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16 avril 2025
Développement
SUR LA PISTE D'UN RÉSEAU CRIMINEL TENTACULAIRE
La CENTIF révèle un système de blanchiment sophistiqué impliquant 125 milliards FCFA. Le Pool judiciaire financier alerté par plusieurs rapports, prépare l'ouverture d'une information judiciaire
Dimanche 12 janvier 2025, un peu avant minuit, un communiqué de presse attribué au pool judiciaire financier inonde la toile.
Le document indique que le député « Farba ngom est impliqué dans des faits présumés graves. Et que les investigations menées jusqu’à présent révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux impliquant la création de sociétés écrans utilisées pour des transactions suspectes totalisant plus de 125 milliards de Francs CFA, des flux financiers injustifiés entre les comptes personnels de Mouhamadou Ngom dit Farba, ceux de ses proches, et des sociétés partenaires ».
Soleil Check a automatiquement contacté le ministère de la justice qui nous a fourni le bon communiqué de presse, indiquant que l’autre document était un faux.
Ce qu’il en est officiellement…
Ainsi, le Parquet du Pool judiciaire financier a récemment été saisi de plusieurs rapports transmis par la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), dans le cadre d’une vaste enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux. Ces rapports, actuellement en cours d’analyse, mettent en lumière des faits graves impliquant plusieurs individus.
L’examen approfondi de l’un des rapports a révélé des mécanismes particulièrement élaborés, impliquant l’utilisation de sociétés écrans pour effectuer des transactions suspectes. Ces opérations, dont la valeur provisoire est estimée à plus de 125 milliards de Francs CFA, soulèvent des doutes sérieux quant à leur légalité. Ces pratiques semblent être orchestrées dans le but de dissimuler l’origine illicite des fonds concernés.
En vertu de l’article 66 de la loi n° 2024-08 relative au blanchiment de capitaux, au financement du terrorisme et à la prolifération des armes de destruction massive, le Parquet financier a décidé d’envisager l’ouverture d’une information judiciaire. Cette démarche vise à approfondir les investigations et à établir les responsabilités pénales des personnes impliquées.
Les infractions présumées, particulièrement graves, incluent :
• Association de malfaiteurs,
• Blanchiment de capitaux,
• Escroquerie portant sur les deniers publics,
• Corruption,
• Trafic d’influence,
• Abus de biens sociaux.
L’ouverture d’une information judiciaire permettra de mobiliser tous les moyens nécessaires pour démanteler ce réseau criminel. Les investigations viseront notamment à identifier l’ensemble des responsables et à tracer les flux financiers pour en déterminer l’origine exacte.
par Aziz Fall
L’HISTOIRE EST D’ABORD LE PRÉSENT
Le pays de Macron n'a pas le choix que de procéder à une lecture actualisée de l'Histoire qui n'a jamais été une proposition statique mais plutôt le maelstrom de l'évolution des êtres, des peuples, des Nations...
Je suis toujours à la recherche de la formule la plus conforme à notre identité culturelle, à notre héritage de peuple soucieux du respect et de la considération à l’égard des autres. Cette sensibilité aigue à ces valeurs se manifeste aussi bien dans l’interaction que dans l’évocation.
C’est pour cette raison et cette raison seulement que je ne dirais rien de la sottise historique du président français qui, lors d’une récente sortie sur les relations entre la France et certains pays du continent africain, est entré dans le trou noir réservé aux bannis de l’Histoire.
Parfois, cette dernière nous offre des scénarii qui nous enseignent plus que toute autre œuvre ou entreprise humaine sur nous-mêmes et sur les autres pour nous laisser entrevoir la relation dialectique et rarement magnifiée entre le présent le passé et le futur. C’est sous cette lumière qu’il est difficile de trouver meilleure coïncidence dans ce moment précis de l’Histoire que le couple France Macron en marche cadencée vers l’abîme ; car tout laisse à croire qu’il y a comme le glas qui sonne dans ce pays après les présidences de Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et maintenant le marcheur en panne. Évidemment, il s’accroche autant qu’il peut pour sauver sa peau affectée. Il le fait sur la corde pourrie de l’histoire d’un pays qui se délite et se déshabille pour dévoiler un visage meurtri par la réalisation de l’imposture de sa soi-disant grandeur. Une grandeur qui reposait sur une construction de l’esprit, certes sophistiquée, mais vouée à la fermentation comme son emblématique fromage
La belle France ; qui est belle parce que la nature y est belle et cette portion de notre planète habitée des Français a aussi une belle culture parce qu'elle s'est auréolée de trophées à la dérobée, tirant profit des offrandes de l'histoire où le vide de ces temps lui donnait une occasion de s'imposer, priant que les choses ne changeassent jamais.
Mais dans leur subconscient, les dirigeants soupçonnaient que la position de la France comme puissance ne perdure que parce que les autres étaient dans un sommeil anesthésique. Seulement, l’on se réveille toujours d’un sommeil même s’il peut durer ou paraître interminable.
