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28 novembre 2024
Développement
VIDEO
OUMAR YOUM CRAINT UNE CHASSE AUX SORCIÈRES
Selon l'ancien ministre, le temps pris pour entendre les responsables soupçonnés de malversations financières traduit "une volonté inavouée de sélectionner des juges et s’adonner à un règlement de compte avec les tenants de l’ancien régime"
Oumar Youm, ancien ministre et président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, s'est exprimé sur la question de la reddition des comptes engagée par les nouvelles autorités. Selon lui, le temps pris pour entendre les responsables soupçonnés de malversations financières traduit "une volonté inavouée de sélectionner des juges et s’adonner à un règlement de compte avec les tenants de l’ancien régime".
Pourtant, BBY se dit prêt à rendre des comptes sur sa gestion lorsqu'il était au pouvoir. "Quand on est venu, on a renforcé les institutions de contrôle comme l'OFNAC, l'IGE et la Cour des comptes", a rappelé Oumar Youm, citant ces organes qui ont épinglé plusieurs responsables dans le cadre de la gestion des fonds Covid-19.
L'AVEU EMBARRASSANT
L'ambassade d'Ukraine à Dakar a de nouveau créé la polémique en publiant une vidéo confirmant son appui armé aux rebelles du nord Mali. Face à cette ingérence dans les affaires intérieures maliennes, le mutisme des autorités sénégalaises intrigue
Sur sa page Facebook, un extrait d’une déclaration du porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien, Andriy Yusov, dans lequel il confirme que Kiev a appuyé les rebelles indépendantistes du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSp-DpA) contre les forces armées maliennes et les milices Wagner. Toutefois, la diplomatie sénégalaise sous l’impulsion du tandem Diomaye-Sonko reste toujours silencieuse.
C’est une vidéo qui suscite la polémique sur la toile. Elle est l’œuvre de l’ambassade de l’Ukraine au Sénégal. En effet, la représentation diplomatique de Kiev à Dakar a posté une déclaration du porte-parole de leur service de renseignement militaire, Andriy Yusov.Dans cet extrait, traduit en français, d’une émission avec une chaîne de télévision ukrainienne, il a confirmé que ses services ont collaboré avec les rebelles qui opèrent dans le nord du Mali. « Les criminels russes sont effectivement devenus actifs en Afrique. Avec leurs mercenaires, ils onttenté de résoudre des problèmes géopolitiques et économiques, de changer ou de soutenir certains gouvernements. Et aujourd’hui le monde entier constate que la Russie n’a plus le même potentiel et les mêmes capacités. Cela signifie qu’il y aura moins de nouvelles commandes et que l’on comptera moins sur elles pour résoudre les problèmes de la région. Et le fait que les rebelles aient les informations nécessaires et pas seulement des informations qui leur ont permis de mener avec succès une opération contre les criminels de guerre russes est un fait que le monde entier a déjà constaté», a déclaré Andriy Yusov dans la vidéo publiée, le 30 juillet 2024 et en ligne jusqu’à hier soir, sur la page Facebook de l’ambassade de l’Ukraine au Sénégal.
Le porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien a indiqué qu’il ne souhaite pas entrer dans les détails pour l’instant. Il a, en outre, fait savoir : « les criminels de guerre russes seront punis dans n’importe quelle partie du monde où qu’ils se trouvent. Tout ce que l’Ukraine fait s’inscrit dans le cadre du droit international.» Une thèse défendue par son chef au renseignement, le général Budanov.
La vidéo est chapeautée par un message de l’ambassadeur d'Ukraine au Sénégal, Yurii Pyvovarov, qui semble récidiver après l’épisode de mars 2022. «Le travail se poursuivra. Il y aura certainement d'autres résultats. La punition des crimes de guerre et du terrorisme est inévitable. C'est un axiome», a écrit l’ambassade d’Ukraine. Cet appui témoigne du prolongement de la guerre Russie-Ukraine sur le théâtre africain où les milices Wagner appuient les Forces armées maliennes (Fama) qui font face depuis 2013 à des groupes armées extrémistes et indépendantistes depuis 2013.
Un silence très lourd du coté de la diplomatie sénégalaise
Il faut constater que cette publication de l’ambassade de l’Ukraine à Dakar n’a pas encore fait réagir la diplomatie sénégalaise. Elle s’est emmurée dans un silence incompréhensible. Une absence de réactivité qui surprend. Car la politique de « bon voisinage » fait partie de l’DN de la diplomatie sénégalaise. C’est pourquoi la posture actuelle de la diplomatie face à une publication qui confirme l’appui du service de renseignement de Kiev aux rebelles indépendantistes face à un « pays frère » fait beaucoup jaser. Surtout qu’il faut rappeler que dès les premières heures du conflit au Nord du Sénégal, le Sénégal s’était engagé dans le théâtre malien pour aider le Mali à défendre son intégrité territoriale.
Cette position du ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères contraste avec le projet des nouvelles autorités qui se définissent comme des souverainistes et panafricains. Pourtantle régime de Macky Sall qui étaitfavorable, selon certains, aux intérêts occidentaux, avait eu un ton ferme face au représentant de l’Ukraine au Sénégal. En effet, dans un post sur Facebook, en mars 2022, l’ambassade d’Ukraine avait posté un formulaire pour enrôler des « étrangers» dans sa guerre contre la Russie. La réaction de Dakar a été sans conséquence. La cheffe de la diplomatie sénégalaise à l’époque avait convoqué l’ambassadeur d’Ukraine au Sénégal, Yurii Pyvovarov et l’avait sommé de supprimer sa publication. Rappelant à l’ordre le diplomate ukrainien, Aissata Tall Sall avait précisé que «le recrutement de volontaires, mercenaires, et combattants étrangers sur le territoire sénégalais est illégal et passible de peines prévues par la loi ».
Enfin, cette posture des nouvelles autorités face à ce qui semble être une attaque contre un pays africain sonne comme une dissonance au serment du président de la République qui a juré «de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine». Elle entre aussi en contradiction avec l’attachement du Sénégal à la réalisation de l’unité africaine. C’est pourquoi, sur la toile, le malaise s’installe même parmi les proches des nouvelles autorités. Un avis de recherche est lancé sur la toile pour amener la cheffe de la diplomatie sénégalaise Yassine Fall à sortir de son silence.
par Mody Niang
POINT DE VUE D'UN CITOYEN SUR LES 100 JOURS DE DIOMAYE
Face aux dérives du système de rémunération des fonctionnaires et aux avantages indus accordés, il est urgent que le nouveau pouvoir engager une réforme en profondeur pour être à la hauteur des changements promis
Le vendredi dernier (5 juillet 2024), j’ai envoyé un long message à Monsieur Amadou Ba, depuis quelque temps, je crois, député à l’Assemblée nationale. Je pensais qu’il était plus disponible que les autres et qu’il réagirait à mon message. Malheureusement, lui aussi a fait comme les autres. Comme les autres, le temps ne le lui a pas peut-être permis. Le message n’ayant rien de secret, j’ai décidé de le rendre public, sous forme d’une contribution. Je précise d’ores et déjà que je ne suis un spécialiste de rien du tout. Je ne suis qu’un citoyen de bonne volonté qui a tenu, depuis une cinquantaine années, à cultiver modestement sa part du jardin national qu’est le Sénégal, notre Sénégal à nous tous et à nous toutes. Ce qu’on appelle les cent jours de nos nouveaux gouvernants ne me laissent alors pas indifférent.
J’ai commencé donc mon message par féliciter Monsieur Amadou Ba, même si je le voyais plus loin. C’est vrai que le poste de député du peuple lui convient parfaitement. Peut-être même que demain, il pourrait être à la tête de l’Assemblée nationale, ce qui serait une excellente chose pour cette institution. En attendant, comme il est plus proche que moi de nos gouvernants, j’ai voulu passer par lui pour donner mon humble avis sur la manière dont ils conduisent les affaires publiques depuis ce 2 avril 2024.
D’abord, je pense humblement, et beaucoup de compatriotes avec moi, que le rythme de la reddition des comptes est lent. C’est vrai que l’Inspection générale d’État a été mobilisée pour auditer, dit-on, prés de soixante-dix structures, y compris certainement beaucoup de ministères. C’est un bon choix, puisque les résultats leur permettront de s’entourer de toutes les garanties et de clouer ainsi le bec à certains de nos compatriotes de l’autre côté de la barrière qui seront prompts à crier : « Encore la chasse aux sorcières ». Mais, en attendant, les dizaines et dizaines de dossiers qui dorment sur la table de l’ancien président-politicien et sur celle du Procureur de la République, doivent être exploités. Y compris d’ailleurs ceux qui épinglent lourdement les vingt-deux restants de la liste dressée par les enquêteurs de l’ancienne CREI. Vingt-deux présumés délinquants qui ont honteusement détourné des centaines de milliards. Certains de ces nombreux dossiers ont été publiés et, depuis lors, aucun des mis en cause n’a été convoqué par la justice, en tout cas pas à ma connaissance.
Or, de nombreux compatriotes attendent avec impatience que les premiers délinquants soient envoyés en prison et dépouillés des biens qu’ils ont honteusement volés au peuple. J’ai aussi parfois des problèmes devant certaines nominations. L’exemple qui retient mon attention parmi tant d’autres, c’est la récente nomination d’un compatriote comme PCA de l’APIX. Mon frère Alla Kane m’a envoyé une vidéo que j’ai transférée à Amadou Ba. Elle nous rappelle qui est réellement ce nouveau promu, ou qui il était. Quand j’ai écouté la vidéo, j’ai failli tomber à la renverse. J’ai envoyé d’ailleurs un court message à Alla Kane, que j’ai ensuite transféré à Amadou Ba. Le voici d’ailleurs, pour que personne n’en ignore : « Mon frère, toi qui es plus prés d’eux, tu dois leur suggérer de faire davantage attention au passé de ceux et celles qu’ils nomment. Cette nomination doit faire mal aux vrais patriotes qui ont porté le Projet Pastef pendant plusieurs années et dont le profil n’a vraiment rien à envier à celui dont la vidéo nous présente un certain passé ».
Á mon humble avis, nos nouveaux gouvernants doivent s’attarder encore plus sur le passé des gens avant de les nommer à quelque poste que ce soit. Aujourd’hui, de plus en plus de compatriotes se posent légitimement des questions sur le népotisme qui serait à la base des actes de nominations de certains ministres, et surtout de deux d’entre eux. Leurs ministères seraient devenus finalement pour eux comme une famille, avec d’anciens membres de l’APR bien connus. J’ai employé le conditionnel, ne disposant pas de preuves que les informations agitées çà et là sont avérées. Je ne le fais d’ailleurs que par sagesse.
Nos gouvernants doivent aussi d’ores et déjà se pencher sérieusement sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique. Aujourd’hui, les recrutements, les augmentations de salaires et octrois d’indemnités diverses ne s’appuient, pour l’écrasante majorité, sur aucune base légale. L’une des conséquences, c’est que la masse salariale devient de plus en plus insupportable. Si on n’y prend garde, elle pourra aller jusqu’à absorber jusqu’à 50% du budget. Ce serait injuste puisque les agents de l’État ne dépassent pas 160.000, soit moins de 1% de la population. Il faut donc penser d’ores et déjà à remettre tout ce système à plat, donc le réformer profondément. Dans cette perspective, des Assises, comme celles en cours sur la justice, doivent être rapidement organisées. Elles devraient avoir pour objectifs, notamment de mettre un terme à l’iniquité qui caractérise ce vieux système, que le vieux président-politicien et son successeur et sosie ont mis sens dessus dessous, surtout avec ces diverses indemnités qu’ils attribuaient à tout va, et à la tête du client. Une réforme profonde de ce système est nécessaire, réforme qui ne peut pas se faire sans des sacrifices. Des sacrifices qui doivent d’abord venir de nos gouvernants.
