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13 avril 2025
Développement
Par Fadel DIA
MAYOTTE-EN-FRANCE !
Le cyclone Chido révèle aux Français l'existence d'un département méconnu dont même la population reste un mystère. 'À Mayotte, confie une députée, on sous-estime autant les vivants que les morts
Il y a près de cinquante ans la France opérait ce qui n’était rien moins qu’un holdup territorial, en détachant l’ile de Mayotte des autres composantes de ce qui constituait les Comores, pour en faire une dépendance ultra marine. Si cet évènement nous interpelle encore, c’est qu’il suit d’autres rapts qui ont eu des fortunes diverses.
L e premier nous concerne de près, puisque c’est la tentative de détacher la presqu’ile du Cap Vert du reste du Sénégal en faisant miroiter à la collectivité léboue un projet de protectorat indigène sous l’ombrelle française, alors que le motif principal de l’ancienne métropole était de conserver à son usage, la base militaire stratégique et le port de Dakar qui était alors le premier de la sous-région. Pour son malheur, elle avait affaire à un nationaliste intransigeant, Mamadou Dia, qui a paré au coup en transférant la capitale du Sénégal de Saint-Louis à Dakar, au risque de mécontenter les populations de la vieille ville. Le deuxième coup a mieux réussi et nous ne nous en sommes pas encore relevés puisqu’il est à l’origine de la balkanisation des anciennes fédérations d’AOF et d’AEF. Le succès fut mitigé puisque si le projet a empêché la création d’une grande fédération du Mali avec 4 ou 5 membres, il a permis à la Guinée d’accéder à l’indépendance dès 1958 et qu’au bout de quelques années, la communauté franco-africaine a volé aux éclats.
Le rapt de Mayotte n’a évidemment aucun fondement historique, l’ile n’était pas seulement une partie intégrante d’un seul archipel, mais c’est autour d’elle que s’était créée une colonie française dont elle abritait la capitale et en l’en soustrayant, c’est comme si on coupait la tête des Comores. S’il y a une Grande Comore c’est parce qu’il y en avait de petites, dont Mayotte, qui constituaient un archipel peuplé par les mêmes populations venues des côtes d’Afrique orientale ou de Madagascar qui avaient les mêmes cultures et partageaient la même foi. La France est régulièrement condamnée aux Nations Unies pour y avoir cautionné un référendum sécessionniste et comme l’histoire se répète quelquefois, c’est elle aujourd’hui, et l’Union Européenne en général, qui vouent la Russie aux gémonies pour avoir usé du même procédé en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.
Les Mahorais qui avaient cédé aux sirènes françaises rêvaient de voir leur territoire transformé en ile des Maldives du Canal de Mozambique, grâce à ses 1100km2 de lagons, ses 195 km de barrière récifale, ses 170 plages de sable, ses 200 km de sentiers, sans compter son incomparable richesse d’espèces végétales. Cinquante ans plus tard Mayotte a le visage d’une Haïti du nord de l’Océan Indien, y compris en insécurité. Le taux de pauvreté est de 86%, le niveau de vie y est sept fois plus faible que la moyenne française et son seul titre de gloire est de posséder « le plus grand bidonville d’Europe ! » Sa superficie n’est pourtant que la moitié de celle de la commune d’Arles, en France, mais il y a encore, faute de routes praticables, des villages inaccessibles aux secouristes et dont les habitants n’ont encore reçu aucune aide alimentaire, cinq jours après une catastrophe qui est la plus grave que l’ile ait connue depuis un siècle.
Le cyclone Chido a au moins le mérite d’avoir fait découvrir aux Français un petit territoire érigé en département français il y a treize ans mais dont personne ne connait le chiffre exact de la population : 320.000 ? 520.000 ? Personne ne sait car à Mayotte, dit une de ses députées, « on a toujours sous-estimé aussi bien les vivants que les morts ! ». Gaza peut faire chaque jour le bilan des personnes tuées par les bombardements israéliens tandis qu’à Mayotte, cinq jours après le passage de Chido, on en est encore à de vagues estimations, jamais réactualisées, du nombre des victimes : une trentaine selon les chiffres officiels, alors que selon certains habitants des centaines de corps restent ensevelis sous les décombres et dégagent une odeur de putréfaction.
La vérité c’est que près de cinquante ans après son annexion, un malentendu demeure sur les relations de l’ile avec la France, le statut de ses habitants, la nature et la dimension de ses besoins. Pour le Premier Ministre, François Bayrou, Mayotte se trouve « hors du territoire national ». Pour le président Macron, qui lors d’un précédent voyage avait ironisé lourdement sur les kwasa- kwasa, les bateaux de pêche locaux qui « ne ramènent pas du poisson mais du Comorien ! », les Mahorais ne sont que des gens qui ont la chance de vivre en France. C’est le sens de ses paroles tenues par un homme qui aime les bains de foules mais qui contrairement au Roi d’Espagne ne sait pas tenir ses nerfs et qui était en plein délire face à des Mahorais qui criaient leur détresse : « Vous êtes contents d’être en France… Si ce n’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » Un président de la République devrait-il s’exprimer ainsi face à tant de détresse. Puisque la Corse et Mayotte ont été acquises par la France par le même procédé, Macron oserait-il tenir un tel discours devant des manifestants Corses ?
Pourtant les Mahorais ne réclament ni autoroutes ni piscines, ce qu’ils demandent c’est de l’eau, un repas, un abri pour se protéger. Quand le président de la République croit pouvoir tout régler en 4 heures de visite, quand il se vante d’avoir débarqué avec 4 tonnes d’aliments et de médicaments, quand la ministre de la Santé promet de pré positionner 10.000 doses de vaccins contre le choléra, quand le Premier Ministre annonce qu’il va tout reconstruire en deux ans, on peut se poser la question de savoir si en France on a une idée de l’ampleur des besoins des Mahorais qui sont plus de 300.000 sur un territoire de moins de 400 km2, pour lesquels trouver de l’eau à boire est depuis des années, un combat de tous les jours, dont les habitations sont détruites à 80% et dont le pays n’est pas à reconstruire mais à construire ! « Je ne peux plus regarder mon ile » a crié un Mahorais impuissant face au désastre. Espérons que les autorités françaises regarderont enfin Mayotte les yeux dans les yeux !