Dans son ouvrage, « Saara et les vagues de l’Atlantique », l’auteur partage avec nous son point de vue sur les sentiments d’un nombre grandissant de jeunes Africains dont l’histoire était pendant longtemps liée à la France jusque dans la quête identitaire, dans ce passage où le narrateur donne l’estocade : « La France, en rétrospective, a juste été une escale plus dans l’espace que dans le temps, car j’y ai passé mon séjour à me projeter en dehors d’elle. Elle n’a jamais représenté une station référentielle pour moi, ni constitué un élément organisateur de ma vision du monde. Je savais que je pouvais me faire, me former ; apprendre à lier le bois au bois pour faire des édifices de bois sans m’en remettre à la France. D’ailleurs, c’est durant mes jours dans l’Hexagone que j’ai commencé à parler anglais ».
Ce sentiment révélateur d’un profond changement mental à l’égard de la France va continuer de prévaloir en Afrique. Il est désormais question dans ce continent d’une jeunesse qui assume fièrement sa volonté de reprendre possession de sa destinée d’affranchissement par rapport à un héritage qu’elle travaille à déconstruire à travers l’affirmation sans compromis de soi.
Pour ma fille, qui suit l’actualité, ce gars est déraisonnable. Comment ose-t-il proférer ces énormités devant l’Histoire, devant les témoins, devant les héritiers enfin devant ceux qui, désormais, refusent de se taire et de se terrer, s’interroge-t-elle ?
Elle parle, bien entendu, du président français à moins, ajoute-t-elle que ce soit une vidéo fake générée par les plateformes intelligentes qui pullulent maintenant dans le monde virtuel. Non, lui rétorquai-je, il s’agit bel et bien de l’élève de Brigitte, président de la France qui parle ; c’est bien lui sur scène, comme à l’accoutumée, résolu à vouloir impressionner ses professeurs de ses capacités performatives et sa conviction qu’avec des contorsions discursives, il serait à nouveau colinéaire avec le reste du monde. Que nenni ; il est désaxé depuis un long moment sans s'en rendre compte ; ses fausses notes récentes sur la gamme de l'histoire l'illustrent à suffisance. Nul besoin d’aller loin pour réaliser l’ampleur de ses dérapages à l’autel de la nation française, à commencer par la déconvenue de l'élection Européenne suivie du yoyo institutionnel qui donne le tournis aux populations de France, celles d’Outre-mer désemparées et aux partenaires. On ne sait plus où va la France, en dépit de son leader qui persiste à croire qu’il peut indiquer aux autres ce qu’il faut faire ou la direction à prendre dans la marche de leur existence ; qu’il s’agisse d’Etats ou de communautés. En définitive, l’on est témoin en temps réel d’un être dans le besoin d’une prise en charge clinique ou plus précisément psychiatrique ; car il souffrirait dans ce cas d'espèce du complexe de Gribouille.
Il donne l'impression d'être conscient de l'inéluctable et dans sa précipitation ontologique, démontrée à souhait par son parcours d'homme pressé, il s'attèle à accélérer l'échéance de sa déchéance et celle de ce qui reste de son pays face à l'Histoire et devant les hommes. Il a perdu la maitrise. Il n'est plus calme, il est aux abois ; face à ce constat, nous avons presque une obligation morale de le comprendre et de lui proposer de l'eau fraiche.
Oui, dans une perspective de relations internationales la France reste un partenaire privilégié du Sénégal, eu égard au volume de nos échanges commerciaux, de la diversité et la pluralité de nos accords et Conventions supposés apporter des avantages appréciés de part et d’autre. Elle contribue, en outre, de manière décisive dans le financement d'un grand nombre de programmes et de projets prioritaires de notre pays. Il faut, cependant, rappeler que cette situation est loin d'être motivée par une inclinaison naturelle de la France à être généreuse avec notre pays ; les enjeux stratégiques le justifient autant que la longévité des relations entre nos pays.
Seulement, les pays africains n’ont rien à craindre de la France, ni ses menaces enveloppées ni ses pressions voilées. Les pays de l’AES, pour leur part, ont déjà tourné le dos à ce qu’ils considèrent comme un facteur bloquant à leur aspiration légitime de souveraineté inconditionnelle.
Aujourd'hui, le pays de Macron n'a pas le choix que de procéder à une lecture actualisée de l'Histoire qui n'a jamais été une proposition statique mais plutôt le maelstrom de l'évolution des êtres, des peuples, des Nations avec son corollaire d'ajustements et de réajustements perpétuels. Dans son ouvrage " People count", James Rosenau fait état du caractère inévitable du réveil des peuples, qui relève d'un impératif épistémologique autant qu'historique. La France de Macron vient de comprendre qu'on ne peut s'asseoir sur le dos d'un homme debout.
Car l’homme debout ne se couche que pour mourir.
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HALTE AU RETOUR DU PARTI-ÉTAT
Elimane Haby Kane démonte la logique d'appropriation partisane qui menace l'idéal démocratique. Son intervention rappelle que le pouvoir, dans une démocratie moderne, appartient à tous, pas seulement aux militants du parti victorieux
Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Objection" de Sud FM ce dimanche 12 janvier 2025, Élimane Haby Kane, président du Think tank Legs Africa, a vivement critiqué les controverses suscitées par les récentes nominations au sein du Conseil National de Régulation de l'Audiovisuel (CNRA), y voyant les signes inquiétants d'un retour aux pratiques du "parti-État".
