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24 novembre 2024
Développement
par l'éditorialiste de seneplus, Oumou Wane
PAR IMPULSIVITÉ, BENNO S'EST ENFERMÉE DANS SA PROPRE TRAPPE
EXCLUSIF SENEPLUS - Hantée par la défaite amère de la présidentielle, la coalition refuse de lâcher sa dernière parcelle de pouvoir, comme si sa survie en dépendait. Dans ce jeu inégal, le plus grand défi est de ne pas s'attirer la haine du peuple
"Lorsqu'on laisse l'émotion prendre le pas sur la raison, cette dernière disparaît. On pourrait presque dire que l'émotion est nègre comme la raison est hellène...’’- Senghor.
L'attitude impulsive de la coalition Benno ces dernières semaines, marquée par des affrontements stériles avec l'exécutif, révèle deux constats clairs. D'une part, l'exécutif agit avec méthode et discernement, tandis que Benno, toujours une longueur de retard, réagit avec passion plus qu'avec stratégie.
L'exécutif s'est appuyé sur cinq piliers : la Constitution sénégalaise, le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, un crayon, un calendrier, et la mesure du peuple. Aux commandes, une équipe de conseillers compétents et scrupuleux, dotés d'une expertise juridique de premier plan. Lorsque vous avez des talents comme Ousmane Diagne, Cire Cledor Ly, Ngouda Mboup, Amadou Ba, Khadim Diagne, Sidy Alpha Ndiaye et d'autres encore, il est évident que le jeu n'est pas à armes égales. Sans même mentionner Mimi Touré, revenue sur le devant de la scène et capable d’analyser le moindre signe de Macky Sall pour en tirer la parade nécessaire. À ce stade, la partie est loin d'être équilibrée.
De l'autre côté, Benno, agrippée à cette déclaration de politique générale du Premier ministre pour des raisons à la fois subjectives et impulsives, s’est empêtrée seule dans ses propres contradictions, brandissant des armes qui, hélas, se révèlent factices. Toujours hantée par la défaite amère de la dernière élection présidentielle, la coalition refuse de lâcher sa dernière parcelle de pouvoir, comme si sa survie même en dépendait. Ce qui arrive à Benno est semblable au sort de certains médias, sevrés des subventions et d’avantages d'antan. À tous, je rappellerais ces paroles de Charles Aznavour : « Il faut savoir... »
« Il faut savoir encore sourire, quand le meilleur s'est retiré
Et qu'il ne reste que le pire dans une vie bête à pleurer
Il faut savoir, coûte que coûte, garder toute sa dignité
Et malgré ce qu'il nous en coûte, s'en aller sans se retourner »
Parce que dans ce jeu inégal, le plus grand défi est de ne pas s'attirer la haine du peuple. L'exécutif joue finement, respectant les textes à la lettre pour préparer sa future campagne législative, pendant que Benno se consume dans une agitation stérile.
Quand le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré le 28 juin 2024 que le règlement intérieur de l'Assemblée nationale était erroné et qu'il n'accepterait de se présenter devant les députés qu'après sa correction, le sort en était déjà jeté. Pourtant, ce jour-là, les pièges étaient déjà en place. Le président et le Premier ministre, faut-il le rappeler, sont des juristes aguerris, des stratèges experts de la politique.
En violant l'article 97, Benno — ou ce qu'il en reste de l'APR — s'est offert le bâton pour se faire battre. Le 11 septembre prochain, il n’y aura point de déclaration de politique générale, et le Premier ministre Ousmane Sonko a déjà exprimé sa préférence pour une autre configuration pour cette prise de parole. La trappe étant toujours ouverte, je me demande si le sort ne sera pas déjà scellé avant cette date fatidique.
La leçon est simple : malgré tout son courage, le jeune Abdou Mbow ne pourra rien y changer. Ceux qui l'encouragent dans cette direction suicidaire ne font que révéler leur impulsivité. Une Assemblée nationale dirigée par des incompétents est, en un mot comme en cent, un frein au développement de notre pays. Mieux vaut savoir partir que de se faire mettre à la porte...
« Il faut savoir quitter la table, lorsque l'amour est desservi
Sans s'accrocher l'air pitoyable, mais partir sans faire de bruit… »
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa 7.
par Nioxor Tine
TIRER LES BONNES LEÇONS INSTITUTIONNELLES
Le régime du Pastef n’accorde pas encore à l’immense chantier de refondation institutionnelle, toute l’importance requise. Il est temps de matérialiser l'engagement envers les Assises, acté par la signature du Pacte de bonne gouvernance démocratique
Les Sénégalais ont l’impression de vivre un cauchemar. Les dysfonctionnements institutionnels, qui perdurent dans notre pays et qu’on pourrait faire remonter au temps régime UPS-PS, surtout après la crise de 1962, sont loin de s’estomper.
Les Assises nationales de 2008-2009 avaient suscité un brin d’espoir, vite effacé par la boulimie pouvoiriste du président Macky Sall. Résultat des courses, le Sénégal vient de sortir d’une période sombre, digne des pires dictatures comme le Haïti des Duvalier ou les autocraties pétrolières d’Afrique Centrale ou du Moyen-Orient.
Dernier rempart d’un renouveau démocratique
C’est donc avec tristesse, que les patriotes et démocrates sincères de notre pays constatent, que le régime du Pastef, n’accorde pas encore à l’immense chantier d’assainissement des mœurs politiques et de refondation institutionnelle, toute l’importance requise. Pour notre part, nous sommes convaincus, que c’est l’entêtement des régimes issus de nos deux premières alternances à ignorer les impératifs d’un véritable dialogue politique tourné vers la réforme radicale de l’hyper-présidentialisme, avec une véritable séparation et un équilibre des pouvoirs, qui explique l’état de ruines dans lequel, le premier ministre Sonko déclare avoir trouvé notre pays.
Comment comprendre ces querelles de borne-fontaine, évoquant parfois un combat de coqs, au sein de l’hémicycle.
Le camp patriotique constitue, dans la phase historique actuelle, le dernier rempart d’un renouveau démocratique, surtout depuis la désertion des anciens combattants de la gauche marxiste. Cette nouvelle génération d’hommes politiques, dont les promesses électorales et propositions programmatiques ont été approuvées par une large majorité des Sénégalais n’ont rien à gagner dans cette confrontation stérile, sous peine d’être assimilés à cette « vieille classe politique », avocat d’un système néocolonial honni, dont le naufrage politique a été sinon définitivement acté, tout au moins, fortement esquissé.
Plus que de véritables hommes politiques, il s’agit surtout de criminels à col blanc, milliardaires, qui malheureusement continuent à diriger le camp des vaincus et dont l’attitude est bien compréhensible, leur principal souci étant d’échapper aux fourches caudines de la Justice, surtout à la reddition des comptes, qui serait imminente. Au lieu de se réinventer politiquement, de faire leur aggiornamento, en faisant leur autocritique, en modifiant leur stratégie largement rejetée par les Sénégalais, ils ont pris le parti de miser sur l’échec des nouvelles autorités.
Plus grave, ils ont même initié une campagne de dénigrement et de désinformation digne de Cambridge Analytica, une entreprise experte dans les stratégies d’influence électorale et politique, qui a fait ses preuves au Nigeria, dans l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et la campagne victorieuse du Brexit, de triste mémoire. Le nom d’une société fantôme israélienne, ayant déjà intervenu au Sénégal, lors de la présidentielle de 2019, serait même évoquée dans les tentatives de déstabilisation du nouveau régime patriotique.
Ces mercenaires de l’ombre, très actifs dans une certaine presse et sur les réseaux sociaux, avec des milliers de faux profils, usent d’une stratégie de communication basée sur les fake-news et les procès d’intention.
Ils cherchent à discréditer la nouvelle équipe au pouvoir, accusée d’étouffer la presse, alors qu’il s’agit de contentieux fiscaux, de paralyser le secteur BTP, victime plutôt de la mal-gouvernance du foncier, qu’on essaie de rectifier, de manquer de respect aux parlementaires, surtout ceux de l’opposition, décidément très susceptibles, depuis le 24 mars dernier.
