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2 décembre 2024
Développement
L'ÉRE DU TOUT-ÉCRAN
Le face-à-face disparaît, englouti par la déferlante numérique. Nos smartphones sont devenus les prothèses d'une société où l'on ne se regarde plus en face
(SenePlus) - Selon le sociologue David Le Breton, professeur à l'Université de Strasbourg, nos sociétés connaissent une profonde mutation dans les modes de communication interpersonnelle. Dans une tribune au journal Le Monde, il déplore la disparition progressive du "face-à-face" au profit d'interactions dématérialisées, vidées de leur substance charnelle.
"Le visage est le centre de gravité de toute conversation", souligne-t-il. Plus qu'un simple échange de paroles, le face-à-face instaure "un principe de considération mutuelle" basé sur la réciprocité des regards et de l'attention portée à l'autre. "On supporte mal celui qui ne nous regarde pas en face en s'adressant à nous", rappelle le sociologue.
Pourtant, ce lien charnel tend à se distendre. "Aujourd'hui, dans maintes interactions ou sur les trottoirs des villes, les visages deviennent rares, le plus souvent absorbés par l'écran du smartphone". Une "hypnose sans fin" qui rend aveugle à son environnement immédiat et indifférent à l'autre. "Une société spectrale où, même devant les autres ou dans les rues, les yeux sont souvent baissés sur l'écran".
Des "communications sans visage"
M. Le Breton déplore cette omniprésence des écrans qui engendre des "communications sans visage, sans présence". Un monde "sans chair" où la parole se vide de sa substance, une "humanité assise" coupée de sa sensorialité.
"Les réseaux sociaux sont sans visage, contrairement à la parole du quotidien", affirme-t-il. Ils deviennent des "mondes de masques" où l'anonymat "autorise le harcèlement, les insultes, les menaces". Des "paroles sans visage, sans possibilité de vérification" dans un vaste "carnaval" fait de multiples identités factices.
La fragmentation du lien social
Cette désincarnation de la parole entraîne une profonde fragmentation du lien social selon le chercheur. "Chacun devient une monade, centré sur lui-même et son éventuelle communauté d'intérêt. La chose publique disparaît."
Plus gravement encore, ces nouveaux modes de communication favorisent l'indifférence à autrui. "Nous sommes de moins en moins ensemble, mais de plus en plus côte à côte, dans la fragmentation, les yeux rivés sur nos écrans, sans plus nous regarder", déplore David Le Breton.
Dans ce contexte, le visage humain connaît une véritable mutation, passant du "lieu sacré du rapport à l'autre" à un simple "élément parmi d'autres d'un corps qui a de moins en moins d'importance dans la relation à autrui". Une évolution préoccupante selon le sociologue, qui voit dans cette disparition progressive des visages le signe d'un délitement du lien social et de "la disparition de la chose publique".
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RÉINVENTER LA DIFFUSION DES SAVOIRS
L'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire
Dans le cadre de la série "Où va le Sénégal ?", animée par Florian Bobin, chercheur en Histoire à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, un riche échange à eu lieu autour de l'éducation populaire, du rôle des intellectuels et artistes dans la démocratisation des espaces culturels. Zoubida Fall, auteure et animatrice de podcast, l'artiste-graffeur Madzoo TRK et l'universitaire Saliou Diop ont apporté leurs éclairages.
Le constat est sans appel : l'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire. Face à cette vision convenue, les intervenants impliquent un regard décapant.
En réinscrivant dans l'espace public, via différents médias, des figures et récits historiques marginalisés, ils œuvrent pour une « éducation populaire ». Les fresques monumentales de Madzoo TRK rendent visibles des personnalités comme Frantz Fanon ou Amílcar Cabral. Le podcast "Conversations féminines" de Zoubida Fall amplifie les voix féminines trop souvent inaudibles. Saliou Diop, par ses recherches, désinstitutionnalise la pensée du philosophe Cheikh Anta Diop.
Leurs pratiques créent ainsi de nouveaux espaces culturels décentralisés, ancrés dans le quotidien populaire. Mais le combat est de taille face au manque de soutien étatique aux voix alternatives, contraignant à l'auto-organisation et aux financements étrangers.
Dans une société où la culture officielle reproduit les schémas jacobins en concentrant les ressources dans la capitale, ces artistes et intellectuels engagés inventent d'autres modalités de transmission. Une renaissance culturelle et politique par le bas, qui se jouera peut-être de la capacité à "se raconter librement".
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UNE HISTOIRE DE L'IMPÉRIALISME ÉLECTORAL EN FRANÇAFRIQUE
Après «Une histoire du franc CFA », Ndongo et Fanny retrempent leurs plumes pour nous raconter «Une histoire de l’impérialisme électoral en Françafrique » . Découvrez le nouvel ouvrage de deux complices intellectuels : un chercheur et une journaliste
Après le succès inattendu de leur premier ouvrage sur le franc CFA, intitulé «L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du franc CFA», l’économiste Ndongo Samba Sylla et sa complice intellectuelle, la journaliste française Fanny Pigeaud, se sont emparés d’une autre thématique en rapport avec la domination de l’Afrique, la démocratie avec ses farces de vraies-fausses élections comme c’est fréquent dans beaucoup de pays d’Afrique.
Les deux auteurs viennent de faire paraître «De la démocratie en Françafrique : une histoire de l’impérialisme électoral ». Ce nouveau livre fait écho au précédent dédié au franc CFA dans lequel ils se sont attelés à rendre intelligible toute la problématique de la monnaie aux Africains.
Il est disponible en librairie depuis quelque temps et en attendant la ceremonie de dedicace dans quelques semaines, Ndongo Samba Sylla nous donne un petit aprecu de leur nouvel ouvrage et ainsi que ce qui a motive la production de cet ouvrage.
Decouvrez-le dans cette courte vidéo.
LES ENGAGEMENTS DU NOUVEAU MINISTRE DE L'HYDRAULIQUE ET DE L'ASSAINISSEMENT
Cheikh Tidiane Dièye, se dit engagé à faire en sorte que l’accès à l’eau et à l’assainissement ne soit plus un luxe au Sénégal.
Diamniadio, 12 avril (APS) – Le nouveau ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, se dit engagé à faire en sorte que l’accès à l’eau et à l’assainissement ne soit plus un luxe au Sénégal.
”Nous ne ménagerons aucun effort pour être à la hauteur et au service des Sénégalais, et faire en sorte que l’accès à l’eau et à l’assainissement ne soit plus un luxe pour eux”, a-t-il déclaré à l’occasion de la cérémonie de passation de service avec son prédécesseur, Serigne Mbaye Thiam.
Il a promis, après des visites dans les différents départements de son ministère, d’aller à la “rencontre directe” des populations, afin de “recueillir leurs préoccupations et ainsi mettre en place des actions qui puissent véritablement améliorer leur quotidien”.
Se disant ”conscient de la responsabilité et de la lourde tâche” qui l’attend, M. Dièye a salué ”le travail de qualité” abattu par son prédécesseur à la tête de ce département ministériel.
“Les efforts soutenus et constants déployés en matière d’accès aux services d’eau et d’assainissement, ainsi que la mobilisation des ressources conséquentes pour suivre le rythme d’expansion démographique et de croissance des activités économiques, ont permis de réduire drastiquement les écarts entre les zones urbaines et le milieu rural, conformément au principe d’équité territoriale et sociale (…)”, s’était auparavant félicité Serigne Mbaye Thiam.
Le ministre sortant a aussi indiqué avoir laissé à son successeur quelque “41 projets structurants” identifiés et évalués, dont une partie a déjà été financée à hauteur de 1852 milliards de francs CFA.
