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18 décembre 2024
Développement
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LE DUEL SALL-SONKO RELANCÉ
Entre le retour surprise de l'ancien président de la République et la stratégie audacieuse de Pastef, les enjeux de ces législatives n'ont jamais été aussi élevés. Décryptage d'un scrutin qui pourrait redessiner l'avenir du pays
Ce lundi 7 octobre 2024, les experts Maurice Dione, professeur de Sciences politiques, et Mamadou Seck, politiste spécialiste des questions électorales, ont décrypté sur TFM les enjeux des prochaines élections législatives anticipées.
La course est lancée : sur 49 dossiers déposés, 41 listes ont été validées par la Direction générale des élections. Les recalés disposant de 24 heures pour saisir le Conseil constitutionnel. De quoi marquer le début d'une bataille juridique et politique intense.
Le retour fracassant de Macky Sall sur la scène politique, en tant que tête de liste de la coalition Wallu Senegal, électrise le débat. Selon les analystes, cette décision pourrait être motivée par une volonté de "laver l'affront" et de protéger ses arrières face aux menaces de poursuites judiciaires.
Face à cette reconfiguration, la stratégie de Pastef, le parti au pouvoir, intrigue. En décidant de concourir sous sa propre bannière, Ousmane Sonko prend un risque calculé. Cette décision, qualifiée de "retour à l'orthodoxie" par les experts, vise à consolider sa base et à sécuriser ses futurs élus à l'Assemblée nationale.
L'enjeu est crucial pour la nouvelle majorité présidentielle qui cherche à obtenir une majorité parlementaire pour mettre en œuvre son programme. Cependant, elle fait face à une opposition recomposée et déterminée, avec notamment la coalition de Macky Sall qui promet une compétition féroce.
Sur le plan logistique, les discussions se poursuivent autour de l'utilisation des bulletins de vote en petit format, une mesure qui pourrait permettre une économie de 8 milliards de francs CFA. Pendant ce temps, la distribution du matériel électoral touche à sa fin dans presque toutes les régions du pays.
LA GAUCHE PLURIELLE MONTE AU CRÉNEAU
La coalition d'organisations de gauche fustige les "menaces à peine voilées" du gouvernement envers le Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT). Elle accuse le régime actuel de vouloir instaurer "une dictature de type nouveau"
La Gauche plurielle lance un cri d'alarme face à ce qu'elle perçoit comme une dérive autoritaire du pouvoir, cristallisée par des menaces envers le Parti de l'Indépendance et du Travail. La déclaration, empreinte d'un ton combatif, rappelle le rôle historique de la gauche dans l'instauration de la démocratie au Sénégal et dénonce une tentative d'instaurer "un régime de terreur".
"Déclaration des organisations membres de la Gauche plurielle
Dans un communiqué, en date du 1er octobre 2024, le Porte-parole du gouvernement répond, avec des menaces à peine voilées, à la déclaration du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) diffusée le 27 septembre 2024.
Les organisations membres de la Gauche plurielle, après avoir réitéré leurs félicitations au PIT, parti membre fondateur de la Gauche plurielle, pour la qualité de ses positions courageusement exprimées, tient à rappeler au pouvoir que les militantes et les militants de nos partis et mouvements ont consenti toutes sortes de sacrifices pour l’avènement, au Sénégal, d’un régime démocratique qui garantit la libre expression des opinions.
Acteurs et témoins de toutes les luttes couronnées, actuellement, par le pluralisme politique, syndical et médiatique les responsables et militants de nos formations politiques ont fait face à toutes les intimidations et vaincu les partisans de la pensée unique. Ce n’est donc pas, aujourd’hui, que des apprentis-dictateurs, surgis de nulle part, l’insulte à la bouche, réussiront à museler nos partis. Toute tentative de confiscation des libertés et droits des citoyens conquis de haute lutte est vouée à l’échec. Qu’ils se le tiennent pour dit, et définitivement !
Analysant les déclarations des plus hautes autorités du pays sur l’état des finances publiques et les mesures qu’elles envisagent, le PIT n’a fait qu’alerter le peuple sénégalais sur l’éventualité d’une difficile situation économique et sociale à venir.
Plutôt que de tenter vainement d’intimider un parti politique qui exprime librement ses opinions sur la gouvernance du pays, le pouvoir actuel devrait s’atteler, enfin, à apporter des solutions aux problèmes que rencontrent nos concitoyens : la cherté de la vie, le chômage, l’émigration irrégulière, etc.
Devant son impuissance à satisfaire les légitimes aspirations du peuple, le pouvoir s’efforce d’instaurer un régime de terreur pour bâillonner les voix dissonantes : activistes, journalistes et politiques sont traqués, arrêtés, mis en détention ou interdits de sortie du territoire. C’est peine perdue !
Les organisations de la Gauche plurielle expriment toute leur solidarité aux camarades du PIT et, au-delà à tous les citoyens victimes de la dictature du pouvoir actuel et engagent les militants à rester mobilisés pour préserver tous les acquis démocratiques et vaincre ce régime dont le « Projet » insidieux est d’installer, au Sénégal, une dictature de type nouveau."
par Ibra Pouye
PERMETTEZ-MOI D’ÊTRE UN DÉPUTÉ DU PEUPLE POUR BÉNÉFICIER D’UNE IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE
Je m’appelle Sa Rondeur Sall, ancien petit dictateur et narcotrafiquant d’un doux pays se nommant le Sénégal. Je traine des casseroles et je sais qu’elles sont si grosses qu’elles ne pourront pas entrer dans une soute d’avion
Ma foi et si j’en ai une, que sais-je encore, un embrouillamini dans ma tête et je ne sais quoi raconter et au rythme où vont les évènements. Que vais-je devenir ? Ousmane Sonko et Emmanuel Macron, mes deux malheurs et sans oublier mon bienfaiteur, le roi de ce doux royaume chérifien où j’ai posé mes pénates et ma douce Marième, ma moitié, épouse et compagne des bons et des vieux jours.
