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15 avril 2025
Développement
Par Henriette Niang KANDE
LES HÉROS DE LA RÉSISTANCE ... À LA CRITIQUE
Si certains considèrent que critiquer le Projet est un crime de lèse-majesté, peut-être est-ce simplement parce que la vision qu’en ont ceux qui le défendent est tellement lumineuse qu’elle ébloui. Oui, c’est doit être ça
La nomination de certaines personnalités non affiliées à Pastef, à des postes de responsabilités étatiques a fait sortir de l’univers du parti au pouvoir, des acteurs réfractaires à la critique. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Des choix portés sur les personnes qui avaient critiqué le « Projet » et/ou ses initiateurs ont été rapportés ou demandés à l’être, parce que ces dernières avaient émis des objections, des critiques, avant que le parti n’accède au pouvoir.
Ah, la mélodie du panafricanisme des auteurs et promoteurs du Projet ! Ce mots qui fait vibrer les âmes, soulever les foules et réveiller les tambours d’une souveraineté flamboyante. A entendre leurs discours, on pourrait croire que la souveraineté est un cocktail de bissap pour l’extérieur, mais agrémenté d’une pincée de "ne dites que du bien de notre Projet" à l’intérieur.
Derrière les grandes proclamations se cachent des partitions bien plus discordantes. Le Projet donc, oui avec un grand P, doit être « englouti », jusqu’en 2050, sans aucun froncement de sourcils. Ceux qui ont ou qui osent encore demander s’il est une idée lumineuse se retrouvent ou se sont retrouvés exilés au royaume des bannis. C’est là que la souveraineté prend un tournant intéressant : à l’extérieur, on clame haut et fort que le Sénégal est un pays qui se tient debout, mais à l’intérieur, mieux vaut s’asseoir et garder ses idées pour soi.
Ça donne un peu l’impression d’un orchestre où le chef veut jouer une symphonie panafricaine, mais exige que les violons et le piano soient accordés comme les koras, ignorant que les uns sont des instruments à cordes et que l’autre est de touches. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une fanfare de décibels uniformément dociles. C’est l’obsession pour le consensus interne forcé. Vous savez, ce moment où le chef d’orchestre se retourne vers une salle clairsemée et demande : « Qui est avec moi ? » Devinez quoi ? Tout le monde l’est ! Comme par magie. C’est beau, n’est-ce pas ? Une unité parfaite, obtenue par le silence stratégique des derniers musiciens
Ceux qui ne sont pas férus de cette musique, deviennent les victimes d’un autisme politique sur les réseaux sociaux, qui offrent bien plus de places que dans un stade de foot. Ils sont devenus un terrain de jeu où les arguments jouent à saute-mouton avec la logique. Il suffit d’un tweet pour déclencher une guerre civile virtuelle, où les grossièretés se le disputent aux insanités. Et la surenchère finit par ressembler à une compétition de surdité collective. Chacun est enfermé dans sa bulle « idéologique », hermétique à toute intrusion dans la réalité. « L’autre ? Quel autre ? Celui qui ne s’est pas battu ? Celui qui n’a pas mené le combat ? Celui qui a fait partie du « système » alors que nous, nous sommes anti-système ? » semblent répondre ces valeureux soldats du clavier.
Pour justifier la transhumance à la veille élections législatives anticipée, la facétie a été poussée avec la fameuse théorie de la dichotomie entre les « adversaires » et les « ennemis » du Projet. La rhétorique du Bien et du Mal, du transhumant acceptable et celui banni car le promoteur du Projet ne l’a pas couvert de son gracieux pardon.
Et pourtant, l’idée d’une souveraineté réelle et d’un panafricanisme sincère est noble. Elle résonne dans le cœur de beaucoup de Sénégalais. Car l’exigence d’une Afrique digne et souveraine, débarrassée des scories humiliantes de la colonialité est réelle chez tous. Partout sur le continent on appelle à la liberté et à la dignité. La manière avec laquelle la commémoration de Thiaroye a été célébrée, révèle quelque chose de ce désir de changement que le politique a le droit d’encadrer et de traduire en idée et en matérialité.
Mais peut-être faudrait-il commencer par cultiver cette souveraineté en interne, en apprenant à accepter la dissonance et les débats. Parce que, à ce rythme-là, le Projet risque de se retrouver avec une souveraineté monophonique – et avouonsle, ce n’est pas très fun pour une symphonie. Alors, souverainistes et panafricanistes, un peu de courage ! Laissez les critiques jouer leur mélodie. On ne construit pas une nation forte en étouffant les notes discordantes, mais en les intégrant à l’ensemble. Et qui sait, peut-être que le "Projet" pourrait finalement devenir une véritable œuvre collective ? Après tout, ce n’est pas un orchestre de yes-men qui fera vibrer le cœur du peuple, mais une symphonie de voix diverses, mais unies dans sa commune souveraineté. La politique n’est pas le règne du consensus permanent, de la soumission à un discours voire pire un homme. C’est le règne du dissensus car des idées opposées cohabitent pour produire du bien commun.
Après tout diriger, c’est tout un art. Savoir jongler entre souveraineté extérieure et harmonie intérieure n’est pas chose facile pour des novices. Si certains considèrent que critiquer le Projet est un crime de lèse-majesté, peut-être est-ce simplement parce que la vision qu’en ont ceux qui le défendent est tellement lumineuse qu’elle éblouit. Oui, c’est doit être ça. Ç’est ça.
par Abdou Sène
LE JUB JUBAL JUBBANTI ÉCORNÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Qui a mené l’enquête de moralité à propos d'Aoua Bocar Ly ? Comment ses malheureuses déclarations ont pu échapper à la vigilance du président qui a signé et à celle du Premier ministre qui a contre-signé le décret la nommant ?
Dans le document de la Stratégie nationale de Développement 2025-2029, on peut lire : « La bonne gouvernance est un pilier fondamental du développement économique et social. A cet égard, elle occupe une place centrale dans les politiques publiques et repose principalement sur les principes d’éthique, de transparence et de redevabilité, faisant du « Jub, Jubal, Jubbanti » (JJJ) un levier de la Transformation systémique. »
Si nous avons combattu le régime de Macky Sall, c’est parce que nous nous sommes rendus à l’évidence, comme beaucoup de Sénégalais, qu’il avait fini par s’empêtrer dans la tyrannie, la turpitude et la promotion de l’anti-JJJ. Et c’est dans la même logique que nous avons soutenu les hérauts du JJJ. Comme nous, peu de Sénégalais avaient une idée claire des compétences de ces derniers à diriger un pays, si on se réfère à leurs états de service. Notre engagement pour qu’ils accèdent au pouvoir était essentiellement motivé par le fait qu’ils nous ont présenté une idéologie reposant sur un souverainisme courageux et intelligent et surtout sur le JJJ. Ce dernier, d’après l’acception que nous en avons, s’il est mis en œuvre dans toute sa plénitude, suffit largement pour inscrire un pays dans les différentes dimensions du développement. Économique, sociale, culturelle, spirituelle…
Nous avions renoncé à publier le présent article le 31 décembre, date de sa production, lorsque nous avions appris le limogeage de Monsieur Cheikh Oumar Diagne, dont le maintien dans l’équipe de la présidence de la République en était le seul motif. Mais, la nomination de Mme Aoua Bocar Ly Tall, le 11 décembre 2024, au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) rajoute une couche au souci que nous avons pour la sauvegarde du JJJ, et nous fait revenir sur cette renonciation.
