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24 novembre 2024
Développement
ALY NGOUILLE NDIAYE, L'ALLIÉ CONVOITÉ
L'ancien ministre de l'Intérieur est devenu la cible de toutes les convoitises politiques à l'approche des législatives du 17 novembre. Son poids électoral à Linguère et sa réputation de gagneur attirent aussi bien l'opposition que le pouvoir en place
Plusieurs formations politiques comme l’Apr cherchent à s’allier avec Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur et de l’Agriculture, en vue des élections législatives du 17 novembre prochain. La solide réputation que le maire de Linguère s’est bâtie en remportant tous les scrutins y est pour quelque chose au point que du côté du régime en place, on chercherait à avoir son soutien.
L’ancien ministre Aly Ngouille Ndiaye est en plein dans les préparatifs des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain. L’ancien candidat à la Présidentielle et leader du Parti pour la souveraineté et le développement (Psd Njariñ) voit le siège de sa formation politique devenir un véritable carrefour pour les acteurs politiques influents.
Ayant reçu dernièrement une délégation importante de l’Alliance pour la République (Apr), comprenant le président sortant de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, et plusieurs anciens ministres dont Mahmouth Saleh et Mbaye Ndiaye, l’ancien ministre de l’Intérieur a vu les émissaires de l’ancien Président Macky Sall tenter de le convaincre à rejoindre leur coalition pour ces élections. Devenu «incontournable» à Linguère où il a toujours remporté les scrutins, Aly Ngouille Ndiaye va rencontrer d’autres figures politiques, annonce-t-on. Parmi ces figures politiques, on cite l’ancien Premier ministre Amadou Ba et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, ainsi que des responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) et même des représentants du pouvoir en place, a constaté Seneweb.
Après les difficultés connues lors de la dernière élection présidentielle du 24 mars dernier à l’issue de laquelle il avait fini derrière la Coalition «Diomaye Président» et Bby dans plusieurs départements, le soutien du maire de Linguère est considéré comme «crucial» et pourrait «influencer» l’issue du scrutin du 17 novembre. Ce qui qui fait que chacun des acteurs cherche à s’allier avec lui. Les jours à venir édifieront l’opinion publique sur la décision que prendra l’ancien ministre de l’Intérieur par rapport à ces joutes électorales.
Pour rappel, l’ancien ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, avait annoncé vendredi dernier la création de sa formation politique, le Parti pour la souveraineté et le développement, Jiitel Njarinu Reewmi (Psd Njariñe).
par Jaume Portelle Cano
OBLIGATIONS DE LA DIASPORA : UNE ALTERNATIVE POUR LE FINANCEMENT ?
Cette approche, déjà éprouvée par d'autres nations, promet de réduire drastiquement la charge de la dette tout en renforçant les liens avec les Sénégalais de l'étranger
Un PDF de 11 pages peut déclencher des changements politiques dans un pays de 54 millions d'habitants. C’est le cas ici. En proie à une lourde dette et en négociations avec le FMI, le Kenya a annoncé fin juin un plan économique prévoyant une hausse des impôts pour réduire le déficit budgétaire du gouvernement. Du pain aux transferts mobiles, tout était taxé. Avec une population frappée par l’inflation alimentaire, le plan a reçu le soutien des investisseurs, mais a été rejeté par les Kényans. Les manifestations ont fait au moins 39 morts et le parlement a été attaqué par certains manifestants. Cet épisode a conduit William Ruto, le président du Kenya, à annuler la loi.
C’était une démonstration de vitalité démocratique, mais une mauvaise nouvelle pour les investisseurs, comme l’a résumé un analyste des marchés émergents dans des déclarations à Bloomberg. Quelques jours après l’abandon des mesures, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit du Kenya. Un signal clair : le Kenya, qui s’était endetté à plus de 10 % en février pour rembourser une obligation arrivant à échéance en juin, aura désormais un accès plus difficile aux marchés privés. Désormais, toute opération similaire lui coûtera probablement un taux supérieur à 10 %. Dans ces conditions, accéder au financement du FMI - à des taux d’intérêt plus bas - et accepter ses conditions devient presque une obligation.
C’est une impasse dans laquelle se trouvent tous les pays africains qui s’endettent en dollars sur le marché privé. Lorsque les taux d’intérêt augmentent à la Réserve fédérale et à la Banque centrale européenne, la fenêtre de financement se referme et ils se retrouvent piégés entre les créanciers privés et le FMI : soit ils acceptent de s’endetter à des taux prohibitifs, soit ils adhèrent à un plan d’ajustement structurel. Ils ne peuvent pas se passer de dollars : c’est avec eux qu’ils paient les importations de nourriture et de carburant, indispensables au bon fonctionnement de toute société.
Tant que le pays a accès aux prêts, il peut refinancer la dette peu avant l’échéance - emprunter 100 dollars pour rembourser les 100 dollars dus - et seuls les intérêts changent. Le problème survient lorsque la fenêtre est fermée ou que les prêts deviennent plus chers, transformant la boule de neige des intérêts en un fardeau qui s'accapare, année après année, une part importante des ressources du budget national. Au Kenya, en Angola, au Malawi, en Ouganda ou au Ghana, plus de 20 % des recettes publiques sont consacrées au paiement des intérêts de la dette. Deux pays dépassent les 30 % (Zambie et Nigeria), et l’Égypte a déjà franchi les 40 %. En mai, l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes écrivait que les pays africains avaient peu de chances de résoudre leur crise de la dette dans un système « truqué contre eux ».
Le financement comme point de départ
Le nouveau gouvernement sénégalais, présidé par Bassirou Diomaye Faye, a réussi à la fin du mois de mars à conclure l'une des histoires politiques les plus épiques de ces dernières années. Faye, qui était emprisonné, est passé en 11 jours de la prison à une victoire électorale dès le premier tour. Son principal soutien, le populaire Ousmane Sonko, est également sorti de prison et a joué un rôle clé dans la victoire contre Amadou Ba, dauphin du président sortant, Macky Sall. Leurs promesses ont reçu un fort soutien, notamment chez les jeunes Sénégalais. Pour l’instant, les premières initiatives en matière de politique économique ont suivi une ligne de continuité par rapport à l’administration précédente. Le FMI s’est félicité que le gouvernement de Faye reste engagé dans le programme de réformes existant et ait l’intention de poursuivre la « consolidation budgétaire ». La confiance des marchés financiers dans le nouveau gouvernement s’est manifestée avec la vente d’Eurobonds d’une valeur de 750 millions de dollars, à un taux d’intérêt de 7,75 % sur sept ans. Avec des échéances de dettes importantes en 2026, les promesses les plus radicales du programme - la sortie du franc CFA ou la renégociation des contrats d’exploitation des ressources naturelles avec des entreprises étrangères - semblent aujourd'hui un écho lointain. Avec un déficit commercial permanent, le Sénégal dispose de peu de marge de manœuvre pour réduire sa dépendance envers les prêteurs, qui, en conséquence, dictent les limites de ses politiques.