Le parlement, dernier bastion du Mackyland
Ces députés du Macky – et non du peuple – organisent la résistance « contre-révolutionnaire » au niveau du parlement, où ils disposent encore d’une très faible majorité, d’une voix. C’est dans ce cadre, qu’il faut appréhender le déroulement de la dernière session parlementaire sur la dissolution du CESE et le HCCT. Elle est une illustration parfaite de la théâtralisation outrancière de la vie politique de notre pays, telle que nous la vivons, depuis toujours, mais surtout depuis la première alternance de 2000.
Plus que d’une rupture entre le parlement et les aspirations populaires comme mentionné dans le communiqué du porte-parole de la présidence, c’est plutôt d’un fossé béant qu’il s’agit entre l’ancien régime de prédateurs et le peuple sénégalais, qui a subi, douze ans durant, la dictature de Benno. Car le désaveu cinglant de l’ancienne majorité, annoncé par ses revers électoraux de l’année 2022 et la défiance populaire à son endroit, à l’origine d’une répression féroce, a déjà été acté par sa déroute lors de la dernière présidentielle.
C’est pour cela qu’on peut considérer, que le show parlementaire soporifique du 3 septembre dernier, qui rappelle de mauvais souvenirs de forcing parlementaire des années passées, n’a eu pour effet que de requinquer et de ressouder la nouvelle opposition, dont certains pans cherchent à se distancier d’un passé récent peu glorieux.
Benno Bokk Yakaar, mal en point, achevée par euthanasie
Heureusement, la liquidation de Benno Bokk Yakaar, aux allures d’euthanasie politique, prononcée par Macky Sall, dès la fin de la session parlementaire, a confirmé le processus avancé de dégénérescence de l’ancienne majorité présidentielle.
Hormis la dissidence de l’ancien candidat hyper-liquide (mais mal-aimé) du Benno-APR, qui s’apprête à créer son propre parti, on nous signale la naissance du front social et républicain regroupant d’anciens membres de Macky 2012 et des évolutions au sein des partis socio-démocrates (PS, AFP, Taxawu…etc) vers plus d’autonomie.
Quant à la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) rassemblant les anciens de « l’ex-gauche marxiste », sur la voie de regrouper leurs partis exsangues et de se muer en fédération (FDS), elle continue de tirer à boulets rouges sur les nouvelles autorités, reprenant, mot pour mot, les argumentaires et éléments de langage de l’APR. Elle persiste dans son entêtement à perpétuer son compagnonnage morbide avec ses anciens patrons politiques, dans une posture de servitude volontaire, dont ils ont du mal à se dépêtrer.
Pourtant, même s’ils étaient restés sourds et aveugles, une décennie durant, devant la longue série de forfaits et crimes de l’Etat APR, gommés par une autoamnistie, initiée par l’ancien président Macky Sall, le putsch électoral avorté du 3 février 2024, aurait dû enfin leur ouvrir les yeux.
Ne serait-ce que par bon sens et par instinct de survie politique, la défaite cinglante du Benno-APR lors de la dernière présidentielle leur offrait une occasion inespérée de renouer avec le camp du travail et du progrès social, avec à la clé, une autocritique en bonne et due forme.
Il convient, pour terminer, d’appeler le camp patriotique à refuser de suivre ces politiciens libéraux en fin de carrière dans leur cirque politico-électoral et de matérialiser leur engagement envers le processus des Assises nationales, acté par leur signature du pacte national de gouvernance démocratique.
Alors que l'Assemblée nationale, sous l'impulsion de l'opposition, tentait d'accélérer le processus, le président Bassirou Diomaye Faye a décidé de reprendre la main en fixant la date au 13 septembre, soit deux jours après celle annoncée par le parlement
(SenePlus) - Dans un contexte politique tendu au Sénégal, la date de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko devient l'enjeu d'un véritable bras de fer entre le nouveau pouvoir et l'opposition parlementaire. Le président Bassirou Diomaye Faye a fixé la date au 13 septembre, contrecarrant ainsi les manœuvres de l'opposition qui tentait d'accélérer le processus.
Le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé, a annoncé dans des propos rapportés par l'APS ce vendredi que : « Le président de la République conformément à ses prérogatives constitutionnelles et à l'histoire du Sénégal a informé l'Assemblée nationale dans une lettre en date du 6 septembre 2024 de la tenue le vendredi 13 septembre de la DPG conformément au règlement intérieur de l'institution parlementaire en son article 97". Cette décision intervient après que l'Assemblée nationale, dominée par l'opposition, a tenté de fixer la date au 11 septembre.
La coalition Benno Bokk Yakaar, majoritaire à l'Assemblée, avait initialement prévu de "jouer la carte du temps" pour forcer le Premier ministre à se présenter plus tôt devant l'Assemblée. Lors de la Conférence des présidents jeudi, ils avaient ainsi décidé de tenir les travaux de la session extraordinaire en mode "fast-track", fixant la date de la DPG au 11 septembre, soit un jour avant la date limite où le président pourrait théoriquement dissoudre le parlement.
Cette manœuvre s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre le nouveau pouvoir et l'opposition. L'Assemblée nationale a ouvert sa troisième session extraordinaire le 5 septembre, convoquée par le président pour examiner trois projets de loi et recevoir la DPG du Premier ministre. Cette convocation était elle-même une réponse au projet de motion de censure contre Ousmane Sonko envisagé par l'opposition.
La Déclaration de Politique Générale est un moment crucial dans la vie politique sénégalaise. Elle permet au Premier ministre de présenter les grandes orientations de son gouvernement et de solliciter la confiance de l'Assemblée nationale. Dans le contexte actuel, cette DPG revêt une importance particulière, étant donné les tensions entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
L'opposition avait prévu un calendrier serré : une réunion de la commission technique le 6 septembre pour débattre des trois projets de lois, suivie d'une assemblée le 8 septembre, pour finalement clôturer la session extraordinaire par la DPG le 11 septembre. Cette planification accélérée mettrait clairement la pression sur le gouvernement.
Mais en fixant la date au 13 septembre, le président Faye affirme son autorité et reprend la main sur le calendrier politique. Cette décision pourrait être interprétée comme une volonté de ne pas se laisser dicter le tempo par une opposition hostile, tout en respectant les délais légaux.
TEMPÊTE SUR LE PALAIS
De Touba à Tivaouane, les communautés religieuses grondantes, exigeant des sanctions contre le directeur des Moyens généraux de la présidence après de récentes sorties polémiques. Diomaye se trouve confronté à un dilemme : le maintenir ou le limoger ?
De Touba à Tivaouane, la colère gronde pour dénoncer les propos de Cheikh Oumar Diagne, qui ont passablement agacé les responsables de ces familles religieuses. Pour le chef de l’Etat, c’est une nouvelle affaire qui va davantage perturber son quotidien rythmé ces dernières heures par le bras de fer avec l’Assemblée et le dossier des Cheikh Dieng et Dièye sur l’Onas. Un dossier radioactif.
Il y a une succession d’évènements qui polluent l’air à la présidence. Jusqu’ici, l’Exécutif se démène pour sortir de la crise politico-institutionnelle avec le pouvoir législatif, mais il vient de se coltiner un autre dossier chaud produit par des déclarations du ministre-conseiller, directeur des Moyens généraux de la Présidence. Personnage controversé, auteur de déclarations fracassantes, Cheikh Oumar Diagne est pris dans une affaire qui met le Palais dans une situation embarrassante. Bien sûr, la polémique, née de la prise en charge des hôtes de Touba, est une minuscule affaire comparée aux secousses provoquées par ses propos sur les foyers religieux, sur les rois du Maroc. De Touba à Tivaouane, les voix se lèvent pour condamner les propos «d’une extrême gravité contre la stabilité nationale» tenus par M. Diagne.