LA FRANCE FREINE LES RESTITUTIONS D'ŒUVRES AFRICAINES, DÉPLORE LE MONDE
Seules 26 pièces ont été rendues au Bénin. Et le projet de loi-cadre qui devait faciliter ces transferts est sans cesse repoussé, bloqué par l'argument de l'inaliénabilité des collections publiques. La condescendance et le paternalisme reviennent au galop
(SenePlus) - Après avoir été longtemps en pointe sur les restitutions du patrimoine africain pillé à l'époque coloniale, la France semble aujourd'hui marquer le pas, constate le journaliste Michel Guerrin dans sa chronique au Monde ce vendredi 12 avril 2024. Pourtant, dès 2017, Emmanuel Macron avait promis de faciliter ces restitutions lors d'un discours à Ouagadougou qui avait fait bouger les lignes en Europe.
En 2018, le rapport Savoy/Sarr préconisait des "restitutions massives" d'œuvres aux pays africains. La première restitution significative intervenait en 2021, avec 26 pièces du trésor d'Abomey rendues au Bénin. Mais depuis, le processus patine en France.
La raison ? La règle d'inaliénabilité des collections publiques, qui verrouille toute restitution. Deux lois votées en 2023 sur les spoliations aux Juifs et les restes humains ont permis de contourner ce verrou au nom d'un "intérêt supérieur". Mais pas la loi sur les restitutions à l'Afrique, jugée trop légère par le Conseil d'Etat et repoussée sine die.
"Il était pourtant facile de trouver ce principe d'intérêt supérieur : la colonisation", tance Michel Guerrin. Car les deux tiers des 90 000 objets africains en France ont été acquis à cette époque, souvent par la contrainte. Reconnaître cette "histoire douloureuse" permettrait de faciliter leur restitution.
Mais le projet de loi l'occulte, préférant se concentrer sur des critères restrictifs de propriété, à l'image du rapport très prudent de l'ex-président du Louvre Jean-Luc Martinez. Une approche au cas par cas qui fait crisser les dents des défenseurs des restitutions massives comme Bénédicte Savoy.
Pendant ce blocage français, d'autres pays européens avancent : l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni mais aussi désormais la Belgique qui a remis un inventaire d'œuvres à la RDC.
Pour Michel Guerrin, "le plus pathétique est que la France freine ce mouvement inéluctable qu'elle a lancé". Une révolution patrimoniale synonyme de "justice culturelle" selon Bénédicte Savoy, qui permettrait de restituer son histoire à la "jeunesse africaine".
La chroniqueur conclut avec les mots de Marie-Cécile Zinsou, qui appelle à penser "l'avenir" plutôt que la "repentance". Un message qui devrait inspirer la loi française sur les restitutions, jugée indispensable.
par Mamadou Diallo
CI-GÎT LA RÉPUBLIQUE DES ÉVOLUÉS DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour la première fois depuis les indépendances, un mouvement susceptible de prendre le pouvoir a assumé la poursuite des efforts de la décolonisation. On minimise un peu trop le rôle joué par la proposition politique du Pastef
La victoire de Bassirou Diomaye Faye à la dernière élection présidentielle marque le retour de la politique au sommet de l’État sénégalais et donne le coup de grâce à la République des évolués du Sénégal. Ce retour de la politique est à double tranchant. Il est une excellente chose d’un point de vue démocratique, car jamais président sénégalais ne fut mieux élu et ne disposa d’un mandat aussi clairement défini. On peut espérer que les questions à l’étude du Conseil des ministres seront celles posées par le sort des Sénégalais les plus nécessiteux, et leurs réponses trouvées ailleurs que dans le dernier concept à la mode dans les cercles de global governance. Mais c’est aussi, il ne faudrait pas se le cacher, le début probable d’ennuis nouveaux : vivre en sujets politiques, revendiquer leur autonomie c’est, pour les élites dirigeantes locales, renoncer au confort, si médiocre soit-il, de la tutelle notamment française et s’exposer à des épreuves de force, au-dedans comme au-dehors. C’est en partie ce qui a perdu la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo qui, malheureusement affaiblie de l’intérieur par l’instrumentalisation politicienne de l’ethnie, fut d’autant plus aisément punie que son gouvernement central s’était aliéné une part considérable de ses concitoyens. Heureusement pour le projet de rupture porté par le Pastef, la société sénégalaise a résisté à l’ethnicisation de la politique tentée par certains cadres de l’APR.
On peut, en forçant un peu le trait, distinguer la lecture qui est faite du dénouement de l’élection sénégalaise à l’étranger de celle qui domine aujourd’hui au Sénégal, où les soucis légitimes sont le retour au calme et la réconciliation nationale. À l’étranger, en particulier chez nos partenaires occidentaux, si plein comme on le sait de sollicitude à notre égard, les commentateurs ne s’y trompent pas. Ils butent, en même temps qu’ils s’inclinent devant l’incontestable légitimité démocratique du tournant pris par le Sénégal, sur des tournures dans les discours et des aspects dans les profils de ceux qui l’ont impulsé. Ces gens-là, disent-ils un peu surpris et anxieux, ne sont pas tout à fait comme nous et n’aspirent pas non plus à l’être. Ils sont musulmans, mais pas de ceux « modérés,» nimbés de nos lumières, que nous aimons tant et que le Sénégal a longtemps produits. Au Sénégal, une lecture courante est celle du référendum anti-Macky Sall et de la réaffirmation renouvelée par les électeurs sénégalais de leur attachement à la démocratie.
En insistant soit sur des acquis constitutionnels produits d’une histoire que d’aucuns font remonter aux quatre communes, soit sur la dimension négative du dernier vote des Sénégalais, l’on minimise un peu trop le rôle joué par la proposition politique du Pastef. C’est une tendance qui était déjà à l’œuvre au lendemain des évènements de mars 2021, où l’on mettait en avant la Covid et le renchérissement du coût de la vie afin de ne pas admettre la popularité d’Ousmane Sonko. Il y a aussi, qui vient brouiller les pistes, cette tendance à l’attribution de la résistance décisive face aux méthodes dictatoriales du régime finissant au peuple – cette abstraction ou ce récit –, aux organisations de la société civile qui tiennent des réunions, ou encore à une jeunesse qui mêlerait les jeunes du Point E à ceux de Grand-Yoff. On amalgame à une masse dépourvue de déterminations sociales ceux qui ont lutté de manière effective et en ont payé le prix, de même qu’on substitue les raisons pour lesquelles elles et ils l’ont fait par des passions libérales qui leur sont au mieux secondaires. Finalement, on rend indistinct ce qu’il y a de fondamentalement nouveau dans la situation présente, de même qu’on range sous le tapis du Senegaal benn bopp la kenn du ko xar ñaar les contradictions, qui ne sont pas seulement générationnelles, dont la société sénégalaise, comme toutes les sociétés, n’est heureusement pas exempte. J’aimerais quant à moi dire pourquoi ce qui me semble avoir été déterminant, c’est précisément la proposition politique du Pastef. Proposition notable parce qu’elle a mis un terme à l’idée jusque-là dominante dans le paysage politique sénégalais selon laquelle n’est envisageable qu’une seule orientation pour la bonne gouvernance des affaires publiques.