Dans un pays qui fait partie des vingt-cinq les plus pauvres et les plus endettés du monde, les salaires les plus élevés ne devraient pas dépasser trois à quatre millions. De même, le nombre et le montant des diverses indemnités devraient être notablement diminués. Dans un pays comme le nôtre, avec son taux de pauvreté et de chômage particulièrement élevé, on ne devrait pas se permettre d’attribuer des indemnités au premier venu, des indemnités de 800.000 à un million de francs. Du temps des Socialistes – il faut le leur reconnaître – l’essentiel de ces indemnités étaient attribuées à des corps spécialisés.
Nos gouvernants devraient aussi avoir le courage de repenser ce qu’on appelle les « fonds communs », qui enrichissent rapidement certains fonctionnaires et autres agents de l’État. Les justifications qu’on en donne jusqu’ici deviennent de plus en plus inacceptables. Et que personne ne m’oppose ces droits dits acquis. Acquis par rapport à quoi ? Et puis, quel mérite les bénéficiaires de ces « fonds » ont-ils de plus que les médecins affectés dans les localités parfois des plus déshéritées du pays et qui, avec des moyens limités, y abattent un travail presque de titan, notamment en y faisant reculer notablement les maladies les plus craintes, surtout par les femmes et les enfants ? En quoi sont-ils plus méritants que les proviseurs, les professeurs, les surveillants et autres qui, chaque année, font les meilleurs résultats aux différents examens ? Ces questions méritent quand même d’être posées. Il convient aussi de le signaler : ces privilégiés de la République – ils le sont réellement – ne ratent pas leurs parts du gâteau, à chaque lotissement de l’une de nos réserves foncières. Ils se les ont d’ailleurs pratiquement toutes partagées, avec d’autres privilégiés de la République et se retrouvant, les uns et les autres, avec plusieurs luxueuses maisons, presque toutes des R + . . . . . . Pendant ce temps, de jeunes couples sont à la recherche désespérée d’une seule parcelle de 150 m2. Nous ne comprendrions pas qu’un gouvernement de ruptures ne prenne pas ses responsabilités devant une telle situation.
Une autre priorité, c’est de réformer profondément l’administration, notamment en la dépolitisant et en l’allégeant, au niveau central comme au niveau décentralisé ou territorial. Il y a trop de directions générales, de directions, de présidences de conseil et de surveillance. Il y a trop de secrétaires généraux de ministères. Au moment où les Socialistes quittaient le pouvoir, il n’y en avait pas plus de cinq. Aujourd’hui, tous les ministères en nomment, y compris ceux qui pouvaient vraiment s’en passer1. On peut faire la même remarque concernant les directions de l’administration générale et de l’équipement (DAGE). Un secrétaire de l’administration générale et de l’équipement (SAGE) suffit bien pour certains ministères.
Au niveau territorial, on remarque les mêmes excès : notre pays compte trop de régions, de départements et d’arrondissements. Du moins, c’est mon humble avis. Nous devrions nous contenter de dix régions au plus. Des régions et des départements ne le sont que de nom. Pour ne m’arrêter que sur un exemple, le Département de Médina Yoro Foulah n’en est vraiment pas un. Il manquerait pratiquement de tous les équipements. Jusqu’à une date récente, il ne compterait pas un seul kilomètre de goudron. Il peut en être de même d’ailleurs des Départements de Ranérou-Ferlo (Matam), de Saraya et de Salémata (Kédougou), qui ne sont pas loin de cette situation. Et que dire de nos communes ? Elles sont plus de cinq cents, dont la plupart ne le sont, elles aussi, que de nom. Nombre d’entre elles ont du mal à réunir le budget qui leur fait vivre.
En outre, le personnel qui les gère est loin d’être à la hauteur. Des secrétaires municipaux en particulier, on en trouve qui n’ont aucune idée du budget, ni du reste du fonctionnement général d’une commune. La communalisation intégrale n’est pas forcément un bon choix. Je connais, dans un département, deux communes qui sont côte à côte et qui feraient à elles deux, une commune qui serait à peine viable. Le système communal devrait donc occuper une bonne place dans les réformes nécessaires que nos nouveaux gouvernants devraient prendre, et qu’ils prendront sûrement. Les dizaines de projets de loi annoncés par la primature s’inscriraient peut-être dans cette perspective.
Enfin, le 24 mars 2024, le peuple sénégalais s’est levé comme un seul homme, comme une seule femme, pour nous débarrasser enfin de cette famille dite libérale, qui nous en a fait voir de toutes les couleurs en matière de mal gouvernance. Il a accordé sa confiance au candidat de la Coalition « Diomaye Président », celui d’Ousmane Sonko dont la victoire, éclatante et sans bavure, a relégué loin derrière le pauvre candidat de de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar. Cette victoire a suscité un énorme espoir qui ne doit jamais être déçu. Nos nouveaux gouvernants doivent tout mettre en oeuvre pour que ce ne soit jamais le cas, notamment en menant des réformes profondes qui nous débarrassent progressivement et définitivement de ce système odieux, nous empoisonnant l’existence depuis le 7 mars 1963 et, en particulier, depuis le 1er avril 2000.
1 Du temps du vieux président-politicien et de son successeur et sosie, je préférais « y compris des plus squelettiques ». Peut-être que nous n’en sommes pas encore là.
PAR Oumou Wane
LA GUERRE DE 100 JOURS
Je ressens le besoin d’une presse qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines que la presse pourra assumer pleinement son rôle
Depuis l’avènement du nouveau gouvernement en avril, une certaine presse semble s’être engagée dans une véritable croisade démagogique contre les initiatives d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Des articles récents illustrent parfaitement cette dérive populiste et sensationnaliste qui gangrène notre paysage médiatique.
Prenons d’abord l’article qui évoque la proposition de vendre l’avion présidentiel pour financer des cliniques mobiles. À première vue, cette idée pourrait séduire par son apparente simplicité et son potentiel symbolique. Cependant, ce raisonnement repose sur un simplisme trompeur. Vendre un avion présidentiel n’est pas une simple transaction ; c’est une décision mêlant symbolisme politique et pragmatisme financier. Réduire ce sujet à une solution miracle pour améliorer notre système de santé, c’est ceder à la démagogie la plus grossière. Les réformes de santé devraient être jugées sur leur durabilité et leur structuration, plutôt que sur des gestes symboliques destinés à flatter l’ego d’une presse avide de titres accrocheurs.
Ensuite, les critiques indignes sur le sac et les chaussures d’une des premières dames Faye, révèle une autre facette de ce journalisme dévoyé. Les médias semblent plus préoccupés par les querelles personnelles et les critiques acerbes que par une analyse approfondie des politiques publiques. Ce type de journalisme détourne l’attention du public des véritables enjeux. Au lieu de se concentrer sur les insultes et les invectives, les médias devraient encourager un débat constructif et éclairé sur les défis et les solutions pour notre pays.
Il est navrant de voir les médias se vautrer dans la démagogie, préférant les titres chocs et les controverses stériles aux analyses sérieuses et aux critiques constructives. Le rôle des médias est d’informer et d’éclairer, non de fomenter des polémiques inutiles qui n!apportent rien au débat public. En adoptant une attitude plus responsable, les médias pourraient jouer un rôle crucial dans le développement et la stabilité du Sénégal. Au lieu de cela, ils alimentent une atmosphère de méfiance et de confusion, tentant d’empêcher le gouvernement de se concentrer sur ses priorités et de prouver sa valeur.
Depuis l’investiture de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, le nouveau gouvernement a annoncé des réformes ambitieuses. La décision de réaliser un état des lieux économique et financier pour dresser la situation générale des finances publiques est tout à fait nécessaire. Cette démarche, empreinte de pragmatisme et de vision, pourrait marquer le début d!une transformation systémique de notre pays, en phase avec les promesses de campagne de Faye et Sonko.
Cependant, certains médias semblent continuer à suivre une ligne éditoriale peu constructive. Cela soulève des questions sur leur capacité à jouer leur rôle de contre-pouvoir et à informer le public de manière objective. En tant que citoyen, je ressens le besoin d’une presse qui ne se contente pas de relayer des critiques, mais qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité.
Il est temps que la presse sénégalaise se ressaisisse et prenne conscience de son rôle fondamental dans notre société. En se détournant de la démagogie et en revenant à un journalisme de qualité, les médias peuvent véritablement contribuer à la construction d’un Sénégal prospère et juste. Les cent premiers jours du nouveau gouvernement sont cruciaux, et j’espère sincèrement que les médias joueront le jeu en offrant une couverture équilibrée et éclairée des réformes en cours.
Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines et en adoptant une approche journalistique digne de ce nom que la presse pourra assumer pleinement son rôle de quatrième pouvoir, garantissant ainsi un avenir prometteur pour notre pays. Les grandes figures littéraires telles que Victor Hugo, en son temps, ont utilisé leur plume pour éclairer et élever les consciences. Il est temps que la presse sénégalaise s’inspire de ces illustres exemples et reprenne sa place en tant que phare de la vérité et de la justice dans notre société.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa7
par Nioxor Tine
PARACHEVER LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE
Malgré l'espoir suscité par l'alternance, le respect des engagements en faveur d'une refondation institutionnelle reste à confirmer. L’expérience prouve que c’est maintenant, en début de mandat, qu’il faut en poser les jalons
Le 30 juillet 2024, une Coalition de la Société Civile a tenu une conférence de presse, pour interpeller l’Exécutif sur le respect des engagements pris lors de la signature du pacte national de bonne gouvernance, dans le cadre de la problématique des conclusions nationales et des recommandations de la C.N.R.I.
Les enjeux de parachèvement de nos souverainetés politique, économique et monétaire ainsi que ceux liés à la refondation institutionnelle, agitent le landerneau politique, depuis plusieurs décennies et figuraient, en bonne place, dans le programme de la CA2000, ayant été paraphé par le candidat Abdoulaye Wade et les partis du pôle de gauche, à la veille de la première alternance.
Si le président Wade a eu le mérite historique d’organiser le référendum du 7 janvier 2001, après un large débat national, dans un délai de 8-9 mois, avec, à la clé, une nouvelle Constitution, il faut déplorer que les modifications de la charte fondamentale de notre pays n’aient, en rien, remis en cause ni la dépendance néocoloniale, ni le pouvoir présidentiel monarchique hérité du régime socialiste.
Quant à Macky Sall, un chef expéditif devant l’éternel, maître dans l’art du reniement, du louvoiement et des tergiversations, il empruntera des voies de contournement tortueuses, pour maintenir le statu quo institutionnel, contrairement aux engagements pris devant le peuple des Assises. C’est ainsi qu’après sa victoire survenue le 25 mars 2012, il faudra au président plusieurs mois pour annoncer, lors de la journée des Institutions célébrée le 14 septembre 2012, la mise en place d’une commission nationale de réforme des institutions (CNRI), chargée de prendre en charge 11 problématiques (cf. lettre du 5 novembre 2012 traitant de la commande du chef de l’Etat à la CNRI) inspirées essentiellement des conclusions des Assises nationales et du programme du Yoonu Yokkute.
Le président de cette CNRI, (qui s’avèrera n’être qu’un leurre pour gagner du temps), remettra son rapport au président de la République, le 13 février 2014, presque deux ans, jour pour jour, après l’élection de Macky Sall à la tête de notre pays. On assista alors à une levée de boucliers de la part des militants de l’APR, qui rejetaient les points-clé du rapport, raillant au passage ce qu’ils estimaient être des prétentions infondées d’intellectuels, sans aucune assise électorale, de limiter les prérogatives de leur leader plébiscité par un score flatteur, lors de son accession au pouvoir.