A cause de ces deux affaires, notre espoir suscité par l’avènement du JJJ a pris un coup dont nous espérons qu’il va rapidement se relever. Effet, nous avions beaucoup de mal à comprendre pourquoi Monsieur Cheikh Oumar Diagne restait encore dans l’entourage du président de la République, en tant que Directeur des moyens généraux de la présidence de la République (DMGPR). Le JJJ appliqué dans toute sa rigueur aurait dû amener le président de la République à mettre fin aux fonctions de Monsieur Diagne au sein du palais de la République dans les 24 heures qui ont suivi ses déclarations sur les tirailleurs sénégalais et la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), le 21 décembre 2024, sur la chaîne Fafa TV. Nous considérons que ses propos, pleins d’arrogance et très peu empreints de sens politique, sont une offense, un manque de respect au chef de l’Etat. Nous ne les aurions pas nommés ainsi s’ils émanaient d’un opposant politique ou d’un citoyen lambda. Ils ont été tenus par l’un des proches collaborateurs du président de la République. Afin de vous permettre de vous faire une idée de l’extrême gravité de la sortie de Monsieur Diagne, nous vous invitons à écouter vous-mêmes attentivement ses propos dont nous allons vous relater les parties les plus choquantes.
Sur le massacre de Thiaroye.
Le 1er décembre 2024, Monsieur le président de la République, en présence de ses invités dont 5 chefs d’Etat et le corps diplomatique, commémore le massacre des tirailleurs sénégalais, et rend un vibrant hommage à ces derniers. Trois semaines plus tard, le 21 décembre 2024, Monsieur Cheikh Oumar Diagne fait une sortie pour démonter de toute pièce tout le bien que le président de la République pense des héros-victimes du massacre de l’aube du 1er décembre 1944.
Suivons le malheureux duel que Monsieur Diagne a imposé à son patron, le président :
Monsieur le président de la République salue le courage moral du président Français Emmanuel Macron pour avoir assumé que ce qui s’est passé à Thiaroye le 1er décembre 1944 était un massacre et dit : « Je salue l’ouverture des autorités françaises actuelles qui ont accédé à notre requête pour la manifestation de la vérité » ; Monsieur le DMGPR dans un long ddéveloppement sur la diplomatie sénégalaise vis-à-vis de la France, traite cette dernière de pays lâche.
Monsieur le président de la République, parlant des tirailleurs sénégalais, dans un ton empreint d’émotion dit : « …des héros Africains sans défense, armés de courage, de dignité, et de fraternité africaine, ont été froidement abattus… », « Ils méritent tous les honneurs, ils méritent notre respect, ils méritent notre admiration. » ; Monsieur le DMGPR dit qu’il n’aime pas les tirailleurs, qu’il ne les honore pas et qu’ils sont des traîtres, ils ne sont pas des héros. Il rajoute qu’il n’y a aucun pays où on honore des traîtres, et fait même un benchmarking pour son patron, le président de la République, en France, en Algérie et en Italie pour le convaincre et lui donner des exemples de maltraitance infligée à des traîtres comme les tirailleurs sénégalais.
Monsieur le président de la République dit «…il s’agissait d’Africains, en majorité, arrachés à leur terroir contre leur gré pour aller combattre au service de l’empire colonial français d’alors. », « Les tirailleurs sénégalais n’étaient pas des mercenaires, mais bien les défenseurs d’une dignité humaine universelle. » ; Monsieur le DMGPR réplique qu’ils ne sont intéressés que par l’argent et c’est pour cette raison qu’ils ont été humiliés à Thiaroye.
Monsieur le président de la République annonce : « Des rues et des places porteront le nom de cet événement tragique, de ces soldats,.. », « L’histoire de Thiaroye sera enseignée dans les curricula éducatifs » ; Monsieur le DMGPR n’est, une fois de plus, pas d’accord et décrète : « Baptiser des rues au nom des tirailleurs sénégalais revient à enseigner la traîtrise à nos enfants. »
Monsieur le président de la République dit que la cérémonie du 1er décembre 2024 a été organisée « pour nous acquitter d’une dette morale vis-à-vis des tirailleurs et de leurs familles » ; Monsieur le DMGPR dit que ceux qui honorent les tirailleurs ignorent qui ils sont réellement.
Coïncidence troublante entre les déclarations du président de la République dans son discours du 1er décembre 2024 et la façon harmonieuse dont son Directeur des moyens généraux lui a porté la contradiction. L’opposant le plus radical n’aurait pas fait mieux.
Sur la CEDEAO
Monsieur Diagne jette un pavé encore plus gros dans la mare de la diplomatie sénégalaise, en soumettant à une terrible diatribe la CEDEAO dont le Sénégal est membre fondateur depuis un demi-siècle. Soit dit en passant, même la ministre chargée de la diplomatie sénégalaise n’aurait pas dû accepter les violations de son périmètre par le DMGPR.
Les déclarations de Monsieur Diagne sont d’autant plus graves que trois mois après l’accession de Monsieur le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye au pouvoir, alors qu’il participait pour la première fois à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, la 65ème, l’Institution l’a désigné « comme Facilitateur de la CEDEAO dans les discussions de la Communauté avec l'AES (Burkina Faso, Mali, Niger), en collaboration avec S.E. Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République Togolaise ». Ce sont les termes du communiqué final, une grande fierté pour le Sénégal.
Suivons maintenant le deuxième duel que Monsieur Diagne a imposé à son patron, le PR :
Monsieur le président de la République, lors de ce 65ème sommet de la CEDEAO, a déclaré « Nous devons tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères de la CEDEAO. Ce serait le pire des scénarios et une grande blessure au panafricanisme » ; Monsieur Diagne développe tout un argumentaire et décrète que les Etats de l’AES ont le droit de sortir de la CEDEAO, et que c’est acté, ils ne reviendront pas.
Monsieur le président de la République, lors de sa première participation au Sommet de la CEDEAO a appelé à « travailler pour débarrasser la CEDEAO des clichés et stéréotypes qui la réduisent à la posture d'une organisation soumise aux influences de puissances extérieures et distante des populations qu'elle a la responsabilité historique de servir, conformément à son acte constitutif. » ; Monsieur Diagne déclare que la CEDEAO est le bras armé de l’Occident pour humilier des peuples africains.
Monsieur le président de la République, toujours au 65ème Sommet, dit « alors que nous sommes à la croisée des chemins, le legs précieux des pionniers nous impose l’obligation de retrouver l’unité de la CEDEAO des peuples et son lustre d’antan » ; Monsieur Diagne s’y oppose en déclarant que la CEDEAO, qu’il traite en passant de syndicat de chefs d’Etat, n’est d’aucune utilité, évoque sa dissolution et dit en conclusion que c’est une organisation sans futur.
Noter aussi que dès son premier discours à la Nation, le 4 avril 2024, Monsieur le président de la République avait annoncé la couleur quant à sa position par rapport à la CEDEAO. Il disait : « Nous veillerons, sans cesse, à maintenir et raffermir les relations de bon voisinage et de solidarité agissante au sein de nos organisations communautaires, notamment la CEDEAO et l’UEMOA. »
Pendant que Monsieur Diagne se dressait contre la CEDEAO et les positions du chef de l’Etat vis-à-vis de l’Institution, lors de son 66ème sommet tenu en décembre 2024, une semaine avant sa sortie, la CEDEAO avait chaleureusement félicité Monsieur Bassirou Diakhar Diomaye Faye pour ses efforts de médiation entre la CEDEAO et les pays de l’AES, lui avait renouvelé sa confiance et avait annoncé qu’il se rendrait prochainement dans les pays de l’AES pour poursuivre le dialogue diplomatique en vue de leur réintégration.