"Nous sommes en train de vivre un retard de 60 ans", a déclaré l'analyste politique, faisant référence aux premières années post-indépendance marquées par la primauté du parti sur l'État. Selon lui, les pratiques actuelles rappellent dangereusement la période des relations entre Senghor et Mamadou Dia, où le parti devait d'abord se réunir avant toute décision étatique.
Le président de Legs Africa a particulièrement insisté sur l'inadéquation de ces méthodes avec les aspirations démocratiques modernes. "Dans une démocratie moderne comme celle à laquelle nous aspirons, il est inacceptable de dire que ce projet c'est mon projet, c'est moi qui l'applique au détriment de tout le reste", a-t-il souligné, rappelant que le président de la République est élu par l'ensemble des citoyens et non uniquement par les membres de son parti.
Cette dérive vers des pratiques partisanes dans la gestion de l'État constitue, selon Elimane Kane, une menace pour la construction d'institutions véritablement républicaines et impersonnelles. Il a appelé à un retour rapide aux principes fondamentaux de la République, où chaque Sénégalais doit être "considéré au même pied d'égalité".
L'expert a également mis en garde contre les conséquences de cette situation sur le débat public, notant une montée inquiétante de la violence verbale sur les réseaux sociaux et un risque d'ingouvernabilité si ces pratiques persistent.
LA CAPITALE INTROUVABLE DE L'EMPIRE MALIEN
De la Guinée au Sénégal en passant par le Mali actuel, chaque pays d'Afrique de l'Ouest revendique avoir abrité cette cité mythique. Pourtant, malgré des décennies de recherches, son emplacement exact reste aujourd'hui un mystère
(SenePlus) - Dans un article fouillé, Le Monde revient sur l'une des plus grandes énigmes de l'histoire médiévale africaine : la localisation de la capitale de l'empire du Mali, cette puissance qui rayonna du XIIIe au XVIIe siècle sur une grande partie de l'Afrique de l'Ouest.
La description qu'en fait le célèbre voyageur Ibn Battuta évoque une cité médiévale prospère, dotée d'une mosquée, d'un palais, d'entrepôts et d'un quartier réservé aux étrangers. Les échanges commerciaux y étaient florissants, reliant la ville à Sijilmassa au Maroc et au Caire, mais aussi au sud du Sahel. On y négociait or, sel, cauris et céramiques dans des fours à poterie actifs.
Pourtant, comme le confirme l'archéologue malien Mamadou Cissé cité par Le Monde, "au stade actuel des connaissances, je ne peux pas déterminer l'emplacement de la capitale de l'empire du Mali". Cette disparition s'explique en partie par les matériaux de construction utilisés : le banco, un mélange de terre et de paille particulièrement vulnérable à l'érosion.
L'empire malien continue de fasciner les chercheurs, notamment pour sa richesse légendaire incarnée par Mansa Moussa, son dirigeant du XIVe siècle, dont la fortune est aujourd'hui comparée sur les réseaux sociaux à celle des milliardaires contemporains.
La quête de cette capitale perdue a donné lieu à de multiples théories. L'historien français Hadrien Collet parle même d'"obsession". Si l'anthropologue Claude Meillassoux a proposé l'est du Sénégal, c'est la ville de Niani en Guinée qui s'est longtemps imposée comme hypothèse privilégiée.
L'historien malien Doulaye Konaté rappelle le contexte politique de ces recherches : "À l'indépendance, les Républiques malienne et guinéenne ont voulu établir un lien avec la mémoire prestigieuse du sultanat". Modibo Keïta, premier président du Mali, revendiquait ainsi une filiation avec Soundiata Keïta, le fondateur de l'empire.
Une nouvelle piste a été proposée en 2021 par l'historien François-Xavier Fauvelle, qui identifie une zone au nord-est de Ségou, au Mali, décrite comme un "seuil" entre mondes islamique et païen, désertique et fluvial. Malheureusement, l'insécurité dans la région empêche toute fouille archéologique.
Cette recherche a néanmoins fait progresser la connaissance historique. Elle a notamment permis de remettre en question certaines idées reçues. Ainsi, comme le souligne Doulaye Konaté, "il semblerait que 'l'empire mandingue' était en fait très multiculturel, tant à son époque que dans ses héritages". Les chercheurs ont également découvert que la prospérité de l'empire reposait autant sur l'agriculture et l'artisanat que sur le commerce transsaharien.
La capitale pourrait même n'avoir jamais existé sous la forme imaginée, certains chercheurs évoquant la possibilité d'une cour itinérante, remettant ainsi en question une vision peut-être trop européenne du pouvoir médiéval africain.
LE CONTINENT AFRICAIN PRISONNIER DE SES VISAS
Pour la journaliste Marie de Vergès, "plus de soixante ans après les indépendances, l'Afrique aurait davantage à gagner à s'ouvrir à elle-même, plutôt qu'à protéger des frontières tracées par les colons européens il y a cent quarante ans"
(SenePlus) - Dans une chronique publiée le 9 janvier 2025 dans Le Monde, Marie de Vergès dresse un constat alarmant de la circulation des personnes sur le continent africain, révélant les nombreux obstacles qui entravent encore la mobilité des Africains au sein de leur propre continent.
