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30 novembre 2024
Diaspora
MACKY SALL SONNE L'ALARME FACE À LA MENACE DJIHADISTE
En marge du Future Resilience Forum, l'ex-président dépeint un tableau alarmant du terrorisme africain, appelant la communauté internationale à passer à l'action avant qu'il ne soit trop tard
(SenePlus) - Dans une déclaration en marge du Future Resilience Forum à Londres et rapportée par Bloomberg, l'ancien président Macky Sall a lancé un appel urgent à la communauté internationale concernant la lutte contre le terrorisme en Afrique. Selon lui, ce combat dépasse largement les frontières du continent et nécessite une mobilisation globale.
"L'Afrique a été laissée à elle-même pour faire face aux défis du terrorisme, que ce soit dans la région du Sahel, dans la Corne de l'Afrique ou même en Afrique australe au Mozambique", a déclaré Sall, soulignant l'ampleur et la diversité géographique de la menace. Il insiste sur le fait que "l'avancée du terrorisme sur le continent n'est pas seulement une affaire africaine. Ce serait une erreur de croire qu'il appartient aux Africains de résoudre cette question."
Cette déclaration intervient dans un contexte de retrait progressif des forces occidentales de la région du Sahel, devenue un épicentre du terrorisme mondial. Les récents coups d'État au Niger, au Mali et au Burkina Faso ont accéléré ce désengagement, laissant un vide sécuritaire préoccupant.
Macky Sall a également évoqué l'efficacité des missions de maintien de la paix de l'ONU, les qualifiant "d'essentiellement inefficaces et inadaptées à la situation sur le terrain". Il a précisé que ces missions "n'allaient jamais résoudre les problèmes de sécurité de l'Afrique", pointant du doigt le manque de mandats et de moyens adéquats.
Face à ces défis, l'ancien président propose une alternative : "Ce dont on a vraiment besoin, ce sont des troupes africaines opérant dans le cadre de l'architecture africaine de paix et de sécurité, avec le soutien logistique et financier des Nations Unies, ainsi que d'autres partenaires comme l'Union européenne."
felwine sarr en conversation avec mamadou diouf
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L'ÉQUILIBRE FRAGILE D'UNE NATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre traditions ancestrales et aspirations modernes, le Sénégal cherche à redéfinir son identité collective, au-delà du modèle "islamo-wolof" hérité de l'ère coloniale. Comment y parvenir ?
Dans le dernier numéro de l'émission "Chroniques d'un temps politique" animée par Felwine Sarr, l'historien Mamadou Diouf offre une analyse perspicace de la construction et de l'évolution de la nation sénégalaise.
Au cœur de son propos, Diouf révèle comment le modèle « islamo-wolof », forgé durant l'ère coloniale, a jeté les bases de l'identité nationale sénégalaise. Ce modèle, loin d'être monolithique, a progressivement intégré diverses communautés et régions périphériques, créant un tissu social complexe et dynamique.
L'indépendance marque un tournant crucial dans la formation de l'imaginaire national. Des figures comme Léopold Sédar Senghor ont œuvré à la création d'un récit commun, s'appuyant notamment sur le concept de "parenté à plaisanterie" pour tisser des liens entre les différentes communautés.
Diouf souligne l'équilibre délicat qui caractérise la construction nationale sénégalaise : d'un côté, la reconnaissance des spécificités communautaires ; de l'autre, l'émergence d'une culture politique vernaculaire partagée. Cette dualité a permis l'instauration d'un espace public où les différentes composantes de la société peuvent interagir et négocier.
Aujourd'hui, le Sénégal fait face à des tensions qui entraînent un décalage entre les imaginaires traditionnels et les aspirations nouvelles, particulièrement celles de la jeunesse. Cette génération, ancrée dans le local mais ouvert sur le monde, redéfinit les contours de l'identité nationale.
Le défi qui se présente au Sénégal, et plus largement à l'Afrique, est de repenser le concept même de nation. Mamdou Diouf plaide pour des formes de gouvernance plus souples, capables de reconnaître la pluralité des communautés tout en s'inscrivant dans ce qu'il appelle le "temps du monde" - une universalité qui ne nie pas les particularismes.
KEMI SEBA ARRÊTÉ À PARIS
L'homme de 42 ans, critique virulent de la France, était "en possession d'un passeport diplomatique nigérien et d'un visa Schengen" au moment de son interpellation
(SenePlus) - L'activiste béninois Kemi Seba, connu pour ses positions anti-françaises et son soutien à la junte nigérienne, a été arrêté à Paris le mardi 15 octobre. Selon une source officielle française citée par Le Monde, il était "en possession d'un passeport diplomatique nigérien et d'un visa Schengen" au moment de son interpellation.
Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, est une figure polarisante dans le paysage politique africain. Président de l'ONG Urgences panafricanistes, il s'est fait connaître comme un farouche opposant à la politique française en Afrique. Son parcours est marqué par de nombreuses controverses, notamment ses liens présumés avec le groupe de sécurité privé russe Wagner, qui aurait financé une partie de ses activités.
L'arrestation de Seba intervient dans un contexte tendu. Début août, il avait annoncé sur le réseau social X avoir reçu un passeport diplomatique nigérien du général Abdourahamane Tiani, leader de la junte au pouvoir au Niger. Seba avait présenté ce geste comme "une réponse apportée à la procédure de déchéance de [sa] nationalité commise par la Françafrique contre [sa] personne". En effet, l'activiste avait été déchu de sa nationalité française en juillet, quelques mois après s'être filmé en train de brûler son passeport français en banlieue parisienne.
Ancien leader de la Tribu Ka, un groupuscule dissous en 2006 par le gouvernement français pour son antisémitisme et son idéologie prônant la séparation entre Noirs et Blancs, Kemi Seba a été condamné à plusieurs reprises en France pour incitation à la haine raciale. Ces dernières années, il s'est fait remarquer par son opposition virulente au franc CFA, organisant des manifestations dans plusieurs pays africains, ce qui lui a valu d'être régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d'Ivoire, du Sénégal et de Guinée.
En France, ses activités ont également attiré l'attention des autorités. L'année dernière, le député Thomas Gassilloud (Renaissance), alors président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, l'a accusé d'être un "relais de la propagande russe" et de servir "une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais".
À l'heure actuelle, le motif précis de l'arrestation de Kemi Seba reste inconnu.
par Elie Charles Moreau
LA CULTURE, PARENT PAUVRE DU NOUVEAU RÉFÉRENTIEL 2050
Les nations et les peuples, tout autant les États, ne se distinguent pas forcément par des produits intérieurs ou nationaux bruts mais, sûrement, par la manière dont on y prend en charge la culture !
Un seul regret et d’amer en tous plans et points de vue : la Culture encore mise, sinon remise, au 3è sous-sol ! (….)
Pour la Culture, il faut qu’on cesse d’en être encore à, tous les jours, devoir, malgré nous, tourner en rond en sautillant et, encore malgré nous, en clamant, comme c’est le cas depuis le siècle dernier : « la Culture est au début et à la fin du développement » !
Et puis ? Plus rien de viable si ce n’est de constater, en les déplorant seulement, l’incivisme sans répit croissant, la perte en continu des valeurs qui nous restituent à nous-mêmes, les acteurs socioculturels toujours se rongeant et les hardes et les sangs, des comédiens sans cesse flirtant avec la précarité et les affres du quotidien, des éditeurs et écrivains en légitime attente de tout et trop loin de pouvoir vivre de leur art et profession, le livre et la lecture comme prédestinés à la banalisation (et dire qu’il n’est pas une autorité d’Etat qui ne leur doive formation et instruction civiques, savoir-être, savoir-faire, savoir-vivre et réussite sociale).
Mais, il est aussi, en un tel paquet de désordres et fautes de goût, une outrancière folklorisation des objets qui donnent sens au secteur et en constituaient l’âme ! Et, au train où vont les choses, et qui voit la Culture mise en sandwich entre le Sport et la Jeunesse (autres domaines de souveraineté !), je dois à la vérité d’avouer ne pas m’attendre à quelque recouvrement de souveraineté (s) ! Sinon, ça n’est pas encore demain la veille !
Et ce serait dommage et malheureux ! Et l’on aura amputé le patriotisme de quelque chose d’essentiel : de ce qui lui est socle et levain, pardi ! Parce que les nations et les peuples, tout autant les États, ne se distinguent pas forcément par des produits intérieurs ou nationaux bruts mais, sûrement, par la manière dont on y prend en charge la culture ! En 1966, Mao Tsé Toung, avec la révolution chinoise, clairement et avec la froideur qui sied, montrait déjà le chemin.
Au fil des jours, les géants dits d’Asie ( Japon, Corée, Inde, etc.) nous en donnent la parfaite illustration. Sans oublier les États Unis d’Amérique qui, en gestes et en faits aliénants, mènent le monde : culturellement !
Ce matin, en l’Agora solennelle de Diamniadio, « Le Référentiel » a été mis en partage, à fin de « légitime appropriation par les populations », dit-on. Mes réflexes de patriote intransigeant ajoutés à mon refus éperdu de toutes les servilités qui sont des barouds, absolument d’honneur, que j’entretiens depuis le 20è siècle, c’est à dire depuis 1973 pour être précis, me contraignent et forcent à lui accorder de favorables préjugés.
