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13 avril 2025
Développement
ÉTABLE OU GROTTE, L'ÉNIGME DE LA NAISSANCE DE JÉSUS
Les Évangiles eux-mêmes restent étonnamment discrets sur le décor exact de la Nativité, laissant place à différentes interprétations. Une ambivalence qui a nourri l'imagination des artistes et la dévotion des fidèles à travers les âges
(SenePlus) - Dans une récente enquête, Le Point revient sur l'une des questions les plus intrigantes de l'histoire chrétienne : le lieu exact de la naissance de Jésus. Un mystère qui persiste depuis deux millénaires, entre tradition populaire et textes historiques.
L'Évangile de Luc, seul témoin direct des circonstances de cette naissance, nous livre un récit précis mais parcellaire. Comme le rapporte le quotidien français, le texte mentionne simplement que Marie "mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune." Une sobriété narrative qui contraste avec les autres Évangiles, encore plus discrets sur l'événement : Marc n'en dit mot, Matthieu se contente d'une simple mention géographique, tandis que Jean passe l'épisode sous silence.
Contrairement à l'image traditionnelle d'une auberge refusant d'accueillir le couple, la réalité serait plus complexe. Selon l'analyse de l'historien Kenneth Bailey, citée par Le Point, les habitations palestiniennes de l'époque comportaient généralement une seule pièce, avec un niveau inférieur réservé aux animaux. Cette configuration expliquerait la présence d'une mangeoire, qui pouvait être "un simple creux dans le sol."
L'hypothèse de la grotte, si présente dans l'imaginaire collectif, trouve sa source dans le Protévangile de Jacques, un texte du IIe siècle non reconnu par l'Église mais très influent. Le Point rapporte ce récit alternatif où Joseph, face à l'urgence de l'accouchement, trouve refuge dans une caverne : "Où est-ce que je t'amènerai, car ce lieu est désert ? Et trouvant en cet endroit une caverne, il y fit entrer Marie."
Cette tradition de la grotte s'est tellement ancrée qu'au IVe siècle, l'impératrice Hélène fait édifier une basilique à l'endroit présumé de la naissance. Le journal cite même la lamentation de Saint Jérôme devant la transformation du lieu : "Ah ! s'il m'était seulement donné de voir cette crèche où reposa le Seigneur ! Mais, hélas ! par un sentiment de vénération pour le Christ, nous avons enlevé la crèche d'argile pour lui en substituer une d'argent."
C'est finalement au Moyen Âge que l'image de l'étable s'impose progressivement, culminant avec l'initiative de Saint François d'Assise en 1223. Comme le rapporte son biographe cité par Le Point, le saint souhaitait montrer "l'Enfant qui naquit à Bethléem [...] tel qu'il était couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne."
Cette dualité entre grotte et étable perdure aujourd'hui dans les représentations de la Nativité, chacune portant une symbolique forte : celle d'un Dieu choisissant délibérément de naître dans l'humilité, loin des fastes du pouvoir.
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LES DEUX VISAGES DU TIRAILLEUR
En qualifiant les tirailleurs de « traîtres », Cheikh Oumar Diagne ravive un lointain débat. L'histoire de ces hommes, faite de loyauté et de trahisons, de courage et de compromissions, dépasse largement les jugements manichéens. Décryptage !
L'histoire des tirailleurs sénégalais se lit comme un roman à double face, où chaque page révèle une contradiction plus profonde que la précédente. D'un côté, des soldats valeureux qui ont versé leur sang pour la France. De l'autre, les instruments volontaires d'une colonisation qui a bouleversé l'Afrique.
Le premier visage du tirailleur naît en 1857, dans l'ombre de la conquête coloniale. La France, confrontée à l'inadaptation de ses soldats au climat africain, trouve une solution pragmatique : recruter parmi les populations locales. Les premiers tirailleurs sont d'anciens esclaves, pour qui l'engagement militaire représente un chemin vers la liberté. Quatorze années de service contre la promesse d'une vie nouvelle. Un marché qui ressemble à s'y méprendre à un simple changement de maître.
Pourtant, ces hommes deviennent rapidement indispensables. Leur connaissance du terrain, leur maîtrise des langues locales et leur capacité à négocier font d'eux bien plus que de simples soldats. Les officiers français, ignorants de tout des royaumes africains, dépendent entièrement de leur expertise. C'est là que se dessine le paradoxe : essentiels mais jamais égaux, respectés pour leurs compétences mais systématiquement maintenues dans des positions subalternes par un racisme institutionnel qui interdit toute promotion au-delà d'un certain grade.