Ousmane Sonko, sortez de mon corps, grassouillet et dodu. Je m’appelle Sa Rondeur Sall, ancien petit dictateur et narcotrafiquant d’un doux pays se nommant le Sénégal. Mais je ne suis guère un trafiquant de drogue même si mon nom dans l’imaginaire des Sénégalais, mes anciens sujets, est mêlé à tout. Un trafic d’armes auquel je suis mêlé, cela est vrai. En effet, mêlé à tout parce je régnais sur tout et ma personne était sanctifiée avant d’être chassée par le peuple sous la houlette d’un vaillant homme voire un démiurge. Répéter son nom dans ce testament me fait pousser des cris d’orfraie parce que je n’ai nullement envie de le voir en fresque.
De mon départ de ce pays, de gros cafards sortent des tiroirs et ternissent mon image et je ne sais quoi faire en ce moment. Je me sens abandonné. Les nuits sont longues et sont mon refuge. Fort heureusement que ma chère et tendre épouse est là pour me réconforter. Je me sens lâché par tout le monde et même par mon griot des temps modernes, grand voleur devant l’éternel. Oh mon Farba, t’es où, on t’interdit aussi de sortir du territoire. Mais bon tu pourrais traverser le fleuve et me rejoindre au Maroc, ce doux pays où vivre fait revivre et dans mon très joli riad des mille et une nuits.
Un jardin d’Eden fleuri et où se racontent les fables de Sa Majesté Sall Lamtoro Bur Guédé, cette lignée de guerriers, aimant la guerre et assoiffés de sang. Oh le pouvoir est grisant. Il m’a rendu très riche. Mais riche, je le suis quand mon mentor Wade m’a offert or et argent à mi-mandat. Ah Abdoulaye Wade, le généreux, le talentueux, l’homme qui a plusieurs flèches à son arc. Mais la trahison a été mon arme fétiche. En effet, je l’ai traîné dans la boue quand il a perdu le pouvoir. Cette jouissance de ce bas monde. Je me suis acharné sur son fils, un véritable pilleur de nos deniers publics. Mais bon, j’ai fait pire que Wade fils.
L’argent et moi, une vieille histoire. Je l’aime trop. Je le compte et même dans mes rêves. Face à l’argent, je perds le contrôle de tout et je peux même vendre ma douce moitié, elle le sait et c’est cela qui nous unit. Rire jaune. Face au pouvoir et à l’argent, je suis capable de vendre ma famille dont mon frère Aliou qui ne m’est d’aucune utilité, ce traitre ayant pris ses aises chez mon ancien Premier ministre. Lui-là, surnommé Amwang ou Bazoum, l’éternel mal aimé de la politique sénégalaise. Je le déteste mais il me fait toujours peur parce que trop riche. Après une batterie d’enquêtes, je me suis rendu compte qu’il volait autant que moi. Mais non, l’on ne peut être fonctionnaire dans ce très pauvre pays et être si riche comme Crésus. Me suis rendu compte qu’il n’est pas que moi qui faisais office de voleur de deniers publics.
L’histoire des 2750 kg d’or sortis du territoire par mon très cher homme lige, cela est de moi. Lui n’a eu que des commissions. Un fabuleux homme de paille même si dans une autre époque, on s’était pris le bec mais bon ma chère compagne a fait taire nos querelles de ripoux.
Vous savez, chers amis lisant ce testament, je risque d’être emmerdé jusqu’au cou. Je traine des casseroles et je sais qu’elles sont si grosses qu’elles ne pourront pas entrer dans une soute d’avion. Raison pour laquelle j’en ai laissé pas mal quand je filais à l’anglaise à la suite de la prestation de serment du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Ah bon Dieu, celui-là, ce sérère au sang noble, je peux prononcer son nom me rappelant ma chère et tendre épouse. Maman aimante. Mi-ange, mi-démon ma Marième et qui m’a fait voir de toutes les couleurs. Elle a bien profité de mon règne avec sa brochette d’amies et de griots. Un sacré morceau elle aussi. Une autre Simone Gbagbo des tropiques. Personnage riche et démesuré. Elle m’a aussi poussé dans mes fourberies et mes pitreries. Mais fallait-il tuer au moment de quitter ce doux pouvoir qui me consumait ? Quelques regrets mais bon comme me le répétaient à l’envi mon entourage et quelques amis présidents dictateurs africains, il était nécessaire de le faire.
Bon Dieu, cher peuple, j’ai tué et en pis j’ai massacré d’innocents citoyens à la tronçonneuse et surtout d’honnêtes gens à la fleur de l’âge. Espoirs et espérances fauchés. Le sang me faisait vivre. J’étais un monstre froid. J’avais des hommes de main tels Rambo M. Fall, ce général de l’armée, monstre froid et ne reculant pour rien devant quelques escouades de cette jeunesse présente et guerrière dans les moments de lutte. Mon Antoine Diome, mon ministre de l’intérieur, faisait le sale boulot et je me voyais un peu en lui. Aucune scrupule ces deux messieurs. Et sans oublier le tailleur de la Constitution Ismaila M. FAll, ce professeur des universités sans foi ni loi qui a troqué ses lumières avec de l’argent. Ces trois moins que rien m’appartenaient mais je ne pouvais les emmener avec moi à Marrakech. L’on dit que j’ai tué plus de quatre-vingt Sénégalais mais je sais que je ne suis pas seul dans ma tête, le chiffre dépasse plus d’une centaine d’individus. Des regrets, je ne saurais vous le dire vu que la vie est une foultitude de regrets amers et des souvenirs doux.
