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24 novembre 2024
Développement
par Thierno Alassane Sall
FAUTE DE VISION, LE POUVOIR OPTE POUR LA DIVISION
Jamais un pouvoir n’aura, en seulement cinq mois, cherché autant la confrontation avec les contre-pouvoirs, ignorant que ses véritables adversaires sont le sous-développement, la pauvreté et le désespoir, qui poussent des jeunes à prendre la mer
Les Sénégalais ont donné à Diomaye Faye, en lui conférant une majorité nette dès le premier tour, les moyens d’ouvrir une nouvelle ère démocratique. Les premières déclarations du président Diomaye Faye semblaient conformes à cette demande populaire d’un dialogue national pour refonder nos institutions, approfondir la démocratie, bâtir une économie au service de tous.
Cependant, les actes posés vont exactement dans le sens de l’exacerbation des tensions dans un pays qui s’est retrouvé, à plusieurs reprises, au bord du gouffre. Au point où l’invraisemblable est advenu dans l’escalade d’un conflit, qui, il faut bien le dire, est né du mépris assumé du Premier ministre à l’égard de la représentation nationale : une motion de censure annoncée par le groupe BBY.
Cette situation, il faut le souligner, a prospéré en raison de l’incapacité du président de la République à assumer la plus élémentaire de ses charges : suggérer à - puisque l’on ne saurait dire instruire - son Premier ministre de se conformer à la Constitution sans chercher des alibis dans l’absence de dispositions dans le Règlement intérieur de l’Assemblée, une loi de moindre portée.
Jamais un pouvoir n’aura, en seulement cinq mois, cherché autant la confrontation avec les contre-pouvoirs (la presse, l’opposition), ignorant que ses véritables adversaires sont le sous-développement, la pauvreté et le désespoir, qui poussent des jeunes à prendre la mer dans un exode incessant.
La prochaine escalade ? La dissolution de l’Assemblée nationale, pour désorganiser les élections législatives qui s’annoncent comme les plus chaotiques de notre histoire. En effet, comment organiser en 60 jours, ou 90 jours maximum le parrainage, son contrôle, la période de contentieux et la campagne électorale, avec, de surcroît, un effet de surprise si ce n’est dans le chaos et la confiscation de la démocratie ? Quelle crise justifie une si dangereuse précipitation ? Justement, le rejet du projet de suppression du HCCT et du CESE, ainsi que la motion de censure, offrent un prétexte bien opportun.
Le président Diomaye Faye, dans le rôle qu’il s’est assigné dans le duo de bad cop - good cop, va nous jouer la petite musique des regrets, tout en poursuivant le plan que le Pastef a concocté pour asseoir, à tout prix, un pouvoir total.
Le peuple avait cru à un projet sur toutes les lèvres, avant de s’apercevoir que le nouveau régime n’avait pas de vision pour mener le pays. En attendant de prodiguer le remède miracle promis, le bon professeur Diomaye et son "Boss" appliquent la vieille solution : diviser pour mieux régner.
RÉVOCATIONS ET CONVOCATION
DERNIÈRE MINUTE SENEPLUS – Limogeage d’Aminata Mbengue Ndiaye (HCCT) et d’Abdoulaye Daouda Diallo (CESE) – Sonko fera sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale à partir de demain, jeudi 5 septembre, date de démarrage de la session
(SenePlus - 4 septembre 2024) – Deux décrets cruciaux viennent d'être publiés par la présidence de la République du Sénégal, révélant des développements politiques majeurs.
Convocation de l'Assemblée nationale en session extraordinaire
Par le décret n° 2024-1880, le président de la République, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a convoqué l'Assemblée nationale en session extraordinaire pour le jeudi 5 septembre 2024 à 10 heures. Cette convocation s'inscrit dans le cadre de l'article 84 de la Constitution et vise à traiter plusieurs points d'importance nationale :
Le projet de loi de règlement pour la gestion 2022 présenté par le ministre des Finances et du Budget.
Le projet de loi autorisant la ratification de la Convention de l'Union Africaine sur la coopération transfrontalière (adoptée à Malabo en 2014) par le ministre de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères.
Le projet de loi relatif à la Commission nationale des Droits de l'Homme (CNDH) sous la supervision du Ministre de la Justice.
Enfin, la Déclaration de Politique générale (DPG) sera présentée par le Premier ministre.
