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17 avril 2025
Diaspora
Par Ibou FALL
PASTEF LANCE SA LESSIVEUSE ET SON ROULEAU COMPRESSEUR
Non seulement Macky continue d’être invité aux grandes rencontres du monde civilisé, genre le G20, devant lequel il plaide la cause du continent, mais c’est le gouvernement sénégalais qui voit les bailleurs de fonds prendre le large
Divine surprise : Mansour Faye, le frère de notre « Darling Kôr » internationale, ne peut plus voyager comme n’importe quel honnête citoyen du monde… C’est à l’aéroport qu’il apprend la mauvaise nouvelle, alors qu’il s’apprête à aller déposer son sac de p’tits péchés à La Mecque en plein Ramadan.
Il n’est pas le premier, ni le seul : c’est dans l’air du temps. Avant cet incident mineur qui coûte quand même à Marième Faye Sall une sortie exaspérée, il y a des précédents plus choquants qui ne les font pourtant pas sortir de leur réserve. Par exemple, l’embastillement, entre autres, de Moustapha Diakhaté pour délit d’opinion, ou de Lat Diop, soupçonné de prévarications.
Et puis, surtout, Farba Ngom, la figure la plus emblématique de l’Apr sans doute hormis Macky Sall dont il est le griot, actuellement en détention provisoire, ce n’est pas anodin. Mettre hors d’état de nuire le dépositaire d’une grande part du «titre foncier» de l’Apr, cet «opposant milliardaire» capable de financer la résistance des nouveaux pauvres, sans aucun doute, est un impératif catégorique dans la perspective des prochaines joutes électorales. Le manitou de Pastef, Ousmane Sonko, en pleine campagne lors des Législatives de novembre 2024, ne cherche pas ses mots : Farba Ngom vit ses dernières élections comme candidat… Des esprits chagrins relèvent alors que le pittoresque feudataire des Agnam, avant même l’acte d’accusation qui l’attend, est déjà condamné.
Certes, la machine à broyer Pastef, si ça ne tient qu’à elle, commencera par le commencement : faire de Macky Sall du hachis menu politique en l’envoyant en prison avec de lourdes accusations de crimes de sang et détournements de deniers publics ; en résumé, de haute trahison.
Hélas, l’impétrant a la bonne idée de s’exiler dès qu’il remet les clefs de la bicoque de l’avenue Senghor à son successeur. Bien sûr, ils se quittent en de bons termes : devant les caméras, Macky Sall reçoit les duettistes de «Sonko môy Diomaye» avec le sourire et des accolades avant la passation du témoin.
Il y a mieux, et c’est l’ancien chef de cabinet du président de la République, Pape Mada Ndour, récemment limogé, qui vend la mèche sur un plateau de télévision : ils le rencontrent auparavant en petit comité à son domicile de Mermoz, nuitamment, pour se faire des mamours… A quel point Macky Sall se compromet pour que le duo de choc de Pastef prenne le pouvoir au détriment de son candidat officiel ? Ça ne finit pas de fuiter et il viendra bien, forcément, le jour où il sera loisible d’en faire une comptabilité exacte. Pour l’heure, la machine à propagande Pastef, qui revient progressivement à ses fondamentaux, se contente de lui raboter comme elle peut sa réputation à l’international…
Ce sont d’abord les déclarations du chef du gouvernement qui font le tour du monde au point de glacer le sang des traditionnels partenaires financiers du Sénégal : le régime sortant est un gang de faussaires capables de mener en bateau les institutions financières les plus pointues au monde.
Problème : non seulement Macky Sall continue d’être invité aux grandes rencontres du monde civilisé, genre le G20, devant lequel il plaide la cause du continent africain mais, saperlipopette, c’est le gouvernement sénégalais qui voit les bailleurs de fonds prendre le large pendant que les agences de notation internationales le dégradent.
Le constat de l’état des lieux refile la déprime à l’opinion : ces bons messieurs que plébiscitent 54% des électeurs trouvent un pays en ruines, avec une Administration surpeuplée, une dette qui crève les plafonds, un dépeçage foncier scandaleux, des privilégiés aux fortunes suspectes…
La lessiveuse se met en branle pour nettoyer tout ça : ça limoge des salariés pour, entre autres, délit de sale gueule ; ça stoppe des chantiers pharaoniques ; ça affecte au diable vauvert les fonctionnaires et les militaires zélés de l’administration précédente ; ça traque les médias corrompus ; ça dissout les institutions trop peureuses pour être honnêtes et ça jette en prison des Sénégalais dont le bonheur manifeste est louche…
Le Sénégal sous «Sonko môy Diomaye» n’est pas celui de Macky Sall : la preuve, les militaires français sont priés de rendre les clés de leurs appartements et rentrer chez eux, paquetage sur le dos. Ils ne seront que cent soixante-deux Sénégalais à sortir leurs mouchoirs, malgré le milliard de francs Cfa annoncé en consolation de ce qui manifestement n’est qu’un au revoir…
Les états-majors sont déjà en train de discuter de la future collaboration militaire entre la France et le Sénégal alors qu’à la frontière avec le Mali, près de Kayes, ça commence à sentir le djihadisme exalté. A mon sens, le souverainisme sénégalais ne va pas longtemps se passer de l’aide étrangère pour garder intacte l’intégrité de son territoire à partir de l’Est.
Le Port de Dakar, on en parle ? L’Agence nationale des statistiques et de la démographie a le mauvais goût de publier des chiffres qui annoncent que l’activité portuaire se retrousse de 17%, ce que relaie quelque torchon qui se fait appeler média. Bien entendu, l’ombrageux Directeur général, Waly Diouf Bodian, monte naturellement sur ses grands chevaux pour rétablir sa vérité : le port se porte comme un charme, mieux que les journaux diffamateurs auxquels il ne sera plus accordé le plus petit fifrelin de subvention.
La preuve que tout va bien chez Monsieur le Marquis du Port, ça trouve même assez de temps entre le décompte de ses recettes excédentaires et quelques limogeages bien pensés, pour poster ses commentaires au vitriol sur l’actualité…
Et défense de ricaner !
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
TRUMP ET LE DÉCLIN DE L’OCCIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes aujourd’hui face à un tournant historique dans la géopolitique mondiale marqué par le repli des États-Unis et la sortie de l’histoire de l’Europe. Devons nous nous en réjouir ? Est-ce que ça nous concerne ?
J’avais publié il y a un mois sur SenePlus un article intitulé le “Grand déclin de l’occident". Je ne pensais pas être aussi rapidement confirmé par les événements.
J’y écrivais que le président Donald Trump allait accélérer ce déclin du fait de son agenda “America first”qui se traduirait forcément en “America only.” Au profit bien entendu des oligarques du pays.
Les developments en Ukraine constituent, dans le cadre du démantèlement par Trump de l’État impérial, une stratégie de retrait du monde tel qu’il est.
Effectivement comment naviguer dans un monde où la population occidentale ne constitue plus que 7% de la population mondiale, où la Chine est devenue la première économie mondiale, où la Russie est la première puissance nucléaire et où l’Afrique est sur la voie de devenir la première puissance démographique (avec 41 % de la population mondiale dans 75 ans pour la seule Afrique sub-saharienne). Tout en continuant à satisfaire un niveau de gloutonnerie des Américains les plus riches jamais égalé dans l’histoire. L’Europe devient alors, pour Trump, une variable d’ajustement.
Nous sommes donc aujourd’hui face à un tournant historique dans la géopolitique mondiale marqué par le repli des États-Unis et par la sortie de l’histoire de l’Europe. Devons nous nous en réjouir ? Est-ce que ça nous concerne ?
Car maintenant les Européens clament haut et fort la nécessité d’un réarmement européen et d’une guerre contre la Russie. Qui ne les menace nullement. A moins qu’il ne s’agisse de se préparer à mener des guerres par procuration dans les États souverainistes d’Afrique …pour y déloger la…Russie ! (la vidéo ci-jointe est plus que parlante). Et dans la foulée enrichir les actionnaires de l’industrie de l’armement américano-européenne en intensifiant les guerres sociales.