Pas étonnant, dès lors, que le président Sall ait attendu quatre longues années pour soumettre, lors de la consultation référendaire du 20 mars 2016, son projet de réforme constitutionnelle, caractérisé principalement, par le fait qu’il passe sous silence les problématiques liées à l’équilibre et à la séparation des pouvoirs.
On connaît la suite. Le refus de résoudre les dysfonctionnements institutionnels identifiés, depuis plusieurs décennies, allait exacerber les contradictions et conduire le régime de Benno Bokk Yakaar à commettre des forfaitures politiques en série, avec l’objectif inavoué de détruire les fondamentaux démocratiques de notre Nation. On peut citer pêle-mêle, le sabotage du processus de décentralisation par l’acte 3, la déstructuration de notre système électoral (loi sur le parrainage), la mise en coupe réglée du Parlement avec des abus itératifs de majorité, la routinisation des violences verbales et physiques et les intrusions intempestives des FDS au sein du Parlement. Mais ce que les historiens retiendront de l’ère de Benno Bokk Yakaar, ce sera l’instrumentalisation de la Justice doublée d’une criminalisation systématique des activités politiques les plus banales, qualifiées de terroristes et d’atteintes aux droits humains élémentaires, donnant lieu à des arrestations de masse.
Les acteurs politiques d’un certain âge avaient la très nette impression d’un retour de quarante années en arrière, à l’époque de la glaciation senghorienne, dans un contexte de parti unique.
C’est tout le mérite de l’opposition sénégalaise, particulièrement du parti Pastef, d’avoir opposé une résistance farouche à ces velléités dictatoriales, confirmées par le putsch constitutionnel du 3 février 2024, que les masses populaires sénégalaises ont fermement rejeté, permettant ainsi au conseil constitutionnel d’invalider les décret et loi illégaux, censés reporter la date de l’élection présidentielle.
Pour avoir davantage mis l’accent sur des préoccupations électoralistes avec des candidatures fantaisistes, au lieu de privilégier les contenus programmatiques et une démarche unitaire, l’opposition a favorisé un vote utile massif en faveur du Pastef, qui avait porté tout le poids de la lutte et dont le candidat a été élu dès le premier tour, avec 54, 28% des voix.
Rappelons, que lors de l’élection présidentielle de 2012, le cas de figure était différent et que le président Macky Sall devait affronter Abdoulaye Wade, au deuxième tour, en partant du maigre score de 26,58% !
A l’époque, M. Mamadou Ndoye, figure de proue du Sursaut Citoyen, avait publié une tribune intitulée « Urgences et responsabilités historiques de la gauche sénégalaise », dans laquelle, il plaidait, pour que la gauche sénégalaise puisse peser de tout son poids pour obtenir, avant le deuxième tour, un accord politique clair et précis avec le candidat Macky Sall. Il n’avait malheureusement pas été entendu et on connait la suite, à savoir le règne calamiteux de Macky Sall et de sa Coalition unanimiste et grégaire.
Cette fois-ci, la situation semble être plus favorable, comme le prouvent le parcours du Pastef, depuis sa naissance et la signature du pacte national de bonne gouvernance, qui est dans le sillage des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions.
Néanmoins, certains signes ne cessent d’inquiéter.
Il y a d’abord cette propension à user, de manière pragmatique, des manières de faire et même des lois léguées par le pouvoir apériste alors qu’elles sont théoriquement appelées à disparaître. Nous citerons les interdictions quasi-systématiques des manifestations des travailleurs, les condamnations unilatérales des initiatives de résistance populaires comme Ubbi Deuk, les déguerpissements des marchands ambulants sans mesures d’accompagnement et des lois portant sur le délit d’offense au chef de l’Etat et sur la diffamation…etc.
Certes, des aspects positifs comme les initiatives dans le domaine du foncier, incluant le domaine privé maritime sont à saluer.
En réalité, nous ne remettons pas en cause la bonne foi du duo Diomaye-Sonko, mais l’expérience prouve que c’est maintenant, en début de mandat, qu’il faut poser les jalons d’une nouvelle gouvernance, en adoptant une approche inclusive, c’est-à-dire en y associant toutes les bonnes volontés. Le camp patriotique, qui rejette, à juste titre la transhumance, doit néanmoins édifier un large front pour la défense des valeurs, qu’il se targue d’incarner. Il ne faudrait pas commettre la même erreur que le Grand Maodo (qui a d’ailleurs fait son autocritique), en se coupant des forces acquises au renouveau démocratique de notre Nation.
Une nouvelle charte fondamentale, qui devra être adoptée par référendum est une nécessité incontournable, qui symbolisera la naissance d’une nouvelle République au service des intérêts populaires.
Le président est de retour à Paris, à l’occasion de l’ouverture officielle des Jeux Olympiques 2024. Ça lui fera, en moins de deux mois, son deuxième séjour en France
Le président Bassirou Diomaye Faye est de retour à Paris, à l’occasion de l’ouverture officielle des Jeux Olympiques 2024. Ça lui fera, en moins de deux mois, son deuxième séjour en France. La première fois, c’est la première Première dame qui l’accompagne ; à la seconde, c’est la deuxième épouse.
Bien entendu, compte tenu du niveau du débat public, ça s’est beaucoup questionné sur le… sac à main de Madame Diomaye Faye, deuxième du nom. On peut s’estimer heureux, le débat aurait pu tomber bien plus bas.
Les effets de l’application stricte de l’article 80 observée ces derniers temps ?
Toujours est-il que l’on assistera à un questionnement philosophique de haute facture sur le sac à main de Madame la deuxième Première dame : est-ce un Céline original, très classe, qui coûterait près de trois millions de nos misérables francs Cfa ou une vulgaire imitation achetée dans un bazar de Sandaga ?
Dans le premier cas, on peut toujours se demander quels secrets de femme peut bien garder un sac qui coûte aussi cher ; foin du misérabilisme, il faut bien que les deniers du contribuable rehaussent le standing de nos dirigeants. Ils n’auront pas enduré le parcours du combattant dont un passage par la case prison, pour ensuite venir jouer les crève-la-faim.
De toutes manières, ce n’est pas dans le style de l’homme : le modeste inspecteur du fisc qu’il est, malgré ses environ trois cent mille francs de salaires mensuels, ne meurt pas de faim ; son pied-à-terre dakarois, qu’il occupe malgré lui, loin des coups de pilon de son Ndiaganiao matinal, selon le journal officiel, coûterait après expertise, terrain et constructions, l’un dans l’autre, pas loin des 275 millions, en vulgaires Cfa.
Passons sur son champ de plus de quatre hectares et autres propriétés de moindre envergure… La question que tout le monde se pose, en cachette bien entendu, article 80 oblige : comment cela peut-il se faire ?
Mauvaise pioche
On devrait plutôt se demander pourquoi tous les Sénégalais moyens n’ont pas ce patrimoine. C’est sans doute au «Projet» d’y remédier. Ses prophètes ont pour cela cinq ans de stage et cinquante ans de mirage.
Faudrait souhaiter bien du plaisir à leur 54% d’électeurs ?
Et puis, trêve de pinailleries : tout ceci est derrière lui désormais. Il y a le modeste salaire du fonctionnaire sorti de geôle pour devenir président de la République qui fait des bonds de crapaud entre mars et avril 2024, flirtant avec les cinq millions mensuels ; bien entendu, les fonds «politiques» comptent pour du beurre qui devrait fondre au soleil ; quant à sa modeste Ford à 19 millions (toujours en p’tits Cfa qu’on devrait larguer selon le «Projet» d’avant mars 2024) par un coup de baguette mackyavélique, elle se transforme en un parc automobile et une flotte aéronautique…
Tout ça pour dire que Madame la deuxième Première dame, laquelle est dans notre histoire, suprême honneur, la première deuxième dame sénégalaise, devrait pouvoir collectionner les sacs Céline, les robes Dior, les bijoux Van Cleef and Arpels, les lunettes Rayban, les escarpins Louboutin, fleurer bon les senteurs Chanel sans que des esprits chagrins ne s’en indignent.
C’est vrai, des escarpins, des bijoux, des sacs et des tailleurs, les stylistes sénégalais en produisent. Mais Madame la deuxième Première dame n’est pas obligée de s’en encombrer : des goûts et des couleurs, dit-on…
Il se trouve quand même dans la plèbe, quelque manant zélé qui tient à ce que la modestie présidentielle soit préservée. Rappelez-vous, la petite promenade républicaine, un jour de semaine, aux heures de bureau, pour faire comme n’importe quel musulman sénégalais : acheter à chaque épouse une respectable bête à cornes torsadées pour presque rien. C’est aussi cela l’esprit : foin du gaspillage !
Et donc, pour préserver l’image du président de la République qui préfère les coups de pilon du petit matin bucolique de Ndiaganiao au clairon de la Garde rouge présidentielle urbaine, un souk de Sandaga présentera sur les réseaux sociaux le modèle en contrefaçon du Céline avec une détermination touchante, exposant Madame la deuxième Première dame au risque de voir une brigade parisienne de défenseurs de la propriété intellectuelle foncer sur elle en pleine soirée de gala pour saisir son sac…
On s’égare. Revenons au séjour parisien du couple présidentiel.
On s’épargnera la saillie de son Premier ministre qui attend que son employeur soit en France pour poser le débat surréaliste de la réhabilitation de la dignité africaine via la réécriture de l’histoire des «tirailleurs africains», redevenus sénégalais pour l’occasion.
Un sujet qui aurait pu fâcher, tout comme sa tirade contre le Président français à l’occasion de la visite de l’opposant Jean-Luc Mélenchon.
M. Ousmane Sonko, que le doute raisonnable n’habite pas, pour la seconde fois, concernant la France, entre par effraction dans les relations internationales et la diplomatie, lesquelles, dans les usages comme dans la Constitution, relèvent du domaine réservé du chef de l’Etat.
Si ce n’était que ça…
Quel que soit le bout par lequel on la prend, l’affaire des tirailleurs sénégalais morts à Thiaroye en 1944 est une affaire franco-française. Des Nègres originaires des colonies décident de servir la France ; pas seulement pour la guerre de libération de leur pays contre l’Allemagne ; bien avant cela, pour que les comptoirs du Sénégal deviennent une colonie du même nom, il se trouve des autochtones enthousiastes à l’idée de rallier les troupes françaises, histoire d’achever la mission civilisatrice.
Ils seront les spahis, en remplacement des Algériens et autres, qui vaincront les roitelets locaux dont le mauvais goût sera de se prendre pour des résistants ; ils feront respecter l’ordre colonial sans se faire beaucoup de scrupules quant à la méthode. Ils seront des armées qui libèrent la France en 1945, tout comme des troupes en déroute qui ramènent des estropiés et des dépressifs d’Indochine et d’Algérie.
Sur la même lancée, les «souverainistes» locaux, sous la houlette de Guy Marius Sagna, pressent les maires de «décoloniser» l’esprit de nos villes. Il y a des noms de rues qui ne sonnent pas africain. C’est le remake des débaptisations de «l’école nouvelle» des années 80, et du débat plus récent sur la statue de Faidherbe à Saint-Louis qu’il faut ôter des yeux des gens honnêtes. Le pont du même nom, que Gustave Eiffel a construit, pourrait, par la même occasion, être démonté et rentrer en France, n’est-ce pas ?
Oubli fâcheux…
Prière de ne pas ricaner
Le président de la République d’un pays sérieux est un Vrp, en déroulé «Voyageur représentant placier». A chacun de ses voyages, il vend la science, le savoir-faire de ses compatriotes, la qualité de vie qui attend les touristes bien inspirés de visiter son beau pays.