C’est avouer que je suis sur des réserves et attends, plus que jamais, que « Diomaye & Sonko » rendent à la Culture et ses syllabes et toute sa noblesse ! Là et seulement là, et en sur-priorité, est le fiable et plus sûr chemin de la Souveraineté réellement convertibles en destin pérenne !
Le Professeur Cheikh Anta Diop et le capitaine Thomas Sankara, penseraient encore comme moi. Et pour sûr, Mame Abdoul Aziz Sy ! (…..)
par Pape Samba Kane
DE NDEEM À MBACKE KADIOR, HOMMAGE À SERIGNE BABACAR MBOW
Le vendredi 18 octobre, la galerie Maam Samba à Ngor sera le théâtre d'un hommage à Serigne Babacar Mbow. L'événement promet d'être un kaléidoscope de témoignages, retraçant le parcours exceptionnel de cet homme aux multiples facettes
Vendredi 18 octobre, à la galerie Maam Samba, du nom de son grand-père, fils du fondateur du village de Ndeem, petit hameau du département de Bambey, que Serigne Babacar Mbow a fait connaître à travers le monde, se déroulera une cérémonie d’hommage à celui qui restera pour ses amis d’enfance "Chacun" ; sinon Shakun, comme le créateur imaginatif qu'a toujours été Babacar Matouty Mbow signa quelques petits et grands papiers d'une originalité remarquable dans le journal Le Politicien, où nous passions voir "grand Less" à son grand plaisir. - C'était aux débuts des années 1980, nous faisions la navette entre Gorée et Mermoz, chez Yaye Ngoné, sa mère où nous avions trouvé refuge ...
Un peu plus tard, ou en même temps, quelques œuvres littéraires suivront que Shakun ne publia pas, ne publiera jamais ; son évolution spirituelle, pour le dire ainsi, les ayant enterrées. Ce, littéralement, du moins pour le manuscrit de roman "Le poète du désert", que les quelques personnes l'ayant lu voyaient comme un grande œuvre littéraire.
Nous formions une petite bande de rêveurs, Lamine Ndour, guitariste de talent, Alioune Sow, un inoubliable peintre, binôme alors de Zoulou Mbaye ; petite bande dont Shakun était le meneur, grand frère et mentor. Un peu guide spirituel déjà, même si des idéaux plus laïcs, voire profanes, comme l'art, étaient nos moteurs.
Mais Shakun, dans sa manière de vivre, ascétique, désintéressée et généreuse, couvait déjà - c'est peut-être seulement le recul et ce qu'il a fait de sa vie, qui, aujourd'hui, rendent cela si évident à mes yeux - le Cheikh, Serigne Babacar Mbow, dont l'œuvre aux plans spirituel, social, économique, n'a pas fini de faire le tour du monde.
Je vais avoir 24 ans, quand je le rencontre, il a un passé de jeune Dakarois de la Médina, grand footballeur ayant, après l'inévitable foot de rue, intégré le grand club du Jaraaf de Dakar, il a un vécu d'étudiant engagé et turbulent en France, et, commencé déjà à Dakar, de militant d'une gauche sénégalaise de l'immédiate après-indépendance, dynamique mais polymorphe ; Babacar ayant choisi de militer à And-Jëf, chez les Maoïstes. De cette époque, de ces époques devrions-nous dire, d'autres que moi, qui les ont vécues avec lui, témoignerons ce 18 octobre. Nous l'espérons et les y invitons, Boubacar Boris Diop et moi, qu'un concours de circonstances incluant notre relation à lui et une proximité avec des événements impliquant sa famille, presque donc le hasard, a désigné pour porter une partie de la communication sur un projet de Café Littéraire que, de son vivant, Serigne Babacar avait inspiré à ses enfants, en charge de la gestion de la galerie Maam Samba de Ngor. - Dans celle-ci, sont exposées les innombrables réalisations de l'ONG des associations du village de Ndeem que Serigne Babacar a fondée et présidée, entre autres remarquables œuvres de développement humain, social et économique, dans une démarche écologique, inclusive et solidaire.
Se tiendra à nos côtés à cette occasion du 18 octobre, Assane Mboup, directeur de la très connue et dynamique Télé-école, témoin, lui, de Ndeem à Mbacké Kadior, du cheminement, spirituel baay-fall de Serigne Babacar, doctrine indissociable du travail, en tant que son viatique. Ensemble, ils ont sillonné l’Europe, propageant, selon les propres mots d’Assane, non pas seulement la doctrine du développement éco solidaire impulsée à Ndeem, mais aussi l’approche spirituelle la soutenant.