Gouvernance néolibérale et démocratie neutralisée
L’ironie du multipartisme en Afrique francophone c’est que son heure coïncide avec celle de la neutralisation néolibérale de la démocratie.[1] Au sortir des difficiles années 90, les “années de braise” selon l’expression du Premier ministre Habib Thiam, le discours politique consistait exclusivement en des énoncés consensuels et vagues : sur le développement que l’on poursuit ; la bonne gouvernance que l’on promet et éventuellement le fameux “nos valeurs” que l’on défend. Momar Coumba Diop notait en 2006, au sujet de “la classe dirigeante issue de l’alternance”, qu’elle s’était “éloignée des confrontations idéologiques qui avaient marqué l’ère de Senghor et, dans une moindre mesure, le régime de Diouf”. Il n’y a pas que la classe politique sénégalaise qui s’était convertie à cette idée de la politique comme mise en œuvre du consensus libéral. Le monde entier, avec le recul de l’hypothèse communiste, s’était converti à cette économie politique qui nie l’idée même d’alternatives. Dans cette conception nouvelle du politique comme lieu vide d’alternative, les gauches de gouvernement renoncèrent à agir sur les dynamiques de marché et ne jurèrent plus, en guise de fourniture de services et d’équipements en infrastructures publics, que par les fameux PPP. Alors que le marché s’élargissait, que le Capital se mettait à son aise, l’État – la puissance collective instituée pour servir la volonté générale– revoyait à la baisse ses ambitions de transformation économique et sociale. La démocratie ne fut plus le processus où se dégageaient les fins tout autant que les moyens d’actualisation de la volonté générale. Il ne s’est plus agi que de savoir lequel des hommes en costume cravate fût le plus à même de mettre en œuvre l’universel programme que voici : abattre pour les marchandises des pays du Nord et le grand capital les frontières ; assurer, sans trop demander de contribution aux profits, les tâches régaliennes désormais amputées de la politique monétaire ; enfin rendre son territoire national attractif à des capitaux financiers toujours plus importants, issus de l’épargne d’une population vieillissante des pays du nord rétive au risque. Pour apporter un supplément d’âme à ce programme qui n’enthousiasme que le 1% et ceux qui le servent, on y assortit des orientations sociétales en faveur des minorités. La poursuite du programme néolibéral par nos États, qui ne s’étaient pas mis en situation de s’y opposer, s’est donc avérée désastreuse pour les services publics et vaine en ce qui concerne le développement. L’économiste Ndongo Samba Sylla a souvent eu l’occasion d’illustrer la stagnation des économies de la zone CFA par le rappel du fait que depuis les indépendances, leurs PIB réels par habitant n’ont pas progressé.[2] En 2015, on ne saurait produire de statistique plus accablante, le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat du Sénégal était équivalent à son niveau de 1960.[3]
Les détenteurs de capitaux qu’il s’agit dans cette économie politique nouvelle de séduire – intéressés au profit plutôt qu’à l’investissement productif dont les rendements ne sont en général ni faramineux ni immédiats – se tournent en priorité vers le système financier central et font assez largement la sourde oreille aux appels qui leur sont lancés à partir des zones à risque du système capitaliste mondial.[4] C’est ainsi que si l’on a pu voir les IDE augmenter de manière constante au Sénégal ces dernières années, avec une accélération notable entre 2019 et 2021, ils se sont principalement dirigés vers des secteurs d’activité rentiers et à faible mobilisation de facteur travail, dont celui des hydrocarbures.[5] Ils n’apportent par conséquent pas de solution au problème de la transformation structurelle de notre économie ainsi qu’à celui vital du chômage. Vital au sens littéral du terme, car il est parmi les causes de ce que des milliers de Sénégalais n’ont de sépulture que les tréfonds de la Méditerranée.
À l’absence d’investissements productifs, au démantèlement des industries et au bradage du patrimoine public auquel on a pu assister ces dernières décennies s’ajoute le problème d’une fiscalisation insuffisante et injuste de l’économie. Il est intéressant, pour se figurer la faiblesse de notre État dans la mobilisation des ressources internes – aspect par ailleurs central du discours porté par les cadres du Pastef – de procéder à une comparaison. Entre 1984 et 2004, la moyenne du ratio entre l’impôt et la production nationale ne s’élevait au Sénégal, dont le gouvernement s’est longtemps réclamé du socialisme, qu’à 15,83%[6]. En Grande-Bretagne et sous Margaret Thatcher, dirigeante fort intéressée à la réduction de l’État à sa portion la plus congrue, ce ratio n’a jamais baissé sous le seuil de 30%.[7] L’économiste Thomas Piketty, dans sa somme sur le Capital au XXe siècle, montre bien que de si faibles ratios sont caractéristiques des économies aux revenus par habitant les plus faibles, principalement concentrés en Afrique subsaharienne.[8] Alors que la question de l’élargissement de l’assiette fiscale constitue l’un des principaux défis auxquels doivent faire face nos États, la question de l’impôt n’occupe traditionnellement dans le débat politique national qu’une place négligeable. Je tiens pour l’un des signes de l’inconscience de cet enjeu la popularité, dans les milieux corporate, sous l’appellation attrape nigaud de responsabilité sociale d’entreprise, d’une manière pseudo-éthique d’évasion fiscale. Espérons que la nouvelle équipe dirigeante, issue de l’administration fiscale, s’en tiendra à cette ancienne et très raisonnable définition de la responsabilité sociale des entreprises, qui est qu’elles doivent s’acquitter de l’impôt défini par la loi.
Le mouvement altermondialiste constitua l’une des premières réactions à ce moment où la politique s’effaça pour ne plus laisser place qu’à la gestion, la fameuse bonne gouvernance. Il n’eut sous nos latitudes, malgré un sommet en 2011 à Dakar, qu’une visibilité et une représentativité populaire réduites, pour ne pas dire nulle, malgré la présence parmi nous d’économistes comme Samir Amin et Demba Moussa Dembélé. Pour l’essentiel, dans le Sénégal des années 2000 et à l’exception des Assises nationales, les discours routiniers et consensuels du développement et de la bonne gouvernance ne furent interrompu que çà et là, à intervalles malheureusement réguliers, par des disputes sur la Constitution. On constatait alors qu’avec de la mauvaise foi et le ralliement d’universitaires qui transigent, on peut conclure des énoncés les plus fondamentaux le contraire de ce qu’ils disent. J’ai personnellement, dans mes jeunes années, prêté attention au débat sur la constitutionnalité de la troisième candidature d’Abdoulaye Wade et j’ai bien peur d’y avoir abimé quelques neurones.
Seuls cette conception rabougrie de l’activité politique, et le faible crédit accordé au niveau de consciences des électeurs, expliquent que Karim Wade ait pu être sérieusement envisagé comme candidat à l’élection présidentielle.
Des autorités qui ne font plus autorité
Alors que les élites dirigeantes se familiarisaient et se convertissaient, dans les cercles de la gouvernance globale et autres internationales socialistes et libérales, à cette nouvelle conception de l’État neutralisé, les structures profondes de la société sénégalaise elles se transformaient. La structure sociale sur laquelle avait été assis l’État se dérobait progressivement et toujours plus vite sous leurs pieds.
L’historien et journaliste Moriba Magassouba, à la suite de plusieurs auteurs, faisait remarquer que l’État sénégalais n’a pu garantir “ses capacités d’intervention dans la société civile” qu’“en passant par les intermédiaires obligés que sont les chefs de confrérie[...] qu’il utilise comme courroies de transmission, pour pénétrer le pays “réel.”[9] La première alternance marqua le dépérissement de cette configuration de l’État qui reposait aussi sur des pratiques clientélistes que l’ajustement structurel et la dévaluation du CFA avait fini par mettre hors de sa portée. Cette première alternance fut aussi le signe que l’électorat s’émancipait des consignes de vote en faveur du pouvoir, qui d’ailleurs se raréfiaient[10], émises par les notabilités religieuses.
La population s’est urbanisée et par conséquent s’est graduellement abstraite des structures d’autorités et de solidarités rurales. Dakar s’est transformé et ses habitants de longue date ont dû, sans gaieté de cœur, s’habituer à “l’économie de bazar,” aux usages de ruraux fraichement urbanisés et aux nouvelles manières d’habiter l’espace public qu’ils apportaient. La marchandisation de l’éducation est allée croissante. Ceux qui en avaient les moyens prémunirent leurs enfants des effets d’une massification mal négociée de l’éducation publique mise en œuvre par le régime de Wade. Il me semble qu’à l’exception de certaines facultés prestigieuses et sélectives, l’Université de Dakar, de même que les écoles publiques autrefois fréquentées par les enfants de notables mais aussi ceux des milieux populaires qui étaient les plus doués, furent assez largement désertés par les premiers. Ceux qui en ont les moyens tendent, le baccalauréat obtenu, à s’en aller à l’étranger[11]. L’absence croissante de mixité sociale dans l’éducation nationale qui en résulte n’est peut-être pas sans rapport avec l’émergence d’une élite administrative localement formée et très peu soucieuse de perpétuer les exemples d’assimilations donnés par leurs prédécesseurs passés par William Ponty et Van Vollenhoven. Parmi les critères de cette assimilation compte la monogamie, dont l’absence chez les nouveaux locataires du Palais de la République et de la Primature n’en finit pas d’être commentée.