Alors que le Ghana vient d'ouvrir ses frontières sans visa aux détenteurs de passeports africains depuis le début de l'année 2025, cette décision apparaît comme une exception notable. Selon la chronique, seuls quatre autres États sur les cinquante-quatre que compte le continent - le Bénin, la Gambie, le Rwanda et les Seychelles - accordent une telle exemption aux ressortissants africains.
Cette situation paradoxale n'épargne personne, pas même les plus influents. Le magnat nigérian Aliko Dangote, présenté comme l'homme le plus riche d'Afrique, s'en est publiquement plaint lors d'un forum économique au Rwanda en mai 2024 : "En tant qu'investisseur qui souhaite faire prospérer l'Afrique, je dois demander trente-cinq visas différents", a-t-il déclaré, soulignant l'absurdité de devoir "déposer [son] passeport dans les ambassades" malgré son statut d'investisseur majeur présent dans dix-huit pays du continent.
La chronique met en lumière des situations particulièrement aberrantes, comme celle des deux Congo. Les habitants de Brazzaville et de Kinshasa, dont les capitales ne sont séparées que par vingt minutes de traversée en ferry sur le fleuve Congo, doivent présenter passeport et visa pour se rendre d'une rive à l'autre.
Certes, des progrès ont été réalisés, comme le note Marie de Vergès. Selon l'indice d'ouverture en matière de visas de la Banque africaine de développement, le nombre de pays proposant des visas électroniques est passé de moins de dix à vingt-six depuis 2016. Des espaces de libre circulation existent également au sein de certains blocs régionaux, comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.
Pourtant, les obstacles demeurent nombreux. La chroniqueuse cite notamment "les critères d'éligibilité flous, la paperasserie, les longs délais de traitement" qui compliquent l'obtention des visas. Cette situation a des répercussions économiques majeures : le commerce intra-africain ne représente que 15 % des échanges commerciaux du continent.
Une solution existe pourtant sur le papier. En 2018, l'Union africaine a adopté un protocole visant à permettre aux Africains de voyager sans visa dans n'importe quel pays du continent pour une durée maximale de quatre-vingt-dix jours. Mais la chronique révèle que sur les trente-deux pays signataires, seuls quatre l'ont ratifié (Mali, Niger, Rwanda et Sao Tomé-et-Principe), bien loin des quinze ratifications nécessaires pour son entrée en vigueur.
Les réticences des États s'expliquent par diverses craintes : concurrence sur le marché du travail, augmentation de la contrebande et de la criminalité, ou encore propagation des maladies. Mais comme le conclut la journaliste du Monde, "plus de soixante ans après les indépendances, l'Afrique aurait davantage à gagner à s'ouvrir à elle-même, plutôt qu'à protéger des frontières tracées par les colons européens il y a cent quarante ans."
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
ANNETTE MBAYE D’ERNEVILLE, UNE PHARAONNE BÂTISSEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Enseignante, journaliste et écrivaine, elle incarne l’engagement artistique de manière universelle, tout en déployant l’univers africain comme la source de son inspiration
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
La tonalité poétique d’Annette Mbaye d’Erneville est absolue, vivante et vibrante. Elle va puiser aux sources des rites africains pour en faire une bandoulière perlée d’intensité poétique et pour transmettre tout un legs initiatique.
Comme j’aime à le dire souvent, la poésie est un art esthétique fondateur dans la littérature. Elle est à l’origine de notre parole et de notre imaginaire sacré. Avec elle, nous transcendons tout notre héritage culturel fécond et nous sculptons des joyaux pour la postérité. La poésie est un son, elle est une image, elle est un rythme, elle est synonyme d’histoire et de savoirs et elle s’inscrit dans le langage.
Sans hésitation, on peut dire que la création littéraire d’Annette Mbaye d’Erneville appartient à cette catégorie, celle d’une passion poétique qui devient ici une représentation de notre narration symbolique et métaphorique.
Car la tonalité poétique d’Annette Mbaye d’Erneville est absolue, vivante et vibrante. Elle va puiser aux sources des rites africains pour en faire une bandoulière perlée d’intensité poétique et pour transmettre tout un legs initiatique. La sincérité avec laquelle l’auteur poétise nous emporte avec elle de manière immédiate, tout en caractérisant la continuité du langage poétique.
Avant-gardiste de la scène littéraire sénégalaise, Annette Mbaye d’Erneville possède un talent singulier, fait de justesse, de classicisme et d’audace. Sa poésie est l’expression de la vie, de ses déceptions, de ses joies, du souvenir qui surgit douloureusement, de la beauté des rituels, comme une ronde cosmique qui se reforme à chaque étape.
Le style est structuré par une langue imaginative et puisée dans la symbolique africaine. C’est aussi le langage de l’espoir qui prend source dans la figure de la liberté et qui tambourine que « l’Afrique est debout et va vers la lumière. »
Mais c’est aussi une poésie du combat contre l’oppression de l’homme à l’homme, ou encore de l’homme à la femme, qui fouille la mémoire pour dire des « mots de feu » pour éteindre à jamais les flammes de l’injustice et faire revivre une « aïeule guinéenne que tu ne connais pas ».
Elle traduit encore la tendresse pour les femmes qui ont acquis la liberté de « la solitude des nuits d’hiver ». Elle partage son émotion quand « l’exil [est] trop lourd au cœur gourmand de nos vingt ans ».