Les Européens se prétendant toujours le centre du monde, se targuaient au début du conflit qu’ils allaient détruire l’économie russe. Ces mêmes Européens qui s’accaparaient et continuent de s’accaparer illégalement des avoirs russes et promettaient à l’armée russe une défaite historique. Mais voilà l’OTAN fait face à une déconfiture inédite et le président Donald Trump n’a fait que prendre la mesure de la réalité. Et il le dit brutalement : il faut négocier la paix.
Les jérémiades mensonges et rodomontades n’y feront rien. L’Europe finira par s’incliner toute honte bue. Dans la sphère occidentale elle est devenue une périphérie. Le monde aussi a pris acte :
L’Europe n’est plus un acteur mondial. Son hypocrisie face au genocide des Palestiniens, son deux poids deux mesures devenu la marque de fabrique de sa politique internationale ont fini de lui ôter désormais tout crédit.
Et comme en plus elle n’a jamais voulu faire son devoir de mémoire sur la colonisation et l’esclavage ni se décoloniser d’elle-même, elle se retrouve aujourd’hui méprisée par le Sud global qui prend ses distances et poursuit son émancipation. Elle se retrouve seule face au lâchage américain et tétanisée par les soi-disants appétits de l’ogre russe.
Le monde change à toute allure marquée par cette sortie de l’histoire de l’Europe. L’Europe avait fait son entrée brutale dans l’histoire mondiale au 15e siècle dans le seul objectif de s’enrichir à tout prix : invasions, expropriations brutales, esclavage industriel, politiques d’extermination, génocides, colonisation, holocaustes, annihilation nucléaire, apartheid, racisme structurel, pratiques néocoloniales… ils ont tout inventé et tout appliqué sans hésitation ni d’états d’âmes face aux résistances locales.
Oui on sait. Eux veulent imposer une omerta sur ce passé honteux. Le déni est bien sûr pathétique. Mais nous n’oublierons jamais et le rappellerons toujours.
Car le fait colonial a toujours des effets dans notre quotidien social économique et politique. Et demain quand le rapport de force s’inversera les réparations s’imposeront. Il n’y a aucun doute là-dessus. Et bien sûr nous n’irons jamais combattre en Ukraine pour eux. On a déjà payé. Finito.
Au-delà, quel agenda pour l’Afrique ?
⁃ D’abord, prendre la mesure de tous les risques et menaces, mais aussi des opportunités de cette phase cruciale de l’évolution de l’histoire du monde et en cerner les implications pour l’Afrique. Les chercheurs doivent engager des dialogues avec leurs gouvernants et sociétés civiles.
⁃ Ensuite, prendre conscience que nous Africains ne sommes pas démunis et que nous pouvons peser sur la marche du monde à condition de s’allier dans des partenariats stratégiques avec le sud global pour défendre nos intérêts et préserver notre souveraineté.
⁃ Concernant l’unité africaine, le défi n’est pas de réussir immédiatement à parler d’une seule voix pour se faire entendre mais de s’assurer que les 54 États africains pèsent dans la même direction et pour cela entreprendre toutes les formes de coordination et de coopération intra-africaines, notamment dans les domaines sécuritaire et industriel. Donc le combat doit se mener dans chaque pays.
⁃ Et bien sûr l’irrépressible nécessité de décoloniser les esprits s’impose plus que jamais.
⁃ Et puis surtout faire en sorte que cette direction assure in fine une amélioration sensible du niveau de vie de toutes les populations africaines. Seule légitimité pour les États africains afin de se débarrasser de la colonialité et du capitalisme globalisé.
L’Afrique a une opportunité. Ne la ratons pas.
*Guerre à la Russie au Sahel
NB : Pour ceux qui s’intéressent aux recherches et écrits sur la chute de l’occident voici une petite bibliographie :
- Formes de guerre, stratégies et déclin de l'Occident par Olivier Entraygues
- Le déclin de l'Occident capitaliste et le monde moderne des Asuras: par Ravikumar Kurup
- Le déclin de l'occident par Hanif Kureichi
- La Défaite de l'Occident par Emmanuel Todd
- La mort de l'Occident par Frédéric Vostelle
- Ite Missa Est : Déclin de l'Occident par Gabriel T. Guillaume
par Thierno Alassane Sall
L’INTERPRÉTATION DE LA FARCE
Nous en appelons à la conscience collective. Pastef veut maintenir cette loi d’amnistie qui souille notre histoire. Nous ne devons pas laisser cette forfaiture prospérer. Nous avons affaire à des farceurs
Nous avons, enfin, pris connaissance de la proposition de loi interprétative de Pastef. Disons-le tout de suite : nous avons affaire à des farceurs.
D’abord, il ressort de leur proposition de loi que la loi d’amnistie de 2024 reste entièrement en vigueur. Autrement dit, si le texte de Pastef passe, les faits susceptibles d’être qualifiés de délits ou de crimes commis dans la période visée et ayant des motivations politiques ne pourront pas être connus par nos juridictions. Plus concrètement, et à titre d’exemple, si les personnes qui ont commis l’incendie criminel du « Bus de Yarakh » arrivent à prouver qu’elles étaient animées d’intentions politiques (bloquer le pays pour obtenir la libération de leurs camarades) et qu’elles appartenaient à un parti politique, rien ne devrait les empêcher de bénéficier de cette interprétation.
Ensuite, l’interprétation proposée vient paradoxalement obscurcir la loi d’amnistie, qui est suffisamment claire. Interpretatio cessat in claris : l’interprétation cesse lorsque les choses sont claires. Selon l’article 1er de la proposition de loi interprétative de Pastef, seuls « les faits […] ayant une motivation exclusivement politique » seront amnistiés. Plusieurs questions se posent : comment déterminer la motivation politique ? Les juridictions seront-elles amenées à sonder les âmes des prévenus et accusés ? Comment parvenir à identifier les personnes qui ont infiltré les manifestations pour commettre des crimes ? Comment refuser à ces dernières l’excuse de la motivation politique ? Autant d’éléments qui montrent que cette interprétation rendrait curieusement obscure la loi d’amnistie.
Enfin, la proposition de loi interprétative de Pastef exclut les infractions liées aux manifestations, mais commises sans motivation politique. La volonté de Pastef est claire ici : protéger ses militants et livrer les autres. Les membres des forces de l’ordre, qui veillent au maintien de l’ordre public, pourront-ils justifier leurs éventuelles infractions par une motivation exclusivement politique ? Le militant politique qui commet un crime pourra bénéficier de l’amnistie en disant simplement qu’il participait à une manifestation politique. En revanche, le gendarme qui commet un délit sera jugé, car il ne pourra en aucun cas invoquer une motivation politique pour justifier son infraction. En termes simples, le militant présumé criminel est protégé, mais le gendarme qui participe à une opération de maintien de l’ordre public sera livré à la justice. Voilà le régime Pastef : un gouvernement du Pastef, par les réseaux sociaux et pour le Pastef. Une République divisée et à terre !
Nous en appelons à la conscience collective. Il n’échappe à personne maintenant que Pastef veut maintenir cette loi d’amnistie qui souille notre histoire. Nous ne devons pas laisser cette forfaiture prospérer, et il ne s’agit nullement d’un combat partisan.
LE CARIBBEAN PAN AFRICAN NETWORK DÉNONCE LES SANCTIONS AMÉRICAINES CONTRE CUBA
L'organisation s'insurge contre des mesures visant spécifiquement à "intimider les investisseurs étrangers" et à "saper la capacité des entités cubaines à produire des biens et services"
(SenePlus) - Un message ferme a été adressé à l'administration Trump par le Caribbean Pan African Network (CPAN). Dans un communiqué publié le 27 février 2025, l'organisation pancaribéenne, présente dans dix-sept pays de la région, condamne fermement la décision de Washington de réinscrire Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme.
