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24 novembre 2024
Développement
PLAIDOYER MONDIAL POUR CUBA
Un groupe de 35 anciens présidents et premiers ministres du monde entier s'unissent en faveur de l'île, demandant notamment à Joe Biden de lever des sanctions jugées injustes et dévastatrices pour le pays
(SenePlus) - Dans une initiative sans précédent, 35 anciens chefs d'État et de gouvernement du monde entier ont présenté une lettre ouverte au président américain Joe Biden, exhortant les États-Unis à retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme.
Cette coalition internationale, menée par des figures emblématiques telles que Dilma Rousseff du Brésil et José Luis Rodríguez Zapatero d'Espagne, dénonce les sanctions américaines comme « anachroniques » et « injustifiables au 21e siècle ».
Les signataires soulignent la contradiction flagrante dans la politique américaine : Cuba est simultanément reconnue comme coopérante dans la lutte antiterroriste et accusée de soutenir le terrorisme.
Ils mettent en lumière les conséquences dévastatrices de ces sanctions sur la population cubaine, exacerbées par la pandémie, et l'impact sur l'économie régionale.
Cette lettre intervient dans un contexte de vague migratoire sans précédent de Cubains vers les États-Unis, conséquence directe, selon les signataires, de ces mesures punitives.
En appelant à un « geste historique » de la part de Biden, ces dirigeants espèrent ouvrir une nouvelle ère dans les relations américano-cubaines, au-delà des divergences idéologiques.
ADHA DÉNONCE LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES JEUNES DANS LES ENTREPRISES SÉNÉGALAISES
Des chiffres alarmants révèlent l'ampleur du problème : 42% des jeunes employés subissent des violations du Code du Travail. Entre heures supplémentaires non payées et cotisations sociales détournées, toute une génération voit son avenir compromis
Dans le communiqué ci-après, l'ONG Action pour les Droits Humains et l’Amitié révèle que près d'un jeune travailleur sur deux est victime d'abus dans son entreprise au Sénégal. Plus inquiétant encore, 30 % des entreprises nationales ne versent pas les cotisations sociales de leurs employés.
"Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA) souhaite attirer l’attention des autorités compétentes et de l’opinion publique sur les graves manquements observés en matière de respect des droits du travailleur au sein des entreprises, affectant particulièrement la jeunesse sénégalaise.
Selon les dernières données du Bureau International du Travail (BIT), près de 42 % des jeunes employés dans les entreprises nationales subissent des conditions de travail non conformes aux dispositions du Code du Travail sénégalais. Ces violations incluent des heures supplémentaires non rémunérées, des contrats précaires, et l’absence de congés payés. En effet, ces pratiques contreviennent à l’article 140 du Code du Travail, qui dispose que « l’employeur doit assurer au salarié des conditions de travail respectueuses de sa dignité et de sa santé ».
Des enquêtes menées par l’Inspection Générale du Travail révèlent que 30 % des entreprises nationales ne versent pas les cotisations sociales déduites des salaires des jeunes employés. Cette violation directe de l’article L. 243-1 du Code de la Sécurité Sociale expose les jeunes travailleurs à des risques sociaux majeurs, notamment en matière de retraite et de couverture santé.
ADHA souligne la limitation de l’action des inspecteurs du travail, due à une législation devenue obsolète. En 2023, seulement 25 % des plaintes déposées par des jeunes travailleurs ont fait l’objet d’une enquête approfondie. Ce taux inquiétant s’explique par un effectif insuffisant : on ne compte qu’environ 150 inspecteurs du travail, un chiffre très insuffisant au regard des normes internationales, qui recommandent un inspecteur pour 20 000 travailleurs.
Il a été observé que plus de 20 % des chefs d’entreprise impliqués dans des affaires de violations du droit du travail sont également engagés dans des activités politiques, utilisant leur influence pour échapper aux sanctions. Cette situation constitue une entorse grave aux principes d’égalité devant la loi, tels que stipulés dans la Constitution sénégalaise.
Action pour les Droits Humains et l’Amitié recommande vivement :
Audit de la Direction du Travail : un audit complet de la Direction du Travail par les corps de contrôle compétents, afin de mettre en lumière les dysfonctionnements internes et proposer des réformes structurelles.