Serigne Kosso Mbacké, fils aîné du Khalife général des Mourides, rappelle que COD n’en est pas à son premier coup d’essai. «On ne peut pas imputer la responsabilité des agissements de Cheikh Oumar Diagne au président de la République Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko, qui ont un énorme respect et de la considération à l’égard des familles religieuses du Sénégal. Mais nous interpellerons toutes les autorités étatiques et judiciaires sur la gravité des faits», déclare Serigne Kosso. Il poursuit : «Il a clairement dit que tous les chefs religieux sont des voleurs, et que le Magal et le Gamou sont des moments propices au vol et au blanchiment d’argent. Des déclarations de ce type peuvent être des sources de troubles à l’ordre public. Il est temps pour ce monsieur de se rétracter de ses propos. Ces déclarations sont graves et peuvent brûler ce pays. J’en appelle au sens de la responsabilité de ceux pour qui il travaille.» Pour le guide religieux, la Justice doit s’autosaisir, tout comme ceux qui ont en charge de veiller à la stabilité de ce pays. «Maintenons ce pays dans la sérénité. Protégeons la stabilité et agissons dans le sens de ne créer aucune forme de trouble ! Les tenants du pouvoir ne doivent pas rester insensibles. Ils doivent réagir.»
Plainte et marche
A Tivaouane, Serigne Moustapha Sy Al Amine ne cache pas sa colère. Il dit : «Ces temps-ci il y a quelqu’un qui travaille avec le chef de l’Etat, je ne veux pas prononcer son nom, mais les gens le reconnaîtront. Il a dit que El Hadji Malick, avec toutes ses connaissances islamiques, mérite aujourd’hui d’être rectifié dans ses écrits, avec un ton indiscipliné. Cette déclaration est une provocation venant d’un collaborateur du chef de l’Etat. Il se pavane partout pour parler avec indiscipline.» Pour Serigne Mansour Sy Djamil, la meilleure réponse sera la belle réussite de l’organisation du prochain Gamou. «Et que la belle parade de la jeunesse tidiane puisse montrer à suffisance que Mame El Hadj Malick Sy occupe une place centrale dans le cœur des talibés», dit-il en substance.
Aujourd’hui, il y a une exacerbation de la colère religieuse qui a du mal à supporter l’aversion dont fait montre Cheikh Oumar Diagne à leur endroit. Serigne Modou Mbacké Bara Dolly et compagnie, regroupés au sein de la Convergence Taxawu Ndonoy mag gni, ont déjà déposé une plainte sur la table du Procureur de Dakar contre lui et prévoient une marche ce vendredi à la Mosquée Massalikoul Jinane, après avoir une lancé une pétition pour son limogeage de son poste à la présidence. Et les signatures explosent au niveau de la toile.
Peut-il rester à la présidence ?
Cette colère interne est doublée du silence diplomatique, mais plein de risques de Rabat dont les souverains n’ont pas été épargnés dans sa dernière sortie. Officiellement, le Maroc n’a fait aucun commentaire sur la sortie de Cheikh Oumar, qui risque de créer un gros malaise entre les deux pays liés par une coopération économique forte. Une proximité religieuse avec la Tidianiya dont le berceau se trouve à Fez, qui attire tout le temps des millions de pèlerins sénégalais.
Aujourd’hui, cette affaire est un caillou dans la chaussure du chef de l’Etat. Sans doute, il aurait voulu se passer d’une telle affaire alors qu’il tente de démêler la crise institutionnelle avec l’Assemblée nationale. Peut-il encore garder le directeur des Moyens généraux de la présidence avec lui ?
LA MAJORITÉ PARLEMENTAIRE FAIT LE FORCING
Empêché de censurer le gouvernement, Benno contre-attaque en invitant le Premier ministre à se présenter plus tôt que prévu pour sa DPG. Cette manœuvre à la limite de la légalité, témoigne d'une opposition déterminée à reprendre la main
L’Assemblée nationale a ouvert hier, jeudi 5 septembre sa troisième session extraordinaire convoquée par le président de la République en vue d’examiner 3 projets de loi et recevoir la déclaration de politique générale du Premier ministre, Ousmane Sonko. Convoquée en réunion aussitôt après cette ouverture, la Conférence des présidents a décidé de tenir les travaux de cette session extraordinaire en mode fast-track en fixant la date de la déclaration de politique générale au 11 septembre, soit 7 jours en lieu et place des 8 prévus par l’article 97 du règlement intérieur.
L’Assemblée nationale a déclenché le compte à rebours de sa troisième session extraordinaire d’affilée depuis le 31 juillet. Convoquée par le président de la République à travers le décret n°2024-1880 publié le 4 septembre dernier, cette nouvelle session extraordinaire de l’Assemblée nationale qui est venue contrarier les plans des députés de la majorité qui voulaient enclencher une procédure de vote d’une motion de censure contre le Premier ministre, Ousmane Sonko, a pour ordre du jour 3 projets de loi et la déclaration de politique générale. Le chef de l’Etat a, en effet, mis en branle l’article 86 de la Constitution qui lui permet de demander à l’Assemblée nationale, toutes affaires cessantes, d’examiner en priorité sa commande.
La cérémonie d’ouverture de cette troisième session extraordinaire a été présidée par le président de l’Assemblée nationale. Après lecture du décret portant convocation de l’Assemblée nationale devant les 109 représentants du peuple qui ont fait le déplacement, Amadou Mame Diop a procédé à la levée de la séance aussitôt après avoir annoncé la convocation de la Conférence des présidents à la salle Marie Joséphine Diallo à 13h30mn pour établir l’agenda de cette session extraordinaire qui va se pencher notamment surle projet de loi de règlement pour la gestion 2022, la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la Coopération transfrontalière (Convention de Niamey), un projet de loi relatif à la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH), et la Déclaration de Politique générale du Premier ministre, Ousmane Sonko.
Benno rétrécit le délai prévu pour la Dpg de 8 à 7 jours, Yewwi rue dans les brancards
Les députés de l’ancienne coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar apportent la réplique au président de la République qui a contrecarré leur projet de motion de censure contre son Premier ministre à travers la convocation de cette troisième session extraordinaire de l’Assemblée nationale. Actuellement majoritaires à l’Assemblée nationale, ils ont, en effet, décidé de jouer la carte du temps pour forcer le Premier ministre à se présenter à l’Assemblée nationale.
En réunion de la Conférence des présidents hier, pour établirl’agenda de cette session extraordinaire, ils ont décidé de tenirles travaux de cette session en mode fast-track. En effet, à la sortie de cette réunion, Moussa Diakhaté, président de la Commission des lois, a informé que le Premier ministre est attendu à l’Assemblée nationale le 11 septembre prochain pour sa Déclaration de politique générale.
En réunion de la Conférence des présidents, les députés de la majorité ont donc décidé d’accélérerles choses. Et ce, en décidant de tenir dès ce samedi 6 septembre la réunion de la commission technique pour débattre sur les trois projets de lois avec les ministres concernés et le lundi 8 septembre prochain la plénière sur ces trois textes.
Ainsi, ils ont prévu de clôturer cette session extraordinaire comme le recommande le président de la République dans son décret par la Déclaration de politique générale dont la séance plénière est fixée pour le 11 septembre prochain. Autrement dit, la veille de la date légale où le président de la République pourrait dissoudre l’Assemblée nationale s’il le veut.
Réagissant à cette décision de la conférence des présidents qui a fixé la date de la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Ousmane Sonko au 11 septembre prochain, Ayib Daffé, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi auquel appartient le parti au pouvoir, Pastef, a vivement dénoncé cette démarche de ses collègues.
Dans un message publié sur sa page Facebook, le président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi a accusé le président de l’Assemblée nationale et ses camarades de la majorité de « violer sciemment le règlementintérieur de l’Assemblée nationale ». « Amadou Mame Diop et son clan violent sciemment le règlement intérieur de l'AN (article 97) en retenantla date du 11 septembre comme jour de la DPG », a-t-il martelé dans un premier message avant d’enchainer dans une deuxième publication. « Ce qui est sûr et certain, il n’y aura pas de DPG si Amadou Mame Diop persiste dans sa violation flagrante de l'article 97 du règlement intérieur ».