Le CPAN rappelle que l'administration Biden avait fait un pas positif le 14 janvier 2025 en retirant Cuba de cette liste controversée, une décision alors saluée comme "un pas dans la bonne direction" par la CARICOM, principale organisation multilatérale caribéenne. Cependant, moins d'une semaine plus tard, la nouvelle administration Trump a non seulement réintégré Cuba sur cette liste, mais a également rétabli plusieurs mesures punitives.
"Le président Donald Trump a révoqué la suspension des poursuites judiciaires devant les tribunaux américains en vertu du titre III de la loi Helms-Burton, et réinstauré la liste des entités cubaines restreintes avec lesquelles les personnes ou entités américaines ne peuvent effectuer de transactions", précise le communiqué.
L'organisation dénonce également les sanctions imposées par le secrétaire d'État américain Marco Rubio contre toute personne facilitant le travail des brigades médicales cubaines, mondialement reconnues pour leur expertise.
Selon le CPAN, ces mesures ont un objectif clair : "intimider les investisseurs étrangers, fermer les sources possibles de revenus externes pour Cuba, saper la capacité des entités cubaines à produire des biens et services, et ravager le niveau de vie et la qualité de vie du peuple cubain."
Le réseau pancaribéen rappelle que depuis trente ans, une large majorité des nations du monde votent chaque année à l'Assemblée générale des Nations Unies pour condamner l'embargo américain contre Cuba, le qualifiant de violation du droit international.
"Nous affirmons, sans crainte d'être contredits, que le gouvernement des États-Unis a l'obligation légale claire de mettre fin à son embargo financier, économique et commercial contre Cuba et de retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme du Département d'État américain", conclut le communiqué signé par le Comité exécutif du Caribbean Pan African Network.
PAR Adama Dieng
UN PAS HISTORIQUE VERS L’UNITÉ DU MONDE MUSULMAN
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour la première fois, des érudits sunnites et chiites de premier plan se sont engagés dans un dialogue substantiel, transformant en actes l'appel lancé en 2022 par le Grand Imam d'Al-Azhar
Dans un monde où les divisions ont trop souvent entravé le progrès, le besoin d’unité entre les musulmans n’a jamais été aussi urgent. L’islam, dès sa création, a mis l’accent sur la fraternité, la coopération et la solidarité entre les croyants. Pourtant, l’histoire a été témoin de moments où les différences ont été exploitées, conduisant à la fragmentation et à la discorde entre musulmans. Plutôt que de disperser leur énergie dans des conflits, les musulmans doivent reconnaître l’immense force qui naît de l’unité. En acceptant la diversité au sein de la Oumma et en nous focalisant sur les défis communs, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux, nous pouvons garantir que nos efforts collectifs contribuent à la prospérité et à la dignité de tous.
Fin février 2025, à Bahreïn, nous avons assisté à un moment déterminant dans l’histoire des relations intra-islamiques. L’appel lancé le 3 novembre 2022 lors de la Conférence de dialogue intra-islamique à Manama, au Bahreïn par Son Éminence le professeur Ahmed Al-Tayeb, grand imam d’Al-Azhar et président du Conseil des sages musulmans, en faveur d’un dialogue entre les principaux érudits des écoles de pensée islamique, principalement sunnites, et les érudits chiites, s’est finalement traduit par des actes. La conférence, organisée sous le thème « Une seule oumma… un seul destin commun », a vu des personnalités religieuses de premier plan issues de diverses traditions islamiques s’engager dans des discussions approfondies et significatives, aboutissant à une recommandation concrète : la création d’un groupe d’experts pour poursuivre cette réflexion essentielle et assurer son application pratique.
Cette initiative, rendue possible grâce au patronage du roi, Sa Majesté Hamad Bin Issa Al Khalifa, témoigne du rôle de Bahreïn en tant que pont de réconciliation. Historiquement, Bahreïn a été une terre de coexistence entre les communautés sunnites et chiites, malgré les défis. Sous la direction du roi, Sa Majesté Hamad bin Isa Al Khalifa, des efforts ont été faits pour favoriser davantage l’inclusion et reconnaître la riche diversité des traditions islamiques de la nation. Ce dialogue représente un pas en avant pour assurer une gestion constructive de la diversité dans le monde musulman.
La vision du Grand Imam : courage, sagesse et unité
Au cœur de ce dialogue se trouve le Grand Imam d’Al-Azhar, le professeur Ahmed Al-Tayeb, dont la sagesse et le courage d’avoir initié une telle rencontre ne peuvent être exagérés. Il défend depuis longtemps l’idée que les divisions entre musulmans sunnites et chiites et d’autres traditions islamiques sont artificielles, et qu’elles sont plus le résultat de manœuvres historiques et politiques que de divergences théologiques. En effet, comme il l’a souligné dans son discours, rien ne différencie fondamentalement un sunnite d’un chiite aux yeux de l’islam.
Son appel à l’unité n’est pas un appel à effacer les différences mais plutôt à adopter les principes communs qui lient tous les musulmans. Il nous a rappelé que la première constitution proclamée par le Prophète Mahomet (PSL) à Médine réaffirmait le principe de non-discrimination. Ce précédent historique devrait servir de modèle aux sociétés musulmanes contemporaines aux prises avec des tensions sectaires qui ont, dans de nombreux cas, dégénéré en conflits armés.
Au cours de la dernière décennie, les tensions entre sunnites et chiites ont été exploitées pour alimenter la violence dans différentes parties du monde. Ces divisions ont permis à des forces extérieures de manipuler et d’affaiblir la Oumma musulmane, en dressant les frères les uns contre les autres tout en ignorant le principe fondamental d’unité que défend l’Islam. Le dialogue à Bahreïn est un effort courageux pour dépasser ces divisions et œuvrer vers une thérapie collective et au progrès.
De la rhétorique à l’action
Ce qui distingue ce dialogue des discussions passées sur le rapprochement sunnite-chiite, c’est son engagement à agir. La recommandation de créer un groupe d’experts marque un progrès qui va des discussions théoriques aux mesures pratiques visant à assurer une paix et une compréhension durables. Ce groupe d’experts sera chargé d’élaborer des cadres formels pour institutionnaliser le dialogue intra-islamique, favoriser la tolérance religieuse et empêcher que les conflits sectaires ne soient instrumentalisés à des fins politiques.
Outre les chefs religieux, le rôle de la jeunesse musulmane dans la construction de l’avenir de l’unité ne peut être négligé. Les jeunes de tout le monde musulman doivent être impliqués dans ces discussions et initiatives. Ce sont eux qui porteront les principes de fraternité, de tolérance et de collaboration. Les programmes scolaires devraient inclure des exemples historiques de coexistences réussies entre différentes traditions islamiques, en mettant l’accent sur les valeurs communes plutôt que sur les points de discorde.
Il est impératif que cette dynamique se poursuive. Les gouvernements, les chefs religieux et les organisations de la société civile doivent investir dans des initiatives de consolidation de la paix qui favorisent le respect et la compréhension mutuels. En outre, les établissements d’enseignement islamique devraient intégrer des enseignements qui mettent l’accent sur l’héritage commun de toutes les écoles de pensée musulmane plutôt que sur leurs différences.
Un appel à une gestion constructive de la diversité
La diversité au sein de l’islam doit être considérée comme une force plutôt qu’une source de division. Le Coran et la Sunna soulignent l’importance de l’unité, de la coopération et du respect mutuel. Comme l’a judicieusement souligné le Grand Imam, la priorité doit être de protéger notre religion, nos terres et notre peuple, quelle que soit l’identité d’une entité sectaire.