La diversité des productions agricoles, artisanales, manufacturières et les nombreuses innovations dont celles-ci sont accompagnées, ont ouvert des voies vers divers accomplissements, notamment la pénétration du marché international du commerce équitable, à des populations, surtout féminines, jusqu’alors en marge d’un système figé dans des pratiques agricoles et socioéconomiques régressives.
Lors d'une visite à Ndeem, nous fûmes impressionnés par l'élaboration d'un charbon, alternatif au bois, à base d'argile et de coques d'arachides, une fabrique de meubles en bambou, des teintureries à tendance bio, la culture de coton, et d’autres types d’activités innovatrices touchant à l’élevage, à l’aviculture, etc.
Beaucoup, parmi les personnes auxquelles je pensais tantôt comme pouvant mieux témoigner du parcours de Shakun que nous-mêmes, ont visité le Ndeem de Serigne Babacar et en sont revenus impressionnées par la somme considérable de ses réalisations et de son implication physique personnelle dans tous les travaux. Parmi elles, Mao Wane, lui aussi militant de cette gauche aujourd'hui rangée. Connu pour avoir continué son action militante avec le daara de Malika, il m’a un jour dit avec émotion : " Chacun a réalisé notre utopie".
Nous souhaitons le voir, vendredi 18 octobre à la galerie Maam Samba, ainsi que nous souhaiterions y recevoir d’autres compagnons de route de « Chacun » sur le terrain politique et ailleurs dans son riche parcours, je pense à Amadou Tidiane Wone, Mamadou Diop Decroix, Papa Touty Sow, particulièrement à Majid Ndiaye, lui et Serigne Babacar ont entretenu une amitié pressue fusionnelle - Et d’autres et d’autres et d’autres encore …
Serigne Babacar, devenu Cheikh Baye Fall, réalisa à Ndeem un travail si remarquable au cours de trois décennies, qui conduisit le Khalife général des Baye Fall, Serigne Cheikh Dieumb Fall, à lui confier, sur instruction (ndigël) du Khalife des Mourides, alors, Serigne Cheikh Sidy Mbacké, des travaux destinés à doter Mbacké Kadior d'infrastructures éducatives, agricoles et résidentielles de grande envergure. C'était il y a une dizaine d'années.
Dans la ferveur, il déménagea tout de suite de Ndeem vers le berceau du Mouridisme, lieu de la Grande Rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ibra Fall, avec armes et bagages, sa famille et nombre de ses talibés. Là, il ne tarda pas à donner de claires indications que cette confiance placée en lui par les plus hautes autorités mourides était amplement méritée.
Discipline, rigueur et travail soutenus ont fait très vite sortir de terre toutes les infrastructure du cahier des charges
Le vendredi 1er mars 2024, Dieu qui l'avait donné au monde, à sa famille, à ses amis, à Ndeem et au Mouridisme, le leur a repris. Aujourd'hui, Serigne Babacar Mbow repose dans ces cimetières de Ngiguis Bamba, à Mbacké Kadior, les cimetières des habitants de Thillé (village situé à 1 kilomètre), dont il avait participé à la réhabilitation, en offrant des matériaux de construction, et en participant de ses propres mains aux travaux ; de sa propre initiative, mais, dans la pure tradition mouride, après en avoir sollicité et obtenu le ndigël.
Les chantiers qui lui avaient été confiés sont aujourd’hui quasiment achevés. Ce qu’il en reste est ce qu’on appelle les finitions, carrelage et peinture, matériaux que Serigne Babacar avait déjà acquis et stocké dans un container. Et aucune crainte ne subsiste que ses enfants, avec en tête Cheikhouna Mbow, son fils aîné, héritier de la charge - comme le veut la tradition chez les Baye Fall -, achèveront, pour le peu qu'il en reste, les travaux entamés par leur père et surtout guide spirituel, qui leur a laissé de solides valeurs. Sokhna Aïssa, sa compagne de toujours, et mère de ses enfants, qui a suivi, soutenu et accompagné Serigne Babacar dans son parcours initiatique jusqu'à son aboutissement en tant que Cheikh, y veillera par ses bénédictions.
Durant quatre décennies son engagement spirituel s'est, on l'a vu, accompli en même temps que des réalisations sociales au bénéfices de communautés et d'individualités en ayant tiré un accomplissement perceptible dans les marques de reconnaissance que, de son vivant déjà, Serigne Babacar recevait de partout. Quand sa disparition fut annoncée,
les nombreux hommages venus de tous les coins du pays, d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs, de personnes de toutes catégories professionnelle, sociale ou religieuse, ont constitué un hymne à son engagement dans l’accomplissement de l’humain au double plan matériel et spirituel par le travail, la méditation et le partage.
