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29 novembre 2024
Diaspora
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AU CAMEROUN, UNE SUCCESSION À HAUTS RISQUES
Entre un président vieillissant et des institutions fragiles, le pays d'Afrique centrale semble mal préparé à affronter l'avenir. Une situation explosive qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières
Le journaliste Théophile Kouamouo, rédacteur en chef de Média TV, a récemment partagé son analyse de la situation politique au Cameroun lors d'une intervention sur TV5 Monde. Selon lui, le pays traverse une période de tensions et d'incertitudes sans précédent.
Kouamouo décrit un pouvoir camerounais en proie à des luttes internes. Il évoque une « guerre des communiqués » entre les proches du président Paul Biya, chacun cherchant à affirmer sa position dans un contexte politique de plus en plus nerveux.
Le journaliste s'est également penché sur les récents déplacements non officiels du président Biya en Suisse, accompagné de hauts responsables de l'État. Ces mouvements, entourés de secret, alimentent selon lui les spéculations sur la santé du chef de l'État âgé de plus de 90 ans.
L'analyse de Kouamouo met en lumière le rôle prépondérant de Chantal Biya, l'épouse du président. Il souligne son influence significative dans les cercles du pouvoir, due à sa proximité unique avec le chef de l'État.
Le journaliste alerte sur l'impréparation du Cameroun face à une éventuelle transition de pouvoir. Il évoque les défis sécuritaires auxquels le pays est confronté, notamment avec Boko Haram au nord et les tensions dans les régions anglophones.
Enfin, Kouamouo souligne l'implication de puissances étrangères comme la France, les États-Unis, la Chine et Israël, ajoutant une dimension géopolitique à la situation déjà complexe du Cameroun. Selon son analyse sur TV5 Monde, le pays se trouve à un moment charnière de son histoire, oscillant entre stabilité précaire et risque de chaos.
MACKY SALL FACE À L'INÉDIT JUDICIAIRE
Pour la première fois de son histoire, la Haute Cour de justice, une institution rarement sollicitée depuis l'indépendance, pourrait être amenée à juger un ancien président de la République. Un défi de taille dans un contexte politique tendu
(SenePlus) - La Haute Cour de justice, une institution rarement sollicitée depuis l'indépendance, pourrait bientôt se retrouver au cœur d'une affaire sans précédent. Pour la première fois de son histoire, elle pourrait être amenée à juger un ancien président de la République, en la personne de Macky Sall. Cette perspective soulève de nombreuses questions sur le fonctionnement, la légitimité et l'indépendance de cette juridiction.
En effet, des voix s'élèvent au sein du nouveau gouvernement pour menacer l'ex-chef d'État de poursuites. Fadilou Keïta, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a ainsi lancé une charge virulente sur Seneweb TV le week-end dernier : "On a les moyens de lui faire payer ; on va lui faire payer ! Il a fait des choses extrêmement graves, qui sont là. La documentation est là. Les personnes avec lesquelles il dealait sont là. Les gens qu'il a pu sacrifier sont là ; et ce sont des gens qui vont témoigner contre lui, ce sont des gens qui vont sortir des documents probants contre lui !"
Ces accusations soulèvent la question cruciale de la définition de la "haute trahison", seul motif pour lequel un président peut être jugé selon l'article 101 de la Constitution. Le professeur Mouhamadou Ngouda Mboup, de l'Université Cheikh-Anta-Diop, apporte un éclairage, dans un article consacré au sujet par le magazine Jeune Afrique (JA) : "Ni la Constitution ni la loi organique sur la Haute Cour de justice ne la définissent précisément. Autrement dit, il reviendra aux députés de le faire." Il ajoute qu'"un mensonge d'État pourrait s'avérer constitutif de la haute trahison ; en l'occurrence, la falsification du taux d'endettement ou du niveau du PIB."
La composition même de la Haute Cour de justice pose également question. Elle sera constituée de huit juges titulaires et huit juges suppléants, élus parmi les membres de la nouvelle Assemblée nationale. Cette configuration soulève des inquiétudes quant à l'impartialité de la procédure, comme le souligne Me El Hadj Amadou Sall, avocat proche de Macky Sall, inrertogé par JA : "Pour renvoyer Macky Sall en procès, il faudrait que sa mise en accusation soit adoptée à la majorité des trois cinquièmes des députés."
Comme le rappelle Jeune Afrique, l'histoire de cette institution est marquée par un précédent controversé. En 1963, elle a condamné l'ancien Premier ministre Mamadou Dia et quatre de ses ministres dans ce que beaucoup considèrent comme une parodie de procès à caractère politique. Me El Hadj Amadou Sall met ainsi en garde contre une répétition de l'histoire : "Ces accusations relèvent de l'imbécilité de jeunes qui tentent d'intimider Macky Sall pour le dissuader de venir faire campagne au Sénégal. On ne saurait se livrer ainsi à une mise en accusation préventive dans les médias."
Face à ces menaces, Macky Sall semble avoir choisi la prudence. Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, il n'envisagerait pas de revenir au bercail pour la campagne électorale, craignant une possible arrestation. Amadou Sall confirme : "Afin d'éviter qu'il soit inutilement chahuté, j'estime préférable qu'il s'abstienne de venir au Sénégal battre campagne."
Les accusations portées contre l'ancien président sont graves. Outre la répression meurtrière des manifestations pro-Sonko entre 2021 et 2023, le Premier ministre actuel, Ousmane Sonko, évoque des soupçons de détournements financiers massifs. Il va jusqu'à suggérer que le Fonds monétaire international (FMI) aurait été dupé par l'administration de Macky Sall.
Cependant, Me El Hadj Amadou Sall conteste la validité de ces accusations : "Comment la Cour des comptes pourrait-elle valider aujourd'hui un audit remettant en cause des chiffres qu'elle avait elle-même validés au cours des dernières années ?" Il relève que "l'actuel ministre des Finances, Cheikh Diba, est l'ancien directeur de la programmation budgétaire dans ce même ministère."
L'issue des élections législatives du 17 novembre sera cruciale. Si le parti d'Ousmane Sonko obtient une majorité confortable, comme le prédisent certains observateurs, la mise en accusation de Macky Sall pourrait devenir une réalité. Cela placerait la Haute Cour de justice dans une position inédite, testant sa capacité à mener un procès équitable dans un contexte politique tendu.
Cette affaire pourrait redéfinir le rôle et l'importance de la Haute Cour de justice dans le paysage institutionnel sénégalais. Elle soulève des questions fondamentales sur l'équilibre des pouvoirs, la responsabilité des dirigeants et la capacité du système judiciaire à traiter des affaires politiquement sensibles. Le Sénégal, souvent cité comme un modèle de démocratie en Afrique, se trouve à un carrefour crucial de son histoire politique et judiciaire.