En outre, l’unité intra-musulmane doit s’étendre au-delà des relations entre sunnites et chiites pour englober l’ensemble des communautés musulmanes du monde. Qu’ils soient africains, asiatiques, moyen-orientaux ou occidentaux, tous ont des expériences et des contributions uniques à offrir. Une Oumma unie ne doit pas se limiter aux seules discussions théologiques, mais doit s’étendre à la coopération en matière de développement économique, de progrès scientifique et d’initiatives humanitaires qui élèvent tous les musulmans et l’humanité dans son ensemble.
Le dialogue à Bahreïn est un faisceau d’espoir pour que les musulmans puissent dépasser des divisions vieilles de plusieurs siècles et œuvrer ensemble pour le bien commun. L’histoire, la langue, la foi et l’héritage culturel commun aux musulmans devraient servir de fondement à une Oumma plus forte et plus unie.
Peut-on conclure qu’une nouvelle ère s’annonce pour l’Oumma musulmane ?
Le dialogue intra-islamique de Bahreïn marque le début de ce qui pourrait être un nouveau chapitre de l’histoire de l’Islam. La création d’un groupe d’experts est une étape prometteuse vers l’institutionnalisation des efforts de réconciliation. Cependant, son succès dépend de l’engagement durable des dirigeants de tout le monde musulman. Nous devons tous nous approprier cette vision – gouvernements, institutions religieuses, intellectuels et citoyens ordinaires.
Pour que cette initiative réussisse, elle doit être suivie de politiques concrètes et d’initiatives locales dans les pays à majorité musulmane. Les mosquées, les universités et les organisations communautaires doivent s’engager activement à favoriser le dialogue et à veiller à ce que le message d’unité atteigne toutes les strates de la société. Le dialogue ne doit pas rester un événement confiné aux conférences mais doit devenir un processus continu qui façonne la conscience des générations futures.
Il est temps de laisser derrière nous les divisions du passé et d’embrasser un avenir où tous les musulmans se rassembleront en une seule Oumma, guidée par les principes de justice, d’égalité et de fraternité. Les enseignements du Prophète Mahomet nous exhortent à favoriser l’amour et l’harmonie entre nous. Dans cet esprit, le dialogue à Bahreïn ne doit pas être un événement isolé mais le fondement d’un mouvement durable vers l’unité.
Ce n’est qu’en nous unissant que nous pourrons relever les défis qui menacent nos communautés et que nous pourrons garantir que les générations futures héritent d’un monde défini non pas par le sectarisme mais par la solidarité et le respect mutuel.
Adama Dieng est un diplomate sénégalais, ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU et fervent défenseur de la paix, de la justice et de la réconciliation.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
VERS UN NOUVEAU DEAL SOCIAL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Il s’agit pour le gouvernement de ne plus chercher à imposer son hégémonie sur ses partenaires sociaux, de ne plus prendre auprès d’eux des engagements qu’il ne sait ne pas pouvoir tenir
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 11/03/2025
La rencontre au Grand Théâtre de Dakar le 27 février 2025 entre le premier ministre Ousmane Sonko, entouré de l’ensemble de son gouvernement, des syndicats et du patronat, fera date. Le premier ministre a en effet proposé aux partenaires sociaux un « nouveau deal » social.
« Personne ne souhaite une confrontation. On a besoin de stabilité. Aucun pays n’a décollé sans un consensus fort. Les pays qui ont décollé ces dernières années, c’est des pays ou les libertés publiques ont été réduites. Regardez les pays asiatiques, les pays arabes…Nous on est une démocratie et c’est tant mieux… ».
« Il faut mettre de côté pendant un temps les grèves et les manifestations dans la rue » …« Personne ne souhaite la confrontation sociale, parce que personne n’y gagne. Nous devons tous éviter de nous pousser mutuellement vers la radicalisation », a-t-il ajouté.
Et de proposer aux syndicats un dialogue social « sincère », « transparent », qui se « fera dans la vérité et la justice sociale » afin d’aboutir à un « pacte de dialogue social ».
Puis de proposer la signature dès le 1er mai, d’un Pacte de Solidarité Sociale formulé à travers un dialogue social incluant les différents secteurs, pour rétablir la justice sociale et éviter « la confrontation sociale ». De plaider ensuite pour une suspension des grèves, le temps de redresser la situation financière « catastrophique » du pays, héritée du régime Macky Sall.
« Construisons d’abord une économie, créons les conditions de notre souveraineté. Nous devons travailler à nous réapproprier toutes nos ressources pour développer notre pays dans quelques années ».
Le modèle Sonko d’un tripartisme sénégalais
Le premier ministre Ousmane Sonko a, à n’en pas douter, à l’esprit le modèle de dialogue social, dit tripartite, qui a été mis en place à travers toute l’Europe occidentale, des pays nordiques, à l’Allemagne et à la France, ainsi qu’au Japon et à Singapour après la 2eme Guerre Mondiale. C’était à l’initiative d’hommes d’état comme Olof Palme en Suéde, De Gaulle et Jean Monnet en France, Konrad Adenauer en Allemagne, les premiers ministres japonais Shigeru Yoshida et Eisaku Sato et le premier ministre de Singapour Lee Kwan Yeew notamment.
Ce modèle est généralement considéré comme l’un des principaux facteurs du redressement spectaculaire de l’Europe et du Japon ainsi que du développement fulgurant de Singapour.
Il a permis d’améliorer les conditions de travail, d’augmenter la productivité des travailleurs, de produire de la richesse et d’établir un système de justice et de sécurité sociale pour l’ensemble des travailleurs et leurs familles.
Le tripartisme ne nie pas la lutte des classes mais postule que, au moins pendant une phase historique donnée, les intérêts des uns et des autres, des travailleurs, des patrons et de l’Etat sont conciliables et doivent être conciliés.
Sénégal : du tripartisme en théorie au syndicat unique, de la « participation responsable » au « Comité national du dialogue social » et au Haut Conseil du Dialogue Social
Cette idée de dialogue social, de coopération, gouvernement, patronat et travailleurs est ancienne au Sénégal et a une histoire singulière dont il convient de tirer les enseignements.
Le premier président de la République du Sénégal l’avait théorisée déjà en 1963. "Il ne s'agit plus de défendre les travailleurs contre un étranger ; il s'agit maintenant d'accroître le revenu national, d'assurer la répartition plus équitable de ce revenu par la protection de tous conformément au marxisme "à chacun selon son travail", écrira-t-il.
Cette idée sera cependant rattrapée par « les événements de Mai 1968 » et la logique du parti unique s’est imposée au président de la République, Secrétaire général de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), parti unique de fait à l’époque
La « participation responsable » sera alors instituée : pour assurer "l'association du mouvement syndical à l'élaboration, à l'exécution et au contrôle de l'exécution des plans de développement économique et social (ce qui) doit se traduire par la représentation des travailleurs désignés par les organisations syndicales, à la commission nationale du plan, au Conseil économique ainsi qu'aux délibérations des missions ou instances du parti traitant des questions économiques et sociales et aux conseils d'administration des sociétés para étatiques à but économique et social… »
Le syndicat bénéficie dès lors d’un quota de la liste des députés à l’Assemblée nationale, de plusieurs sièges au Conseil Economique et Social, contrôle les institutions de représentations et même détient un ou deux ministères.
Le régime du président Abdoulaye Wade va tenter lui d’asseoir son hégémonie sur le mouvement syndical en suscitant la création d’une dizaine de nouveaux syndicats, souvent issus des flancs d’anciennes organisations, dont certaines sous l’égide de responsables du PDS avant de mettre en place une « Charte nationale sur le dialogue social » puis un « Comité national du dialogue social » censé servir de cadre au dit dialogue.
Pourtant, le « front social » ne se pacifie pas pour autant. Malgré toutes ses tentatives, notamment en proposant le port de brassage par les travailleurs pour signaler leurs revendications au lieu de recourir à la grève et malgré l’institution d’un « Comité national du dialogue social » et ses relais au sein des syndicats, son régime sera confronté à des grèves régulières.