Or, l'intellectuel et déjà écrivain prolifique qu'était Shakun écrivant sous nos yeux avec une rapidité déconcertante, nouvelles et fantaisies de toutes sortes- avait mis ces dispositions créatrices au service de son engagement dans la spiritualité. De sa plume, il a écrits dix ouvrages, tous dans la ligne soufie d’interprétation et d’exaltation de la parole divine, mise au service de l’humain. Dix ouvrages aux titres éloquents, dont voici quelques-uns : « La noblesse spirituelle de l’âme : Les Gens de l’Amour » -2012 « L’aura de la femme dans le verbe divin » - 2019 ; « L’Amour divin dans le verbe du prophète » - 2022 ; « Cheikh Ibrahima Fall : La Lumière de la Sainte Piété » -2023 ; tous parus à Harmattan- Sénégal. Serigne Babacar a aussi laissé deux ouvrages posthumes dont l’un est en cours de publication par les Editions Albouraq à Paris.
Le 18 octobre, en présence de sa famille, des ses disciples et de ses amis de tous horizons, venus de partout, à l’occasion du lancement du Café Littéraire Maam Samba, un hommage lui sera rendu, avec des témoignages qui nous en apprendront plus sur la trajectoire de vie proprement exceptionnelle de Serigne Babacar Mbow.
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AMADOU SALL DÉFIE SONKO-DIOMAYE
L'ancien ministre affirme sur RFI que Macky Sall "n'a peur de rien", balayant les menaces judiciaires. Il brandit l'immunité présidentielle comme un bouclier contre d'éventuelles poursuites à l'encontre de l'ancien chef de l'État
Dans une interview accordée à RFI ce mardi 15 octobre 2024, Amadou Sall, ancien ministre et membre de la nouvelle coalition d'opposition Takku Wallu Sénégal, a lancé un défi au gouvernement actuel en affirmant que l'ancien président Macky Sall "n' une peur de rien".
Cette déclaration intervient dans un contexte tendu, alors que le nouveau pouvoir accuse l'ancien régime de malversations financières. Amadou Sall a fermement rejeté ces allégations, les qualifiant de "politique politicienne".
"Le président Macky Sall, il a une immunité présidentielle", a rappelé M. Sall, ajoutant que "pour pouvoir le poursuivre, il faut qu'il soit mis en accusation par l'Assemblée nationale à une majorité qualifiée". Il a souligné que cette procédure ne peut être engagée que pour « haute trahison ».
Concernant les accusations de manipulation des chiffres économiques, l'ancien ministre a mis en doute la validité de l'audit évoqué par le Premier ministre actuel. "Un audit se fait par un organisme indépendant", a-t-il déclaré, ajoutant que "jusqu'à présent, il n'apporte pas la preuve que les chiffres de la présidence Macky Sall sont faux".
Malgré la défaite électorale de mars dernier, Amadou Sall reste confiant pour les prochaines législatives. Il a évoqué le bilan des six premiers mois du nouveau gouvernement, affirmant que "ceux qui nous ont vendu des chimères [...] se sont effondrés".
Quant à l'absence de Macky Sall sur le terrain électoral, M. Sa lla balayé les spéculations : "Le président Macky Sall n'a peur de rien et il n'y a aucune raison qu'il ait peur de quoi que ce soit , ni politiquement, ni judiciairement".
Par Mohamed GUEYE
LE PROJET AU PAYS DES BISOUNOURS
Il faut néanmoins s’interroger sur les rumeurs qui déclarent que le travail du cabinet Performances Group coûterait plus de 2 milliards de francs Cfa au contribuable..
Après en avoir entendu parler depuis une dizaine d’années, et guetté sa préparation depuis 7 mois environ, les Sénégalais ont pu enfin avoir une vision concrète du contenu du fameux «Projet» qui est destiné à changer notre vie à tous. Rien que pour cela, nous devons tous nous sentir fortement soulagés. Après avoir tenu tout un pays en haleine, nous savons enfin tous, le chemin que nos dirigeants vont nous faire parcourir pour que le Sénégal puisse devenir, dans 26 ans au plus tard, un pays «souverain, juste et prospère».
Il faut être aigri et pétri de jalousie pour ne pas se rendre compte que cet «Agenda national de transformation Sénégal 2050» est en totale rupture et constitue une grande avancée par rapport au fameux Plan Sénégal émergent (Pse) de Macky Sall. Les titres déjà donnent une idée de la différence de vision.
Quand l’un voulait faire émerger le pays, l’autre ne veut rien moins que le transformer, c’est-à-dire créer un Sénégalais nouveau, si tant est que cela est faisable.