Cette session, axée sur des enjeux financiers, internationaux, et sociaux, s'annonce déterminante pour l'orientation des politiques publiques dans les mois à venir, avec en particulier la DPG d’Ousmane Sonko, objet de nombreuses controverses depuis plusieurs semaines.
Révocations au sommet de l'État
En parallèle, un communiqué signé par le Secrétaire général de la présidence, M. Oumar Samba Ba, annonce la révocation de deux personnalités influentes au sein des institutions nationales :
- Mme Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales.
- M. Abdoulaye Daouda Diallo, président du Conseil Économique, Social et Environnemental.
Ces changements s'inscrivent dans la démarche du parti présidentiel, le Pastef, visant à rationaliser les ressources de l’État selon une promesse de campagne lors de la dernière élection présidentielle.
Ces développements mettent en lumière une accélération des changements promis par l’Exécutif avec des implications majeures pour la gestion des affaires publiques au Sénégal. De nombreux sources prédisent une dissolution de l’Assemblée nationale d’ici le 12 septembre et d’éventuelles élections législatives dès le 17 novembre 2024.
SONKO ANNONCE LE LIMOGEAGE IMMINENT DES PRÉSIDENTS DU CESE ET DU HCCT
"Le président de la République va probablement, dès ce soir, prendre des décrets pour remercier les présidents de ces institutions et bloquer leur fonctionnement, afin qu’aucun centime ne puisse être désormais dépensé", a indiqué le Premier ministre
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, lors d’une rencontre avec le personnel de la Primature, des mesures radicales pour rationaliser les dépenses publiques, en limogeant prochainement les présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo, et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye.
« C’est cette nécessité de rationaliser les dépenses qui a motivé la proposition de dissoudre un certain nombre d’institutions dont la pertinence est questionnée. On politise tout dans ce pays, mais le même objectif sera atteint dans tous les cas. Je peux vous donner la primeur : le président de la République va probablement, dès ce soir, prendre des décrets pour remercier les présidents de ces institutions et bloquer leur fonctionnement, afin qu’aucun centime de crédit ne puisse être désormais dépensé dans le cadre de ces institutions », a déclaré Ousmane Sonko.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de réformes visant à réduire les coûts inutiles au sein de l’administration publique, tout en répondant aux critiques croissantes sur l’efficacité et la pertinence des institutions en question. Le Premier ministre semble déterminé à réorganiser l’État pour mieux répondre aux défis actuels du Sénégal, tout en envoyant un signal fort de sa volonté de gérer les ressources publiques de manière plus efficiente.
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SONKO DÉFIE L'OPPOSITION
Le Premier ministre confronté à une motion de censure, contre-attaque avec audace. Il laisse planer le doute sur l'avenir de l'Assemblée nationale. "D'ici le 12 'septembre', ces gens auront autre chose à faire que d'être députés", a-t-il lâché ce mercredi
Dans une déclaration ce mercredi 4 septembre 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a rejeté l'idée d'une motion de censure agitée contre son gouvernement.
"Il n'y aura pas de motion de censure", a-t-il affirmé avec assurance, balayant ainsi la menace qui plane sur son gouvernement depuis l'annonce du député de la majorité parlementaire Abdou Mbow. Ce dernier est passé à l'acte, en déposant avec ses collègues, une motion de censure sur sur la table du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, hier.
Sonko n'a pas mâché ses mots envers ses détracteurs, les qualifiant de "politiciens complètement dépassés par les événements" et soutenus par "leur presse".
Le Premier ministre a profité de cette occasion pour esquisser sa vision de l'avenir. Il a souligné la nécessité de moderniser l'administration publique et de la mettre au service du développement national. Il a également évoqué l'importance de réformer certaines pratiques au sein de la fonction publique, suggérant que des changements significatifs sont à venir.
D'un ton provocateur, il a prédit qu'après le 12 septembre, ses opposants "auront autre chose à faire que d'être députés à l'Assemblée nationale". Cette déclaration laisse entrevoir une possible dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République Bassirou Domaye Faye dans les prochains jours, telle que prévue par la Constitution.
lettres d'amérique, Par Rama YADE
LE PARADOXE AFRICAIN
Alors que le continent abrite 30% des minerais stratégiques du monde, et donc de toutes les ressources nécessaires pour être une réponse puissante à la crise énergétique mondiale et aux impératifs de la transition verte
Il y a un paradoxe africain : alors que le continent abrite 30% des minerais stratégiques du monde, et donc de toutes les ressources nécessaires pour être une réponse puissante à la crise énergétique mondiale et aux impératifs de la transition verte, les pays africains ne parviennent toujours pas à en tirer le meilleur profit pour leurs intérêts stratégiques vitaux. Or, à condition qu’ils soient adossés à un nouveau modèle de développement, les minerais stratégiques offrent une occasion historique d’en finir avec la soi-disant malédiction des ressources naturelles en Afrique.