En effet, cette Constitution taillée sur mesure était à moi. A mon homme, ImF, mille mercis mais tu m’as mis dans un gros pétrin. Qu’il aimait l’argent et les ordres. Je n’avais pas trop confiance en ce sire parce qu’en travers lui, se dessine la traitrise. Mon vrai chien de garde était ce général sans grade et ni étoile. Lui-là, la folie risque de l’emporter mais n’oublions pas aussi mon cher J. Bandiaky, un vrai homme de main au ciboulot de prématuré. Une vraie tête de nœud, amateur de sports de combat et d’armes à feu. Et quid de son nom cité dans l’affaire des deux braves militaires disparus ? Mon nom revient sans cesse dans ce drame. Mais bon an mal an, mon ami M. Diagne, l’homme des officines lugubres y est pour quelque chose. Il me manque cet homme, chanteur de mes gloires sans gloriole. Un fieffé menteur doublé d’un cabotin et surtout dans l’affaire d’A. Sarr qui a mis ce doux pays à feu et à sang.
Mais pour me faire une virginité politique, mon parti ApR dilué dans la coalition contre nature Takku Wallu Sénégal, m’a placé comme tête de liste lors des législatives se profilant en novembre 2024. Je veux cette immunité parlementaire et peu me chaut. M’en fous des qu’en-dira-t-on. Je me nomme Macky Sall et m’en fous de tout. Et surtout des moqueries même si ce tandem Diomaye moy Sonko est en train de dérouler son agenda. Une politique de haute intensité qui va pousser sous peu bon nombre d’entre nous à la retraite. Le changement systémique du Sénégal même s’il est un chihuahua à travers leur chemin. Ce dernier, en l’occurrence B. G. Dany, homme d’affaires, patron de presse fauché, est sur une pente dangereuse. Je le sais très versatile et à la limite borderline.
En fait, ces élections ne seront pas de tout repos. Je veux renter au Sénégal et battre campagne mais me demande comment faire. Comme le font certains, je pourrais passer par la Gambie mais bon mon ami Adama Barrow ne m’appelle plus et je le comprends mais bon je pense aussi à la traversée du fleuve par la Mauritanie. Oh non pitié, je ne peux faire cela. Je suis de sang noble, un guerrier dans l’âme. Mais je sais que je risque gros. La prison n’est pas loin et quelques tarés vont essayer d’attenter à ma vie. Rester à Marrakech et aller prier de temps en temps à Fès avec Marième même si je ne suis pas un féru des écritures du Coran que je préfère au temple des lumières. Je ne veux pas terminer comme Mobutu du Zaïre mais cette terre natale que j’ai souillée à cause de mes turpitudes, voudra-t-elle de moi ? Seul Dieu sait mais bon autant rester au Maroc et prendre mes remords éternels pour seul refuge.
Je sais que n’aurai plus jamais le sommeil tranquille sur cette terre qui est mienne. Apparemment le duo Diomaye moy Sonko n’est pas encore tombé dans le guet-apens que je lui ai tendu et dans l’espoir qu’il ne dépassera pas les six mois chrono et que le peuple le chassera du palais.
Petit dieu Macron a rompu le contrat qui me permettait de parcourir le monde et me terrer au Maroc est la seule solution qui me reste. Mais bon sarap Macron !
Prenez acte de cette lettre testamentaire depuis Marrakech, le Maroc.
par Alioune Dione
LA TÉLÉVISION SÉNÉGALAISE, UN DANGER POUR LES LIBERTÉS
L’information est une arme nocive quand celui qui la donne la déforme à ses souhaits et intentions. Elle ne doit point servir d’instrument de diabolisation ou de production de sensation. L’apport des médias dans une société doit être décisif
Dès l’année 1995, K. Popper mettait en garde la société contre les dangers de la télévision pour la démocratie. Lieu par excellence du débat et de la contradiction pour faire jaillir la lumière sur les faits sociaux, les médias au rang desquels la télévision occupe une place particulière dans l’influence sociale sont devenus des instruments de propagande dénués de toute neutralité axiologique. La télévision sénégalaise au-delà de son impact sur la passivité citoyenne est devenue le lieu par excellence de la médiocrité et de la prostitution visuelle.
Des descendants de Goebbels qui font partout la propagande politique mais dénués d’intelligence et de charisme comme le fut le Volksaufklärung und Propaganda, des charlatans, des comédiens, des morues aux mœurs légères dont l’inculture froisse toute conscience avertie devenus analystes politiques ou économiques, suivis de partout par une classe sociale sans portée épistémique pour analyser le discours des médias. Popper disait qu’il ne peut y avoir de démocratie si on ne soumet pas la télévision a un contrôle, ou pour parler plus précisément, la démocratie ne peut substituer durablement tant que le pouvoir de la télévision ne sera pas complètement mis à jour.
Le pouvoir colossal des médias ne doit pas être affaibli mais encadré car une nation qui se veut forte et transparente ne peut recourir qu’à la force médiatique pour accéder au stade suprême de développement. Mais, le temps social appelle à un assainissement rigoureux des médias sénégalais. En effet, si le gouvernement sénégalais opte pour une rupture structurelle, il est appelé à prendre des mesures fortes pour rendre le milieu journalistique professionnel, de garantir une liberté d’expression aux médias dont les critiques permettent d’éclaircir les zones d’ombres des politiques et finances publiques, de bannir toute forme d’intox des médias politisés pour leurrer la masse.
Un État politique préfère la propagande à la critique mais un État-provident n’a pas besoin de médias propagandistes car ses actes se font ressentir socialement par le peuple, il préfère la critique constructive à l’éloge d’une flatterie destructive puisque quand les analyses politiques ou économiques pointent du doigts les manquements, incohérences ou les ambiguïtés de l’action gouvernementale, elles interpellent en quelque sorte le gouvernement non pas à la remise en cause mais à la vigilance dans ses faits et actes montrant qu’il y a des instances de contrôles sociales qui l’incitent à la transparence.