Ensuite, on notera que, comme ses ambitions qui, en un moment, à en croire ses «amis», s’arrêtaient à Diamniadio, la vision du Président Macky Sall avec son Pse, n’allait pas plus loin que 2035. Le nouveau régime, lui, se donne 15 ans de plus pour arriver à 2050. De plus, il ne compte pas sur les apports de l’étranger pour façonner le pays. Forte ambition, qu’il faut saluer chaleureusement, surtout qu’il aura besoin, dans un premier temps, de plus de 18 000 milliards de francs Cfa pour atteindre ses objectifs, alors que le Pse dans sa Phase 3, n’avait besoin que d’un peu moins de 15 000 milliards pour la période 2019-2023. Mais les initiateurs du «Projet», le Président Diomaye et son Premier ministre, sont assurés d’atteindre leurs objectifs.
Bien sûr, ils mettent en garde contre une certaine tendance à la précipitation. Sonko a-t-il jeté un coup d’œil dans l’assistance ? On peut le penser en l’entendant déclarer que son régime ne cherchera pas, comme certains, à «accélérer la cadence». Mais on sait qu’avec cette déclaration, il y un gros pavé qui est tombé dans les jardins de la Présidence, du côté des bureaux des Envoyés spéciaux. Mais parfois, on ne contrôle pas toujours ses propos. En assurant ne vouloir faire appel qu’à l’expertise locale pour élaborer ce référentiel du développement national, le chef du gouvernement avait clamé et déclamé que cela ne coûterait pas aussi cher qu’avec le travail de McKinsey. On veut bien le croire. Il faut néanmoins s’interroger sur les rumeurs qui déclarent que le travail du cabinet Performances Group coûterait plus de 2 milliards de francs Cfa au contribuable..
C’est Pierre Goudiaby Atepa, la référence du Patronat national auprès de nouvelles autorités politiques, qui a joué l’entremetteur avec le nouveau régime. Et tout le monde sait que le brillant architecte-ingénieur ne fait pas dans la philanthropie. De plus, Victor Ndiaye, membre du Club des investisseurs (Cis) que dirige Atepa, s’y connaissait déjà en plans de développement. N’a-t-il pas fortement contribué à l’élaboration du Pap 3 du Pse, sous la férule de l’ancien Premier ministre Amadou Ba ? Ce serait sans doute pour cela qu’il s’est dit qu’il n’y avait pas de raison que l’on paie très cher un travail à un cabinet étranger, et qu’on le fasse travailler lui, pour le même travail, pour la gloire de la Nation. Mais, rappelons-le, le montant reste à vérifier.
Quoi qu’il en soit, l’intrusion de Victor Ndiaye explique les nombreuses similitudes entre les deux documents, Pse et «Projet». A commencer d’abord par les objectifs. Le Pse se structurait sur 3 axes majeurs qui sont la transformation structurelle de l’économie et la croissance, le développement du Capital humain, la protection sociale et le développement durable, et enfin, la Bonne gouvernance, le renforcement des institutions, la paix et la sécurité.
Le «Projet» lui veut se développer autour de 4 axes qui sont la gouvernance et l’engagement panafricain, le développement et l’aménagement durable du territoire, le capital humain et la justice sociale et la compétitivité de l’économie et la création d’emplois.
Sur d’autres plans également, en parlant de la relance de l’industrie, du développement de l’agroalimentaire ou même des produits de construction, le «Projet» donne le sentiment d’avoir juste réactualisé les objectifs du Pse. Or, en dehors du financement, le Pse de son côté, en butte à l’efficience de la mise en œuvre, n’avait pu soulever l’enthousiasme du secteur privé. On est bien curieux de voir comment les maîtres d’œuvre du «Projet» comptent parvenir à un résultat meilleur. D’autant plus qu’ils ne semblent pas faire montre de plus d’ambition. Mais il faut répéter que le nouveau document est censé pouvoir nous conduire bien plus loin que celui qui a été élaboré en son temps sous la férule de Macky Sall. Les nouveaux dirigeants, des patriotes comme ils se nommaient, ont toujours affirmé qu’ils avaient eux plus d’amour pour le pays que Macky Sall, qui a passé son temps à planter des infrastructures dont Ousmane Sonko a dit hier qu’il ne restera bientôt plus que des ruines. Ils affirment avoir plus d’ambition. Et ils veulent en finir avec les relents de la Gouvernance de Macky. Aussi bien au sein de l’Administration publique que dans le secteur privé.
Il était révélateur de voir, dans le panel appelé à commenter la présentation du référentiel, que c’est Antoine Ngom qui prenait la parole au nom du Patronat. Tout en reconnaissant ses compétences et sa capacité, on se doit de souligner que le président d’Optic n’est pas le plus important dans la structuration hiérarchique du Conseil national du Patronat (Cnp). Etait-ce une manière pour Baïdy Agne et ses collègues vice-présidents d’exprimer leur bouderie d’une quelconque manière ? L’absence de la deuxième organisation patronale en importance, la Cnes, n’est pas non plus passée inaperçue.