Lors d’un voyage officiel, le Président Senghor aurait offert à l’Empereur du Japon d’alors, Hirohito, une fresque des tapisseries de Thiès qui aurait ravi le souverain nippon, lequel, en retour, aurait passé commande d’œuvres de plasticiens sénégalais… Le Premier des Sénégalais de la période des indépendances, convaincu que le Sénégal serait la capitale du monde noir, ne manque alors jamais de mettre en valeur le talent de ses artistes. C’est ainsi qu’une fresque murale des tapisseries de Thiès orne le hall des Nations unies à New York.
Dans ses déplacements, le président Senghor ne manque pas d’offrir le spectacle des troupes de danse sénégalaises, en plus de ses remarquables plaidoyers pour la culture, le tiers-monde, le métissage et la civilisation de l’universel.
A Paris, une ville qu’il connait depuis sa folle jeunesse, en réponse au «sourire Banania» qui orne dans les années quarante la capitale pour vendre de la poudre de cacao, une fois président de la République, au milieu des années soixante-dix, il sonnera la charge vengeresse à travers une trentaine d’œuvres de peintres sénégalais dont les œuvres balafreront la capitale française.
Les voyages du président Senghor étaient autant de plaidoyers pour la culture, le savoir, le savoir-vivre et le savoir-faire sénégalais. Quand il prend la parole, depuis l’autre bout de la planète, ça résonne partout, jusque dans notre fierté. On n’imagine pas un exilé camerounais se vanter de lui administrer quelque leçon que ce soit.
Question impie : pourquoi le président Diomaye Faye voyage-t-il donc tant ?
LE RÊVE DU PLEIN RAFFINAGE DU PÉTROLE DE SANGOMAR
Alors que le brut sénégalais traverse les océans pour être raffiné en Europe, la raffinerie nationale reste sur la touche. Cette situation met en lumière le fossé entre les ambitions et les réalités de l'industrie pétrolière nationale
(SenePlus) - Le Sénégal fait ses premiers pas dans l'industrie pétrolière mondiale avec l'exportation de ses deux premières cargaisons de brut issues du champ offshore de Sangomar. Cette étape marque un tournant pour le pays qui nourrissait l'ambition de raffiner localement ce précieux or noir.
Les 997 000 barils extraits ont été adjugés au géant britannique Shell, après un appel d'offres très disputé. Contre toute attente, les premières livraisons ont pris la direction des Pays-Bas et de l'Allemagne pour être raffinées. Un choix surprenant quand on sait que le Sénégal dispose depuis 1961 de sa propre raffinerie, la Société africaine de raffinage (SAR) basée à Mbao près de Dakar.
Selon une source ministérielle citée par Le Monde, "Les premières cargaisons de pétrole viennent toujours avec un certain nombre d'impuretés qui rendent leur production incertaine. Nous avons décidé de ne pas prendre de risques en vendant notre part de brut". L'Etat affirme cependant que "la SAR est en capacité de raffiner le pétrole de Sangomar".
Un pari risqué pour une raffinerie vieillissante
Au lieu de conserver les 20% de la production qui lui reviennent selon les termes du contrat avec l'australien Woodside, opérateur du champ, le Sénégal a préféré tout vendre sur les marchés internationaux. Un pari risqué pour une raffinerie en manque criant de modernisation.
"Nous attendons de recevoir des échantillons de brut de Sangomar pour pouvoir nous adapter. Chaque brut a ses caractéristiques, avec une teneur en soufre plus ou moins importante. Nous sommes obligés de faire des réglages pour avoir un meilleur rendement", explique Mamadou Abib Diop, le nouveau directeur général de la SAR nommé en mai dernier.
Un projet de rénovation avait été lancé en 2020 pour porter la capacité de raffinage de 1,2 à 1,5 million de tonnes par an, pour un cout de 81 millions d'euros. Mais c'est encore très loin des 5,3 millions de tonnes que pourrait produire le champ de Sangomar chaque année. Un nouveau chantier baptisé "SAR 2.0" prévoit donc d'atteindre 5 millions de tonnes d'ici 2030, de quoi couvrir la demande nationale et exporter dans la région.
"Le Sénégal est en train de rattraper des décennies de retard d'investissement et de modernisation des équipements, ce qui implique des coûts", souligne Mamadou Touré, expert en régulation pétrolière, dans les colonnes du quotidien français.
L'enjeu de la souveraineté énergétique
Au-delà des défis techniques et financiers, le raffinage local soulève aussi des considérations stratégiques pour le Sénégal. "La SAR est un outil de souveraineté stratégique pour le Sénégal et nous en sommes conscients", martèle Mamadou Abib Diop.
Raffiner sur place permettrait en effet des économies d'échelle et le développement d'une industrie pétrochimique, avec la production de fioul destiné à la société nationale d'électricité. Un argument de poids alors que le pays peine encore à assurer une fourniture électrique stable et abordable, comme en témoignent les récentes coupures.
"Nous allons pouvoir faire des économies d'échelle, mais aussi développer des produits dérivés du pétrole, comme le fioul, qui servira à alimenter la société nationale d'électricité", renchérit Ibrahima Bachir Dramé, ancien porte-parole de la compagnie nationale Petrosen.
Cependant, la route est encore longue avant que le Sénégal ne prenne le contrôle total de sa manne pétrolière. "L'assainissement de la trésorerie" de la SAR sera un autre défi de taille, admet son directeur général. A plusieurs reprises, des cargos transportant le brut importé se sont retrouvés bloqués au large de Dakar, faute de paiement à la raffinerie surendettée.
Une situation que le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, investi en avril dernier, s'est empressé de régler selon ses dires. "Nous avons dû payer certaines dettes, a-t-il reconnu. Nous avons pris des mesures pour assurer le réapprovisionnement de la SAR pour les hydrocarbures, sinon on risquait de plonger dans les délestages."
Un avertissement qui illustre les défis multidimensionnels du rêve sénégalais de maîtriser pleinement son or noir, entre enjeux industriels, financiers et de souveraineté énergétique.
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LE PACTE, UN ENGAGEMENT À CONCRÉTISER
EXCLUSIF SENEPLUS - Face au silence du nouveau régime sur le Pacte de bonne gouvernance démocratique, la société civile se remobilise. Objectif : rappeler aux décideurs leur promesse pour un Sénégal de démocratie participative et d'État de droit...
La Coalition pour le suivi du Pacte national de bonne gouvernance démocratique a tenu une conférence de presse mardi 30 juillet au Radisson Blu pour faire le point sur l'état d'avancement de ce texte signé par 13 candidats à l'élection présidentielle de 2024, dont le président élu Bassirou Diomaye Faye.
Plus de 100 jours après l'élection, la Coalition déplore ne pas avoir reçu de réponse à ses demandes répétées d'audience adressées aux nouvelles autorités. Si certaines mesures prises vont dans le sens du Pacte, le silence observé suscite des interrogations selon les responsables de la Coalition.
Celle-ci dit rester dans une démarche constructive, rappelant que le Pacte est l'expression d'une demande sociale ancrée dans les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI. Elle dit sa volonté de poursuivre le dialogue et d'éclairer l'opinion sur les enjeux de ce texte visant une transformation institutionnelle et démocratique en profondeur.
Plusieurs actions ont été annoncées, notamment une campagne d'information et des travaux avec la société civile sur la méthodologie et les outils de suivi de la mise en œuvre effective du Pacte. La Coalition dit rester confiante dans la volonté de changement exprimée et attend désormais des signes concrets de la part des nouvelles autorités.
Retrouvez ci-dessous, la déclaration liminaire lue par l'ancien ministre et membre du mouvement Sursaut citoyen, Mamadou Ndoaye, à l'occasion de cette adresse à la presse :
"Mesdames, Messieurs les journalistes,
Chers amis des mouvements citoyens,
Nous sommes ravis, au nom du collectif des mouvements citoyens engagés pour l'application des conclusions des Assises Nationales (AN 2008/2009) ainsi que des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI/2013), de vous souhaiter la bienvenue à cette conférence de presse. Il s’agit essentiellement pour nous de porter à la connaissance de l’opinion publique nationale l’état actuel et les perspectives de portage du Pacte national de bonnegouvernance démocratique.
Permettez-nous tout d’abord de faire quelques brefs rappels qui permettent de situer le sens, la portée et les implications du Pacte.
Le Pacte s’origine dans les luttes contre les atteintes graves aux libertés individuelles et collectives ainsi que les dérives autoritaires qui ont marqué l’histoire récente du Sénégal sous le régime de Macky Sall. Au-delà de la résistance du moment, la durabilité des conquêtes exigeait de donner corps au « plus jamais ça dans notre pays » en promouvant un nouveau contrat social régulant un vivre ensemble basé sur quatre piliers : la démocratie participative, l’État de droit, la gouvernance responsable et la citoyenneté consciente et active.
Pour élaborer un tel contrat social, il n’était point besoin de réinventer la roue : les conclusions des Assises Nationales et les recommandations de la CNRI ont alimenté la substance du Pacte et du même coup fondé solidement sa légitimité dans ce large consensus national sur la demande sociale de transformation du pays, demande validée par les différents secteurs et niveaux de la société ainsi que par le leadership politique et syndical à l’exception du parti au pouvoir de l’époque.
L’opportunité offerte par les élections présidentielles de 2024 a été alors saisie pour lancer un processus de rencontres et de dialogue entre les candidats et le collectif des mouvements citoyens sur les orientations et le contenu de la transformation afin d’aboutir à un accord solennel. C’est ainsi que sur les 17 candidats aux élections, 13 ont signé le Pacte et pris l’engagement écrit de « traduire les principes, valeurs et objectifs du Pacte en plan d'actions à réaliser dans le courant de la première année de leur mandat en cas de victoire électorale à la présidentielle de février 2024. ». Principes, valeurs et objectifs que l’on peut résumer ainsi :
Une République laïque et démocratique organisée en un État unitaire décentralisé où la pleine reconnaissance et le respect des diversités qui composent la nation constituent le ciment de l'unité nationale et le fondement de toute prise de décision publique ;
Un État de droit qui assure la séparation et l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance de la justice, l’effectivité de l’exercice des libertés individuelles et collectives et la primauté du droit en se dotant de dispositifs appropriés, notamment une Cour Constitutionnelle au pouvoir élargi et renforcé à la tête du système judiciaire ainsi qu’un Juge des libertés ayant la capacité d’ordonner des mesures diligentes et provisoires : tout cela implique aussi que l’Exécutif doit impérativement sortir du Conseil supérieur de la Magistrature ;
Une démocratie participative où, le peuple étant réellement source de tout pouvoir, la concertation et la participation sont érigées en principe constitutionnel, démocratie qui place le citoyen au centre du système en lui donnant, au-delà du droit de vote, des espaces d’initiative et des instruments de contrôle de l’action publique comme des prérogatives nouvelles en matière de pétition, de loi et d'accès à la justice : il s’agit là d’un renversement de paradigme et d’une véritable révolution copernicienne par rapport à l’hyper-présidentialisme régnant ;
Une gouvernance globale dévouée à l’intérêt général et basée sur l’éthique, la sacralisation des deniers et biens publics, la reddition des comptes et l’imputabilité constitutionnalisées, le traitement équitable des citoyens y compris l’égalité homme-femme ; qui érige la transparence, la consultation et la participation en mode de fonctionnement ; assure une gestion vertueuse, rationnelle et durable des ressources naturelles, en particulier foncières et minérales ; régule le jeu politique, électoral et économique de façon à en garantir la transparence, l’équité et le caractère pacifique ; rend effectif le principe constitutionnel d’une administration publique républicaine, impartiale et apolitique avec des appels à candidature pour pourvoir les postes de direction ; procède à une dévolution de pouvoirs significatifs et de ressources conséquentes renforçant les capacités de réalisation et l'autonomie financière actuellement trop faibles des collectivités territoriales tout en responsabilisant les citoyens à la base par des prérogatives de participation et de contrôle de la gestion locale ;
Réaménagement du dispositif de contrôle de l'État autour de la Cour des Comptes, institution supérieure de contrôle des finances publiques en vue de le rendre structuré à toutes les étapes et coordonné entre toutes les instances.