PAR Fatou Kassé-Sarr
LA SOUVERAINETÉ CULTURELLE, PILIER DE LA SOUVERAINETÉ NATIONALE
La culture est notre richesse la plus précieuse. Elle nous donne les outils pour comprendre notre passé, affronter notre présent et construire notre futur
Le nouveau gouvernement, porté par une forte aspiration populaire au changement, vise la souveraineté du Sénégal. Il ne pourra réussir son projet de transformation du pays sans s'appuyer résolument sur la culture. Plus qu'un simple secteur d'activité, la culture doit être envisagée comme le socle sur lequel bâtir la souveraineté et le développement durable d’un Sénégal qui se projette sur la scène mondiale tout en restant fidèle à ses racines.
La souveraineté culturelle se réfère au droit et à la capacité d'une communauté, d'un peuple ou d'une nation à préserver, promouvoir et contrôler ses propres pratiques culturelles, ses valeurs, ses traditions et son patrimoine. Elle vise à garantir que les expressions culturelles d'une communauté soient respectées et protégées face l'homogénéisation imposée par des influences externes, qu'elles soient politiques, économiques ou sociales.
Elle est alors est un pilier essentiel de la souveraineté nationale que le nouveau gouvernement sénégalais doit impérativement prendre en compte dans sa quête de souveraineté économique.
L’histoire de notre continent a été largement racontée par l’Occident, souvent déformée pour véhiculer des stéréotypes et servir des objectifs de domination économique. Les africains se sont longtemps eux-mêmes perçus et positionnés en fonction de cette ce narratif externe. En 2024, ces stéréotypes persistent même s’ils sont contestés.
Il existe une seule manière de déconstruire cette fausse perception de l’Afrique : construire nos propres récits et les diffuser à travers la multiplicité des arts et de la culture. Des récits décomplexés qui reflètent nos spécificités culturelles et notre vision du monde.
Dans une interview récente au quotidien Le Soleil, Ibrahima Thioub dit très justement « A nous Africains de nous positionner par rapport à nous-mêmes en élaborant en toute souveraineté nos politiques mémorielles et patrimoniales qui ne doivent rien attendre de qui que ce soit ».
La souveraineté est un processus pensé et des dispositions mentales
Aujourd’hui, le Sénégal a élu un nouveau pouvoir dont le Projet vise la souveraineté du pays. Mais qu’est-ce que la souveraineté ? Et surtout que signifie la souveraineté pour une Nation africaine face aux défis contemporains (mondialisation, développement des multinationales, nouvelles technologies, etc.), ?
La souveraineté est globalement le droit à l'autodétermination et la capacité à prendre des décisions autonomes sur les plans politique, économique et social. Pour une nation africaine, la souveraineté revêt des dimensions particulières, influencées par son histoire coloniale principalement, et ses contextes politiques et sociaux spécifiques. Rechercher la souveraineté signifie donc qu’il y a une part de notre destinée qui ne nous appartiendrait pas et dont il faudrait reprendre le contrôle. Demande de se recentrer sur les intérêts nationaux et dans le même temps, puisque nous sommes au 21ème siècle, de s’ouvrir au monde.
La souveraineté donc est un processus pensé, déployé et décliné avec des fondements solides notamment la perception qu’ont les peuples d’eux-mêmes. Un peuple mentalement fort, sera en mesure de sortir de la dépendance, d’avoir cette ambition collective et d’établir des relations équitables avec le monde dit développé.
Pour moi, le slogan « Jub, Jubal, Jubanti » est une première déclinaison vers cette capacité à être souverain. Il propose une vision de la souveraineté qui ne se limite pas à l'indépendance formelle, mais qui englobe une gouvernance transparente, juste et orientée vers le développement national. Il suggère que la véritable souveraineté découle d'un État fort, responsable devant son peuple et capable de défendre les intérêts nationaux. Ce slogan en langue wolof puise ses racines dans la culture et les valeurs sénégalaises. Ses signifiants découleraient alors de référents culturels communément admis par l’ensemble des Sénégalais.
Dans ce contexte, quelle place accorder à la culture ? Quel est son apport réel dans les dispositions mentales qui permettront d’atteindre la souveraineté ?
La souveraineté culturelle est un pilier de la souveraineté nationale
Le nouveau gouvernement a présenté le référentiel Sénégal 2050 dont l’ambition est de faire du pays « une Nation souveraine, juste, prospère et ancrée dans des valeurs fortes ». La souveraineté culturelle devient alors un élément central à considérer dans sa stratégie de souveraineté économique, car elle constitue un fondement essentiel de l’identité, des valeurs, et de l'indépendance nationales.
Souvent minimisée dans les politiques de gouvernements, je pense que la culture, (équilibrée avec d'autres éléments tels que la citoyenneté, les droits politiques et les valeurs communes), est le fondement d’une Nation. Et que serait une souveraineté sans fondements ? Je ne fais bien entendu pas référence à une vision culturaliste caricaturale de repli sur soi et de rejet de l'autre, mais à la culture sous tous ses aspects (identité collective, histoire, patrimoine, manière de vivre, pratiques culturelles, design, artisanat, gastronomie, éducation, etc.). Je pense à la culture de nos terroirs. Par exemple : le ndeup, le kankourang, le nduut, l’ékonkong, que les communautés organisent sur toute l’étendue du territoire, ou encore le fonio qui nous vient des hauteurs de Kédougou. Et je m’interroge : ne méritent-ils pas d’être expliqués, transmis aux jeunes générations et valorisés comme partie intégrante de ce qu’est être sénégalais ? Quelle place donner aux expressions culturelles contemporaines qui traduisent aussi l’identité du Sénégal ?
Je pense ici à la « senegalese touch », celle qui rend le Sénégal singulier.
Il s'agit de concevoir la culture comme un ancrage solide, une source de références, qui redonne fierté, rend notre jeunesse moins poreuse à toutes sortes d'influences, qui aiguise l’esprit critique sur le monde et qui permet par la même occasion de gagner sa vie. Un fondement qui rend plus assuré, mieux assis, qui rend souverain.
La souveraineté d'une nation ne se limite donc pas à sa capacité de se gouverner sans ingérence étrangère. Elle inclut aussi la capacité à s’affirmer. C’est pourquoi la souveraineté tout court est indissociable de la souveraineté culturelle.
Les vrais récits pour reconstruire la cohésion sociale
Cette souveraineté culturelle ne signifie pas un repli sur soi, mais plutôt la capacité du Sénégal à maîtriser son propre récit, à valoriser ses traditions et ses expressions artistiques contemporaines, tout en restant ouvert aux échanges culturels mondiaux. Senghor avait dit "enracinement et ouverture". Était-ce visionnaire ? Car la vérité est que ceux qui savent d'où ils viennent tracent leur chemin sûrement et fermement.