Au-delà de la mince et admirable élite scolaire issue de l’enseignement public, un contingent de plus en plus large de jeunes gens ayant fréquenté l’école s’est constitué qui ne trouva pas à s’insérer professionnellement. Alphabétisée, capable de s’informer sur l’internet, cette population ne pouvait manquer d’être sensible au discours du PasteF. Le rôle joué par la transformation du paysage de la presse et de l’audiovisuel dans la chute du PS a souvent été relevé et il me semble que l’alternance de 2024 ne se conçoit pas non plus sans le contexte informationnel produit par les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’expliquer la prise de conscience politique de la jeunesse populaire par l’action “sournoise de trolls russes.“ On a parfois l’impression que certains observateurs français ne conçoivent pas qu’on puisse désirer se passer de leur tutelle, qu’ils en sont encore à penser, comme leur illustre ancêtre Chateaubriand, qu’«il y a dans la nature du Français quelque chose de supérieur et de délicat que les autres peuples reconnaissent[12]. » Me tenant quant à moi loin de cette attitude qui ne conçoit pas que l’on soit, quoiqu’Africain francophone, absolument rétif à la domination, j’aimerai simplement noter que les réseaux sociaux ont largement diffusé des prises de paroles qui ne pouvaient s’attendre des élites intellectuelles autorisées. Ces dernières en effet sont formées à la nuance, parfois à couper les cheveux en quatre, parlent dans un langage et un ton qui n’affectent qu’une mince couche de la population. La tribune qui leur est la plus naturelle est l’Institut Français. Il y a aussi, il faut bien le dire, qu’elles sont instruites du genre d’opinions politiques qui ne favorisent pas les belles carrières internationales, celles qui remettent en cause le consensus néolibéral notamment. Toutes sortes d’entraves dont ne s’encombrent pas des figures désormais fort audibles telles que Cheikh Bara Ndiaye.
Comment un certain panafricanisme a dé-neutralisé la démocratie sénégalaise
Ceux de ma génération, lycéens dans le privé à Dakar dans les années 2000, s’engageaient soit dans le kaana kaanalu, assez répandu, soit dans des mouvements religieux. La même dépolitisation, semble-t-il, avait gagné l’Université, où l’on ne se promenait plus beaucoup, comme c’était encore le cas dans les années 90, avec des textes subversifs sous les bras. La critique du Sénégal tel qu’il allait, ce qui n’est pas la même chose que la dénonciation du Président qui elle était toujours partout, ne se rencontrait plus que dans certains morceaux de rap produits par des jeunes de la banlieue et que les boys town n’écoutaient pas. Rien ne nous avait été transmis, pas la moindre mémoire d’un tâche collective entamée de longue date et portée à un seuil qu’il s’agissait pour certains de notre génération, éventuellement, d’avancer. Étions-nous d’ailleurs disposés à entendre, sidérés comme nous l’étions par les écrans saturés de scintillantes images américaines ? Ceux d’entre nous qui finirent par se découvrir de quelque part et d’une histoire n’allaient le faire qu’en situation d’exil. Je me souviens d’un déjeuner en ville, en 2012 ou 2013, durant lequel j’avais évoqué, devant deux jeunes gens bien introduits dans les cercles locaux de pouvoir, la présence tout de même considérable au Sénégal du capital, et donc de la décision économique française. Mes interlocuteurs, membres de l’intelligentsia francophile et se comprenant comme de gauche m’avaient alors regardé comme si je venais de confier avoir vu passer une soucoupe volante au-dessus de la Mosquée de la Divinité. Quiconque a travaillé à Dakar, du moins était-ce le cas dans les années 2010, sait que plus haut l’on monte dans les échelons des grandes entreprises du secteur formel, plus on rencontre des cadres et dirigeants français. La France au Sénégal, comme le faisait très justement remarquer Boubacar Boris Diop, ça ne saurait être la même chose que la Suède. Penser ainsi ça n’est pas, comme le disent les pseudos modernes et véritables héritiers politiques de Senghor, être enfermé dans des “complexes” et le “ressentiment”, mais avoir de la mémoire.
Dans ces années-là, lorsque le désormais honorable député Guy Marius Sagna organisait des contres sommets à la francophonie et s’opposait aux APE, il faisait encore figure d’anomalie dans un paysage public où ne s’évoquait aucune question qui fâche. Il y avait cependant les diatribes de Kemi Seba qui, relayées en prime time par la 2STV, eurent un écho considérable auprès de la jeunesse de nos universités. Dans la mesure où l’activiste est de nationalité française, il ne fut pas bien difficile pour le régime de l’éloigner de nos frontières dès lors qu’il se mit à agiter la rue autour de la question monétaire. En s’opposant ainsi à l’expression politique de Kemi Seba, le régime a finalement – ruse de l’histoire – rendu service aux jeunes gens qui le suivaient en leur permettant de se tourner vers un leadership qui allait s’avérer beaucoup plus porteur. Ces jeunes allaient, dans les années suivantes, jouer un rôle important, sur les réseaux sociaux notamment, dans la lutte contre le régime de Macky Sall et pour la défense du « projet.» Beaucoup d’entre eux ont fait partie des prisonniers politiques du régime sortant. L’émergence sur la scène publique il y a à peu près dix ans du Pastef – qui vite se verra flanqué à sa gauche de personnalités telles qu’Alla Kane, le Dr Dialo Diop, Guy Marius Sagna et à sa “droite”, de mouvements réformistes islamiques – a offert à cette jeunesse soucieuse de s’engager dans une cause révolutionnaire une plateforme de conquête du pouvoir à la fois crédible et radicale. Cet attelage, le FRAPP surtout dont la simple évocation donne des haut-le-cœur à nos compatriotes francophiles, est venu mettre un terme au règne de la langue de bois et à la rhétorique de l’antipolitique qu’est le consensus néolibéral. Ont été réactivés dans la discussion publique et comme horizon d’action politique, malgré les soupirs embarrassés qui çà et là se faisaient entendre, des sujets qui auparavant, hors quelques cénacles universitaires et réunions groupusculaires, étaient franchement tabous. Pour la première fois depuis les indépendances, une force politique susceptible de prendre le pouvoir a assumé le thème de la poursuite des efforts de la décolonisation. Thème qui, si l’on en croit le discours à la nation du 4 avril prononcé par le président Bassirou Diomaye Faye, continue d’être assumé.
La fin de la République des évolués du Sénégal
Le Pastef a réussi là où le PAI, le RND, le PIT, Ànd Jëf et d’autres formations politiques porteuses de ruptures radicales avaient échoué. Il a probablement bénéficié d’un contexte favorable. Ceux d’en haut, selon une formule classique, ne pouvant plus et ceux d’en bas ne voulant plus vivre comme avant, la proposition politique la plus audible s’est vue confier le pouvoir. Mais pourquoi la proposition du Pastef fut elle la plus audible et surtout comment se fait-il qu’elle suscitât un tel enthousiasme ? Il y a son contenu, évoqué plus haut, mais aussi son incarnation par Ousmane Sonko.