Développement d’un continuum éducatif dans les langues nationales permettant la maitrise par toutes et par toutes du nouveau contrat social afin de promouvoir une citoyenneté consciente et active pour l’exercice aussi bien de ses droits et libertés que de ses devoirs et obligations.
Voilà donc, pour l’essentiel, les orientations de transformation institutionnelle et de gouvernance que les 13 candidats, dont M. Bassirou Diomaye Faye qui a été élu président de la République, se sont engagés à mettre en œuvre.
En ce qui le concerne, le Collectif a pris également l’engagement écrit d’« accompagner l'évaluation et la promotion de la demande citoyenne et à concourir à parfaire son élaboration et sa formulation. ». Les deux parties se sont assignées une obligation de suivi des engagements respectifs « en mettant en place, en tant que de besoin, un Comité de suivi chargé d'apprécier l'évolution des questions faisant l’objet d'intérêt ou de préoccupations communes. »
Où en est-on aujourd’hui par rapport à tous ces engagements ?
Pour se conformer à la redevabilité mutuelle de suivi, le Collectif a adressé, dès le 25 mars 2024 donc avant même la proclamation officielle des résultats, une lettre de félicitations au nouveau Président de la République avec une demande d’audience pour un entretien sur le Pacte.
N’ayant pas reçu de réponse, le Collectif a écrit une seconde lettre au Président de la République en date du 19 avril 2024, cette fois-ci après son installation officielle, pour saluer les premières mesures prises par les nouvelles autorités allant dans le sens du Pacte et pour réitérer sa demande d’audience. Après plus de 100 jours, nous restons en attente d’une réponse.
Toutefois, il ne nous semble pas responsable, à partir de ce fait, de précipiter un bilan de déception dans un contexte où l’enjeu est vital : une opportunité historique pour le peuple sénégalais d’accomplir un saut qualitatif vers un vivre-ensemble de démocratie, de progrès social et prospérité partagée. L’espérance d’une véritable alternative a été si fortement exprimée par les Sénégalaises et les Sénégalais que notre rôle, voire notre devoir, est de la soutenir et de l’accompagner en tant que demande sociale afin qu’elle puisse aboutir.
Par ailleurs, après 100 jours, le temps relativement court de réalisation ne fournit pas d’éléments probants permettant une évaluation objective d’un processus de transformation ne serait-ce qu’institutionnelle et ce d’autant plus qu’en ce qui concerne spécifiquement le Pacte, l’engagement de le mettre en œuvre se situe dans la durée d’une année, la première du premier mandat.
En revanche, nous avons des sources sérieuses d’interrogation :
Pourquoi le président de la République prend-il plus de 100 jours sans répondre à notre correspondance ?
Pourquoi les mots Pacte et Assises nationales semblent bannis du discours des nouvelles autorités alors qu’ils foisonnaient dans leurs messages de la période préélectorale ?
Pourquoi les nouvelles autorités n’invitent pas le Collectif à leurs initiatives de dialogue sur les sujets qui le concernent à l’instar de celui initié sur la réforme de la Justice ?
Tout observateur objectif peut reconnaitre la légitimité de telles interrogations. Nous n’en tirons pas pour autant de conclusion hâtive pour les raisons suivantes :
L’enjeu tel que souligné ci-dessus dépasse nos egos et nos émotions car il s’agit du devenir du vivre ensemble au Sénégal.
Nous n’osons pas également croire que la démission du président du poste de secrétaire général de Pastef-Les Patriotes, son engagement à mettre fin à « l’hyper-présidentialisme » et à renforcer l’indépendance de la justice, sa décision d’initier les Assises de la justice ainsi que les actes posés par les nouvelles autorités pour une gouvernance éthique et sensible à la situation des plus démunis relèvent simplement d’éléments de communication et ne sont pas les signes d’une volonté de transformation dont nous ne doutons pas.
Nous n’osons surtout pas croire que les nouvelles autorités feront moins que Macky Sall qui, tout en disant qu’il avait émis des réserves lors de la signature de la Charte des Assises, a tout de même confié au bureau des Assises, la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) sans bien entendu adopter les recommandations transformationnelles qui en sont issues.
Au bilan, la balle se trouve aujourd’hui dans le camp des nouvelles autorités qui peuvent et doivent lever ces sources d’interrogation. Leur première différence par rapport à ce que le peuple a observé jusqu’ici doit être de montrer qu’elles respectent les engagements auxquels elles ont librement souscrit à travers le candidat Diomaye vis-à-vis du Pacte mais aussi d’Ousmane Sonko qui a signé la Charte des Assises nationales.
Pour sa part, le Collectif persévérera dans son approche pour faire comprendre aux nouvelles autorités que le Pacte qui repose sur les conclusions des AN et les recommandations de la CNRI n’est pas et ne saurait être traité comme une simple requête d’une coalition de la société civile et encore moins comme une exigence posée des individus (pour ne pas dire Massemba ou Mademba). Comme dirait l’autre, il n’est non plus ni le Coran, ni la Bible. Pas du tout un prêt-à-porter.
Le Pacte traduit, par son ancrage sur les AN, une demande sociale solidement établie par des consultations les plus larges possibles couvrant les différents secteurs et niveaux de la société et par des démarches de validation ascendantes tout en restant un document dont l’élaboration et la formulation restent ouvertes à l’amélioration à travers le dialogue et la co-construction.
Loin donc de toute déception, encore moins de capitulation, une telle approche ouvre plutôt des perspectives d’action avec les objectifs suivants :
Mieux faire connaitre à l’opinion le contenu et les objectifs du Pacte à travers une campagne d’information
- Conférence de presse le mardi 30 juillet 2024 de 11H à 12H30 au Radisson Blu (introduite avec un court documentaire d’une douzaine de minutes) ;
- Publication d’un texte collectif sur le Pacte qui sera signé et publié dans la presse nationale le 6 août 2024 ;
- Série d’interventions sur les plateaux télé et les radios par des membres désignés de la coalition ;
- Série de contributions écrites individuelles ou en comité spécialisé des membres de la Coalition ;
- Diffusion en « première » du film d’une heure 13 minutes sur notre mobilisation citoyenne « Fatéliku » de Joseph Gaye Ramaka le mardi 20 août 2024 à 11H au Radisson Blu. Cette première sera précédée de la rediffusion du court-documentaire sur le Sursaut Citoyen ;
- Réalisation d’un « cartoon » sur le modèle du Conseil Supérieur de la Magistrature en langues nationales et en Français.
Élaborer collectivement non seulement pour approfondir le contenu du Pacte mais aussi pour développer une compréhension partagée de la méthodologie, des instruments et une feuille de route pour la mise en œuvre du Pacte :
- Organisation d’un pré-colloque sur la méthodologie de la transformation
- Lancement de nouvelles conversations citoyennes pour approfondir les différents thèmes liés à la méthodologie de mise en œuvre
Promouvoir le dialogue avec les nouvelles autorités sur la mise en œuvre du Pacte
- Nouvelles initiatives pour des rencontres et des échanges
- Proposition de co-organisation avec l’administration Faye-Sonko d’un colloque sur la transformation
Poursuivre le travail entamé sur la stratégie et les instruments de suivi-évaluation de la mise en œuvre du Pacte
- Finalisation du cadre de mesure des avancées dans la mise en œuvre du Pacte : critères, indicateurs, moyens de vérification ;
- Séminaire de Réflexion sur les conditions de mise en place d’un Observatoire de la transformation et de suivi des politiques publiques.
En fin de compte, notre message est clair : quels que soient les obstacles, nous allons continuer d’avancer car nous luttons pour un nouveau vivre-ensemble que le peuple demande et pour lequel il s’est fortement exprimé le 24 mars 2024."
par Samba Buri Mboup
CONTRIBUTION AU DÉBAT SUR LE PANAFRICANISME COMME IDÉOLOGIE-DOCTRINE POUR LA RENAISSANCE AFRICAINE
Examen critique certains éléments soulevés par Félix Atchadé dans sa réflexion sur le panafricanisme, notamment le caractère historique plus large de ce mouvement
Cette réaction à l’article intéressant de Félix Atchadé, publié le 8 juillet dans les colonnes du quotidien YoorYoor est une contribution citoyenne au débat sur le panafricanisme ; il a été écrit par simple souci didactique à l’endroit de ces valeureuses cohortes de jeunes Africains et Sénégalais patriotes ayant contribué pour beaucoup au changement politique en cours dans notre pays. À l’endroit de cette jeunesse parfois en mal de repères historiques, culturels ou théoriques, notre rôle en tant qu’ainé(e)s est de les aider autant que nous pourrons, à combler les manques et vides constatés sur ce plan, afin de mieux les armer à remplir leur noble, élevée, difficile mission de parachever ou tout au moins de faire progresser de manière significative le combat pour la libération, l’unification, la souveraineté de l’Afrique et des Africains – « ceux/celles à la maison et ceux/celles à l’étranger », pour reprendre une formule chère à Marcus Garvey, pour l’avènement d’une ère durable de dignité recouvrée, de prospérité, d’équité, de justice, de paix pour tous/toutes, ce en restant ancrés à nous-mêmes et dans le respect de notre environnement.
Ce souci didactique me semble, du reste, partagé par Félix Atchadé, dont le moindre des mérites n’a pas été, entre autres : 1. de rappeler les conditions difficiles ainsi que le contenu, la signification, la portée du changement intervenu au Sénégal et en Afrique avec l’élection à la magistrature suprême du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, en tant qu’expression d’une « véritable révolution citoyenne, marquant une rupture décisive avec le passé et ouvrant la voie à un avenir plus juste » ;
2. de clarifier le rôle joué dans ce processus de changement par le Panafricanisme comme doctrine ayant permis de cibler les principaux objectifs, de définir et d’acter les modalités du changement en question ;
3. Tout en s’orientant sur « les valeurs de solidarité, d’unité et d’auto-détermination africaines » porteuses de « la vision d’une Afrique unie et prospère, libérée des contraintes néocoloniales ».
À mon avis, on pourrait également retenir :
4. l’alternance générationnelle opérée au niveau du leadership (et qui n’est pas réductible à une question d’âge stricto sensu) ; en sus
5. du souffle de fraîcheur dans le renouvellement de la culture organisationnelle ; et 6. de la maturité politique dont a fait montre notre peuple, son adhésion à des degrés divers, selon diverses modalités, à un projet politique qu’il comprend, qui lui ressemble ; avec 7. l’espoir que ce qui se passe chez nous a suscité et continue de susciter en Afrique et au-delà.
Cela dit, je souhaiterais revenir sur quelques inexactitudes voire des erreurs décelables dans le texte de Dr Atchadé, ainsi que sur un certain nombre d’assertions me paraissant discutables pour une raison ou une autre. Je commencerai par discuter la pertinence de l’assertion de Félix Atchadé concernant ce qu’il appelle « Le panafricanisme de Gauche » proposé comme « théorie révolutionnaire » pour le processus de changement intervenu récemment au Sénégal, notamment pour la vision politique sous-jacente à ce processus et au projet de société que Pastef, ses principaux leaders dont le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko entendent construire, avec le soutien des autres forces et protagonistes du changement en question.