La fable de la malédiction des ressources naturelles
De la Norvège aux Emirats Arabes Unis, de nombreux pays offrent des exemples réussis de croissance économique et de développement grâce aux ressources naturelles. Troisième plus grand producteur de gaz au monde et onzième plus grand producteur de pétrole, la Norvège est la deuxième économie mondiale en termes de Produit intérieur brut par habitant (après le Luxembourg et devant l’Irlande et à la Suisse), selon les chiffres du Fmi d’avril 2023, soit plus de 2, 5 fois le niveau de vie de la France. Quant aux Emirats Arabes Unis, neuvième producteur mondial de pétrole et quinzième de gaz naturel, le poids de leur économie a quintuplé en vingt ans. Ce pays mise désormais sur l’économie du savoir, devenu assez riche pour s’engager dans une ère post-pétrole, plus diversifiée, voire décarbonée.
En Afrique aussi, le cas du Botswana dément les sombres anticipations appliquées systématiquement au continent. Ces dernières années, ce pays -qui figure parmi les plus importants producteurs mondiaux de diamant, mais également un des moins corrompus- a imposé une stratégie inclusive dans le secteur extractif, investissant ses revenus dans la santé et l’éducation, mais surtout dans un fonds souverain au service des besoins des générations futures. Le Botswana a aussi mis en place toute une série de mécanismes et d’institutions pour prévenir et punir les cas de corruption, prouvant ainsi que le succès dans les affaires et la lutte contre la corruption sont parfaitement compatibles.
Une demande gigantesque en minerais stratégiques
La course aux minerais stratégiques a été relancée avec la crise énergétique, plaçant l’Afrique en pole position. Ces métaux sont en effet indispensables pour les véhicules électriques, les batteries au lithium, les téléphones portables, les scanners médicaux ou encore le matériel militaire, autant de secteurs stratégiques pour la transition énergique et la sécurité nationale de nombreuses puissances. Or, cette course risque de se faire au détriment des économies africaines, déjà privées des financements promis mais non honorés par la Communauté internationale en matière de lutte contre le changement climatique. La Banque africaine de développement (Bad) a estimé à 2800 milliards de dollars les besoins financiers de l’Afrique pour couvrir ses objectifs de lutte contre le réchauffement climatique entre 2020 et 2030. Or, le continent reçoit moins de 10% des fonds dédiés à cet effet, alors qu’il n’est à l’origine que de 3% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle internationale. Voilà désormais les pays africains soumis à des logiques d’extraction prédatrice qui leur font perdre non seulement ces ressources, mais également les emplois qui vont avec.
Une stratégie d’investissement plus responsable dans les minerais stratégiques constituerait non seulement une contribution majeure au développement de l’Afrique, mais aussi une solution durable aux défis de la transition énergétique pour le monde entier.
La pression souverainiste des opinions africaines
Alors que les jeunes générations expriment un fort désir de contrôler le destin de leurs pays sur les plans politique (au point d’applaudir les putschistes sahéliens), culturel (avec la restitution des œuvres d’art historiquement spoliées), économique (avec la remise en cause du F Cfa), la maîtrise du sol africain est un élément de plus en plus central des campagnes électorales et des transitions politiques, qu’elles soient démocratiques ou autoritaires. Dans ce contexte, il n’est pas certain que les stratégies prédatrices, y compris chinoises, l’emporteront sur le long terme.
Sous la pression des opinions africaines, il ne fait aucun doute que les partenaires de l’Afrique devront se repositionner, en passant à un modèle de développement plus inclusif s’ils veulent avoir un avantage compétitif sur ce marché très concurrentiel qui oppose non seulement les puissances globales, mais également les moyennes puissances du Moyen-Orient à l’Asie du Sud-Est. Les effets de la pandémie du Covid-19 sur les chaînes d’approvisionnement et l’impact de la guerre en Ukraine, qui ont accéléré cette nouvelle ruée vers l’Afrique, ne sauraient être une raison suffisante pour ignorer les besoins spécifiques de l’Afrique : les Africains, eux aussi, devraient pouvoir profiter des téléphones portables dernier cri d’Apple, conduire les voitures électriques de Tesla, et bénéficier de scanners médicaux de qualité lorsqu’ils sont malades. Tous ces produits sont fabriqués à partir de minéraux stratégiques qu’ils fournissent, mais dont ils ne bénéficient pas.