Les deux sorties de Monsieur Cheikh Oumar Diagne sur les tirailleurs d’une part, et la CEDEAO d’autre part, à la suite des positions prises par le président de la République, donc par le Sénégal, s’appellent tout simplement du « yabaate » à l’état pur. Passez-moi le mot français s’il vous plaît.
Rappelons que, comme l’y oblige l’article 37 de la Constitution, le président de la République, le 2 avril 2024, lors de sa prestation de serment avait juré devant Dieu et la Nation sénégalaise de « consacrer toutes ses forces à défendre les institutions constitutionnelles,… ». Dès lors, il n’avait plus le choix. Compte-tenu des graves manquements liés à la sortie sur Fafa TV de Monsieur Cheikh Oumar Diagne, le président de la République devait, sans délai, démettre ce dernier de ses fonctions au sein de la présidence de la République, au nom de la défense des institutions constitutionnelles - comme le président de la République - à laquelle il s’est engagé. Même si l’article 44 de la Constitution lui confère le droit de nommer aux emplois civils, il est non seulement légalement tenu par son serment, mais aussi moralement par le JJJ.
Par ailleurs, la faute commise par Monsieur Diagne s’inscrit dans une tendance générale au Sénégal à déconsidérer, offenser, calomnier, insulter l’autorité au nom de la liberté d’expression. Le président de la République et les institutions compétentes de l’Etat devraient travailler sur des mécanismes pour une protection spéciale des autorités politiques. Des ministres au président de la République en passant par les députés. Ils sont dans des positions qui ne leur permettent pas de se défendre comme le fait le commun des mortels. En plus, mettre un terme à leur maltraitance serait plus conforme à la tradition africaine, et à la civilisation tout court. En Afrique, une autorité, on ne l’insulte pas, on ne la gifle pas, en temps normal. Les « grands intellectuels complexés » et certains « défenseurs des droits de l’Homme obligés » vont encore se dresser en défenseur de la liberté d’expression. Hélas, en général, ils ne font que répéter ce que dit l’Occidental. Oui à la liberté d’expression, non au libertinage d’expression. Tout citoyen a le droit de s’opposer radicalement et de formuler des critiques les plus véhémentes à l’encontre des autorités à qui les destinées de la cité sont confiées, dans la limite de ce que permet la civilisation. Ceci est une digression importante par rapport à notre propos du jour.
Pendant que Monsieur Cheikh Oumar Diagne ramait à contre-courant des convictions et orientations historiques et diplomatiques du président de la République, Mme Aoua Bocar Ly Tall tenait des propos éthnicistes en s’essayant à une hiérarchisation des ethnies du Sénégal à la tête de laquelle elle place les Haal Pulaar. Rappelons que l’Article 42 de la constitution stipule que « Le président de la République est le gardien de la Constitution. » et que « Il incarne l’unité nationale. ». Par conséquent, il est difficilement concevable que le président de la République nomme une telle personnalité à un poste aussi important dans un organe national de régulation. De l’audiovisuel de surcroît. Qui a mené l’enquête de moralité à propos de Mme Tall ? Comment ses malheureuses déclarations ont pu échapper à la vigilance du président de la République qui a signé et à celle du Premier ministre qui a contre-signé le décret la nommant ? N’a-t-on pas vu qu’elle avait tenu sur les ethnies des propos de peu de moralité, dans une société pluri-ethnique, où la sauvegarde de la cohésion nationale doit être une lutte de tous les jours ? Notez qu’avant elle, Monsieur Cheikh Oumar Diagne avait déclaré qu’il ne portait pas Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du Mouridisme, dans son coeur. Ce qui ne l’a pas empêché d’être nommé au poste de DMGPR. Quelles que soient, par ailleurs, les valeurs et les compétences que l’on pourrait reconnaître à une personnalité, ces types de déclaration la disqualifie d’office pour un poste de responsabilité publique d’envergure nationale. Ils constituent un danger pour la Nation.
Les faits ainsi décrits nous amènent à revisiter la définition et l’application du JJJ. Nous aimerions d’abord en préciser une conception que nous partageons sans doute avec beaucoup de Sénégalais. Ce puissant concept va bien au-delà de « travailler 15 ans aux impôts et domaines sans un seul franc détourné ». Il importe de bien saisir le sens du JJJ intégral qui fonde la décision et l’espoir de beaucoup parmi les 54.28% d’électeurs qui ont voté le 24 mars 2024 pour le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. A notre sens, le JJJ intégral s’appuie essentiellement sur 5 piliers :
La préservation des deniers publics au sens large. Le niveau le plus élémentaire étant le fait de ne pas en détourner, il s’agit surtout de prendre les meilleures décisions pour le bien du pays, en s’appuyant sur une bonne intelligence économique.
Le souverainisme et la fin du complexe vis-à-vis de l’autre qui plombe nos capacités d’initiative comme disait Aimé Césaire. C’est la mort du « mental slavery » comme l’appellait Bob Marley.
L’application de la justice dans toute sa rigueur. Pour cela, la base philosophique devrait être l’article 1 de la Charte du Mandé, déclaration des droits de l’Homme du Royaume du Mali de 1236 : « Une vie est une vie ; une vie n'est pas plus ancienne ni plus respectable qu'une autre vie, de même qu'une autre vie n'est pas supérieure à une autre vie. »
La transparence et la reddition des comptes. Les nouvelles autorités sénégalaises ne devraient pas se laisser brider par le complexe de l’« élégance républicaine » qu’on leur chante tous les jours. Pas d’élégance à l’égard des non-élégants avec le peuple ! L’exemple doit être donné pour inspirer les acteurs politiques actuels et futurs.
La rigueur dans le choix des principaux acteurs du JJJ, et la force mentale et l’humilité de s’amender lorsqu’on fait fausse route. Il s’agit notamment de mûrir les décisions à prendre, d’accepter de changer d’orientation politique lorsque celle en cours nous mène vers le mur, mais aussi de se séparer de collaborateurs pour incompétence ou manquements. Ceci est un impératif, quelle que soit la relation ou l’affection qui pourrait lier l’autorité au collaborateur en question.
Pour les 4 premiers piliers, les signaux envoyés depuis l’installation du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la tête du pays nous fondent à être optimiste. Par contre, la nomination de Monsieur Cheikh Oumar Diagne, sa réaction tardive face à l’attitude de ce dernier à son égard, et la nomination de Mme Aoua Bocar Ly Tall administrent une inquiétante écornure au 5ème.
Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye,nous comprendrions parfaitement que vous ayez humainement la largesse d’être indulgent par rapport à certains actes répréhensibles posés par vos proches, mais le président de la République du Sénégal que vous incarnez a le devoir constitutionnel de préserver le respect dû à l’Institution qui transcende les locataires temporaires du palais de la République ; et de veiller à l’unité de la Nation sénégalaise. Permettez-moi, Monsieur le président de la République, de ramener un rappel que j’avais fait à Monsieur Macky Sall, dans un article intitulé « Trop, c’est trop Macky », publié le 9 février 2024 dans SenePlus : « Nous vivons dans une société organisée qui, à tour de rôle, confie la coordination de ses activités à un de ses membres, appelé président de la République. » Ce dernier a donc, entre autres, la lourde responsabilité de protéger l’Institution à lui confiée par le peuple, afin que ses successeurs n’aient pas à pâtir du peu de considération que le citoyen pourrait en avoir ; et de choisir les meilleurs parmi nous, du point de vue technique et moral, pour construire le Sénégal.
Monsieur Ousmane Sonko, président du Pastef, dans sa déclaration du 5 janvier 2025 visant, à juste titre, à rassurer les militants et sympathisants du parti et défendre le président de la République, a donné l’impression de minimiser les faits qui ont soulevé un tollé dans les rangs de ses souteneurs ces derniers jours. Mais permettez-nous de souligner que, au-delà des affaires Cheikh Oumar Diagne et Aoua Bocar Ly Tall, notre inquiétude se situe surtout dans ce qu’elles laissent augurer. La perspective de voir le JJJ souffrir des difficultés que nos nouvelles autorités auraient à choisir les profils adéquats aux différents postes, et à relever leurs collaborateurs lorsque cela s’impose. Ces types d’exercice sont inhérents à la marche de toute organisation qui se veut juste et efficace. Pire, toute entreprise incapable de sélectionner convenablement et de sanctionner positivement et négativement ses acteurs est vouée à l’échec. Que Dieu nous garde de l’échec du régime du Jub, Jubal, Jubbanti ! L’espérance est énorme mais nous restons vigilants. Et, nous nous réjouissons du dialogue qui s’installe entre l’opinion et les nouvelles autorités politiques. A ma connaissance, le Sénégal n’a jamais eu une opinion publique aussi regardante par rapport à la gestion de l’Etat et de ses démembrements. Et il est heureux de voir les autorités leur apporter la réplique en termes d’explications et de clarifications. Monsieur le Premier ministre, ce phénomène est à encourager, il révèle une maturité démocratique qui ne pourrait être que bénéfique pour notre pays. Rassurez-vous, l’opinion publique sénégalaise a une profonde conscience politique et fait bien le discernement entre erreur, faute et turpitude. C’est d’ailleurs, cette faculté qui a amené ce vaillant peuple à vous porter au pouvoir malgré la campagne de diabolisation sans nom que vous et le Pastef avaient subie pendant trois longues années.
Que vive la révolution du Jub, Jubal, Jubbanti intégral ! Elle est une voie qui peut certes avoir un coût important en capital social et politique mais il faut se préparer à assumer les pertes qui y sont inhérentes, car elle est le seul chemin qui mène vers le bout du tunnel, la prospérité de notre cher Sénégal.
Abdou Sène est Professeur titulaire de classe exceptionnelle en mathématiques appliquées, Université numérique Cheikh Hamidou Kane.
POUR LA BAD, HOTT JOUE LA CARTE DE LA CONTINUITÉ
Le Sénégalais, fort de son expérience ministérielle et de sa connaissance des enjeux climatiques, se pose en candidat de premier plan. Face à lui, le Zambien Samuel Munzele Maimbo bénéficie du soutien de nombreux pays d'Afrique australe et orientale
(SenePlus) - La succession d'Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD) s'annonce particulièrement disputée, selon une enquête publiée par Jeune Afrique. Alors que la date limite du dépôt des candidatures est fixée au 31 janvier, cinq prétendants se sont déjà officiellement déclarés, dont l'ancien ministre sénégalais des Finances, Amadou Hott.
D'après JA, ce dernier fait figure de favori aux côtés du Zambien Samuel Munzele Maimbo, dans une course qui pourrait encore réserver des surprises. "Il mène une campagne très active. Il connaît ses dossiers, notamment l'énergie et la finance verte. Et il bénéficie d'un capital sympathie dans beaucoup de capitales du continent", confie au magazine un cadre africain de l'institution.
Une bataille qui se joue sur deux fronts
Pour remporter cette élection stratégique, les règles sont précises : le futur président devra obtenir une double majorité, comme le souligne Jeune Afrique. Il lui faudra convaincre à la fois les actionnaires africains, qui détiennent 60% des droits de vote, et les actionnaires non régionaux, principalement occidentaux, qui contrôlent les 40% restants.
La candidature d'Amadou Hott, qui était jusqu'à récemment l'envoyé spécial du président de la BAD pour l'Alliance pour l'infrastructure verte en Afrique (Agia), est perçue comme celle de la continuité. Cette proximité avec l'actuel président Adesina pourrait, selon le magazine, "lui porter préjudice auprès des actionnaires non régionaux", même si elle ne semble pas affecter son image auprès des pays africains.
Un paysage politique complexe
Face à lui, Samuel Munzele Maimbo bénéficie déjà de soutiens conséquents. Jeune Afrique révèle que le Zambien, vice-président à la Banque mondiale, est soutenu par "près de la moitié des pays du continent" grâce aux appuis de la SADC et du Comesa. Son passé comme directeur de cabinet de David Malpass, l'ex-président de la Banque mondiale proche de Donald Trump, pourrait également peser dans la balance, les États-Unis étant le deuxième actionnaire de la BAD.
Parmi les autres candidats déclarés figurent le Tchadien Mahamat Abbas Tolli, le Béninois Romuald Wadagni et la Sud-Africaine Swazi Tshabalala. Le magazine évoque également la possible candidature du Mauritanien Sidi Ould Tah, qui selon leurs informations "a déjà engrangé des soutiens de poids". "Le Mauritanien jouit d'une très bonne réputation, il est apprécié par tous", rapporte un cadre de la BAD cité par JA.
Face à ces enjeux majeurs pour l'avenir de la première institution financière du continent, le suspense reste entier jusqu'à la clôture des candidatures.
PAR Oumou Wane
MACRON, LE MERCI ET L’AU REVOIR À JAMAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Parlant d’ingratitude, Hollande pourrait nous en dire un rayon sur son protégé, qu’il a enfanté, nourri et engraissé avant de succomber à son coup de poignard. Pour peu, Macron nous aurait traité de "shithole countries"
Dans les divorces, il y a souvent du ressentiment de la part de celui qui a été plaqué. Celui qui s’étale et devient amère est en général celui qui a été viré.
Macron n’est pas la France, encore moins les Français qu’il incarne institutionnellement. Ils ont été les premiers à le virer que je sache !
Je ne sais pas si cela tient de la langue française, mais les politiques français, pris dans des envolées lyriques, se sont souvent mis à débiter des bourdes !
Le Pen avec son Durafour Crématoire, Chirac avec le bruit et l’odeur dans les immeubles ou résident des immigrés…Sarkozy, dans nos murs jugeant que l’homme noir n’était pas entré dans l’histoire.
Et hier Macron, apparemment pas encore entré dans l’histoire, a traité les Africains d’ingrats, car ils auraient omis de dire merci à la France. Mais merci pourquoi enfin ? Pour l’esclavage ? Pour la colonisation ? Pour le siphonnage séculaire des ressources africaines ? Pour la Françafrique et ses tentacules venimeuses ? Pour le bordel au Sahel créé par la déstabilisation de la Lybie ?
Franchement, il y a des jours, on ferait mieux d’être sourds. Pour peu, il nous aurait traité de "shithole countries", comme Donald Trump, si ce n’est pire !