Le régime de Macky Sall quant à lui institue le « Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique » censé permettre la mise en œuvre du « Plan Sénégal émergent » et substitue au « Comité national du dialogue social » le Haut Conseil du Dialogue Social. Il n’empêche : les grèves notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé restent régulières.
Pourquoi le tripartisme n’a pas marché au Sénégal ?
De Senghor à Macky Sall, chaque régime a pris en compte à sa manière le fait syndical dans sa gouvernance, soit en établissant son hégémonie sur les syndicats soit en les combattant frontalement soit en prenant en compte leurs revendications pour ne les satisfaire que parcimonieusement, après avoir subi grèves après grèves.
Aucun n’a réussi à établir une collaboration durable avec « les partenaires sociaux ». De 1960 à nos jours, le « front social », (l’expression est significative) est constamment en « ébullition » : quand ce ne sont pas les écoles primaires qui sont fermées, ce sont les universités qui le sont ou encore les hôpitaux quand ce ne sont pas les transports publics qui sont paralysés.
Quand on considère la longue histoire du syndicalisme sénégalais qui date du début du XXème siècle, quand on sait que la liberté syndicale instaurée depuis l’indépendance du pays (loi 61-34 du 15 juin 1061) n’a jamais été remise en cause et qu’un cadre juridique et institutionnel approprié avec la « Charte nationale sur le dialogue social » et le « Comité national du dialogue social », a été mis en place il y’a près de vingt ans déjà, on peut s’étonner que le tripartisme n’ait pas fonctionné au Sénégal.
Est-ce parce que chaque régime, de Senghor à Macky Sall, a voulu asseoir son hégémonie sur le mouvement syndical ?
Est-ce la « politisation » des syndicalistes dont toute une génération de dirigeants sont issus de chapelles politiques, du Parti Socialiste, PDS ou de partis de gauche, dont ils ont gardé le « formatage » même quand ils en sont séparés politiquement et idéologiquement depuis longtemps ?
Est-ce le corporatisme exacerbé des dirigeants des syndicats qui les rend insensibles aux considérations autres que les intérêts stricts de leurs corporations ?
Est-ce cette attitude des responsables successifs de l’Etat, de Senghor à Macky Sall, à promettre tout ce que les syndicalistes veulent juste pour qu’ils arrêtent la grève alors que l’Etat n’a pas les moyens de tenir ces promesses ?
Est-ce la nature du patronat, comprador et nationaliste à la fois, éclaté dans de trop nombreuses organisations, qui la rendu jusqu’à présent faible et incapable d’assumer un rôle social significatif ?
Les défis du régime Pastef
Dans ces conditions, l’offre de « new deal » social du premier ministre Ousmane Sonko peut-elle fonctionner ?
Or le pays qui est en proie à une profonde crise économique et financière et doit s’imposer une période d’austérité, n’a pas les moyens de faire face à tous les engagements, souvent inconsidérés que l’ancien régime a pris à l’endroit des syndicats.
Pourtant le premier ministre a donné des instructions pour ‘’la liquidation des points de revendications pouvant faire l’objet de mise en œuvre immédiate, du chantier de l’équité salariale, de la seconde phase des mesures de réduction du coût de la vie sans impact budgétaire’’.
Il s’est engagé d’autre part à épurer la dette intérieure ce qui devrait permettre de relancer financièrement les entreprises locales et leur permettre notamment de sécuriser les emplois.
Côté patronat, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) et le Conseil national du patronat (CNP), les deux principales organisations annoncé leur prochaine fusion, ce qui devrait renforcer la voix du patronat dans le dialogue.
Il s’agit pour le gouvernement de ne plus chercher à imposer son hégémonie sur ses partenaires sociaux, de ne plus prendre auprès d’eux des engagements qu’il ne sait ne pas pouvoir tenir
Les uns et les autres doivent se convaincre que l’échec du projet dont le premier ministre propose le lancement le 1er avril 2025, ne sera pas seulement un coup porté à la Vision Sénégal 2050 du président Bassirou Diomaye Faye mais risque d’être fatal à la démocratie et au développement économique rapide promis par le nouveau régime.
Aussi serait il indiqué que le consensus tripartite soit porté solennellement à la connaissance du peuple pour qu’il en soit garant. Sa signature pourrait se faire dans le cadre d’Assises Sociales qui regrouperaient les représentants de toutes les forces vives du pays ainsi que toutes les autorités religieuses et coutumières.
L'ODYSSÉE DE L'EXIL ET DES SECRETS FAMILIAUX
Dans "Soleils invincibles", Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye dévoile le parcours de Dramane, étudiant expulsé du pays de ses rêves. De retour à Toumouranka, le jeune affronte un passé lourd de non-dits où chaque révélation devient un pas vers sa propre vérité
(SenePlus) - Le roman "Soleils invincibles" de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye, publié aux éditions Présence Africaine, plonge le lecteur dans l'histoire touchante de Dramane, un étudiant ambitieux dont la vie bascule lorsqu'il est chassé de Cissane, le pays de ses rêves.
À travers ce récit émouvant, l'auteur entraîne dans une quête identitaire profonde. De retour à Toumouranka, Dramane doit affronter son passé et les silences qui pèsent sur sa famille : une mère qui l'attend patiemment, un père mystérieusement silencieux et des sœurs absentes, cachant un lourd secret familial.
Le roman explore avec finesse les thèmes de l'exil, de l'espoir et de la liberté. Dramane rejoint les "Candidats", ces âmes en quête d'un avenir meilleur, certains fuyant leur terre natale, d'autres rêvant d'y retourner, tous unis par ce même désir brûlant de liberté.
Comme le souligne Boubacar Boris Diop, lauréat du Prix international de littérature Neustadt 2022, ce roman est écrit "avec retenue et une parfaite maîtrise", exprimant "les blessures et les espérances de l'exil".
Né à Diourbel au Sénégal, Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye a étudié au Burkina Faso, en France et aux États-Unis. Écrivain multilingue (wolof, français, anglais), il partage sa vision unique de l'Afrique à travers son blog "Assumer l'Afrique" et plusieurs recueils de poésie.
"Soleils invincibles" est une œuvre qui captive le lecteur et l'invite à réfléchir au-delà de la dernière ligne, mêlant avec talent une plume incisive et pleine d'humour pour offrir une aventure humaine palpitante où chaque page résonne d'émotions et de vérités universelles.
L'INHUMATION PAR ERREUR D'UN FRANCILIEN AU SÉNÉGAL PLONGE UNE FAMILLE DANS LA DÉTRESSE
Comment un homme décédé en région parisienne peut-il se retrouver inhumé dans un pays qui n'est pas le sien? C'est la tragique mésaventure qui frappe la famille d'Ibrahima Traoré, dont le corps a été envoyé par erreur au Sénégal après son décès
(SenePlus) - Une erreur hospitalière aux conséquences dramatiques a bouleversé la famille d'Ibrahima Traoré, comme le révèle une enquête du Parisien. L'homme de 67 ans, décédé le 2 mars au Centre hospitalier Sud francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, a été envoyé et inhumé au Sénégal par erreur, alors qu'il devait être enterré dans son Mali natal.
Le lundi 10 mars, alors que le fils aîné du défunt, accompagné d'oncles et de cousins, se présentait à la morgue pour la mise en bière et le recueillement, un choc les attendait. « À la morgue de l'hôpital, ils lui ont présenté un corps et ce n'était pas celui de son père ! », rapporte Le Parisien.
La stupeur passée, l'explication est tombée comme un couperet : « Ils ont dit à mon fils que le corps de mon mari a été transféré vendredi au Sénégal pour être inhumé à Dakar… », confie avec désespoir Fatoumata Traoré, l'épouse du défunt. Une situation d'autant plus douloureuse que son mari, ancien employé à Rungis et père de trois enfants, devait reposer au Mali, sa terre natale, selon ses volontés.