La nouvelle administration pourrait gagner un peu de répit grâce à sa diaspora croissante. La migration est, au Sénégal, un facteur économique de premier ordre : elle représente 10 % du PIB, et la population sénégalaise dispersée dans le monde a contribué en 2023 près de 3 milliards de dollars à l’économie nationale. Dans la grande majorité des cas, il s’agit de transferts sporadiques qui contribuent à la consommation alimentaire et au paiement des factures courantes. Pendant la pandémie, ces envois ont été un véritable bouclier qui a permis au pays de tenir malgré la chute du tourisme. Ensuite, ils ont aidé à atténuer la hausse des prix alimentaires après la guerre en Ukraine. Cette diaspora, au fil des ans, a également pris une place politique. Au-delà du soutien financier, elle souhaite désormais participer au débat sur l’avenir du pays. Elle a joué un rôle clé dans le soutien financier au parti d’opposition qui a fini par remporter la présidence. Rarement diaspora et gouvernement sont aussi alignés qu’au Sénégal. À cet égard, les obligations de la diaspora pourraient être une option intéressante pour obtenir un financement - en dollars ou en euros - à un coût beaucoup plus bas. De cette manière, la diaspora pourrait transformer ses transferts périodiques en un levier d'investissement plus ambitieux.
Prenons l’exemple de la dernière euro-obligation vendue par le Sénégal. À 7,75 %, le Sénégal devra verser environ 58 millions de dollars d’intérêts chaque année pendant sept ans. Au total, il aura payé plus de 400 millions pour recevoir 750 millions. Une obligation de la diaspora est un instrument déjà utilisé par des pays comme Israël ou l’Inde. Le patriotisme des investisseurs permet d’obtenir des taux d’intérêt plus avantageux. Dans certains cas, ce type de financement est utilisé lorsque le pays a du mal à accéder aux financements - ce qui est précisément la situation actuelle des pays africains. Si le Sénégal pouvait vendre une obligation de 750 millions de dollars à sa diaspora avec un taux d’intérêt de 1 %, il économiserait plus de 50 millions de dollars d’intérêts annuels. Cet argent pourrait être réinvesti dans des écoles, des hôpitaux, des infrastructures ou des aides aux agriculteurs. Chaque année. Une augmentation de la production alimentaire au Sénégal réduirait la facture des importations de produits alimentaires tels que le riz (657 millions de dollars en 2022), le maïs (100 millions), les pommes de terre (32 millions) ou les oignons (113 millions).
Les économies réalisées sur la facture des importations permettraient de réinvestir cet argent au Sénégal ou de financer l’importation de machines pour améliorer la productivité agricole ou renforcer la souveraineté énergétique. Sur le point de devenir un producteur de pétrole et de gaz, le Sénégal disposera de nouvelles sources de revenus qui, sous la structure actuelle, serviront à payer les intérêts croissants du service de la dette. Ces intérêts élevés contribuent à maintenir la structure économique actuelle : face à la nécessité d’honorer les paiements annuels de la dette, le pays peine à financer un projet d’industrialisation. Il continue d'exporter des arachides - à qui un tiers de ses terres cultivées sont dédiées - sans transformation, comme à l'époque coloniale. Réduire la facture des intérêts ouvrirait la voie à une meilleure protection sociale ou à des investissements accrus, tout en permettant de mener une politique agricole avec plus de ressources ou de tenter de valoriser les ressources naturelles du pays.
Le court terme s'oppose au long terme
Réduire la quantité de fonds envoyés aux familles constituerait un changement important. Moins de fonds signifie également moins de consommation et moins de clients pour certains commerces. Cela provoquerait un choc pour l'économie locale. C'est le principal inconvénient potentiel d'une obligation de la diaspora, mais les bénéfices à moyen terme seraient considérables : une amélioration de la productivité agricole – obtenue grâce au soutien aux agriculteurs avec des engrais moins chers – augmenterait la quantité de nourriture disponible, réduisant ainsi les dépenses liées aux produits alimentaires importés, actuellement financées par ces envois d'argent. Une réduction structurelle des taux d'intérêt – si le Sénégal parvenait à réduire progressivement son portefeuille d'obligations à 7 % d'intérêt pour le convertir en un portefeuille avec des obligations à 1 % – libérerait des fonds pour financer une partie de cette transition pour les familles touchées. Le paiement des intérêts de la dette extérieure est l'une des dépenses les plus importantes du gouvernement sénégalais. En 2023, selon l'UNCTAD, le Sénégal a consacré 12,5 % des recettes de l'État au paiement des intérêts de sa dette. Avec des obligations de la diaspora et des investissements orientés vers l'agriculture locale, le Sénégal serait en mesure de réduire cette charge et de réaffecter ces fonds à sa population. Contrairement aux émissions obligataires, qui dépendent des fluctuations des marchés internationaux et des taux d'intérêt fixés par les banques centrales des pays riches, la diaspora envoie cet argent au Sénégal chaque année, quoi qu'il arrive. Ce qu'elle envoie représente déjà le double de l'aide internationale reçue par le pays. Si cet argent existe, pourquoi ne pas l'utiliser autrement ?
Par Hamidou ANNE
VITE, UN FRONT REPUBLICAIN !
«Seule une main peut défaire ce qu’une autre a fait» serait la traduction plus ou moins proche du dicton wolof. Mais l’idée reste de mon point de vue sans nuance aucune : la démocratie a conduit au pouvoir un parti anti-démocratique et anti-républicain
«Seule une main peut défaire ce qu’une autre a fait» serait la traduction plus ou moins proche du dicton wolof. Mais l’idée reste de mon point de vue sans nuance aucune : la démocratie a conduit au pouvoir un parti anti-démocratique et anti-républicain. C’est à la démocratie d’enlever l’abcès Pastef du corps du Sénégal. En six mois, Pastef a montré qu’il n’était pas un parti de gouvernement. Il avait mis en avant une infrastructure insurrectionnelle censée le conduire au pouvoir et compte gouverner par la menace et l’outrance.
Ceux qui sont surpris par cette gouvernance chaotique me surprennent. Soit ils n’avaient pas assez observé ce parti dans l’opposition, soit ils étaient peu exigeants sur les valeurs démocratiques et républicaines, soit enfin ils ne sont pas de bonne foi. Ces gens ne peuvent pas gouverner dans la sérénité car ce sont des populistes dont les idées s’ancrent dans une perspective insurrectionnelle et dans une volonté de détruire les fondements de l’Etat laïc et républicain. Mon ami Yoro Dia a été bien inspiré un jour de souligner que le projet du parti Pastef relevait d’une «négation du Sénégal» par sa volonté de destruction du modèle social de concorde sociale et religieuse et d’ouverture du pays à tous les vents féconds du monde.