Enfin, tout ceci montre que l’Afrique n’a aucun autre choix que de prendre ses responsabilités et d’être maitresse de son propre destin. Elle est riche mais pourtant reste pauvre. Elle est pauvre mais pourtant si riche, de ses ressources, de sa démographie, de sa taille, de sa diversité. Mais était jusqu’à hier pauvre d’hommes à la hauteur de ses enjeux. Flanquée de dirigeants souvent assimilables à Meka dans le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono. C’est révolu ça, la page est tournée !
C’est Hollande qui doit se marrer sous cape. Parlant d’ingratitude, il pourrait nous en dire un rayon sur son protégé, qu’il a enfanté, nourri et engraissé avant de succomber à son coup de poignard ! Merci qui ?
Merci sied aux relations humaines, mais les États n’ont pas d’amis mais des intérêts. Si la France, à brides lâchées, s’est précipitée au Mali, au Niger et consorts, ce n’est certainement pas pour sauver les ingrats mais bien pour protéger ses intérêts. Le Niger, je rappelle que la France y puise de l’Uranium entre autres pour nourrir ses centrales nucléaires, ses industries, éclairer et chauffer ses chaumières.
La réponse du Premier ministre Ousmane Sonko Safna Sap* ! Elle est arrivée comme une foudre, à la hauteur de l’affront, a ravagé le peu de terrain qui restait pour des relations feutrées entre gens intelligents et polis. Macron n’a fait que récolter ce qu’il a semé. Merci et Au Revoir semble dire le Sénégal à Monsieur Macron ! Mais Monsieur Macron n’est ni la France, ni les Français ! Il est lui et c’est tout ! Scrogneugneu, lui diraient ses ancêtres d’outre-tombe, ceux qui, aux cotés des tirailleurs ont combattu pour l’honneur de la France.
*relevé, pimenté !
Oumou Wane est présidente Citizen Media Group – africa7.
Par Mohamed GUEYE
LE PROJET AU DÉFI DE MACKY SALL
Le paradoxe est saisissant : un Sénégal prétendument ruiné par douze ans de gouvernance Sall, mais assez performant pour quitter le groupe des pays les moins avancés. Un grand écart rhétorique que le silence de la Cour des comptes ne fait qu'amplifier
Une réaction bien maladroite de la ministre, Yassine Fall, dont on se dit que les intérêts de son pays doivent lui être bien étrangers, a donné une ampleur extraordinaire à une déclaration d’un organisme des Nations unies. Tout le Sénégal s’était félicité de l’annonce des Nations unies du retrait prochain du Sénégal de la liste des Pays les moins avancés. Le communiqué avait d’ailleurs indiqué de manière claire que le retrait lançait un processus de cinq ans à l’issue duquel le retrait serait définitif. Il n’a pas fallu longtemps pour que les services du ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, sous la houlette de Mme Sy Yassine Fall, essaient de refroidir l’élan enthousiaste qui a saisi la Nation.
Se prenant sans doute pour Prométhée qui vient d’offrir le feu à l’humanité, Mme Fall vient, par le communiqué de ses services, enfoncer un portail largement ouvert : «Une période de 5 ans a été retenue pour permettre au Sénégal de préparer sa sortie de cette catégorie. C’est au terme de cette période transitoire que le retrait pourrait être prononcé.» Et pour montrer que le gouvernement auquel elle appartient n’entend pas se laisser distraire par ce qu’elle présente comme des « allégations », s’agissant d’un communiqué de la plus haute instance internationale au monde, la ministre Fall Yassine assure : «Afin d’éviter tout bouleversement de son programme de développement, le gouvernement travaille à l’élaboration d’une stratégie nationale de transition sans heurt, adossée à son nouveau référentiel des politiques publiques intitulé «Sénégal 2050 : Agenda national de transformation».»
On se pose la question de savoir si, en élaborant leur communiqué, les services du ministère de l’Intégration africaine ont pris le temps de lire le texte de la Résolution de AG des Nations unies datée du 19 décembre 2024. Il y est bien spécifié que l’Onu a décidé « d’accorder au Cambodge et au Sénégal, à titre exceptionnel, une période préparatoire de cinq ans conduisant à leur retrait de la catégorie des Pays les moins avancés ». Le document conclut en invitant le Sénégal et le Cambodge « à élaborer, pendant la période de 5 ans qui s’écoulera entre l’adoption de la présente résolution et leur retrait de la catégorie…, une stratégie nationale de transition sans heurt, avec l’aide des organismes des Nations unies et en collaboration avec leurs partenaires de développement bilatéraux, régionaux et multilatéraux ». Une personnalité politique du calibre qu’elle revendique aurait dû se féliciter des progrès accomplis par son pays pour arriver à ce niveau, et avoir l’humilité de reconnaître les efforts que son régime devra accomplir afin d’être au niveau des attentes.
Cette sortie de route de la ministre Yassine Fall, couplée au tonitruant silence des tenants du pouvoir, surtout face aux déclarations triomphalistes des membres de l’APR, parti de l’ancien président Macky Sall, qui ne se sont pas gênés pour souligner que ce sont les efforts de leur régime qui ont conduit au résultat que Mme Sy Yassine Fall voudrait relativiser dans son communiqué, trahit fortement le malaise dans les rangs de Pastef.
Il est indéniable pour tous les observateurs, que le Sénégal a accompli des pas de géant dans l’atteinte des critères requis pour sortir de la catégorie des PMA. Déjà, en octobre 2023, une chronique sur cette même page indiquait qu’en matière de revenu national brut, le Sénégal avait déjà dépassé les conditionnalités des Nations unies, ainsi que pour le critère du Capital humain. Le point d’achoppement était l’indice du Capital humain, avec lequel le pays continue de se débattre encore. Il faut croire qu’entre le moment où nous rédigions cette chronique et aujourd’hui, le gouvernement de M. Macky Sall a dû accomplir beaucoup de choses, pour nous valoir cette remarque de l’AG des Nations unies.
Ce qui doit inquiéter les amis de Mme Yassine Fall, c’est le temps qu’il leur reste pour transformer l’essai des Nations unies. En octobre 2023, nous disions ceci : « Sans doute qu’il y a des avantages à rester dans la catégorie des Pma. On emprunte à des taux concessionnels. On bénéficie de certaines facilités en termes d’exportations de ses produits vers les pays plus développés. En contrepartie, si l’on peut dire, on ne peut pas avoir une économie compétitive, si l’on doit toujours exporter ses matières premières sans les transformer sur place, accentuant ainsi le niveau de chômage de sa jeunesse. Par ailleurs, on se retrouvera avec une économie totalement extravertie, qui devra compter sur les échanges extérieurs pour nourrir sa population.»
Quand on a, avant tout le monde, déclaré son pays en ruine et assuré que rien n’y a été fait de bon durant les 12 années précédentes, on peut être saisi d’effroi devant la mission de le maintenir dans une trajectoire de croissance inclusive. N’oublions pas que le Comité des politiques de développement des Nations unies évalue les efforts des pays tous les 3 ans, pour s’assurer qu’ils n’ont pas flanché dans leurs efforts pour sortir de la catégorie. Les cinq années qui sont accordées au Sénégal serviront essentiellement à vérifier que le pays maintient ses efforts dans chacune des catégories concernées. Rappelons que pour sortir de la catégorie des PMA, un pays doit atteindre les seuils de sortie établis pour au moins deux des 3 catégories. Le CDP revoit la liste des PMA tous les trois ans. Il faut que pour chaque critère, les pays aient dépassé les seuils de sortie durant au moins 3 années d’affilée, pour garantir qu’ils ne retomberont pas en dessous.