Revalorisation des Inspecteurs : Il est impératif de revaloriser les salaires des inspecteurs du travail et d’augmenter leur nombre de manière significative. Une augmentation de 50 % du nombre d’inspecteurs est préconisée, afin d’atteindre un effectif de 500 inspecteurs d’ici 2025.
Inspections Régulières : Des inspections trimestrielles dans les entreprises nationales et internationales sont nécessaires pour garantir le respect des normes du travail. Ces inspections doivent être accompagnées de sanctions dissuasives en cas de non-respect.
Promotion des Bonnes Pratiques : Enfin, ADHA encourage la création d’un label national de "Responsabilité Sociale des Entreprises" pour récompenser les entreprises respectueuses des droits de leurs employés.
Action pour les Droits Humains et l’Amitié invite les autorités à prendre des mesures immédiates pour remédier à ces graves défaillances et protéger les droits des jeunes travailleurs sénégalais. Lutter efficacement contre la migration irrégulière revient à changer de paradigme, et ce changement commence par une révision de la législation et par un respect strict du droit du travail dans l’environnement des entreprises."
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L'ESCLAVAGE EN AFRIQUE, UNE HISTOIRE À RÉÉCRIRE
L'historien sénégalais Ibrahima Thioub lève le voile sur une vérité dérangeante à propos de la traite négrière. Lors d'une conférence en Allemagne, il a exposé la connivence troublante entre certaines élites africaines et les marchands européens
Il y a quatre ans, le professeur Ibrahima Thioub, ancien recteur de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a secoué les consciences lors d'une conférence au prestigieux Centre Marc Bloch en Allemagne.
Dans un exposé captivant, l'historien sénégalais a démystifié les idées reçues sur l'esclavage en Afrique. Selon lui, la traite négrière ne peut se résumer à une simple opposition entre Africains et Européens. Il a révélé l'existence d'une connivence troublante entre certaines élites africaines et les entreprises européennes.
Thioub a souligné comment la catégorisation raciale des esclaves comme « noirs » a servi à justifier ce commerce inhumain, effaçant l'histoire et l'identité des individus affirmés.
L'abolition de l'esclavage par la France en 1848 n'a pas mis fin à la pratique dans les colonies africaines, illustrant un fossé entre la loi et la réalité sur le terrain.
Le professeur a appelé les historiens à la vigilance face aux discours mémoriels, qu'ils émanent des anciennes élites ou des descendants d'esclaves, pour produire une analyse historique rigoureuse.
par Madieye Mbodj
LAMINE SENGHOR, INTERNATIONALISTE, ANTICOLONIALISTE ET ANTI-IMPÉRIALISTE INTRÉPIDE
Son parcours, de Joal-Fadiouth aux congrès internationaux, témoigne d'une vision révolutionnaire qui dépasse les clivages. Alors que se profile l'anniversaire de Thiaroye 44, redécouvrir Senghor c'est renouer avec un idéal d'émancipation universelle
15 septembre, jour anniversaire, entre autres, de la naissance de Lamine Ibrahima Arfang Senghor (1889) et de la publication du Manifeste du PAI (1957). Et dans moins de 03 mois, le 1er décembre 2024, la commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs africains de Thiaroye.
C’est un fait, dans les années 20, la IIIème Internationale Communiste (I.C), fondée par le dirigeant révolutionnaire russe Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine, est le seul mouvement politique organisé internationalement qui soutient le mot d’ordre de l’indépendance immédiate de toutes les colonies. Dans ce sens, l’I.C est allée jusqu’à stipuler clairement à l’article 8 des 21 conditions d’adhésion définies par le 2ème congrès de juillet 1920 que, « dans la question des colonies et des nationalités opprimées, les Partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations, doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de ’’ ses ‘’ impérialistes aux colonies, de soutenir, non en paroles mais dans les faits, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, d'exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimés et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux. » Position réaffirmée et précisée lors du 5ème congrès tenu en 1924.
