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15 avril 2025
Développement
LE SÉNÉGAL SOUS L'ASSAUT DES CYBERATTAQUES
Des pirates informatiques s'attaquent aux piliers économiques du pays, paralysant services bancaires et réseaux de télécommunications. Les experts alertent sur une menace qui pourrait s'amplifier avec l'essor du secteur pétrolier et gazier
(SenePlus) - D'après un article de Jeune Afrique, le Sénégal fait face à une recrudescence inquiétante de cyberattaques visant ses institutions majeures, révélant des failles préoccupantes dans sa sécurité numérique.
La Banque de l'habitat du Sénégal (BHS) en a fait les frais pendant les fêtes de fin d'année. Selon JA, l'établissement, dont l'État détient 17,74% du capital, a dû suspendre ses services en ligne du 24 au 31 décembre 2024. Un document interne consulté par le magazine évoque des "tentatives malveillantes" ayant forcé la banque à interrompre ses services digitaux "par mesure de sécurité et pour garantir la sécurité des données des clients".
L'opérateur Sonatel (Orange) n'a pas été épargné. D'après le journal sénégalais Libération cité par Jeune Afrique, deux individus auraient été arrêtés pour intrusion dans le réseau de l'entreprise. Le préjudice est conséquent : "96 millions 954 mille 646 francs CFA" entre mai 2023 et mai 2024. Une source anonyme au sein de Sonatel précise toutefois qu'il s'agirait plutôt d'un "détournement d'appels" que d'une cyberattaque classique.
Les experts interrogés par Jeune Afrique s'inquiètent de cette multiplication des incidents. Gérard J. F. Dacosta, ingénieur en sécurité informatique chez IT4Life, anticipe une aggravation de la situation : "Avec le pétrole et le gaz qui commencent à être exploités, il faut s'attendre à ce que ce phénomène prenne de l'ampleur et qu'il soit encore plus sophistiqué avec le recours à l'intelligence artificielle."
La situation est suffisamment préoccupante pour que le Premier ministre Ousmane Sonko s'en soit saisi personnellement. Lors de sa déclaration de politique générale du 6 janvier, il a reconnu une "insécurité numérique extraordinaire" dans le pays, révélant même que "pas plus tard qu'avant-hier, le ministre des Finances m'informait que notre système était encore attaqué".
Le diagnostic du chef du gouvernement, rapporté par Jeune Afrique, est sans appel : "Nous n'avons pas le contrôle sur la plupart des logiciels que nous utilisons. Aujourd'hui, si certains pays avancés dans ce domaine voulaient s'en prendre au Sénégal, il nous serait difficile de répondre." Face à ces vulnérabilités, Sonko assure que son gouvernement dispose d'un programme ambitieux pour renforcer la cybersécurité nationale.
Omar Wilane, responsable réseau chez Star Oil, pointe quant à lui "le manque de capacité de réaction rapide et efficace face aux incidents de sécurité", soulignant à la fois les dysfonctionnements dans les dispositifs de protection et la sophistication croissante des techniques employées par les cybercriminels.
par Fary Ndao
BIRAME SOULEYE DIOP, PROTÉGEZ VOS COLLABORATEURS
Il est inacceptable qu'un journal proche de Pastef se permette de catégoriser les DG entre fréquentables et infréquentables selon leur date de nomination avant ou après avril 2024, sans réaction ferme de votre part
M. le ministre, protégez vos collaborateurs et Directeurs
M. Le ministre,
Permettez-moi de rompre la chaîne hiérarchique pour m’adresser directement à vous afin de vous inviter, respectueusement, à marquer votre désaccord ferme face aux attaques ad hominem et nauséabondes du journal « Yoor-Yoor » envers les dirigeants administratifs et techniques du secteur énergétique sénégalais.
En effet, dans sa Une du jeudi 9 janvier 2025, ce quotidien cite 7 dirigeants dont votre Directeur de Cabinet et votre Secrétaire Général, comme étant des « figures du système Macky Sall qui contrôlent encore le secteur énergétique ».
Ma conviction est que nous ne pouvons pas nous permettre, dans cette aube pétrolière et gazière pour notre pays, où nous devons poursuivre la consolidation de nos rapports avec nos frères mauritaniens dans le cadre du gisement GTA, faire face à des multinationales rompues à la tâche, accélérer la venue du gaz domestique pour baisser le prix de l’électricité et faciliter l’industrialisation, de désigner des bons et des mauvais fonctionnaires. Il est inacceptable qu’un journal, réputé proche de votre parti PASTEF-Les patriotes, se permette de désigner des Directeurs généraux fréquentables parce qu’ils seraient nommés depuis avril 2024 et d’autres infréquentables parce qu’ils auraient été nommés avant, sans que cela n’entraine une réaction ferme de notre Ministère de tutelle. L’administration sénégalaise a toujours servi, malgré ses insuffisances, avec loyauté, voire même avec du zèle, les différents régimes qui se sont succédé. Elle ne saurait être scindée entre fonctionnaires et directeurs du « Projet » et d’autres qui ne le sont pas. Nous servons tous la seule et même République.
Le secteur énergétique sénégalais, sans être parfait, a connu des progrès notables ces dernières années. Notre capacité électrique installée a triplé entre 2012 et 2023, pas moins de quatre nouvelles lois et plus d’une dizaine de décrets associés ont vu le jour pour encadrer le fonctionnement de l’industrie pétrolière (Code pétrolier, Code gazier, Loi sur le Contenu local, Loi encadrant les revenus issus de l’exploitation du pétrole et du gaz), la Commission de régulation du secteur de l’énergie a été réformée, près d’une centaine d’ingénieurs, sur la base d’un concours au mérite, ont été formés par l’Institut National du Pétrole et du Gaz (INPG) depuis 2018. Ces résultats sont le fait, pour partie, de ces fonctionnaires aujourd’hui livrés à la vindicte des radicaux et des journaux qui leur fournissent des cibles à abattre. Nous savons tous que travailler pour l’Etat est ingrat mais il est inacceptable que la moralité, la réputation professionnelle et le patriotisme au service des Sénégalais de hauts fonctionnaires dont l’extrême majorité est non encartée politiquement soient continuellement attaqués par des individus dont la maîtrise des enjeux de ce secteur plus que crucial, comme l’a rappelé le Premier ministre lors de sa Déclaration de politique générale, est au mieux limitée, voire inexistante.