Le deuxième visage du tirailleur apparaît lors des deux guerres mondiales. Face au besoin urgent d'hommes, la France fait miroiter aux Africains la promesse d'une citoyenneté pleine et entière. Des milliers répondent à l'appel, convaincus que leur sacrifice leur ouvrira enfin les portes de l'égalité. Ils se battent avec bravoure, notamment à Verdun, où leur courage devient légendaire. Mais la reconnaissance ne suit pas. Pire encore, pendant l'occupation nazie, alors que les soldats français sont envoyés en Allemagne, les tirailleurs sont parqués dans des camps en France, dans des conditions inhumaines.
Le massacre de Thiaroye en 1944 cristallise cette dualité tragique. Des tirailleurs démobilisés, qui ont risqué leur vie pour libérer la France, sont abattus par l'armée française au Sénégal pour avoir simplement réclamé leurs soldes impayées. C'est le point de rupture où les deux visages se confrontent : celui du soldat loyal et celui de l'homme trahi.
L'après-guerre révèle une nouvelle dimension de cette dualité. Certains tirailleurs, profondément désillusionnés, deviennent les fers de lance des mouvements indépendantistes. D'autres continuent de servir la France dans ses dernières guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie, perpétuant malgré eux un système qu'ils ont contribué à maintenir.
Cette histoire à double face se poursuit jusqu'à nos jours dans la mémoire collective. La France contemporaine peine à réconcilier ces deux visages : celui du héros de guerre, célébré dans les commémorations officielles, et celui de l'homme pris dans les rouages de la machine coloniale. Ce n'est qu'en 2022 que les derniers tirailleurs ont obtenu une reconnaissance élargie de leurs droits, comme si la nation tentait tardivement de regarder en face cette histoire complexe.
Les tirailleurs sénégalais nous rappellent qu'il n'existe pas de vérité simple dans l'histoire coloniale. Leurs deux visages nous montrent que l'héroïsme et la tragédie peuvent coexister dans les mêmes uniformes, que la loyauté et la trahison peuvent se confondre dans les mêmes destins. Leur histoire nous invite à dépasser les jugements manichéens pour comprendre la complexité des choix individuels face aux forces de l'Histoire.
LES PRÊTRES AFRICAINS, NOUVEAUX PILIERS DES PAROISSES FRANÇAISES
Dans les presbytères de l'Hexagone, les accents du continent résonnent de plus en plus. Ces prêtres, venus du Bénin, du Sénégal, du Congo, du Cameroun ou encore du Burkina Faso, constituent désormais l'épine dorsale de nombreuses paroisses
(SenePlus) - Un phénomène devenu incontournable dans les églises de France, comme le révèle une enquête approfondie du Point. Nombre d'entre les fidèles ont sans suivi la messe célébrée par un prêtre venu d'Afrique. Une réalité qui illustre la transformation profonde du clergé français.
Les chiffres sont éloquents : selon Le Point, sur les 3 000 prêtres étrangers exerçant en France, entre 70 % et 80 % sont originaires d'Afrique, représentant environ un tiers des prêtres actifs de moins de 75 ans. À ces effectifs permanents s'ajoutent 600 à 700 prêtres assurant des remplacements saisonniers, ainsi que 300 ecclésiastiques poursuivant leurs études dans les Instituts catholiques.
Cette présence croissante répond à un besoin urgent. Le journal rappelle qu'en à peine deux décennies, le nombre total de prêtres en France a chuté drastiquement, passant de 25 353 en 2000 à 11 644 en 2022. Plus significatif encore, les prêtres diocésains ont vu leurs effectifs fondre de 19 243 à 9 336 sur la même période, tandis que le nombre de séminaristes s'est réduit de 976 à 709.
Ces religieux, qui viennent principalement de la République démocratique du Congo, du Bénin, du Congo Brazzaville, du Togo, du Cameroun, du Sénégal, du Burundi, du Rwanda, de Madagascar, de Côte d'Ivoire et du Burkina Faso, exercent leur ministère grâce à l'encyclique Fidei Donum de 1957. Comme le souligne la sociologue Corinne Valasik, citée par Le Point : "Ce mouvement du Sud vers le Nord a commencé dans les années 1980-1990, et s'est accéléré au cours des années 2000."
L'adaptation de ces prêtres ne va pas toujours de soi. La sociologue, qui a mené une étude approfondie sur le sujet, révèle au quotidien français les différents obstacles qu'ils rencontrent. Les contraintes liturgiques françaises, comme la limitation des homélies à sept minutes, peuvent dérouter. L'un des prêtres interrogés confie : "Une homélie chez vous, c'est si court qu'on dirait un tweet ou un pense-bête."