C’est dans cette période qu’est créée par le Parti Communiste Français (PCF), en 1921, l’Union Inter Coloniale, en application des directives du 2ème Congrès. C’est dans ce contexte que Lamine Senghor, tirailleur sénégalais, grand blessé, démobilisé au lendemain de la guerre 14-18, recruté comme facteur des PTT à Paris, s’engage avec abnégation dans la vie militante et adhère au PCF au milieu de ces années 20. Il faut d’ailleurs signaler que le congrès anti-impérialiste de Bruxelles de février 1927 durant lequel la participation de Lamine Senghor fut particulièrement remarquable et remarquée aux côtés de Mme Sun Yat sen, Nehru, J.T. Gumede, Hafiz Ramadan Bey, Henri Barbusse, Albert Einstein, entre autres, a été organisé par le communiste allemand Willi Münzenberg, ami personnel de Lénine. Militant communiste soucieux de son indépendance, de son autonomie de pensée et d’action, Lamine Senghor déclarait le Dimanche 13 avril 1926, en réponse à une question du camarade Camille Bloncourt : « Je ne renie pas mon passé et me flatte d'avoir été un propagandiste dévoué au communisme et de n'avoir jamais marchandé ma peine, ni mon temps, ni mon argent. Je reste membre de l'Union Inter-Coloniale mais le CDRN [Comité de Défense de la Race Nègre] doit rester indépendant. » A travers ces propos, il mettait clairement en garde contre les tendances au chauvinisme et au paternalisme largement présentes au sein du PCF et défendait fermement la position d’autonomisation des mouvements anticolonialistes, noirs en particulier, par rapport au PCF.
Il partageait ces positions avec Thiémoko Garang Kouyaté, proche compagnon communiste de premier plan avec lequel il a fondé le CDRN puis la Ligue de Défense de la Race Nègre (LDRN), et qui a partagé son combat jusqu’à sa mort. Continuateur de Lamine Senghor, Thiémoko Garang Kouyaté a créé en 1933 la Ligue de lutte pour la Liberté des Peuples du Sénégal et du Soudan en tant que, dit son Manifeste, « organisation des peuples, des ouvriers et des paysans révolutionnaires du Sénégal et du Soudan », avec pour but « de diriger l’action commune contre la domination sanglante des autorités françaises et des capitalistes français. Elle organise et dirige les ouvriers et les paysans dans la lutte contre la faim, les salaires de misère, le travail forcé, les impôts, contre l’obligation de fournir une quantité déterminée de denrées, elle lutte pour la liberté nationale complète et l’indépendance du Sénégal et du Soudan ». Tout comme Lamine Senghor, Garang Kouyaté a dû lui aussi faire face à des difficultés et divergences avec les communistes au sein du PCF et du Komintern. En 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut arrêté par les nazis et déporté au camp de Mauthausen en Autriche où il mourut le 4 juillet 1944.
Revenons au récit de La Violation d’un pays : « "La Reine République" gouvernait ses concitoyens, tandis que le "Roi Colonialisme" administrait les sujets de ses domaines à l'étranger. Un beau jour, une jalousie se réveille dans l'esprit d'un de ses frères nommé "Germain Bourgeois" qui réclame à la reine une partie de ses domaines étrangers voisins des siens. » Tels sont les germes de la 1ère Guerre mondiale relatés dans La Violation d’un pays. Mais Lamine Senghor a bien intériorisé l’enseignement marxiste, selon lequel la guerre engendre la révolution : « Tout le monde était mécontent. La colère monta ... monta ... et monta telle qu'un jour, les citoyens pâles voulant se révolter contre leur reine, pensèrent que s'ils n'entraînaient pas les autres esclaves, les défenseurs de la “couronne” les embrigaderaient pour en faire des contre-révolutionnaires. Ils envoyèrent des émissaires qualifiés dans tous les pays d'esclavage, pour organiser leur révolte, en leur faisant comprendre combien ils ont été trompés et spoliés. Vous voyez ! disaient-ils, vos mutilés de la guerre pour la Reine sont payés un sixième de ce qu'est payé un mutilé de chez nous, de même mutilation, même blessure ou même maladie ; les veuves de nos camarades tués sur le champ de bataille sont payées ainsi que nos orphelins, tandis que ceux de vos camarades passent derrière la caisse ! .. »