Six mois après l’arrivée au pouvoir de ces amateurs, les Sénégalais découvrent un chef de gouvernement plus prompt à aller au théâtre qu’à l’Assemblée ; en plus de sortir des énormités verbales dans une langue plus que sommaire. Pire, nos concitoyens se rappellent qu’entre deux missions du Fmi, la charge de gestion d’un Etat requiert sérieux et compétence et non verbiage et slogans vaseux. Le Fmi, qui soulignait, dans un compte-rendu du mois de mai 2024, que les signaux étaient au vert avec un déficit à 3,9% et une croissance à 7,1%, sonne désormais l’alarme et informe qu’en trois mois, tous les indicateurs sont passés au rouge. Le déficit passe à 7,5% et la croissance chute à 6%, avec une économie dont la perspective est négative. Le ralentissement économique reflète, selon le Fonds, «une activité plus faible dans les secteurs minier, de la construction et agro-industriel». Au lieu de s’acharner à maintenir la trajectoire vertueuse dessinée par le régime précédent, le gouvernement a versé dans des actions tape-à-l’œil de blocage systématique de l’activité économique. L’arrêt des chantiers sur le littoral, l’acharnement fiscal, les discours incendiaires vis-àvis de nos partenaires internationaux, les atermoiements sur le franc Cfa, les clins d’œil aux aventuriers de l’Aes, les purges annoncées par l’Exécutif, l’incompétence au sommet de l’Etat sont autant de facteurs qui déroutent les investisseurs, menacent le climat des affaires et freinent l’activité économique. Ils ont hérité d’un Sénégal sur une pente ascendante avec une signature crédible, des signaux au vert et dans une vraie dynamique d’émergence, et veulent le transformer en un petit Etat tropical du début des années 60 préoccupé par les règlements de comptes et les économies d’épicier, et les discours suspicieux propres aux dictatures de l’époque. Ils glosaient sur des milliers de cadres compétents et intègres, mais ont dû racler les fonds de tiroir pour trouver des ministres et directeurs généraux dont l’incompétence et l’irresponsabilité suintent à la première prise de parole. Les mêmes qui ont appelé au «Mortal Kombat» pour sauver le «Projet» ont avoué le 24 avril qu’ils n’en avaient pas un. Ils sont les mêmes à avoir rusé pour soustraire leur gourou de l’exigence constitutionnelle de la Déclaration de politique générale. Ces gens ont rompu avec la tradition de la concertation consacrée depuis 1991 en vue de l’organisation de chaque rendez-vous électoral.
Les violations de la loi se multiplient, de même que les volontés de règlements de comptes ; sans oublier les discours orduriers et les injures et propos outrageants à l’encontre des chefs religieux, autorités coutumières, journalistes et intellectuels qui ont l’outrecuidance de ne pas se soumettre aux désidératas du gourou et de son fidèle échanson.
Ceux-là qui appelaient à la préférence nationale voient leur ministre de la Santé assumer que la préférence allait au parti et à ses militants. Cheikh Tidiane Dièye, cet opportuniste qui a en plus le bon goût d’être un incompétent notoire, pense esquiver pour toujours le dossier de l’Onas, tandis que Cheikh Oumar Diagne est maintenu en fonction malgré son incompétence, ses diplômes douteux et ses propos sidérants menaçant l’unité et la sécurité nationales.
Pour les Législatives anticipées, les démocrates et républicains doivent se mobiliser afin de faire échec à ce régime dont la volonté est de nous maintenir dans des basses querelles de vaisselle et de micro-ondes, faute de vision solide et de solutions concrètes aux vrais enjeux économiques et sociaux.
La dissolution téléguidée, l’organisation chaotique du scrutin à venir et les menaces graves du parti Pastef sur l’unité nationale nous engagent et nous obligent. Au nom de la laïcité républicaine, des libertés publiques, du pouvoir d’achat et de la crédibilité du Sénégal à l’étranger, nous devons toutes et tous faire preuve de responsabilité avant que l’irréparable ne se produise.
En démocratie, entre républicains, nous sommes des adversaires opposés par des visions différentes sur la société et sur la manière de conduire nos stratégies de développement. Mais sur l’essentiel, qui consacre la préservation de la République, de la laïcité et du modèle social sénégalais, nous sommes assis sur le même socle érigé par nos Pères fondateurs. Ce n’est pas le cas de Pastef, qui est un parti fasciste, donc en dehors de l’arc républicain, et dont la pratique politique se fonde exclusivement sur la violence et la grossière manipulation.
Tout ceci nous oblige au combat avec rigueur, hargne et hardiesse afin de faire un demi-tour démocratique dès les Législatives et transformer l’essai en 2029. Le parti Pastef doit être une parenthèse dans la République, comme le nazisme l’a été en Allemagne.
Au regard de ce qui précède, je suis convaincu qu’un large rassemblement des forces politiques autour de l’impératif d’un Front républicain constitue une urgence. Les limites idéologiques de ce Front républicain sont l’adhésion aux valeurs de la République. Les familles politiques historiques, socialistes, libéraux et sociaux-libéraux, parce qu’elles ont fondé le Sénégal et gouverné jusque-là, ont une obligation de sauver la République du désastre Pastef, de l’islamisme rampant, des menaces sur les libertés, de l’effondrement économique et de l’isolement du Sénégal sur la scène internationale.
Ce rassemblement nécessite de l’ingéniosité grâce à l’expérience électorale des uns et des autres, de la générosité, du courage de décider parfois contre les siens et du sens du sacrifice pour la seule urgence valable : la République.
La République du Sénégal est menacée. Tâchons toutes et tous d’être à la hauteur de l’histoire et de l’exigence de sauver la Patrie républicaine outragée, menacée et désacralisée. Si le parti fasciste a entre les mains tous les leviers du pouvoir, il en sera fini du Sénégal dont nous avons hérité et qu’il nous incombe de transmettre comme legs précieux aux prochaines générations de Sénégalaises et de Sénégalais.
J’avais écrit dans ces mêmes colonnes ceci, le 26 mars dernier : «Dès la proclamation définitive des résultats, il faut offrir à la moitié des Sénégalais, qui ont refusé de confier le pays à des aventuriers, un horizon, un projet, un discours et un cadre d’expression pour une opposition exigeante sur les principes, intelligente sur la stratégie et innovante sur les méthodes. Dans ce chemin d’espérance qui doit surgir pour faire de la défaite du 24 mars un terreau fertile pour un sursaut vers des victoires futures, je suis prêt à assumer toute ma part de responsabilité.»
Pour ce scrutin, nous ne devons pas nous dérober face à nos responsabilités afin de faire face aux fascistes, au nom de la République et du vivre-ensemble.
Vite, un Front républicain !