TEMPÊTE DANS LES MONTAGNES LOZÉRIENNES
Jean-Luc Mélenchon, en voulant célébrer la richesse littéraire antillaise, a involontairement offensé tout un département. Ses paroles ont ravivé le débat sur la place des zones rurales dans le paysage culturel français
(SenePlus) - Jean-Luc Mélenchon, leader charismatique de La France Insoumise, est connu pour ses déclarations provocantes. Lors de la récente université d'été de son parti dans la Drôme, il a une fois de plus fait parler de lui en comparant la Martinique et la Lozère d'une manière qui a suscité l'indignation chez de nombreux Lozériens.
Dans son discours, Mélenchon a vanté les mérites intellectuels de la Martinique, déclarant : "La Martinique, lieu assez spécial et tout petit endroit. Malgré tout, ils sont 300 000, et pardon pour les autres, les Guadeloupéens, et ils ont toujours cultivé un certain sentiment d'élite intellectuelle. Il a ensuite énuméré plusieurs écrivains martiniquais de renom, tels que Franz Fanon, Aimé Césaire, Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau.
Cependant, c'est la comparaison directe avec la Lozère qui suscité la polémique. Mélenchon a ainsi affirmé : "En Lozère, vous n'avez pas ça, vous avez juste qu'à vous en rendre compte." Cette déclaration a été perçue comme une attaque gratuite envers le département le moins peuplé de France.
La réaction des habitants de la Lozère ne s'est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux et les ondes de France Bleu Gard Lozère, de nombreux Lozériens ont exprimé leur mécontentement. Une auditrice a déclaré : "Nous n'avons pas besoin de lui pour savoir qui nous sommes", reflétant un sentiment de fierté locale et de rejet des commentaires de Mélenchon.
D'autres ont rappelé les contributions importantes de la Lozère à l'histoire et à la culture française. Un internaute a souligné sur Facebook : "La Lozère compte entre autres le célèbre Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), scientifique (inventeur de la chaptalisation du vin). Rien que pour ça, il n'y a pas match."
Laurent Suau, président LREM du conseil départemental de Lozère, a vivement réagi, qualifiant dans une déclaration à France 3 Occitanie, les propos du leader de La France Insoumise de "calamiteux". "C'est dramatique que quelqu'un qui dit défendre le peuple, les gens, attaquent une population travailleuse et respectueuse des valeurs de la république", a-t-il ajouté.
Suau a également rappelé plusieurs personnalités lozériennes importantes, dont Guy de Chauliac, inventeur de la chirurgie moderne, et Théophile de Roussel, figure de la protection de l'enfance. Il a souligné : la "population dont les enfants réussissent particulièrement bien à l'école. J'aurais envie de l'interroger sur les dossiers qu'il a portés pour la France à part ses déclarations à l'emporte-pièce."
Cette polémique soulève des questions plus larges sur la perception de la ruralité en France et la façon dont les régions les moins peuplées sont prises en compte dans le débat national. La comparaison de Mélenchon, bien qu'apparemment destinée à mettre en valeur la richesse culturelle de la Martinique, a eu pour effet collatéral de raviver le sentiment d'abandon souvent ressenti dans les zones rurales françaises.
Par Makhtar DIOUF
UN PREMIER MINISTRE QUI GOUVERNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Naufragés du 24 mars 2024, lâchez donc ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années
L’actuelle Constitution 2001 du Sénégal (avec sa réforme de 2016) et les précédentes sont toutes inspirées comme en copier-coller de la Constitution française de 1958.
Cette Constitution supprime le titre de ‘’président du conseil des ministres’’ et le remplace par ‘’Premier ministre’’ pour donner plus de poids à la fonction par rapport au président de la République. Ce que Georges Vedel professeur de Droit public à la Faculté de Droit de Paris avait appelé « bicéphalisme administratif ».
Le poste de Premier ministre sera occupé en France par d’éminentes personnalités comme Michel Debré, Georges Pompidou, Maurice Couve de Murville, Pierre Mesmer (ancien gouverneur général de l’AOF), Jacques Chaban-Delmas, Jacques Chirac, Lionel Jospin, Michel Rocard… Pompidou et Chirac accéderont à la présidence. Raymond Barre, professeur émérite d’université avait été nommé Premier ministre par le président Giscard d’Estaing, le présentant comme ‘’le meilleur économiste de France’’. Ce rappel est fait pour montrer l’importance de la fonction de Premier ministre dans une démocratie.
La fonction de Premier ministre est bien mise en évidence lorsque son parti remporte une élection législative. Il est alors imposé au président de la République une cohabitation qui émiette sur ses prérogatives, car il à ses côtés un Premier ministre qu’il n’a pas nommé et qu’il ne peut pas révoquer.
Au Sénégal, c’est pour faire cavalier seul que Senghor avait en décembre 1962 accusé Mamadou Dia de tentative de coup d’Etat pour l’éliminer du champ politique. Le général Jean Alfred Diallo qu’il nomme chef d’Etat-Major de l’Armée dira vers la fin de sa vie que Mamadou Dia n’avait jamais tenté de faire un coup d’Etat et qu’il ne pouvait pas le faire.
Les quatre premiers présidents, Senghor, A. Diouf, Wade et Macky ont tous supprimé le poste de Premier ministre, pour le rétablir. Tout Premier ministre qui affiche une forte personnalité est immédiatement démis. Senghor a rétabli le poste de Premier ministre confié à Abdou Diouf après avoir mis en place une nouvelle Constitution dépouillant la fonction de Premier ministre de l’essentiel de ses prérogatives de la Constitution de 1960.
Sous Wade et Macky, le Premier ministre est ravalé dans les bas-fonds de la servitude, de la servilité. Les images de photo et de vidéo sont là pour nous montrer tel Premier ministre en position ‘’tarbiyou’’ serrant la main du président obséquieusement, se prosternant, s’inclinant en presque angle droit comme un talibé devant son guide spirituel. Un Premier ministre béni-oui-oui qui ne fait qu’exécuter les désirs du président, son maître.
C’est à ce type de Premier ministre qu’on veut nous ramener ? Alors que l’actuelle Constitution du Sénégal donne au Premier ministre une autre dimension, avec une autre image.
Dans la loi constitutionnelle du 5 avril 2016 portant révision de la Constitution, on lit :
Le gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier ministre.Il est responsable devant le président de la République et devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues par les articles 85 et 86 de la Constitution…
Le Premier ministre dispose de l’administration et nomme aux emplois civils déterminés par la loi (article 57).
Le tandem Diomaye – Sonko n’a rien à voir avec le tandem Senghor-Dia, deux personnages que tout opposait. Il s’apparente plutôt au binôme Abdou Diouf- Habib Thiam : même génération d’âge, même formation supérieure, même socle d’amitié de longue date. Habib Thiam a occupé une dizaine d’années le poste de Premier ministre à deux reprises (1981-83, puis 1991-98), en se conformant aux pouvoirs que lui conférait la Constitution.
Ceux qui disent que c’est l’actuel Premier ministre Sonko qui gouverne à la place du président de la République ne se donnent même pas la peine de visiter ou de revisiter la Constitution. Ils préfèrent fonctionner au crypto-personnel émotionnel. Peuvent-ils citer un seul acte pris par l’actuel Premier ministre en dehors des attributions que lui confère la Constitution ?
S’ils se donnaient la peine de consulter l’histoire constitutionnelle du Sénégal, ils verraient que de tous les Premiers ministres, c’est Mamadou Dia qui disposait le plus de pouvoirs qui lui étaient conférés par la Constitution de 1960. Raison pour laquelle Senghor l’avait brutalement éliminé de la scène politique pour instaurer un régime présidentiel.