Cet appel de Lamine Senghor à la prise de conscience de ses frères de race se trouve déjà dans son discours de Bruxelles, dans lequel il met en garde les supplétifs de l'ordre colonial qui s'en vont combattre des peuples pareillement colonisés, et dans lequel il souligne en même temps la nécessité de l'unité internationaliste des ‘’damnés de la terre’’ : « … On envoie des nègres à Madagascar; on envoie des nègres en Indochine parce que c'est très près de la Chine qui lui donne un excellent exemple révolutionnaire. (S'adressant aux Chinois, Senghor leur dit : J'aurais voulu vous embrasser, camarades, car vous donnez un, bon exemple révolutionnaire à tous les peuples soumis au joug des colonisateurs ; je voudrais qu'ils s'inspirent tous de votre esprit révolutionnaire.) Camarades, les nègres se sont trop longtemps endormis mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s'est réveillé ne se rendormira plus. » D’autant plus vrai que s’exprime la solidarité internationaliste de combat entre les peuples opprimés et exploités : « L’oppression impérialiste que nous appelons colonisation chez nous et que vous appelez impérialisme ici, c’est la même chose camarades ; tout cela n’est que du capitalisme, c’est lui qui enfante l’impérialisme chez les peuples métropolitains. Par conséquent, ceux qui souffrent de l’oppression coloniale là-bas doivent se donner la main, se serrer les coudes avec ceux souffrant des méfaits de l’impérialisme métropolitain, porter les armes et détruire le mal universel qui n’est autre que l’impérialisme mondial.
Camarades, il faut le détruire et le remplacer par l’Union des peuples libres. Plus d’esclaves ! » Plus aucun doute, la guerre engendre la révolution, l’avenir est radieux, le conte de Lamine Senghor le relate si bien : « La colère gronda et re-gronda dans les cœurs, monta et remonta !!! Elle remonta tellement qu'elle finit par éclater un beau matin (un vendredi 13) le même Jour, à la même heure, chez les bronzés, chez les jaunes et chez les “moins pâles”, la révolution éclata de concert avec les citoyens pâles, les vrais nationaux de la Reine. Les royaumes renversés, la reine fut envoyée pécher des huîtres dans la mer du néant et le roi Colonialisme fut livré à l'ange de la mort. Le soleil venait de se lever et c'était le jour de la libération. Les esclaves devinrent libres ! Les citoyens de chaque pays dirigèrent le Gouvernement de leur état. Ils formèrent l'alliance fraternelle des pays libres. Vive la révolution !!!! »
La Violation d’un pays de Lamine Senghor fonctionne comme un récit qui trace et retrace d’une façon simple, vivante et pédagogique teintée d’optimisme révolutionnaire, à la fois l’histoire de la colonisation et le processus des résistances a la domination, à l’oppression et à l’injustice, jusqu’à la prise de conscience de la nécessité de la révolution mondiale pour l’avènement d’une véritable civilisation de liberté, d’égalité et de fraternité humaine.
Lamine, Senghor, on le voit clairement, est un tout militant, à la fois défenseur de la cause des tirailleurs et plus généralement des Noirs, combattant anticolonialiste, anti-impérialiste, internationaliste et communiste, aucune de ces dimensions n’étant isolée des autres. Comme il le souligne lui-même, « les nègres se sont trop longtemps endormis mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s'est réveillé ne se rendormira plus. » Une telle prise de conscience a besoin de l’arme de la connaissance, laquelle passe commandes ou s’approvisionne auprès du pharmacien, du libraire et de l'humanité, pour paraphraser Lamine Senghor.