La poésie d’Annette Mbaye d’Erneville est rare car elle rassemble émotion et combativité, féminisme et union des cœurs, valeurs sacrées et modernité. C’est ce cheminement de rupture transcendante qui fait la puissance et la beauté du chant poétique d’Annette Mbaye d’Erneville.
« Gawlo ! … chante cet homme nouveau
Jeunes filles aux seins debout
Clamez son nom au vent.
Selbé N’Diaye, fais danser ce petit homme.
Tu es un homme, mon fils.
Tu es un homme ce soir.
Ils sont tous là :
Ceux de ta lune première
Ceux que tu nommes pères.
Regarde, regarde-les bien :
Eux seuls sont gardiens de la terre
De la terre qui a bu ton sang
Extrait de « Kassak », Kaddu, Nouvelles éditions Africaines, 1966
Annette Mbaye d’Erneville, née en 1926 à Sokone au Sénégal, est une figure exceptionnelle de longévité dans la poésie négro-africaine. Enseignante, journaliste et écrivaine, elle incarne l’engagement artistique de manière universelle, tout en déployant l’univers africain comme la source de son inspiration. Sa résidence à Dakar représente un lieu littéraire majeur pour tous les écrivains de passage dans le pays. Ses combats en faveur des femmes font d’elle une personnalité très moderne au sein de la communauté littéraire. Son verbe poétique allié à son éloquence investie de justice humaine est une combinaison remarquable qui marque l’histoire littéraire africaine comme un éclat qui continue de briller dans le flambeau de notre civilisation et de notre renaissance.
Le nouveau pouvoir remet en cause le principe de neutralité administrative, considérant certains hauts fonctionnaires comme trop liés à l'ancien régime. Une volonté de rupture qui suscite inquiétudes et controverses au sein de l'appareil d'État
Le Sénégal est en proie à une profonde mutation administrative. Les récents changements politiques ont relancé un débat houleux sur l'impartialité des fonctionnaires et le rôle de l'Administration dans la société. Les accusations de politisation de l'État, portées notamment par la presse, ont mis en lumière les tensions entre la volonté de rupture et la nécessité de préserver une Administration efficace et neutre. Alors que le nouveau régime cherche à imprimer sa marque, les questions se multiplient quant aux critères de sélection des agents publics et aux conséquences de ces choix sur la qualité des services rendus.
La question de l'impartialité au sein de l'Administration publique sénégalaise a été récemment relancée par les médias, dans un contexte politique marqué par des tensions. Les accusations portées à l'encontre de certains fonctionnaires ont ravivé le débat sur leur rôle et leur indépendance. Alors qu'un nouveau régime vise à instaurer un changement, des opinions divergentes se confrontent, souvent teintées de ressentiment et de manipulations.
Récemment, les médias ont soulevé un tollé en désignant plusieurs dirigeants du secteur énergétique comme des ‘’figures du système Macky Sall’’. Cette dénonciation a aussi bien suscité des applaudissements que des critiques virulentes. Les partisans de la nouvelle administration, notamment ceux du parti Pastef, saluent la volonté de séparer les partisans du passé des nouvelles dynamiques nécessaires à la construction d’un Sénégal nouveau.
En revanche, d'autres considèrent cette politique de ‘’purification’’ comme dangereuse pour le bon fonctionnement de l’Administration.
Pour les partisans de Pastef, l’heure n’est plus à la cohabitation avec ceux qui ont, par le passé, été perçus comme des obstacles à la mise en œuvre d'une gouvernance nouvelle. Ils soutiennent que l’Administration publique doit être composée de personnalités qui croient profondément aux nouvelles orientations politiques. Cette position traduit une volonté affirmée d'assainir le paysage administratif, de manière à ne plus laisser de la place à ceux qui pourraient freiner des initiatives jugées nécessaires à l'épanouissement du pays.
Dans cet esprit, les militants de Pastef soulignent la nécessité d'un changement radical, affirmant que les choix passés de certains fonctionnaires, notamment ceux ayant servi le régime précédent, doivent être réexaminés.
Loin de constituer un appel à la chasse aux sorcières, il s'agit d'une démarche perçue comme essentielle pour instaurer une confiance résolue entre le peuple, le gouvernement et l'Administration.
Cependant, cette approche, si elle est soutenue par une part significative de la population, suscite des questionnements quant à ses implications. L’exclusion systématique de fonctionnaires basés sur leur passé peut engendrer un climat de méfiance au sein de l’appareil d'État, nuisant à la continuité et à l'efficacité des services publics.
Les critiques émergent, notamment autour de la question de savoir si l'efficacité des services peut véritablement se fonder sur des affiliations politiques ou si elle ne devrait pas reposer davantage sur la compétence et l'intégrité des agents en place. Les récentes réalisations dans le secteur énergétique témoignent du fait que de nombreux hauts fonctionnaires ont accompli leur devoir avec loyauté, indépendamment des affiliations politiques.
Pour certains militants moins exigeants et partisans, cette démarche ne vise pas à instaurer une chasse aux sorcières, mais plutôt à garantir une Administration dynamique et efficace, capable de répondre aux défis actuels. La sélection des fonctionnaires devrait se baser sur le mérite, la compétence et l'engagement professionnel.
En procédant de la sorte, l'État peut non seulement renforcer son fonctionnement, mais aussi rétablir la confiance du public envers son Administration.