L’immense influence qu’exerce la télévision sur la conscience collective mérite une fois une épuration du milieu médiatique de toute personne dont la formation intellectuelle et journalistique n’est pas aboutie pour parler des faits sociaux, politiques ou économiques. L’information est une arme nocive quand celui qui la donne la déforme à ses souhaits et intentions. Elle ne doit point servir d’instrument de diabolisation ou de production de sensation. Il y a une nécessité absolue de retourner à une formation rigoureuse des journalistes pour la neutralité, la déontologie, l’éthique, les biais du narcissisme mais surtout l’acquisition des connaissances en sciences humaines et sociales. D’ailleurs, le retrait des accréditations des écoles privées de formation sur le métier de journalisme est une nécessité sine qua non pour la régulation du métier de médias. L’exigence de la visibilité comme le disaient les auteurs de l’ouvrage sous la direction de N. Aubert et C. Haroche a pris le dessus sur la pertinence de l’analyse des faits. La créativité artistique, intellectuelle et culturelle perd sa place dans les médias pour ne divulguer que du sensationnel, de l’insignifiance, des clichés mais surtout des stéréotypes qui peuvent porter atteinte à la cohésion sociale.
L’apport des médias dans une société doit être décisif enfin non seulement de conscientiser mais de donner les moyens et instruments pour diagnostiquer l’état socio-politique de la du pays comme étant un vecteur social d’analyse de l’état de développement. Malheureusement, le recrutement médiatique est devenu un concours de mannequinat et de vulgarité dont le corps et la fourberie sont mis en avant et non le savoir.
L’absence de perspicacité de nos médias reflète en quelque sorte le mal profond de l’état arriéré de notre construction sociale et de la précarité de nos institutions de socialisation (primaire et secondaire). Au fait, l’imaginaire médiatique a créé des types de référence dont le seul mérite est de déformer les faits pour plaire à une classe politique adulée par le peuple. Les médias ont cultivé dans les consciences collectives des adolescents une dévalorisation de l’intelligentsia qui a débouché à une prise de soin du corps et à la manifestation de la vulgarité au détriment de la fortification des facultés de la raison et de l’esprit.
Dans ce sillage, la télévision au Sénégal est considérée comme un lieu de divertissement, de charlatanisme, de militantisme politique…, rare que l’action citoyenne et patriotique y trouve sa place, de fait, elle est un instrument passif qui n’appelle pas toujours à la prise de responsabilité chez les jeunes, à la valorisation du mérite et à la stimulation des consciences dans la réflexion pour relever les défis auxquels le peuple est appelé à faire face. Responsabiliser citoyennement la société passe d’abord par faire de la presse une vitrine de démocratie et non un instrument de propagande car comme disaient N. Aubert et C. Haroche : « l’injonction à la visibilité semble concomitante de l’avènement d’une société de l’image, dont l’écran est le symbole majeur. Cette société ‘‘ qui met le monde sur écrans, prend l’écran pour le monde et se prend elle-même pour ce qu’elle a mis sur l’écran ’’ est une société de l’exhibition ou tout savoir est devenu tout voir », nous sommes passé du cogito ergo sum de Descartes au narcissisme de l’exhibition que l’on peut traduire par l’expression latine videor ergo existo.
Alioune Dione : Socio-anthropologue est auteur de : Afrique et contemporanéité.
LA LISTE PROVISOIRE DES 41 LISTES RETENUES PAR LA DGE
Des partis historiques aux nouvelles formations, en passant par des coalitions inédites, cette liste offre un panorama complet des forces en présence. Les candidats écartés disposant d'un ultime recours devant le Conseil constitutionnel
La Direction générale des élections (DGE) a publié lundi la liste des candidatures retenues pour les législatives anticipées du 17 novembre. Selon des informations, sur 49 dossiers déposés, 41 ont été retenus par ladite direction. Il faut toutefois signaler que « les recalés ont 24 heures pour faire leur recours au niveau du Conseil constitutionnel avant la publication de la liste définitive ».
Déclarations de candidatures reçues en vue des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024.
1. AND LIGUEY SUNU REW
2. SENEGAAL KESE
3. RV NAATANGUE
4. UNION DES GROUPES PATRIOTIQUES
5. COALITION POLE ALTERNATIF KIRAAY AK
NATANGUE 3ème VOIE
6. COALITION XAAL YOON
7. UNION CITOYENNE BUNT- BI
8. JUBANTI SENEGAL
9. AND CI KOOLUTE NGUIR SENEGAL (AKS)
10. ALSAR
11. COALITION NAFOORE SENEGAL
12. UNION NATIONALE POUR L'INTEGRATION, LE TRAVAIL ET L'EQUITE (U.N.I.T.E)
13. SAMM SA GAFAKA-SAMM SA ELLEG ACSIF
14. COALITION WAREEF
15. COALITION ACTIONS
16. UNION NAATALL KAAW-GUI (U.N.K)
17. COALITION DUNDU LENEEN
18. LA MARCHE DES TERRITOIRES ANDU-NAWLE
19. LES NATIONALISTES JEL LINU MOOM
20. COALITION MANKOO LIGGEEYAL SENEGAAL
(MLS)
21. COALITION DEKKAL TERANGA
22. AND DOOLEL LIGUEY KAT YI
23. PARTI ENSEMBLE POUR LE SENEGAL (PEPS)
24. COALITION AND BEESAL SENEGAL-ABS
25. PARTI GARAP-ADS
26. COALITION GOX YU BEES
27. COALITION REPUBLICAINE SAMM SUNU REW
JOTALI KADDU ASKANWI
28. COALITION DEFAR SA GOKH
29. COALITION FEDERATION DU RENOUVEAU
30. PARTI ALLIANCE JEF JEL
30. PARTI ALLIANCE JEF JEL
31. PASTEF
32. ENTITE ALLIANCE NATIONALE POUR LA PATRIE
33. COALITION FARLU
34. AND-SUXALI-PRODUCTION-TRANSPORT-AK-
COMMERCE-LAAP-FAL-JIKKO
35. SECTEUR PRIVE
36. COALITION DIAM AK NJARIN
37. COALITION SAMM SA KAADU
38. PARTI BES DU NIAKK
39. TAKKU WALLU SENEGAL (TWS)
40. GRAND RASSEMBLEMENT DES ARTISANS DU
SENEGAL
41. COALITION SOPI SENEGAL
Par Hamidou ANNE
ET LES INTELLECTUELS PÉTITIONNAIRES SE TURENT…