Ce qu’il y a de frappant chez Ousmane Sonko, et c’est peut-être cette dimension de sa personnalité qui est la plus disruptive dans le contexte théologico-politique sénégalais, c’est qu’il est non seulement perçu comme compétent sur le plan politique, mais aussi, auprès de ceux très nombreux parmi nos concitoyens que cela intéresse, sur le plan religieux. L’image d’Ousmane Sonko – et ce malgré l’épisode Adji Sarr qui par ailleurs devra être tiré au clair – demeure celle d’un homme qui prend l’Islam au sérieux et se trouve avoir quelques lumières en la matière. Il est frappant que dans ses prises de parole publiques, lorsqu’il s’agit pour lui d’éclairer la situation politique du présent, c’est plutôt dans les récits de la vie du messager, sur lesquels il peut s’étendre longuement, que dans ceux de la politique moderne qu’il va puiser. Ce n’est pas la première fois qu’un politicien sénégalais mobilise l’Islam ou fait publiquement parade de son aptitude à dire des versets du Coran et autres Hadiths dans le texte. La Convention des démocrates et des patriotes-Garab Gi qui avait pour candidat le Professeur Iba Der Thiam avait sans succès mobilisé les thèmes de l’Islam et de la tradition lors des élections de 2000. Idrissa Seck disait des versets dès que l’occasion se présentait, mais il faut croire que les Sénégalais savent distinguer la dévotion de la tartufferie. Cette tendance à mobiliser la culture islamique distingue assez radicalement Ousmane Sonko de la vieille gauche qui, faut-il le rappeler, n’est jamais parvenu au pouvoir qu’en s’alliant au socialisme assez spécieux du PS et au libéralisme après 2000. Le sobre et scrupuleux monothéisme qui semble être celui de certains cadres du Pastef diffère de l’Islam confrérique avec lequel l’État colonial, de même d’ailleurs que la République des Évolués du Sénégal, avait fini par s’accommoder, lui trouvant des vertus de tolérance et d’enracinement culturel.
Cette absence de référence à l’univers de la culture bourgeoise humaniste dans le discours d’Ousmane Sonko, conjugué à ses références à l’Islam qui ne passent pas par la médiation des confréries en font assurément une figure inquiétante pour la République des évolués du Sénégal. C’est pourquoi les rumeurs selon lesquelles nous avions à faire avec le Pastef à un dangereux mouvement salafiste commencèrent de circuler dans Dakar dès les débuts de la vie du parti. C’est aussi pourquoi Le Quotidien, arc-bouté sur la défense de la République des évolués du Sénégal, a régulièrement publié des tribunes sur le fascisme et le manque présumés de culture d’Ousmane Sonko. “Il n’a rien lu!” y dénonçait leur auteur, qui semblait ignorer qu’Ousmane Sonko n’était pas candidat à l’agrégation de Philosophie, et surtout qu’en démocratie et pour un homme politique la lecture qui importe aux citoyens est celle de leurs situations. Qu’en outre la culture bourgeoise humaniste qui dans le Dakar d’antan fit le prestige des évolués, qui s’étale à longueur de tribunes dans le Quotidien, n’impressionne, et surtout n’intéresse plus grand monde au Sénégal.
Le fait est que la République des évolués est morte, peut-être de ne s’être pas donné les moyens de ses ambitions de transformation sociale et culturelle ; il s’agit d’en faire, de manière apaisée, le deuil. Elle a fait son temps et l’on peut même lui faire crédit d’avoir joué son rôle historique, en construisant une démocratie et en intégrant tous les peuples du Sénégal à son nationalisme civique. Les indigènes, par la voie démocratique, ont fini par investir le pouvoir de leur sensibilité. La mission civilisatrice, relayée sans grand effort par la République des évolués du Sénégal est à bout de souffle. Sa source parisienne perd, chaque jour qui passe dans le massacre des Gazaouis qu’elle a cautionné, le peu de légitimité qu’elle avait à professer l’humanité. Ceux d’entre nous, membres de la société civile, conscrits de la modernité occidentale qui pensons qu’elle avait tout de même deux ou trois choses d’universelle valeur à nous apprendre, devront désormais en convaincre nos concitoyens, par la délibération et l’exemplarité, dans le cadre de la démocratie. Le lobbying dans les couloirs du pouvoir, si le nouveau régime tient ses promesses, n’y suffira plus.
Mamadou Diallo est doctorant à Columbia University, New York.
[1] Wolfgang Streeck et Frédéric Joly, Entre globalisme et démocratie: l’économie politique à l’âge du néolibéralisme finissant, NRF essais (Paris: Gallimard, 2023).
[2] Fanny Pigeaud and Ndongo Samba Sylla, L’arme invisible de la Françafrique: une histoire du franc CFA, Cahiers libres (Paris: la Découverte, 2018).p.162.
[3] OECD, Examen Multidimensionnel Du Sénégal: Volume 1. Évaluation Initiale (Paris: Organisation for Economic Co-operation and Development, 2017)
[4] Carl Christian von Weizsäcker and Hagen M. Krämer, Saving and Investment in the Twenty-First Century: The Great Divergence
[5] UNCTAD, ed., International Tax Reforms and Sustainable Investment, World Investment Report 2022 (Geneva New York: United Nations, 2022).
[6] Mkandawire, Thandika. “On Tax Efforts and Colonial Heritage in Africa.” Journal of Development Studies 46, no. 10 (November 2010): 1647–69.
[7] Albertson, Kevin, and Paul Stepney. “1979 and All That: A 40-Year Reassessment of Margaret Thatcher’s Legacy on Her Own Terms.” Cambridge Journal of Economics 44, no. 2 (March 19, 2020): 319–42.
[8] Thomas Piketty, Capital in the Twenty-First Century, trans. Arthur Goldhammer (Cambridge, Massachusetts London: The Belknap Press of Harvard University Press, 2017).
[9] Moriba Magassouba, L’islam Au Sénégal: Demain Les Mollahs?: La “Question” Musulmane et Les Partis Politiques Au Sénégal de 1946 à Nos Jours, Collection Les Afriques (Paris: Editions Karthala, 1985).
[10] Momar Coumba Diop, Mamadou Diouf, and Aminata Diaw, “Le baobab a été déraciné. L’alternance au Sénégal,” Politique africaine N° 78, no. 2 (2000): 157–79.
[11] Boubacar Niane, Elites par procuration: Handicaps et ruses des dirigeants politico-administratifs sénégalais (Paris: Editions L’Harmattan, 2012).
LE SYSTEME ELECTORAL SENEGALAIS, UN MODELE QUI MARCHE
Nous dire que nous avons un modèle comportant une plus-value par rapport à celui français en ce que la CENA vient contribuer à la supervision et au contrôle de la régularité des actes posés par l’administration électorale lors du processus
Le président de la République lors de son allocution à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance du Sénégal, a annoncé son intention de procéder à une série de réformes dont celle de notre système électoral. Tel que ce dernier se décline, nous pouvons affirmer qu’il est presque calqué sur le modèle français à la seule différence que la Commission électorale nationale autonome (CENA) ne figure pas dans l’agencement institutionnel français. Nous sommes même tentés de dire que nous avons un modèle comportant une plus-value par rapport à celui français en ce que la CENA vient contribuer à la supervision et au contrôle de la régularité des actes posés par l’administration électorale lors du processus. Le but ainsi visé est de prévenir les potentiels errements de l’administration électorale et d’apporter des correctifs le cas échéant à travers des injonctions, des rappels à l’ordre, etc. Ainsi, nous avons en définitive une administration qui gère et organise le processus et une instance (CENA) qui contrôle et supervise la régularité des actes posés par cette dite administration, avec des opportunités données aux compétiteurs politiques de prendre part à des étapes clefs du processus.
Il convient de rappeler que ce modèle électoral est le fruit d’un long processus entamé depuis le magistère du Président Diouf avec les contours qui se sont précisés au fur et à mesure fort des combats menés par l’opposition d’alors notamment les partis de gauche. Pour rappel, l’Observatoire national des élections a eu à jouer, jusqu’en 2000, le rôle de la CENA actuelle.