DÉCÈS D’AMADOU MAHTAR MBOW
Ancien Directeur général de l'UNESCO, ministre et intellectuel respecté, il laisse derrière lui un héritage inestimable. Son parcours exceptionnel, du Sénégal à la scène internationale, témoigne d'une vie entièrement dédiée au progrès et à l'humanité
L’ancien Directeur général de l’Unesco de 1974 à 1987, Amadou Mahtar Mbow, est décédé mardi, à l’âge de 103 ans, a-t-on appris du journaliste Mademba Ndiaye.
”Amadou Mahtar Mbow vient de quitter ce monde dont il été le serviteur toute sa vie. Il fait partie de ceux et celles qui ont mené une vie utile pour le genre humain. A 103 ans, il peut reposer en paix. Que le Firdaws (paradis) soit sa demeure (….)”, écrit Mademba Ndiaye dans un hommage sur X.
Universitaire et homme politique, Amadou Mahtar Mbow a fait ses études supérieures en France. Il a enseigné l’histoire et la géographie et a été ministre de l’Education, puis de la Culture, entre 1966 et 1970. Il a été directeur général de l’Unesco pendant treize ans.
Amadou Mahtar Mbow a présidé en juin 2008 les Assises nationales du Sénégal ainsi que la Commission nationale de réformes des institutions (CNRI).
Le Sénégal a célébré en mars 2021 le Centenaire de Amadou Mahtar Mbow, sous le parrainage de l’ancien chef de l’Etat Macky Sall.
L’évènement a été marqué par la tenue d’un colloque international et d’une exposition sur la vie et à l’œuvre du professeur Amadou Mahtar Mbow.
Les thèmes ‘’Amadou Mahtar Mbow, l’éducateur émérite’’, ‘’Amadou Mahtar Mbow, le visionnaire : actualité du Nouvel Ordre Mondial de l’information et de la Communication (NOMIC) et du consensus’’ seront débattus ainsi que ‘’Amadou Mahtar Mbow, permanence d’un engagement politique et citoyen’’ étaient au menu des débats.
La deuxième université publique de Dakar construite à Diamniadio porte son nom.
PAR ELHADJI MAMADOU MBAYE
DE L’ÉVALUATION DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE DE DIOMAYE-SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Le gouvernement n'a pas encore réussi à dissiper le pessimisme ambiant face à la soif d'espoir de la jeunesse. Ils n’ont pas encore réussi à agir sur les imaginaires. Le bilan à l’heure actuelle est « mi-figue, mi-raisin »
Peut-on, doit-on « déjà » évaluer l’action gouvernementale de Diomaye-Sonko ? Cette question fait l’objet de débats aussi bien dans les forums scientifiques, les forums politiques et ceux de la société civile.
L’évaluation d’un travail gouvernemental dépend des indicateurs que nous voulons évaluer. On ne peut pas évaluer sans avoir eu de baseline, c’est-à-dire d’où l’on est parti et où on veut aller, dans combien de temps. Cela aurait nécessité au premier mois d’avoir un projet suffisamment clair, des objectifs suffisamment précis à court, moyen et long terme pour permettre à l’ensemble des observateurs de suivre et d’évaluer en tout temps et en tout lieu l’action gouvernementale. Nous sommes à 6 mois et n’avons toujours pas un tableau de bord, ce « PROJET » qui nous permettrait d’apprécier l’action publique. Cette situation désagréable entraine conflits et controverses chez ceux-là même qui ont voté pour le nouveau régime. Quand faut-il alors les évaluer ? après la mise en place de la Nouvelle Assemblée ? À un an ? à la fin du mandat de cinq ans ? Et s’ils n’ont pas la majorité absolue à l’Assemblée ?
Quels indicateurs pouvons-nous évaluer pour dire que les nouvelles autorités sont sur la bonne, la mauvaise voie, s’ils vont réussir ou échouer. Est-ce que le facteur temps : six mois, est suffisant pour évaluer un travail gouvernemental surtout dans le contexte actuel du Sénégal.
Une analyse diachronique et synchronique dans d’autres contextes démontre que la réussite d’un travail gouvernemental dépend des orientations prises au début, à l’origine. La référence mondiale est « les 100 premiers jours », qui renvoient au New Deal de Roosevelt qui avait réussi en 100 jours à voter une série de lois qui ont fixé le cap et permis aux Etats-Unis de sortir de la crise de 1929. Nous sommes à plus 200 jours ! Effectivement, le contexte n’est pas le même, mais en six mois, il est possible, déjà, de montrer la voie, de donner de l’espoir à la population (en France, on dirait c’est cet espoir qui permet de susciter la consommation des ménages et de faire repartir l’économie). Au Sénégal, la plupart des investisseurs attendent d’être édifiés sur les orientations du gouvernement avant d’investir.
Oui, effectivement, sur certaines questions (la lutte contre la corruption, les politiques agricoles, la réforme de la justice… c’est plus ou moins clair me semble-t-il, il y a déjà des orientations, mais sur beaucoup d’autres et parfois les plus importantes, les orientations ne sont pas claires. Nous attendons le Projet et la déclaration de politique générale.
L’une des attentes majeures et sur lesquelles, les Sénégalais et surtout les jeunes attendent le gouvernement c’est de rétablir l’espoir. Malheureusement, sur cette question fondamentale, le gouvernement n’a pas encore réussi à mettre fin au pessimisme des Sénégalais : 52% des jeunes qui représentent 75% de la population souhaitent quitter le pays dès qu’ils en ont l’occasion. Comment alors construire un pays si plus de la moitié de sa population ne souhaite pas y rester ? Il y a alors un travail fondamental à réaliser pour agir sur les consciences et fixer le cap qui permettrait aux Sénégalais de retrouver de l’espoir. C’est vrai qu’on peut reprocher aux jeunes, aux Sénégalais d’être trop pressés. Mais regardons le nombre de jeunes candidats à l’émigration morts depuis six mois, le nombre de vies perdues dans les hôpitaux depuis six mois, le nombre de personnes ayant perdus leur logement depuis six mois, le nombre de morts sur la route depuis six mois…. Le gouvernement est-il responsable ? Bien sûr, car il est élu pour trouver des solutions aux problèmes des Sénégalais, les nouvelles autorités ont suscité de l’espoir. Combien de temps leur faudra-t-il pour rétablir l’espoir… Pour le moment, ils n’ont pas encore réussi à agir sur les imaginaires et à remettre en cause la perception que la majorité des Sénégalais ont des hommes politiques (« ils sont tous pareils les politiciens », « ils se servent d’abord avant de servir la population », « ils continuent de faire de la politique politicienne », « les promesses des politiciens visent uniquement leur accès au pouvoir » …).