Le quotidien présente également ses défis. Ces hommes d'Église doivent s'adapter à un mode de vie plus solitaire, assumant des tâches domestiques inhabituelles pour eux. La baisse de statut social par rapport à leur pays d'origine, la barrière de la langue, et parfois même des expériences de racisme constituent autant d'épreuves à surmonter.
Cette réalité, devenue incontournable dans le paysage religieux français, a même été évoquée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui déclarait, comme le rapporte Le Point : "Il faut le dire au Rassemblement national : si on devait virer tous les étrangers qui travaillent en France, il n'y aurait plus beaucoup de curés dans les paroisses !"
par Birane Diop
SEMBÈNE, L’INSOUMIS ET DÉFENSEUR DES GRANDES CAUSES
Autodidacte, ancien syndicaliste, écrivain, cinéaste et militant politique, il demeure une grande conscience du monde libre, où fleurit l’insoumission. Toute sa production artistique possède une dimension politique, à bien des égards
À Paris, le mois de décembre annonce la fin de l’année sous différentes facettes et couleurs. La mystique qu’apporte décembre enveloppe la Ville Lumière de tout ce que l’humanité porte en elle de magnifique, comme le rituel des cadeaux de Noël : ces présents qui s’amassent sous le sapin et qui sont offerts aux gens qu’on aime, surtout aux enfants, ces êtres qui nous bouleversent par leur sourire et leur regard innocent.
C’est dans cette atmosphère de fête et de joie simple que je me suis rendu à la librairie Présence Africaine, lieu de sens et de mémoire niché rue des Écoles, pour me faire plaisir en achetant le livre Ousmane Sembène – Le Fondateur, édité par la maison Vives Voix, sous la direction de Ghaël Samb Sall et Baba Diop.
Quoi de plus magique que de terminer cette année marquée par des tensions sur une note qui immortalise l’œuvre majeure de l’un des plus illustres Sénégalais, voire Africains ? Car, quand tout s’effacera dans l’hiver fasciste qui s’annonce, il ne restera que le cinéma et la littérature — et, par ricochet, l’œuvre foisonnante du père de Mame Moussa et d’Alain.
Quand la libraire m’a annoncé que le livre coûtait soixante euros — une somme assez conséquente en ces temps de fêtes marqués par une explosion des dépenses —, ma réponse lui a arraché un sourire : « Madame, je mettrais cent euros rien que pour l’avoir dans ma bibliothèque. C’est Sembène, le meilleur de tous les temps. Hier, aujourd’hui et demain. Il est et restera la figure majeure du cinéma africain. Il n’y a pas débat. »
Ce livre, à la fois souvenir et marque de gratitude, retrace la trajectoire magistrale d’un homme pluriel, celui qu’on surnomme affectueusement le père du cinéma africain, artiste majuscule et défenseur des grandes causes : Ousmane Sembène.
Autodidacte, ancien syndicaliste, écrivain, cinéaste et militant politique, Ousmane Sembène demeure une grande conscience du monde libre, où fleurit l’insoumission. Depuis le 9 juin 2007, il repose dans le pays sans fin de Yoff, mais son œuvre continue de nourrir des millions d’âmes à travers le monde. En ce sens, je peux dire sans réserve que l’homme qui nous a offert Moolaadé, Émitaï, Guelwaar, Le Docker noir, Xala, etc., était un internationaliste, un bâtisseur ouvert aux vents féconds de toutes les aires géographiques. Personnellement, son œuvre immense — films comme livres — m’a profondément bouleversé et a durablement nourri mon imaginaire.
Il m’arrive souvent de la redécouvrir. Je ne peux pas dire combien de fois j’ai regardé Moolaadé, Camp de Thiaroye, Le Mandat, etc. Et chaque fois, je reçois une belle claque. C’est ça, Sembène.
Toute sa production artistique possède une dimension politique, à bien des égards. De plus, il avait ce don particulier de mettre en lumière les hypocrisies et les conservatismes qui traversent la société sénégalaise, une société ballottée entre une religion venue d’ailleurs et le spiritualisme ceddo. Il en maîtrisait les ressorts sociologiques avec une lucidité sans pareille.