Pour terminer par une note optimiste, saluons le formidable élan de solidarité envers les sinistrés qui se propage en France, porté par des Français qui ne sont pas seulement d’origine mahoraise, par des communes ou des institutions. C’est une chose que nous ne savons pas faire et dans des cas similaires nous nous contentons souvent, dans le meilleur des cas, de dire « ndeysaan » et de nous en tenir là. Il y a quelques semaines la Gambie, la Falémé, le Sénégal ont débordé de leurs lits comme jamais ils ne l’ont fait depuis 1958, détruisant des centaines d’habitations, inondant des champs et jetant dans le désarroi des dizaines de milliers de personnes et pourtant, à quelques rares exceptions près, nous n’avons rien fait qui soit à la hauteur de cette catastrophe. Pas même une journée de deuil national !
par l'éditorialiste de seneplus, Benoit Ngom
DIOMAYE, DIOUF ET LE SOFT POWER DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Les similitudes entre les deux présidents éclairent d'un jour nouveau la diplomatie sénégalaise. Leur rencontre de juin dernier signe la fin d'une tradition où chaque nouveau régime prétendait réinventer le pays
La visite que le président Diomaye Faye a rendu à Paris, au mois de juin dernier, à l'ancien président Abdou Diouf mérite d'être saluée comme une marque de respect, de considération, mais aussi comme l’expression de la reconnaissance d'une sorte de "droit d'ainesse " ancrée dans nos traditions, et enfin et surtout une affirmation solennelle du principe républicain de la continuité de l'Etat.
Ce faisant, le président Faye a voulu rompre avec cette désastreuse "tradition" qui voulait que chaque nouveau régime se soit senti presque dans l'obligation d'agir comme si l'histoire du pays commençait avec lui.
Cette pratique dommageable et contre-productive a fait de beaucoup de nos compatriotes des citoyens dépourvus de tout souvenir. Or, une société composée de citoyens qui ont oublié leurs traditions et qu’une mauvaise pratique politique empêche de pouvoir se référer à leur mémoire historique immédiate n'a aucune chance de fonder des valeurs de civilisation sur les quelles ancrer son destin. En vérité, croire que l'arrivée d'une nouvelle personne a la magistrature suprême du Sénégal peut à elle seule, quelle que soit sa valeur, expliquer le prestige international de notre pays, c’est refuser de voir la vérité en face. C’est aussi empêcher à la jeune génération de comprendre que les grandes civilisations que nous admirons aujourd'hui ont été construites pierre après pierre.
Le prestige et l'influence du Sénégal, la réalité de son Soft Power, nous le devons à la clairvoyance de nos dirigeants qui ont su inspirer à des diplomates chevronnés des actions fondées sur nos valeurs fondamentales de civilisation. Le prestige du Sénégal au niveau mondial, nous le devons aussi à la sagesse de sa Nation, à la lucidité de sa classe politique, à la conscience élevée de ses citoyens qui, en l'espace d'une génération, ont pu montrer leur maturité en réalisant trois alternances de régimes, avec panache, dans un continent où l’instabilité politique est la règle. Le prestige du Sénégal, nous le devons enfin à la perception qu’a son peuple de l'enseignement et de la pratique des différents guides historiques et actuels des communautés religieuses du pays.
Pour toutes ces raisons, nous devons accepter, avec lucidité, que chacune des différentes personnalités qui ont présidé aux destinées du Sénégal, en fonction des réalités économiques et politiques du moment, a essayé de maintenir le pays sur les rails de la stabilité sans laquelle aucun espoir de développement n'est possible. Ainsi de Senghor à Abdou Diouf en passant par Abdoulaye Wade et Macky Sall, la volonté de garder le Sénégal debout et fier parmi les nations a été le massif d'ancrage de leurs politiques respectives. C’est pourquoi, au nom d'un sursaut intellectuel et patriotique, essayons de reconnaître à chacun d'entre eux sa contribution au développement culturel, politique et humain de notre nation.
L'amnésie sélective, le snobisme de la contestation tous azimuts, sont un danger pour tout peuple qui aspire à jouer dans la cour des grands. A ce sujet, l'ouvrage collectif que des juristes sénégalais et étrangers ont rédigé, en hommage à Abdou Diouf, que vient de publier les "éditions Librairie juridique africaine *" nous a inspiré quelques remarques et réflexions sur les similarités entre les présidents Diomaye Faye et Abdou Diouf en termes de parcours, visions, postures et convictions, qui témoignent de leur engagement pour un leadership politique et diplomatique du Sénégal au niveau africain et international.
A cet égard, il convient de noter que les deux présidents ont appartenu à la haute administration, et que si le président Faye, à l’âge de 44 ans, est incontestablement le plus jeune président élu du Sénégal, le président Diouf, au moment où il succède à Senghor, qui volontairement avait écourté son mandat électif, avait 45 ans. L'acte le plus significatif du président Faye dès son élection a été de se démettre de toute responsabilité dans son parti Pastef qui venait de le porter avec brio à la tête du Sénégal. Rappelons, que malgré le contexte tumultueux de l'époque, Abdou Diouf avait jugé en 1996 que si le Sénégal voulait être un Etat démocratique moderne et jouer dans la cour des grands, le président de la République ne devait plus être un chef de parti. En ce sens, c’est tout heureux que le président Faye, après une longue parenthèse, ait repris à son compte cette marque de fabrique des grandes démocraties.
La volonté de consacrer l'Etat de droit, afin que la justice sauvegarde les droits et libertés du citoyen a été immédiatement affirmé par le nouveau gouvernement de Faye et Sonko en organisant comme sa première manifestation d’envergure, les "Assises de la Justice "et en proclamant la redevabilité et la lutte contre l'impunité comme les deux faces de la médaille du nouveau régime. Sur ce point, si le président Diouf n’a pas réussi à atteindre ses objectifs avec la CREI, il a tenu à ce que le Sénégal fut le premier pays à ratifié le statut de Rome qui fonda la Cour Pénale Internationale.