On sait que ce ne sont pas les commerçants membres de l’Unacois, qui sont en mesure à eux seuls, d’impulser l’industrialisation du pays, en dépit de leur important nombre. Depuis des années, les gouvernements successifs ont des difficultés pour les formaliser, comme l’a souligné en de termes moins crus, Ousmane Sy Ndiaye. S’appuyer sur eux pour relancer l’économie, c’est se préparer à faire du pays un gros souk, tout le monde le sait.
Il faudrait peut-être croire que nos dirigeants ont une baguette magique pour transformer notre secteur privé, en ce qu’ils veulent qu’il soit. En attendant, s’ils veulent des résultats concrets, ils auraient intérêt, pour le bien de tous, à s’ouvrir aux investisseurs qui ont déjà pignon sur rue. Parler de secteur privé à l’intérieur du pays, alors que l’on n’a pas fini de combattre l’exode rural et les tentatives d’émigration clandestine, cela peut-il être réaliste ? Comme ils l’ont eux-mêmes dit, il ne s’agira pas de couper les ponts de manière brutale avec l’étranger, mais d’apprendre progressivement à s’en passer. M. le Premier ministre ne l’a-t-il pas dit lui-même, là où ils s’attendaient à trouver un immeuble au rez-de-chaussée, ils sont tombés au quatrième sous-sol du fait des données erronées laissées par leurs prédécesseurs. C’est sans doute cela qui a faussé leurs calculs et les a poussés, le 26 septembre dernier, à déclarer que la situation du pays était plus mal que ce qu’on leur avait annoncé. Quelle que soit la réalité, pareille situation ne se redresse pas d’un seul coup, et la croissance durable ne peut s’atteindre en un laps de temps.
Après avoir fait toutes ces affirmations, on peut se demander comment les nouvelles autorités peuvent prétendre avec confiance, écarter tout ce qui a été fait durant les douze années du régime de Macky Sall, et s’assurer qu’ils ne construisent pas sur du sable. Si leur référentiel se présente tel qu’il est, c’est pourtant parce que, qu’ils le veuillent ou pas, il est basé sur les chiffres produits depuis l’époque de Macky Sall. D’ailleurs, Victor Ndiaye, ainsi que les fonctionnaires des ministères de l’Economie et des Finances, qui ont eu à travailler sur ces deux projets, seraient-ils humainement capables de produire deux documents totalement différents ? Par ailleurs, et même malgré les rodomontades, on voit que le nouveau référentiel est souvent moins ambitieux que le Pse. Ce dernier, sans mettre en avant les hydrocarbures dont on ne savait pas, en 2014 et en 2019, en quelle année on en verrait les effets, ne les avaient pas intégrés dans leurs chiffres de croissance. Mais Macky et les siens avaient fait des projections de 7% de croissance, et plus à partir de 2023, jusqu’à plus de 10% bien après. Grâce à son Pse, les effets du Covid n’ont pas empêché de réaliser plus d’1% de taux de croissance là où même des économies développées étaient tombées en récession. Mais cela était peut-être aussi de faux chiffres, pourrait-on nous déclarer aujourd’hui. Néanmoins, le référentiel de Diomaye-Sonko ne pense pas produire plus de 6% de croissance dans ses meilleures années. Avec ce genre de chiffres pourrait-on vraiment obtenir une transformation systémique de la société sénégalaise ? N’oublions pas que nous avons une population très jeune et appelée à grandir. C’est vrai que pour nous rassurer, on nous a déclaré qu’il suffisait d’avoir des dirigeants décidés et honnêtes pour réussir nos objectifs de développement d’ici 26 ans. Alors, à ce moment, nous serons sans doute dans le pays des Bisounours.
par Thierno Alassane Sall
DIOMAYE ET SONKO DEMANDENT AUX SÉNÉGALAIS DE PATIENTER ENCORE 25 ANS
L’Agenda 2050 semble étrangement déconnecté de la réalité. Rien n’est proposé pour soulager immédiatement les ménages sénégalais qui peinent à joindre les deux bouts. Un autre point d’ombre est la question du financement
Dans un contexte où la majorité des Sénégalais souffrent de la hausse des prix des produits de première nécessité et de l’inflation galopante, l’Agenda 2050 semble étrangement déconnecté de la réalité. Rien n’est proposé pour soulager immédiatement les ménages sénégalais qui peinent à joindre les deux bouts. Aucun plan clair pour réguler les prix, atténuer la pression fiscale, ou offrir des aides directes aux familles.