Homme sensible au poids des inégalités sociales et au malheur des dominés, Sembène était aussi un fervent militant de l’émancipation, des causes justes qui portent en elles des valeurs essentielles : la dignité, le refus et la liberté. En un mot, il était un homme debout, profondément progressiste et féministe. Féminisme : ce joli mot ne lui faisait pas peur, bien au contraire. Tous ses films sont des chefs-d’œuvre, mais Moolaadé est celui qui m’a le plus bouleversé, eu égard à sa thématique. C’est un film éminemment politique, car il aborde sans faux-semblants l’excision et toutes les pratiques culturelles qui marquent de blessures le corps des femmes et sapent leur dignité. Autrement dit, il s’attaque à la tyrannie qu’exercent les hommes biberonnés au patriarcat sur les femmes, au nom de l’islam.
Sur un autre versant, notamment dans Xala, Sembène considérait la polygamie comme une pierre d’achoppement à l’évolution de la femme. Dans cette institution qu’est la polygamie, les femmes ne sont pas traitées d’égal à égal. Les lois reposent sur le non-respect de la transparence et des règles qui ceignent l’amour.
Dans son film Ceddo, Sembène fait un réquisitoire de l’islam et du christianisme, ces deux religions monothéistes qui ont pénétré le corps social et qui veulent effacer les spiritualités africaines. Ce film, qui fâche, a été censuré par Senghor. Selon le président et homme de culture, Sembène n’avait pas respecté la sémantique : Ceddo s’écrit avec un seul « d » (Cedo). En réalité, ce n’était qu’un prétexte fallacieux. Le film dérangeait tout simplement les esprits sans hauteur, car Sembène y dénonçait les oppressions religieuses. La figure de l’imam et les guerriers ceddos sont parlants. Et comme le dit brillamment Clarence Delgado, gérant de la Société Filmi Domireew de feu Sembène : « La polémique sur Ceddo avec Senghor était superficielle sur l’orthographe du nom, mais ce que dénonçait Sembène dans ce film, c’était les religions importées, car il était très intègre, très africain. Il n’aimait pas qu’on vienne lui imposer une culture. Voilà ce qui a posé problème à Senghor. »
L’œuvre cinématographique de Sembène est vaste et traverse les âges et les époques. Elle nourrit des millions de gens éparpillés dans le monde et qui ont l’insoumission en partage. Lecteur discipliné de Jack London, intellectuel organique et homme du refus, Sembène était un artiste qui a documenté et filmé, durant toute sa vie, les quotidiens difficiles des petites gens, des invisibles, ceux et celles que la bourgeoisie toise et insulte.
PAR Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
UNE VIE ENGAGÉE POUR LA JEUNESSE DE SON PAYS, LE SÉNÉGAL
L'histoire de Marie Louise Corréa, récemment élevée au rang de Grand-Croix de l'Ordre National du Lion, est celle d'un engagement total, porté par une conviction inébranlable : les jeunes sont le plus précieux des trésors
Le Sénégal a tenu à honorer la semaine passée, des hommes et des femmes qui, de par leurs vies et les forts engagements qui ont jalonné leurs parcours, sont devenus des exemples et des références pour les citoyens de ce pays, ce pays dont ils ont en partage l’amour qu’ils lui portent, profondément. Marie Louise Corréa, a été élevée au rang de Grand-Croix de l’Ordre National du Lion, en témoignage de sa vie exemplaire au service de notre jeunesse. Son petit frère que je m’honore d’être, vous révèle cette grande dame, envahi de cette émotion non retenue.
Docteur Marie Louise Corréa : « Akéla» est toujours en jeunesse.
Il m’est agréable de vous offrir ce portrait de Marie Louise Corréa, qui a consacré toute sa vie à la jeunesse, à travers une activité formatrice à souhait, qu’est le scoutisme, mouvement qu’elle a traversé de la base à son plus haut niveau de responsabilité. Elle porte à merveille le nom donné à tous les chefs de meutes, AKELA, et ce rôle lui va à merveille, elle qui aime tant couver et diriger avec douceur ceux qu’elle aime et dont elle ne supporte pas de ne pas en tirer le meilleur, Portrait forcément intimiste.
Marie Louise Corréa naît à Ziguinchor le 26 novembre 1943, de Daniel Corréa et d’Antoinette Carrère. Son père est éducateur, enseignant et surtout, il pose les jalons des mouvements de jeunesse, qui engendreront le scoutisme. Marie Louise Corréa aura la jeunesse et sa nécessaire éducation naturellement comme fil conducteur de sa vie sociale.
A 12 ans, elle est déjà cheftaine des âmes vaillantes au Lycée Faidherbe, avant de venir poursuivre ses études au Lycée Van Vollenhoven, d’intégrer la JEC, et de diriger une meute de louveteaux, à la Cathédrale de Dakar, et d’intégrer la hiérarchie du Scoutisme Sénégalais, puis plus tard les instances du Mouvement Scout Africain.