Les deux hommes se rejoignent aussi dans leur ferme volonté d'être mus par de seules considérations patriotiques, dès lors qu'il s'agit de porter au niveau de l'arène internationales les fils du Sénégal les plus méritants qui sollicitent leur soutien. C'est comme cela que j'ai compris toute la solennité avec laquelle Mme Yacine Fall, ministre de l’intégration africaine et des Affaires Étrangères a entouré le soutien de l'ancien ministre, Amadou Hott, candidat à la présidence de la BAD, en invitant à joindre l’équipe de campagne des personnalités qui ont fait leurs preuves dans les anciens régimes.
Cette démarche peut être l'expression d'une volonté de redynamiser une diplomatie sénégalaise au long cours, dont le rappel de ses hauts faits nous paraît utile dans cette période, où notre continent cherche les moyens de parler d'une voix forte pour être entendu là où le sort du monde se décide, au Conseil de Sécurité de l'ONU. En ce sens, il convient de rappeler à la jeune génération les prouesses de la diplomatie sénégalaise dans le temps.
En 1974, Amadou Mactar Mbow fut le premier africain élu à la tête de l'Unesco. Que l'ouverture de Cour Internationale de Justice aux Juristes Africains se fera avec l'élection du magistrat sénégalais Isaac Forster en 1964. Ce qui ne sera qu'une étape dans les manifestations des capacités des diplomates du Sénégal qui réussiront à faire élire une deuxième fois un Sénégalais en la personne du juge Kéba Mbaye en 1981 à cette même Cour. Ce qui pour un pays de la taille du Sénégal était incontestablement une prouesse.
Le Sénégal, pays en majorité musulmane, qui a donné de grands érudits à la Ummah Islamique devait être selon ses dirigeants, plus visible dans la gouvernance internationale du monde Islamique et assurer plus de présence dans ses activités culturelles et politiques. Grace à de l’entregent de sa diplomatie, le Sénégal réussira à élire en 1975 son ancien ministre des Affaires Étrangères Karim Gaye en qualité Secrétaire Général de l'OCI avant d'organiser quelques années plus tard, en 1991, le Sommet de l'Organisation de la Conférence Islamique au Sénégal.
Cette détermination à placer les Sénégalais dans la galaxie des Administrateurs de la société internationale va être réaffirmée par l'élection en 1993 de Jacques Diouf en qualité de Directeur Général de la FAO.
Enfin, le nouveau président Faye a fait remarquer, dès son accession au pouvoir sa détermination à mobiliser sa diplomatie au service de la consolidation de l'intégration africaine comme le montre son engagement à sauvegarder l’intégrité de la CEDEAO, organisation dont l'un des acquis les plus importants, le Protocole sur la libre circulation des biens et des personnes, a été signé en 1979 à Dakar. Cet engagement digne du rôle que le Sénégal a toujours voulu jouer en faveur de l'unité et du développement de l'Afrique mérite d'être soutenu.
La volonté panafricaine de soutenir les grandes causes de notre continent en réarmant intellectuellement et moralement nos compatriotes grâce à l’incarnation d'une autodétermination, et d'une souveraineté fondées sur la réappropriation de notre histoire, explique certainement, les initiatives du président Faye et son gouvernement par rapport au massacre de Thiaroye ou de l’inauguration à Thiès de la statue de Lat dior Damel du Cayor.
C'est au nom du triomphe de la cause des Noirs, que le Sénégal fut le premier pays en 1976 à soutenir les revendications du gouvernement provisoire de Papouasie Nouvelle Guinée. Ce qui fit dire au Prix Nobel Wole Soyinka, que ce soutien faisait de Senghor un président qui "méritait une place d’honneur".
C’est cette même fibre patriotique qui amena le Sénégal à se dresser contre le régime de l'Apartheid qui permit à une minorité de blancs soutenus par certains pays occidentaux de perpétuer une féroce domination sur la majorité noire.
Ainsi quand Mandela visita le Sénégal avant son arrestation par le régime sud-africain, Senghor décida de reconnaître son mouvement, l'ANC en octroyant à son bureau de représentation au Sénégal un statut Diplomatique. Abdou Diouf suivra cette voie de la continuité de l'Etat et de la pérennisation des valeurs de solidarité active et de Téranga en offrant, pour la première fois aux membres de l'ANC et aux libéraux blancs, l’opportunité d'engager le dialogue, à Dakar en 1987. Cette rencontre valut au Sénégal beaucoup de prestige international et d'amitié de la part de Nelson Mandela.
L'orientation que le président Faye et son premier ministre Ousmane Sonko ont commencé à imprimer aux relations internationales du Sénégal mérite d'être consolidée par la mobilisation des patriotes expérimentés et de bonne volonté, car elle peut à n'en point douter, renforcer le Soft Power du pays en permettant un redéploiement très significatif d’une diplomatie sénégalaise fondée sur la continuité de l'Etat et sur le patriotisme au service de le l’intégration africaine.
Le tandem Diomaye-Sonko, l'étoile la plus brillante de la constellation des nouvelles forces souverainistes africaines, dont la réussite du "Projet" pourrait être le premier jalon vers la renaissance de l'Afrique, doit essayer de fonder son action sur les acquis glorieux légués par les anciens, sur la compétence et la bonne volonté d'une jeunesse patriotique.
Benoit S Ngom est président de l’Académie Diplomatique Africaine.
Hommage à Abdou Diouf, éditions librairie juridique africaine, décembre 2024.
NATURAL JUSTICE DÉVOILE L'ABÉCÉDAIRE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EN BANDES DESSINÉES
En sensibilisant le public à travers des films éducatifs, l'organisation entend rendre les enjeux liés au sujet accessibles à tous. Cette initiative vise également à mobiliser les communautés locales et la jeunesse sénégalaise.
L’ONG Natural Justice, en partenariat avec l’Agence Nationale pour les Énergies Renouvelables (ANER), a organisé jeudi 19 décembre à Dakar une projection de film suivie d’un panel pour présenter l’abécédaire de la transition énergétique au Sénégal. Cet événement a pour objectif de sensibiliser le grand public aux notions clés de la transition énergétique et aux défis climatiques, tout en mettant en lumière les efforts du Sénégal dans ce domaine.