Les récentes arrestations de journalistes et de patrons de presse, suivies de leur libération sans aucune charge, démontrent l’agitation stérile qui gagne les populistes, quand à leur incompétence technique s’ajoute leur faible hauteur morale
On apprend donc que ne pas accorder le moindre crédit aux chiffres donnés par le gouvernement au sujet de la situation économique peut valoir la convocation à la police. Curieux, car les documents de l’Etat du Sénégal et ceux de nos partenaires vont à l’encontre d’une certaine propagande véhiculée avec le même vocabulaire ordurier. Passant aux choses sérieuses, j’ai lu d’un homme d’Etat étranger, la semaine dernière, ceci : «La tentation illibérale, qui consisterait à faire divorcer la démocratie des principes constitutionnels et conventionnels qui la fondent, se solderait par une démonstration de faiblesse des détenteurs de l’autorité et aboutirait, in fine, à un abaissement…»
Le mot abaissement, qui a fait le titre de ma chronique la semaine dernière, renvoie à ceux-là inaptes aux fonctions qu’ils exercent, qui inspirent la médiocrité. En plus, je remarque qu’ils font preuve d’un manque flagrant de sérénité. Leur agitation, malgré leur arrivée au pouvoir, est symptomatique des hommes étrangers aux affaires qu’ils conduisent. Leur peur est compréhensible aussi parce que partout, les apprentis despotes craignent la détermination de ceux-là qui décident de leur opposer une résistance dont le socle est la liberté en toutes circonstances. Les récentes arrestations de journalistes et de patrons de presse, suivies de leur libération sans aucune charge, démontrent l’agitation stérile qui gagne les populistes, quand à leur incompétence technique s’ajoute leur faible hauteur morale. Qu’ils se le tiennent pour dit : avant-hier nous étions une dizaine à démasquer leur imposture et leur dangerosité ; hier nous étions une centaine ; aujourd’hui nous sommes des milliers ; demain nous serons des millions. La seule exigence du Peuple de l’arc républicain est de leur faire face.
Sur les actes empreints de légèreté et d’abus divers, je suis en revanche préoccupé par la disparition des intellectuels pétitionnaires qui ont animé le débat public entre 2021 et 2024. Devenus subitement aphones, ces ligues spontanées de grands penseurs de la démocratie, de l’Etat de Droit et des libertés ont préféré regarder ailleurs quand journalistes et hommes politiques sont convoqués et condamnés pour certains, pour des délits d’opinion. Même les deux laquais du parti Pastef, Alioune Tine et Seydi Gassama, et les activistes du mouvement «Y’en a marre» ont émis du bout des lèvres quelques timides réserves. C’est dire…
Je connais personnellement certains des signataires des nombreux textes, pour l’essentiel parus chez Seneplus de mon ami René Lake, site dont je suis un compagnon attentif et fidèle. Je peux même dire que parmi eux figurent des amis dont je ne doute pas de la sincérité dans l’engagement. Pour beaucoup, ils ont été victimes du puissant appareil de manipulation du parti Pastef, de leur manque de discernement et de leur incapacité à analyser les choses avec davantage de rigueur. Même les plus réputés universitaires peuvent être abusés par des semi-analphabètes en cravate, familiers des propos oiseux et des menaces et injures publiques.
J’appelle publiquement dans ces colonnes ces amis à leur responsabilité et à un exercice de cohérence et de constance dans la démarche. Je me fais ici le relais de nombreuses interrogations sur leur silence face aux dérives d’un pouvoir dont ils ont été hier les alliés objectifs au nom de la démocratie. Une autre partie des pétitionnaires, elle, était engagée en politique mais n’avait ni le courage ni l’honnêteté d’enlever le masque. Il s’agit d’une flopée de porteurs de serviettes, cachés derrière tribunes et pétitions intempestives, mais dont les seuls moteurs étaient un mélange de haine et d’opportunisme. Derrière toutes leurs gesticulations, ils ne cherchent au fond que la gloire, aussi éphémère soit-elle, les privilèges et la reconnaissance. Ce besoin de reconnaissance est une maladie des intellectuels sénégalais et leur fait perdre parfois le sens réel de leur fonction sociale de producteurs de pensées et de rempart face aux dérives d’où qu’elles surgissent.
C’est avec gravité que beaucoup parmi nous ont constaté la dérive de nombre d’intellectuels sénégalais fascinés par le fascisme, qui a exercé sur eux une étrange attraction. Cette adhésion sans cette réserve, voire cette prudence précautionneuse à un discours et des méthodes violentes, les a empêchés de considérer les phénomènes politiques avec rigueur et lucidité. Aussi, l’exigence de vérité a manqué à beaucoup d’entre nos pétitionnaires, car ils se sont mis dans une logique binaire jusqu’à promouvoir le chaos.
Ceux qui s’organisaient dans des cercles discrets mettaient en place des stratégies de lutte, recrutaient des collègues et allaient chercher des signataires étrangers pour mieux discréditer le régime précédent au nom de la démocratie et de l’Etat de Droit, voyaient leur crédibilité et leur prestige s’effondrer sur le lit de leurs accommodements avec le mensonge, la duplicité, la manipulation et la rhétorique de la violence et du chaos. Leurs petites frustrations ont nourri une contribution à l’avancée de la horde fasciste sans aucun égard pour la vérité des faits et la rigueur scientifique. Ils se disent démocrates, républicains, féministes, pacifistes, mais ont salué toutes les menaces sur la paix et le vivre-ensemble, et toutes les abominations dans les actes et les discours. Ont-ils signé une pétition quand l’autre a traité Mme Adji Sarr de «guenon victime d’Avc» ; quand il a appelé à traîner le président de la République dans la rue comme Samuel Doe ; quand il a dit aux jeunes «si vous mourez, votre mère enfantera à nouveau» ; quand il a traité l’armée de «mercenaires à la solde de la France» ?