La nécessaire reddition des comptes, exercice indispensable dans une démocratie où des alternances surviennent, ne saurait être un prétexte pour procéder à une « chasse aux sorciers » - car on ne parle ici que d’hommes - au sein de notre administration. Vous le savez bien mieux que quiconque, ministre est un poste politique, et pour vous avoir entendu le dire lors d’un atelier public, vous êtes conscients de la qualité des ressources humaines de ce secteur où la réserve est de mise au vu des enjeux de confidentialité et la dimension stratégique du travail effectué. Je m’autorise donc à sortir de la mienne pour vous inviter à exercer cette prérogative politique qui est la vôtre et à défendre ceux qui vous épaulent au quotidien dans votre travail. Ces hauts fonctionnaires, tous compétents, et cela je peux en témoigner sur l’honneur, permettent aux Sénégalais de ne plus vivre sous le joug des coupures d’électricité, mais aussi de bénéficier d’un approvisionnement continu en produits pétroliers pour leur transport et, contribueront, à n’en pas douter, à faire sentir les bénéfices de l’exploitation de leurs ressources naturelles aux Sénégalais.
Avec respect et considération,
Fary Ndao est Responsable Projets et Prospective
PETROSEN Trading & Services.
LE SÉNÉGAL MET LES INVESTISSEURS EN ALERTE
Le gouvernement promet le rapport de la Cour des comptes dans les prochaines semaines, avec une application de toutes les recommandations et une réorganisation de la gestion de la dette afin de contenter le FMI
(SenePlus) - D'après les informations de Bloomberg, le gouvernement a annoncé mardi aux investisseurs internationaux qu'un audit approfondi des finances du pays sera disponible "dans les prochaines semaines". Cette annonce cruciale a été faite lors d'une réunion virtuelle organisée par Bank of America, selon plusieurs sources proches du dossier citées par l'agence de presse.
Cette vérification des comptes publics constitue une étape déterminante pour le Sénégal qui cherche à négocier un nouveau prêt avec le Fonds Monétaire International (FMI). En effet, comme le rappelle Bloomberg, un précédent programme de 1,8 milliard de dollars approuvé en 2023 est actuellement suspendu. Cette suspension fait suite à une demande du président Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir en avril dernier, de vérifier les finances de l'État - un examen qui a révélé que le gouvernement précédent avait présenté des données économiques erronées.
Selon les sources de Bloomberg, les représentants du ministère des Finances ont assuré lors de la réunion que le gouvernement s'engage à mettre en œuvre toutes les recommandations que formulera la Cour des comptes sur les conclusions de l'enquête. Cette dernière doit certifier les conclusions préliminaires de l'Inspection Générale des Finances concernant la gestion des finances publiques entre 2019 et début 2024.
L'impact de cette situation sur la crédibilité financière du pays est déjà tangible. Bloomberg souligne que l'agence Moody's a récemment dégradé la note de crédit en devises étrangères à long terme du Sénégal à B1, soit quatre niveaux en dessous de la catégorie "investissement". Les obligations sénégalaises en dollars ont également chuté dans le sillage de cette controverse sur les données, les titres à échéance 2048 s'échangeant autour de 68 cents pour un dollar mercredi.
D'après l'agence américaine, le conseil d'administration du FMI devait initialement examiner les révisions des données du Sénégal ce mois-ci. Toutefois, cette réunion pourrait être reportée en raison de l'audit toujours en cours. Le FMI considère les chiffres de la dette publique et du déficit, plus élevés que précédemment rapportés, comme un cas de "déclaration erronée".
Un point positif émerge néanmoins : selon les sources de Bloomberg, les responsables sénégalais ont indiqué lors de la réunion de mardi que le pays est déjà en discussion avec le FMI pour mettre en place des mesures correctives visant à prévenir de tels problèmes à l'avenir, notamment l'unification de l'unité de gestion de la dette du pays.
Un porte-parole du FMI, cité par Bloomberg, a confirmé que "les discussions avec les autorités sénégalaises sont en cours" tout en précisant qu'il est "prématuré de déterminer les mesures correctives" avant le rapport de la Cour des comptes. De son côté, un porte-parole du ministère des Finances a indiqué que les conclusions de l'audit seront partagées dès qu'il sera prêt, sans toutefois commenter le calendrier.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
LE CNRA VICTIME DE L'HYPERPRÉSIDENTIALISME
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est l'antithèse d'une structure démocratique et indépendante. La rupture ne peut se faire en recyclant les vieilles méthodes et les institutions de l’ancien régime
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 08/01/2025
Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) n’est ni démocratique, ni transparent, ni indépendant. Ses membres sont nommés par le pouvoir exclusif du président de la République.
C’est ce qui est à la base de la déplorable situation créée récemment par la nomination d’un de ses nouveaux conseillers.
La loi N°2006 du 4 janvier 2006 qui établit l’institution proclame en effet en son article 3 que c’est le président de la République qui « nomme » les neuf membres que sont :
Le président de l’Institution ;
Un membre issu des mouvements des associations féminines ;
Un membre issu du milieu des professionnels de la communication audiovisuelle ;
Une personnalité qualifiée du milieu des arts ;
Une personnalité qualifiée du milieu des lettres ;
Un membre issu de la communauté universitaire ;
Un membre issu des mouvements des droits de l’homme ;
Un membre issu du Conseil national de la Jeunesse ;
Un membre issu des associations de personnes du troisième âge »
La loi ne prévoit aucune participation des instances que les personnalités nommées sont censées représenter ni de l’Assemblée Nationale ni d’aucun corps de la société ou de l’Etat.
Les meilleures pratiques en Afrique
On ne retrouve pareil pouvoir absolu du président de la République dans aucun des organes de régulations des pays d’Afrique considérés comme des bonnes pratiques en matière de gestion et de fonctionnement des organes de régulation des médias.
Au Bénin, La Haute Autorité de L’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) est composée « de neuf (9) membres nommés par décret pris en Conseil des ministres par le président de la République. Mais seules trois (3) de ces personnalités, dont au moins un juriste, sont désignées par le président de la République ; trois (3) personnalités, dont au moins un juriste, le sont par I‘Assemblée nationale et les trois (3) autres sont des professionnels des médias de l'audiovisuel et de la communication, dont deux (2) journalistes professionnels dont I‘un de l’audiovisuel et I‘autre de la presse écrite ; un technicien des télécommunications. Les professionnels des médias de l’audiovisuel et de la communication sont désignés par catégorie à la suite d'une élection organisée par la Haute autorité de I‘audiovisuel et de la communication sur l’ensemble du territoire national, avec l’appui technique de I’organe public en charge de la gestion des élections. »
Comme on le voit, la procédure est à la fois démocratique, transparente et participative et le président de la République n’y participe que partiellement.
Trois membres désignés par le président du Faso dont au moins un juriste et un journaliste ou un spécialiste de la communication ;
Deux membres désignés par le président de l’Assemblée nationale dont au moins un journaliste ou un spécialiste de la communication ;
Trois membres désignés par les associations professionnelles représentatives des médias dont un de la presse écrite ou en ligne, un de l’audiovisuel et un du secteur de la publicité.
Un membre désigné par le président du Conseil constitutionnel »
Là encore, l’influence de l’Exécutif est limitée par celui des organisations professionnelles, de l’Assemblée Nationale et du Conseil Constitutionnel.