« Le corps est perdu… C'est aberrant ! Ils m'ont rajouté douleur sur douleur », sanglote la veuve de 67 ans, installée avec sa famille à Melun depuis 1996, selon les informations du quotidien parisien.
« C'est honteux ! L'hôpital s'est excusé mais ils nous prennent de haut. Je doute de tout ce qu'ils disent. Je veux la preuve que mon père n'a pas été brûlé, qu'ils ne lui ont pas enlevé d'organes », s'insurge Awa, la fille de 32 ans, qui envisage de porter plainte.
L'incompréhension est d'autant plus grande que les procédures d'identification semblaient pourtant claires. « Ce sont les médecins qui l'ont vu et qui savent qui il est, ils lui ont mis un petit bracelet avec ses nom et prénom. Comment peuvent-ils se tromper ? Les prénoms sont les mêmes mais les noms de famille diffèrent… Ils sont les plus responsables. Il faudra que des têtes tombent », poursuit-elle avec indignation, selon Le Parisien.
Face à cette situation, la direction générale du CHSF de Corbeil « présente ses sincères condoléances et exprime toute sa compassion à l'égard de la famille en deuil ». L'établissement reconnaît faire face à « une situation inédite avec une charge émotionnelle forte partagée par les équipes du service mortuaire qui accueillent et accompagnent les familles en deuil ».
L'hôpital affirme assumer « la responsabilité » de cette erreur et mettre « tout en œuvre avec les autorités compétentes pour organiser un rapatriement rapide ». Il garantit également à la famille que « le corps était intact à son départ » et écarte « tout prélèvement d'organes et crémation ». Cependant, sur l'origine de cette erreur qualifiée de « monumentale » par Le Parisien, la direction reste évasive, se contentant d'évoquer une « enquête administrative diligentée afin qu'une telle situation ne puisse pas se reproduire ».
Du côté de l'entreprise de pompes funèbres chargée des obsèques d'Ibrahima Traoré, l'incompréhension règne également. « C'est horrible. Je n'imagine pas ce que doit ressentir la famille, déjà meurtrie par le décès… », confie une conseillère au Parisien.
Elle détaille la découverte de l'erreur : « On s'est présentés ce matin. Un défunt était sur la table pour la toilette rituelle. La famille avait du retard. Mon collègue a attendu sa venue avant de commencer. Quand le fils du défunt est arrivé, il a dit ce n'est pas mon père. Mon collègue a appelé les agents de la chambre mortuaire. Ils ont vu d'autres pompes funèbres se présenter vendredi. »
Le plus surprenant dans cette affaire reste que, normalement, « avant toute mise en bière, les pompes funèbres font toujours signer à une personne mandatée de la famille une reconnaissance du défunt », souligne le journal. Pourtant, « aux dires de l'agent funéraire de l'hôpital, il y avait une famille vendredi. Personne n'a rien dit et une personne a signé », s'étonne la conseillère funéraire.
LE GARDIEN CONTROVERSÉ DU PORT DE DAKAR
"Sauveur" ou "protecteur" par l'étymologie de son prénom, Waly Diouf Bodian s'est imposé comme l'une des figures les plus clivantes du nouveau régime. L'inspecteur des impôts peu loquace gouverne d'une main de fer l'une des mamelles de l'économie
Waly Diouf Bodian, une figure à la fois énigmatique et controversée, incarne aujourd’hui l’archétype de l’homme de confiance devenu homme de pouvoir. Militant de la première heure de Pastef, l’inspecteur des impôts et des domaines est passé du statut de syndicaliste à celui de directeur général du Port autonome de Dakar (PAD), l’une des institutions les plus stratégiques du pays. Mais derrière cette ascension se cache un parcours semé d’embûches, de polémiques et de conflits, qui révèlent un personnage complexe, souvent critiqué pour ses méthodes autoritaires et son style peu orthodoxe.
Le prénom Waly, d'origine arabe, signifie ‘’sauveur’’ ou ‘’protecteur’’, une étymologie qui renvoie à une figure bienveillante, guidée par l'intérêt collectif. Il est également parfois un diminutif de Walid, qui signifie ‘’nouveau-né’’, symbolisant ainsi l’innocence et la pureté. Pourtant, lorsqu’on se penche sur le parcours et les méthodes de Waly Diouf Bodian, d'autres images s'imposent immédiatement à l'esprit.
Homme au teint noir, à la silhouette élancée et au regard perçant, presque immobile. Son visage impassible trahit une réserve naturelle, accentuée par son rire rare et son économie de mots. Toujours soigné dans son apparence, il oscille entre le costume strict et la chemise-cravate, affichant une sobriété calculée qui renforce son aura d’autorité discrète. Peu loquace, il préfère les silences aux discours, laissant souvent planer une impression de distance et de mystère.
Un militant aguerri, marqué par le bracelet électronique
Waly Diouf Bodian n’est pas un novice dans l’arène politique et syndicale. Ancien secrétaire général du Syndicat autonome des agents des impôts et des domaines (SAID), il a longtemps été un acteur clé des luttes syndicales au sein de l’administration fiscale sénégalaise. Mais c’est son engagement au sein de Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, qui l’a propulsé sur le devant de la scène. Il a payé le prix de son militantisme : en mars 2023, il a été arrêté et placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence et surveillance électronique, plus communément appelée "bracelet électronique".
Cette mesure, perçue comme une tentative d’intimidation par le régime de Macky Sall, a fait de lui un symbole de la résistance contre ce que Pastef qualifiait de "dérive autoritaire".
Cet épisode du bracelet électronique, bien que douloureux, a paradoxalement renforcé sa stature au sein du parti et une partie de l’opinion publique. Il est devenu l’un des piliers de la sécurité de Sonko, filtrant les entrées et sorties lors des meetings et déplacements du leader charismatique. Toujours aux côtés de Pros, Bodian a gagné la réputation d’un homme loyal, prêt à tout pour protéger son mentor. Cette loyauté sans faille lui a valu d’être nommé, un mois seulement après l’arrivée au pouvoir du nouveau régime, à la tête du Port autonome de Dakar, un poste stratégique et hautement convoité.
Sa nomination à la tête du PAD est le signe d’une récompense pour ses années de loyauté envers Sonko. Le Port autonome de Dakar, souvent qualifié de "mamelle de l’économie sénégalaise", est un joyau national, un carrefour commercial essentiel pour le pays et la région ouest-africaine. Confier cette institution à Waly, un homme sans expérience avérée dans le domaine portuaire, a suscité des interrogations et des critiques. Pour ses détracteurs, cette nomination est avant tout politique, un moyen de récompenser un fidèle plutôt que de choisir un expert du secteur.
Depuis son arrivée, le PAD est régulièrement sous les feux de l’actualité, mais pas toujours pour les bonnes raisons. Les conflits syndicaux, les problèmes de recrutement et les accusations de gestion autoritaire ont éclipsé les avancées que le nouveau boss et son équipe tentent de mettre en avant. Les syndicats dénoncent une gestion "monarchique", accusant le directeur général de licencier des centaines de travailleurs précaires tout en recrutant des proches en CDI.
Ces accusations, bien que réfutées par la direction du port, ont alimenté une polémique qui ne semble pas près de s’éteindre.
Un style direct et provocateur
Waly Diouf Bodian est connu pour son style direct, voire provocateur. Très actif sur les réseaux sociaux, il n’hésite pas à entrer en guerre ouverte avec ses détracteurs, qu’ils soient citoyens, syndicalistes ou opposants politiques. Ses posts, souvent teintés d’ironie et de sarcasme, révèlent un homme qui ne mâche pas ses mots.
Par exemple, à la journée sans presse en aout 2024, il ironise ouvertement sur cette initiative journalistique : ‘’Le but de la journée ‘sans presse’ ? C'est d'accéder à une journée sans impôts. Ce combat est perdu d'avance.’’ Une déclaration qui en dit long sur son rapport tumultueux avec les médias.