Le Sénégal, riche de sa diversité culturelle, doit valoriser et promouvoir ses expressions artistiques et créatives. Celles-ci sont porteuses des vrais récits africains, qui remettent en question les stéréotypes et offrent une vision renouvelée de notre continent. Elles renforcent fierté et sentiment d'appartenance à une identité plurielle et dynamique.
Trop longtemps, l'histoire de notre continent a été déformée par des grilles de lecture inadaptées et des stéréotypes tenaces. Il est temps de déconstruire ces fausses perceptions à travers les arts et la culture.
Les États africains doivent investir dans la culture
La notion de "nouveaux récits" est aujourd'hui de plus en plus revendiquée par les Africains, mais elle est aussi présente dans tous les projets et orientations de la coopération internationale sous l'appellation de nouveaux récits communs. Cette construction se met en œuvre grâce au financement. À ce stade, on pourrait se poser la question suivante : pourquoi mettre autant d'efforts à financer la culture en Afrique s'il n'y avait pas un gain spécial ? Si nos gouvernements se penchaient réellement sur ces questions, ils accorderaient assurément une place stratégique à la culture.
Pourtant, le Sénégal a été précurseur en la matière avec un soft power culturel puissant. C'est d'ailleurs l'une des forces du pays sur laquelle nous surfons depuis lors. Aujourd'hui, le soft power culturel sénégalais a vécu, et je pense qu'on en subit les conséquences au quotidien. Il faudrait alors tirer des leçons du passé, regarder le monde et observer l'évolution des forces. Tirer des leçons de la position du Maroc ou bien observer la force de la K-Wave, cette fameuse vague culturelle qui nous vient de la Corée du Sud, ou bien encore se demander comment la fulgurante renaissance culturelle du Nigéria a-t-elle donné lieu à cette explosion internationale puissante de l’industrie culturelle nigériane. Et prendre le temps d’analyser : quels ont été les impacts concrets dans ces pays ? Pourquoi persistent-ils à investir dans la culture ?
La souveraineté culturelle est un investissement stratégique
Investir dans la souveraineté culturelle du Sénégal ne devrait pas être perçu comme un investissement à perte. Au contraire, c’est essentiel pour garantir que nos expressions culturelles soient respectées, protégées et promues. C'est un moyen efficace de résister à l'homogénéisation culturelle mondiale tout en positionnant le Sénégal comme un acteur culturel influent sur la scène africaine et internationale.
La culture est le socle indispensable de la souveraineté. Il est temps de reconnaître cette réalité et de la placer au cœur des politiques publiques.
Elle contribue au développement économique du Sénégal à travers plusieurs canaux, notamment le tourisme qui attire des visiteurs intéressés par notre patrimoine culturel riche et nos traditions. De plus, les industries créatives telles que la musique, le cinéma, la mode et l'artisanat génèrent des emplois et stimulent la croissance économique locale. Le pétrole et le gaz ne sont pas la panacée. Le Sénégal peut diversifier son économie et renforcer son attractivité sur la scène mondiale si elle intègre la culture au cœur de ses stratégies de développement.
SEM Samir Addahre, Ambassadeur du Maroc auprès de l’Unesco, déclarait récemment lors de la XIVe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris : « La culture s’impose aujourd’hui comme un levier fondamental de la diplomatie ».
Cela nécessite toutefois une volonté politique forte et un engagement à long terme : une politique culturelle ambitieuse, un soutien aux acteurs culturels locaux, la protection notre patrimoine ou encore la promotion de nos traditions. Le gouvernement doit également encourager la création artistique, investir dans les infrastructures culturelles et renforcer les capacités des industries créatives.
La culture n'est pas un simple ornement, elle est le fondement sur lequel nous devons bâtir notre avenir.
En résumé, la culture est notre richesse la plus précieuse. Elle nous donne les outils pour comprendre notre passé, affronter notre présent et construire notre futur. Investir dans la culture, c’est investir dans notre identité, notre souveraineté et notre avenir.
Placer la souveraineté culturelle au cœur de notre projet de développement, c’est construire un Sénégal plus fort, plus uni et plus prospère.
Le moment est venu de reconnaître la valeur de la culture et de lui donner la place qu'elle mérite dans notre société.
Fatou Kassé-Sarr est Directrice Générale Labell’Com, organisatrice du Carnaval de Dakar.
par Thierno Alassane Sall
AGENDA 2050 : AMATEURISME, INCOHÉRENCES ET LÉGÈRETÉ AU SOMMET DE L’ÉTAT
L’Agenda 2050 prend-il en charge les urgences ? Les autorités ont-elles proposé des solutions pour soulager la souffrance des Sénégalais ? Ce qui devait être une vision ambitieuse pour l’avenir du Sénégal se révèle être un catalogue de vœux pieux
Cette carte du Sénégal version Agenda 2050 situe Sédhiou à la place de Kolda et vice-versa. Signe que les graphiques de l’Agenda ont été bâclés. On ne sait pas si ces régions bénéficieront d’une mutation économique, mais elles subissent déjà un bouleversement géographique que même la tectonique des plaques ne saurait expliquer.
Comment peut-on espérer transformer un pays en s'égarant dans sa géographie ? Les erreurs sont nombreuses et révèlent une improvisation inquiétante au sommet de l’État. Sans prendre en compte les nombreuses fautes, voici quelques autres signes révélateurs des lacunes et incohérences du fameux Agenda 2050.
1/ Souveraineté monétaire : une omission stratégique majeure
Comment transformer un pays sans aborder la question de la souveraineté monétaire ? Le parti au pouvoir avait pourtant martelé que cette réforme était essentielle au développement. L’absence totale de mention de cet enjeu montre un reniement de leurs promesses et trahit un manque de cohérence stratégique dans cette vision de transformation.
2/ Pacte national : les co-contractants ignorés
L’Agenda se présente comme fondé sur un pacte national, mais aucune concertation réelle n’a eu lieu avec les forces vives. Ni la société civile ni le secteur privé n’ont été consultés. Pourtant, le gouvernement attend 5 700 milliards F CFA de ce secteur pour financer son plan quinquennal. Ignorer ses partenaires économiques témoigne, à tout le moins, d'une lacune inquiétante.
3/ Croissance : ambitions limitées
L’Agenda 2050 prévoit un taux de croissance moyen de 6,5 à 7 %. Pourtant, l’histoire montre que seules les nations atteignant des taux à deux chiffres ont pu véritablement se transformer. Avec ces projections timorées, le Sénégal risque de reproduire les mêmes échecs que par le passé.
4/ Tarifs énergétiques : une course contre la montre perdue
Le plan promet de ramener le prix de l’électricité sous 60 F CFA/kWh d’ici 2050. Mais attendre 25 ans pour atteindre un tarif proche de celui pratiqué aujourd’hui en Côte d’Ivoire (87 F CFA/kWh) est une preuve d’inertie. Comment parler de compétitivité avec une telle lenteur de réforme ?