Il est impossible de ne pas mentionner ici le cas spécial constitué par Jean Collin. Français naturalisé Sénégalais, il a une trentaine d’années (1960-91) occupé de nombreuses et hautes fonctions dans l’appareil d’Etat. Il ne s’est jamais départi de ce réflexe colonial de commander des Africains. Il commandait, prenait des décisions, intervenait dans la nomination des ministres, des gouverneurs, des préfets, qui tous le craignaient. Collin a même fait incursion une fois sur un problème d’ordre pédagogique à la Faculté de Droit et de Sciences économiques de l’Ucad pour y imposer son diktat, par-dessus la tête du ministre de l’Enseignement supérieur et du recteur.
L’opinion le considérait à juste titre comme le maître du pays, alors qu’il n’était investi par aucun article de la Constitution. A la surprise générale, en 1991, Abdou Diouf limoge Jean Collin lors d’un remaniement réduisant le nombre de ministres de 27 à 21. Habib Thiam était un des rares à lui faire de la résistance.
Collin est tout le contraire de Sonko que certains s’offusquent de voir gouverner le pays. Comme l’y autorise la Constitution.
Ses détracteurs n’acceptent pas qu’il prenne l’avion de commandement pour représenter Diomaye à l’investiture du président du Rwanda, invoquant l’impératif de rationaliser les dépenses. Pourtant lorsque Macky prenait le même avion pour faire du tourisme dans les Caraïbes, personne ne les entendait. Ils crient au scandale lorsque le Premier ministre reçoit des ambassadeurs. Parce que pour eux, seul le président est habilité à recevoir des ambassadeurs, alors que même le recteur de l’Ucad reçoit des ambassadeurs.
Ils s’offusquent aussi de l’intention des nouvelles autorités de supprimer le Conseil économique et social et le Haut conseil des collectivités territoriales (ancien Sénat). L’histoire de ces deux institutions a été ponctuée de création, suppressions et rétablissements, sans que cela fasse de bruit. C’est maintenant qu’on cherche à en faire un problème.
Le Conseil économique et social n’avait été créé en France que pour recaser des barons du régime battus aux élections. La France, pays développé, avec ses hôpitaux bien équipés, ne comptant pas une seule école abri provisoire, peut se permettre une telle fantaisie. Les dignitaires du défunt régime au Sénégal, défenseurs du Cese et du Hcct n’envoient pas leurs enfants dans des écoles abris provisoires et allaient se faire soigner dans des hôpitaux français, avec l’argent public. La quinzaine de milliards de francs récupérée chaque année de la suppression de ces deux institutions pourra servir à supprimer toutes les écoles abris provisoires et contribuer à l’équipement de nos hôpitaux.
Les pratiques dénoncées sous Abdou Diouf ont été reconduites sous Wade, puis sous Macky Sall. Les tares communes à tous ces régimes sont le gaspillage des deniers publics et l’ignorance des priorités.
L’économie sénégalaise plie aussi sous le poids d’éléphants blancs institutionnels…
Des structures comme le Conseil économique et social (ajouter ‘’environnemental’’ pour faire comme Sarkozy, et avoir Cese), le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) qui sont aussi inutiles que coûteuses sont à supprimer.
Pour rappel, les économistes appellent éléphants blancs des éléphants à peau blanche qui en Inde sont du décor des palaces des grands dignitaires. Chacun de ces pachydermes ingurgite 200 kg de végétaux et 100 litres d’eau par jour, et ne rapporte rien, étant exempté de tout travail.
Bien auparavant, j’avais tiré sur le Conseil économique et social et sur le Sénat, au nom de la rationalité économique en termes de calcul économique coût-avantage. Un pays ne peut pas se développer si les dépenses publiques ne sont pas rapportées à leur avantage à l’économie nationale. Le développement passe par la chasse aux « faux frais ». La rationalisation des choix budgétaires est un impératif de développement. Le projet de suppression de ces deux institutions n’est donc pas une lubie de l’invention du nouveau régime. Rien à voir avec une politique politicienne. Pourquoi tous ces bruits ?
Je précise que je ne suis pas membre de Pastef, ni d’aucun parti politique. Je ne suis candidat à aucun poste. J’écris toujours sous la dictée des valeurs éthiques de raison, vérité et justice, en guerre contre la déraison, le mensonge et l’injustice. Comme bien d’autres compatriotes patriotes qui ne sont animés que par l’intérêt du Sénégal. Nous continuerons à le faire au gré de l’actualité. Personnellement, je me suis toujours donné comme règle de n’évaluer un nouveau régime au pouvoir qu’à mi-terme de son mandat. Aucun régime nouvellement arrivé au pouvoir n’a été aussi harcelé que celui de Pastef avec Sonko. Il dérange certains, allez savoir pourquoi.
Naufragés du 24 mars 2024, foutez donc la paix à ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années ! A l’indice de développement humain du Programme des nations unies pour le développement (calculé à partir du produit intérieur brut, des indicateurs de santé, d’éducation et des droits humains) en 2023, le Cap Vert et la Mauritanie dépassent le Sénégal du Plan émergent et du Livre blanc de l’APR (extirpé des pages rouges).
La démocratie s’accommode mal d’une opposition politique uniquement fondée sur la haine, la jalousie, la frustration, la crainte de poursuites judiciaires justifiées.
Cela dit, préservons-nous de cette quête effrénée de visibilité, de m’as-tu vu avec des interventions au quotidien, maladroites, non réfléchies. Les personnes de valeur reconnue qui s’y adonnent font mal à leur capital de crédibilité.
Par Ibou FALL
BONNE GOUVERNANCE, LA RAISON DÉTAIL...
Le nouveau régime n’inventera pas la roue. Comme leurs prédécesseurs, ils s'interrogent sur la rareté des riches, ignorant la vraie question : comment un pays si riche peut-il avoir tant de pauvres ?
Nous avons décidément pris le pli de ce rendez-vous avec le comique et le burlesque, toutes les semaines, qu’il faut guetter le plus souvent au détour d’une saillie officielle. Le champion toutes catégories, indiscutable, c’est bien le Premier ministre, si l’on considère que le Parlement, où les bagarres de borne-fontaine sont l’ordinaire, est hors-concours.
Le chef du gouvernement se dispute le pompon quand même avec la ministre des Affaires étrangères.
La brave dame, déjà chahutée pour des soupçons de népotisme, avec le mari et la fille aux affaires, se fend d’un premier entretien : sous prétexte de son statut exceptionnel de mère de famille ayant aidé bien des misérables, elle serait un «gros calibre»
Au regard de sa corpulence et de son vocabulaire, le mystère demeure entier. Madame Sy, Yassine Fall, fera mieux : lors de son récent voyage en Russie, en guise de compte-rendu des travaux devant micros et caméras, la ministre des Affaires étrangères produit un galimatias qui fait le tour des réseaux sociaux. Son accent à couper au couteau est un moindre mal devant les énormités qu’elle dégurgite : «Le Sénégal, un pays qui mange…» s’impose dans nos annales diplomatiques, à côté des animaux de l’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang
On ne finit pas de paniquer avec Madame Yassine Fall que le Premier ministre, soi-même, lui chipe le beau rôle.
Sans doute las de batailler avec les humains, qui ont le mauvais goût de lui apporter la réplique, cette semaine, c’est aux objets que le chef du gouvernement s’en prend : les cafetières et les frigos-bars de l’Administration ont des bouilles qui ne lui reviennent sans doute pas. On ne peut, dans ce cas, l’accuser d’ethnicisme antirépublicain, ni lui reprocher de s’en prendre à la foi d’une communauté en violation de notre sacro-sainte laïcité.
A l’intention des dernières générations de Sénégalais, le duo Diomaye-Sonko n’a rien inventé : la transition de la raison d’Etat à la raison détail date de bien longtemps…
Depuis plus d’un demi-siècle, malheureusement, le paupérisme national de notre tiers-mondisme exalté multiplie les mesquines économies républicaines, dope le misérabilisme d’Etat qui, au quotidien, nous enfonce le nez dans le déprimant et trivial dénuement ; notre destin est de visionner trois fois par semaine le charitable don d’un pays sans doute moins riche mais plus industrieux que le nôtre, avec parfois en guise de dessert au JT, le spectacle anesthésiant des côtes saillantes de nos morveux dépenaillés en divagation sur les boulevards.