Les acteurs politiques, scientifiques et de la société civile ont le droit et même l’obligation de faire pression au gouvernement et de leur rappeler leurs engagements toujours et sur tout ce qu’ils avaient promis. Quand, de manière rétrospective, nous visionnons leurs vidéos en tant qu’opposants et candidats, tout avait l’air tellement facile, ils semblaient être le messie pour résoudre, sur un coup de baguette magique les problèmes des Sénégalais et surtout des jeunes… Aujourd’hui leur discours sur ces problèmes est plus réaliste. Ils le disent : il n’y a pas de solution magique ! C’est surtout cela que nous leur reprochons, d’avoir eu un discours populiste pour accéder au pouvoir, et de ne pas être assez prompt sur les solutions aux problèmes ou plutôt sur les pistes de solutions car le temps de la résolution des problèmes est un temps long et parfois élastique, mais comme dit un proverbe africain « connaitre le chemin est plus important que de marcher vite ».
L’un des défis majeurs est d’être capable d’agir sur les mentalités, sur les consciences pour lutter contre la corruption, le népotisme, l’émigration irrégulière, les accidents de la route, l’échec scolaire et tous les problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés…. Nous avons besoin d’un réferentiel nouveau en matière de politique publique qui peut agir sur les mentalités des Sénégalais pour impulser une nouvelle dynamique à tous les niveaux et dans tous les secteurs d’action publique. La politisation, l’électoralisation de l’action gouvernementale n’est pas la meilleure solution. Effectivement, il faut une majorité pour gouverner, néanmoins, ne pas être capable de convaincre les députés, certains députés, pour avoir une majorité suffisante pour mettre en place les mesures les plus urgentes, c’est d’abord un aveu d’échec, car me semble-t-il, ils, nous aimons tous ce pays et sommes tous prêts à suivre la voie qui va permettre à la majorité des Sénégalais de vivre dignement… Il faut rassembler les Sénégalais autour d’une vision commune, éviter les divisions et « faire nation » car l’enjeu majeur est là, permettre aux Sénégalais d’être ensemble, aux jeunes de vivre dignement tout en restant dans leur pays.
Ceci ne passe pas seulement par des discours, mais par des pratiques, des actions quotidiennes pour réduire le train de vie de l’État (non pas seulement supprimer la CESE et du HCCT, mais aussi dans celui de ces centaines d’agences, consulats, administrations qui continuent de peser sur le budget de l’État, encourager les Sénégalais à payer leurs impôts à être solidaires les uns les autres, à se respecter, à avoir confiance à notre administration…. On pourrait continuer l’énumération, mais l’heure n’est peut-être pas encore celle de l’évaluation…. Mais le bilan à l’heure actuelle est « mi-figue, mi-raisin ». Pour cela, comme dit plutôt, nous devons continuer à analyser, surveiller, dénoncer, critiquer, rappeler car c’est seulement dans les controverses constructives qu’on peut inscrire notre nation dans la voie du développement.
Elhadji Mamadou Mbaye est enseignant-chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et membre de Sursaut Citoyen et du Collectif des Universitaires pour la défense de la démocratie
L'ISRA VA INTRODUIRE UNE NOUVELLE VARIÉTÉ DE BANANE DANS LA RÉGION DE TAMBACOUNDA
Ce projet vise à améliorer les rendements des bananeraies locales et à partager des connaissances avec les producteurs pour renforcer la filière.
Tambacounda, 23 sept (APS) – L’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) va introduire une nouvelle variété de banane ‘’très performante’’ dans la région de Tambacounda (est), a-t-on appris lundi de Dienaba Sall, une spécialiste de la production végétale, employée de cet organisme de recherche scientifique.
‘’La région de Tambacounda étant une zone de production par excellence de banane, nous sommes en train de travailler sur les variétés. Nous avons une variété très performante, que nous venons d’évaluer dans cette zone’’, a-t-elle dit à l’occasion d’un atelier du centre de recherche agricole de Tambacounda.
La nouvelle variété sera cultivée dans les bananeraies de Tambacounda afin d’améliorer leur production, selon Dienaba Sall.
‘’Nous comptons aider les producteurs de bananes à améliorer la filière, par un partage des connaissances’’, a-t-elle assuré.
L’ISRA vient d’élaborer un document destiné à la ‘’revitalisation’’ du système national de recherche et à la vulgarisation de la recherche en matière d’agriculture et d’élevage, selon la spécialiste de la production végétale.
Dienaba Sall a signalé, par ailleurs, une forte utilisation des pesticides dans la culture du coton à Tambacounda. ‘’Nous sommes en train d’étudier les solutions’’ à ce problème, a-t-elle dit, ajoutant : ‘’Nous proposons une alternative à ces pesticides […] Nous avons déjà d’assez bons résultats.’’
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
LÉGISLATIVES 2024 : QUATRE INITIATIVES AVANT, DEUX APRÈS
EXCLUSIF SENEPLUS - Qu’il aille à l’élection sous son seul nom ou dans le cadre d’une coalition de partis, le Pastef n’a qu’un seul objectif : confirmer le plébiscite. "Motali yéné", tel est le slogan de cette élection
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 23/09/2024
Cette élection parachèvera le plébiscite du président Bassirou Diomaye Faye obtenu au premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars avec 54,28 % des voix. Qu’il aille à l’élection sous son seul nom ou dans le cadre d’une coalition de partis, Pastef n’a qu’un seul objectif : confirmer le plébiscite.
Motali yéné, c’est le slogan de cette élection. « Parachevez l’élection du président Bassirou Diomaye Faye en nous donnant la majorité absolue à l’Assemblée pour nous permettre de prendre les lois nécessaires à la mise en œuvre du Projet. »
En accordant une majorité absolue à l’Assemblée nationale à Pastef, les Sénégalais permettront en effet au président de la République et à son premier ministre Ousmane Sonko de mettre en œuvre le Projet pour répondre enfin aux attentes des Sénégalais en matière de développement économique, social et culturel ainsi que de souveraineté sur tous les plans.
Il ne fait pas de doute que les Sénégalais qui ont subi depuis 60 ans des régimes successifs de domination et d’exploitation néocoloniale et qui ont été récemment victimes de la cleptocratie et de la répression souvent sanguinaire du régime Macky Sall, confirmeront leur élection du président Bassirou Diomaye Faye.
Quatre initiatives avant
Il ne serait pourtant pas fastidieux pour le gouvernement d’initier avant même l’ouverture de la campagne électorale des initiatives concrètes susceptibles de confirmer que le président Bassirou Diomaye Faye et le premier ministre ont d’ores et déjà engagé le pays dans la voie promise du renouveau en même temps que du « jub, jubal, jubanti ».
Nous suggérons ici, des initiatives, quatre à annoncer avant les élections, trois autres après, que nous mettons dans la « corbeille » pour parler comme le Grand Maodo, « l’ancien gardien du grenier du village ».[1]
La première de ces initiatives pourrait concerner la publication du « livre blanc » (Livre noir ou rouge sang devrait-on dire plutôt) sur le régime Macky Sall. On rappellera, chiffres à l’appui, d’abord les impasses politiques dans lesquels l’ancien président a engagé ou maintenu notre pays, notamment au plan monétaire en refusant la réforme du FCFA, au plan militaire en gardant intact les accords de coopération avec la France et au plan régional africain en cautionnant la politique de « containment » des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO victimes d’agressions terroristes.