Dans son allocution, Sokhna Dié Ka, directrice du Hub Dakar de Natural Justice, a mis en exergue l'importance de cet enjeu pour le pays. « Cette projection nous offre l'opportunité d'échanger et de partager nos visions sur des thématiques cruciales, notamment les problématiques liées au changement climatique et à l’accès à l’énergie. » Elle a également souligné les avancées du Sénégal à travers des projets tels que la stratégie « Gas to Power » et le développement des énergies renouvelables. Selon elle, ces initiatives sont indispensables pour réduire la dépendance énergétique tout en promouvant une transition bas carbone : « La maîtrise de ces enjeux demeure pour nous un grand défi, actuel mais aussi futur, pour les générations à venir. »
L’approche inclusive adoptée par Natural Justice repose, selon elle, sur une sensibilisation des communautés locales, afin qu’elles puissent pleinement participer à cette transition. Pour cela, l’organisation a développé un outil innovant : des bandes dessinées éducatives pour rendre les concepts accessibles à tous, en particulier aux jeunes.
Pour sa part, Suleyman Tosun, représentant de l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, a témoigné de l’engagement de son pays en faveur de la transition énergétique au Sénégal. Évoquant ses propres expériences dans des zones dépourvues d’énergie, il a rappelé l’importance vitale de l’accès à une énergie fiable et renouvelable. « L'énergie, lorsqu'on l'a, semble tellement naturelle qu'il est presque impossible d'imaginer la vie sans elle. Pourtant, pour des millions de personnes dans le monde, c'est une réalité quotidienne. »
Il a salué les efforts du Sénégal, qui intègre déjà 30 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique. Suleyman Tosun a également insisté sur la nécessité de continuer sur cette voie : « Investir dans le solaire, l’hybride et la bioénergie, c’est comme passer de la charrette à l’auto : on va plus loin, plus vite, et sans polluer les routes. »
Un appel à la jeunesse pour un avenir durable
Kader Diop, représentant de l’ANER, a délivré un message d’espoir et de mobilisation. Soulignant les ressources naturelles inépuisables du pays, il a encouragé les jeunes à s’engager dans le développement des énergies renouvelables : « Le soleil se lève tous les jours. Vous n’avez pas besoin d’appuyer sur un bouton pour qu’il apparaisse. C’est une grâce que nous devons exploiter au mieux pour assurer notre souveraineté énergétique. »
Il a également rappelé les efforts déjà accomplis par le Sénégal et fixé un cap ambitieux pour l’avenir : « Aujourd’hui, nous avons atteint 30 % d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique. J’espère que demain, vous, la jeunesse, porterez ce chiffre à 80, voire 100 % », s’est-t-il adressé aux enfants qui ont assisté à la projection des bandes dessinées.
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LA SORTIE CONTROVERSÉE DE MACRON À MAYOTTE
"Sans la France, vous seriez dans une merde beaucoup plus profonde", a lancé le président français aux habitants réclamant de l'eau potable. De quoi raviver les tensions dans ce territoire d'outre-mer pourtant moins aidé que les autres
(SenePlus) - Une vive altercation a éclaté entre Emmanuel Macron et des habitants de Mayotte lors de sa visite dans l'archipel dévasté par le cyclone Chido, rapporte Reuters. Face aux critiques sur la gestion de la crise, notamment concernant l'accès à l'eau potable, le président a eu une réponse cinglante qui fait polémique.
"Sept jours et vous n'êtes pas capables de donner de l'eau à la population !", a lancé un habitant au président selon l'agence de presse. La réplique présidentielle ne s'est pas fait attendre : "Vous êtes contents d'être en France. Sans la France, vous seriez dans une merde beaucoup plus profonde, 10 000 fois plus, il n'y a aucun endroit dans l'océan Indien où les gens reçoivent plus d'aide."
Cette sortie présidentielle s'inscrit dans une série d'échanges tendus lors de sa visite du quartier Pamandzi. "Ne dressez pas les gens les uns contre les autres. Si vous dressez les gens les uns contre les autres, on est foutu", a également déclaré le président à la foule, selon Reuters.
L'opposition n'a pas tardé à réagir à ces propos jugés déplacés. Sébastien Chenu, député du Rassemblement National, a estimé que "le président ne trouve pas exactement les bons mots de réconfort pour nos compatriotes mahorais qui, avec ce genre d'expression, ont toujours le sentiment d'être traités différemment". Le député de la gauche radicale Eric Coquerel a quant à lui qualifié ces commentaires de "complètement indignes".
Face à la polémique, Emmanuel Macron s'est défendu dans un entretien accordé à MayotteLa1ere, accusant certains manifestants d'être des "militants politiques du RN". Il a également tenu à contrer le récit selon lequel "la France ne fait rien", expliquant que "le cyclone n'a pas été décidé par le gouvernement. La France fait beaucoup. Nous devons être plus efficaces, mais les discours de division et d'agitation ne vont pas aider."
Cette controverse intervient dans un contexte particulièrement dramatique pour l'archipel, qui fait face à la pire tempête depuis 90 ans. Selon Reuters, si les autorités n'ont confirmé que 35 décès, certains craignent que le bilan ne s'élève à des milliers de morts, notamment dans les bidonvilles des collines qui n'ont pas encore pu être atteints par les secours.
L'État français consacre environ 1,6 milliard d'euros par an à Mayotte, soit environ 8% du budget des territoires d'outre-mer et 4 900 euros par habitant, précise Reuters. Un chiffre qui reste inférieur aux 7 200 euros par habitant à La Réunion ou aux 8 500 euros en Guadeloupe.
MACRON ACCUSÉ DE TENIR DES PROPOS RACISTES
Le Monde rapporte que le président français aurait déclaré : "le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est rempli de Mamadou". Alors que la gauche s'indigne unanimement, l'Élysée tente d'éteindre l'incendie en opposant un démenti ferme
(SenePlus) - Une vive controverse secoue la sphère politique française après la publication d'une enquête du quotidien Le Monde attribuant des propos polémiques au président de la République. L'affaire, qui met en lumière des déclarations à caractère discriminatoire, suscite de vives réactions au sein de la gauche française et un démenti formel de l'Élysée.