Le complexe d’infériorité, ça nous connaît ; il est la base de l’économie de la pitié dans laquelle nous nous sommes enfermés…
Le Festival mondial des arts nègres, en 1966, qui voit le Sénégal accueillir le gratin planétaire, alors que les années de sècheresse entament leur cycle pour un long bail avec le Sahel, passe pour un abominable crime économique. Nous sommes si pauvres…
D’ailleurs, c’est bien simple : l’année suivante, dans le gouvernement, pour combattre la famine, ça a la bonne idée de tailler dans les bourses d’étudiants, entre autres solutions lumineuses pour éteindre nos cauchemars. Résultat des courses : en mai 1968, le pays se retrouve au bord du gouffre.
Le coût des vies perdues ou estropiées est indécent ; tout comme est inavouable celui du maintien de l’ordre, depuis les équipements, qui vont des balles réelles jusqu’aux grenades lacrymogènes ; si on les additionne à la popote et aux heures supplémentaires des Forces de l’ordre pour calmer tous ces gamins furax qui entraînent le pays dans la chienlit, auxquels s’ajoutent les dégâts matériels causés à l’échelle nationale, la conclusion s’impose tout de suite : ça n’en valait pas la peine. La leçon ne sera jamais retenue…
Lorsqu'Abdou Diouf arrive au pouvoir, en 1981, son fonds de commerce est le châtiment des voleurs, en l’honneur desquels naît la Cour de répression de l’enrichissement illicite, la tristement célèbre Crei.
Doit-on croire qu’un Sénégalais, dans sa tête, ne saurait vivre confortablement ? Le régime nouvellement installé fait traquer les fonctionnaires qui arborent un opulent standing, comme les privilégiés trop riches qui ne viennent pas se prosterner aux pieds des nouveaux maîtres du pays.
C’est dans l’air du temps, et «l’école nouvelle» que dictent les austères financiers de Bretton Woods, nous rabote le savoir, la connaissance, l’instruction et, en passant, l’éducation, l’art et la culture
Ça nous tire par le bas et annonce l’ère des «ajustements structurels». Pour habiller tout ça d’un boubou très local, ça nous rebaptise les écoles et lycées, quelques rues et avenues au passage, brûle des héros et ressuscite des renégats, pour convaincre le Peuple avide de revanches sur l’Histoire que le ghetto insalubre du sous-développement est notre seule dignité.
Abdou Diouf, en dépit de sa taille, fait figure de nain intellectuel. Il tue notre Culture, comprenez notre faculté à créer le rêve, la fameuse «soft power» par laquelle le monde moderne fourgue ses hallucinations, depuis la gastronomie française, «de la fourche à la fourchette», jusqu’à la terreur atomique américaine qu’Hollywood bazarde au monde entier, en plus de son toxique Coca Cola et de ses jeans Levi’s 501 posés sur les belles fesses de Marilyn Monroe. Nous autres, Sénégalais, dont les années cruciales se sont déroulées sous Abdou Diouf, sommes des Sahéliens aptes juste à tendre la sébile.
Insulter Senghor ne suffira pas, il faudra aussi prouver à quel point le p’tit gars de Djilor est un traître à sa race. Rien ne lui sera épargné par un régime qui s’arcboute deux décennies durant à démolir l’œuvre du poète-Président, histoire de masquer sa médiocrité.
Senghor serait mort avant 2000, même son décès passerait inaperçu et sa dépouille reposerait en Normandie où, dès sa disgrâce, il se réfugie aux côtés de la rare personne dont la confiance ne lui fera jamais défaut, jusque dans la tombe.
En 2000, lorsque Wade arrive au pouvoir, il y a un léger mieux : nous avons un mégalomane aux manettes. Jusque-là, Abdou Diouf, même s’il ne se refuse rien, voit petit pour le commun des Sénégalais. Dans son entourage, ça ne crève pas la dalle, alors que le Sénégalais ordinaire se réfugie dans la foi irrationnelle aux miracles et assiège les conteurs de paradis imaginaires…
Le temps de Wade est celui du Pharaon qui rassure son Peuple en s’agenouillant comme tout le monde aux pieds de son marabout, histoire de faire semblant. Le Wade-Man-Chauve fantasme ouvertement de grandes avenues, de ponts, de statues, de rencontres planétaires. Son nombril devrait être le centre du monde, tout Sénégalais qu’il est. Sa méthode : tirer des médiocres de leur crasse et en faire des gadgets rutilants. Ces miraculés se succèdent sur le podium, avec la longévité d’une olive dont on bouffe la chair et recrache le noyau, selon une formule adaptée à un Président français.
Ils s’en mettent tous plein les poches, parce que s’enrichir est le but ultime ; la manière importe peu, pourvu qu’elle serve la cause commune. Bien sûr, les partages de butins sont souvent sanglants. Les déchirements en famille se succèdent, entre les veinards qui ne laissent pas de trace et les maudits dont l’hémoglobine indispose le monde entier…
Retour à la norme en 2012.
Le fonds de commerce de Macky Sall, le vainqueur de la Présidentielle, ancien Premier ministre docile qui obéit alors au doigt et à l’œil de son mentor, le fils du Président, est la promesse d’un retour à la modestie républicaine, comprenez notre statut de pauvres, qui mendions le respect des autres, économisons les bouts de chandelles et diabolisons le moindre signe d’aisance.
Bien sûr, lui et les siens ne sont pas concernés. Son patrimoine qui s’étend jusqu’à Houston est le produit de la volonté divine. Entre Wolofs obtus, on parle de «travail maternel et bonne étoile paternelle». En lots de consolation, des gadgets comme on en distribue à Noël : trains électriques, soldats de plombs et étrennes éphémères.
Chacun se console comme il peut ?
Macky Sall confirmera les Sénégalais dans leur mentalité de pauvres, au point de créer son opposant idéal, celui qui dénonce la misère et le pillage de nos maigres ressources, glorifie le crève-la-faim auquel il distribue les bons… poings et désigne les missions suicidaires.
Le nouveau régime surgi des urnes du 24 mars 2024 n’inventera pas la roue, parce qu’aucun de ceux qui le composent n’a une tête de Prix Nobel. Ces braves gens se posent les mêmes questions que leurs prédécesseurs plus de quarante ans durant, se demandant pourquoi il y a si peu de riches, alors que la question fondamentale, depuis toujours, à l’évidence, devrait porter sur le paradoxe d’un pays si riche avec autant de pauvres.
Vous voulez mon avis ? M’en fiche, je vous l’assène quand même…
Le problème n’est pas le peu de «riches» fonctionnaires ou privés, lesquels, en fait, ne sont qu’aisés. L’énormité provient de l’immensité de la pauvreté sur nos terres si fertiles, pour un peuple parsemé de gens si brillants, si entreprenants. Ce qu’on appelle des milliards en Cfa ne sont que des millions en dollars ; nos millions ne sont que des milliers en euros…
Payer un loyer, en plus d’une facture d’eau et d’électricité, après avoir acheté un quintal de riz, un décalitre d’huile, un pot de tomate concentrée, un kilo de sucre et quelques fantaisies maraîchères, dans la tête d’un Sénégalais ordinaire, relève de l’exploit olympique.
Notre rapport à l’argent est psychédélique ; celui au travail, psychanalytique ; et au progrès, masochiste.
«Les grands esprits discutent des idées ; les esprits moyens discutent des événements ; les petits esprits discutent des gens», professe Eleanor Roosevelt, femme de tête et de cœur, qui se retrouve au final First Lady américaine pour avoir sagement épousé un lointain cousin dont le chic est d’atterrir à la Maison Blanche. A n’en pas douter, les grandes nations également, sur la place publique, ne peuvent débattre que du futur lointain qui attend la descendance de son Peuple, et des pansements qu’exigent les blessures de l’Histoire pour bâtir l’avenir du citoyen du Monde, gentleman de l’Universel.