On rappellera ensuite les crimes économiques et de sang qui ont jalonné les douze longues années du régime de l’APR-Benno : des spoliations foncières récurrentes au scandale Petro-Tim, de l’achat illicite d’armes de guerre, à la disparition depuis le 18 novembre 2022 des gendarmes Didier Badji et Fulbert Sambou, à celui de François Macambou arrêté le 16 juin 2022, gardé à vue à la Sûreté urbaine puis déclaré mort à l’hôpital principal de Dakar et à l’assassinat froidement exécuté de ces dizaines de jeunes (60?) à travers le pays, notamment à Dakar, à Bignona, à Ziguinchor.
La deuxième initiative qu’il faudrait engager dès à présent concerne la reddition des comptes, d’ailleurs annoncée comme imminente puisque le pool judiciaire et financier chargé d’entendre les plaintes est déjà en place.
Il suffit de plaider ici pour le lancement rapide de la procédure et sa large publicité.
La troisième initiative dont nous souhaitons la mise en œuvre ou tout au moins l’annonce avant les élections législatives concerne l’emploi des jeunes. On pourrait dès à présent entreprendre et annoncer des actions précises.
Par exemple l’enrôlement, dès après l’hivernage de dizaines de milliers de jeunes pour des travaux d’intérêt public, dans tous les départements du pays, avec l’encadrement de l’AGETIP et du génie militaire et le financement provenant des nombreuses agences dédiées à l’emploi des jeunes qu’on aura fusionné.
On pourrait aussi restructurer, organiser et financer les milliers d’ateliers de mécanique, d’électricité, de plomberie et autres métiers et assurer leur encadrement au plan de leur gestion en leur demandant en contrepartie à chacun l’embauche et la formation de quelques jeunes.
La quatrième initiative à annoncer avant les législatives concerne l’émigration clandestine des jeunes. Le gouvernement peut et doit dès à présent proposer une alternative à cette forme d’émigration, en prenant en compte à la fois le droit des gens d’aller et de venir, les lois des pays de destination et la nécessité d’assurer la sécurité des émigrés ainsi que l’accomplissement de leur projet dans la dignité.
L’Alliance « Africa Avanza » (Stratégie Afrique ) que le président de la République vient de signer avec le premier ministre du Royaume d’Espagne qui reconnait « que la migration régulière est un levier de prospérité et de développement économique, social et culturel » et appelle « à améliorer la gestion des flux migratoires, à intégrer une composante de retour et de réintégration dans le marché du travail local, à développer des programmes de migration circulaire, y compris l'approche genre… » pourrait constituer un modèle à proposer aux pays de l’Union Européenne et au Royaume Unie de Grande Bretagne.
Ces pays prennent désormais de plus en plus en compte les besoins en main d’œuvre de leurs économies et reviennent sur les considérations idéologiques voire racialistes qui fondent encore leurs politiques migratoires.
Notre gouvernement devrait annoncer au cours de la campagne électorale qu’il confluera des accords de migration circulaire régulière avec les différents pays européens en faveur des dizaines de milliers de jeunes qui bénéficieraient ainsi de formations et/ ou d’emplois dans de conditions décentes et pour des métiers ciblés, contribuant aux projets de développement du pays.
Deux initiatives après
La première initiative consisterait à dénoncer la loi d’amnistie portant sur les faits liés aux manifestations politiques intervenues entre février 2021 et février 2024 qui « constitue un déni de justice pour les victimes, ainsi que pour leurs familles, qui attendent justice » ainsi que l’a souligné Amnesty International.
La dénonciation de cette loi permettra de poursuivre toutes les personnes impliquées dans des crimes de sang au cours de cette période y compris le président Macky Sall.
La deuxième initiative post élections législatives concernerait la mise en œuvre des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) visant notamment : « la consolidation de l’Etat de droit, l’équilibre des Pouvoirs entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, le renforcement de l’indépendance de la Justice, l’approfondissement de la démocratie représentative et participative, le renforcement et la protection des libertés publiques, le renforcement de la décentralisation et de la déconcentration, la territorialisation des politiques publiques, la protection et la promotion des valeurs positives de notre société… »
Cette initiative aboutira en fin de compte à l’examen pour adoption par référendum d’une nouvelle Constitution dont la première mouture a été proposée par la CNRI.
L’adoption de cette Constitution marquera la rupture nette avec l’ancien régime et le système de gouvernement néocolonial et inaugurera l’entrée du Sénégal dans une République nouvelle.
[1] Mamadou Dia : Corbeille pour l’an 2000, Editions Paix et Développement 1995.
LE SÉNÉGAL DE SONKO INQUIÈTE JEAN-CHRISTOPHE RUFIN
Dans une analyse pour Le Parisien, l'académicien et ancien diplomate exprime ses craintes face aux récents développements politiques. La dissolution de l'Assemblée et le discours "anti-français" du Premier ministre sont au cœur de ses préoccupations
(SenePlus) - Dans une analyse publiée par Le Parisien à l'occasion de ses 80 ans ce lundi 23 septembre, Jean-Christophe Rufin, écrivain, académicien et ancien ambassadeur de France à Dakar, exprime ses inquiétudes quant à la situation politique au Sénégal.
L'auteur souligne que la récente dissolution de l'Assemblée nationale par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye plonge le pays dans une période d'incertitude politique. Il établit un parallèle avec la situation institutionnelle en France, rappelant les liens étroits entre les deux pays, notamment la présence de 25 000 Français résidents au Sénégal.
Rufin met en garde contre les conséquences « dramatiques » pour la France si cette « démocratie exceptionnelle africaine » devait connaître une crise grave. Il replace cette situation dans le contexte régional, évoquant l'hostilité envers la France des juntes militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
L'ancien diplomate pointe du doigt la rhétorique du Premier ministre Ousmane Sonko, qu'il qualifie de "populiste" et "d'homme fort du nouveau régime". Il exprime des craintes quant aux intentions de réformes institutionnelles de Sonko et à sa capacité à obtenir une majorité parlementaire lors des élections législatives prévues le 17 novembre.
Malgré un discours anti-français, Rufin affirme que la France reste un partenaire économique essentiel pour le Sénégal. Il rapporte que les relations personnelles entre le nouveau gouvernement et les acteurs économiques français restent bonnes, tout en anticipant une éventuelle renégociation des contrats.
L'auteur conclut en soulignant le rôle stabilisateur des confréries musulmanes et de l'armée. Il appelle à un soutien renforcé de la France et de l'Europe envers le Sénégal, jugé crucial dans le contexte actuel.