Date aussi importante pour elle, est la disparition de son père, Daniel Corréa, le Jeudi 11 avril 1968. Nous sommes en plein milieu de la Semaine nationale de la Jeunesse qu’il avait avec d’autres, instituée. Le président Senghor décida, du fait de ses importantes fonctions au ministère de la Jeunesse et des Sports, d’interrompre son déroulement, en guise d’hommage. Elle gardera de son père en héritage ce dévouement permanent à la jeunesse de son pays.
D’autres dates repères marquent la vie au service de la jeunesse de Marie Louise Corréa. Elle est à la tête du Scoutisme Sénégalais de 1983, à 1997, du Scoutisme Africain de 1992 à 1998, accède au Comité Mondial du Scoutisme en 1999 à Durban, et d’en assurer la présidence de 2002 à 2005. Elle est la première femme et la première noire à occuper cette responsabilité.
Dans le même temps, elle mène avec rigueur sa carrière de médecin généraliste, avant d’être appelée au gouvernement, sous Abdou Diouf, comme ministre de la Recherche et de la Technologie en 1995, et d’être reconduite en 1998 comme ministre du Travail et de la Fonction publique.
Elle a été distinguée déjà comme Commandeur de l’Ordre National du Lion de la République du Sénégal, et Officier de la Légion d’Honneur Française.
En dehors de son père Daniel Corréa, sa référence absolue, elle a du respect pour Senghor, Abdou Diouf, le Pape Jean Paul 2 qui a initié les Journées Mondiales de la Jeunesse, et aussi tous ceux qui, enseignants professeurs et éducateurs qui ont concouru à son développement personnel. Marchant dans le sillage de ce père vénéré, sa vie dédiée au service de la jeunesse n'empêchera pas Marie Louise Corréa de poursuivre de brillantes études de médecine et d'élever en mère attentive ses quatre enfants. C'est en effet le 13 juillet 1976 qu'elle obtient son diplôme d'Etat de Docteur en Médecine après une brillante thèse passée sous la direction du Professeur Marc Sankalé.
La visite du Pape Jean Paul 2 à Dakar, en 1992, sera un de ses plus beaux souvenirs, autant que son élection au Comité Mondial du Scoutisme.
Marie Louise Corréa participe au relais de Flamme Olympique aux « Jeux Olympiques » d’Athènes en 2004. Souvenir qui lui procure encore aujourd’hui une vive émotion.
Une vie de devoirs
Son viatique pour la vie correspond aux trois piliers du scoutisme : Devoirs envers Dieu, Devoirs envers Autrui, Devoirs envers soi-même.
La pensée qui la motive et qui est le message qu’elle compte délivrer à la jeunesse, se résume en quatre principes :
L’autonomie, qui offre le choix aux jeunes, la Solidarité, qui vous amène à vous soucier des autres, la Responsabilité, qui vous fait assumer vos propres actes, l’Engagement, qui commande de s’affirmer par rapport à des valeurs.
Les jeunes sénégalais, tiennent en Marie Louise Corréa une belle icône qui aura fait de la jeunesse un moyen d’excellence, et qui la marque tellement qu’elle garde éternellement ce sourire qui lui confère un air de perpétuelle jouvence. Comme on dit : « Scout un jour… Scout toujours ».
DIAS-ASSEMBLÉE, LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL SE DÉFILE
La haute juridiction se déclare incompétente pour statuer sur la demande d'annulation de radiation de Barthélémy Dias de l'Assemblée. Les sages rappellent que leur rôle se limite essentiellement au contrôle de la constitutionnalité des lois
(SenePlus) - Le Conseil constitutionnel du Sénégal a rendu ce mardi 24 décembre 2024 sa décision concernant la requête introduite par Barthélémy Toye Dias. Dans sa décision n°6/C/2024, la haute juridiction s'est déclarée incompétente pour statuer sur la demande d'annulation de l'arrêté n°00079/ANS/SG/AD/GEN du 6 décembre 2024 relatif à sa radiation de la liste des députés.
La requête, déposée le 16 décembre 2024 et enregistrée sous le numéro 109, visait à contester la décision du Président de l'Assemblée nationale. Dans leurs mémoires en réponse respectifs des 17 et 18 décembre 2024, tant l'Agent judiciaire de l'État que le président de l'Assemblée nationale ont souligné que cette requête n'entrait pas dans le champ de compétence du Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel a fondé sa décision sur l'article 92 de la Constitution qui dispose en son alinéa 3 que "Le Conseil constitutionnel connaît de la constitutionnalité des lois". La haute juridiction a précisé que "le contrôle de la légalité d'un acte administratif ne relève pas de sa compétence", ajoutant qu'elle ne peut connaître ce type de contentieux que "dans le cadre d'une élection nationale, lorsque l'acte participe directement à la régularité du processus électoral et est propre à ce scrutin".