En réalité, à nous autres Sénégalais, il manque juste la culture qui permet de se poser les bonnes questions : par exemple, comment sommes-nous passés de Germaine Acogny à Nabou Lèye ?
note de la république des valeurs
L'OPACITÉ AU SOMMET DE L'ÉTAT
En s’abstenant de mettre à la disposition des Sénégalais la décision du Conseil constitutionnel sur la possible dissolution de l'Assemblée, Diomaye s’inscrit dans une posture partisane. Cela rappelle les sombres calculs politiques d'un temps récent
La République des Valeurs/Réewum Ngor s'insurge contre la non-publication d'une décision clé du Conseil constitutionnel. La note du parti analyse ci-dessous, les implications juridiques et politiques de ce silence, soulevant des questions sur la dissolution de l'Assemblée et le calendrier électoral.
"Dans le Journal de 20 heures de la RTS 1 en date du 29 août dernier, Monsieur Ousseynou Ly, porte-parole et chef de la cellule digitale de la présidence de la République a déclaré que le président de la République a saisi le Conseil constitutionnel pour avis et a obtenu une réponse notamment sur la date à compter de laquelle l’Assemblée nationale pourra être dissoute. Cette déclaration officielle n’a pas laissé indifférente notre parti politique, République des Valeurs « Réewum Ngor », pour deux raisons au moins.
D’une part, nous avons été surpris que le Conseil constitutionnel ait rendu une décision sans que celle-ci soit accessible au public. Certains commentateurs ont laissé entendre qu’il s’agit d’un avis adressé au président de la République à la suite de sa demande. Le chef de l’État serait alors le seul destinataire de l’avis donné par le Conseil constitutionnel. Il est vrai que la saisine du président de la République s’inscrit dans le cadre de l’article 92, alinéa 2 de la Constitution qui dispose que « le Conseil constitutionnel peut être saisi par le président de la République pour avis ». À la lecture de cette disposition, on peut comprendre que les Sages ont rendu un avis qui doit être adressé à celui qui l’a sollicité, le chef de l’État. Par conséquent, il ne serait pas choquant que l’avis rendu par le Conseil constitutionnel ne soit pas accessible au public. Cette interprétation relève d’un bon sens qui ne prend pas en compte l’évolution du droit.
À la suite de la polémique de 2016 sur la question de savoir si l’acte qui fut livré à Macky Sall par le Conseil constitutionnel était un avis ou une décision, la Haute juridiction a donné une réponse définitive dans sa décision n° 60/E/2024 du 5 mars 2024. En l’espèce, le président Macky Sall avait sollicité l’avis du Conseil constitutionnel sur les modalités d’organisation de la dernière élection présidentielle. Après avoir répondu dans le fond aux questions relatives à la demande d’avis, les Sages ont précisé dans le dernier considérant (considérant 19) de leur décision que « le Conseil constitutionnel rend, en toutes matières, des décisions motivées ». En d’autres termes, même lorsqu’il est saisi pour avis par le chef de l’État, l’acte rendu par le Conseil n’est pas juridiquement un avis, mais une décision. Or, les décisions du Conseil s’imposent erga omnes (à l’égard de tous), comme le prescrit l’article 92, alinéa 4 de la Constitution. Les exigences de l’État de droit, notamment celle de la prévisibilité de la règle de droit et le principe de la sécurité juridique ne peuvent pas tolérer qu’un acte juridique qui s’impose aux citoyens ne puisse pas être accessible à ces derniers. Il s’agit d’une règle élémentaire en droit.
D’autre part, M. Ousseynou Ly, porte-parole et chef de la cellule digitale de la présidence de la République a laissé entendre que la saisine portait au moins sur la dissolution. Il n’est pas exclu que d’autres points aussi importants aient été évoqués. On pense, par exemple, au délai constitutionnel pour la tenue des élections législatives à la suite d’une dissolution. Selon l’article 87, alinéa 3, après la dissolution de l’Assemblée nationale, « le scrutin a lieu soixante (60) jours au moins et quatre-vingt-dix (90) jours au plus après la publication du décret ». Les élections législatives devront donc être organisées au plus tard dans les trois mois après la dissolution. Ce délai semble très court pour tenir le scrutin étant donné qu’il faut dérouler le lourd dispositif du parrainage. On pense aussi au fait que le projet de la loi de Finances ne serait pas déposé et examiné à temps par la nouvelle Assemblée nationale. Aux termes de l’article 68 de la Constitution, le projet de loi de Finances doit être déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale au plus le jour de l’ouverture de la session ordinaire unique, c’est-à-dire dans la première quinzaine du mois d’octobre. La dissolution ne pouvant intervenir qu’à partir du 12 septembre, il serait impossible de respecter ce délai si le décret de dissolution est pris en septembre. Le risque de ne pas pouvoir faire adopter définitivement la loi de Finances (le budget) avant la fin de l’année est alors réel. Dans ce cas de figure, la Constitution permet au président de la République deux choses : la mise en œuvre du projet de loi de finances par décret ou la reconduction des services votés, selon la situation.
En revanche, il convient de préciser que ces deux voies ne sont utilisables que lorsque le retard n’est pas le fait du président de la République. Ce dernier a le droit de prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale ; cependant, il sera le seul responsable des conséquences qui en découleraient : le retard du vote du budget, par exemple. Toutes questions qui laissent penser que la demande d’avis du président de la République concernerait plusieurs questions. Or, puisque cela concerne entre autres les élections, le vote à venir du budget et surtout l’interprétation des dispositions de la Constitution, la décision rendue par le Conseil constitutionnel intéresse non seulement tout citoyen, mais aussi les partis et mouvements politiques.
En s’abstenant de mettre à la disposition des Sénégalais la décision à lui notifiée par le Conseil constitutionnel, le chef de l’État s’inscrit dans une posture partisane. L’objectif mal dissimulé est de retenir la décision et de l’exploiter au profit d’un parti politique, le Pastef dont il dit avoir démissionné pour être au-dessus de la mêlée en tant que chef de l’État. Il s’agit d’une attitude qui rappelle les petites stratégies et les sombres calculs politiques dans un temps récent qui a favorisé la victoire des nouvelles autorités lors de l’élection présidentielle. La rupture annoncée ne se manifeste finalement nulle part ; les gestes démocratiques ordinaires sont mêmes absents.
Afin de lutter contre ce comportement, et fidèle à notre ligne politique de défense de la République et de l’État de droit, notre parti politique République des Valeurs « Réewum Ngor » a pris l’initiative d’écrire au Conseil constitutionnel afin qu’il mette sa décision à la disposition des Sénégalais. Puisque le Conseil ne s’attendait sûrement pas à une telle démarche, on nous a indiqué dans un premier temps qu’il s’agissait d’une saisine confidentielle et que la réponse est destinée au seul président de la République. Nous n’étions pas convenus par cette réponse au regard des arguments présentés plus haut. Après un moment d’attente, notre demande a été réceptionnée et une décharge nous a été remise. Nous avons compris au sortir du Conseil constitutionnel que le processus sera imminemment enclenché pour rendre public la décision.
Nous considérons que le Conseil constitutionnel est l’autorité habilitée pour interpréter en dernier ressort la Constitution. Il devrait alors systématiquement rendre accessible ses décisions, le cas échéant après notification au président de la République. Il l’a fait récemment dans sa décision n°60/E/2024 précitée. Nous espérons qu’il ne se fera pas prier cette fois."
par Pape Samba Kane
POUR 417 FRANCS PAR SÉNÉGALAIS, S'ÉVITER UNE CRISE POLITIQUE COÛTEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un bras de fer entre l'exécutif et le législatif, dans cette période de transition politique coûterait en argent plus que ce que risque de nous coûter HCCT et CESE réunis, d'ici leur disparition inéluctable
Lundi 2 septembre, toute la journée et une partie de la soirée, les députés sénégalais, réunis en plénière, nous ont offert un spectacle, du genre dont ils ont le secret ; quoique, cette fois-ci, le script, resté granguignolesque, n'a pas connu les rebondissements tragicomiques traditionnels depuis que les dernières législatives avaient apporté un certain équilibres des forces dans la chambre. Est-ce parce les opposants d'aujourd'hui (le Benno) sont moins énervés que ceux d'hier (Yewwi, maintenant maître de l'exécutif) ? Je suspends cette question pour une autre fois, un prochain papier (leb na ko ba beneen, comme dirait l'inoubliable Thione Seck).