UNE PIROGUE-CERCUEIL AUX PORTES DE DAKAR
Un embarcation fantôme, portant les restes de trente âmes perdues, a été interceptée par la Marine nationale, dimanche 22 septembre. Des enquêtes sont en cours pour déterminer le bilan exact et l'origine de cette découverte
(SenePlus) - Le dimanche 22 septembre 2024, une découverte macabre a secoué les autorités. Selon un communiqué de presse officiel émis par la Direction de l'Information et des Relations Publiques des Armées du Sénégal (Dirpa), une pirogue à la dérive transportant de nombreux corps sans vie a été repérée à environ 70 km au large de Dakar.
Alertée en début de soirée, la Marine nationale sénégalaise a promptement dépêché le patrouilleur CAYOR sur les lieux. L'embarcation a été remorquée vers la rade extérieure du port de Dakar, où elle est arrivée vers 06h00 ce lundi matin.
À en croire la Dirpa, les opérations de récupération se révèlent particulièrement délicates en raison de l'état avancé de décomposition des corps. Trois vedettes et un chaland de débarquement ont été mobilisés pour transporter les équipes de médecins, sapeurs-pompiers et du service d'hygiène. Le bilan provisoire fait état de trente corps dénombrés.
Le capitaine de vaisseau Ibrahima Sow, Directeur de l'Information et des Relations Publiques des Armées, a indiqué que des enquêtes sont en cours pour déterminer le bilan exact et l'origine de la pirogue.
Par Madiambal DIAGNE
SONKO-DIOMAYE, LA STRATÉGIE DU CHAOS
Le gouvernement travaille à rendre difficile, voire impossible la participation de l’opposition aux législatives. Il y a de bonnes raisons d’avoir peur pour l’avenir de ce pays et pour son système démocratique
Les élections législatives du 30 juillet 2017 avaient été les plus chaotiques de tous les scrutins de la longue histoire électorale du Sénégal. Les services du ministère de l’Intérieur, dirigé alors par un certain Abdoulaye Daouda Diallo, étaient débordés par l’ampleur de la tâche. En effet, 47 listes avaient été en compétition. On peut cependant dire que les organisateurs du scrutin avaient eu toute la latitude de préparer ces élections législatives de 2017, dans une certaine sérénité, conformément aux conditions régulières prévues par la loi électorale. Mieux, le scrutin, qui avait été fixé dans un premier temps au 2 juillet 2017, a été repoussé au 30 juillet 2017. En effet, suite à une concertation avec la classe politique, le président Macky Sall avait pris un décret, du 18 janvier 2017, pour fixer la nouvelle date, afin d’éviter que la campagne électorale ne se déroulât au courant de la période de Ramadan. C’est dire que le gouvernement avait eu plus de sept mois pour organiser lesdites élections.
La fatale catastrophe du 17 novembre 2024
C’est en tirant les leçons du scrutin de 2017 qu’il avait été décidé de mettre en place le système de parrainage, un filtre devenu désormais nécessaire pour les élections nationales. De ce fait, seules huit listes avaient pu être en compétition pour les élections législatives suivantes, du 31 juillet 2022. Force est de dire que c’est écrit sur le destin des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain qu’elles seront catastrophiques, et pour cause !
Le système du parrainage est supprimé et on note déjà la floraison de listes de candidats. Qui ne se rappelle pas qu’à la présidentielle de 2024, le système du parrainage avait empêché plus de 200 candidatures ? Et on voit déjà des centaines de listes de candidatures s’annoncer pour les élections législatives à venir. Dans quelles conditions se déroulera alors le scrutin ? Quelles seront les aptitudes et compétences des nouvelles autorités gouvernementales et administratives pour tirer leur épingle du jeu ? Elles sont, pour la plupart, novices dans l’organisation matérielle d’un scrutin national. Le nouveau ministre de l’Intérieur, le Général Jean-Baptiste Tine, ne pourra pas compter sur des collaborateurs expérimentés ; ils se retrouvent tous à devoir organiser le premier scrutin de leur carrière. Il s’y ajoute qu’ils vont manquer cruellement de temps pour satisfaire aux diligences nécessaires. Pour les préparatifs de ce scrutin, les délais sont comprimés, dans une bien courte période de deux mois.
En outre, le Sénégal ne dispose pas de la logistique nécessaire pour fabriquer par exemple des centaines de millions d’imprimés électoraux nécessaires pour satisfaire des centaines de listes en compétition. Il faudrait tirer au moins sept millions de bulletins pour chaque liste. L’ensemble des imprimeurs de la place, même réquisitionnés par l’Etat, ne sont guère outillés pour réaliser un tel travail, dans un temps impossible, encore que les stocks de papier n’existent pas sur le marché. Faudrait-il passer des commandes, en urgence, de papier d’imprimerie et autres matériels électoraux et, ou faire réaliser certains travaux à l’étranger ? Dans quelles conditions ? Et, le cas échéant, rien ne garantirait des livraisons dans les délais. Encore une fois, en 2017, des imprimés et autres matériels électoraux avaient été livrés de justesse et même pas en quantité suffisante ! Il s’avère alors nécessaire d’engager des concertations avec les acteurs politiques, si tant est que le gouvernement souhaiterait tenir le scrutin dans des conditions acceptables. Peut-être aussi que les délais serrés pour le dépôt des candidatures empêcheront des listes en veux tu en voilà !
Le gouvernement travaille à provoquer le boycott du scrutin par l’opposition
Il faut bien le dire, le gouvernement travaille à rendre difficile, voire impossible la participation de l’opposition au scrutin. Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont dissimulé toutes les informations et tous les actes préparatoires du scrutin, alors qu’il vient de se révéler qu’ils travaillaient sur la tenue du scrutin depuis le 10 juillet 2024, date à laquelle le Conseil constitutionnel, sollicité par le président de la République, leur avait donné un avis relativement à la tenue des élections anticipées. Cet avis se trouve, jusqu’à la semaine dernière, caché au grand public. Cette démarche, qui consacre ce que le journal Walfadjri a appelé, dans son édition de ce samedi 21 septembre 2024, un «délit d’initié», manque de fair-play et dénote d’une absence de scrupule. Le camp politique au pouvoir a pris une bonne avance sur ses concurrents potentiels.
Le président Faye a imposé ainsi aux autres acteurs de confectionner des listes de candidatures dans un délai de dix jours ; alors que tout porte à croire que le parti Pastef au pouvoir avait déjà pris les devants pour faire en catimini ses investitures et préparer les dossiers administratifs de ses éventuels candidats. Un rush des candidats de l’opposition pour chercher des documents administratifs dans les services des greffes et de l’état-civil s’opère dans des conditions inadéquates. Les formations politiques de l’opposition étaient dans l’ignorance totale et ces délais étriqués ne leur laissent pas de temps pour discuter d’alliances électorales. Tout est donc organisé à la défaveur des acteurs de l’opposition ou à leur détriment. Il y a alors une rupture manifeste de l’égalité des candidats et cette situation devrait interpeller le juge électoral, le Conseil constitutionnel.