Waly ne se contente pas de répondre aux critiques ; il les anticipe, les provoque et parfois les amplifie. Récemment, il a accusé une partie de cette presse de manipulation. Lorsque cette dernière évoque les données de l’ANSD sur la baisse de performance du PAD en 2024, en variation annuelle par rapport à 2023, il contre-attaque : ‘’Le port de Dakar se porte bien et a progressé en termes de trafic, de chiffre d’affaires et de bénéfice réalisé. N’en déplaise aux journaux dont les conventions de complaisance ont été résiliées.’’
Cette attitude, bien que défendue par certains comme une marque de franchise, est souvent perçue comme contre-productive, noyant le travail de la cellule de communication du port et alimentant les polémiques plutôt que de les apaiser.
En effet, pour beaucoup d’observateurs, cette approche ne fait pas l’unanimité. Certains estiment qu’un directeur général ne devrait pas se livrer à de telles joutes verbales, au risque de décrédibiliser l’institution qu’il dirige. D’autres, en revanche, louent sa transparence et son franc-parler.
Conflits syndicaux et gestion controversée
Parallèlement, les relations de Waly Diouf Bodian avec les syndicats du port sont tendues, pour ne pas dire conflictuelles. Les syndicalistes dénoncent une gestion autoritaire et opaque, marquée par des licenciements massifs et des recrutements obscurs. En novembre 2024, trois membres du syndicat ont été limogés, après avoir partagé sur WhatsApp une photo de Bodian accompagnée d’une accusation selon laquelle il aurait octroyé un marché de 24 millions de francs CFA à son frère. Mais pour les travailleurs concernés, ces explications ne suffisent pas à justifier ce qu’ils considèrent comme une injustice.
Pour certains, ces conflits syndicaux révèlent une gestion jugée brutale et peu soucieuse du dialogue social. Pour Abdou Ndiaye, représentant du Syndicat des travailleurs du port, Bodian se comporte "comme un monarque", imposant ses décisions sans consulter les parties prenantes. Cette image d’un dirigeant autoritaire et peu enclin au compromis colle désormais à la peau du DG du PAD, malgré les efforts de son équipe pour défendre sa gestion.
La direction générale du port réfute toutefois tout acte de licenciement abusif, arguant que ces travailleurs étaient sous contrat à durée déterminée arrivé à expiration.
Un stratège politique redoutable
Sur le plan politique, Waly Diouf Bodian est un stratège redoutable. Militant dans le département de Keur Massar, un bastion de Pastef, il a su s’imposer comme une figure incontournable, même s’il ne fait pas l’unanimité. Lors des dernières Législatives, il s’est opposé au Dr Seydou Diallo pour le poste de coordinateur, sans parvenir à un consensus. Ses méthodes, jugées parfois brutales, lui valent des critiques au sein même de son parti.
C’est un homme qui sait éliminer ou écarter ses adversaires, quitte à susciter des rancœurs, renseigne un militant de Keur Massar-Sud.
Sa proximité avec Ousmane Sonko lui confère une influence considérable, mais elle est aussi une source de tensions. Certains militants lui reprochent d’utiliser cette proximité pour asseoir son pouvoir, au détriment d’une gestion plus collégiale. Son désaccord avec certaines décisions, comme la nomination de Samba Ndiaye, montre qu’il n’hésite pas à exprimer ses divergences, même au sein de son propre camp.
Il incarne à la fois les espoirs et les imperfections du nouveau régime. Homme de confiance, loyal et déterminé, il a su s’imposer comme une figure clé de l’Administration sénégalaise. Mais son style autoritaire, ses conflits avec les syndicats et la presse, et ses méthodes souvent critiquées révèlent un homme à double tranchant.
Reste à savoir si son style de gouvernance lui permettra de maintenir son influence ou s’il finira par s’attirer trop d’ennemis, aussi bien au sein du PAD que dans son propre camp politique. Une chose est sûre : il ne laisse personne indifférent.
par Boubacar Mohamed Sy
LA FEMME AU CENTRE DE LA STRATÉGIE POUR L’ÉDUCATION DES MASSES
Le tollé qu’a suscité la note de service du Directeur Général du Port Autonome de Dakar aménageant les horaires de travail en faveur des femmes et pour le Ramadan mérite une attention particulière, tant il renseigne sur la complexité de notre société
Amkoullel, l’enfant peulh : « Un enfant peut désobéir à son père mais jamais à sa mère ».
Le tollé qu’a suscité la note de service du Directeur Général du Port Autonome de Dakar aménageant les horaires de travail en faveur des femmes et pour le Ramadan mérite une attention particulière, tant il renseigne sur la complexité de notre société.
Mieux, il renseigne sur une certaine difficulté à mettre sur la besace à idées quelques problématiques de fond dont le traitement permettrait de combattre quelques freins au développement.
Par exemple : en tant qu’écrivain et intellectuel qui se nourrit de controverses scientifiques, je suis (excusez l'emploi du je) déjà très en avance aussi bien dans la réflexion que dans la rédaction d’un essai politique qui traitait de la place de la femme dans notre société.
Le titre choisi, assez complexe, est le suivant : La place de la femme dans la société sénégalaise : entre conformisme ou modernité. (Titre qui pourrait évoluer)
Il reste évident, au demeurant, que traiter le présent sujet serait comme se positionner sur une ligne de crête surtout quand, subséquemment, on veut réfléchir sur ce qui pourrait concourir à une vraie éducation des masses, au Sénégal. Problématique ; à savoir précisément l’absence d’éducation des masses, qui demeure un parmi d’autres des vrais obstacles au développement du Sénégal.
La solution, à cet effet, pourrait être de replacer la femme au centre même de la stratégie pour aboutir à une société ou l’éducation est socle de toute démarche des membres qui la composent.
En vérité, superficiellement, il est difficile pour un pays de se développer avec une grande partie de la population mal éduquée, mal instruite et qui considère l’argent comme la seule valeur à considérer.
Cela justifie l’expansion et la puissance du paraitre outrageusement soigné à « ndoumbelane » et érigé en passe-droit un peu partout.
Venons-en à l’absence d’éducation des masses.
Manifestation de l’absence d’éducation comme frein au développement
L’absence d’éducation dans la société a engendré au Sénégal beaucoup de tares. Lesquelles appréciées aussi bien au niveau des citoyens que des hommes politiques.
En effet, le Sénégal est un pays où chacun peut faire ce qu’il veut. C’est un pays où le respect est mort malgré les discours moralisateurs, à longueur de journée, sur la politesse et sur tout ce qui s’y apparente.
Un pays ou celles et ceux qui essaient de rester sur le droit chemin et qui font preuve de rectitude dans la démarche dérangent. Il est une société où le mensonge est généralisé et banalisé, où la corruption est un recours usité insolemment.
Le mensonge, l’impolitesse, la ruse et la corruption sont-ils devenus les arguments du citoyen qui ne se gêne plus d’en user abondamment dans sa vie courante ?
Le citoyen sénégalais pense que la voie de la réussite passe par l’emprunt des voies de contournement et non par le travail. Ainsi, est-il noté le point de départ de la course, sans règles établies et par toutes sortes de pratiques, vers l’obtention de la richesse.
Ce qu’il y a lieu de comprendre, en réalité, est que tous les problèmes liés au développement comme la mal gouvernance, la gabegie, le népotisme ou l’utilisation à des fins politiques de l’administration découlent ou s’expliquent par une mauvaise éducation.
Il est évident qu’une personne qui a vécu dans des valeurs de partage, de solidarité, de respect du bien d’autrui, du « Ngor, diom et fouleu » aura toujours un comportement exemplaire.
La personne qui reste dans les valeurs constitue une référence absolue et un exemple pour tous. C’est à ce niveau de responsabilité que sont appréciées éducation et instruction. L’éducation est un travail de base sur la personnalité de l’enfant. C’est cela qui subsiste pour dire vrai.