Cependant, le calme revenu après le show retransmis en direct par au moins quatre chaînes de télévision, quelques petits calculs, une petite comptabilité pour le dire mieux, nous ont conduit à la conclusion suivante : "Tout ça, pour ça ? ..."
On va s'expliquer après un petit détour sur ce qui a été présenté aux Sénégalais comme une affaire politique majeure, un enjeux de gouvernance décisif, le respect urgent d'une promesse électorale ; et aussi, un tournant vital pour l'avenir des députés de la présente législature. Il y a du vrai dans tout ce qui précède, mais un brin dramatisé par la classe politique, comme un appât fabriqué de toute pièce pour distraire le Sénégalais lambda ; appât sur lequel, cependant, la presse a été la première à se jeter. Tout le monde est resté le nez dans la boue de l'actualité, personne, à ma connaissance, n'a levé la tête pour prospecter ce que vraiment vont nous coûter ces institutions "budgétivore" pour la courte échéance qu'il leur reste avant de disparaître. De toute façon ! Comparativement à ce que pourrait nous coûter une crise politique entre exécutif et législatif, pendant que le premier prend à peine ses marques.
Il semble que les deux institutions coûtent aux contribuables sénégalais 15 milliards. Cette somme, il est vrai, isolée, est sidérante pour les fauchés que nous sommes généralement, nous, la majorité écrasante des Sénégalais. Surtout si on retient - si et seulement si on retenait, que "ces institutions sont inutiles".
C'est revenu dans l'argumentation de tous les intervenants favorables au projet de loi constitutionnelle portant dissolution des HCCT et CESE : avec de pareilles sommes, on construirait des hôpitaux, des abris provisoires, les hémodialysés du pays verraient leur calvaire prendre fin., etc., etc. ! Ce n'est pas tout à fait faux !
À les entendre également, si on ne les suivait pas, nous irions encore, pauvres contribuables, casquer, pendant un an, 15 milliards de francs, pendant cinq ans 75 milliards. Or, rien n'est moins vrai. Nous allons y venir, retournons aux enjeux supposés déterminants pour l'avenir politique de notre pays autour de cette affaire.
Un enjeu majeur nicherait dans l'issue de cette plénière. Si la loi n'était pas votée, le chef de l'Etat dissoudrait cette Assemblée "en rupture avec la volonté populaire" pour paraphraser le président Bassirou Diomaye Faye - au lendemain du retoquage de son projet de loi. Il tenait à remplir un engagement électoral, en engageant ce bras de fer finalement trop politiquement coûteux pour lui - il est en Chine pour une visite d'Etat, et parallèlement un sommet Chine-Afrique, quand tous ses interlocuteurs apprennent que sa première initiative de haute politique a échoué.
Laissons ça pour parler du coût de cette initiative en politique intérieure, coût en adversités agressives, en contentieux politiques évitables - et à impérativement éviter, sous quelque forme, si le souhait de tous est seulement que ce pays marche, que sa démocratie se renforce et que ce gouvernement travaille dans les meilleures conditions pour assurer la réussite de ses missions.
Un bras de fer entre l'exécutif et le législatif, dans cette période de transition politique, comme suggéré plus haut, coûterait en argent (puisque c'est ce qui semble intéresser certains) plus que ce que risque de nous coûter HCCT et CESE réunis, d'ici leur disparition inéluctable, dans six mois au maximum - parce le président va dissoudre l'Assemblée nationale de toute façon, dans quelques semaines ; et cela ne devrait pas prendre six mois, entre cette décision, et l'installation d'une nouvelle législature qui lui serait favorable pour dérouler toute politique qu'il voudrait.
En chiffres, cela veut dire, considérant les 18 millions de Sénégalais - pour schématiser - comme les " contribuables" en question, que chacun d'entre nous cotiserait seulement 416,8 francs CFA pour entretenir ces institutions d'ici là.
Voici donc que ces dernières, qui sont des recommandations des Assises nationales et du CNRI, pour quinze milliards par an, auront coûté chaque année, à chaque Sénégalais (15 M ÷ 18 millions =) 833,3francs CFA. Dans six mois, elles nous coûteraient la moitié, 416 virgule machin de francs, avant de disparaître. Et " bon débarras", pour ceux qui n'en voulaient pas, et qui en ont le droit.
Chaque Sénégalais appréciera maintenant - tout cela étant clair -, sa préférence pour les deux schémas suivants :
1)- pour un coût de 417 francs par Sénégalais - attendre tranquillement que Diomaye Faye, dans quelques semaines, dissolve l’Assemblée nationale, organise des élections législatives dans les trois mois suivants, comme la loi l'y contraint, installe la nouvelle législature, qui devrait, nous l'avons dit, lui être favorable (c'est de tradition !), pour alors tenir sa promesse électorale en dégageant ces institutions.
- Soit dit en passant, je sais que ce n'est pas si simple. Il faudra bien contourner la contradiction entre la loi constitutionnelle, qui veut que l'élection se tienne dans les 90 jours suivant la dissolution, et le code électoral qui fixe 150 jours pour le bouclage du processus des parrainages, nécessaire pour une organisation, dans les règles, des législatives ; sans parler de la loi de finance rectificative, pas encore votée, ni du budget 2025 que seule une Assemblée dûment installée permet. Bref, ces messieurs du pouvoir ont vraiment d’autres chats à fouetter que de se tuer à nous faire économiser 417 francs chacun pour les six mois à venir, à ce coût ! - Justement, "attendre tranquillement" signifie, pendant ce temps, quand personne ne se sent politiquement acculé ou " humilié", "méprisé" même, ont déploré des élus de Benno lundi, discuter. Discuter avec la classe politique sénégalaise, qui ne se réduit pas à Benno (mais Benno tient l’Assemblée), douée pour au moins une chose : trouver des compromis. Cela permettra de contourner ces obstacles, sommes toutes pas plus compliqués que ceux qui se dressaient devant une bonne tenue de l'élection présidentielle du 24 mars dernier, et qui ont été contournés, par suite de discussions politiques entre la prison du Cap et quelque hôtel. Preuve, s’il en est, qu’en politique, tout peut se régler par la discussion.
2) - chacun restant sur ses positions - persister dans la confrontation politique, dont le deuxième round - cette session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour le vote d'une motion de censure contre le Premier ministre - se joue ce vendredi 6 septembre, et qui viendra s'ajouter à l'imbroglio déjà bien inextricable que nous avons entrevue. Que la motion passe ou ne passe pas, un camp se sentira humilié et se braquera sûrement pour la suite des événements.
Du coup, le nécessaire, absolument nécessaire dialogue pour, après l'inévitable dissolution de la représentation nationale, organiser des législatives apaisée, s'en trouvera sinon compromis, en tout cas compliqué.
Le risque, c'est des élections retardées, une démocratie sans parlement au moins un certain temps, des tensions politiques toujours plus ou moins dangereuses pour un régime en place, un président obligé de gouverner par décret.
Et ça, croyez-moi cher compatriote, ça nous coûterait bien plus cher que 417 francs chacun pour prix d’un sursis en faveur des deux institutions en question.
Alors, que tous ceux qui parmi nous en ont la possibilité, en respectant pour chacun le rang que les Sénégalais lui ont donné, veuillent bien pousser le président de la République et les députés de Benno, à passer ce cap pas si terrible que ça, s'il est abordé par chacun avec la volonté de convaincre et non de vaincre.