Et Cheikh Anta Diop de renchérir à travers cette injonction à l’endroit de la jeunesse africaine : « Formez- vous et armez- vous de science jusqu’aux dents ». Nelson Mandela n’enseigne pas autre chose : « L’éducation est l’arme la plus puissante dont nous puissions disposer pour changer le monde ». Il s’agit de changer un monde charriant fait le mercantilisme néolibéral à tout-va, un monde où tout se vend et où tout s’achète, comme aime à le dire notre l’inusable camarade et doyen Jo Diop, un monde en porte à faux avec les valeurs incarnées, naïvement peut-être, par les habitants de Mbin Jam décrits dans La violation d’un pays, « dans ce pays-là où l’on ignorait ce que c'était que de vendre et d'acheter …» Défense intransigeante des Noirs dans l’égalité avec toutes les races, respect absolu des peuples et des nations ainsi que de leur droit inaliénable à l’autodétermination, à la souveraineté, à la liberté et à la justice, refus de la domination et de l’exploitation, promotion du progrès, de la paix universelle et de l’épanouissement dans la dignité, en un mot l’humanitude sociale érigée en vertu, telle est la voie de l’émancipation humaine, tel est le message sans âge de Lamine Ibrahima Arfan Senghor. Malgré des tentatives de dénigrement de la part de certains agents de renseignements de la police coloniale chargés de le surveiller, nul patriote africain ne mériterait plus que lui, à notre avis, de voir le Musée des Civilisations Noires de Dakar porter son nom.
Né le 15 septembre 1889, il a quitté très tôt Joal- Fadiouth, son royaume d’enfance. Au terme d’une vie trop brève, faite de sacrifices, d’abnégation et d’engagement militants, Lamine Senghor est décédé le 25 novembre 1927 à Fréjus, dans Le Var (France), laissant orphelines sa femme Eugénie Marthe Comont et sa fille Marianne. En mai 1928, dans un hommage posthume publié dans la revue « La race nègre », ses camarades de combat rappelleront que Lamine Senghor avait été un « sincère africain » et qu’il était mort en « soldat de sa race ». Et feu notre camarade poète Jiléen de proclamer : « Quand retentirent les coups de pilon annonciateurs de l’aube /Il fut des premiers à capter le message /Et à le propager ».
(Extraits de ma Communication : « La violation d’un pays et l’actualité du combat politique et culturel de Lamine Senghor », à l’occasion des panels de commémoration du 90e anniversaire de la disparition de Lamine Senghor - à Dakar le 25 novembre 2017 à l’Espace Harmattan, et à Joal le 16 décembre 2017 au Complexe culturel TannoMaak).
Madieye Mbodj est Professeur de lettres à la retraite, membre fondateur du Front Culturel Sénégalais / Làngug Caada Senegaal.
L'HÉRITAGE ÉCONOMIQUE DE BAYE NIASS
Visionnaire et pionnier, il a jeté les bases d'une économie sociale et solidaire dans la région du Sine Saloum. Ses initiatives agricoles et coopératives ont transformé la vie des paysans, alliant foi et développement
Cheikh Ibrahima Niass (1900-1975), fondateur de la Faydatou Tidjania a toujours prôné l’esprit de l’économie sociale et solidaire avec une vision du développement axée sur les communautés et les terroirs, a soutenu dimanche l’expert en développement, Barham Thiam.
‘’Le développement de nos terroirs a très tôt préoccupé Baye Niass. En tant que visionnaire, il misait beaucoup sur l’économie sociale et solidaire en mettant en place des nombreuses stratégies de développement’’, a expliqué Barham Thiam spécialisé sur les questions de développement.
Dans un entretien avec l’APS, M. Thiam est revenu sur plusieurs projets agricoles initiés par Cheikh Ibrahim Niass avec la mise en place des coopératives agricoles qui ont permis aux paysans du Saloum d’écouler leur production et la multiplication des variétés culturales.
Planificateur en développement de formation, Barham Thiam a insisté sur la ‘’vision’’ de Baye Niass, notamment dans le domaine agricole avec la création de plusieurs projets agricoles dans divers villages de la région de Kaolack.
‘’La mise en place des coopératives initiées par Cheikh Ibrahima Niass a contribué à l’émancipation de la masse paysanne et rurale dans la région du Sine Saloum. Cela a permis de promouvoir des activités de développement économique’’, a rappelé Barham Thiam.
‘’Baye Niass a allié le religieux, l’économiste et le politique. C’était un homme multidimensionnel’’, a-t-il estimé.
La cité religieuse de Médina Baye va célébrer son Mawlid international, dimanche
Cette célébration marquant la naissance du prophète Mouhamed aura lieu sous l’égide de la Jamhiyatu Ansaru-Diin, une structure qui revendique plus de 500 millions de disciples de Baye Niass (1900-1975) dans le monde.