En Afrique du Sud, les 8 conseillers et le président de l’Independent Communication Authority of South Africa (ICASA), l’autorité en charge de la régulation de l’audiovisuel, de la gestion des fréquences radioélectriques, des communications électroniques et des services postaux, sont nommés par le ministre en charge du secteur sur recommandation de l’Assemblée Nationale, après un appel public à candidature.
La loi spécifie que les personnes retenues doivent être reconnues pour « leurs opinions mesurées, pour leur engagement pour la liberté d’expression, leur ouverture d’esprit et doivent être représentatives d’un segment significatif de la population sud-africaine ». Elles doivent aussi être qualifiées dans différents domaines et notamment dans l’audiovisuel, les politiques de télécommunication, les technologies de l’information et de la communication, la gestion des fréquences, le journalisme, etc.
Elles doivent en outre s’astreindre à un « Code d’éthique et de déclaration d’intérêt » qui est un guide de déontologie et un rappel des principes de bonne conduite qui s’appliquent aux conseillers vis-à-vis de leurs collègues, de la profession et du public.
Vous avez dit rupture systémique ?
On se souvient que le CNRA a été mis en place par le régime d’Abdoulaye Wade en 2006 alors qu’il se préparait à briguer un deuxième mandat. Le président Macky Sall conservera l’institution en l’état, se contentant d’en confier la présidence dès 2012 au très respecté journaliste Babacar Touré.
Il s’agissait pour lui, comme pour ses prédécesseurs, de changer pour ne rien changer et pour garder en l’état cette « République de lettrés » qui permet cycliquement la transmission en douceur du pouvoir entre élites, en toute démocratie, dans le respect en apparence de tous les droits des citoyens et avec l’assentiment d’une pluralité de médias « indépendants ».
Or voici que le Pastef arrive au pouvoir par effraction, au prix de milliers de libertés confisquées, au prix du sacrifice suprême consenti par des centaines de jeunes citoyens, parce qu’il proclame la rupture avec l’ancien système de domination et d’aliénation !
Qu’il formule même le « Projet » traduit bientôt en « Vision 2050 » décliné en un « Agenda National de transformation à l’horizon 2050 » !
Or il continue à gérer les vies et les libertés des citoyens comme toujours, sans toucher aux institutions dont il a hérité, en usant comme auparavant du pouvoir suprême du président de la République et éventuellement du premier ministre.
Vivement les réformes
Or le scandale du CNRA indique ceci pour qui sait lire et entendre : la rupture promise par le Pastef ne peut pas se faire en recyclant les vieilles méthodes et les institutions de l’ancien régime. Les militants de Pastef nous l’ont signifié très clairement. Il convient à présent de mettre en œuvre, sans tarder, les grandes réformes annoncées par l’Agenda National de Transformation pour sa phase 1 en cours.
Il s’agit d’engager maintenant la réforme des institutions, la réforme budgétaire et celle foncière.
Les dirigeants et cadres de Pastef doivent se convaincre que c’est maintenant que la réalisation de ces grandes réformes doit être mise en œuvre sans plus tarder. C’est la condition sine qua non de la réussite de notre Projet.
par Ganoune Diop
L'AFRIQUE, UNE VOIE INCONTOURNABLE VERS L'AVENIR DE TOUTE LA FAMILLE HUMAINE
Le continent, qui compte déjà 265 millions de catholiques, voit son influence spirituelle grandir. Cette montée en puissance religieuse s'accompagne d'une responsabilité nouvelle : celle de promouvoir le dialogue interconfessionnel et la paix
Mes racines africaines m'incitent à partager cette réflexion. L'espoir que je nourris pour l'Afrique est justifié car le continent africain est en passe de devenir le futur épicentre des grandes religions du monde. Il est plus que jamais nécessaire d'œuvrer en faveur d'une coexistence pacifique dans la dignité de la différence. Les croyants ne peuvent ignorer la nouvelle réalité de notre monde induisant un nouveau paysage façonné par le rôle accru de l'Afrique, non seulement en termes de richesses en minéraux rares, comme l’uranium et le cobalt, l’or et le diamant, mais aussi et surtout en termes de ressources humaines.
L'Afrique est le continent le plus jeune avec 40 % de sa population âgée de moins de 15 ans.
La démographie religieuse est également significative. On y compte 700 millions de chrétiens, soit 49 % de la population, et 41 % de musulmans. Cette réalité actuelle nécessite un travail intentionnel et proactif pour que la paix et la solidarité se matérialisent au lieu de la rivalité, de la concurrence et des guerres.
Selon des statistiques récentes, en 2021, l'Afrique comptait 265 millions de catholiques, soit 19 % de la population catholique mondiale. D'ici 2050, la World Christian Database prévoit que l'Afrique représentera 32 % des catholiques du monde. L’Église orthodoxe a une présence significative en Afrique, en Éthiopie et en Érythrée mais aussi l’église Copte en Égypte. L'Église adventiste du septième jour en Afrique représente 44 % des membres dans le monde. L'Afrique compte actuellement environ 53 % des membres de la communion mondiale des anabaptistes-mennonites.
L'état du continent est caractérisé par la quête interconfessionnelle de paix et de justice. Au niveau des Nations unies, la réalité suivante mérite d'être mentionnée :
2024 marque la dernière année de ce que les Nations unies ont appelé la « Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine 2015-2024 : Reconnaissance, justice, développement ».
Contexte géopolitique et social actuel
Selon les chiffres publiés par vingt-et-une organisations spécialisées des Nations Unies, les morts causées par le sous-développement économique et social et l'extrême pauvreté dans les 122 pays du tiers-monde s'élèveront, en 2023, à plus de 61 millions d'êtres humains.
Les démographes estiment les ravages causés par la seconde guerre mondiale à18 millions d'hommes, de femmes et d'adolescents morts au combat, et entre 50 et 55 millions de civils tués.
En d'autres termes, la faim, la soif, les épidémies et les conflits causés par la pauvreté détruisent chaque année presque autant de vies humaines que la seconde guerre mondiale en six ans. [1]
Après la première guerre mondiale, la Société des Nations a été créée pour atténuer les conséquences de la guerre. Après la seconde guerre mondiale, une étape supplémentaire a été franchie avec la DUDH. Elle était considérée comme un baromètre qui pouvait contribuer à rendre les gens plus humains partout dans le monde. Le concept de génération de droits a vu le jour.
La classification des droits en fonction des générations a donné une légitimité aux droits des groupes et des minorités, aux minorités religieuses et non religieuses, aux droits des populations autochtones, toutes entités qui partagent l'espace social.