Selon l'enquête du Monde, Emmanuel Macron aurait, en 2023, tenu des propos controversés devant son ministre de la Santé de l'époque, Aurélien Rousseau. Le président aurait notamment déclaré que "le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est rempli de Mamadou". Cette déclaration, dont l'authenticité est contestée par l'Élysée, a immédiatement provoqué une onde de choc dans la classe politique.
Le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, a été parmi les premiers à réagir sur le réseau social X, qualifiant sans détour ces propos de "racistes" et d'"accablants". Dans la même veine, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a dénoncé "une insulte à la République" et "une honte absolue".
L'enquête du Monde ne s'arrête pas là. Elle révèle également que l'Élysée aurait surnommé Matignon "La cage aux folles" pendant le mandat de Gabriel Attal comme Premier ministre. De plus, le président aurait qualifié de "cocottes" Marine Tondelier, dirigeante des Écologistes, et Lucie Castets, proposée par le Nouveau Front populaire pour Matignon.
Ces révélations successives ont suscité de multiples réactions indignées. Le député de la Somme François Ruffin a ainsi fustigé ce qu'il considère comme une accumulation de "racisme, homophobie, sexisme", dénonçant un président "enfermé dans un palace doré, loin du regard des Français". Marine Tondelier elle-même a réagi sur X, condamnant des "propos homophobes extrêmement choquants" concernant Gabriel Attal, suivis de "propos sexistes".
Face à cette polémique grandissante, l'Élysée a publié un démenti catégorique le vendredi 20 décembre au matin, affirmant que ces propos rapportés "n'ont fait l'objet d'aucune vérification auprès de la présidence avant publication". Le quotidien Le Monde, de son côté, maintient ses affirmations.
APPLE DIT AVOIR SUSPENDU SES APPROVISIONNEMENTS EN MINERAIS EN PROVENANCE DE LA RDC ET DU RWANDA
Apple « conteste fermement » les allégations contenues dans les plaintes déposées contre ses filiales en France et en Belgique, les 16 et 17 décembre, par des avocats mandatés par la République démocratique du Congo (RDC)
Après le dépôt de plaintes en France et en Belgique contre ses filiales pour recel de crimes de guerre, blanchiment de faux et tromperie des consommateurs, la société californienne annonce avoir instruit ses fournisseurs dans ces deux pays de cesser leurs exportations.
Apple « conteste fermement » les allégations contenues dans les plaintes déposées contre ses filiales en France et en Belgique, les 16 et 17 décembre, par des avocats mandatés par la République démocratique du Congo (RDC), qui l’accusent de recel de crimes de guerre, blanchiment de faux et tromperie des consommateurs.
L’entreprise indique par ailleurs avoir pris soin d’informer ses fournisseurs qu’ils « devaient suspendre l’approvisionnement en étain, tantale, tungstène et or en provenance de la RDC et du Rwanda », mais sans préciser clairement quand ces instructions ont été données, expliquant seulement l’avoir fait « alors que le conflit dans la région s’intensifiait plus tôt cette année ». « Nous avons pris cette mesure car nous craignions qu’il ne soit plus possible pour les auditeurs indépendants ou les mécanismes de certification du secteur d’effectuer les contrôles requis pour respecter nos normes élevées », explique le communiqué de la firme de Cupertino.
Cette décision d’un des géants des nouvelles technologies pourrait avoir un effet considérable sur le secteur. La RDC et le Rwanda sont parmi les principaux producteurs de certains des minerais essentiels à la fabrication des composants électroniques des ordinateurs et téléphones portables. Mais extraits dans l’est de la RDC, frontalier du Rwanda, zone de guerre depuis près de trente ans, ceux-ci portent l’étiquette infamante de « minerais de sang » car leur commerce alimente les groupes armés.
Avant de déposer plainte, les avocats de l’Etat congolais avaient mis en demeure Apple aux Etats-Unis et en France en avril sur les mêmes faits. Le 3 juin, Apple disait déjà prendre ses « responsabilités » et des mesures « lorsque nos normes strictes ne sont pas respectées » et expliqué avoir retiré quatorze fonderies et raffineries de sa chaîne d’approvisionnement. Il n’était pas encore question de suspendre son approvisionnement dans toute cette région.
« SATISFACTION ET PRUDENCE »
Les conseils de l’Etat congolais, les cabinets Amsterdam, Bourdon et Marchand, accueillent donc la dernière déclaration d’Apple « avec satisfaction et prudence » et parlent d’un « revirement déclaré ». Ils demandent que cette annonce soit vérifiée « dans les faits, sur le terrain, chiffres à l’appui ». « Les déclarations d’Apple ne changent rien au passé et aux crimes qui auraient été commis », commentent-ils encore dans un communiqué commun.
En Belgique, la plainte a déjà réuni les conditions de recevabilité, ajoute Me Christophe Marchand. « Désormais, nous sommes sûrs qu’un juge d’instruction belge mènera une enquête à laquelle les parties civiles pourront contribuer », souligne ce dernier.
Jean-Claude Mputu, porte-parole de la coalition anticorruption « le Congo n’est pas à vendre », est aussi d’avis que cette annonce d’Apple « n’exonère pas » la société. « Cela fait des années que la société civile interpelle Apple et les autres entreprises sur leurs responsabilités dans les crimes en RDC sans qu’elles agissent », insiste-t-il, appelant l’entreprise américaine à rendre public la liste de tous ses fournisseurs.
Depuis 2021 surtout, le système de certification des minerais dits 3 T – étain, tantale, tungstène – mis en place mis en place par l’association mondiale des producteurs d’étain, l’Initiative internationale de la chaîne d’approvisionnement de l’étain (Itsci), fait l’objet de nombreuses mises en cause des Nations unies et d’ONG. Global Witness l’a ainsi qualifié de « blanchisseuse ».
MENACE D’UN EMBARGO
« Apple aurait dû réagir. La leçon à tirer pour les autres entreprises est que la diligence raisonnable implique de prendre des mesures appropriées lorsque de nouvelles informations sont révélées, et non de garder le silence et d’espérer que tout ira pour le mieux », juge Gregory Mthembu Salter, un ancien du groupe d’experts de l’ONU, chargé d’enquêter sur l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises. Il ajoute que la décision d’Apple pourrait être suivie par d’autres sociétés, entraînant un « embargo de facto mais qui sera difficile à maintenir » sur les exportations venues de RDC et du Rwanda, du fait des richesses minérales de ces deux pays.