5/ Culture : l’élément symbolique oublié
Transformer une société en 25 ans sans intégrer la culture et le patrimoine est une erreur de fond. Une vision de développement durable nécessite de valoriser l’identité culturelle. Cet agenda, purement technocratique, semble déconnecté des réalités sociales et des aspirations profondes des Sénégalais.
6/ Sécurité territoriale : le déni face aux menaces dans le Sahel
En plein cœur d’une crise sécuritaire au Sahel, l’Agenda 2050 reste muet sur les questions de souveraineté territoriale et de défense des frontières. Il y a quelques mois, notre gouvernement se jouait les sauveurs du Sahel, en promettant de réintégrer les pays de l’AES dans la CEDEAO. Aujourd’hui, silence radio. L’absence d’une stratégie claire expose le pays à de graves vulnérabilités géopolitiques. Sans une réponse à ces enjeux, ce plan est non seulement incomplet, mais dangereusement irréaliste.
7/ Le présent dans tout ça ?
Factuellement, l’Agenda présenté prend-il en charge les urgences ? La réponse est non. Les autorités ont-elles proposé des solutions pour soulager la souffrance des Sénégalais ? La réponse est non. Diomaye et Sonko n’ont pas dit comment ils allaient sortir le pays des difficultés actuelles. Ils donnent rendez-vous prochainement, cela s’appelle de la démagogie.
En fin de compte, ce qui devait être une vision ambitieuse pour l’avenir du Sénégal se révèle être un catalogue de vœux pieux. La montagne a accouché d’une souris. Le peuple sénégalais mérite bien plus qu’un agenda sans feuille de route ni contenu sérieux.
par Amadou Bakhaw Diaw
COMME POUR LA SEINE, LA CRUE DU FLEUVE SÉNÉGAL EST MESURÉE À HAUTEUR D’HOMME
A l’image de la statue du Zouave sous le pont Alma, on aimerait voir une statue de la Linguere Ndate Yalla Fatim Yamar Mbodj sous le pont Faidherbe pour mesurer le niveau de la crue à Saint-Louis
En France depuis plus de 150 ans, une statue en pierre d’un soldat appelée zouave, située sous le pont de l'Alma à Paris permet d'un seul coup d'œil d'évaluer le niveau du fleuve la Seine lors des crues. Et les Parisiens ne s’en privent de mesurer la montée des eaux de la Seine en notant quand le Zouave a les pieds dans l'eau, cela veut dire que la Seine est en crue, mais que celle-ci n'est pas dangereuse.
Chaque partie de son corps, (chevilles, genoux...), est ensuite un repère pour établir l'importance de la montée du fleuve.
Nous avons une tradition similaire au walo. Pour mesurer le niveau de crue (Mbënd) du fleuve (jukk), on utilise des expressions relatives à la taille humaine :
Une très faible crue
Mbënd’um bët’u tank
(La crue a atteint le niveau de la cheville)
Une crue moyenne Mbënd’um Ndigg
(La crue a atteint la hauteur de la hanche)
Une crue de déluge
Mbënd’um tufaan
(La crue a atteint le niveau des paupières)
L’observation de la crue est très importante pour mesurer l’étendue des surfaces à emblaver pour les cultures de décrue lorsque le fleuve retourne dans son lit.
A l’image de la statue du Zouave sous le pont Alma, on aimerait voir une statue de la Linguere Ndate Yalla Fatim Yamar Mbodj sous le pont Faidherbe pour mesurer le niveau de la crue à Saint-Louis.
Au niveau de la jupe jusqu’à une crue catastrophique que la pipe d’honneur disparaîtra sous les eaux.
Amadou Bakhaw Diaw est président Mbootaayu Léppiy Wolof.
AFFAIRE CONTRE MOUSTAPHA GUIRASSY
J'exige du ministre de l'Éducation de me payer le principal, les dommages et intérêts pour l'utilisation qu'il fait depuis 2018, de la propriété intellectuelle, de ma création : l'acronyme, le nom et la signification du parti SET, "Sénégal En tête"
Je suis Ousseynou Nar Gueye. Aujourd'hui, cela fait un mois jour pour jour, qu'il m'a reçu dans son bureau ministériel de l'Education nationale, le 17 septembre 2024.
J'accuse. J'accuse Moustapha Guirassy, devant l'opinion nationale et internationale, et surtout devant la justice de notre pays, en laquelle j'ai foi, si tant est que besoin.
Comme évoqué entre autres sujets lors de mon audience avec lui, sujet sur lequel il a fait du dilatoire et du mutisme, j'exige de Moustapha Mamba Guirassy de me payer le principal, les dommages et les intérêts pour l'utilisation qu'il fait depuis 6 ans et demi, soit depuis mars 2018, de la propriété intellectuelle, de ma création originale : l'acronyme, le nom et la signification du du parti SET, "Sénégal En tête".
Toutes choses que je lui ai fournies après que son nom de parti SUD (Sénégalais Unis pour le Développement) créé par sa collaboratrice Coralie Briand, ait fini de faire flop et d'irriter la presse et l'opinion nationale, du fait que ce nom SUD renvoyait à des soupçons d'irrédentisme et à une collusion avec le MFDC, d'autant que Moustapha Guirassy est un Diakhanké du Sud-Est (Kédougou).
Je lui demande par mesure conservatoire de cesser d'utiliser le nom de parti SET Sénégal En tête jusque paiement du précédent, et aussi de ce qu'il me devra suite à ma future cession de droits de propriété intellectuelle pour l'avenir, sur ce nom; toutes choses dont j'estime le préjudice moral et financier à plusieurs dizaines de millions de FCFA.
Je demande à ses cadres et militants de parti de ne pas continuer à se rendre complices de cette forfaiture qui se déroule en continu.
Je n'étais pas salarié de M. Guirassy au moment de la fourniture du nom de parti SET, et même cela n'aurait pas pu suffire pour qu'il s'en approprie indûment et sans frais, sans autre forme de procès.
Oui, j'ai travaillé comme Conseiller Technique N°3 au ministère de la Communication dirigé par Guirassy de 2010 a 2012, puis à son Groupe IAM de 2012 à 2017.
Je l'appelle à se rendre à Canossa, après qu'il ait fait le mort (le Maure?), fait la sourde oreille aux canaux amiables, y compris à travers des membres de son parti
Aussi, nous nous retrouverons au tribunal compétent de Dakar, assistés de nos avocats respectifs.