Les droits des peuples en tant que droits collectifs figurent dans les pactes des Nations unies en tant que droits de l'homme. Les experts qualifient les droits des minorités de droits de l'homme de la « troisième génération ». La première génération était axée sur les droits politiques et civils, la seconde sur les droits socio-économiques. Ces deux types de droits étaient axés sur les individus en tant que détenteurs de droits. La troisième génération est également appelée droits de l'homme « de solidarité ». Elle « comprend les droits à des biens tels que le développement, la paix, un environnement sain, la communication, l'assistance humanitaire et une part du patrimoine commun de l'humanité ».[2] Les droits des populations autochtones en tant que droits collectifs sont décrits comme la « quatrième génération » de droits de l'homme. [3]
La déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) a vu le jour à un moment critique de l'histoire de l'humanité. L'inhumanité manifestée au cours de la première et de la seconde guerre mondiale, l'holocauste et les divers génocides, le colonialisme et le pillage des ressources dans le monde entier ont contraint la famille humaine à se rendre compte qu'il était urgent de rédiger un document consensuel définissant clairement et adoptant une boussole morale universelle pour guider l'humanité dans ses relations interpersonnelles, sociales, internationales et géopolitiques. La famille des nations a atteint un moment critique où une réponse vitale et solide était nécessaire, afin que le traitement atroce des êtres humains ne se reproduise plus jamais, plus jamais.
Ce qui était en jeu, c'est la survie et la protection de la notion même ou de la réalité de ce que signifie être humain et quelles sont les responsabilités fondamentales à l'égard de chaque personne. Cet aspect ne doit pas être considéré comme secondaire par rapport à la notion de droits qui lui est associée. La question est plus profonde que les considérations juridiques ou législatives. Elle dépasse la simple restauration des droits. Un consensus autour d'une nouvelle vision devait être trouvé sur ce que signifie être humain.
Il s'agit là d'un point essentiel. Lorsque les gens s'accordent sur l'importance des droits de l'homme, c'est le bon aspect qui prime. Il est certainement urgent et nécessaire de mettre l'accent sur le bon aspect des droits de l'homme, compte tenu des nombreuses violations des droits de l'homme. Mais la dimension la plus fondamentale est la dimension humaine.
Un simple coup d'œil à ce que l'on a appelé les 9 traités fondamentaux révèle une tentative nécessaire de fixer des limites à ce qui est inacceptable dans la manière dont les êtres humains sont traités. Les maux et les injustices qui frappent chaque société sont liés aux discriminations, aux disparités économiques injustes, à la violation de l'intégrité physique des personnes et même à la privation du droit de vivre une vie paisible.
Les documents clés de l'ONU ont commencé à être diffusés. Les consultations politiques ont débouché sur plusieurs pactes, traités et déclarations. Plus précisément, ce que l'on appelle aujourd'hui les 9 principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme ont été signés après la seconde guerre mondiale, lorsque la sombre inhumanité de la guerre a causé la perte de 60 millions de vies.
Les nations africaines font partie de la famille mondiale des nations. La majorité des États africains sont signataires des traités relatifs aux droits de l'homme, d'où la nécessité de se constituer partie des conversations mondiales.
« Parmi les nombreux instruments relatifs aux droits de l'homme élaborés sous ses auspices, l'ONU a désigné neuf d'entre eux comme des traités internationaux fondamentaux en matière de droits de l'homme. Cela inclut un traité sur les droits civils et politiques, un traité sur les droits économiques, sociaux et culturels, de traités visant à lutter contre la discrimination raciale et sexiste, des traités interdisant la torture et les disparitions forcées, et des traités protégeant les droits des enfants, des travailleurs migrants et des personnes handicapées ».
Le multilatéralisme a connu un essor considérable au lendemain des guerres mondiales. C’est une époque où l'importance de la personne humaine est à nouveau mise en exergue.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le dénominateur commun de tous les pactes, conventions ou traités mentionnés en général est de délimiter, d'affirmer et de promouvoir l'aspect humain dans l'expression « droits de l'homme ».
Les hommes, les femmes et les enfants sont des êtres humains à part entière. Aucun d'entre eux ne doit faire l'objet d'une discrimination ou d'une atteinte à son intégrité physique, émotionnelle, intellectuelle, spirituelle et sociale. Personne ne devrait être contraint de croire en quelque chose qui va à l'encontre de ce que lui dicte sa conscience. Aucun ne devrait être victime de violence, de torture, de traitements et de peines inhumains ou dégradants. La dignité humaine exclut l'avilissement de tout être humain. En outre, l'égalité doit être défendue entre tous les êtres humains. Cela fait partie de ce que signifie être humain.
Tout au long de l'histoire de l'humanité, ce droit de jouir de sa pleine humanité a été refusé aux personnes de toutes les sociétés. Les violations des droits des minorités sont enracinées dans la dévalorisation de leur personne en postulant leur prétendue infériorité.
Pour chacun de ces traités fondamentaux, les Nations unies ont mis en place un groupe d'experts indépendants, chargé de surveiller la mise en œuvre du traité par les États parties qui l'ont ratifié.[5]
Plusieurs organisations gouvernementales et non gouvernementales se sont engagées à travailler à la construction de la paix, à surmonter l'hostilité, l'antagonisme, les conflits et à servir de médiateurs pour éviter les guerres. [6]
Le postulat de base de cette réflexion est le suivant : Le premier droit de l'homme est le droit d'être humain, d'être considéré avec respect et traité avec dignité. Sans ce postulat, la question des droits perd son fondement nécessaire. Le défi que posent l'expérience et la mise en œuvre de tout droit de l'homme réside principalement dans le mal sous-jacent qui consiste à déformer les autres en leur déniant leur pleine humanité. La violence à l'égard d'autrui, par exemple, commence par la dévalorisation de la valeur ou de la dignité des personnes et se poursuit par la dévalorisation de l'importance d'autrui.
La deuxième prémisse est que le statut de minorité ne doit pas se traduire par une infériorité ontologique.
Les violations de ces deux principes sont les causes profondes de nombreuses souffrances dans notre monde, hier et aujourd'hui, en particulier pour les Africains, qu'il s'agisse de la conférence de Berlin de 1884, qui portait sur la partition, le pillage, l'exploitation et l'appropriation des ressources africaines, ou des différents esclavages. Le plus connus est l'esclavage transatlantique. Cependant, 800 ans avant que les Portugais ne débarquent sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest, les musulmans arabes étaient impliqués dans ce que l'on appelle l'esclavage transsaharien et oriental. Il y avait des portes de non-retour non seulement dans l'île de Gorée au Sénégal, mais aussi à Zanzibar en Afrique de l'Est et à Cape Coast au Ghana. On pourrait également mentionner l'esclavage intra-africain, comme dans le sultanat de Sokoto au Nigeria.
Tous les enlèvements, la traite des êtres humains, l'asservissement et la domestication des êtres humains ont une cause fondamentale commune : l'inhumanité.
