. Il n’y a que quelques mercenaires de la plume, dont certains voient leurs noms cités dans des scandales économiques et surtout fonciers, qui se muent en donneurs de leçons, accusant les nouvelles autorités de reniement de leurs engagements préélectoraux et continuant de les diaboliser, de plus belle, malgré le désaveu subi par leur camp politique.
Ce faisant, ils font semblant d’oublier, que c’est la résistance farouche du duo Sonko-Diomaye, à l’arbitraire du pouvoir de Benno-APR, qui a réussi à torpiller le scénario de la troisième candidature de Macky Sall et permis l’obtention de succès électoraux successifs jusqu’à l’admirable victoire à la présidentielle du 24 mars 2024.
Il s’agit, à présent, de passer du moment révolutionnaire de sédition au geste constitutionnel, par lequel le peuple consacre une nouvelle loi fondamentale, porteuse de rupture, instaurant la nouvelle ère de l’antisystème.
Car ne nous y trompons pas ! La marge de manœuvre du nouveau pouvoir reste étroite.
A première vue, le score flatteur engrangé par le président de la Coalition Diomaye Président ne laisse aucun doute sur la volonté du peuple de soutenir cette ambition de rupture d’avec la domination néocoloniale, marque de fabrique du Pastef, toutes ces dernières années.
Néanmoins, on ne peut manquer de noter une discordance entre l’influence politique considérable qu’exerce le Pastef sur la scène politique nationale et son niveau organisationnel mis à mal par la répression féroce et aveugle qu’il a subi. Il n’est pas exagéré de dire que les cadres du parti et plusieurs militants ne sont en fait que des rescapés de la machine carcérale étatique digne des pires dictatures.
De telle sorte qu’au vu des nobles ambitions annoncées, en termes de libération nationale et sociale, il y a lieu d’une part à ratisser encore plus large au sein de segments de la classe politique, acquis aux principes de la rupture avec l’ordre ancien et d’autre part à emmener le peuple à s’approprier des idéaux de souveraineté nationale, de respect des droits et libertés et de justice sociale.
N’oublions pas également que le parlement reste encore sous le contrôle de l’ancienne majorité du Benno-APR.
Ainsi, les prochaines législatives risquent d’être pleines d’incertitudes, d’autant plus difficiles pour le camp patriotique, qu’il ne devrait pas s’agir, cette fois-ci, de faire dans la continuité.
Pour rappel, on a assisté, lors de nos deux premières alternances, en 2000 et 2012, au « déménagement » massif ou transhumance de barons politiques et autres porteurs de voix, de l’ancien pouvoir vers le nouveau. De plus, les pouvoirs Sopi et Benno Bokk Yakaar n’ont pu disposer de majorités confortables au Parlement, que grâce au fameux système inique du raw gaddu consistant à privilégier le scrutin majoritaire à un tour par rapport à celui proportionnel. Cela leur permettait d’engranger un nombre d’élus sans commune mesure avec le pourcentage de voix obtenues.
Ainsi, lors de la deuxième alternance de mars 2012, quelques mois après son accession au pouvoir, lors des législatives du 1er juillet, la méga-coalition Benno Bokk Yakaar, perdait 12 points par rapport à son score aux présidentielles, avec 53,06% mais engrangeait 119 sièges. En avril 2001, le régime libéral était même devenu minoritaire avec 49,6%, des voix, en termes de vote populaire, mais recueillait quand même 89 députés.
Si le pouvoir Pastef et ses alliés veulent consolider leur nouveau pouvoir déjà victime de multiples assauts de la part d’anciens dignitaires du défunt régime de Benno Bokk Yakaar et de leurs auxiliaires, ils ne devraient plus pouvoir compter sur les vieilles recettes du système honni et se trouveraient donc obligés de résoudre des équations politiques très ardues. C’est dire que pour réussir la « transformation systémique », les nouvelles autorités n’y arriveront pas seulement, avec des mesures parcellaires, disparates et des experts technocrates.
Elles sont obligées de miser sur l’aboutissement heureux de la refondation institutionnelle, comme première étape, vers la matérialisation des autres composantes de l’héritage des Assises nationales.