Devant cet état de fait désolant, infamant pour lui et persistant à mon préjudice, je suis désormais de ceux qui pensent que M. Guirassy n'est plus légitime à donner des leçons de morale et à gérer les ceux qui s'occupent d'améliorer l'intellect et de construire les affects de nos chères petites têtes crépues, au sein de l'Education Nationale, corps dans lequel j'ai servi avec enthousiasme et abnégation pendant deux années comme jeune fonctionnaire, à l'âge de 23 ans avant de reprendre mes études supérieures et de changer de carrière
Jub. Jubal. Jubanti ? Il faut que Guirassy Jub té Jubal. Moi, j'ai bien la ferme volonté de faire en sorte que soit Jubanti M. Moustapha Guirassy.
Vive la Justice. Vive la République. Vive le Senégal
SENEGAAL KESE DÉCHIRE L’AGENDA 2050
"Entre impréparation et incongruités" : c'est le constat sans appel que dresse la Coalition à propos du nouveau référentiel. Elle dénonce un Plan de Radotage pour Obnubiler la Jeunesse, les Électeurs, et de Tromperie (Projet)
"Entre impréparation et incongruités" : c'est le constat sans appel que dresse la Coalition Senegaal Kese-Amérique du Nord à propos de l'Agenda National de Transformation 2050. Dans l'analyse fouillée ci-dessous, le collectif pointe du doigt les nombreuses failles du document présenté par le gouvernement sénégalais, remettant en question la crédibilité du fameux "projet" du Pastef.
Enfin, le gouvernement du Sénégal vient de rendre publique sa vision à travers le « Sénégal 2050 : Agenda National de Transformation » (ANT). Sur la forme, la divulgation officielle de l’ANT vient confirmer, au peuple sénégalais, que le « projet » était une chimère. Sur le fond, le référentiel rendu public présente de nombreuses incongruités et incohérences.
Le « Projet » ou Plan de Radotage pour Obnubiler la Jeunesse, les Électeurs et de Tromperie (Projet)
Pendant 10 ans, comme une ritournelle, le « projet », prêt à l’emploi, rédigé par plus de 4 000 experts allait être la potion magique qui permettrait au Pastef, aussitôt arrivé au pouvoir, de faire disparaître, illico presto, tous les maux, calamités et prévarications dont souffre le Sénégal. Notamment le chômage endémique des jeunes, la cherté du coût de la vie, les inondations récurrentes, la dégradation du système éducatif, le pillage des ressources naturelles, le bradage des ressources minières, etc. Il a fallu attendre plus de six mois, après son installation, pour que le gouvernement daigne lever un coin de voile sur ce qu’il présente comme son référentiel des politiques publiques pour le prochain quart de siècle. Cela a été long et il a fallu un décisif coup de main d’un cabinet de stratégies et de conseils pour y arriver. Même si le Premier ministre affirme que le responsable de ce cabinet est « venu dans un élan patriotique offrir sa contribution dans cette phase d'élaboration du référentiel », il demeure important, au nom de la transparence dont se targuent nos dirigeants actuels, que toutes les clarifications soient apportées sur le travail accompli par ce cabinet notamment s’il a été rétribué par l’État ou non. Et, dans l’affirmative, dire comment a-t-il été sélectionné et combien a-t-il été payé pour ses prestations ?
Nombreux ont été les Sénégalais surpris et interloqués de voir le responsable de ce cabinet de stratégies et de conseils présenter les grandes lignes du « projet » en lieu et place du représentant ou du coordonnateur des 4 000 cadres qui l’auraient élaboré. Plusieurs militants et souteneurs inconditionnels du gouvernement n’ont pu cacher leur désappointement et leurs désillusions. Certains n’ont pas hésité à exprimer le sentiment de trahison qui les habitent après avoir assisté à cette cérémonie irréaliste en ayant une pensée pieuse pour les nombreux jeunes qui avaient sacrifié leur vie en étant convaincus de l’existence du « projet » et de son caractère salvateur pour le Sénégal. Des victimes dont le sacrifice s’est révélé inutile. En définitive, le « Projet » s’est révélé, dans la réalité, comme un Plan de Radotage pour Obnubiler la Jeunesse, les Électeurs et de Tromperie (PROJET). Un plan qui a obnubilé, c’est-à-dire qui s’est accaparé de l'esprit, de la pensée et du raisonnement des populations, plus spécifiquement ceux des jeunes, de manière à les priver de discernement et de lucidité ainsi que de cultiver la haine et la détestation de l’autre.
La présentation du projet « Sénégal 2050 » plus d’un mois après la dissolution de l’Assemblée nationale confirme, a posteriori, que derrière tout le cirque médiatique et politique, volontairement orchestré autour de la Déclaration de politique générale (DPG) que devait effectuer le Premier ministre, n’était qu’un simple bluff pour soustraire celui-ci à une obligation constitutionnelle, car, en vérité, il n’était pas prêt !
Il y a quelques semaines, le gouvernement présentait la situation de l’économie sénégalaise à l’aide de chiffres provisoires. Ce qui a valu au Sénégal une dégradation de sa note de crédit par l'agence de notation Moody's qui la fait passer de « Ba3 » (perspective stable) à « B1 » (sous surveillance). Ce qui constitue une atteinte à la réputation financière du pays avec son cortège de conséquences négatives dans l’immédiat notamment le renchérissement du coût de l’emprunt et la baisse de l’attractivité des investissements. Avec la présentation de la vision « Sénégal 2050 », le gouvernement récidive avec un référentiel provisoire et incomplet. Cette propension du gouvernement à faire des communications institutionnelles sur la base de chiffres et/ou documents provisoires démontre son manque de professionnalisme et renseigne sur son degré d’impréparation pour conduire les affaires du pays.