Les Églises chrétiennes qui y ont participé ou en ont été complices par leur silence ont trahi leur vocation authentique à promouvoir la raison pour laquelle Jésus est venu sauver les humains, à savoir créer une nouvelle humanité : des personnes qui croient en lui et qui reçoivent le pouvoir de devenir des enfants de Dieu, nés à nouveau non pas du sang ou de la volonté des humains, mais de Dieu.
En fait, l'objectif primordial de l’'être chrétien commence par être une nouvelle créature comme le dit l'apôtre Paul en 1 Corinthiens 4. Le message chrétien est à la base une personne, la révélation de Jésus-Christ, le Seigneur et Sauveur. L'ensemble des Écritures témoigne de lui (Jean 5.39).
Il est en effet le nouvel Adam, le second Adam, le chef d'une nouvelle humanité. Jésus est aussi le nouveau Moïse, le nouveau Josué, le nouvel Israël. Pour les chrétiens, Il est Dieu avec nous, Emmanuel, tel qu'il est révélé au début de l'évangile de Matthieu et dans l'évangile de Jean. Dans l’évangile de Matthieu, Jésus promet d'être avec ses disciples jusqu'à la fin des temps. Cela nous rappelle également l'engagement et la détermination de Dieu à créer une nouvelle humanité sous la direction de Jésus-Christ. Il s'agit là d'une perspective œcuménique plus large.
Redécouvrir le caractère sacré de la conscience humaine est devenu un impératif moral pour la réhumanisation de notre monde. Les Africains ont une occasion unique d'apporter leur contribution à la construction d'un monde meilleur par le biais d'une Afrique meilleure, où la justice, la droiture et la paix peuvent s'épanouir. Il n'est plus acceptable d'être les bénéficiaires passifs de l'aide d'autres nations et d'être relégués au statut de dépendants de la soi-disant générosité d'autres peuples. Les Africains doivent continuer à faire ce qu'ils font dans de nombreux pays du monde. Ils sont appelés à être des acteurs de la guérison des situations humaines difficiles. Ils doivent se réconcilier avec leur histoire d'hospitalité et de soutien solidaire à leurs frères et sœurs d'humanité, où qu'ils soient. L'identité la plus profonde des Africains en Dieu est forgée à travers une histoire de discrimination, de pillage de leurs ressources et de souffrances de toutes sortes, les plus récentes étant inséparables des crises climatiques mondiales et de plusieurs conséquences involontaires, telles que les migrations.
Apporter l'espoir à la famille humaine et promouvoir l'unité avec Dieu est un véritable projet global.
L'essentiel est de partager un message d'espoir avec un monde en souffrance, confronté à des crises multiformes, des conflits, des violences et des morts prématurés. L'ensemble des services offerts par les diverses religions vise à atténuer le poids des malheurs de l’humanité et à éliminer les récurrences de ces tragédies, tout en rappelant que la connaissance des textes sacrés et des messages des religions est conçue comme le meilleur antidote à la déshumanisation des peuples du monde entier. Pour l’Islam l’unité de l’humanité basée sur l’unicité de Dieu constitue le socle et la fondation d’une humanité réconciliée avec son créateur. Pour les Chrétiens c’est surtout la connaissance de Jésus Christ qui constitue l’antidote suprême comme la déshumanisation, les discriminations, les racismes et autres fléaux sociaux. Ceci a été un défi a cause l’appétit impérialiste, colonisateur et d’appropriation des biens de peuples domines et soumis.
Que le Dieu créateur, seigneur et sauveur, nous aide à embrasser sa volonté absolue. Il offre l’adoption et l'hospitalité à tous les peuples désireux d'entrer dans une alliance éternelle pour former un nouveau peuple créé à son image, dans une vie éternelle de communion et d’acceptation réciproque.
Respecter la dignité de chaque être humain est une des meilleures adorations rendues en l’honneur de Dieu.
Que la famille humaine se rallie autour de cette solidarité.
Ganoune Diop est Secrétaire Général de l’Association Internationale de la Liberté Religieuse.
[1] Voir Jean Ziegler. Où est l'espoir ? Paris, Le Seuil, 2024.
[4] Les mots suivants, inscrits dans la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, sont significatifs :
« Considérant que la Déclaration des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale du 20 novembre 1963 (résolution 1904 (XVIII) de l'Assemblée générale) affirme solennellement la nécessité d'éliminer rapidement la discrimination raciale dans le monde sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations et d'assurer la compréhension et le respect de la dignité de la personne humaine,
Convaincus que toute doctrine de supériorité fondée sur la différenciation raciale est scientifiquement fausse, moralement condamnable, socialement injuste et dangereuse, et qu'il n'existe aucune justification à la discrimination raciale, en théorie ou en pratique, où que ce soit,
Réaffirmant que la discrimination entre les êtres humains fondée sur la race, la couleur ou l'origine ethnique constitue un obstacle aux relations amicales et pacifiques entre les nations et est de nature à troubler la paix et la sécurité entre les peuples ainsi que l'harmonie entre les personnes vivant côte à côte, même à l'intérieur d'un seul et même État,
Convaincus que l'existence de barrières raciales est contraire aux idéaux de toute société humaine.... »
[6] Paradoxalement, même les lois de la guerre, censées limiter les abus contre l'humanité fondamentale d'un ennemi, ont été utilisées en dehors de ce principe fondamental.
PAR Abdoul Aziz Diop
MULTIPLE PHOTOS
SONKO S’INVITE À LA RÉCRÉ GÉOPOLITICIENNE DE MACRON
Il est temps que le cartésianisme diplomatique du Sénégal auquel le premier ministre doit être initié assure au pays un niveau de développement économique et social gagé avant tout sur l’idée non moins cartésienne de contrepartie
Le 6 janvier 2025 à Paris, à l'occasion de la Conférence des Ambassadrices et des Ambassadeurs, le président français Emmanuel Macron laisse entendre que « pour tous les gouvernants africains qui n'ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques, aucun d'entre eux ne serait aujourd'hui avec un pays souverain si l'armée française ne s'était pas déployée dans cette région ». À cela, le premier ministre du Sénégal Ousmane Sonko répond en écrivant que « la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté ». Plus loin dans son propre discours, Emmanuel contrarie Macron, apportant de l’eau au moulin de Sonko en précisant qu’« on est partis parce qu'il y a eu des coups d'État, parce qu'on était là à la demande d'États souverains qui avaient demandé à la France de venir. » Tout ça pour ça ?
L’exercice élyséen de géopolitique géopoliticienne auquel s’est précipitamment invité Ousmane Sonko distrait d’une extraordinaire avance sénégalaise qui fait que le pays de la Téranga se donne, depuis 2012 disons, chaque jour davantage, les moyens de sa souveraineté internationale et de la paix intérieure dont il a besoin pour sa contribution exceptionnelle aux grands débats africains et son développement économique et social.