Difficile aujourd’hui, quelles que puissent être les conclusions de la Cour des comptes dont personne ne comprend plus pourquoi elles se font attendre, de faire admettre que le Sénégal a été mis en ruine au cours des 12 années de Macky, et puisse, juste à son départ, être déclassé. Le gouvernement de Sonko, qui a du mal à tenir ses promesses sur le plan économique et social, se demande sans doute par où il lui faudra passer pour ne pas faire baisser la barre en dessous des critères imposés par le Plan Sénégal émergent (PSE) de Macky Sall. On sait que beaucoup de Sénégalais rêvent sans doute de voir le pétrole et le gaz dont l’exploitation vient de commencer, permettre d’améliorer encore plus notre balance des paiements et réduire notre dépendance à l’exportation des produits essentiellement agricoles ou de l’or qui, de manière incidente, est notre premier produit d’exportation depuis un certain nombre d’années.
Les gens ne voudront certainement pas accepter que l’on douche notre optimisme. Mais il faudrait se rappeler que des pays comme l’Angola, très riche en pétrole, et puissance militaire en Afrique centrale, la Zambie dont les ressources minières, surtout le cuivre, sont de classe mondiale, fassent partie des PMA. C’est dire que la gouvernance politique et économique, la lutte contre les inégalités sociales sont des éléments importants. A quoi il faudra également ajouter une bonne diplomatie économique, pour ne pas être trop rapidement mis en compétition avec des pays mieux équipés que nous.
N’oublions pas que, en tant que pays non PMA, nos relations commerciales avec des pays de l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique en particulier, vont évoluer. L’initiative Tout Sauf les Armes (Tsa) qui nous a permis d’exporter dans les pays d’Europe sans quotas ni douanes risque de nous être retirée, maintenant que nous naviguons vers l’exportation de nos hydrocarbures. Pour nos produits halieutiques et agricoles, nous risquons de nous voir appliquer des droits de douanes assez importants, d’autant plus que nous ne semblons pas nous y préparer, à voir la réaction de notre ministre. En plus, en étant Pma, nous avions des problèmes pour remplir nos taux d’exportation aux Etats-Unis dans le cadre de l’Agoa (Africa growth opportunity Act), qui permet d’exporter dans le pays de l’Oncle Sam. Les choses nous seront-elles facilitées, au moment où nous nous apprêtons à changer de catégorie ? En devenant producteur et exportateur d’hydrocarbures, il ne nous sera pas appliqué de faveur par rapport à des pays comme le Nigéria, l’Algérie ou même l’Arabie Saoudite, si nous exportons vers des pays avec lesquels nous n’avons pas d’accords commerciaux bilatéraux.
Tous ces défis, qui vont avoir un impact sur les politiques économiques et sociales de l’Etat, doivent déjà être anticipés, et non pas ramenés à de simples exercices de compétition entre régimes politiques entrant et sortant. En partant, Macky Sall n’a pas démoli tout ce qu’il a réalisé en douze ans. Le nouveau pouvoir n’a pas à s’acharner à réduire les prouesses de ses prédécesseurs à néant, d’autant plus qu’il continue d’en bénéficier, et sur tous les plans. Il serait judicieux, pour nos autorités, de se préparer, à l’issue du délai des 5 ans, de pouvoir démontrer qu’elles ont été en mesure de relever le défi et de faire sortir définitivement le pays du groupe des PMA.
N’oublions pas qu’en son temps, le président Abdou Diouf, face à une situation menaçant ruine, avait cru bon de se réfugier sous le manteau des PMA, qui lui permettait de bénéficier des avantages liés à cette situation. Abdoulaye Wade, qui l’avait accusé de «manque d’ambition», n’a pas jugé utile d’en sortir, ayant pris tout le bénéfice de la politique de son prédécesseur. Macky Sall, qui a entamé le processus de sortie, ne pourra qu’être heureux, 5 ans après, de voir que ses efforts n’auront pas été vains.
DE L’APOTHÈSE THÉORIQUE DE LA MORT DU SYSTÈME À SON RENOUVEAU AU SEIN DE L’ANTISYSTÈME
Prendre en compte les revendications, les alertes, les différentes perceptions et les contributions des acteurs avec qui vous avez cheminé dans la noirceur des incertitudes est une preuve de respect à leur égard
Gouverner, c'est aussi accepter une remise en cause légitime des actions posées. Dans une société où des gens ont engagé leur vie pour changer de régime, il demeure légitime d'interroger l'autorité sur ses choix, sa vision ou ses actions. D’autant plus que, quiconque accepte à présent les mêmes faits et personnes qu’il combattait dans un temps récent, prouve aux yeux de la nation que son engagement pour le changement n’était axé ni sur des idéaux ni sur des principes. Pour reprendre l’expression de Philippe De Leener, « devenir un acteur politique, c’est refuser de devenir ce que l’on combat ». Et, combattre un système, c’est avant tout combattre ceux qui l’incarnent, le défendent et le maintiennent en marche.
Quel que soit le niveau de charisme d’un gouvernant, il n’est jamais infaillible. Il doit toujours se rappeler qu’il n’est rien sans le peuple souverain. Il est d’actes ou de paroles qui transfigurent la réalité dans son essence. Si le fameux système est passé d'un ensemble structurel pour devenir uniquement des règles, comme l'explique le Premier ministre. Nous sommes en droit de nous questionner sur le prix des sacrifices consentis. Était-il nécessaire de mettre la vie de plus d'uns au front de combat juste pour faire muter les normes institutionnelles ? La vérité porte l'étendard de la lumière divine, quelle qu'en soit la force déployée pour la mettre sous silence, elle scintillera.
La vérité est que les règles sont élaborées, maintenues, défendues et manipulées par des humains qui n’ont qu’une rationalité, se maintenir au pouvoir quoique cela coûte à la Nation. Reconduire ces mêmes acteurs qui luttaient pour vous effacer moralement et physiquement sur l’échiquier politique à des postes de responsabilités est une faute non négligeable. Accepter une erreur ne rend point un gouvernant faible mais humble, car toute tentative de légitimation mène à la dissonance qui peut souvent conduire à la condescendance et au mépris des gouvernés. Et quand la dissonance s'installe, on cherche les moyens pour la justifier, quitte à faire des gymnastiques intellectuelles afin de nier l'évidence. Mais, la réalité est factuelle, le pouvoir a ses ombres que les spectacles en live n'élucident pas.
Le gouvernement, de son slogan Jub Jubal Jubanti, a choisi une gestion basée sur la clarté et l’inclusion de tous les citoyens. De ce fait, l’univers politique paraît plus ouvert au regard des gouvernés ; le pouvoir perd une part du mystère qui tenait à sa nature de monde caché et secret. Il ne l’est sans doute pas moins, mais ses apparences chaque jour manifestées provoquent une chute de curiosité et un désenchantement. Ce qui laisse comprendre que dans l’imaginaire des gouvernés, ils ne sont pas les décideurs mais des acteurs participants à la régulation de l’ordre politique.