Les attentes des investisseurs internationaux
Mais il leur revient également de prendre leurs responsabilités en mettant en place des cadres réglementaires transparents et efficaces, en formant des ingénieurs capables de négocier des contrats miniers, en définissant une feuille de route répondant à leurs besoins de développement et en élaborant une stratégie de transformation industrielle avec l’appui des organisations régionales et de la récente Zone de libre-échange africaine qui pourrait jouer un rôle crucial dans la création de marchés locaux plus adaptés aux investissements internationaux.
Précisément, alors que la demande mondiale en minerais stratégiques n’a jamais été aussi élevée et que les industries vertes sont plus que jamais essentielles à la lutte contre le réchauffement climatique, ces investissements demeurent largement insuffisants. Lorsqu’ils existent, très peu sont menés à bien. Les raisons de ce sous-investissement chronique tiennent à plusieurs facteurs explicités par un récent rapport d’Atlantic Council et son auteure Aubrey Hruby, notamment la mauvaise perception des risques inhérents à l’investissement en Afrique et la sous-mobilisation du secteur privé.
Enfin, aucune de ces recommandations ne saurait aboutir sans stabilité. Or, dans des zones comme la région des Grands Lacs où la République démocratique du Congo, pays aussi grand que l’Europe de l’Ouest, est déchirée par des guerres civiles et régionales depuis plus de trente ans, il ne saurait y avoir d’investissements sans paix. C’est pourquoi la pacification des Grands Lacs doit être à l’avant-garde des efforts diplomatiques et des politiques énergétiques en Afrique.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
Par Ciré Clédor Ly
APPEL À UNE RUPTURE RADICALE POUR LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE SÉNÉGALAIS
La création, refondation ou suppression des structures ne peuvent être que conjoncturelle, eu égard à une vision politique et une nécessité contextuelle qui intègrent et prennent en considération l'état des finances publiques et la gouvernance
J'ai suivi et assisté avec surprise et consternation le rejet du projet de loi présenté à l’Assemblée Nationale ainsi que les arguments de la partie majoritaire qui cristallise une position et garantit un système qui va à l'encontre des intérêts et aspirations du peuple sénégalais.
La création, refondation ou suppression des structures ne peuvent être que conjoncturelle, eu égard à une vision politique et une nécessité contextuelle qui intègrent et prennent en considération l'état des finances publiques et la gouvernance.
Une alternance politique ne change pas la forme républicaine d'un État, encore moins le comportement du citoyen républicain dont les actes devraient refléter les pensées doctrinales et philosophiques qui servent de guide pour la prise de décisions majeures dans le jeu de l'équilibre des pouvoirs entre les institutions démocratiques.
L'empiriocriticisme pris dans le sens de son articulation à la science politique, ainsi que le subjectivisme, ne cadrent pas avec la posture Républicaine. Tt hier, avec le vote à mains levées, les visages à découvert, tous les masques sont tombés.
Il n'y a cependant pas de crise des institutions, et le blocage qui participe au jeu normal démocratique est cependant manifestement puéril, anti-républicain et sans gain politique durable.
Il appartient à ceux qui sont détenteurs de la légitimité populaire d'accélérer la refonte des lois et des institutions, pour la réalisation des aspirations du peuple sénégalais pressé de se débarrasser des vestiges du passé qui reflètent la survivance d'un système encore tenu par des compradores et qui ont une extraordinaire capacité de nuisance, de déstabilisation acquise par la prédation des biens communs, l'enrichissement illicite, la concussion, les délits d'initié, la corruption, l'escroquerie foncière, les fraudes douanières, fiscales et autres infractions occultes non encore couvertes par la prescription.
Le ministère de la Justice a le devoir de rechercher et de mettre la justice à contribution rapide et sans délai dans l'objectif de la seule reddition des comptes, avec le respect biblique des règles de procédures, des droits de la défense et de la séparation des pouvoirs.
La rupture doit être résolue et radicale
Les Sénégalais ainsi que les panafricains distants des blocs impérialistes et hégémonistes, encore patients, restent toujours déterminés à accompagner le nouveau pouvoir politique et judiciaire, au prix de leur sang, pour l'exercice d'une souveraineté sans compromis ni compromissions.