De notre souveraineté internationale
En conformité avec l’esprit et la lettre de deux communiqués de l’Union Africaine sur la situation en Ukraine au début des affrontements avec la Russie, le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 2 mars 2022 réaffirme « l’attachement du Sénégal au respect de l’indépendance et de la souveraineté des États, ainsi qu’à l’application sans discrimination des règles du droit international humanitaire notamment en situation de conflit ». S’y ajoute « l’adhésion du Sénégal aux principes du Non-alignement et du règlement pacifique des différends ». « Macky s’aligne sur le non-alignement », titre le quotidien Les Échos daté du jeudi 3 mars 2022. Le journal mentionne alors l’abstention du Sénégal lors de la réunion d’urgence de l'Assemblée générale des Nations Unies examinant la résolution sur la situation en Ukraine.
Même si les données, provenant initialement de l'Economist Intelligence Unit, montrent que le niveau de capacité et de sophistication militaire du Sénégal, classé 1-5 (bas-haut), d’après une évaluation qualitative de la sophistication militaire et l'étendue de la recherche et du développement militaire, est supérieur à celui de tous les autres pays membres de la CEDEAO, le Sénégal demeure attaché à un ordre mondial post-clausewitzien (sans guerre). On comprend alors aisément pourquoi les Nations Unies se tournent vers le Sénégal dès lors qu’il s’agit de maintenir la paix retrouvée en Afrique au Sud du Sahara et partout ailleurs dans le monde.
De la paix internationale et intérieure
En matière de paix, deux indicateurs de la Global Peace Index - et pas les seuls - montrent que le Sénégal a plutôt la stature d’un grand pays. Les indicateurs en question sont le Niveau global de paix classé 1-5 (haut-bas) et le Niveau de financement des missions de maintien de la paix des Nations Unies classé 1-5 (bas-haut) reçu par le pays.
D’après la Global Peace Index - organisme indépendant - le niveau global de paix au Sénégal montre que notre pays se porte mieux que les deux plus grandes puissances économiques du monde que sont la Chine et les États-Unis d’Amérique (Voir graphiques 1 et 2 en illustration du texte)
Comme on l’entend souvent chez nous, « le Sénégal est un pays de paix ». Le Sénégal est même un pays de grande paix comparé à l’Allemagne (Graphique 3) et à la France (Graphique 4).
Il ressort des deux derniers graphiques (3 et 4) que même si l’Allemagne et la France surclassent le Sénégal en matière de Niveau global de paix, notre pays est au secours des deux plus grandes nations de l’Union européenne et de presque toutes les autres nations du monde entier dès lors qu’on s’intéresse au second indicateur de la Global Peace Index (Graphiques 5 et 6), c’est-à-dire le Niveau de financement des missions de maintien de la paix des Nations Unies classé 1-5 (bas-haut) reçu par le pays.
Nous sommes le monde dès lors qu’il s’agit de maintenir la paix. Quid de l’économie, de la monnaie et du développement ?
Il ne fait aucun doute qu’à la lumière de ce qui vient d’être dit, il n’y a pas de corrélation positive immédiate entre la paix et le développement au Sénégal. Nous devons néanmoins nous demander pourquoi notre leadership mondial incontesté en matière de paix intérieure et de maintien de la paix dans le monde ne nous vaut toujours pas la contrepartie que les Sénégalais sont en droit d’en attendre. Nos dirigeants depuis notre accession à la souveraineté internationale sont tous légitimés à exiger ladite contrepartie en échange de notre engagement sur tous les terrains de conflit dans le monde. Lorsqu’elle ne se manifeste pas sous forme de financements massifs venant des pays industrialisés qui regardent du côté du Sénégal pour le retour de la paix dans le monde, notre pays est fondé à obtenir, du fait de son leadership mondial en matière de paix, une voix prépondérante qui l’autorise définitivement à indiquer une direction suivie par tous nos partenaires techniques et financiers et les Nations Unies dans les domaines cruciaux que sont la souveraineté monétaire à travers l’Eco ou tout autre mécanisme alternatif, la croissance inclusive et le développement économique et social.
Il est temps que le cartésianisme diplomatique du Sénégal auquel Ousmane Sonko doit être initié assure au pays un niveau de développement économique et social gagé avant tout sur l’idée non moins cartésienne de contrepartie. C’est à cette réflexion que nous invitons le premier ministre pour sortir des jugements globaux dont l’électorat de sa faction est de moins en moins dupe pour cause de désenchantement postélectoral chaque jour grandissant. Pourtant le président Diomaye avait été clair avec son premier ministre le 31 décembre 2024 : « Je sais que chaque foyer sénégalais aspire à de meilleures conditions de vie, à une justice sociale accrue et à la certitude que l’État sert véritablement l’intérêt général. C’est pour répondre à cette légitime aspiration que le Premier ministre, Monsieur Ousmane Sonko, à qui je réitère ma confiance absolue, a présenté devant l’Assemblée nationale sa Déclaration de Politique Générale. »
Une chose est sûre : les données brutes mises en lumière dans cette tribune montrent qu’il ne suffit pas de s’inviter à la folle récréation parisienne de géopolitique géopoliticienne pour se conformer, encore qu’il est temps, à l’esprit et à la lettre de la dernière adresse à la Nation du président Faye. Ce dernier paraphera, le moment venu, les petits et moins petits accords entre diplomates sénégalais et français pour le compte des deux États souverains.
POUR FAYE-SONKO, L'ANNÉE DE TOUS LES DÉFIS
Après une victoire éclatante aux législatives, le duo doit désormais transformer cela sur cinq dossiers brûlants. Des relations avec Paris aux contrats gaziers, en passant par le FMI, chaque décision sera scrutée au cours des prochains mois
(SenePlus) - Selon un article approfondi de Jeune Afrique, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, forts d'une majorité écrasante à l'Assemblée nationale obtenue en novembre 2024, font face à cinq dossiers brûlants qui marqueront l'année 2025.
La rupture avec la France s'accélère
Le premier dossier concerne la relation avec l'ancienne puissance coloniale. Comme le rapporte Jeune Afrique, le président Faye a clairement affiché sa volonté de rompre avec l'héritage colonial en annonçant le départ prochain des militaires français du Sénégal. "Quel pays peut avoir des militaires étrangers sur son sol et revendiquer son indépendance ?", a-t-il déclaré le 28 novembre dernier dans un entretien accordé aux médias français.
Cette position s'est récemment cristallisée autour d'un échange tendu avec Emmanuel Macron. Selon le journal, quand le président français a reproché aux pays africains de ne pas dire "merci", Ousmane Sonko a répliqué sèchement que "la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain."