Pendant une dizaine de jours, des milliers de disciples venant de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe, des Amériques et d’Asie convergent vers Médina Baye pour célébrer le Mawlid.
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LE CODE NOIR SUR GRAND ÉCRAN
"Ni chaînes ni maîtres" propulsent le spectateur au cœur de l'enfer de l'esclavage, sans concession ni artifice. Simon Moutaïrou signe un premier long-métrage ambitieux qui ose affronter les démons du passé colonial français
Le 18 septembre 2024, le cinéma français s'apprête à vivre un moment historique avec la sortie de "Ni chaînes ni maîtres". Premier long-métrage consacré à l'esclavage dans l'Hexagone, ce film audacieux du réalisateur Simon Moutaïrou plonge le spectateur au cœur du XVIIIe siècle sur l'île Maurice.
L'histoire suit un esclave en fuite, incarné par la star sénégalaise Ibrahima Mbaye, dans sa quête désespérée pour retrouver sa fille et mener la résistance contre l'oppression coloniale. Face à lui, Camille Cottin campe une chasseuse d'esclaves impitoyable, tandis que Benoît Magimel incarne un propriétaire de plantation conforme à la lettre le tristement célèbre Code noir.
Fruit de deux années de recherches minutieuses, "Ni chaînes ni maîtres" ose montrer sans fard la brutalité de l'esclavage tout en évitant l'écueil du sensationnalisme gratuit. Le film s'inspire notamment des écrits du poète Édouard Glissant pour explorer le concept de "marronnage", cette fuite vers la liberté qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
Avec ce projet ambitieux, le cinéma français rattrape enfin son retard sur ses homologues américains dans le traitement de cette période sombre de l'Histoire. "Ni chaînes ni maîtres" s'annonce comme une œuvre percutante, destinée à marquer les esprits et à éduquer les nouvelles générations sur un chapitre longtemps occulté du passé colonial français.
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UN VOYAGE MILLÉNAIRE TOUJOURS VIVANT
Ils viennent de France, du Sénégal et d'ailleurs, chaussures usées et sac à dos fatigué. Leur quête ? Atteindre la tombe de Saint Jacques, au bout d'un chemin parsemé de défis, de révélations et portés par leur foi
Saint Jacques de Compostelle, joyau de la Galice espagnole, continue d'attirer des milliers de pèlerins du monde entier. Cette année encore, fidèles et aventuriers convergents vers ce haut lieu de la chrétienté, marchant sur les pas de l'apôtre Saint Jacques.
Au cœur de la vieille ville, la majestueuse cathédrale romane domine le paysage. Son célèbre Portail de la Gloire accueille les voyageurs épuisés mais exaltés. Ils arrivent de France, du Sénégal et d'ailleurs, portés par leur foi et le défi personnel.
Ce pèlerinage séculaire, loin d'être obsolète, connaît un regain d'intérêt. Il invite à la réflexion sur la transmission de la foi dans un monde moderne et rappelle l'importance du patrimoine religieux européen.
BAYE MBAYE, LA NOUVELLE VOIX D'OR DES CHANTS RELIGIEUX
Héritier d'une tradition séculaire, ce prodige de 16 ans transforme chaque mélodie en une expérience transcendante. Formé dès le berceau à l'art du panégyrique, il porte en lui l'héritage d'une lignée de maîtres
Dans les ruelles sablonneuses de Tivaouane, une étoile montante illumine désormais le firmament musical sénégalais. Baye Mbaye, jeune prodige au timbre mielleux, bouleverse le paysage des chants religieux avec une ferveur qui transcende les générations.
Héritier d'une lignée de chanteurs sacrés, ce petits-fils de maître coranique a stupéfié le public lors de sa première apparition au stade de Tivaouane. Son interprétation magistrale d'un poème panégyrique a marqué les esprits, révélant un talent brut façonné dès l'âge tendre de deux ans.
Guidé par son oncle, véritable mentor et gardien des secrets ancestraux, Baye Mbaye allie tradition et modernité. Sa capacité de mémorisation hors du commun et sa voix envoûtante en font déjà l'un des espoirs les plus prometteurs de sa génération.