La minimisation des frustrations légitimes conduit souvent à la protestation populaire. Prendre en compte les revendications, les alertes, les différentes perceptions et les contributions des acteurs avec qui vous avez cheminé dans la noirceur des incertitudes est une preuve de respect à leur égard. Chaque vision déclinée par ce nouveau gouvernement sera analysée par l'opinion publique qui n'a ménagé aucun effort pour lui emboîter le pas dans les moments d'embarras. L'écoute est un art en politique qui s'avère être bénéfique pour la bonne marche de la société.
SONKO RÉPOND SÈCHEMENT À MACRON SUR LE DÉPART DES BASES MILITAIRES FRANÇAISES
Le Premier ministre conteste l'affirmation selon laquelle le départ des bases françaises aurait fait l'objet de négociations préalables. "La France n'a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l'Afrique sa sécurité et sa souveraineté", tranche-t-il
(SenePlus) - Dans une déclaration cinglante ce lundi 6 janvier 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a vivement réagi aux propos tenus par le président français Emmanuel Macron lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l'Élysée, concernant le retrait des bases militaires françaises d'Afrique.
Le chef du gouvernement a particulièrement contesté l'affirmation du président Macron selon laquelle le départ des bases françaises aurait fait l'objet de négociations préalables avec les pays africains concernés. "Dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée", a déclaré Ousmane Sonko, ajoutant qu'"aucune discussion ou négociation n'a eu lieu à ce jour".
Le Premier ministre a tenu à réaffirmer que la décision de faire partir les bases militaires françaises "découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain", rejetant ainsi la version du président français qui avait suggéré avoir "consenti la primeur de l'annonce à ces pays africains" par "simple commodité et par politesse".
La réponse de Sonko s'est faite particulièrement acerbe lorsqu'il a abordé la déclaration de Macron affirmant "qu'aucun pays africain ne serait aujourd'hui souverain, si la France ne s'était déployée". Le Premier ministre sénégalais a réfuté cette vision, soulignant que "la France n'a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l'Afrique sa sécurité et sa souveraineté". Il a notamment cité l'exemple de l'intervention française en Libye, qui selon lui, a "contribué à déstabiliser certains pays africains [...] avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel".
Dans une conclusion particulièrement mordante, le Premier ministre a rappelé le rôle crucial des soldats africains dans la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. "Si les soldats Africains, quelque fois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s'étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd'hui encore, Allemande", a-t-il déclaré.
Cette passe d'armes entre les dirigeants français et sénégalais intervient dans un contexte de redéfinition des relations franco-africaines, marqué par une volonté croissante d'autonomie des États africains dans la gestion de leur sécurité et de leur souveraineté.
L'IMPARTALITÉ DE L'ÉTAT EN CAUSE
La récente controverse autour de la nomination d'Aoua Bocar Ly Tall au CNRA n'est que la partie visible d'un débat plus profond sur la nature même du service public. Peut-on encore servir l'État sans être estampillé du sceau du parti au pouvoir ?
C'est un principe qui risque de s'effriter. À cause des contestations récurrentes, l'impartialité de l'État est sérieusement remise en cause. Elle est en passe de s'évaporer sous nos cieux. Par deux fois, le chef de l'État s'est retrouvé au centre de la contestation en faisant usage de ses prérogatives constitutionnelles.
Après l'épisode Samba Ndiaye, dont la nomination au poste du Président du Conseil d'administration de la SncHlm, en octobre 2024, a suscité une levée de boucliers, le président de la République inaugure le nouvel an sous une nouvelle polémique.
Bassirou Diomaye Faye est au centre d'une contestation suite à sa décision de nommer la sociologue Dre Aoua Bocar Ly Tall membre du Conseil national de régulation de l'audiovisuel. Elle fait partie d'une liste de 7 autres personnes qui viennent d'être nommées membres du Cnra. Le chef de l'État a fait usage des prérogatives que lui confèrent l'article 44 de la Constitution qui stipule que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires. Alors d'où vient cette polémique ?
Si la nomination de la Dre Aoua Bocar Ly Tall suscite une controverse, c'est parce qu'une partie de ses pourfendeurs voit en elle une combattante farouche contre le Pastef et ses idées. Pourtant, ce poste requiert des qualités et des compétences que Dre Aoua Bocar Ly Tall, en tant que sociologue, dispose. Donc, le poste n'est pas politique. D'ailleurs, dans les arguments, c'est sa personne et moins sa capacité à occuper ce poste qui a été attaquée.
Cette polémique soulève aussi des velléités d'instaurer une pensée unique. En tant qu'intellectuelle, les analyses de Dr Aoua Bocar Ly Tall peuvent ne pas convenir à une masse critique d'individus. Mais peut-on condamner un intellectuel pour sa pensée et sa liberté de ton ? Si on suit cette logique, faudrait-il être membre du parti au pouvoir, Pastef/Les Patriotes pour servir l'État ? Cette logique peut se révéler dangereuse pour la survie du principe de l'impartialité de l'État garant de l'égalité des citoyens. Car cela suppose que pour servir l'État, il faudra désormais adhérer ou être affilié au parti au pouvoir.
Et pourtant, peu de Sénégalais qui ont élu l'actuel régime font partie du Pastef. Un détail de taille que semble oublier souvent une partie des militants du Pastef.
Cette polémique sur les nominations de certaines personnes entretenue et défendue par les «gens du projet» semble, en outre, créditer la thèse du droit-de-l'hommiste, Alioune Tine selon qui on assiste à «un État pastefien». Au-delà de la polémique sur les nominations, il faut se rendre à l'évidence que la rupture voulue et théorisée par les hommes forts à la tête de l'État risque d'être affaiblie au fil des contestations à cause de certains militants de leur parti.
Une chose que semble comprendre le Premier ministre Ousmane Sonko, à qui les militants de son parti Pastef attribuent une «capacité d'anticipation». Dans la foulée du tollé qui a suivi la nomination de Samba Ndiaye, il avait rappelé la position historique du parti Pastef qui, faisait-il remarquer, reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet et soucieux de son succès. «Le Pastef reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse d'une responsabilité publique ou ayant fait montre d'un zèle excessif dans l'inimitié contre le parti, ses leaders ou ses membres», avait-il précisé.
En bon chef de ménage, comme énoncé à l'article 42 de la Constitution selon lequel le chef de l'État incarne «l'unité nationale», il avait, dans la foulée de la controverse sur la nomination de Samba Ndiaye, appelé au dépassement. «Nous venons de loin, après des heurts qui ont marqué notre pays. Nous avons souffert et celui qui a subi le plus, Ousmane Sonko, a annoncé avoir pardonné. Nous devons faire preuve de dépassement (…) Nous avons annoncé des appels à candidature, donc nous ne nous bornons pas seulement aux gens qui font partie de nous (PASTEF). Ceux qui, par le passé, nous ont injuriés y font également partie. Les Sénégalais nous ont fait confiance grâce à notre projet, et ce projet inclut tous les Sénégalais», avait-il déclaré.
Les choses semblent têtues. Malgré les appels au dépassement, le régime en place est à nouveau au centre d'une polémique sur les mêmes faits et alimentée par les mêmes acteurs. Vivement la rupture !