Le bras de fer avec le FMI
Le deuxième défi majeur concerne les relations avec le FMI. Le Sénégal n'a reçu aucun décaissement depuis l'élection de Bassirou Diomaye Faye. Un audit diligenté par Sonko a révélé que le déficit budgétaire moyen atteindrait en réalité 10,4% sur la période 2019-2023, bien au-delà des 5,5% annoncés précédemment. La dette publique s'élèverait quant à elle à 83,7% du PIB.
La question des hydrocarbures
Le troisième enjeu porte sur la renégociation des contrats pétroliers et gaziers. Le magazine panafricain souligne que le statu quo actuel bloque l'exploitation du gisement Grand Tortue Ahmeyim (GTA), objet de discussions tendues entre le Sénégal, la Mauritanie et BP. Un échec sur ce dossier pourrait, selon Jeune Afrique, compromettre le développement d'autres projets et limiter les revenus attendus des hydrocarbures.
La succession à la mairie de Dakar
Le quatrième dossier sensible concerne l'avenir de la mairie de Dakar. Jeune Afrique détaille comment Barthélémy Dias, maire depuis 2022, s'est vu déchu de ses mandats de député et de maire en décembre 2024, suite à une condamnation judiciaire. Son recours ayant été rejeté le 31 décembre, l'incertitude plane sur la gouvernance future de la capitale.
Une opposition fragilisée
Enfin, le magazine souligne la faiblesse actuelle de l'opposition qui, avec seulement 30 députés sur 165, peine à faire contrepoids face à l'hégémonie du Pastef. Selon Jeune Afrique, c'est davantage du côté de la société civile que pourrait émerger un véritable contre-pouvoir, bien que des inquiétudes existent déjà quant à la capacité des voix dissidentes à s'exprimer librement sous la nouvelle administration.
LES CONTOURS ENCORE FLOUS DU RETRAIT MILITAIRE FRANÇAIS DU SÉNÉGAL
Deux bases sont déjà vidées, mais le transfert effectif se fait attendre, Dakar ayant demandé un délai supplémentaire. Pendant ce temps, les discussions politiques avec les nouvelles autorités sénégalaises tardent à se concrétiser
(SenePlus) - D'après les informations rapportées par RFI, le retrait des forces militaires françaises du Sénégal, annoncé fin décembre pour 2025, s'annonce comme un processus graduel dont les modalités précises restent encore à définir.
La présence militaire française à Dakar se compose actuellement de quatre installations distinctes, abritant environ 200 militaires, selon le radio internationale française. Une situation qui devrait connaître des évolutions significatives dans les mois à venir, bien que le calendrier définitif ne soit pas encore arrêté, comme le soulignent plusieurs sources gouvernementales citées par RFI.
Deux des emprises françaises situées à proximité du port de Dakar sont déjà vacantes depuis plusieurs mois et prêtes à être transférées aux autorités sénégalaises. Fait notable rapporté par le site d'information : "Dakar aurait demandé un délai supplémentaire avant d'en récupérer les clefs."
Les deux autres installations militaires françaises encore actives présentent des caractéristiques distinctes. La base de Rufisque, en périphérie de la capitale, comprend des logements équipés d'antennes de communication sécurisée. La base de Ouakam, située en zone urbaine, constitue quant à elle un centre névralgique où "un peu plus de 200 militaires français assurent des formations avec l'armée sénégalaise et des officiers de la région", précise RFI.
Une proposition française visant à transformer la base de Ouakam en installation franco-sénégalaise à l'été 2024 avait été avancée, permettant le maintien d'un contingent français réduit. Cependant, comme le souligne une source militaire française, "aucune discussion politique avec les nouvelles autorités n'a encore eu lieu sur le sujet."
Cette situation intervient dans un contexte de désaccord diplomatique, le Sénégal ayant vivement contesté les récentes déclarations du président Emmanuel Macron selon lesquelles ces retraits résulteraient de négociations avec les pays africains concernés.
MACRON NE VISAIT NI LE SÉNÉGAL NI LE TCHAD
Selon les confidences recueillies par Le Monde auprès de diplomates français, la sortie présidentielle sur l'ingratitude africaine visait principalement le Mali, où 58 soldats français ont perdu la vie en moins de dix ans
(SenePlus) - Les déclarations du président français Emmanuel Macron sur l'intervention militaire de la France en Afrique ont provoqué une onde de choc diplomatique. Selon les informations du journal Le Monde, les diplomates français tentent de déminer la situation tout en révélant une profonde amertume, particulièrement vis-à-vis du Mali.
Une source diplomatique citée par Le Monde s'est empressée de préciser que "le Tchad et le Sénégal n'étaient absolument pas visés par ces propos". Elle explique que pour ces deux pays, les départs des forces françaises "étaient déjà actés", même si "le timing de ces annonces nous a surpris".
La même source diplomatique révèle que les propos présidentiels visaient en réalité spécifiquement l'Alliance des États du Sahel (AES) et "en particulier le Mali". Le ressentiment est palpable dans ses confidences au Monde : "On l'a tous mauvaise avec le Mali quand on voit le dispositif, l'investissement humain et financier que cela a représenté pendant des années à la demande des autorités maliennes, et alors que l'on pensait bien faire."
La diplomatie française semble particulièrement marquée par le bilan humain de ces interventions. Le Monde rapporte que les propos de Macron s'inscrivaient dans un contexte plus large où il évoquait "les pertes humaines françaises au Sahel", qui s'élèvent à 58 morts en moins d'une décennie.
Les confidences recueillies par le journal français laissent transparaître une certaine désillusion dans les rangs diplomatiques français. La source citée conclut avec une forme d'amertume : "Alors oui, le président a exprimé quelque chose de déceptif pour nous mais aussi pour les populations concernées, c'est tellement décevant." Elle en tire une leçon sans appel : "Il faut une approche transactionnelle comme [avec] les autres [partenaires non africains] et arrêter d'être les dindons de la farce."
Par Fadel DIA
VOUS AVEZ DIT INGRATITUDE ?
Depuis Sarkozy aucun homme politique français n’avait accumulé autant de prétentions, de contre-vérités historiques. Celui qui rappelle sans cesse être le premier président né après la décolonisation cultive les poncifs colonialistes
Depuis Nicolas Sarkozy aucun homme politique français n’avait accumulé autant de prétentions, de contre-vérités historiques, et même à proprement parler de mensonges si l’on en croit certains, et tout cela en un seul discours, avec cette différence que Sarkozy avait pris une heure pour les exposer alors que Emmanuel Macron n’a eu besoin que de cinq minutes pour détricoter les fondements des relations qui lient la France à ce qu’on appelait « les pays du champ » !
Il est paradoxal qu’un homme qui ne cesse de nous répéter qu’il est le premier chef d’Etat français né après la décolonisation, cultive aussi souvent les pires poncifs des chantres de la colonisation, joue à la politique de l’autruche et se targue d’illusions.