Malgré un succès fulgurant, le jeune virtuose garde les pieds sur terre, fidèle aux valeurs de sa famille. Porté par une ambition sans limite, Baye Mbaye aspire à gravir les sommets de son art, promettant de faire vibrer les cœurs au rythme de ses mélodies sacrées pour les années à venir.
LE BLD-TAKKU ACCUSE
La coalition fustige l'inaction gouvernementale face aux drames récurrents qui frappent le pays. Elle dénonce également le « populisme » du nouveau pouvoir et ses méthodes jugées arbitraires
Le Bloc des Libéraux et Démocrates - Takku dresse un tableau sombre de la situation nationale, pointant du doigt les failles du nouveau gouvernement. De l'émigration clandestine à la dissolution de l'Assemblée Nationale, le bloc n'épargne aucun sujet brûlant à travers le communiqué ci-après :
"La Conférence des Leaders du Bloc des Libéraux et Démocrates - Takku s'est réunie à la Permanence du Parti LDR-YEESAL et par la suite en ligne. Après avoir examiné les différents points de l’ordre du jour, consacrés à son organisation et aux perspectives politiques, le BLD - TAKKU s'est penché sur la situation nationale marquée par la résurgence des inondations, la recrudescence des accidents sur nos routes et le fléau récurrent des naufrages en mer des jeunes candidats à l’émigration irrégulière.
Le BLD - TAKKU présente ses condoléances attristées aux familles des victimes, souhaite un prompt rétablissement aux innombrables blessés. Le BLD - TAKKU constate qu'en dépit des prises de position et déclarations fantaisistes attaquant les familles religieuses, critiquant l'ancien gouvernement, les autorités actuelles se rendent à l'évidence de la complexité d'un fléau à l'échelle mondiale causé principalement par le déséquilibre des rapports économiques mondiaux.
Le BLD-TAKKU exige du gouvernement qu’il trouve urgemment des solutions à la problématique de l’emploi des jeunes et de la sécurité routière comme promis lors de la campagne électorale, dans le fumeux Projet qui est devenu une arlésienne.
Le BLD - TAKKU demande aux autorités de situer les responsabilités au niveau de toutes les échelles de gouvernance qu’à celui des acteurs concernés et punir les auteurs et complices de ces agissements occasionnant des drames traumatisant la Nation toute entière.
Le BLD - TAKKU considère que le populisme a atteint ses sommets quand le président de la République n'a que la délation à promouvoir comme seul moyen d’endiguer le phénomène de l'émigration irrégulière. Une telle posture sape le socle de notre vivre ensemble et encourage la haine et la justice populaire. L’interdiction de sortie du territoire national faite aux dignitaires du gouvernement sortant sans aucun mandat de la justice en est une illustration. Le BLD se solidarise avec les frères et sœurs victimes de cette mesure arbitraire et brutale.
Abordant les questions liées aux perspectives politiques, le BLD - TAKKU inscrit son action politique dans le sens d’un renforcement de l’opposition et des coalitions politiques en cours de formation pour faire face à la dissolution de l’Assemblée Nationale et envisager les prochaines élections législatives devant aboutir à la 15ème législature. Dans la même veine le BLD -TAKKU condamne l’inélégance et le parjure qui ont caractérisé la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République.
En conséquence, le BLD-TAKKU appelle à la constitution d'un large front pour la transparence des élections et poursuit son projet politique en validant le rassemblement de toutes les forces vives de la Nation y compris la Société civile.
Le BLD - TAKKU a rendu hommage à la Oumah islamique, condamné fermement les attaques contre nos confréries, présenté ses compliments à tous les foyers religieux engagés dans l'organisation du Maouloud et souhaite aux pèlerins un bon voyage dans la paix et la sécurité."
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L'ARCOP FORGE L'AVENIR ÉTHIQUE DES MARCHÉS PUBLICS
La deuxième promotion d'assistants en passation des marchés publics a reçu ses attestations. Ces 130 nouveaux professionnels rejoignent désormais les rangs des gardiens de la transparence
La magistrate Henriette Diop Tall, Coordonnatrice générale de la cellule d’enquête et d’instruction des recours à l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), a invité des assistants en marchés publics, mardi 10 septembre 2024, à Dakar, à accorder beaucoup d’importance à l’éthique et à l’intégrité professionnelles, dans l’exercice de leurs fonctions.