Conséquences de l'impartialité dans l'Administration
L'Administration sénégalaise a longtemps été perçue comme un bastion de continuité, transcendant les changements politiques. Les fonctionnaires, qu'ils soient hauts cadres ou simples agents, se sont souvent adaptés aux besoins des différents régimes.
Cependant, l'arrivée de Pastef a amorcé un changement de paradigme : ceux qui ne partagent pas les valeurs du nouveau régime se voient souvent exclus, ce qui constitue une dérive inquiétante. Fary Ndao, un acteur engagé, a partagé son inquiétude sur cette tendance, arguant que l'Administration doit rester un patrimoine commun, au service de tous, sans considération d'appartenance politique.
Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l'Énergie Birame Soulèye Diop, l’inspecteur Abdoulaye Sylla dénonce les attaques ad hominem dont sont victimes les professionnels du secteur. Il argumente que la désignation de certains fonctionnaires comme ‘’infréquentables’’ à cause de leurs liens passés avec le régime de Macky Sall n'est pas seulement infondée, mais constitue également une menace pour l’intégrité de l’Administration. Ces accusations, à son sens, relèvent plus de la délation que d'une véritable analyse critique.
Pour certains citoyens, l'ascension du discours irascible de certains médias et de militants met en lumière un phénomène préoccupant. Les dénigrements sans fondement visent à créer un climat de peur et de méfiance.
À cet effet, il est essentiel, pour ces premiers, de rappeler que le journalisme doit être un outil de conscientisation et non un instrument de destruction des réputations. Les organes de régulation de la presse comme le CNRA et le Cored, doivent s’intéresser de près à ces dérives pour préserver la démocratie sénégalaise.
Le débat sur l’intégrité des fonctions publiques
Le débat sur l’intégrité des fonctionnaires est complexe. Certains citoyens soutiennent que le ministre Birame Soulèye Diop prend ses décisions en se basant sur la compétence et l’expérience de ses collaborateurs, indépendamment de leur passé politique. En ce sens, chaque fonctionnaire, qu'il soit sous l'égide d'un ancien ou d'un nouveau régime, doit être évalué sur ses résultats et sa loyauté envers l'État.
Pour cet officier d’état civil qui a servi pendant 25 ans avec plusieurs maires de différents régimes, il est impératif de reconnaître que parmi les fonctionnaires, il existe une majorité d'agents apolitiques, dédiés à leur travail et qui ne sont affiliés à aucun parti politique. ‘’Ces professionnels s’efforcent de servir l’Administration avec loyauté, quel que soit le régime en place. Leur engagement envers le service public est souvent fondé sur une éthique professionnelle solide et un désir sincère de contribuer au développement du pays. Ils incarnent un maillon essentiel à la continuité et à l’efficacité de l’Administration, reflétant ainsi une véritable impartialité dans l’exercice de leurs fonctions’’.
Il estime donc que la question de la compétence au sein de l’Administration demeure cruciale. ‘’Il est indéniable que certains postes ont été pourvus sur la base de considérations politiques, souvent au détriment de l’efficacité et de la performance. Dans cette optique, il devient nécessaire de réévaluer les qualifications des agents qui, en raison de leur recrutement fondé sur des quotas politiques ou des affiliations partisanes, ne répondent pas aux exigences de leurs fonctions. Ces individus, qui manquent de compétences nécessaires pour gérer des responsabilités stratégiques, doivent être remplacés’’.
En somme, un renouvellement basé sur l’efficacité et la compétence doit aller de pair avec la reconnaissance du dévouement des fonctionnaires apolitiques qui constituent la colonne vertébrale de l'Administration sénégalaise. L’équilibre entre navigation dynamique vers la performance et respect des valeurs de service public sera déterminant pour édifier une Administration au service de tous les Sénégalais, indépendante des influences politiques.
LA MÉMOIRE COMPLEXE DES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS
"Traîtres" ou "héros ?" Ces soldats, qui ont combattu sous le drapeau français, incarnent les paradoxes de l'histoire coloniale. L'enjeu est de construire un récit national sans tomber dans le giège d'une lecture uniquement héroïque ou accusatrice
(SenePlus) - Le récent limogeage de Cheikh Oumar Diagne, le 31 décembre 2024, après avoir qualifié les tirailleurs de "traîtres", révèle les tensions profondes qui entourent la mémoire de ces soldats africains. Selon Le Monde, cette polémique illustre la complexité d'un héritage colonial qui continue de diviser la société sénégalaise.
La figure du tirailleur cristallise des perceptions contradictoires. D'un côté, ces hommes sont célébrés comme des héros ayant payé un lourd tribut, notamment lors du massacre de Thiaroye en 1944, où des dizaines, voire des centaines de soldats africains furent tués par l'armée française alors qu'ils réclamaient leur solde. De l'autre, leur participation à la répression coloniale soulève des questions délicates : ils ont été déployés pour mater des soulèvements à Madagascar, au Maroc, en Algérie et au Cameroun.
"Après les indépendances, ils ont pu être considérés de manière négative", explique l'historien Martin Mourre au Monde. Cette ambivalence se reflète dans le témoignage poignant de N'Dongo Dieng, ancien tirailleur, qui évoque son malaise lors de son déploiement en Algérie, confronté à d'autres musulmans "comme nous".