Le président Macron reproche à ses homologues africains, tous confondus dans le même sac, et indirectement à leurs peuples, d’avoir fait preuve vis-à-vis de la France, d’impolitesse, de démagogie et d’ingratitude. Pour commencer, dit-il, ils ne lui ont pas dit « merci », et en cela il se trompe car ils ont bien dit « merci », mais tout simplement pas de la manière dont lui, le souhaitait. A Bamako, à Niamey, à Ouagadougou, à Dakar, à N’Djamena et à même à Abidjan, des gouvernants, qui sont loin d’avoir la même conception des relations franco africaines, ont écouté leurs peuples et lui ont dit ceci : « Merci, mais nous ne reprenons plus de la présence militaire française sur notre sol ! »
C’est un peu comme si vous disiez à votre hôte qui vous pousse à continuer à déguster le plat qu’il vous a servi mais dont vous vous êtes suffisamment gavé : « merci je n’en reprendrais plus. »
En toute logique le président français devrait se réjouir que les pays africains décident de se passer de l’armée française, car outre « l’économie d’échelle » qu’il devrait tirer de ce retrait, cela devrait être la preuve que sa mission est remplie. Le propre d’une bonne assistance entre deux Etats n’est-il pas que le pays assisté se libère de l’assistance du pays aidant, et décide de se prendre en charge ?
Quant aux accusations citées plus haut, ce cadre est trop étroit pour en découdre et je me contenterai de quelques repères.
Impolis nos chefs d’états ? Y a-t-il plus impoli qu’un chef d’Etat en visite officielle en Afrique qui, devant les dirigeants politiques et l’élite scientifique du pays qui le reçoit en grande pompe et dans l’amphithéâtre d’une université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop, proclame solennellement que l’Afrique n’a pas d’histoire ? Y a-t-il plus irrespectueux que cet autre chef d’Etat qui tourne en ridicule le chef du pays africain dont il est l’hôte, prend en témoin les centaines de jeunes qui l’écoutent pour traiter leur président de vulgaire frigoriste obligé de pallier aux carences de son administration ? Si Emmanuel Macron veut fustiger l’impolitesse chez ses homologues alors sa cible naturelle devrait être Donald Trump qui a souvent glosé sur son penchant à jouer à la grenouille qui se prend pour un bœuf. Mais comme le dit un proverbe pulaar « le fou, si fou soit-il, connait la maison où il y a un chien méchant » !
La France nous a-t-elle sauvés ? C’est un des thèmes préférés de Macron qui l’a encore répété aux Mahorais, pourtant des citoyens français, en assenant aux sinistrés de l’ile qu’ils seraient encore plus « dans la m… », si la France n’était pas venue à leur secours.
Je me contenterai de rappeler que l’explosion des mouvements djihadistes est la conséquence directe de la désagrégation de la Lybie dont la France a été l’un des maitres d’œuvre, que le stationnement de 5000 soldats, non combattants, sur un espace vaste comme la moitié de l’Union Européenne est bien dérisoire, que la présence des forces françaises n’a pas mis fin aux attentats et aux enlèvements et a paru bien équivoque, puisqu’il a fallu leur retrait, pour que Kidal, qu’on disait imprenable, se retrouve sous l’administration du gouvernement malien et qu’enfin la mémoire africaine a surtout retenu les interventions de l’armée française pour empêcher ou faciliter des coups d’état, bombarder les avions ivoiriens ou extraire Gbagbo et sa femme du palais présidentiel.
Quant à l’ingratitude, et quelques semaines après la commémoration du massacre de Thiaroye dont seulement six victimes ont mérité le titre de « morts pour la France », je me contenterai de relater un incident relativement peu connu de l’histoire coloniale française.
Vers la fin du XIXe siècle alors que le partage de l’Afrique est achevé, chaque puissance coloniale cherche à grappiller un bout de territoire ou à rendre son domaine plus cohérent. Le rêve de la France c’est d’étendre le sien de Dakar à la Mer Rouge tandis que l’Angleterre qui a fait main basse sur l’Egypte, se proposait de construire une ligne de chemin de fer allant du Caire au Cap. Le choc des ambitions était inévitable. Il eut lieu le 19 septembre 1898, quand le Général Kitchener, représentant britannique, trouva que le capitaine Marchand, envoyé de la France, avait hissé le drapeau de son pays à Fachoda, à 650 km de Khartoum, qu’il avait rebaptisé Fort SaintLouis. Il avait mis des mois pour traverser la cuvette congolaise et pour pouvoir franchir la région marécageuse du Bahr el Ghazal, il avait fait démonter deux bateaux à vapeur, pièces par pièces, qu’il avait fait transporter à dos (oui à dos) par des milliers de porteurs razziés dans les villages et sans salaire !
Peine perdue Kitchener le somma d’évacuer les lieux en lui faisant savoir qu’il n’y aurait ni négociation ni compromis, ce à quoi il aurait répondu « nous nous ferons tuer » plutôt. La réalité c’était qu’il était prêt à sacrifier la vie des 150 Tirailleurs Sénégalais qui constituaient l’essentiel de sa garnison qui ne comptait… qu’une dizaine d’officiers et sous-officiers blancs. Les Tirailleurs furent sauvés parce que le gouvernement français préféra céder, comme souvent face aux Anglais. Marchand retourna en France en héros national, acclamé par des foules de Français humiliés et farouchement anglophobe.
Et les Tirailleurs ? Ils étaient restés trois ans sans percevoir leurs salaires (cela ne vous rappelle rien ?) pourtant bien dérisoires (240 F par an contre 1500 pour Marchand !) et ne purent rentrer dans leurs droits qu’après avoir déclenché des rixes dans leurs cantonnements. Bien entendu aucun d’entre eux (pas plus que les porteurs de bateaux) n’a survécu à l’histoire, ni à son droit. L’ingratitude alors qu’est-ce c’est ?
Le président français, qui est en vacances de pouvoir, a-t-il voulu donner des cours de géopolitique à un auditoire passif d’ambassadeurs, mais ceux-ci devront fournir des explications quand ils rejoindront leurs postes. A-t-il voulu pousser les Africains à la riposte et dans ce cas, il est servi et il n’est pas exclu que les plus autorisés d’entre les protestataires en tireront la leçon en ne se présentant pas au sommet France-Afrique qu’il a « convoqué » à Nairobi (?). A moins qu’englué dans des difficultés internes nées d’une décision jupitérienne dont il a du mal à reconnaitre les effets pervers, il ait cherché à offrir les Africains en agneaux de sacrifice à la partie la plus avide de chauvinisme de son opinion en faisant l’éloge d’une France généreuse, forte et magnanime.
Mais comme le dit encore un proverbe pulaar « un homme atteint d’ éléphantiasis peut tourner en rond autant de fois qu’il veut, ce n’est pas cela qui le guérira de son mal » !