LICENCES DE PECHES : LES MYSTÈRES D’UNE LISTE
La publication récente de la liste des bateaux autorisés à pêcher soulève plusieurs interrogations sur la transparence et l'équité du processus, certains navires étrangers ou entreprises semblant bénéficier d'un traitement de faveur
C’est désormais chose faite. La liste des attributaires de licences de pêche est depuis hier connue. En effet, la nouvelle ministre des Pêches a satisfait à l’exigence de transparence dans la conduite des affaires de l’Etat que prône le nouveau régime. «Conformément aux engagements des plus hautes autorités, je rends publique la liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise, à la date du 6 mai 2024. Cet acte répond au principe de transparence dans la gestion des ressources naturelles qui
constituent un patrimoine national», a indiqué Dr Fatou Diouf dans son avis. Elle a cependant précisé que cette liste ne tient pas compte des dossiers qui sont en cours de renouvellement.
Les mystères du Dr Fatou Diouf Ce qui témoigne d’un fait. La publication de la liste s’est faite dans la précipitation. Déjà sous le ministre Alioune Ndoye, 129 bateaux battaient pavillon sénégalais. Et Pape Sagna Mbaye en a attribué au moins une quinzaine. A peine un mois après son installation, la nouvelle ministre a publié une liste de 132 bateaux battant pavillon sénégalais. Ce qui montre, selon des sources dignes de foi, que la liste a été établie à la va-vite, donc bâclée. Autre mystère qui interpelle dans cette liste, c’est la prééminence de certains armements. C’est le cas par exemple de SOPASEN. Cette société
qui appartient à Saër Seck, ancien président de la ligue sénégalaise de Football professionnel et président de l’institut de Football Diambars et à l’homme d’affaire Adama Lam du patronat sénégalais alimente la suspicion dans le milieu de la Pêche. Puisque ces deux plus grands activistes dans le secteur maritime avec leurs partenaires français se sont taillé la part du lion en se retrouvant avec 20 licences dans des zones réservées principalement à la pêche artisanale. Une prééminence qui provoque une rupture d’équité dans l’attribution des licences de pêches.
Autre mystère qui interroge, c’est que des navires qui ne battent plus pavillon sénégalais depuis 4 ans figurent sur la liste. C’est comme les licences des bateaux YI FENG 15 et YI FENG 16. Il faut aussi dire que la liste des attributaires de licence de pêche confirme un rapport de l’Office national de lutte contre
la fraude et la corruption (Ofnac). En effet, dans son rapport de 2021, l’Ofnac révélait que parmi les 131 navires battant pavillon Sénégalais, « figurent des navires avec des noms à consonance chinoise mais appartenant à des sociétés de droit sénégalais, car naturalisés conformément au Code de la Pêche maritime ». Dans la liste publiée par la nouvelle ministre des Pêches, on y voit des noms d’armement à consonance chinois, coréen, espagnol et italien battant pavillon sénégalais alors qu’ils sont des sociétés de droit sénégalais.
Une enquête est en cours sur l’attribution des licences
Selon la liste, au total 19 navires étrangers ont été autorisés jusqu’au 2 mai 2024 à pêcher dans les eaux sénégalaises. Ils sont tous de l’Union européenne dont 11 battants pavillons espagnols et 8 battants pavillons français. Toutefois, précise le ministère des Pêches, sur ces 19 navires étrangers, deux ne sont pas des navires de pêche mais des navires d’appui aux senneurs. La période de validité des licences s’arrête pour la quasi-totalité des navires étrangers, le 17 novembre 2024 excepté le navire battant pavillon français et immatriculé CC 933 961. Dans la liste publiée par le ministère des Pêches, il est indiqué que sa licence court jusqu’au 31 décembre 2024. S’agit-il d’une licence ou d’une autorisation de pêche ?
Au Sénégal, les autorisations de pêche sont accordées pour une période de 6 mois, renouvelables une fois. Alors qu’une fois que la licence est délivrée, elle est renouvelable chaque année. Toujours est-il, selon une source du secteur de la pêche, qu’une enquête est déjà ouverte dans les services du ministère des Pêches sur l’attribution des licences de pêches. Car il y a un décalage entre le nombre déclaré et le nombre existant de pirogues dans les eaux sénégalaises.