Mais le temps dans la rupture radicale reste le plus grand ennemi et le meilleur allié des valets de l'impérialisme et de leurs agents restés nombreux dans des postes stratégiques de l'Etat.
UN REGARD NOVATEUR SUR LA DÉMOCRATIE
De l’Afrique à l’Occident, le désenchantement démocratique gagne du terrain. Face à ce constat alarmant, Timbuktu Institute propose une refondation audacieuse du système
(SenePlus) - Dans un monde en constante mutation, où les démocraties établies vacillent et les aspirations démocratiques peinent à se concrétiser, le Timbuktu Institute, think tank africain de renom, lance un appel pressant à une refondation de la démocratie. Dans une analyse approfondie coordonnée par le Professeur Mohamed-Chérif Ferjani, l'institut dresse un constat sans concession des défis auxquels font face les systèmes démocratiques, tout en proposant des pistes de réflexion pour leur revitalisation.
Le Professeur Ferjani, président du Haut-Conseil de Timbuktu Institute, pose d'emblée le cadre de cette réflexion : "Le premier enjeu d'une telle refondation serait, peut-être, de collaborer à l'édification d'une démocratie réellement universelle qui n'exclut personne et n'a besoin de l'exploitation de personne, ni au Nord, ni au Sud, ni à l'Est, ni à l'Ouest."
Cette vision universaliste de la démocratie s'accompagne d'un appel à la responsabilité collective. Ferjani exhorte : "Chacun doit assumer ses responsabilités, cesser de stigmatiser les autres, avec arrogance et mauvaise foi, pour se dédouaner à bon compte ; nous devons tous commencer par balayer devant nos portes."
L'analyse du Tombouctou Institute met en lumière le "désenchantement démocratique" qui sévit tant en Afrique que dans le reste du monde. Ce phénomène touche aussi bien la démocratie représentative que ses critiques populistes, appelant à des formes de démocratie directe. L'institut souligne les écueils de ces deux approches : d'un côté, une classe politique déconnectée des réalités populaires, de l'autre, les risques inhérents à une démocratie directe difficilement applicable à grande échelle.
Le Professeur Ferjani met en garde contre les dangers de certaines alternatives non démocratiques : "Si le peuple qui exerce directement le pouvoir se trompe, qui va lui demander des comptes et comment le sanctionner ?".
Face à ces défis, le Timbuktu Institute propose plusieurs pistes pour revitaliser la démocratie représentative :
Le renforcement de la séparation des pouvoirs.
Le respect scrupuleux des lois par tous, gouvernants comme gouvernés.
La promotion du pluralisme et des libertés collectives.
La garantie des droits inaliénables pour tous, sans discrimination.
Le Professeur Ferjani insiste particulièrement sur l'importance de ne pas dissocier la démocratie, les droits humains et l'État de droit : "des tentatives de dissociation dangereuses pour la démocratie", affirme-t-il.
L'analyse de Timbuktu Institute aborde la question de l'universalité du principe démocratique. Tout en reconnaissant la diversité des formes démocratiques, le think tank met en garde contre les dérives culturalistes qui diluent les fondements essentiels de la démocratie.
"La construction de la démocratie ne peut pas progresser d'injonctions verticales", souligne l'analyse. Elle doit au contraire s'appuyer sur la participation active des populations, en prenant en compte leurs spécificités culturelles et sociales. C'est ce que le Professeur Ferjani appelle "une culture démocratique enracinée dans la réalité propre à la société qui la revendique".
Cette approche nuancée permet d'éviter l'écueil d'une conception de la démocratie perçue comme "un modèle importé" ou "une conception destinée à 'occidentaliser' ou à 'McDonaliser' le monde", selon l'expression de Benjamin Barber citée dans le texte.
LE CRI D'ALARME DE LA CDS
La Confédération pour la Démocratie et le Socialisme dénonce les dérives du nouveau régime et s'inquiète pour l'avenir du pays. Entre promesses électorales et réalité du terrain, le fossé se creuse dangereusement, selon la plateforme politique
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme datée du 3 septembre 2024 à propos de la situation sociopolitique nationale.