L'historien Pape Chérif Bertrand Bassène souligne la nécessité de dépasser les jugements simplistes : "Héros, traîtres, victimes, il est de toute manière restrictif de résumer ainsi ce que furent les tirailleurs." Il rappelle notamment que certains d'entre eux étaient d'anciens esclaves "rachetés" par la France, complexifiant encore leur statut.
Le chantier mémoriel lancé par le président Bassirou Diomaye Faye, incluant une commission sur Thiaroye et un conseil national de la mémoire, s'annonce donc délicat. "Un tel chantier mémoriel ne peut pas se faire sans débats et oppositions", affirme Bassène, citant les paradoxes inhérents à ce travail : le pont Louis Faidherbe à Saint-Louis, symbole colonial contesté, rappelle que cet administrateur s'appuyait lui-même sur des tirailleurs.
Cette complexité se retrouve même dans la célébration des héros nationaux. Bassène évoque le cas de Fodé Kaba : "Pour beaucoup, c'est un grand résistant, mais dans bien des villages de la Casamance, c'est un homme autoritaire arrivé là par la conquête."
La récente reconnaissance par la France du "massacre" de Thiaroye, qualifié par le ministre Jean-Noël Barrot de "plaie béante dans notre histoire commune", marque une étape importante. Mais elle souligne aussi la nécessité d'un dialogue approfondi sur cette histoire partagée, alors que le Sénégal s'engage dans une redéfinition de ses relations avec son ancienne puissance coloniale.
Ce travail de mémoire, nécessairement complexe et parfois contradictoire, devra, selon Bassène, s'appuyer sur les historiens et les universités pour éviter les écueils d'une vision simplificatrice du passé. L'enjeu est de taille : construire un récit national qui fasse justice à la complexité de cette histoire, sans tomber dans les travers d'une lecture uniquement héroïque ou accusatrice.
L'AFRIQUE DES PUTSCHS VUE PAR ACHILLE MBEMBÉ
L'intellectuel camerounais décrypte l'émergence d'un modèle étatique hostile aux libertés fondamentales. En toile de fond, une économie de prédation s'installe, mêlant mercenaires, exploitation minière et répression politique
(SenePlus) - Dans une tribune publiée par Le Monde ce samedi 11 janvier 2025, le philosophe et historien Achille Mbembé, dresse un constat alarmant de la situation politique en Afrique de l'Ouest, où se dessine un nouveau modèle étatique hostile aux libertés fondamentales.
Selon l'intellectuel camerounais, deux visions s'affrontent aujourd'hui sur le continent africain. D'un côté, un projet de "démocratie substantive" porté par une nouvelle génération d'activistes, qui lie étroitement décolonisation et démocratisation. De l'autre, un courant souverainiste qui, sous couvert d'anti-impérialisme, "considère la démocratie libérale comme un piège, le cheval de Troie de la domination occidentale", écrit Mbembé.
C'est particulièrement en Afrique de l'Ouest que ce second modèle s'enracine, avec l'émergence d'"États-casernes" au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. "L'armée se veut l'État", analyse le philosophe, qui souligne que "loin de chercher à domestiquer la violence et de civiliser les mœurs politiques, le gouvernement est assimilé au commandement et le politique à une guerre larvée."
La Guinée comme laboratoire de la répression
Le directeur général de la Fondation de l'innovation pour la démocratie basée en Afrique du Sud, pointe particulièrement du doigt la situation en Guinée sous le régime de Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir par un coup d'État le 5 septembre 2021. Le pays est devenu, selon lui, le "terreau le plus fertile" de la dérive liberticide. "La machine répressive fonctionne désormais à plein régime", affirme-t-il, détaillant un système où les opposants sont arrêtés de nuit et détenus sur l'île de Kassa, "où en règle générale, ils sont malmenés physiquement et soumis à des traitements dégradants."
L'auteur révèle des chiffres glaçants : "Entre 60 000 et 75 000 Guinéens ont été tués par les régimes successifs" depuis l'indépendance, selon les organisations internationales de défense des droits humains qu'il cite. Sous le seul régime de Lansana Conté, "plus d'1,5 million d'habitants ont fui le pays."
Un écosystème de prédation
Le philosophe décrit un système qui dépasse la simple répression politique. Les régimes militaires ouest-africains ont mis en place ce qu'il nomme une "matrice élargie de la prédation", où s'entremêlent "la guerre, l'économie de ponction, l'extraction et la prédation." Il pointe notamment le recours croissant aux mercenaires et l'externalisation de la sécurité vers des opérateurs privés.
En Guinée, la situation économique se dégrade dramatiquement : "Les prix à la consommation enregistrent de fréquentes hausses et près de 10 % de Guinéens n'arrivent plus à manger à leur faim", alerte Mbembé. Pendant ce temps, "la lutte pour le contrôle des moyens de prédation ne cesse de s'envenimer au sein des différentes fractions de l'armée", particulièrement dans le secteur minier.
Pour l'intellectuel, cette situation fait de la Guinée "une menace objective pour la paix, la sécurité et la stabilité régionale." Il prédit une "intensification des tensions sociales" et une "radicalisation de l'opposition", tandis que la junte s'apprête à organiser "des élections en trompe-l'œil" pour se maintenir au pouvoir.