Cette décision, qui sera publiée au Journal officiel de la République du Sénégal, a été délibérée sous la présidence de Mamadou Badio Camara, en présence de la Vice-présidente Aminata Ly Ndiaye et des membres Youssoupha Diaw Mbodj, Awa Dieye, Cheikh Ndiaye et Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, avec l'assistance du chef du greffe, Maître Ousmane Ba. Le Conseil a par ailleurs noté qu'il pouvait valablement délibérer malgré l'empêchement d'un de ses membres, conformément aux dispositions de l'article 23 de la loi organique de 2016.
UNE PLAINTE ANNONCÉE CONTRE CHEIKH OUMAR DIAGNE
Le président de la Fédération africaine des descendants de tirailleurs sénégalais Gaye Para ne décolère pas face aux propos du ministre conseiller, qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres". Il réclame des sanctions du président Diomaye
(SenePlus) - La fureur gronde au sein de la communauté des descendants de tirailleurs sénégalais. Dans un entretien accordé ce mardi 24 décembre 2024 à Radio France Internationale (RFI), Gaye Para, président de la Fédération africaine des descendants de tirailleurs sénégalais, a annoncé son intention de porter plainte contre le ministre conseiller Cheikh Oumar Diagne suite à ses propos controversés sur les tirailleurs.
"Nous allons porter plainte, nous allons faire des pétitions, nous allons continuer, même quitte à faire des marches", a-t-il déclaré avec véhémence, visiblement meurtri par les déclarations du ministre conseiller qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres". La colère de Gaye Para est d'autant plus vive que ces propos émanent d'un membre du gouvernement : "C'est un ministre qui a parlé. Il a défié les tirailleurs sénégalais, il a craché sur leur mémoire", s'est-il indigné au micro de RFI.
L'affaire prend une dimension internationale, comme le souligne le président de la Fédération : "L'ensemble des États m'ont appelé, les Gabonais, les Maliens, les Guinéens, et jusqu'à la Centrafrique".
Le timing de cette controverse ajoute à l'indignation du président de la Fédération. "Il n'y a même pas 15 jours, le président et le Premier ministre honoraient la mémoire des tirailleurs", rappelle-t-il, pointant la contradiction flagrante entre l'hommage officiel rendu lors du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye et les propos du ministre conseiller.
Face à cette situation, Gaye Para réclame des sanctions immédiates, invoquant le "Jubanti" (rendre des comptes), un des pans du slogan du président Bassirou Diomaye Faye. "On ne peut pas être dans un gouvernement qui honore ces tirailleurs sénégalais et travailler dans ce gouvernement, être un ministre de ce gouvernement et continuer à critiquer", martèle-t-il.
Le président de la Fédération annonce également la mobilisation des historiens pour rétablir la vérité : "Les historiens, les comités scientifiques qui ont organisé la mémoire de ces tirailleurs, en l'occurrence le professeur Mamadou Diouf, on attend sa version", précise-t-il, soulignant la nécessité d'un débat scientifique sur cette page d'histoire.
Cette controverse, qui intervient quelques jours après que Cheikh Oumar Diagne a affirmé sur Fafa TV que les tirailleurs "étaient préoccupés par l'argent qui était à l'origine du massacre de Thiaroye", continue d'alimenter le débat sur la mémoire coloniale au Sénégal, plaçant le gouvernement dans une position délicate face à la colère grandissante des descendants de tirailleurs.
par Aziz Fall
LA DPG, UNE DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRATIONNELLE
L’allégorie de ce moment dépassera son caractère solennel prévisible et habituel pour donner un coup de fouet à la marche de toute une nation et de tout un continent vers les lumières et les sentiers prometteurs
La Déclaration de Politique Générale du Premier ministre du Sénégal à venir ne peut ressembler à celles qui l’ont précédée. Et les gardiens du statu quo essaieront en vain d’arrêter cet ouragan de son temps.
C’est une déclaration qui, déjà, dépasse sa nature discursive pour embrasser les contours d'une attitude nouvelle, d'une remise à l'endroit des forces motrices de la société.