"Texte liminaire de la conférence de presse du CDS
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les journalistes,
Très chers camarades,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais d’abord vous saluer toutes et tous et vous remercier pour votre présence à cette première prise de parole publique de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) depuis l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Nous l’avons tous remarqué : en dépit des soubresauts et des incertitudes notés avant cette échéance cruciale, l’organisation quasi parfaite de cette élection, en l’espace de trois semaines, a démontré, encore une fois, la solidité des institutions de notre pays et la maturité du peuple sénégalais. Un peuple attaché à la paix et à la dévolution démocratique du pouvoir. C’est le lieu de féliciter tous les acteurs, notamment le Conseil constitutionnel, dont les décisions avisées et courageuses ont permis de sauvegarder la paix civile et la démocratie sénégalaise.
Mesdames et messieurs, permettez-moi de saluer particulièrement et avec chaleur les journalistes de notre pays et pas seulement parce qu’ils ont répondu - comme à leur habitude - à l’invitation de la CDS.
Je les salue pour leur contribution éminente dans l’effort de construction nationale. Je les salue pour la part essentielle qui est la leur dans la sauvegarde de notre culture démocratique. Je les salue pour leur apport de tous les jours dans l’éveil des consciences dans notre pays.
Du reste et à cet égard, la CDS réitère son ferme soutien à tous les acteurs des médias sénégalais et s’élève contre toute velléité d’instaurer, dans ce pays aux traditions ancrées, une presse aux ordres.
Comprenons-nous bien : les entreprises de presse, tout comme toutes les autres entreprises au Sénégal, doivent s’acquitter de l’intégralité de leurs charges. Il ne faut pas que les y astreindre : il faut aussi les y aider en tenant compte de leurs spécificités sans, le moins du monde, essayer de les dompter en passant par des détours qui ne trompent personne. Car, comment comprendre, entre autres actes, le refus de moratoire, le gel des créances, le gel de l'aide à la presse 2024, la résiliation des contrats publicitaires, etc. ? Si ce n’est pas une politique d’étouffement de la presse, ça y ressemble fortement.
Mesdames et Messieurs, il en est de la presse comme de bien d’autres secteurs ou segments de la vie nationale. Tous ou presque ressentent la césure entre les engagements mirifiques des nouveaux dirigeants du pays et la terne réalité de leurs pratiques. Ainsi, que ce soit dans les BTP ou au Port Autonome de Dakar, à la RTS, la TDS, la LONASE, autant dans les multiples PMI que dans les ministères, de nombreux Sénégalais sont dans l’expectative, se demandant de quoi demain sera fait, devant ce qui ressemble à une véritable politique de remise en cause des acquis sociaux, avec des ruptures abusives de contrats de travail.
L’actuel gouvernement ne laisse entrevoir aucune ligne claire quant à la politique qu’il entend mener au-delà des slogans et autres rodomontades. En effet, et contrairement à la tradition démocratique établie, le Premier ministre se soustrait jusqu’ici au devoir que lui impose l’article 55 de la Constitution : la Déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Un déficit de cap ayant comme conséquence fâcheuse d’installer littéralement le Sénégal dans le court terme, aucune vision n’étant déclinée
Or, à mesure que le temps passe, il devient de plus en plus difficile pour ce gouvernement de surfer sur le legs du régime précédent, soit pour le noircir, soit pour inaugurer le BRT, distribuer du matériel agricole ou constater avec candeur, surprise et délectation, le niveau d’équipement de certains hôpitaux, entre autres nouvelles infrastructures du pays.
Autrement dit, le temps est plus que venu d’apporter des réponses claires à une jeunesse à laquelle il a été promis monts et merveilles et qui, pour l’heure, continue de végéter dans les rues et, pour une partie d’entre elle, de se précipiter par myriades dans les eaux de l’Atlantique.
Il faudra bien que le Premier Ministre se décide enfin à se départir de ses habits d’opposant peu regardant sur les méthodes et discours pour prendre à bras le corps, c’est- à- dire sérieusement, méthodiquement et lucidement, les multiples aspirations et difficultés de ses compatriotes. Autrement dit, il est plus que temps pour lui de réaliser que sa logique de vendetta a beaucoup trop coûté au Sénégal. Du reste et pour la CDS, il est impératif de faire la lumière sur les événements tragiques qui ont secoué notre pays de 2021 à 2024.