L’implication des directions du ministère de l’Intérieur (Direction de l’automatisation des fichiers - DAF, Direction générale de l’administration du territoire - DGAT), en collaboration avec la Direction générale des élections reste une approche pertinente. Le modèle sénégalais, nous a valu trois alternances en 2000, 2012 et 2024, la conquête de grandes villes lors des élections locales de 2009 par l’opposition d’alors (Benno Siggil Senegaal) et plus récemment en 2022, une forte entrée des acteurs politiques de l’opposition à l’Assemblée nationale lors des dernières élections législatives. Ce modèle nous vaut des acquis démocratiques réels et quelques instants de fierté. L’érection d’une Commission électorale nationale indépendante comporte quelques défis mais surtout une ingénierie institutionnelle qui devra tenir compte de l’existant. Les contributions de la DAF, de la DGAT ne sauraient être jetés aux orties.
Il convient de noter qu’historiquement, l’érection de commissions électorales (avec des appellations différentes selon les pays), organe de gestion des élections notamment en Afrique, venait répondre à un mal profond qui était celui de la politisation de l’administration électorale en Afrique à partir de la dernière vague de démocratisation consécutivement au discours historique de la Baule. Pour y pallier et instaurer un climat de confiance entre acteurs politiques, il fut décidé de mettre sur pied des instances à vocation ad hoc, temporaires, pour accompagner les phases de transition démocratique que les États africains étaient entrain d’amorcer avec des défis multiples. L’institutionnalisation actuelle de ces commissions électorales est d’ailleurs un baromètre éloquent renseignant sur les transitions sans fin de la plupart des processus politiques et sur les expériences cahoteuses des processus de démocratisation en Afrique notamment. Les commissions électorales, ont connu des fortunes diverses en Afrique et n’ont nullement réglé la question des processus électoraux en Afrique. Leur mission essentielle étant la gestion des processus électoraux retirée des administrations classiques. Quelques exemples :
Au Togo, la CENI est restée entre 2012 et 2013, empêtrée dans des conflits du fait que les forces politiques représentées ont transposé leurs contradictions politiques très fortes au sein de la CENI, rendant difficile son fonctionnement. La CENI n’avait aucun pouvoir de décision face aux atermoiements de l’exécutif et sa mauvaise volonté à organiser les élections législatives à date échue. Aucun acquis démocratique n’a été noté au Togo depuis plusieurs décennies de soi-disant ouverture au pluralisme démocratique.
En Côte d’Ivoire, la Commission électorale indépendante, n’a pas contribué à prévenir le conflit électoral en 2010. Elle en fut, au contraire, une partie prenante essentielle. Pour rappel, elle a été obligée de se réfugier à l’Hôtel du Golfe en 2010 pour proclamer les résultats de l’élection présidentielle souffrant ainsi d’un grave déficit de légitimité. Le troisième mandat du Président Ouattara est un indicateur éloquent relativement aux défis qui interpellent toujours le processus politique ivoirien, que l’on ne saurait exclusivement imputer à la CEI, mais elle en garde une part de responsabilité.
En République de Guinée, la CENI n’a point permis de régler les conflits électoraux et post électoraux depuis 2010, année de l’élection très controversée de Alpha Condé. Pour rappel, face aux grosses difficultés d’organisation d’une élection présidentielle crédible et libre à date échue, il a été fait appel au malien Siaka Toumani Sangaré (désigné par l’OIF) pour assurer la Présidence de la CENI d’octobre 2010 à aout 2011.
Tant pour la République de Guinée, le Togo que pour la Côte d’Ivoire, le choix des membres des CENI répond à la logique des forces politiques présentes au niveau de l’organe parlementaire ; ceci ne faisait que reproduire les travers des majorités mécaniques dans les décisions à prendre au sein de la commission, causant ainsi frustration, désaccord et déficit de confiance. Les exemples font foison, démontrant que dans beaucoup de pays où sont érigées des Commissions électorales nationales indépendantes pour la gestion des processus électoraux, la tenue d’élections répondant aux normes et standards internationaux reste une « bastille quasi imprenable ».
Le Sénégal, dans ce contexte, a su tirer son épingle du jeu. Il est vrai que le modèle a connu quelques péripéties lors des derniers processus électoraux (législatives et présidentielle), mais on ne saurait l’imputer à des contre-performances institutionnelles exclusivement. Par ailleurs, toutes ces difficultés se sont souvent produites en amont des scrutins, l’administration électorale restant dans les limites de ses prérogatives lors de la tenue des scrutins, lors de la publication des résultats et durant les phases post électorales. Ce n’est pas tant le modèle électoral que la qualité des hommes qui l’animent qui est problématique. Non au fétichisme institutionnel. Ce n’est pas en changeant les institutions que les comportements vont changer. Le vrai défi reste le choix des hommes tant à la tête de la Direction générale des élections, qu’au niveau de la CENA et un retrait de l’exécutif ou une limitation de ses prérogatives à certaines étapes du processus électoral. La rupture tant proposée et vendue aux Sénégalais pourrait s’exprimer pertinemment maintenant avec un choix d’hommes et de femmes indépendants, compétents, sérieux pour une mise en œuvre de processus plus intègres, plus transparents, plus libres. Une réforme du modèle électoral sénégalais nécessitera une clarification des attributions nouvelles, le rôle de la prochaine CENI (le cas échéant), les attributions de la DAF et de la DGAT, le rôle du ministère en charge des Affaires étrangères qui gère le processus à l’étranger, etc.
En définitive, le modèle électoral Sénégalais est un modèle acceptable. A la place de son remplacement par une CENI, des mesures importantes devront être prises pour renforcer l’intégrité et la transparence de nos processus électoraux. Pour ce faire, nous proposons :
De renforcer l’intégrité du processus notamment durant ses phases pré électorales : période de révision ordinaires et exceptionnelles, gestion du fichier, distribution des cartes d’électeur, découpage, etc.
De mieux repositionner la CENA afin qu’elle exerce la plénitude de sa mission
D’encadrer les périodes de revue exceptionnelle du fichier électoral pour prévenir la situation vécue cette année (décret cette année la circonscrivant dans un délai d’un mois)
De limiter le pouvoir de l’exécutif dans le choix des membres de la CENA
D’effectuer une réforme de la CENA dans le choix de ses membres ; privilégier le critère de la spécialisation sur les questions électorales et faire un appel à candidature
De mener une revue du Code électoral à l’occasion de laquelle, une réelle ouverture aux débats sera effectuée par une diversification des parties prenantes à cette revue avant de définitivement le sanctuariser. En effet, elle a trop évolué entre 1982, année des prémisses d’un Code électoral répondant aux normes et standards internationaux et aujourd’hui.
D’entamer une digitalisation du processus de parrainage ainsi que de l’identification des électeurs durant les scrutins.
D’extirper les travaux de la Commission de validation des parrainages du cadre du Conseil constitutionnel qui n’est pas, dans l’agencement institutionnel, un organe de gestion des élections
D’inscrire des modules de formation (initiale et continue) sur les questions électorales à l’École nationale d’administration à l’intention des futures autorités déconcentrées qui ont un rôle important à jouer dans le processus électoral ; ceci pour réduire les risques de contentieux pré électoraux foisonnants vécus lors des élections locales 2022
Par Vieux SAVANÉ
PROJET -BI
Il revient au président de montrer qu’ils vont à contre-courant de la logique qui avait prévalu lors de la première alternance et qui s’était traduite en des termes nauséabonds qui résonnent encore dans la tête de nombre de Sénégalais
Après l’élan de sympathie qui s’est exprimé un peu partout dans le monde pour soutenir l’alternance démocratique apaisée survenue au Sénégal, au soir du 24 mars 2024, il est désormais question pour le président élu, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, de s’atteler à la concrétude du « PROJET collectif défendu pour un Sénégal Uni, Souverain, Juste et Prospère» (Voir ci-contre Communiqué du Conseil des ministres).