Entre impréparation et incongruités
Plusieurs incongruités et incohérences, et pas des moindres, sont décelées dans la présentation de la vision « Sénégal 2050 », tant il manque de cohérence entre l’objectif final visé, à savoir la transformation systémique du pays, et les voies que compte prendre le gouvernement pour y arriver. À titre illustratif, quelques-unes de ces incongruités et incohérences sont données ci-dessous :
« La vision Sénégal 2050 est assise sur un pacte national » (ANT, p. 7) : cela est une fausseté, car un pacte signifie un accord formel (écrit). Lorsqu’on parle de « pacte national », cela suppose la conclusion d’un accord entre toutes les forces vives de la Nation. Dans le cas du « Sénégal 2050 », aucun segment de la société n’a été associé à la démarche d’élaboration du référentiel. C’est la critique la plus répandue formulée par une partie des forces sociales notamment la société civile et les organisations syndicales. Le référentiel divulgué est le fruit du travail d’une poignée de personnes. Une œuvre qui se voudrait transformatrice, s’accompagne d’une implication et d’une participation de toutes les parties prenantes concernées. C’est cela qui faciliterait l’adhésion des parties prenantes aux politiques qui vont découler du référentiel ainsi que leur appropriation, puis leur mise en œuvre. En effet, sur les 18 496,83 milliards FCFA dont l’État du Sénégal aura besoin pour financer son plan quinquennal de développement 20252029, les 14,1 % seraient attendus du secteur privé et les 23,6 % proviendraient des Partenariats Public-Privé (PPP). En valeurs absolues, pas moins de 5 700 milliards de francs CFA sont attendus du secteur privé pour assurer le financement du plan. Il est, par conséquent, absurde et illogique de ne pas associer ce secteur privé dans la démarche d’élaboration d’un référentiel dont la mise en œuvre des politiques et programmes qui en seraient issus dépendrait de sa contribution. C’est pourquoi, il est apparu étonnant, voire inexplicable d’avoir constaté l’absence des deux principaux responsables du patronat sénégalais (CNP et CNES) à la cérémonie officielle de présentation du référentiel » ;
Un référentiel qui comporte plusieurs dimensions manquantes : il est étonnant de constater, dans une œuvre qui se voudrait transformatrice de toute la société sénégalaise sur une période de 25 ans que des questions aussi importantes que celles liées à la culture ou à la gestion de notre mémoire collective à travers une prise en charge adéquate de nos legs historiques et patrimoniaux. La culture et la mémoire collective doivent accompagner toute œuvre transformatrice d’une société, car permettant notamment de sauvegarder son identité et son histoire, des signes qui distinguent celle-ci du reste du monde. Ces importantes lacunes montrent, à suffisance, l’absence d’une approche globale, holistique et systémique ;
Omerta sur la politique monétaire à mener. L’œuvre de transformation systémique de l’économie sénégalaise, de façon « souveraine et patriotique » ne pourrait se faire sans que notre pays ne dispose d’une marge de manœuvre quant à l’utilisation de la monnaie comme instrument de politiques économiques. Or, rien n’a été dit sur la souveraineté monétaire du Sénégal. Un non-dit qui cache des ambiguïtés qui mériteraient d’être levées ;
Un modeste taux de croissance moyen prévisionnel de 6,5 à 7%, entre 2025 et 2029. Avec un tel taux de croissance, il serait illusoire de penser aboutir à une transformation systématique de l’économie sénégalaise au bout des 25 ans projetés. En effet, l’histoire économique enseigne que toutes les Nations qui se sont transformées s’adossaient sur des taux de croissance à deux chiffres !
Il serait illusoire de croire à des résultats différents tout en utilisant les mêmes vieilles recettes qui ont toutes échouées avec de surcroît moins de talent qu’auparavant. Nous ne sommes pas condamnés à la médiocrité. En définitive, ce nouveau référentiel “provisoire”, présenté en grande pompe, n’avait que pour seul objectif la volonté de faire miroiter aux populations un semblant de « Projet » pour continuer à les tromper. Les prochaines élections législatives ne feront pas exception.
par Ndiaga Gueye
LA DÉMOCRATIE EN TROMPE-L'ŒIL
Le scrutin du 17 novembre 2024 exclura au moins cinq millions d'électeurs, élira des députés sans véritable légitimité démocratique et maintiendra une répartition des sièges inéquitable
Malgré le constat, au sortir de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, d’un processus électoral biaisé qui prive de vote des millions d’électeurs Sénégalais, et d’un système électorale inéquitable qui crée des majorités fictives (non conforme à la réalité), il n’a pas été observé l’amorce d’une quelconque dynamique de réformes électorales en vue des législatives du 17 novembre 2024.
Plutôt que de s’engager, conformément à sa promesse du 3 avril 2024, dans un dialogue inclusif pour des reformes électorales qui garantissent que la voix de chaque électeur Sénégalais compte dans le choix des représentants du peuple, nous libérant ainsi d’élections au suffrage censitaire, le nouveau président s’est plutôt attelé avec célérité à organiser des législatives huit (8) après la présidentielle de mars 2024.
Se pose alors la question de savoir si les conditions qui permettent au peuple de s’exprimer ont été créées par des reformes qui tendent à rendre les élections plus démocratiques, suite à l’évaluation du processus électoral et du système électoral du scrutin du 24 mars 2024.
Au-delà des justificatifs avancés pour dissoudre l’Assemblée Nationale, la véritable motivation est de profiter des effets des scrutins de proximité, c’est-à-dire, de l’agencement temporel, planifié et décidé, entre l’élection présidentielle et les élections législatives, qui produit des effets d’entraînement notoires de la présidentielle sur le scrutin législatif.
En effet, les scrutins de proximité et le scrutin majoritaire à un tour ont toujours accouché systématiquement d’une large majorité parlementaire au Sénégal, et que les effets de l’introduction d’une portion congrue de proportionnelle sont minimes et sans effets. Sous cet angle, le nouveau président tirera avantage du scrutin de proximité, mais aussi, de la position qu’il occupe dans l’espace politique, faisant figure de « vainqueur de Condorcet », pour obtenir, dans quelques semaines, une large majorité parlementaire.
Il apparait déjà dans une estimation des résultats des législatives du 17 novembre 2024 que la coalition politique au pouvoir, sur la base des résultats par département de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 obtiendrait une majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 105 députés. Il est à noter que c’est un exercice toujours fragile, qui incite à la prudence quant aux projections de résultats annoncés.
Des élections législatives anticipées sont donc organisées, 8 mois après la présidentielle de 2024, sans aucune réforme du cadre légal et institutionnel, ni du système électoral, ni du processus électoral. La gouvernance des élections en vigueur depuis les législatives de 2007 est maintenue tel quel.
Le scrutin du 17 novembre 2024 sera ainsi marqué par l’exclusion du vote d’au moins cinq millions d’électeurs, des députés élus par une minorité d’électeurs qui ne peuvent prétendre à la légitimité démocratique et enfin par une répartition des sièges de députés déséquilibrée produisant des inégalités de suffrages contraires à la Constitution.
Le Décret n° 2024-1982 du 13 septembre 2024 portant répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 stipule le maintien de la même répartition des sièges que celle retenue pour les dernières élections législatives de 2022.
Par voie de conséquence, une répartition de sièges qui non seulement est inégalitaire, mais en sus, elle ne tient pas compte de l’accroissement de la population est utilisée. Une telle décision indique qu’en sus des limites de l’article L.151 sur la méthode à utiliser, des données démographiques périmées sont la base statistique de répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental des législatives de 2024.
L’évolution démographique aurait dû conduire à une nouvelle répartition des sièges pour atténuer la répartition disproportionnelle des législatives de 2022. Dans cette perspective, le département de Mbacké, étant le plus peuple du Sénégal, obtiendrait le plafond de sept (7) députés plutôt que Dakar dont la population a baissé.
Le département de Goudiry avec une population de 170 816 habitants, atteignant ainsi le quotient national, disposerait de deux (2) députés plutôt que d’un (1). Celui de Rufisque passant de 592 630 à 822 105 habitants bénéficierait de quatre (4) députés à l'instar de Thiès, 880 266 habitants, plutôt que de deux (2).