En attendant, la posture belliqueuse de l’actuel Pm, aux antipodes de la sérénité que requiert sa charge, ne peut certainement pas déboucher sur une offre éducative de qualité, des soins de santé adaptés ou des politiques de productions industrielles ou agricoles satisfaisantes. De même, il devrait comprendre que la rationalisation des charges de l’Etat ne peut se ramener à la dissolution du HCCT et du CESE. Si tant est que la volonté est de réduire le train de vie de l’Etat., il faut faire mieux et plus en commençant par exemple, pour respecter la parole donnée, par la suppression des « fonds spéciaux », trivialement appelés « fonds politiques ».
Tous ou presque constatent que cinq mois après son installation, le pouvoir, plutôt que de s’atteler à donner satisfaction aux populations, se gargarise d’incantations et de menaces contre les opposants et les autres acteurs de la vie publique. Aussi convient-il de rappeler fortement que les Sénégalais attendent du nouveau régime la préservation de la paix et la concorde nationale, du vouloir vivre collectif en lieu et place de la division ou de la stigmatisation de quelque catégorie de sénégalais que ce soit.
Disons-le sans exagération mais de façon nette et claire : ce gouvernement donne le sentiment d’être incapable, véritablement incapable de prendre en charge les problèmes des Sénégalais, entre autres le chômage des jeunes, l’insécurité, la cherté de la vie. En cela, le gouvernement du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est dangereux. Il l’est d’autant plus que ses géniteurs ont beaucoup promis, berçant la population sénégalaise, les plus jeunes notamment, de toutes les illusions.
Ce qui explique le vote massif de cette population. Un vote pas seulement de rejet de BBY, mais aussi d’espoir, de grand espoir, faisant que dès le premier tour, le Président Bassirou Diomaye Faye a été élu.
Or, en dépit de la volonté du nouveau Président de la République de se hisser à la hauteur de ses charges, il y a qu’il se trouve décalé de ses compatriotes, laissant penser, pour utiliser un euphémisme, qu’il règne sans gouverner.
Le Sénégal est donc en difficulté et il appartient à tous ceux qui adhèrent aux valeurs de la République d’agir. Agir pour prévenir toute régression démocratique et ceci quelles qu’en soient les dorures. Agir pour préserver les libertés, préserver ou même sanctuariser notre vivre-ensemble, ce magnifique legs que l’intelligence de notre peuple et l’esprit de responsabilité de nos prédécesseurs ont su asseoir faisant de notre pays un pays bien différent, un pays de brassage, de fraternité, de ‘’téranga’’, d’acceptation de la différence.
Dans cette voie de préservation de l’essentiel, la CDS entend jouer une partition de choix. Les partis qui composent la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme ont décidé de franchir un nouveau cap en passant de la Confédération à la Fédération. Nous progressons ainsi de l’unité d’action vers l’unité organique.
Mieux, nous allons, dans les jours à venir, porter nos habits de chauffe pour, avec toutes les parties prenantes qui en conviendraient, avancer dans la relance de la Gauche Plurielle, rassemblant les différentes sensibilités de Gauche. Et, par-delà celle-ci et tirant les enseignements de tout ce qu’ensemble nous avons réalisé dans BBY, nous allons nous déployer pour donner vie à un vaste Front Républicain sans exclusive manifestement devenu une urgence.
Ajoutons que fidèle à ses idéaux de paix, de justice et de démocratie, la CDS réitère son opposition à toute prise du pouvoir en dehors des compétitions électorales. Elle appelle les régimes militaires de la sous-région à organiser des élections libres et transparentes en vue de permettre aux peuples de se donner démocratiquement les dirigeants de leur choix. Dans ce sens, la CDS réaffirme son soutien au camarade Mouhamed Bazoum et exige sa libération sans condition.
Par ailleurs, la CDS exprime sa solidarité au peuple palestinien martyr. La CDS appelle tous les hommes épris de paix et de justice à agir pour mettre fin à cette tragédie sans nom que ce peuple endure depuis bien trop longtemps du fait de l’occupation israélienne et exige un cessez-le-feu dans l’immédiat."
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L'ARME SECRÈTE DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
En 48 heures, la motion de censure peut faire basculer le destin d'un gouvernement. De Senghor à Macky, aucun président n’a été à l’abri de cette menace. Une seule fois, elle a réussi à renverser une équipe gouvernementale
Au cœur de la démocratie sénégalaise se joue parfois un ballet politique intense : la motion de censure. Tel un duel entre David et Goliath, l'Assemblée nationale peut faire vaciller le colosse gouvernemental. C'est le pouvoir fascinant de la motion de censure, arme ultime de l'opposition.