Aujourd’hui qu’ils sont au pouvoir, je n’ai pas encore lu leurs pétitions sur les arrestations et emprisonnements pour des délits d’opinion, les interdictions illégales de sortie du territoire, les perquisitions sans mandat visible et les reniements sur les appels à candidatures, la composition du Conseil supérieur de la Magistrature et les menaces sur la laïcité de la République.
Non, ils n’ont rien dit, car certains sont lâches au point d’être terrorisés par des insultes sur internet, d’autres ne dansent que sur la musique de l’opportunisme politicien. Attendent-ils tels de vieux nègres leurs médailles de récompense pour services rendus. Récompense disais-je, celui qui se rêvait historien de la révolution a fini tête de gondole d’un comité Théodule sis à Thiaroye. Que le destin est facétieux !
Post-Scriptum : Traverses passe désormais au lundi. J’ai été honoré de me voir proposé de prendre la suite des «Lundis de Madiambal», après deux décennies d’exercice du fondateur d’Avenir Communication. Ce texte lui est dédié, en témoignage de ma solidarité devant les sordides tentatives de déstabilisation qui le visent. Elles seront vaines comme celles précédentes. Mais on le sait, la bêtise insiste toujours.
LE GRAND TRI DES CANDIDATURES
Sur 51 listes déposées, seules 41 ont survécu au crible rigoureux du code électoral, laissant 10 formations sur le carreau pour diverses infractions. Le paysage politique qui se dessine promet une bataille électorale acharnée
(SenePlus) - Le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique a dévoilé ce 7 octobre 2024 la liste officielle des candidatures pour les élections législatives anticipées du 17 novembre. L'arrêté signé par le ministre Jean Baptiste Tine offre un aperçu détaillé du paysage électoral à venir.
Sur 51 listes déposées, 41 ont été déclarées recevables. Parmi les partis et coalitions retenus, on note la présence de formations majeures telles que Pastef, mais aussi de nouvelles entités comme "And Liguey Sunu Rew" et "Jubanti Senegal". La liste complète comprend des coalitions comme "Takku Wallu Senegal", "Samm Sa Kaadu", et des partis comme "Bes Du Niakk".
Cependant, l'arrêté met en lumière le rejet de 10 listes pour diverses infractions au code électoral. Les motifs de rejet sont variés et spécifiques :
La coalition "Alliance Samm Sunu Senegal" a été écartée pour une liste incomplète au scrutin proportionnel.
L'entité "Front Ethique Republicain Avec Mamadou Sidibe" a été rejetée pour une liste proportionnelle incomplète, ne présentant que 15 titulaires sans suppléants.
Le parti "En Avant Ca Kanaam" n'a pas fourni la quittance du cautionnement requis.
"En Marche Pour La Renaissance Du Senegal" n'a pas déposé de liste de suppléants.
L'entité "Parti Pour La Renovation Et L'Emergence Du Senegal" a déposé sa candidature hors délai.
La coalition "RV Naatangue" n'a pas respecté la parité sur la liste des suppléants.
Des rejets partiels ont également été prononcés. La coalition "Takku Wallu Senegal" a vu ses candidatures invalidées dans les départements de Bakel entre autres pour non-respect du nombre de candidats requis. De même, la coalition "Defar Sa Gokh" a été rejetée dans le département de Pikine pour absence de liste de suppléants.
Les 41 listes retenues vont maintenant entrer dans une phase intense de mobilisation et de communication pour convaincre les électeurs sénégalais.
Ces élections, convoquées suite à la dissolution de l'Assemblée nationale le 12 septembre, représentent un moment crucial pour la démocratie sénégalaise. Elles interviennent dans un contexte de renouvellement politique, après l'élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence en avril 2024.
L'enjeu est de taille : la composition de la nouvelle Assemblée nationale déterminera la capacité du gouvernement à mettre en œuvre son programme. Dans un paysage politique fragmenté, comme en témoigne la diversité des listes retenues, la formation d'une majorité stable pourrait s'avérer un défi majeur.
Alors que le Sénégal s'engage dans cette nouvelle phase électorale, tous les regards sont tournés vers le 17 novembre, date qui pourrait redessiner les contours politiques du pays pour les années à venir.
LE DESTIN POLITIQUE DE MACKY SALL
L'ex-président, confronté aux accusations de "carnage financier" de son successeur, semble déterminé à reprendre les rênes de l'opposition. Ce retour, seulement huit mois après avoir quitté le pouvoir, soulève des questions sur ses véritables motivations
Macky Sall est face à son destin d’ancien président de la République dont la gestion a été décriée par l’actuel Premier ministre et président du parti Pastef, Ousmane Sonko. Qui parle de «carnage financier». Il va diriger la liste de sa coalition. Pourquoi l’ancien Président souhaite-t-il revenir dans l’arène politique, 8 mois seulement après son départ ? Tentative de réponse.
C’est ce que certains observateurs attendaient, et Macky Sall l’a officialisé ! L’ancien président de la République revient dans l’arène politique. Macky Sall l’a confirmé dans une lettre actant sa démission du Pacte de Paris pour les peuples et la planète où il était l’Envoye spécial depuis l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Si pour l’heure, Macky Sall souhaite éviter un «conflit d’intérêts» en rendant le tablier, des questions persistent quant au timing. En effet, presque 8 mois après avoir quitté le pouvoir, Macky Sall revient dans l’arène politique. Est-ce que ce retour n’a pas pour but de vider le contentieux l’opposant à son ancien Premier ministre et candidat à la dernière présidentielle, Amadou Ba. Qui avait été choisi pour être candidat de Benno bokk yaakaar (Bby) sans bénéficier du soutien qu’il devait recevoir de Macky Sall. L’ancien Président avait-il sciemment saboté la campagne de Amadou Ba pour revenir ensuite ?