Comment justifier que le département de Pikine avec une population de 758 554 habitants puisse avoir 5 députés pendant que Rufisque avec 822 105 habitants et Keur Massar 759 849, n'en compte que deux (2).
En outre, on ne peut pas expliquer que des départements parmi les plus peuplés, tels que Rufisque (822 105), Keur Massar (759 849), Kaolack (665 008), Tivaouane (650 067), Nioro du Rip (513 181), Podor (487 220), Louga (477 887) puissent avoir le même nombre de deux (2) députés que les départements les moins peuplés : Medina Yoro Foula (185 575), Goudomp (188 537), Sedhiou (193 867), Bakel (190 501), Koumpentoum (199 457).
Enfin, ces écarts de représentations sont encore plus importants entre Sénégalais vivant dans le territoire national et ceux vivant à l’étranger. Comment expliquer que les départements de l’Afrique australe, de l’Asie et Moyen Orient avec un nombre d’électeurs respectifs de 3 379 et 3 615 peuvent chacun élire un (1) député pendant qu’une partie de la population des départements de Keur Massar au nombre de 589 849 et de Kaolack de 495 008 ne peuvent pas élire un (1) député. De même, comment justifier que 652 105 habitants de Rufisque et 480 067 de Tivaouane ne peuvent pas élire un (1) député alors que 30 909 électeurs du département d'Afrique du centre et 23 054 d'Amérique Océanie peuvent le faire.
Il découle ainsi de l’analyse que les écarts de représentativité observés aux législatives de 2022 sont creusés. D’abord, par la non prise en compte de la croissance démographique des départements, et ensuite par la différence de base de répartition des sièges entre les départements du territoire national et ceux de l’extérieur. Ces déséquilibres importants de la répartition des sièges entre départements produisent ensuite des écarts d’influence d’un électeur à l’autre, autrement dit, des inégalités de suffrage. Par conséquent, des atteintes au respect de l’égalité de représentativité.
La règle de la représentation minimale de deux députés pour tout département ayant 170 000 habitants et le recours aux électeurs pour repartir les sièges à l’étranger sont inconstitutionnels car ayant des effets qui dérogent au principe d’égalité de suffrage consacré par l’article 3 de la Constitution.
Aux termes de l'article 1er de la Constitution, la République du Sénégal « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. ».
Que l'article 3 de la Constitution dispose, dans son premier alinéa, que « la souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum » et, dans son troisième alinéa, que « Le suffrage peut être direct ou indirect. Il est toujours universel, égal et secret. ».
Qu'il résulte donc de ces dispositions que les députés de l'Assemblée nationale élus au suffrage universel direct, doivent l’être sur des bases essentiellement démographiques selon une répartition des sièges de députés respectant autant que possible l'égalité devant le suffrage car l’égalité parfaite est impossible à atteindre.
Attendu que le deuxième alinéa de l'article L.151 du code électoral dispose que «Les départements dont la population est égale ou supérieure à 170.000 habitants obtiennent au moins deux (2) sièges. ». Que l’emploi de cette règle produit d’importants déséquilibres dans la répartition des sièges entre départements entraînant ensuite des écarts d’influence d’un électeur à l’autre, autrement dit, des inégalités de suffrage. Qu'il s'ensuit que les dispositions précitées sont contraires à la Constitution.
Attendu que le 1er alinéa de l'article L.151 du code électoral dispose que « Le nombre de députés à élire dans chaque département est déterminé par décret en tenant compte de l’importance démographique respective de chaque département. » ; et, dans son troisième alinéa, que « Le nombre de députés à élire dans chaque département de l’extérieur du pays est déterminé par décret en tenant compte de l’importance de l’électorat de chaque département. ».
Que ces dispositions, qui permettent de déterminer, de manière différente selon les circonscriptions, les bases démographiques à partir desquelles sont répartis les sièges de députés, méconnaît le principe d'égalité devant le suffrage. Qu'il s'ensuit que ces dispositions sont à considérer comme contraires à la Constitution.
Une vérification de la loi par rapport aux critères constitutionnels s’impose afin que soit intégralement censuré le décret n° 2024-1982 du 13 septembre 2024 portant répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental pour les élections législatives anticipées du 17 novembre, qui n'a pas assuré au mieux l'égalité devant le suffrage dans la répartition des sièges entre les départements.
Légiférer sur une nouvelle méthode de découpage ou redécoupage électoral qui ne soit pas infectée de logiques partisanes, à des fins électoralistes, s’avère ainsi indispensable. Plus de « Gerrymandering » et plus de « Malapportionment » dans la carte électorale afin d’augmenter les conditions de victoire. In fine, plus de carte électorale réalisée en l’absence de toute règle et contrôle constitutionnel.
Pour une démocratie par et pour le peuple, pour une démocratie résiliente aux dérives autoritaires, telle que vécue par les Sénégalais de 2021 à 2024, les élections législatives de 2024 doivent être les dernières élections organisées avec le processus électoral et le système électoral en vigueur depuis 2007.
Des enfants abattus d'une balle dans la tête. Des nouveaux-nés mourant de faim. Des hôpitaux sans eau ni électricité. Les témoignages, recueillis par le New York Times, dressent un tableau glaçant de la situation humanitaire dans l'enclave palestinienne
Dans un article publié par le New York Times, 65 professionnels de santé américains ayant travaillé à Gaza entre octobre 2023 et avril 2024 livrent des témoignages bouleversants sur la situation humanitaire catastrophique dans l'enclave palestinienne. Ces médecins, infirmiers et ambulanciers, venus porter assistance dans les hôpitaux gazaouis, dressent un tableau alarmant des conditions sanitaires et de l'impact dévastateur du conflit sur la population civile, en particulier les enfants.
L'un des aspects les plus choquants révélés par ces témoignages concerne les blessures infligées aux jeunes enfants. Le Dr Feroze Sidhwa, chirurgien traumatologue ayant travaillé à l'hôpital européen de Khan Younis en mars-avril, rapporte avoir vu "presque chaque jour un nouvel enfant blessé par balle à la tête ou à la poitrine, dont la quasi-totalité sont décédés" par la suite". Au total, il a traité 13 cas de ce type en seulement deux semaines.
Ce constat est corroboré par de nombreux autres soignants. Le Dr Mohamad Rassoul Abu-Nuwar, chirurgien de 36 ans, témoigne : "Une nuit aux urgences, dans l'espace de quatre heures, j'ai vu six enfants âgés de 5 à 12 ans, tous avec une seule blessure par balle au grue." Le Dr Irfan Galaria, chirurgien plasticien, évoque quant à lui "quatre ou cinq enfants, âgés de 5 à 8 ans, tous touchés par des tirs uniques à la tête. Ils sont tous arrivés aux urgences en même temps. Ils sont tous morts. "
Ces témoignages soulèvent de graves questions sur la nature de ces blessures, ciblées, infligées à de jeunes enfants.