« Pour l’étain et le tungstène, c’est possible de s’approvisionner ailleurs, mais la contribution congolaise dans la production de tantale est plus déterminante sur le marché, même si elle reste surestimée dans le discours public », explique Christophe Vogel, un autre ancien expert de l’ONU, tout en précisant que chaque embargo « impacte les communautés de certains territoires car il y a toute une économie qui découle de cette exploitation artisanale et qui ne bénéficie pas qu’aux groupes armés ».
La menace d’un embargo inquiète de nombreux opérateurs économiques en RDC. L’un d’eux explique avoir déjà entendu parler de cette mesure conservatoire d’Apple il y a quelques mois, suite à la mise en demeure des avocats de l’Etat congolais et, plus encore, après un communiqué du département d’Etat américain en juillet exprimant ouvertement sa préoccupation au secteur privé sur la fraude entourant cette chaîne d’approvisionnement. « Il n’y a pas qu’Apple qui ne veut plus acheter. Au niveau des fonderies et raffineries, il n’y a plus d’engouement sur les minerais 3 T de notre région à cause de toutes les accusations publiques », relate la source précédemment citée.
Soucieux de préserver son image, le géant de la tech affirme que désormais « la majorité des minerais utilisés dans les produits Apple sont recyclés, y compris le tungstène recyclé à 99 % dans tous les produits et (…) du cobalt recyclé à 100 % dans les batteries conçues par Apple sur toute la gamme d’iPhone 16 ».
DAKAR, VILLE REBELLE
Alors que certains pensaient voir un calme relatif avec l’arrivée de figures comme Sonko et Diomaye, les récentes tensions liées à Barthélemy Dias rappellent que la capitale est un territoie où le pouvoir s’exprime et se conteste bruyamment
Dakar, ville capitale, bastion politique et centre économique du Sénégal, demeure un terreau fertile de contestation. Depuis l'époque coloniale jusqu’à nos jours, elle n’a cessé d’être le théâtre des luttes sociales et politiques. Alors que certains pensaient voir un calme relatif avec l’arrivée de figures comme Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, les récentes tensions liées à Barthélemy Dias rappellent que Dakar est une ville où le pouvoir s’exprime et se conteste bruyamment.
Ces derniers jours, les événements l'ont encore prouvé. Le maire sortant de Dakar, Barthélemy Dias, a vu ses activités une nouvelle fois entravées. Son point de presse prévu à la mairie de Dakar, hier mercredi, a été interdit par les forces de l’ordre, l’obligeant à chercher refuge dans un magasin voisin, avec le soutien de Bougane Guèye Dany. Ce scénario, où la police bloque un accès administratif, n’est pas nouveau. Vendredi déjà, un dispositif similaire avait empêché une autre rencontre.
Ces interdictions révèlent un climat tendu et soulignent le rôle central de Dakar comme arène de confrontations politiques et sociales. Dans un entretien accordé à ‘’Jeune Afrique’’, à la veille des élections locales de 2022, Ibrahima Kane, analyste d’Osiwa, rappelait : ‘’Dakar a toujours été une ville rebelle, depuis le temps du PS. C’est dans la capitale que se déroule l’essentiel de l’activité économique et sociale. Les problèmes y sont multipliés par dix et cela joue toujours contre le pouvoir en place.’’
Cette dynamique historique persiste : Dakar s’érige souvent contre les régimes dominants, symbolisant la contestation nationale.
Un bastion de l’opposition depuis Khalifa Sall
La rupture a eu lieu en 2009, avec l’élection de Khalifa Sall comme premier maire de l’opposition. Après des décennies d’hégémonie du Parti socialiste sous Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf – malgré des secousses majeures comme mai 1968 et février 1994 – le président Abdoulaye Wade perd cette forteresse stratégique. Les Dakarois, fatigués par une gestion marquée par l’inflation, les coupures d’électricité et la vie chère, infligent une défaite cuisante au régime du Sopi.
Cette victoire n’est pas anodine. Dakar a toujours été perçue comme un tremplin politique : être maire de la capitale, c’est souvent avoir une stature présidentielle. En 2009, Wade espérait faire de son fils, Karim Wade, un dauphin politique en remportant Dakar. Le résultat en fut tout autre.
En 2014, Macky Sall tente à son tour de reprendre la capitale en envoyant Aminata Touré, alors Première ministre, affronter Khalifa Sall. Malgré des changements dans le mode de scrutin et les moyens déployés, Mimi Touré subit une défaite humiliante. Quelques mois plus tard, elle est remerciée par Macky Sall, conséquence directe de ce revers.
Khalifa Sall consolide alors son ancrage, défiant le pouvoir central jusqu’à ce que des accusations de mauvaise gestion aboutissent à son emprisonnement. Cette manœuvre, perçue comme un moyen de l’écarter de la Présidentielle de 2019, renforce le ressentiment des Dakarois envers le régime. À son départ, les conseillers municipaux, dans un geste symbolique, choisissent Soham Wardini, proche de Khalifa Sall, pour lui succéder, rejetant ainsi le candidat proposé par le pouvoir.
La mainmise de l’opposition sur Dakar se consolide en 2022, lorsque Barthélemy Dias, candidat de la coalition Yewwi Askan Wi, humilie Abdoulaye Diouf Sarr, un des rares maires ‘’aperistes’’ victorieux aux Locales de 2014. Cette élection symbolise une sanction directe contre le régime de Macky Sall, mais aussi une reconnaissance de la longévité et du poids de l’opposition dans la capitale.
Pourtant, malgré cette victoire, Barthélemy Dias traverse aujourd’hui une zone de turbulence marquée par la perte de la mairie de Dakar et de son siège de député. Ce revers politique, doublé de tensions avec les forces de l’ordre, remet sur le devant de la scène la capacité de Dakar à se rebeller et à résister.