‘’L’éthique et l’intégrité occupent une place primordiale dans la commande publique’’, a rappelé Mme Tall en parlant de ce sujet aux auditeurs de la deuxième promotion de l’Institut de régulation de la commande publique, le centre de formation de l’ARCOP.
C’était lors d’une cérémonie de remise d’attestations à ces nouveaux professionnels des marchés publics.
La collaboration qu’entretiennent la direction de l’emploi et l’Institut de régulation de la commande publique a permis de former quelque 300 jeunes assistants à la règlementation des marchés publics, dont 130 pour la nouvelle promotion, a-t-on appris lors de la cérémonie.
Ne jamais céder aux ‘’tentatives de corruption’’
Henriette Diop Tall a insisté sur les règles d’éthique, la transparence et la redevabilité, en s’adressant aux récipiendaires.
Elle leur a recommandé de promouvoir l’‘’achat public responsable’’ et d’éviter ‘’la prise illégale d’intérêts’’, durant toute leur vie professionnelle.
Les auditeurs ont été invités aussi à faire preuve d’‘’égalité dans le traitement des candidats en mettant en avant le principe de neutralité’’ et à ne jamais céder aux ‘’tentatives de corruption’’.
Ils sont appelés à exercer leur métier sur la base de ‘’règles d’éthique bien prises en compte par le législateur’’ sénégalais et la réglementation communautaire, celle en vigueur dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine, a rappelé Mme Tall.
La formation dispensée à ces professionnels des marchés publics a duré six mois et comprenait 35 modules enseignés en cent trente heures, a dit Lamine Samb, le chef de la division chargée de la formation à l’Institut de régulation de la commande publique.
Cette formation à distance a permis d’initier les auditeurs à la dématérialisation des procédures, aux partenariats public-privé et à l’environnement juridique de la commande publique, a-t-il ajouté en parlant au nom de l’équipe pédagogique.
Une ‘’amélioration constante’’ des ressources humaines
Les auditeurs ont étudié aussi les mécanismes de contractualisation et le règlement des différends. Les formateurs ont attiré leur attention sur les mauvaises pratiques susceptibles d’affecter la commande publique.
La directrice des ressources humaines et de l’administration générale de l’ARCOP, Khadidiatou Dia Ly, a rappelé la mission de ce démembrement de l’organisme public chargé de la commande publique.
Mme Ly assure que cette direction dont elle tient les commandes ne cesse de travailler à une ‘’amélioration constante’’ des ressources humaines chargées des marchés publics sénégalais.
C’est pour y arriver que la direction des ressources humaines et de l’administration générale procède à ‘’l’accréditation de spécialistes de la commande publique’’ et à ‘’la professionnalisation des acteurs’’ de ce secteur et des finances publiques, a-t-elle dit.
C’est à ce titre que des formations diplômantes ont été élaborées par l’ARCOP, avec la collaboration d’établissements d’enseignement supérieur publics, dont les universités Cheikh-Anta-Diop de Dakar, Iba-Der-Thiam de Thiès (ouest) et Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), selon Mme Ly.
Le programme jeune assistant entre dans le cadre des efforts entrepris par l’ARCOP pour la promotion des acteurs de l’économie sociale et solidaire notamment les jeunes et les femmes. Il constitue un puissant un levier pour lutter contre le chômage et renforcer leur employabilité pour une meilleure insertion dans le monde du travail.
Cette formation des assistants en marché public est une application de cette volonté de l’Etat de doter les acheteurs publics de ressources humaines de qualité, pour renforcer la transparence, la célérité et le professionnalisme du système de la commande publique au Sénégal qui est évalué à quelques trois mille (3000) milliards de FCFA.
Le programme participe aussi à la politique de professionnalisation des acteurs de la commande publique menée par l’institution en vue de doter le système de ressources humaines de qualité aptes à dérouler les procédures dans les meilleures conditions de transparence, de célérité et économie du marché.