Malnutrition généralisée et conditions sanitaires désastreuses
La quasi-totalité des soignants intégrés (63 sur 65) font état d'une malnutrition sévère touchant les patients, le personnel médical local et la population générale. Le Dr Ndal Farah, anesthésiste, décrit des patients "rappelant les camps de concentration nazis, avec des traits squelettiques". Abeerah Muhammad, infirmière de 33 ans, rapporte que "tout le monde avait perdu entre 9 et 27 kilos. La plupart des patients et du personnel avaient l'air émacié et déshydraté."
Cette situation dramatique touche particulièrement les nouveaux-nés et leurs mères. Le Dr Arham Ali, pédiatre de soins intensifs, témoigne : « Des mères affamées se présentaient aux soins intensifs en suppliant pour obtenir du lait maternisé pour nourrir leurs nouveau-nés. Des bébés de quelques heures ou jours arrivant à l'hôpital gravement déshydratés, infectés et en hypothermie. Beaucoup de bébés sont morts de ces conditions, qui étaient des décès 100% évitables.
Les conditions d'hygiène catastrophiques amplifient ce désastre sanitaire. Le Dr Ayman Abdul-Ghani, chirurgien cardiothoracique, décrit : "La situation était horrible au bloc opératoire. Il y avait des mouches partout. Il y avait des eaux usées sur le terrain de l'hôpital où les gens s'abritaient." Le Dr Mohammed Al-Jaghbeer ajoute : "Pour la première fois de ma carrière, j'ai vu des asticots sortir des plâtres."
Un système de santé anéanti
Les témoignages convergents pour décrire un système de santé totalement effondré, dénué des équipements et fournitures les plus basiques. Le Dr Ndal Farah raconte : "Nous avons fait des opérations sans champs opératoires ni blouses chirurgicales. Nous avons réutilisé du matériel qui devrait être jetable. J'ai été dans d'autres zones de guerre, mais c'était exponentiellement pire que tout ce que j'ai jamais vu."
Monica Johnston, infirmière spécialisée dans les brûlures, détaille : "Pas de bouchons pour les cathéters centraux, laissant le port ouvert et exposé aux germes. Pas de savon ni de démontage pour les mains. Pas de matériel pour nettoyer les patients au lit après qu 'ils se soient salis."
Cette pénurie généralisée a des conséquences dramatiques, comme le souligne le Dr Adam Hamawy, chirurgien plasticien : "Presque tous les enfants dont je me suis occupé souffraient de malnutrition sévère. Cela a entraîné des difficultés de cicatrisation après la chirurgie et des taux d'infection Le taux de mortalité des enfants blessés dont je me suis occupé était de près de 80%.
Un impact psychologique dévastateur sur les enfants
Au-delà des blessures physiques, les soignants témoignent de l'impact psychologique terrible du conflit sur les enfants. Le Dr Mimi Syed, médecin urgentiste, évoque le cas d'une fillette de 4 ans gravement brûlée : "Elle était complètement dissociée. Elle regardait dans le vide, fredonnant une berceuse. Elle ne pleurait pas, mais tremblait et était en état de choc total."
De nombreux témoignages font état d'enfants exprimant le souhait de mourir. Le Dr Tanya Haj-Hassan, pédiatre en soins intensifs, rapporte les propositions d'un enfant ayant perdu toute sa famille : "Tous ceux que j'aime sont au ciel. Je ne veux plus être ici."
Un appel à l'action
Face à cette situation catastrophique, le Dr Feroze Sidhwa, auteur principal de l'article, lance un appel pressant : "L'horreur doit cesser. Les États-Unis doivent arrêter d'armer Israël." Il souligne que la combinaison létale de violences militaires indiscriminées, de restriction délibérée de l'aide alimentaire et humanitaire, de déplacement quasi-généralisée de la population et de destruction du système de santé a l'effet calamiteux que de nombreux spécialistes de l'Holocauste et du génocide avaient prédit il y a près d'un an.
Ces témoignages accablants, publiés dans un grand quotidien américain, constituent un cri d'alarme lancé par des professionnels de santé ayant été témoins directs de la situation à Gaza. Ils appellent à une action urgente pour mettre fin aux souffrances de la population civile gazaouie, en particulier des enfants, principales victimes de ce conflit dévastateur.
MACKY SALL ÉCARTÉ D'UNE CONFÉRENCE À COLUMBIA UNIVERSITY
Une lettre, des mails et une pétition... La mobilisation en ligne a fait annuler la participation de l'ancien président initialement invité comme intervenant principal de la prochaine Conférence Afrique de l'université américaine
(SenePlus) - L'Université de Columbia a annoncé que l'ancien président Macky Sall ne participera pas à la Conférence Afrique prévue les 25 et 26 octobre 2024. Cette décision fait suite à une campagne citoyenne, remettant en question la légitimité de sa présence à cet événement prestigieux.
Au cœur de cette mobilisation se trouve Oumou Diallo, une ressortissante sénégalaise résidant à Louisville, Kentucky. Mme Diallo a lancé une pétition exigeant l'exclusion de Macky Sall de la conférence, et a directement interpellé l'administration de l'université par le biais d'une lettre envoyée à la présidente par intérim, Katrina Armstrong.
Dans sa missive, Mme Diallo dresse un tableau sombre du bilan de Macky Sall :
Emprisonnement de plus de 2 000 opposants politiques
Répression violente ayant causé la mort d'au moins 86 manifestants
Promulgation d'une loi d'amnistie en février 2024, considérée comme un bouclier judiciaire pour Sall et son entourage
Manœuvres perçues comme antidémocratiques, notamment le report de la dernière élection présidentielle
Scandales économiques, incluant des allégations de falsification de données transmises au FMI
Face à la pression croissante, les organisateurs de la Conférence Afrique ont finalement cédé. Dans une réponse envoyée au collectif Africa In Harlem, mercredi 16 octobre, ils ont confirmé l'absence de Macky Sall, invoquant des "circonstances imprévues". Ils ont également réaffirmé leur engagement en faveur d'un dialogue ouvert sur l'avenir du continent africain.
L'éviction de Macky Sall de cet événement académique de premier plan soulève des questions importantes. Elle met en lumière le pouvoir grandissant des mobilisations citoyennes à l'ère numérique, capables d'influencer les décisions institutionnelles à l'échelle internationale.
Cette affaire interroge également la responsabilité des universités dans la sélection de leurs intervenants, particulièrement lorsqu'il s'agit de figures politiques au passé controversé. Elle ouvre enfin un débat sur l'équilibre entre liberté d'expression académique et considérations éthiques liées aux droits humains et à la gouvernance démocratique.