Un impératif incontournable si tant est que l’objectif visé est qu’il n’apparaisse point comme un rêve dont l’horizon, à l’instar d’une chimère, ne cesse de s’éloigner lorsqu’on pense s’en approcher.
Même si les résultats ne seront pas immédiatement au rendez-vous puisque s’inscrivant dans les plis jusque-là indéfroissables, d’un temps plus ou moins long, force est de constater que les attentes sont si nombreuses, si brûlantes, l’avenir si obstrué, qu’il ne saurait y avoir de répit. Il importe alors, pour contenir et pacifier les impatiences, d’imprimer dans l’esprit des populations que loin des flonflons, le gouvernement est en ordre de bataille, déterminé à trouver des solutions aux problèmes de vie et de survie qui les taraudent. En lieu et place de ventres qui enflent, de joues qui s’arrondissent, il doit alors être prêt à voir perler de la sueur sur des visages soucieux, blanchir des cheveux du fait des lourdes charges qui pèsent sur les épaules et des énormes défis qui attendent à être relevés.
Il revient alors au chef de l’Etat et à son gouvernement de montrer qu’ils vont à contre-courant de la logique qui avait prévalu lors de la première alternance et qui s’était traduite en des termes nauséabonds qui résonnent encore dans la tête de nombre de Sénégalais. « Nos problèmes d’argent sont maintenant terminés » avait rapporté Idrissa Seck, qui disait l’avoir entendu de Wade, se donnant ainsi la liberté assumée de faire « main basse sur la caisse » alimentée par les taxes et les impôts payés par les contribuables. La voie était donc libre et ils pouvaient s’enrichir en toute impunité tout en se donnant bonne conscience à travers les « passes » offerts au petit peuple. Avec les conséquences qui en résultent et que le bon sens populaire retrouve dans la formule qui veut « que les grands bandits se disputent lors du partage du butin ». Comment s’étonner alors que le pays s’enlise du fait de ses ressources dilapidées, ses potentialités piétinées, par ces mêmes gens qui se targuent ensuite, autre ineptie scandaleuse, d’avoir suscité des milliardaires sans cause? Aussi l’actuel chef de l’Etat a-t-il été bien inspiré en conviant « les membres du Gouvernement à rester humbles et sobres, à cultiver l’écoute, l’efficacité, dans la collégialité et la solidarité ». En perspective de la mise en œuvre du «Projet de transformation systémique du Sénégal» et de « l’espoir immense » placé en lui, un cadre servant de «référentiel de politique économique et sociale» a été décliné autour de cinq orientations majeures : la jeunesse et les femmes ; le coût de la vie ; la justice sociale et économique ; la Souveraineté nationale ; la sécurité et la stabilité du pays.
« FIN DE CYCLE »
Parce que l’Afrique est riche de ses ressources humaines, de son sous-sol, rien n’explique aujourd’hui la pauvreté qui balafre le visage du continent sinon la démission de ses dirigeants plutôt intéressés à piller les richesses du continent pour se doter d’un luxe insolent placé dans des pays occidentaux. Au même moment, leurs populations croupissent dans la misère et voient leurs jeunesses en quête de vie meilleure, dans une désespérance absolue, contraintes aux affres de l’émigration. Aussi, être décomplexé ne consiste-t-il donc pas aujourd’hui à s’en prendre à un pays, un continent, fussent-ils dotés d’un passé colonial et esclavagiste ? Tout le contraire d’oser se regarder en face, s’interpeller, en dehors de tout mépris de soi, mû par une confiance en soi qui s’octroie le droit d’être créatif et de résoudre les défis qui se dressent sur son chemin.
Héritiers des générations qui les ont précédés, le nouveau chef de l’ Etat et son équipe gouvernementale doivent s’en inspirer tout en étant soucieux d’opérer les ruptures salvatrices qui consolident et pérennisent les acquis. Et cela, dans la perspective critique sans laquelle aucune avancée n’est possible. Aussi, avec la fin du « cycle senghorien*» qui s’est manifestée lors de la dernière élection présidentielle par la mise sur la touche de l’ancienne génération de politiciens professionnels, il est attendu de cette nouvelle séquence qui s’ouvre qu’elle initie des ruptures paradigmatiques, bouscule le statu quo. Une pensée de l’initiative donc, qui refuse de s’épuiser dans la seule réaction, au risque de créer selon le sociologue Elgas, « les conditions d’une nécrose des idées » (in Les Bons Ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial. Editions Rive neuve).
Il est pourtant dans ce pays une énergie sourde repérable à travers moult initiatives individuelles et/ou collectives qu’il faut désormais expulser du confinement domestique et de la confidentialité pour la laisser s’exprimer et surtout l’accompagner dans la luminosité éclatante d’un soleil radieux qui ouvre des possibles. A travers cette élection inédite qui a consacré la victoire du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, s’est sans doute exprimée une volonté de rupture avec les « indépendances cha-cha », faites d’insouciance et de gabegie innommable. Le Sénégal, l’Afrique ont assurément besoin de modèles d’émancipation, d’égalité, de performance économique et sociale. C’est là aussi où se joue le modèle démocratique et où, confronté au réel, l’on attend d’être surpris voire éblouis par les lueurs du « Projet de transformation systémique » si cher au nouveau chef de l’Etat. Tels sont les véritables défis.
NB : *Pour Mamadou Diouf, historien, Professeur à Columbia University, le système politique créé par Léopold Sédar Senghor s’est longtemps caractérisé par sa stabilité. Reposant sur le « modèle islamo-wolof » et sur un contrat social entre la classe politique, les chefs religieux et les détenteurs de légitimités traditionnelles, un tel système dit-il a « permis d’éviter les coups d’État ». 64 ans plus tard, parce qu’il a désormais atteint ses limites, incapable de s’adapter aux nouvelles aspirations de la société, Mamadou Diouf décèle une première brèche dans l’ancien système avec la contestation du 3e mandat prêté à l’ancien président Macky Sall. Pour le Pr Mamadou Diouf, « le cycle Senghorien s’est clôturé » avec la mobilisation populaire inédite et la victoire surprise du candidat anti-système, Bassirou Dioum Faye. A ses yeux ,c’est « un véritable tournant historique que le Sénégal vient de négocier ».
PAR Bassirou Diomaye Faye
À TOUS LES FONCTIONNAIRES DU SÉNÉGAL
Je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions. Je vous invite à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes
Dans ce message daté du 8 avril 2024 adressé à toutes les femmes et hommes de l'administration sénégalaise, le président Bassirou Diomaye Faye rappelle avec ferveur les valeurs cardinales qui doivent guider leur engagement quotidien au service du pays: intégrité, probité, transparence. Il insiste sur l'importance de placer le bien commun et le développement inclusif de la nation au-dessus de toute autre considération. Le chef de l'Etat exhorte ses collaborateurs à redoubler d'efforts pour concrétiser la vision d'un Sénégal uni et prospère.
Chères collaboratrices, chers collaborateurs,
En cette période charnière de notre histoire, où chaque pas vers l'avenir se dessine sous le signe de la promesse et de l'espoir, il m'est apparu essentiel de m'adresser directement à vous, femmes et hommes dévoués au service de notre nation. Vous constituez sans nul doute la colonne vertébrale de notre administration et le cœur battant de notre pays.
Le Sénégal, notre cher pays, se tient aujourd'hui à l'aube d'une ère nouvelle, porté par la vision d'un avenir dans lequel chaque citoyen, où qu'il se trouve, peut jouir des fruits de notre effort collectif. Un Sénégal réconcilié, transparent et équitable, où le développement durable et inclusif n'est pas un idéal lointain, mais une réalité tangible, à portée de mains.
Si notre pays bénéficie d'une solide réputation de démocratie, de stabilité et de paix, nous le devons en grande partie à votre engagement, votre professionnalisme et votre travail sans relâche. Vous êtes les gardiens de nos valeurs républicaines, les artisans de notre développement et les sentinelles de notre cohésion sociale.