Prenons l’exemple des débats politiques au Sénégal. Le débat politique qui devait être civilisé et didactique n’est qu’étalage, la majeure partie du temps, de médiocrité et d’indiscipline.
Combien de fois, au Sénégal, des militants de partis politiques, du pouvoir comme de l’opposition, se sont montrés en exemple de la pire des manières en ne s’écoutant pas, en s’insultant, au pire, copieusement sur les réseaux sociaux et même ailleurs ? On ne se gêne pas de s’insulter pour exprimer nos désaccords.
Restons toujours sur les réseaux sociaux. Aucune possibilité de débat contradictoire. Des discussions viles et sans réel contenu. Le constat d’une attraction pour les débats sur les personnes, sur la nudité, sur la vie d’autrui, et quelques fois par le fait de quelques presses en ligne, constituant une violation du droit à la vie privée et frisant la majeure partie du temps une atteinte illégale à l’honneur et à la réputation de tiers distingués. Quant aux débats scientifiques, ils sont sanctionnés par leur audience quasi inexistante.
Sur un autre aspect, la vérité « Mbedoum-Bour » est l’expression la plus parlante et la plus évidente d’une conception rétrograde de la société.
Elle témoigne, par ailleurs, d’une absence d’éducation et d’inculture réelles dans notre société. Comment considérer la rue comme un dépotoir d’ordures pour n’importe lequel sénégalais s’il est suivi le sens très précis du “Mbedoum-Bour”.
Un autre exemple des plus illustratifs pour comprendre l’indiscipline au Sénégal reste l’irrespect total du code de la route et l’intolérance sur la route entre chauffeurs. Il suffit d’observer la circulation pour se donner une idée du Sénégal et de ses pathologies impossibles à dissimuler.
Pour terminer sur les manifestations de l’absence d’éducation des masses, chacun peut constater aujourd’hui que l’insulte est banalisée. Le discours racé et policé est de moins en moins constaté contrairement aux années 60 ou il était l’apanage du plus grand nombre.
Quelle décadence !
Quelles sont les causes de cette absence d’éducation des masses ? Les causes de la situation étant multiples. On peut citer, entre autres : la pauvreté, la désertion des parents (mari comme femme) du foyer conjugal pour une quête de vie quotidienne meilleure, la désagrégation de l’enseignement public, la télé et la presse qui font plus du marketing et du busines en offrant plus que du ludisme que du didactique. Le ludisme, en ce sens, est devenu l’opium du peuple.
Jadis, l’éducation et l’instruction des masses étaient un travail communautaire. Elles étaient partagées par différents acteurs à savoir les parents, la famille élargie, les voisins, l’Etat à travers les écoles et pour finir le monde de l’audiovisuel et de la presse.
Il faut revenir, en conséquence, aux fondamentaux à savoir une société normalisée ou chacun jouera traditionnellement son rôle. C’est là où le sujet traité est intéressant puisqu’il insiste sur une mission essentielle dévolue à la femme à savoir l’éducation d’une nation.
Revenons aux causes de la désertion des parents, mari comme femme, du domicile familial. Ce qui traditionnellement fait obstacle à la tâche d’assurer l’éducation des enfants.
Le constat qu’il est possible de faire est que, désormais, homme comme femme se rendent au travail. Cela n’est pas sans conséquence sur la construction de la personnalité de l’enfant dont la responsabilité incombe aux parents.
Plusieurs causes, d’une inégale importance, expliquent la nouvelle situation qui devient une règle. Parmi ces causes, deux des plus significatives restent la dure réalité dans les ménages qui fait que l’homme ne peut plus lui seul, conformément aux préceptes de l’islam et à la vérité culturelle, assurer la dépense quotidienne mais aussi, et dans bien des cas, le mimétisme qui amène la femme africaine à se comporter comme la femme occidentale. Il s’y ajoute le manque d’éducation citoyenne qui fait de l’argent la seule valeur à considérer.
La vérité retient, aussi bien dans les traditions africaines que dans les civilisations islamiques, que jusqu’à un certain âge bien défini, sept ans pour les uns, douze ans pour les autres, l’éducation de l’enfant relève de la femme qui doit lui inculquer les valeurs de base de la famille ainsi que celles de la société.
Pour ce faire, il est vrai, la femme est appuyée par la totalité des membres de la maison y compris les parents proches, les voisins. Quant au père, bien que souvent absent, il n’est jamais exempté de contribuer drastiquement à l’éducation des enfants. La base de l’éducation reposait sur un travail communautaire.
Au terme de l’âge requis, l’enfant est placé entre les mains de l’école qui assurait sa réelle mission. Par ailleurs, au plan historique, en France, la famille appartenait au père qui en détenait la responsabilité.
La raison de la généralisation du travail des femmes en Europe est à chercher dans les effets et conséquences des deux guerres mondiales qui ont décimé l’essentiel de la population jeune qui constituait les soldats.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les femmes, veuves pour la grande majorité d’entre-elles, se sont vues dans l’obligation de sortir pour travailler, nourrir leurs enfants en bas âge et se nourrir.
Il s’agit d’une situation objective pour répondre à un besoin réel de survie. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que le droit de vote accordé aux femmes n’est intervenu que récemment en France.
Dans ce pays, alors que les hommes ont obtenu le droit de vote universel en 1848, il s’est écoulé presque un siècle pour que les femmes obtiennent ce droit. C’est en 1944 qu’elles l’ont eu et n’ont pu, finalement, l’exercer qu’en 1945, juste après la Seconde Guerre mondiale.
La réalité vécue par les femmes africaines est tout autre et fort différente. Elle mérite d’être connue pour faire ressortir la position appréciable et très enviable que l’Islam et les traditions africaines offrent à la femme.
Pour illustration, le proverbe africain ne dit-il pas que « Les pantalons exécutent le jour ce que les foulards ont décidé la nuit » ? Ainsi, la place accordée à la femme, dans ces civilisations, est-elle d’importance.
En vérité, la femme est au centre de tout. Elle est, à la limite et à juste raison, vénérée. Proverbe = Sagesse des nations. Ce que les nations ont sécrété pour en faire vérité.
Aussi, accentuer ce mimétisme alors même que les vécus sont différents, pour affirmer que la femme doit forcément travailler et le faire comme à l’européenne, peut-il se traduire au résultat, par des effets pas si favorables que cela au développement de l’Afrique.
Il est, soit dit en passant, possible d’alerter sur la loi sur la parité qui doit être revue. Elle doit faire l’objet d’une étude sérieuse pour en déterminer les résultats, notamment en termes d’effet et d’impact sur le développement du pays.
Pour terminer avec la France où on a importé presque tout au mépris de nos vérités traditionnelles et sans recours à la tropicalisation, la parité, quoique semblablement obligatoire, reste optionnelle pour les formations politiques.
Au Sénégal, par exemple, même les conseils municipaux ont l’obligation de respecter intégralement la parité. Ce qui sape quelques fois à l’établissement d’un conseil performant.
La question à trouver réponse est de savoir comment les femmes sénégalaises puissent-elles s’épanouir intellectuellement tout en continuant à jouer pleinement leur rôle dans le foyer et notamment celui d’inculquer à l’enfant une éducation de base la plus solide qui passe même plus important que les considérations de préparation de ndogou ?
NB : L’insertion professionnelle des femmes ne répond plus contextuellement à leur seul désir d’épanouissement intellectuel ou à une volonté de contribution significative et incontestable au développement du pays mais une nécessité, pour beaucoup d’entre elles et au même titre que les hommes, de contribuer financièrement dans la maison pour une vie plus aisée. Elle n’est donc et ne sera jamais remise en question.
En définitive, la réponse à la question permettrait de bâtir et de mettre en pratique une politique d'éducation répondant à nos valeurs culturelles et cultuelles.
Boubacar Mohamed Sy est Juriste spécialisé en droit du numérique, des technologies avancées et de la cybersécurité, Conseiller Municipal / Commune de Patte d’oie.