En effet, si Amadou Ba avait été vainqueur de la présidentielle, Macky Sall serait beaucoup plus proche d’une retraite que d’un retour. En attendant d’y voir clair, Macky Sall n’est pas le premier Président ayant quitté le pouvoir à revenir pour «compétir» à la députation. Abdoulaye Wade qu’il avait remplacé à la tête du pays, l’avait fait. Le pape du Sopi avait réussi à décrocher une vingtaine de sièges. Pour Macky Sall, l’ambition est tout autre. En effet, avant la dissolution de l’Assemblée nationale, sa coalition avait réussi à avoir 82 députés pour la XIVème législature. Le ralliement de Pape Diop lui avait assuré le Perchoir. Macky Sall, en rêvant, va-t-il se contenter d’une vingtaine de députés ? La réponse est non, sans risque de se tromper.
Avec le «carnage financier» que Ousmane Sonko a annoncé et probablement des poursuites judiciaires qui vont en découler, l’ancien président de la République cherche-t-il une protection en concourant à la députation ? En effet, étant un ancien chef d’Etat, il ne peut être jugé que par la Haute cour de justice que la future Assemblée nationale doit installer.
En contrôlant la Chambre parlementaire, l’ancien président de la République aura son destin en main. Le contrôle de l’Assemblée nationale n’aura pas que des relents judiciaires. En effet, il peut être un tremplin pour Macky Sall pour la présidentielle de 2029. Faire désavouer le duo Sonko-Diomaye, 8 mois seulement après leur arrivée au pouvoir, serait une sacrée prouesse que la bête politique Macky Sall ne manquera pas de capitaliser. Mais 2029 est encore loin.
Macky Sall devra régler son différend avec Amadou Ba. Avec près de 35% des voix lors de la dernière Présidentielle, Amadou Ba a montré ses capacités et ce, malgré le sabotage dont il a été victime. Il a récupéré le Ps et l’Afp, en plus d’une trentaine de partis et mouvements politiques de Bby. Quel sera, alors, le poids électoral de Macky Sall ? Cette question va être plus que scrutée, car le duel que l’ancien président de la République n’a jamais voulu aura probablement lieu. Si Ousmane Sonko devient la tête de liste de Pastef, il va faire face à Macky Sall. Mais cette fois-ci, les rôles vont être inversés. Sonko aura avec lui toute la puissance du pouvoir et Macky devra probablement compter sur une intercoalition pour espérer avoir une chance.
QUAND L'INFLATION FAIT ÉCOLE
Dans ce contexte économique particulièrement tendu, les témoignages recueillis dans les marchés de Dakar révèlent une réalité préoccupante : de nombreux parents sont contraints de choisir entre nourrir leur famille et scolariser leurs enfants
(SenePlus) - Le Sénégal s'apprête à vivre une rentrée scolaire sous le signe de l'inflation, mettant à rude épreuve le budget des familles. Selon un reportage de RFI, plus de 4 millions d'élèves reprendront le chemin de l'école ce 7 octobre 2024, dans un contexte économique particulièrement tendu.
Au marché Ouakam de Dakar, la capitale, le mot "cher" résonne comme un refrain lancinant. Ibrahima Seck, commerçant local, témoigne de cette réalité en faisant face à des clients de plus en plus préoccupés par les prix. Une élève de première année, venue en repérage, exprime clairement cette inquiétude : "Je suis venue voir les prix pour qu'il les diminue aussi, parce que les prix sont chers".
Cette situation affecte particulièrement les familles monoparentales. Une mère, élevant seule ses quatre enfants et gagnant sa vie en faisant des lessives dans le quartier, illustre parfaitement ce défi : "Maintenant, c'est plus difficile qu'avant, parce qu'ils grandissent et donc les fournitures sont plus chères qu'à l'école primaire. Et puis les enfants veulent s'habiller comme les autres, acheter des sacs, des cahiers, des habits et des sandales. Et chaque année, c'est plus cher".
L'inflation touche tous les aspects de la vie quotidienne, rendant l'arbitrage entre les dépenses alimentaires et scolaires particulièrement complexe. Madame Seck, une autre parent, souligne cette difficulté : "Je peux dire que c'est cher. On a augmenté tout. Moi-même, j'ai constaté ça : le kilo d'oignons, ça coûte 1 000-1 500 francs CFA, celui de tomates, ça coute 1 000-1 200 francs CFA. C'est un peu cher quand même. Si tu as beaucoup d'enfants, tu ne peux pas acheter tout en même temps".
Cette augmentation généralisée des prix, particulièrement marquée pour les denrées alimentaires importées depuis juillet, place de nombreuses familles face à des choix difficiles. La situation est telle que de nombreux parents se voient contraints de retarder l'inscription de leurs enfants, attendant le jour même de la rentrée pour rassembler les fonds nécessaires.
Cette situation soulève des questions importantes sur l'accessibilité de l'éducation et l'efficacité des politiques de soutien aux familles en période d'inflation.
Il reste à voir quelles mesures le gouvernement et les acteurs de l'éducation mettront en place pour alléger le fardeau financier des familles et garantir l'accès à l'éducation pour tous les enfants du pays.
par Birane Diop
LE DERNIER DES ARTS DE FARY NDAO
Grâce aux pouvoirs de la littérature, notamment du roman, l'auteur soulève une réflexion sur la politique et ses implications, posant des questions philosophiques et existentielles : pourquoi la politique est-elle comparée à un art ?