Une capitale stratégique et contestataire
Dakar reste unique au Sénégal. Selon l’ANSD, la capitale concentre l’essentiel du tissu économique et industriel du pays. Avec plus de 7 500 habitants au kilomètre carré, les problématiques d’infrastructures, de transport et de vie quotidienne pèsent lourdement sur les habitants, nourrissant frustrations et colère.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la particularité de cette ville cosmopolite : un poumon économique et un bastion politique où les oppositions s’organisent pour contester les régimes dominants. De Khalifa Sall à Barthélemy Dias, Dakar n’a cessé d’incarner cette résilience face aux pouvoirs successifs.
Lors de la crise préélectorale de 2024, Dakar s'est une fois de plus imposée comme le principal épicentre des manifestations, enregistrant le plus grand nombre de victimes dans un climat politique tendu. La capitale a donné le ton à la contestation nationale, réaffirmant son statut de bastion historique de la résistance sociale et politique.
La place de la Nation : un sanctuaire de la contestation
Depuis 2011, la place de la Nation (ex-Obélisque) s'est érigée en lieu symbolique des rassemblements populaires. C'est sur cette esplanade que se sont écrites certaines des pages les plus marquantes des luttes sociales et politiques du pays, notamment avec les mouvements emblématiques comme Y en a marre, le M23 et une large frange de l'opposition. La place est devenue l'épicentre des manifestations contre les abus du pouvoir, les injustices sociales et les atteintes aux libertés.
L'influence de Dakar ne s'arrête pas aux frontières nationales. Ses figures et ses combats résonnent à travers tout le pays et même au-delà, inspirant d'autres mouvements sociaux dans la sous-région.
Le mouvement Y en a marre, né à Dakar en janvier 2011, a joué un rôle prépondérant dans la mobilisation citoyenne contre les dérives politiques. Il a non seulement structuré la contestation interne, mais a également inspiré d'autres mouvements similaires en Afrique, comme le Balai citoyen au Burkina Faso. Ce dernier a été un acteur clé dans les événements ayant conduit à la chute de Blaise Compaoré en 2014.
Ainsi, Dakar s'affirme comme un véritable laboratoire de résistance populaire où les idées citoyennes et les luttes pour la démocratie prennent racine avant de se propager. Son épanouissement intellectuel et son effervescence sociale font partie de son charme unique.
Dans le passé, Dakar a joué un rôle central dans la formation de l'élite africaine, grâce notamment à ses institutions d'enseignement de renommée mondiale, comme l'université Cheikh Anta Diop ou William Ponty. La capitale a été un terreau fertile pour les intellectuels et les leaders politiques du continent, contribuant à la construction d'une Afrique consciente et engagée.
Par ailleurs, le rôle de contre-pouvoir de la presse dakaroise est un autre signe majeur de la contestation. Véritable pilier démocratique, la presse a activement participé à l'éveil des consciences et à la diffusion des idées contestataires. Les médias, par leurs reportages, éditoriaux et enquêtes, ont permis de mettre en lumière les dérives du pouvoir, tout en servant de relais aux préoccupations de la population. Cette posture critique a non seulement renforcé la transparence, mais a aussi contribué à amplifier les luttes sociales et politiques à Dakar.
Un rappel historique : la bataille de Dakar
L'histoire de Dakar est également marquée par des épisodes d'une importance internationale. La bataille de Dakar, ou l’opération Menace a eu lieu du 23 au 25 septembre 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette attaque navale, menée par la Royal Navy britannique et accompagnée du général de Gaulle et des Français libres, avait pour but de rallier l'Afrique-Occidentale française (ÀOF) à la France libre.
Toutefois, les forces armées fidèles au gouvernement de Vichy, dirigées par Pierre Boisson, ont réussi à repousser l'offensive au large de Dakar et sur la presqu'île du Cap-Vert. Cet épisode reste un symbole de la résilience militaire et stratégique de Dakar.
Dakar demeure un symbole de lutte, de résistance et de résilience. Que ce soit par son rôle historique, sa capacité à mobiliser la société civile ou son influence sur le reste de l'Afrique, la capitale joue un rôle majeur dans l'évolution politique et sociale du pays. Chaque crise, chaque manifestation et chaque contestation qui y naissent écrivent une nouvelle page de son histoire, confirmant son statut de cœur battant du Sénégal et de la sous-région.
Aujourd’hui encore, les événements récents rappellent que Dakar est une ville rebelle où la société civile et les acteurs politiques s’expriment sans détour. Barthélemy Dias, malgré les obstacles, incarne cette tradition de lutte.
Si Dakar reste le baromètre politique du Sénégal, elle montre aussi que les soubresauts de la capitale sont souvent annonciateurs de changements profonds à l’échelle nationale.
Dans les rues de Dakar, l’histoire se réécrit sans cesse, mais toujours avec le même message : la capitale ne se soumet jamais.
LE SECTEUR MINIER AU SCANNER
La Société des Mines du Sénégal lance un audit financier de toutes les sociétés opérant dans le pays. L'initiative intervient après le constat alarmant d'une sous-valorisation chronique des participations de l'État dans ces entreprises
(SenePlus) - La Société des Mines du Sénégal (SOMISEN) vient d'annoncer le lancement d'un audit financier approfondi de l'ensemble des sociétés minières opérant dans le pays, selon un communiqué de presse publié le 19 décembre 2024 à Dakar.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre des prérogatives conférées à la SOMISEN par la loi n°2020-31 du 06 novembre 2020, qui lui confie notamment la gestion et l'évaluation des participations de l'État dans le secteur minier. Une première phase d'analyse, entamée en juin 2024, a permis d'identifier 14 sociétés minières dans lesquelles l'État détient des parts.
Le panorama révélé est particulièrement instructif : l'État sénégalais possède des participations de 10% dans la majorité des sociétés, notamment dans six sociétés aurifères, deux entreprises de phosphates, et deux cimenteries. Une exception notable est sa participation de 98% dans la Société des Mines de fer du Sénégal Oriental (MIFERSO), et de 15% dans les Industries Chimiques du Sénégal (ICS).
Le constat établi par la SOMISEN est préoccupant : malgré ces participations, l'État ne perçoit que peu ou pas de dividendes de ces exploitations minières. Face à cette situation, l'organisme a sollicité l'ensemble des documents nécessaires auprès des sociétés concernées pour mener son audit.