Le corollaire est ainsi l'ébranlement de certitudes bien établies et la préparation mentale au saut dans un inconnu attendu, rêvé et recherché. Cet inconnu est en même temps familier parce qu'il nous promet le monde auquel nous avons toujours aspiré dans notre for intérieur. Car, la plupart d’entre nous étions convaincus qu’il pouvait être différent. Convaincus que notre monde pouvait mieux correspondre à l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes ; des hommes libres, dignes et soucieux du devenir de leur communauté pour autant qu’ils reprennent possession de leur histoire.
C’est à l’aune de cette rupture historique, toutes proportions gardées, qu’il faut apprécier l’avènement du nouveau leadership qui a la formidable responsabilité de présider aux destinées de ce pays qu’est le Sénégal.
Le sociologue Moussa Mbaye, dans la préface de mon premier ouvrage « Les Promesses d’une devise » paru en 2018, nous parlait d’une déclaration de politique générationnelle. Il sentait le murmure des voix et des forces muettes qui, graduellement, s’entremêlaient pour aboutir à un chœur exprimant la volonté d’un peuple prêt à trancher le nœud gordien. Le trancher et inverser la dynamique dépressive qui prenait justement par la gorge notre vie politique. Elle provoquait des répercussions on ne peut plus désastreuses sur le tableau socioéconomique sans parler de l’effritement moral de notre pays si riche en ressources de toutes sortes.
Cette génération, nous rappelle M. Mbaye, sait effectuer un appel téméraire au passé pour y extraire les instruments susceptibles de préparer le peuple uni et résolu à manifester une foi inébranlable en son avenir et travailler à un but commun, manifesté par un projet de société délibérément et collectivement articulé et protégé. Cette génération demeure consciente que cette tâche qui consiste en une quête de rédemption et de solace pour notre peuple longtemps mis à l’épreuve ne commence pas avec elle.
Elle a su apprendre des multiples étapes antérieures de tâtonnements et de volonté de bien faire, des succès comme des échecs, mais elle se pare d’une redoutable conviction que cette époque exige le renouveau du pacte social. Car, pour son propre salut, le peuple doit s’affirmer dans ces moments d’incertitude exacerbée, qui remettent à la surface le défi de l’identité et de la souveraineté.
La Déclaration de Politique Générale prochaine du Premiem Ministre a tous les éléments constitutifs pour marquer l’avènement de la vraie génération post-indépendance pour paraphraser le sociologue. En effet, elle mettra tout en œuvre, cette génération, pour mériter sa responsabilité historique. L’allégorie de ce moment dépassera son caractère solennel prévisible et habituel pour donner un coup de fouet à la marche de toute une nation et de tout un continent vers les lumières et les sentiers prometteurs. Cet évènement historique pour mon pays m’amène inexorablement à faire écho d’un extrait de l’ouvrage « Les Promesses d’une devise » en version paraphrasée.
A présent, nous en sommes à trois alternances en 64 ans d’existence en tant que nation, dans un contexte africain ; une performance plus qu’honorable qui nous pourvoit un dividende démocratique indéniable. Mais à présent, nous ne pouvons plus brandir ces occurrences sociopolitiques comme la réussite de notre pari sociétal. Il nous faut, au-delà et en plus d’une alternance politique, une altération qualitative de tous les aspects de notre société – dans ce siècle toujours jeune.
Un leadership de type nouveau doit s’imposer pour actualiser l’implantation de cette foi dans nos cœurs, nos esprits, afin qu’elle se manifeste dans nos choix, dans nos comportements et dans nos attitudes de tous les jours.
Je suis plus que convaincu que ce peuple sénégalais dont on n’a pas assez chanté la valeur et les mérites atteindra le but noble et urgent de nourrir ses familles, éduquer et former ses enfants, soigner ses malades, moderniser ses campagnes, développer ses villes, rationaliser sa politique, protéger son environnement et trouver sa place naturelle dans le concert des nations. Nos jeunes leaders nous ont redonné foi en cette ambition.
Un nouvel habitus est en train de prendre corps dans notre pays avec cette génération de leaders dont l’un des accomplissements sera de démontrer que la prise en charge de son propre destin ne saurait relever de la prescription ni d’une transposition ; elle relève de la volonté des concernés et de la conscience des efforts et sacrifices requis pour y arriver. La nature est trop cohérente pour créer un problème au Sénégal dont la solution devrait nous parvenir d’horizons lointains par le truchement de sauveurs venus d’ailleurs. Nos nouveaux leaders nous rappellent une vérité simple, un problème sénégalais doit et va être résolu par des citoyennes et des citoyens Sénégalais.