Premièrement – je l’ai dit sur d’autres plateformes – non seulement je ne me retrouve pas dans ces dénominations de « Gauche », « Droite », « Centre » etc. venues d’ailleurs, et qui ne me semblent pas être d’une grande pertinence dans notre contexte socio-culturel sénégalais-africain, même si des leaders respectables des combats de notre peuple pour la liberté, la justice, le progrès social s’en sont réclamés. Je ne me souviens pas non plus – mon information ou ma mémoire pouvant être déficientes - d’avoir jamais entendu les dirigeants ou militants de Pastef se définir comme « panafricanistes de Gauche ».
Par contre, je me souviens avec amusement de la gêne manifestée une fois par un de mes amis tribun hors pair, communicateur avéré et qui est aussi l’un des adeptes et théoriciens avisés du « panafricanisme de Gauche », lorsqu’il a voulu s’essayer, lors d’une de ses interventions publiques, à la traduction en Walaf de ce concept à son auditoire ; finissant d’ailleurs par y renoncer, en réalisant le caractère ardu et surtout, les risques d’incongruité de son exercice de traduction, en rapport avec la gêne que sa traduction aurait pu causer au sein de son auditoire, pour des raisons propres au contexte socio-culturel sénégalais-africain de sa prise de parole publique…
Deuxièmement, à l’exception des protagonistes et leaders de la Révolution Tooroodo [graphie correcte] dans le Fouta sénégalais tel Abdel Kader Kane, les références citées par l’auteur comme repères historiques dans l’élaboration des théories du changement sont, pour l’essentiel, des auteurs occidentaux : Karl Marx, Anna Arendt, John Locke, Rousseau, Montesquieu dont certains contemporains du Siècle dit des Lumières, et dont la pensée est empreinte de nationalisme et/ou de racisme. Pour illustrer le contenu révolutionnaire, la portée opératoire de la pensée des auteurs occidentaux susmentionnés, Dr Atchadé cite des expériences de révolutions qui s’en sont inspirées, à l’instar de « la Révolution américaine, la Révolution française et la Révolution russe ».
Troisièmement, ce que l’auteur appelle le « panafricanisme identitaire et culturel » qui se concentre sur « la Renaissance culturelle » est présenté dans le même article comme une forme de panafricanisme moins pertinente, moins significative, plus limitée dans ses buts et ses exigences, et par conséquent, dotée d’une moindre capacité opérationnelle de transformation sociale et politique, pour ce qui concerne la prise en compte des besoins, des intérêts, des aspirations de l’Afrique et des Africains.
La tendance à accorder sans le recul critique nécessaire, certain crédit voire à privilégier des références et sources venues d’ailleurs notamment des sources occidentales empreintes à un degré ou un autre d’eurocentrisme, peut nous exposer au risque de tomber dans certains pièges voire nous mener à des errements au plan épistémologique et théorique auxquels l’auteur de l’article n’échappe pas toujours dans son propos et dans le traitement de faits cités ou évoqués à l’appui de ses thèses ou analyses. Pour ce qui concerne, par exemple, les références aux Révolutions française et américaine, je me bornerai à rappeler en substance, ce que j’en ai dit dans certains de mes travaux et publications, y compris lors d’un récent forum de dialogue avec la jeunesse organisé par l’Institut Mandela pour les Études de Développement (Mandela Institute for Development Studies/MINDS) de Johannesburg ; forum au cours duquel j’ai eu le privilège d’intervenir comme orateur principal (keynote speaker), et où fut largement débattue la récente alternance ou alternative politique survenue dans notre pays.
Qu’il s’agisse de l’expérience française de 1789, du modèle américain établi après la guerre d’Indépendance ou de la démocratie athénienne, il est indéniable que ce qui s’y est passé a été le résultat de luttes politiques et sociales dotées d’un contenu révolutionnaire et d’une portée historique incontestable. Néanmoins, chacune de ces expériences historiques présentées comme modèles de « démocratie à l’Occidentale » comporte des limites que nous gagnerions à mieux cerner en tant que panafricanistes. Par exemple, pour ce qui est du principe de « l’égalité entre tous », il faut rappeler qu’en réalité, dans le contexte de la France ou de l’Amérique en question, il s’agit essentiellement sinon exclusivement d’une égalité civile, et non point économique, sociale ou raciale. Autre fait marquant : ceux dont la devise était Liberté-Égalité-Fraternité sont les mêmes qui avaient tenté de rétablir l'esclavage dans la Caraïbe y compris dans la République Noire Indépendante d'Haïti, dont l'existence fut solennellement proclamée a Gonaïves le 1er janvier 1804, suite à la brillante victoire de l’armée de libération nationale dirigée par le général Jean-Jacques Dessalines, avec le soutien de toutes les forces militaires patriotiques mobilisées lors de la bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, et qui a abouti à la capitulation du général français Rochambeau.
Toutefois, les premiers moments de l’existence de la jeune nation haïtienne sont loin d’avoir été un long fleuve au cours tranquille, pour avoir eu, notamment, à faire les frais de la Loi du plus fort, en l’occurrence celle d’une France esclavagiste impénitente, pourtant considérée par beaucoup – ce jusqu’à présent - comme “Patrie des Droits humains”. Pour ainsi dire, après l'indépendance d'Haïti, les colons français ont exigé des Réparations en invoquant le « préjudice » que leur faisait subir “la liberté nouvelle conquise par les esclaves”. En 1825, Charles X a donc envoyé une flotte de guerre de 14 navires. Pour éviter que son peuple ne retombât en esclavage, le président Boyer a dû alors se résoudre à « accepter » de payer un « tribut » de 150 millions de Francs-or imposé par la France : montant ramené ensuite à 90 millions (ce qui équivaudrait à environ 30 milliards € aujourd’hui) ; le peuple haïtien ayant dû s'endetter jusqu'en 1946 pour payer cette somme.
Au même forum, j’avais aussi réitéré mes réserves concernant une autre expérience de « démocratie à l’Occidentale » : le modèle athénien au sein duquel la majorité de la population était exclue de jure comme de facto du jeu démocratique, à en juger par les proportions démographiques dans cet ancien État-cite grec, et qui étaient de l’ordre d’un citoyen pour deux esclaves, ainsi que souligné par Cheikh Anta Diop qui rappelle que dès le VIème siècle av. J.C., Athènes s’était orienté « vers l’achat massif d’une main d’œuvre esclave, essentiellement importée de l’actuelle Russie (voir Civilisation ou Barbarie, Présence, 1981, pp. 139-267 ).
Quant à la Révolution américaine, Elizabeth Maddock Dillon & Michael Drexler, coéditeurs de The Haitian Revolution and the Early United States: Histories, Textualities, Geographies, publié en 2016, notent l’existence d’un « lien intime entre les histoires d'Haïti et des premiers USA » aux plans politique, économique et de la géographie ; ce en dépit de l’effet d’épouvantail (les auteurs n’hésitent pas à parler de « spectre terrifiant ») que le succès de la Révolution haïtienne exerçait notamment sur « les forces esclavagistes là-bas [et au-delà] .
Généralement célébrée comme la première révolution anti-esclavagiste, anticoloniale réussie dans l'hémisphère occidental, Haïti fut aussi la deuxième république indépendante, après les États-Unis, dans les Amériques ; mais contrairement à Haïti, les USA resteraient une république esclavagiste jusqu'en 1865. Et pourtant, la Révolution haïtienne était une source d’inspiration pour les Africains-Américains insurgés contre leur condition inacceptable, voire même pour certains abolitionnistes américains. Au niveau gouvernemental et étatique, on note toutefois : plusieurs actes d’hostilité diplomatique et politique à l’endroit de l’État haïtien, et de pillage de ses ressources économiques : le tout couronné par l’invasion de Haïti par les marines américains en 1915 ; par la mainmise sur toutes les réserves nationales d’or. Sans compter la promulgation d’une nouvelle Constitution écrite par F D Roosevelt ; le bradage des terres aux capitalistes américains ; une occupation coloniale marquée du sceau d’un terrorisme militaire sans partage ; par une volonté d’écraser toute velléité de résistance patriotique ; en plus du soutien au fascisme duvaliériste (années 1950/80) ; de l’héritage par les USA de la “Dette de Réparation” initialement imposée par la France ; de la perpétuation d’une tradition marquée par un interventionnisme insolent rythmé par des massacres, des coups d’État, des enlèvements politiques y compris jusqu’aux plus hautes sphères de l’État (enlèvements et exils du Président légitime Jean-Bertrand Aristide en 1990 et 2004) ; ainsi que par des élections truquées et l’imposition de leaders fantoches tels que Michel Martelly (2011), voire Jovenel Moïse (2015), lequel finira d’ailleurs par être assassiné…
Contrairement aux deux « Révolutions à l’Occidentale » citées par Dr Atchadé, la Révolution haïtienne a été une véritable muntucratie dans l’Hémisphère occidental ; le concept de Muntucratie véhiculant, à notre avis, un contenu plus révolutionnaire que celui de Démocratie, bien que la place nous manque ici pour étayer cette assertion sur laquelle nous comptons revenir prochainement.
Après ces quelques précisions et réserves, il est peut-être temps de présenter quelques points pour illustrer notre propre compréhension du concept de Panafricanisme que nous définirons, en accord avec la pensée, l’héritage politiques de Kwame Nkrumah et d’autres panafricanistes, comme « l’expression de la conscience, de la position politiques de l’ensemble des masses africaines dans le monde, dans leur combat pour la défense de leurs intérêts et de leurs aspirations ». En tant que tel, le Panafricanisme trouve son ancrage dans l’expérience historique de combat commune aux peuples africains sur le Continent et dans la Diaspora : combat contre l’oppression et pour la récupération de la souveraineté, de l’initiative historique sur leur propre destin. En ce sens, le Panafricanisme n’est pas seulement héritier « des luttes anticoloniales et mouvements panafricanistes du 20ème siècle », ainsi que noté par Dr Atchadé.
Son origine remonte en effet à des époque(s) beaucoup plus reculée(s) : celle(s) correspondant aux expériences des traites Negrières esclavagistes imposées aux peuples africains pendant de longs siècles d’asservissement et d’exploitation par les Arabes (Traite transsaharienne et sur l’Océan Indien), puis par les puissances occidentales (cas de la Traite atlantique) ; mais également et surtout par l’histoire de la résistance permanente, multiforme des peuples africains et communautés et personnes d’ascendance africaine, contre la domination, l’asservissement, l’exploitation. Il s’agit donc, en premier lieu, d’une prise de conscience d’une communauté de destin entre peuples africains et communautés d’ascendance africaine, qui s’enracine dans l’histoire de la résistance permanente aux agressions multiformes de la part de forces extérieures, tout en se nourrissant de toutes les expériences, tous les efforts d’élaboration de projets et initiatives d’émancipation, d’indépendance et d’unité politique.
En second lieu, et à ce sujet, je serais pour l’essentiel d’accord avec la perspective de Dr Atchadé, le Panafricanisme peut être défini comme idéologie et/ou doctrine pour la Renaissance Africaine ; les termes d’idéologie et de doctrine étant, a notre avis, complémentaires, a défaut d’être synonymes. De ce point de vue, le Panafricanisme constitue un instrument de connaissance de soi, d’identification et d’affirmation collectives permettant aux Africains de comprendre et d’assumer de façon holistique et critique, leur trajectoire historique et leur condition dans le monde ; tout en servant de guide pour l’action transformatrice du réel, pour leur combat commun en vue de retrouver leur souveraineté et leur dignité. En tant que tel, le panafricanisme est à la fois un héritage de lutte et une vision ainsi qu’un ensemble de principes directeurs, de valeurs et d’objectifs stratégiques qui animent la Renaissance africaine.