Cette démarche s'inscrit dans une volonté de valoriser le patrimoine minier national, conformément à l'article 25-1 de la Constitution qui stipule que "les ressources naturelles appartiennent au peuple." Un premier rapport d'évaluation, assorti de recommandations stratégiques, sera prochainement soumis aux autorités pour améliorer la gouvernance et la rentabilité du portefeuille minier de l'État.
Cette initiative marque une étape importante dans la nouvelle politique de gouvernance des ressources naturelles du Sénégal, visant à optimiser les retombées économiques du secteur minier au bénéfice de la population.
ALIOU MAMADOU DIA NOMMÉ REPRÉSENTANT RÉSIDENT DU PNUD AU LIBÉRIA
Fort de son expérience au Togo, l'ancien candidat présidentiel du PUR, est attendu pour impulser des initiatives visant à renforcer la paix et la prospérité dans ce pays en pleine réforme.
Aliou Mamadou Dia, ancien candidat présidentiel du Parti de l'Unité et du Rassemblement (PUR), a été nommé représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Liberia. Avec une riche expérience au service du développement international, il occupe ce poste après avoir marqué son passage au Togo par des projets d'impact.
Avant ce nouveau défi, M. Dia a exercé la même fonction au Togo entre 2019 et 2023. À ce poste, il a piloté plusieurs initiatives visant à améliorer les conditions de vie des populations togolaises, notamment à travers des projets axés sur le développement durable, la gouvernance, et la résilience économique.
Sa nomination pourrait susciter beaucoup d'espoir pour le Libéria. Aliou Mamadou Dia pourrait jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre des programmes du PNUD dans ce pays engagé dans des réformes de développement pour consolider la paix et renforcer la prospérité de ses citoyens.
Certains observateurs pensent que "cette nomination illustre une fois de plus l’importance des leaders africains dans la conduite des agendas globaux de développement".
LE SÉNÉGAL IDENTIFIE 35 MESURES POUR RÉDUIRE SES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
La courbe des coûts marginaux de réduction (MACC), issue d’une étude nationale, a permis d’identifier ces mesures. Ces initiatives, qui touchent divers secteurs, visent à concilier développement économique et protection de l’environnement.
Dakar, 18 déc (APS) – Le Projet de construction de la courbe des coûts marginaux de réduction (MACC) a permis d’identifier au Sénégal 35 mesures d’atténuation du gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique, a indiqué, mercredi, Madeleine Diouf Sarr, directrice du changement climatique, de la transition écologique et des financements verts.
‘’Nous sommes là pour valider ce projet, une étude d’évaluation du coût d’abattement des projets d’atténuation et d’émission de gaz à effet de serre’’, a-t-elle expliqué.
Elle a souligné que la courbe réalisée a ‘’permis d’identifier 35 mesures gagnant-gagnant d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre pour le Sénégal’’.
Cet outil central de hiérarchisation des émissions selon leur impact carbone et financier a également contribué à ‘’voir quel est le coût de ces mesures’’, a poursuivi Mme Sarr.
Elle intervenait à l’ouverture de l’atelier national de validation de l’étude sur la courbe des coûts marginaux de réduction (MACC-en anglais) des émissions de gaz à effet de serre du Projet Partnership for market implementation (PMI) financé par la Banque mondiale.
‘’Cet outil nous permettra réellement de mieux documenter, de mieux négocier avec nos partenaires dans le cadre du marché carbone. Nous voulons aussi mettre en avant ces mesures pour obtenir également des supports financiers et des investissements pour le Sénégal’’, a-t-elle ajouté.
Elle a précisé que ces‘’35 mesures concernent différents secteurs, notamment le secteur de l’environnement, qui traite de la reforestation, de la protection des mangroves, la lutte contre les feux de brousse, et du développement des foyers améliorés, pour réduire la pression sur les forêts.’’
Des mesures qui concernent également ‘’des projets sur l’énergie, notamment sur comment promouvoir le gaz butane dans la cuisson des ménages et les énergies renouvelables.’’
‘’Des projets sur l’assainissement’’, la manière de ‘’réduire les émissions de méthane dans le secteur de l’assainissement tout en augmentant l’accès à l’assainissement et le traitement des eaux usées sont aussi concernés par ces mesures d’atténuation’’, a-t-elle encore indiqué.
Madeleine Diouf Sarr a estimé que ces ‘’mesures d’atténuation peuvent être très optimales pour le développement du Sénégal tout en respectant notre croissance, ou encore le référentiel Sénégal Vision 2050’’.
Pour sa part, le représentant du cabinet de consultance »Carbon Limits », Stéphane Guille a souligné que ‘’le Sénégal comme tous les pays, veut continuer sa croissance économique’’.
‘’Cette croissance vient avec des émissions plus élevées de gaz à effet de serre, mais avec les technologies qui évoluent, il y a des opportunités pour avoir une croissance économique sans avoir une hausse importante d’émissions de gaz à effet de serre’’, a-t-il expliqué.
Selon lui, ‘’avoir une connaissance des coûts relatifs des différentes mesures d’atténuation d’émissions de gaz à effet de serre présente l’opportunité d’engager avec des partenaires une coopération internationale sur les marchés du carbone’’.
‘’Cette étude sur la courbe des coûts marginaux de réduction (MACC) est un des outils qui pourront aider le Sénégal dans cette coopération internationale à avoir des financements internationaux à travers les marchés carbone’’, a soutenu M. Guille.
Le projet de construction de la courbe des coûts marginaux de réduction (MACC) a été lancé en juillet 2024. Il s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris sur les marchés carbone.
Signataire de l’Accord de Paris en 2015, le Sénégal a pris des engagements clairs pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, notamment à travers la mise en œuvre de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), adoptée en 2020.
Dans cette optique, le Sénégal s’est engagé dans une dynamique proactive qui a permis de mettre en place un cadre opérationnel national sur le marché carbone, appuyé par des réalisations concrètes.
Aujourd’hui, la mise en place de la MACC permettra d’évaluer le potentiel d’atténuation par secteur, de définir un coût de réduction tenant compte du contexte local et d’affiner les critères d’éligibilité à appliquer aux projets de transition sur l’article 6 de l’accord de Paris.