18 FILMS SÉNÉGALAIS EN COMPÉTITION AU FESPACO
Le film "Demba" de Mamadou Dia, déjà auréolé du Tanit de bronze à Carthage, portera les espoirs du pays dans la prestigieuse compétition des longs métrages.
Du 22 février au 1er mars, Ouagadougou accueille la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Cette année, le Sénégal sera fortement représenté par une vingtaine de films. Malgré l’absence notable d’une représentation dans la catégorie des longs métrages documentaires et des films d’école, le Sénégal marque tout de même sa présence.
Du 22 février au 1er mars, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, sera le point de rencontre des cinémas d’Afrique et de la diaspora. 235 films de 48 pays seront à l’honneur pendant cette 29e édition dont le thème est : «Cinémas d’Afrique et identités culturelles.» En conférence de presse hier, le comité d’organisation a rendu publique une grande partie de la sélection officielle. Le Sénégal, cette année, se distingue par une représentation de 18 films déjà sélectionnés en attendant la publication des autres sections, la section Perspectives notamment, prévue ce mardi à Ndjamena au Tchad, qui est le pays invité d’honneur.
Parmi les films sénégalais en sélection, un seul sera en lice dans la compétition reine des longs métrages fictions pour remporter l’Etalon d’or du Yennenga. Il s’agit de Demba de Mamadou Dia. Récemment rentré au Sénégal avec le Tanit de bronze des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), le film de Mamadou Dia sera en lice aux côtés d’autres grands noms du cinéma africain. Dans la sélection long métrage figure en effet le film Les enfants rouges du Tunisien Lofti Achour, Everybody loves Touda du Marocain Nabil Ayouch, Augure du Belgo-Congolais Balodji, The village next paradise du Somalien Mo Harawe, On becoming a guinea fowl de la Zambienne Rungano Nyoni, Nome du Bissau-guinéen Sana Na N’Hada, ou encore Goodbye Julia du Soudanais Mohamed Kordofani. Absent de la sélection des longs métrages documentaires, le Sénégal marque de son empreinte celle des courts métrages fictions et documentaires avec 5 films en sélection. Il s’agit de Less Waxul de Yoro Mbaye, déjà couronné du Prix Annette Mbaye d’Erneville du Festival Dakar Court. 2002, bataille contre l’oubli de Abdoul Aziz Basse, Beutset de Alicia Mendy, Langue maternelle de Mariame Ndiaye, Nous les griots de Demba Konaté, complètent la liste.
Dans d’autres sections, le Sénégal est représenté par Debbo de Abdoulahad Wone et Hair lover de Babacar Niang pour les séries. Dans la section Animation, les aventures de Kady et Djudju (L’empire du Ghana) de Fatoumata Bathily et Milimo de Kemane Ba représentent le Sénégal. Dans la section Sukabe, on retrouve les films Kreme de Magaye Gaye, Les yeux de Mabil de Khadidiatou Sow, Timpi Tampa/ Empreinte de Adama Bineta Sow. Dans la section Panorama, c’est Banel et Adama de Ramata Toulaye Sy et Ndar Saga Waalo de Ousmane William Mbaye qui seront en compétition aux côtés du documentaire Yambo Ouologuem, la blessure de Kalidou Sy. Nouvelle section, Fespaco Réalité virtuelle (Vr) enregistrera la participation de la série Dakar Faan club et de Ndokette. Avec la proclamation des autres sections ce mardi, le Sénégal pourrait bien enregistrer une vingtaine de films et projets en compétition au Fespaco. Une belle moisson donc pour le cinéma sénégalais. Au total, pour cette présente édition, l’organisation du Fespaco a reçu un total de 1351 films. 235 composent la sélection, ce qui augure encore une fois fois une grande célébration du 7e art africain. Cette année, le Fesapco coïncide avec le centenaire de Paulin Soumanou Vieyra, cinéaste et membre fondateur de la Fédération africaine de la critique (Facc). Nul doute que des évènements spéciaux marqueront ce centenaire.
Mati Diop décline sa sélection
Le Sénégal du cinéma s’apprête à se rendre à Ouagadougou. Mais dans les bagages de la délégation, une absence notable. Celle de Dahomey de Mati Diop. Le film qui a remporté l’Ours d’or du Festival de Berlin en 2024, ne figure sur aucune des sections. Renseignement pris, la production aurait décliné une sélection dans la section Panorama.
Des absences qui interpellent
Le Sénégal est particulièrement bien représenté à cette 29e édition du Fespaco. 18 films au moins et des projets de films seront présentés à cette édition. Mais l’absence d’un film sénégalais dans la section Long métrage documentaire interpelle, puisque depuis 2009, le Sénégal a toujours été présent dans cette catégorie et a même eu à remporter des prix à travers l’œuvre de Ousmane William Mbaye, Kemtiyu, sacrée meilleur documentaire en 2017. Qu’est-ce qui explique cette absence ? Les explications sont nombreuses, mais pour Sébastien Tendeng, producteur de films documentaires, c’est surtout parce que le documentaire est le parent pauvre du cinéma sénégalais. Autre absence notable du Sénégal, c’est la section des Films d’école où le Sénégal n’est pas représenté. Une absence pour le moins intrigante.