Un bref aperçu sur l’histoire et la sociologie politique du Panafricanisme, marquées entre autres par le rôle essentiel des femmes africaines, montre, selon Cedric Robinson [cf. Black Marxism, Zed Books Ltd, Londres, 1983], qu’il s’agit en réalité d’un seul et même combat ininterrompu : « L’histoire de la lutte émancipatrice des peuples africains du Continent américain et de la Diaspora peut être considérée comme un seul et même processus ininterrompu et multiforme, caractérisé notamment par une connexion idéologique indéniable, ainsi que par la complémentarité et l’interdépendance de ses diverses manifestations et modalités »: résistance anti-esclavagiste ; résistance et tentatives d'intégration africaine sous la houlette de dirigeants historiques tels que Samory Touré, Chaka ou (avant eux), Nzinga de Ngola (Ndongo) et Matamba. Il y a aussi les congrès panafricanistes ; les combats de décolonisation avec l’épisode des luttes de libération dans les ex-colonies portugaises et en Afrique australe etc., etc.
En effet, tous ces événements (et faits) « sont étroitement liés les uns aux autres en raison de la similitude de leurs caractéristiques sociales et de leur inspiration d’une expérience historique commune d’oppression et de la même idéologie sociale ». [C. Robinson]. Comme faits symptomatiques de cette réalité unitaire on peut citer par exemple : l'implantation ou les répercussions du mouvement garveyiste aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Europe et en Afrique (Libéria, Ghana, Sénégal, Afrique du Sud, etc.) ; le caractère panafricain du secrétariat politique de Kwame Nkrumah, où se sont retrouvés des Africains du Continent comme Habib Niang (Sénégal) et surtout de la Diaspora comme W.E.B. Dubois (USA), Georges Padmore et C.L.R. James (Trinité & Tobago). Sans oublier : le rôle catalyseur incontestable des indépendances africaines dans le déclenchement du mouvement Black Power en Amérique et dans les Caraïbes ; et en retour, l'impact retentissant du mouvement Black Power des années soixante et des écrits de Frantz Fanon sur la conscience de la jeunesse africaine du Continent ; ni les dynamiques identitaires impliquées dans le processus d’identification de la même jeunesse africaine (Continent et Diaspora) à la lutte du peuple sud-africain et de ses héros, ainsi qu'avec le message et la pulsation du Reggae, avec la culture Rasta et le concept de Rastafari en général, considéré par Horace Campbell et Walter Rodney, comme l’une des expressions les plus fortes du Panafricanisme au XXème siècle.
Ainsi que nous y invite José do Nascimento, ne perdons pas de vue qu’en dépit de tout le bruit sur la « mondialisation », nous évoluons dans le contexte d’une civilisation mondiale encore dominée par des intérêts nationaux contradictoires; au sein duquel les questions de sécurité militaire déterminent la possibilité de succès ou d'échec des stratégies nationales de développement économique; tandis que la maitrise de l'information stratégique, des connaissances scientifiques, de la technologie, joue un rôle clé dans la richesse des nations ainsi que dans la géopolitique mondiale et dans l'équilibre géostratégique des pouvoirs dans le monde. Dans pareil contexte, la Renaissance Africaine comme réponse organisée de nos peuples aux défis d’une mondialisation asymétrique, hégémonique, oppressive, constitue un projet alternatif, global de société et de civilisation se fixant pour but (s) la création de conditions pour la renaissance de l'Afrique en tant que centre d'initiative et de décision indépendant et compétitif dans le monde d’aujourdhui et de demain. Il s’agit là d’un objectif stratégique à réaliser à long terme ; le terme de renaissance renvoyant également au processus à la fois de transformation, de refondation du tissu social, et d’auto-transformation des Africains, pour être à même d’accomplir cette mission, en se reconnectant à l’histoire comme agent producteur de sens, maîtres de leur destin, par le biais des « voies ascendantes de leur culture nationale », selon la formule de Amilcar Cabral.
Une autre question très importante est celle de la nécessité urgente d’une reconnexion avec la/les Diaspora(s) africaine(s) en tant que 6ème région, pour les opportunités d’investissements économiques mais aussi en termes de « gain de matière grise », d’expertise, de savoir-faire (brain gain) que cette reconnexion est susceptible de procurer pour un repositionnement stratégique du continent africain sur la carte du monde et dans l’Agenda géopolitique global, ainsi que pour l’avancée, la maturation du Mouvement panafricaniste en tant que tel. Pareille option stratégique implique un engagement ferme, une unité de pensée et d’action entre l’Afrique et sa/ses Diaspora(s) dans le cadre du Mouvement pour la Justice Réparatrice Globale. Il s’agit, entre autres, de se battre pour une réforme de l'OMC, de la CPI, du Système des Nations Unies (le Conseil de Sécurité notamment), et de construction de consensus forts, opérationnels sur la question des Réparations et du Rapatriement où s’accomplissent, de jour en jour, des progrès de plus en plus significatifs et notables.
On note pour les déplorer, la timidité, la relative réticence de certains Africains sur le continent à épouser ce mouvement, voire leur attitude suspicieuse à son égard. Pourtant, faut-il le rappeler, la légitimité de l’exigence de Réparations pour l’Afrique et les Africains est consacrée du point de vue de la légalité internationale, sur la base de la Loi Taubira de 2001 reconnaissant l’Esclavage et la Traite Négrière comme crime contre l’Humanité) ; le droit à réparation tel que défini par la Cour Permanente Internationale de Justice (1928) ayant du reste été bien reconnu en droit international, avec notamment la jurisprudence de précédents historiques connus de tous, sauf peut-être de certains esprits amnésiques ou à la mémoire historique sélective quand ils ne sont pas de mauvaise foi, y compris certains Africains.
Par-delà les Réparations induites (au plan politique, économique, sociétal), il convient de mettre aussi l’accent sur le contenu culturel et moral des Réparations en termes de réhabilitation des lieux de mémoire, et de restitution de biens culturels spoliés. Sans oublier la question fondamentale de l’autoréparation dont certains axes recoupent ceux de la renaissance culturelle telle que définie plus haut (Guérison psychologique, Régénération morale, Élévation spirituelle) ; et qui se pose en termes d’Auto-libération, de désaliénation mentale: c’est-à-dire de capacité a « décoder les formes, les comportements hérités de l’esclavage et de la colonisation, pour reprogrammer nos propres démarches – y compris notre vision du monde, nos images de Soi et d’Autrui, qui relèvent de notre autorité intérieure ».
C’est bien connu : les questions de souveraineté, de sécurité (militaire, politique, monétaire, alimentaire, sociale, humaine), celles relatives à l’Unification politique et au renouvellement qualitatif du leadership font partie des principaux enjeux et défis du Panafricanisme comme idéologie-doctrine pour le projet, le processus de renaissance, lequel se pose, entre autres, en termes de développement matériel des sociétés africaines et de renaissance culturelle. La renaissance culturelle implique aussi une véritable décolonisation linguistique, ainsi que la valorisation des cultures africaines par une refondation des systèmes d’information, d’éducation, de croyances, et de production des connaissances et des savoirs en Afrique : ce qui bien évidemment ne pourrait être réalisé sans autonomie de la conscience politique, ni renouvellement de l'intelligence politique, de l'inventivité et de la créativité intellectuelles et culturelles en Afrique.
Il est question, dans la présente contribution, de participer à l’effort de mise en ordre et de divulgation d’un corpus d’idées, de concepts et de conceptions de plus en plus affirmés ou réaffirmés dans divers débats, sur un certain nombre de plateformes et fora, de même que dans des documents tels que l’Acte Constitutif de l’Union Africaine ; mais souvent sans la cohérence et la prégnance susceptibles de conférer à une doctrine et/ou idéologie politique comme celle du Panafricanisme, la force d’ancrage nécessaire dans le terreau des luttes politiques et sociales porteuses des aspirations de l’Afrique et des Africains d’aujourd’hui et de demain. D’où la distinction opérée par Elenga Mbuyinga aka Mukoko Priso, entre d’une part, le « Panafricanisme révolutionnaire », celui des peuples, porteur d’espoir et de changement pour la situation et l’avenir des peuples africains et, de l’autre, ce qu’il appelle la « Politique de Démagogie panafricaine », caractéristique à bien des égards, de la vision et des pratiques de l’OUA et même de l’Union Africaine.
Je ne saurais conclure mon propos, sans mentionner une question anodine en apparence mais qui a son importance et sur laquelle je compte aussi revenir prochainement: la question de la graphie fautive de la devise-programme du nouveau leadership sénégalais, devise mal orthographiée par Dr Atchadé et qui devrait s’écrire, selon les normes orthographiques en vigueur : Jub, Jubal/Jubël, Jubbanti/Jubbënti, avec une gémination du graphème /b/ dans le dernier terme de ce tryptique, et dont la prononciation en Walaf standard - à ne confondre ni avec le Walaf pratiqué en Gambie ni avec celui parlé par un seereerophone d’origine, nécessitera une plus grande énergie articulatoire, ainsi qu’illustré dans ce quatrain célèbre extrait de Boroomam de Moussa Ka, dédié au Cheikh Ahmadou Bamba, et dont la beauté, la puissance expressive sont rehaussées par l’emploi judicieux de déterminants d’intensité gann, toyy, domm, sàpp:
« Diis ba ni gann
Wayaf ba ni toyy cik wet
Lewet ba ni domm
Saf sàpp ak boroomam »…
J’avais commencé à travailler sur la présente contribution avant la brillante, puissante conférence publique sur le Panafricanisme, prononcée par notre frère Joomaay Ndongo Faye à l’amphithéâtre Mbaye Guèye de l’Université Cheih Anta Diop (UCAD). Comme tant d’autres, j’y ai beaucoup appris. Néanmoins, j’ai choisi de m’en tenir à la première mouture de ce papier, pour le maintenir dans des proportions raisonnables.
par Malick Sy
OUSMANE SONKO OU L’ENGRENAGE PERMANENT
La politique est un humanisme. Lui en a fait un conflit. Plus préoccupé par l’assise de son hégémonie sur la marche du pays, il peine à dissiper les confusions entre ses habits d’opposant et ceux de chef de gouvernement
Il s’est opposé sur un flot de sang. Il est en train de gouverner sur un volcan. Une gestion sismique qui accumule jour après jour, les signes avant coureurs d’une éruption. Entre sa défiance à l’égard du parlement, ses menaces envers certains médias, ses immixtions présumées dans l’organisation de la grande muette, les sueurs fiscales froides administrées aux entrepreneurs et quelques perditions contre les magistrats, sa gouvernance n’en finit pas de s’installer dans l’engrenage.
À l’évidence, ce n’est pas qu’un simple bouquet de maladresses et de dérapages, mais une composante essentielle de la méthode Sonko qui a occasionné dans un passé encore récent, quelques commotions insurrectionnelles sans précédent au Sénégal.
Aujourd’hui, le contexte a changé. Pas les discours. La réthorique du chef de gouvernement n’est pas sans rappeler les diatribes du chef d’opposition. Cette stratégie de la tension est le cœur du réacteur d’un homme qui ne s’accomplit que dans le conflit. Elle est le marqueur politique d’un combattant qui s’oxygène à l’odeur du champ de bataille, le label d’un rentier de l’illusion qui a fait du vacarme, le terreau de sa spectaculaire ascension politique. Alors pour ceux qui l’imaginent en « casque bleu» du pacte républicain, il faudra certainement repasser.