Ils ont une occasion unique pour matérialiser ce postulat avec notre bonne volonté et notre engagement total et authentique en soutien. Chaque citoyenne et chaque citoyen a un rôle à jouer dans cette perspective. Ces jeunes leaders, convaincus, déterminés et consciencieux, nous ont offerts une leçon à la fois sociale et historique. C’est pourquoi la Déclaration de Politique Générale résonne déjà comme un événement marquant. Devant Dieu et les représentants du peuple ce jour-là à l'hémicycle, le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale, par leur présence symbolique, nous livrerons une véritable déclaration de politique générationnelle. Pour cette raison, l’échec n’est pas une option.
Aziz Fall est auteur.
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LE PLAN D'AIDE AUX VICTIMES DE LA CRISE PRÉÉLECTORALE
Des compensations financières pour 99 victimes, des emplois pour 50 autres, et 268 dossiers en cours d'examen. Le ministre des Finances Cheikh Diba a levé le voile ce mardi sur l'ampleur du dispositif d'assistance aux victimes
Lors de son intervention devant l'Assemblée nationale ce mardi 24 décembre 2024, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a présenté les détails du dispositif d'assistance aux ex-détenus mis en place par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances rectificatives 2024.
Un comité spécial, institué par l'arrêté n°17450 du 30 juillet 2024 sous la coordination du ministère chargé de la Famille et des Solidarités, pilote cette initiative. À ce jour, 99 dossiers ont déjà été traités et approuvés, pour un montant total de 108 millions de francs CFA.
Le ministre a également révélé que les travaux se poursuivront activement pour l'identification et le traitement de 268 cas jugés prioritaires. Cette phase nécessite un travail minutieux de collecte de documents justificatifs, notamment des rapports médicaux, pour établir le statut de victime des concernés.
Le dispositif prévoit également des transferts monétaires directs aux personnes figurant dans la base de données établie par le ministère de la Justice et les représentants des victimes. Pour l'heure, 18 personnes ont été identifiées dans ce cadre.
Des mesures d'insertion professionnelle sont également prévues. Le ministre a notamment évoqué une liste de 50 personnes, dont 25 sont destinées à intégrer la fonction publique. En attendant leur prise de fonction, le ministre s'est personnellement engagé à assurer le versement régulier des salaires des personnes concernées.
Cette intervention s'inscrit dans un ensemble plus large de mesures présentées par le ministre Diba, incluant notamment des dispositions budgétaires pour la résilience des zones côtières (21,2 milliards FCFA) et des ajustements dans les dépenses de fonctionnement de l'État pour l'État.
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AISSATA TALL SALL DÉNONCE UNE LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE ILLÉGALE
Pour Aissata Tall Sall, le texte présenté par le gouvernement cumule les irrégularités, tant sur le fond que sur la forme. Des dépenses effectuées avant le vote aux contradictions dans les projections budgétaires, la députée n'a épargné aucun aspect
Lors de l'examen du projet de loi de finances rectificatives 2024 ce mardi 24 décembre à l'Assemblée nationale, Aissata Tall Sall, députée et cheffe du groupe parlementaire d'opposition, a livré une critique acerbe du texte présenté par le gouvernement.
"Cette loi est illégale", a-t-elle martelé, pointant du doigt plusieurs irrégularités majeures. La parlementaire a notamment dénoncé une violation flagrante de l'orthodoxie financière, illustrant son propos par une métaphore percutante : "C'est comme si un enfant venait prendre 10.000 francs de la poche de son papa, allait les dépenser entièrement et revenir dire à son père 'j'ai besoin que vous me prêtiez 10.000 francs' alors qu'il les a déjà pris."
Au cœur de sa critique, les 20 milliards de francs CFA déjà dépensés pour les élections avant même le vote de la loi. La députée s'est également insurgée contre l'augmentation des dépenses de fonctionnement de 18,14 milliards, passant de 1,571 à 1,676 milliards, alors même que le gouvernement fait face à une moins-valeur de recettes de 840 milliards.
"Les dépenses de fonctionnement, c'est les dépenses de prestige pour votre confort, c'est les bureaux, c'est le matériel, c'est tout ce qui fait le confort du gouvernement", a-t-elle souligné, déplorant simultanément une réduction des dépenses d'investissement.
La légalité même du texte est remise en question, la députée rappelant que selon la loi organique, la LFR devait être présentée en cours d'exercice. "Nous sommes à 4 jours ouvrés de l'exercice", a-t-elle fait remarquer, questionnant aussi le retard de neuf mois dans la présentation de cette loi.
Enfin, Aissata Tall Sall a relevé une contradiction majeure concernant les projections du déficit à 3%, prévu pour 2027 selon le cadrage budgétaire, mais annoncé pour l'année prochaine dans le projet Sénégal 2050.