J’ai lu Le dernier des arts, le premier roman de l’écrivain Fary Ndao. L’auteur du livre est ingénieur et économiste de l’énergie, travaillant au service de l’État sénégalais. Mais il est bien plus que cela : Fary Ndao est un hussard noir de la République, l’un de ces hommes valeureux dont parlait Charles Péguy, l’auteur de l’essai politique Notre jeunesse, car c’est un haut fonctionnaire qui a la mystique républicaine chevillée au corps, à l’ère du populisme omniprésent. De plus, c’est un intellectuel organique engagé pour la cité. Il a offert à son pays, et au-delà, au reste du monde, trois livres majeurs : Politisez-vous !, L’or noir du Sénégal et Le Dernier des arts, son œuvre la plus récente.
Que dire de ce livre édité par la maison d’édition Présence Africaine ? Le dernier des arts est un magnifique ouvrage, d’une grande érudition à tous égards, le tout enveloppé d’un humour percutant. Grâce aux pouvoirs de la littérature, notamment du roman, il soulève une réflexion sur la politique et ses implications, posant des questions philosophiques et existentielles : pourquoi la politique est-elle comparée à un art ? Cet art fait référence aux stratégies de communication déployées lors des campagnes électorales, où les partis présentent leur candidat et partagent sa vision économique, culturelle, sociale, écologique et sanitaire avec les électeurs, qui ont le dernier mot et sur qui repose finalement l’exercice du pouvoir. Ce don de soi, dont le
but ultime est de changer radicalement la vie des gens, requiert-il de la diplomatie, de l’humour — la « meilleure arme » de tout homme politique ? Peut-on réellement faire de la politique et conquérir le pouvoir sans être cynique, démagogue ou populiste ?
Toutes ces questions trouvent leurs réponses à travers les personnages qui peuplent ce roman. Sibi, figure principale et candidat à la présidentielle, fait comprendre à Coulibaly que la politique, c’est d’abord le peuple, c’est-à-dire une entité sociale sur laquelle s’exerce le pouvoir par le biais de ses représentants. Par conséquent, il faut être « proche d’eux », ne pas les prendre de haut, pour espérer gagner l’élection au soir du second tour. Sans leurs voix, ils ne seront jamais aux affaires sérieuses pour conduire les politiques publiques. Leur communication doit avoir deux objectifs principaux : convaincre et plaire, ce dernier étant souvent le plus décisif. C’est cela qui créera la différence entre leur approche et celle de leurs adversaires – le camp de la présidente Aminata Sophie Cissé. Qu’ils soient des populistes tout simplement, pour être dans l’air du temps.
De plus, un politicien aguerri est un diplomate drapé d’un humour exquis, quelqu’un qui a les talents d’un artiste, c’est-à-dire un génie qui inonde de bonheur et d’excitation le corps social par ses discours anti-élite, son rapprochement avec celles et ceux que les privilégiés appellent avec dédain, dans leurs discussions privées ou lors de dîners mondains : les petites gens, les invisibles, les sans-rien. C’est cela aussi la politique, Le dernier des arts.
Dans ce roman intimiste, à certains points, Sibi et Zeynab, après avoir partagé de bons moments de plaisir charnel, interrogent ce métier exigeant, éreintant et parfois ingrat à travers une dispute de haute intensité. L’activité politique doit-elle s’immiscer au cœur de la famille ? Comment faire pour qu’elle ne perturbe pas l’équilibre familial ?
Face à ces questions existentielles, tout homme politique est tiraillé, voire bouleversé, c’est le cas de Sibi. Sa femme Zeynab — la plume — est désormais la seule qui s’occupe de leurs deux enfants, notamment la petite Sarah Victorine Fall, qui voit son père comme un héros, un homme parfait. Mais ce père n’est jamais à la maison pendant les moments importants. Il a dédié sa vie à d’autres enfants qu’il ne connaît pas, pour apporter un peu de douceur à leur quotidien, pour que demain ils deviennent des transfuges de classe. Autrement dit, pour qu’ils n’aient pas des destins broyés par la misère, la souffrance et la douleur. Il veut faire vivre la promesse républicaine, celle de l’égalité des chances dans le cœur de chaque enfant. La politique, ce n’est pas une question esthétique, ce sont des enjeux de vie et de mort pour beaucoup de gens. Peut-être est-ce là le prix de l’engagement politique. Hélas.
Le dernier des arts est un chef-d’œuvre, un roman absolument passionnant par sa sensibilité, sa justesse et sa langue. La belle ode à la kora, cette musique qui envahit tout notre être pour réparer les blessures invisibles, nous perturbe ou nous fait oublier, le temps d’un instant, l’hystérie de nos sociétés, nous faisant voyager dans le royaume de l’enfance — l’époque de l’insouciance.
En lisant Le dernier des arts, on découvre un écrivain fertile, drôle, d’une grande culture. On trouve des références à Nicolas Mathieu, Boubacar Boris Diop, Albert Einstein, Cheikh Anta Diop, Spinoza, Aristote, Krishnamurti, Jack London, Balzac, Rûmî, Luis Sepúlveda Calfucura. Fary Ndao nous a offert un beau roman d’une grande érudition. C’est un livre sur la politique dans toute sa splendeur. Ici, même l’amour est hautement politique.
Bienvenue en littérature, Fary Ndao. Le dernier des arts, disponible dans toutes les bonnes librairies.
Post-scriptum : Ce passage du livre ci-après m’a fait penser à la meute inculte, médiocre et violente qui avait attaqué Mohamed Mbougar Sarr, brillant romancier sénégalais, quand il a reçu le Goncourt : « Notre pays avait changé. On y détestait désormais la culture, les idées nouvelles, la liberté artistique et la nuance, signe universel d’intelligence, sauf, évidemment, aux yeux des cons. Les conservateurs associés aux faux progressistes avaient plastifié notre imaginaire, préparant le terrain à des individus bien plus radicaux qu’eux : les djihadistes. »