Il a joué l’alternance sur un ring
Il a beau être chef de gouvernement, Ousmane Sonko ne semble pas prêt à modifier sa posture de «guérillero». Épauler, ajuster, tirer. L’homme n’a rien perdu de ses impulsions combattantes. On ne change surtout pas une stratégie qui gagne. Si la surenchère a catalysé son dessein politique, c’est son instinct guerrier qui a structuré sa lutte de haute intensité contre Macky Sall et son régime. Seul et sans gants, le président du Pastef a joué la troisième alternance sénégalaise sur un ring. Un affrontement périlleux contre un pouvoir qui ne lui a rien épargné, lui infligeant un déluge sans précédent.
Ce jour là, le calendrier indique 24 mars 2024. Les Sénégalais sont appelés aux urnes. Ousmane Sonko, fraîchement élargi de prison, vient de faire basculer tout un système lors d’un scrutin historique. La vague Pastef inonde le pays, provoquant un véritable tsunami électoral. Bassirou Diomaye Faye est élu dès le premier tour. Il devient le cinquième Président de la République du Sénégal. Ce sera le point culminant de l’épopée Sonko. Le PROS comme on l’appelle, entre dans ces instants qui font l’histoire d’un pays pour avoir été l’architecte en chef de la stratégie de conquête du pouvoir par son parti.
Pour un homme qui était sous numéro d’écrou quelques jours plus tôt, personne n'imaginait que cela allait arriver si paisiblement. Surtout si rapidement. À l'échelle de la politique sénégalaise, c’est un fait historique inédit. Jamais, la marche de notre nation n’aura été à ce point, soumise à la volonté et à l’influence d’un seul homme, devenu le principe actif de la scène politique sénégalaise. Alors qu’on l’aime ou pas, Ousmane Sonko, c’est avant tout la force d’une destinée personnelle au service du destin politique du Sénégal.
D’un humanisme, il a fait un conflit
Pour le reste, pas grand chose à voir. Voire rien à signaler. Hier opposant, Ousmane Sonko a compilé promesses mirobolantes et engagements saisissants. Normal qu’en les portant lui et son candidat à la tête du pays, de nombreux Sénégalais espéraient « enfin » voir des remèdes à leur désespoir. Mais plus de 100 jours plus tard, ils sont de moins en moins à trouver des débuts de solution à leurs problèmes. La gouvernance Diomaye-Sonko est déjà source de déception chez de plus en plus de Sénégalais. Une partie de l’opinion, pas encore majoritaire, commence à se retourner contre le régime. Une colère qui s’entend encore de très loin, mais qui pourrait se rapprocher très rapidement, surtout chez les jeunes, qui ont été les moteurs de l’alternance. La réalité du pouvoir a rattrapé le sommet de l’exécutif qui est en train de payer l’addition de longues années de propagande populiste.
À cela, s’ajoute la méconnaissance de l’État. Il y a des fonctions qui requièrent le sens des responsabilités. Celle, particulière qu’occupe Ousmane Sonko, en fait partie. Être Premier ministre oblige à prendre de la hauteur et à respecter les exigences républicaines liées à ce poste. Lui est entré dans la fonction exactement comme il a quitté l’opposition, pénétré de l’illusion de puissance et d’ambitions impériales. Plus préoccupé par l’assise de son hégémonie sur la marche du pays, il peine à dissiper les confusions entre ses habits d’opposant et ceux de chef de gouvernement.
La politique est un humanisme. Lui en a fait un conflit. Vaguement démocrate, infiniment rebelle, plutôt radical et un rien autoritaire, l’homme change si souvent de costume et de posture qu’il est devenu de plus en plus difficile de définir Ousmane Sonko.
La République c’est presque lui
Depuis sa nomination, il sature médias et réseaux sociaux. Il ne compte pas ses mots et parle autant qu’il fait parler. Cette obsession patibulaire d’attirer la lumière et les attentions ont fait d’Ousmane Sonko, l’épicentre du pouvoir. Il a cassé tous les codes de la relation au sein du couple exécutif. Aujourd’hui c’est le Premier ministre qui incarne l’âme de la République, parasitant par la même occasion, la fonction présidentielle.
Ses immixtions dans la politique étrangère, domaine réservé de Bassirou Diomaye Faye ont été décriées. Le sublime est atteint avec l’annonce de sa tournée dans les pays de l’AES. L’affaire du « Général Kande » dans laquelle son nom est cité avait aussi scandalisé et déclenché une forte polémique. L’affectation-éloignement de ce général, tourment selon la clameur populaire des indépendantistes de la Casamance, s’est alourdie du soupçon prêté au Premier ministre de redessiner la carte des alliances militaires sénégalaises.
Cette prérogative qui relève exclusivement du président de la République, chef suprême des armées est au cœur du système nerveux républicain. Si l’épisode du Général Kandé a exposé aux torches médiatiques les secrets militaires. Il fut surtout interprété comme le symbole d’un Premier ministre « jupitérien», affranchi de tout et dont la toute puissance est à la mesure de la concentration inédite de pouvoirs entre ses mains.
Enlisé hors du champ républicain, Ousmane Sonko agit comme s’il était « La République». Une attitude qui rappelle étrangement celle de son tribun d’ami populiste, Jean-Luc Mélenchon, qui s’était opposé à des policiers venus perquisitionner le quartier général de son parti en vitupérant : «la République, c’est moi ». Si toute proximité idéologique entre les deux hommes n’est que fortuite, il faut dire que personne, avant Ousmane Sonko n’a osé rabaisser, à un tel niveau plancher, le seuil du respect que ses prédécesseurs, sans exception, ont manifesté aux institutions de la République.
Le patron du Pastef restera certainement et pour longtemps encore, le seul premier Premier ministre à avoir osé affubler publiquement un chef d’Etat sénégalais, d’un sobriquet (Serigne Ngundu) pour le moins irrespectueux dans l’imaginaire populaire national, comme s’il voulait dynamiter l’autorité et la sacralité de la clé de voûte de nos institutions.
Dans le même registre, jamais aucun Premier ministre en exercice n’avait critiqué aussi violemment les plus hauts gradés de la magistrature sénégalaise. Ousmane Sonko a t-il oublié qu’il ne pouvait plus désormais dire tout ce qui traverse son esprit ? Que ses discours au canon contre les juges, n’étaient désormais plus ceux d’un opposant mais engageaient désormais tout l’Etat ?
Dans sa posture, on doit apprendre à parler bien et à agir juste. Aujourd’hui chef du gouvernement, il devrait ranger son agenda du chaos et éviter de se laisser aller à des outrances qui fragilisent les organismes de notre système immunitaire démocratique.
Pas de honte à se tromper
Tout encore à la propagation de sa geste populiste et à l’élargissement de son périmètre d’influence, l’homme s’est placé à contrepied des espoirs placés en lui. Il a oublié ruptures et promesses. Chef d’un gouvernement qui doit faire face à d’innombrables urgences, lui qui avait promis de guérir les mal voyants et marcher sur Mars au lendemain de sa victoire, est encore loin de là où il est attendu.
Le populisme génère la déception comme l’autoritarisme forme la résistance. À force, le discours de Ousmane Sonko hier, est aujourd’hui perçu comme un catalogue d’illusions. Pape Alé Niang, très proche du Premier ministre, Directeur de la télé nationale et non moins actionnaire certifié du « Projet Pastef », à récemment fait entendre sa voix en demandant au pouvoir « de dire la vérité au sénégalais ». A juste raison.
Car il n’y a pas d’infaillibilité absolue en politique. Il n’y a pas de honte à se tromper. Le «Projet» n’est pas un théorème. Trafiquer la vérité pour des profits politiques participe à alimenter le populisme qui est un fusil à un seul coup. Ousmane Sonko a déjà tiré le sien. Il est désarmé après avoir épuisé tous les champs lexicaux de la conquête des suffrages. Aujourd’hui, les VAR sont là pour saccager une bonne partie de ce qui lui restait de crédibilité aux yeux de l’opinion.
Le Premier ministre ne dispose pas de beaucoup de marge de manœuvre face à l’ampleur de la demande sociale et à l’espérance qu’il a suscitées. Il n’y a pas de croissance magique comme il n’y aura pas d’emplois magiques.
Le vrai combat de Ousmane Sonko est économique et social. Et ce n’est certainement pas dans ses guerres de tranchées avec les patrons de presse, l’Assemblée nationale, l’opposition ou la magistrature, que la jeunesse sénégalaise risque de trouver solution à ses problèmes d’emploi et de formation.
L’effondrement programmé du binôme Diomaye-Sonko ?
L’élection a rendu son office. Le pays a aujourd’hui besoin de calme après avoir été traumatisé et fracturé par un combat sans merci pour le contrôle du pouvoir. Des dizaines de jeunes y ont perdu la vie. Des familles se sont disloquées. Des mariages se sont fracassées. Des amitiés se sont brisées. Des entreprises ont fermé leurs portes. De nombreux sénégalais et étrangers ont perdu leur travail. Plus grave encore, la «dérépublicanisation» de pans importants de notre haute administration, voire de certaines forces de sécurité et de défense qui ont piétiné leur serment de loyauté vis à vis de l’État.
Les piliers de la République ont chancellé. Les fondements de la nation ont vacillé. C’est tout le sens du chantier du président Faye qui doit remettre côte à côte un peuple que le combat sanglant entre Macky Sall et Ousmane Sonko a mis face à face.Le Sénégal a besoin d’un exécutif capable de s'élever à la hauteur de la grandeur démocratique de notre pays et des espérances de son peuple. Pour le coup, on ne peut pas encore dire qu’il y a de la lumière à tous les étages du pouvoir Diomaye-Sonko.
Ce qui détermine souvent la longévité d’un couple se trouve dans l’équilibre des responsabilités. Nous sommes loin du compte avec ce qui ressemble à aujourd’hui une subordination du président à son Premier ministre. Une inversion inédite des pouvoirs entre « deux amis » qui incarnent l’état au plus haut niveau.
Aux antipodes l’un de l’autre, entre le président et le Premier ministre, c’est l’entente politique cordiale sur fond de mise en scène médiatique. Le duo est sans heurts. Tout au moins our le moment. Aujourd’hui chacun sert de bouclier à l’autre, même si nous sommes loin des effusions théâtralisées d’antan. Mais une un chose est sûre, cette union sacrée de circonstance, n’est pas exempte de calculs politiques. Tous ont 2029 en ligne de mire. « Mais trop tôt pour en parler », dixit le président face à la presse senegalaise le 13 juillet dernier. Alors, trop tôt pour parler de rivalité entre lui et son Premier ministre ? Peut être. Trop tôt pour écrire l’oraison funèbre de la saga Diomaye-Sonko ? Certainement.
Sauf que derrière le rideau des convenances entre amis, Diomaye et Sonko pensent aussi à demain. Et pas que devant leur miroir. Le seul suspense concerne qui pliera devant l’autre. Qui laissera le champ libre à l’autre. Le moment de la sonnerie du glas, qui sera indexé sur le ballet de leurs ambitions respectives, alimente déjà toutes les spéculations autour de l’espérance de vie du « ticket Bassirou-Ousmane ».
Le risque pourrait être alors grand de voir le pays entrer dans une sorte de cohabitation à fleuret moucheté, à la sénégalaise, avec deux acteurs du même bord politique. Le début d’une guerre d’usure inédite au sommet de l’état dans laquelle, le contrôle de l’arme du temps sera décisif entre un Sonko conquérant mais à l’activisme frénétique et autodestructeur et un Diomaye sans étincelle, à la tempérance de cardinal mais qui pique de plus en plus, le cœur des Sénégalais.
Malick Sy est journaliste, conseiller en communication.