Depuis l'indépendance, ce scénario a été joué cinq fois au Sénégal. Une seule fois, en 1962, le coup de théâtre a réussi, renversant le gouvernement de Mamadou Dia sous Senghor. Depuis, tel un serpent de mer, la motion de censure ressurgit régulièrement, tenant en haleine la nation.
De Diouf à Wade, en passant par Macky, chaque président a vu son gouvernement défier. Mais l'exécutif a toujours résisté. En cas de succès, le président aurait 14 jours pour nommer un nouveau Premier ministre, sous peine de voir l'Assemblée dissoute.
L'APR AU-DELÀ DE BBY
Face à ce qu'il qualifie de "mode de gouvernance régressif et préoccupant", le parti prône la création d'un large front républicain. Il met en garde contre les menaces pesant sur la cohésion nationale et les libertés démocratiques
Le parti, fer de lance de l'opposition, tire la sonnette d'alarme face à ce qu'il considère comme des dérives du nouveau régime. L'APR plaide, dans un communiqué publié ce mardi 3 septembre 2024, pour la constitution d'un front républicain élargi, dépassant le cadre de BBY.
"COMMUNIQUE DE PRESSE
La Coalition Benno Bokk Yaakar (BBY), née en 2012 d'un contexte particulier et d'une séquence décisive dans notre histoire politique a marqué profondément l'évolution de notre pays ces douze dernières années, avec des victoires politiques et électorales à nulles autres comparables. BBY restera, à travers l'histoire politique du Sénégal, une coalition inédite par sa longévité et sa stabilité, qui lui ont permis de veiller sur la cohésion et les intérêts supérieurs de la nation.
Sous la clairvoyance du président Macky Sall, BBY a largement contribué à hisser la Sénégal au rang d'une nation prête pour l'émergence à la faveur du Plan Sénégal Émergent et le développement d'une démocratie exemplaire, d'un État garant de l'intégrité des institutions.
A travers une lettre en date du 2 septembre de 2024, le président Macky Sall, président de la Coalition Benno Bokk Yaakaar, a rendu un vibrant hommage aux leaders, jeunes, femmes et responsables de BBY, pour leur engagement, leur confiance, leur soutien sans faille et leur solidarité à toute épreuve. Il les a également invités à tirer les leçons du verdict des urnes pour créer un nouveau cadre plus approprié, adapté et ajusté au contexte actuel.
Le Secrétariat Exécutif National félicite le président du Parti, pour son leadership et s'associe à l'hommage mérité, rendu aux membres et à la Conférence des leaders de Benno Bokk Yaakaar, les exhorte, dans un élan collectif, à écrire une nouvelle page politique en se projetant dans le temps nouveau de l'action politique.
En vérité, par cette missive, le président Macky Sall invite a une réorganisation de nos forces, aux synergies nécessaires et solidarités salutaires, pour mieux répondre, par l'ouverture et l'élargissement, aux enjeux politiques et défis sociétaux du moment. En effet, le contexte politique actuel reste marqué par des menaces sur la cohésion et l'unité nationales, les libertés démocratiques, auxquelles s'ajoutent le désarroi de la jeunesse déçue par les reniements des nouvelles autorités qui piétinent, toute honte bue, leurs promesses électorales ainsi que les menaces et manipulations qui tiennent lieu de vision et de programme.
Après les changements intervenus à la tête de l'État et à face à ce mode de gouvernance qui risquent de mettre en péril notre pays, il nous faut rester, vigilants, unis et mobilisés pour poursuivre notre tradition de solidarité et d'unité, notre expérience de construction d'une vision commune du destin du Sénégal.
L'Alliance Pour la République, soutient sans réserve la mise en place d'un large front républicain qui va au-delà de BBY pour faire face à ce mode de gouvernance régressif et préoccupant, garantir la transparence des élections, défendre la république et ses institutions, préserver la paix civile et la stabilité du Sénégal.
Dès lors, le SEN engage tous les militants et responsables du parti, à poursuivre, dans l'unité et la solidarité, le travail politique dans les bases en direction des prochaines échéances électorales, pour engager la dynamique d'élargissement et de rassemblement, gage de victoire.
Enfin, le SEN exprime ses chaleureuses félicitations aux députés membres du Groupe BBY, pour l'unité et la cohésion dont ils font preuve depuis le début de la législature et leur engagement de toujours mettre en avant l'intérêt des populations et le respect des institutions de la République.
Tous ensemble, pour défendre la République et la démocratie."