Aujourd'hui, je vous invite, avec toute la considération et le respect que je vous porte, à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes. Que votre travail quotidien soit imprégné de ce souci permanent du bien commun, ou le service à nos concitoyens et leur bien-être priment sur toute autre considération.
Dans le sillage de notre engagement collectif vers un Sénégal uni et prospère, je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions et décisions. Notre administration joue un rôle fondamental dans la concrétisation des aspirations de notre nation, et c'est dans cette optique que je souhaite rappeler les principes directeurs qui doivent guider notre conduite.
La loi 2012 - 22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, établit un cadre légal clair pour l'intégrité des acteurs impliqués dans la gestion des affaires publiques. Elle souligne l'exigence d'un comportement éthique et déontologique irréprochable pour tous les agents de l'État, en insistant sur le fait que la transparence n'est pas une option, mais une obligation. Cette loi, en ses points 7.2 et 7.3, rappelle que nous, agents publics, avons le devoir de veiller scrupuleusement à la bonne gestion des ressources qui nous sont confiées et de signaler toute infraction aux règles régissant les finances publiques. Cette démarche n'est pas seulement légale ; elle est morale, réaffirmant notre engagement envers les citoyens que nous servons.
C'est pour cette raison que nous accordons une importance particulière à la protection des lanceurs d'alerte. Il est essentiel que chacun se sente libre et soutenu de partager, en toute sécurité, des informations concernant des irrégularités ou des pratiques contraires à l'éthique et à la loi. Cet engagement reflète notre volonté collective de bâtir un gouvernement vertueux, fondé sur l'éthique de responsabilité et l'obligation de rendre compte.
Je vous exhorte à adopter ces principes dans votre travail quotidien, en vous rappelant que votre contribution est précieuse pour assurer l'intégrité et la transparence de notre gouvernance.
Ensemble, renforçons notre détermination à servir avec honneur et dignité, dans le respect des lois qui nous guident et pour le bien-être de tous les Sénégalais.
Notre mission, collective et individuelle, est d'œuvrer sans cesse à l'amélioration de la qualité de vie de chaque Senégalaise et de chaque Sénégalais. Notre engagement au service du pays transcende les obligations administratives. Il s'incarne dans notre vocation sincère de servir notre Patrie et dans notre foi en ses immenses potentialités.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embüches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embûches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
En ma qualité de président de la République, je m'engage à être à vos côtés, à soutenir vos efforts et à veiller à ce que les conditions de votre engagement soient toujours les meilleures.
Ensemble, dans la solidarité, construisons le Sénégal de demain.
Faisons de notre pays une terre où chaque citoyen peut se réaliser et contribuer au bien-être collectif.
Je vous invite donc, avec ferveur et espérance, à redoubler d'efforts et à vous joindre à moi dans cette grande œuvre nationale.
Soyons les bâtisseurs infatigables d'un Sénégal prospère et rayonnant, à l'image des aspirations profondes de notre peuple.
Avec toute ma confiance et mon admiration pour votre engagement indéfectible au service de la République.
par Bassirou Diomaye Faye
À TOUS LES FONCTIONNAIRES DE L'ÉTAT
Je tiens à souligner l'importance cruciale de l'intégrité dans nos actions. Je vous invite à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes
Dans un message daté du 8 avril 2024 adressé à toutes les femmes et hommes de l'administration sénégalaise, le président Bassirou Diomaye Faye rappelle avec ferveur les valeurs cardinales qui doivent guider leur engagement quotidien au service du pays: intégrité, probité, transparence. Il insiste sur l'importance de placer le bien commun et le développement inclusif de la nation au-dessus de toute autre considération. Le chef de l'Etat exhorte ses collaborateurs à redoubler d'efforts pour concrétiser la vision d'un Sénégal uni et prospère.
"Chères collaboratrices, chers collaborateurs,
En cette période charnière de notre histoire, où chaque pas vers l'avenir se dessine sous le signe de la promesse et de l'espoir, il m'est apparu essentiel de m'adresser directement à vous, femmes et hommes dévoués au service de notre nation. Vous constituez sans nul doute la colonne vertébrale de notre administration et le cœur battant de notre pays.
Le Sénégal, notre cher pays, se tient aujourd'hui à l'aube d'une ère nouvelle, porté par la vision d'un avenir dans lequel chaque citoyen, où qu'il se trouve, peut jouir des fruits de notre effort collectif. Un Sénégal réconcilié, transparent et équitable, où le développement durable et inclusif n'est pas un idéal lointain, mais une réalité tangible, à portée de mains.
Si notre pays bénéficie d'une solide réputation de démocratie, de stabilité et de paix, nous le devons en grande partie à votre engagement, votre professionnalisme et votre travail sans relâche. Vous êtes les gardiens de nos valeurs républicaines, les artisans de notre développement et les sentinelles de notre cohésion sociale.
Aujourd'hui, je vous invite, avec toute la considération et le respect que je vous porte, à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes. Que votre travail quotidien soit imprégné de ce souci permanent du bien commun, ou le service à nos concitoyens et leur bien-être priment sur toute autre considération.
Dans le sillage de notre engagement collectif vers un Sénégal uni et prospère, je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions et décisions. Notre administration joue un rôle fondamental dans la concrétisation des aspirations de notre nation, et c'est dans cette optique que je souhaite rappeler les principes directeurs qui doivent guider notre conduite.
La loi 2012 - 22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, établit un cadre légal clair pour l'intégrité des acteurs impliqués dans la gestion des affaires publiques. Elle souligne l'exigence d'un comportement éthique et déontologique irréprochable pour tous les agents de l'État, en insistant sur le fait que la transparence n'est pas une option, mais une obligation. Cette loi, en ses points 7.2 et 7.3, rappelle que nous, agents publics, avons le devoir de veiller scrupuleusement à la bonne gestion des ressources qui nous sont confiées et de signaler toute infraction aux règles régissant les finances publiques. Cette démarche n'est pas seulement légale ; elle est morale, réaffirmant notre engagement envers les citoyens que nous servons.
C'est pour cette raison que nous accordons une importance particulière à la protection des lanceurs d'alerte. Il est essentiel que chacun se sente libre et soutenu de partager, en toute sécurité, des informations concernant des irrégularités ou des pratiques contraires à l'éthique et à la loi. Cet engagement reflète notre volonté collective de bâtir un gouvernement vertueux, fondé sur l'éthique de responsabilité et l'obligation de rendre compte.
Je vous exhorte à adopter ces principes dans votre travail quotidien, en vous rappelant que votre contribution est précieuse pour assurer l'intégrité et la transparence de notre gouvernance.
Ensemble, renforçons notre détermination à servir avec honneur et dignité, dans le respect des lois qui nous guident et pour le bien-être de tous les Sénégalais.
Notre mission, collective et individuelle, est d'œuvrer sans cesse à l'amélioration de la qualité de vie de chaque Senégalaise et de chaque Sénégalais. Notre engagement au service du pays transcende les obligations administratives. Il s'incarne dans notre vocation sincère de servir notre Patrie et dans notre foi en ses immenses potentialités.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embüches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embûches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
En ma qualité de Président de la République, je m'engage à être à vos côtés, à soutenir vos efforts et à veiller à ce que les conditions de votre engagement soient toujours les meilleures.
Ensemble, dans la solidarité, construisons le Sénégal de demain.
Faisons de notre pays une terre où chaque citoyen peut se réaliser et contribuer au bien-être collectif.
Je vous invite donc, avec ferveur et espérance, à redoubler d'efforts et à vous joindre à moi dans cette grande œuvre nationale.
Soyons les bâtisseurs infatigables d'un Sénégal prospère et rayonnant, à l'image des aspirations profondes de notre peuple.
Avec toute ma confiance et mon admiration pour votre engagement indéfectible au service de la République."