Plus grave, de nombreux responsables politiques de l’opposition font l’objet de harcèlements, d’ostracisme, d’actes d’intimidation et de menaces publiques, jusqu’à des convocations et des arrestations, dans le but évident de les empêcher de se consacrer à préparer leur participation au scrutin. De toute façon, cette démarche, on ne peut plus déloyale, a été annoncée et assumée publiquement par des responsables du pouvoir, Ousmane Sonko au premier chef. L’opposition, regroupée dans le cadre de l’Alliance pour la transparence des élections législatives (Atel), montée au plus pressé, va-t-elle céder à ces provocations pour se résoudre à refuser de participer au scrutin ? Ce serait une erreur fatale. Ousmane Sonko qui, de plus en plus, appréhende l’issue de ce scrutin, serait fort heureux de voir l’opposition boycotter ces élections législatives. Il n’aura aucun scrupule à les tenir, avec quelques faire-valoir, et remporter une confortable majorité qu’il aura de la peine à obtenir, en cas d’une participation effective de listes de l’opposition qui se seront assez mobilisées.
L’impopularité du président Faye et de son Premier ministre est perceptible. Ils sont rattrapés par leur gestion difficile du pouvoir. L’incompétence du gouvernement et les déclarations polémiques et irresponsables installent un désamour assez prématuré, après seulement six mois de pouvoir du tandem Diomaye-Sonko. Des votes sanctions sont également redoutés dans le camp de Pastef, et la Coalition Diomaye Président a fini de voler en éclats. Le risque est réel pour leur régime d’essuyer une déconvenue électorale et qu’ils se retrouvent obligés de vivre une forme de «cohabitation avec l’opposition». La perspective les inquiète grandement et cela risque de constituer une pesante menace pour les élections législatives du 17 novembre 2024. Vont-ils se résoudre à annuler le scrutin pour s’épargner une défaite ? C’est un truisme que de dire que Ousmane Sonko en est bien capable. La porte sera alors grande ouverte au chaos.
La dictature arrive à grands pas
Il y a de bonnes raisons d’avoir peur pour l’avenir de ce pays, et pour son système démocratique. Ousmane Sonko est un autocrate dans l’âme et ne souffre de contradiction ou d’opposition. Au grand dam de la stabilité du pays, il a ainsi entraîné le président Bassirou Diomaye Faye dans une spirale de la violence politique, par la rhétorique et les actes de manipulation des institutions. Le souci de ménager le confort personnel de Ousmane Sonko, qui a refusé de satisfaire à l’exigence constitutionnelle de procéder à une Déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, a provoqué un chamboulement institutionnel jamais connu. C’est ainsi que les querelles, qu’il a engagées inopportunément avec les députés de l’opposition, ont eu pour conséquences des représailles disloquant les institutions publiques.
Le Premier ministre a poussé le chef de l’Etat à fouler aux pieds sa dignité de président de la République. Bassirou Diomaye Faye a osé avouer, dans un message à la Nation du 12 septembre 2024, visiblement enregistré dans une situation de contrainte psychologique, avoir délibérément floué l’Assemblée nationale. Il a trompé la Représentation nationale en lui faisant croire que le Premier ministre fera sa Déclaration de politique générale le 13 septembre 2024. Puisqu’un crime n’est jamais parfait, Ousseynou Ly, le conseiller en communication du Président Faye, révélera que l’adresse à la Nation avait été enregistrée des jours auparavant. On s’en doutait déjà ! Mon Dieu, le chef de l’Etat a-t-il pris la mesure d’un tel acte pour son image et son honorabilité ? Véritablement, Ousmane Sonko a obtenu ce qu’il voulait, à savoir le scalp de l’Assemblée nationale, celui du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et celui du Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct). Pour autant, qu’est-ce que cela a pu coûter à Bassirou Diomaye Faye et à la respectabilité de l’institution présidentielle ? Il faut le dire, l’acte qu’il a osé n’est point de l’audace ou de la ruse politique, c’est de la forfaiture, une désacralisation de la signature du président de la République.
L’ultime foulée de la cavalcade a été donc cette dissolution dolosive de l’Assemblée nationale, dans un contexte crucial pour la mise en œuvre de diligences indispensables à la bonne marche de l’Etat. Le gouvernement n’en a cure de n’avoir pas corrigé le budget 2024 par une Loi de finances rectificative ou encore qu’il prenne avec légèreté le pari d’aller à l’année 2025 sans un budget de l’Etat, adopté dans les formes régulières. Les conséquences seront dramatiques pour les finances publiques et l’économie du pays. (Voir notre chronique du 9 septembre 2024). Il restera que le comble des catastrophes qui guettent le Sénégal sera que, si pour une raison ou pour une autre, les élections législatives n’arrivaient pas à se tenir à la date prévue, le Sénégal vivra alors sans une Assemblée nationale et sans aucune institution, autre que le gouvernement. Aucun contrôle de l’action gouvernementale ne sera assuré et dans ces conditions, le président de la République s’autorisera allègrement à prendre des actes réglementaires pour des questions relevant du domaine de la loi. Il l’a d’ailleurs commencé, depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.
Il a fixé, par décret, les délais de dépôt des listes de candidatures, alors qu’une telle formalité relève du domaine législatif. Il a mis de côté le Code électoral. On dira que son prédécesseur Macky Sall s’était aventuré à vouloir fixer par décret des questions d’ordre législatif, mais le Conseil constitutionnel n’avait pas manqué de retoquer sa copie. Assurément, on a de bonnes raisons de croire que le président Faye, qui se ravale à un simple rôle d’homme lige du Premier ministre Sonko, ne se gênera pas pour «légiférer», restreindre par exemple les libertés publiques et prendre des «oukazes», au gré de l’humeur et des caprices de son Premier ministre. Peut-être même qu’il poussera le bouchon jusqu’à prendre un acte pour lui transférer les attributions présidentielles. Prenons garde, ce n’est pas une simple vue de l’esprit ! Désormais, aucune indécence n’est de trop au Sénégal. Voilà que des citoyens, en l’absence de poursuite pénale et de notification en bonne et due forme, se sont vu empêcher de voyager, d’aller et de venir, parce que le Premier ministre l’aura décidé ! On remarquera que même les procédures judiciaires contre d’autres citoyens sont annoncées en primeur par des responsables politiques de Pastef, sans aucun égard pour l’institution judiciaire et les règles et principes d’indépendance des magistrats ! Le pays vit déjà un profond recul démocratique, car jamais il n’est resté sans un Parlement, et les acteurs politiques ont toujours réussi à établir des consensus pour la sauvegarde des institutions et le processus démocratique. Diomaye et Sonko, à l’instar de tous les autocrates d’ailleurs, n’ont aucun respect pour leur opposition.