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LE COUP DE SANG DE MACRON SUR L'AFRIQUE
Le président français a défendu ce lundi une "réorganisation" plutôt qu'un "recul" de Paris sur le continent. Il a évoqué l'ingratitude de certains dirigeants africains face à l'engagement militaire français sur leur sol. "On a oublié de nous dire merci"
Lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l'Élysée ce lundi, Emmanuel Macron a vigoureusement défendu la réorganisation de la présence française en Afrique, rejetant l'idée d'un "recul" français sur le continent.
"La France n'est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise", a déclaré le président français, critiquant au passage les analyses "avec les lunettes d'hier" de certains commentateurs.
Le chef de l'État a particulièrement insisté sur l'engagement militaire français contre le terrorisme depuis 2013, exprimant une certaine amertume quant au manque de reconnaissance : "On a oublié de nous dire merci, c'est pas grave, ça viendra avec le temps. L'ingratitude est une maladie non transmissible à l'homme", a-t-il lancé, visant les dirigeants africains qui "n'ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques".
Évoquant les récents retraits militaires français, Macron a justifié ces décisions par les coups d'État survenus dans plusieurs pays. "Nous avons bien fait. On est parti parce qu'il y a eu des coups d'État [...] du moment où les gens ont dit que leur priorité n'était plus la lutte contre le terrorisme", a-t-il expliqué, soulignant que "la France n'y avait plus sa place" car elle refuse d'être "les supplétifs de putschistes".
Par Mohamed GUEYE
PASTEF FACE AU RISQUE DE FRAGILISER DIOMAYE
Il semble qu'une faction influente du parti au pouvoir cherche à encadrer la liberté décisionnelle du président, particulièrement sur les nominations, en lui imposant des limites à ne pas dépasser
Le tollé soulevé par la nomination de Mme Aoua Bocar Ly Tall au Conseil national de régulation de l’Audiovisuel (Cnra), au titre de représentante des «personnalités qualifiées du milieu des lettres» ne s’est pas encore estompé. On a vu plusieurs «influenceurs» et des militants autoproclamés de Pastef reprendre de la voix pour critiquer cette nomination. Sur les réseaux sociaux, plein d’anciens insulteurs sont en train de s’en donner à cœur joie et rappellent que la dame n’a jamais été un vrai soutien dans «le combat patriotique». Il y a même un «Collectif ses sections communales de Pastef/Les Patriotes» qui a pondu un communiqué à la suite de l’officialisation de cette nomination. Ledit communiqué «dénonce avec vigueur, la promotion des adversaires et ennemis du «Projet»», ainsi que, entre autres, «la promotion des alliés de circonstance, la négligence de la base et les difficultés à joindre les nouvelles autorités, le maintien des éléments du régime apériste dans des instances de décision… ». Même des cadres en vue du parti, comme Guy Marius Sagna ou Amadou Ba, n’ont pas hésité à prendre position dans cette affaire. En oubliant ou faisant mine d’oublier que le décret de nomination des nouveaux membres du Cnra décrète en son Article premier que les personnes nouvellement nommées, le sont pour une durée de 6 années, non renouvelables et non révocables (ce dernier mot à souligner). Ce qui n’a pas empêché plusieurs d’entre eux de s’égosiller.
Certains espéraient peut-être que, instruit par la polémique installée lors de la nomination de l’ancien directeur de la Sirn, M. Samba Ndiaye, comme Pca de la Snhlm, le président Diomaye Faye allait cette fois satisfaire sa base et donner satisfaction à ses ultras. Ils n’avaient certainement pas bien lu le décret de nomination. En plus, ils ne se soucient pas beaucoup de l’effet d’une reculade du chef de l’Etat sur l’opinion et du respect qui serait accordé à ses engagements.
Le plus drôle est de voir à quel point l’indignation de ces «patriotes de souche» est à géométrie variable. Les mêmes personnes qui s’offusquent du «maintien des éléments du régime apériste dans les instances de décision», sont restés à ce jour, étrangement muets de la nomination de personnes comme Lansana Gagny Sakho, ancien Dg de l’Onas, limogé par Macky Sall, avant de rejoindre les rangs de Pastef et se retrouver aujourd’hui Pca de l’Apix. Mieux encore, parmi les plus proches collaborateurs du chef de l’Etat, on trouve Oumar Samba Ba, au poste de Secrétaire général de la présidence de la République. Un poste déjà occupé sous la Présidence de Macky Sall. Il y aussi Mary Teuw Niane, le directeur de Cabinet, anciennement ministre de la République, puis Pca de Petrosen, au temps du même Macky Sall. Un autre proche de Macky, qu’il n’a quitté qu’à la veille de la Présidentielle, c’est Serigne Guèye Diop, pendant très longtemps ministre-conseiller à la présidence de la République, et devenu aujourd’hui ministre du Commerce. Cela, sans parler de la plus emblématique, Mimi Touré, très proche parmi les plus proches de Macky Sall, qu’elle a quitté sous le coup d’une frustration personnelle, pour une sucette dont elle aurait été privée, et qui est devenue une pasionaria de personnes qu’elle avait pourfendues sous tous les tons et devant des publics divers. Sa nomination en tant qu’Envoyée spéciale du président, poste qu’elle avait occupé sous Macky, n’avait suscité que l’ironie des opposants
Aucune de ces nominations, de ces personnes beaucoup plus marquées dans l’appareil apériste, n’a créé de l’émoi chez les partisans de Sonko et Diomaye. Et pour Samba Ndiaye, on a entendu le Premier ministre se défausser sur son chef. Est-ce cela qui avait justifié la sortie de Diomaye, à quelques jours des Législatives, pour rappeler que cette nomination était une prérogative sur laquelle il n’entendait pas déroger ? Cette sortie semble avoir porté ses fruits. Les frondeurs, en tête desquels on trouvait des gens qui, eux-mêmes, avaient bénéficié des largesses de décrets, comme Fadilou Keïta, Dg de la Cdc, ou Waly Diouf Bodian, Dg du Port de Dakar, ont préféré cette fois faire profil bas, laissant la place à de «simples militants». Cela, pour un résultat certainement similaire, à moins que Bassirou Diomaye ne revienne sur le décret tout entier, au grand dam de son autorité. Mais on peut augurer que cette situation n’est pas près de prendre fin. Elle laisse penser qu’il y a au sein de Pastef, une frange de personnes qui semblent décidées à montrer à Diomaye qu’il devrait tenir compte de leurs avis pour toute décision ou toute nomination à laquelle il voudrait s’adonner. Ces gens, qui restent actuellement dans l’ombre, voudraient montrer au chef de l’Etat qu’il n’aurait pas les coudées aussi franches qu’il le voudrait, dans la conduite des affaires de l’Etat, que pour certaines, il y aurait une ligne rouge qu’il ne devrait pas chercher à franchir. Ce qui laisse penser que si ces personnes prennent le risque de défier si ouvertement le président, c’est qu’elles se savent bénéficier d’appuis solides.
La question revient alors à se demander qui, dans l’armature du pouvoir de Pastef, peut être crédité d’assez de pouvoir pour défier le président de la République et lui faire changer d’avis. D’où l’idée que les voies de communication entre les 2 chefs de l’Exécutif étatique et partisan ne seraient plus aussi dégagées que les gens voudraient en donner l’impression. Ce qui renvoie à la question iconoclaste. Si un jour Diomaye était mis en minorité et se sentait acculé et contraint à la démission de la tête de l’Etat, qu’adviendrait-il de tout ce monde qui cherche à le fragiliser ?