Góorgóorlu est aussi absent du Projet d'une autre façon. Censé être le destinataire ultime dudit projet, il est étrangement oublié à la phase de définition des priorités, lui qui, à l'image d'un animal de laboratoire, a subi tous les plans savamment concoctés, qui l'ont réduit en l'état de "Cas social".
Un autre point d’ombre est la question du financement. Les projets évoqués nécessitent des investissements colossaux, mais le document reste muet sur la manière dont ces projets seront financés.
Les promesses de prospérité future sont louables, mais elles ne suffiront pas à apaiser la détresse du Góorgóorlu.
DES MILLIONS POUR UN SIÈGE
Une enquête dévoile les coûts exorbitants de l'élection à l'Assemblée nationale. Un système opaque où l'argent coule à flots, sans aucune traçabilité légale. Dans ce jeu politique, les femmes et les jeunes se retrouvent largement marginalisés
(SenePlus) - Une étude approfondie menée par la Westminster Foundation for Democracy (WFD) révèle les défis financiers considérables auxquels sont confrontés les candidats et les partis politiques dans le système parlementaire sénégalais. Ce rapport, basé sur des entretiens menés entre novembre 2023 et juin 2024, met en lumière les coûts prohibitifs de la participation politique, les sources opaques de financement et les obstacles particuliers auxquels font face les femmes et les jeunes.
Contexte historique et système électoral
Le Sénégal, pays d'Afrique de l'Ouest réputé pour sa stabilité démocratique, a connu une évolution politique notable depuis son indépendance en 1960. Passant d'un système de parti unique à un multipartisme intégral en 1981, le pays a vécu sa première alternance démocratique en 2000 avec l'élection d'Abdoulaye Wade, suivie d'une deuxième en 2012 avec Macky Sall, et plus récemment d'une troisième en 2024 avec la victoire surprise de Bassirou Diomaye Faye.
Le système électoral sénégalais pour les élections législatives est mixte, combinant scrutin majoritaire et proportionnel. Sur les 165 sièges de l'Assemblée nationale, 53 sont pourvus à la proportionnelle sur une liste nationale, tandis que 112 le sont au contrôle majoritaire dans les 46 départements du pays et les circonscriptions de la diaspora. Ce système tend à favoriser les partis et coalitions disposant de ressources importantes et d'une implantation nationale.
Les coûts de la politique parlementaire
L'étude de la WFD conduit par Samba Badji Dialimpa, journaliste, chercheur et doctorant à l'Université d'OsloMet en Norvège et Babacar Ndiaye, analyste politique et sécuritaire et directeur de recherche au think tank WATHI, met en évidence les dépenses considérables associées à une campagne législative au Sénégal. Ces coûts commencent bien avant le jour du contrôle :
Dépôt de caution : Chaque liste de candidats doit verser une caution de 15 millions de francs CFA (environ 22 860 euros), généralement payée par le parti ou la coalition.
Collecte des parrainages : Depuis 2018, les listes doivent recueillir les signatures d'au moins 0,5% des électeurs inscrits, répartis dans au moins sept régions. Cette exigence entraîne des coûts logistiques importants.
Campagne électorale : Les 21 jours de campagne officielle voient des dépenses colossales en logistique (location de véhicules, carburant), communication (affiches, tracts, t-shirts) et organisation d'événements (caravanes, réunions).
Dépenses informelles : Les candidats font souvent face à des demandes de dons en espèces ou en nature de la part d'électeurs, de dignitaires religieux et traditionnels, ou d'associations locales.
Un candidat intégré dans le cadre de l'étude résume ainsi la situation : "Les dépenses de campagne sont élastiques. Tout dépend de ce que vous avez. Cela peut être des milliards ou des millions."
Sources de financement
L’opacité entourant le financement des campagnes électorales au Sénégal est préoccupante. En l'absence de loi réglementant le financement des campagnes, il n'existe aucune traçabilité des dépenses des candidats. Les sources de financement restent largement méconnues, même au sein des partis politiques.
Certains candidats admettent recevoir un soutien financier d'amis ou de sympathisants. D'autres, occupant des postes dans l'appareil d'État, peuvent utiliser leurs salaires pour financer leurs activités politiques. La coalition au pouvoir est souvent accusée d'utiliser des fonds publics pour ses campagnes, tandis que l'opposition est parfois soupçonnée de recevoir des financements étrangers, bien que cela soit théoriquement interdit par la loi de 1981 sur les partis politiques.
Un député de l'opposition impliqué dans le cadre de l'étude souligne : "Nous avons des élections 'guidées par l'argent' qui excluent ceux qui n'en ont pas, et ces élections signifiant que les élus peuvent être redevables à certains lobbies, certains pouvoirs de l'argent, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays".
Obstacles pour les femmes et les jeunes
Malgré l'introduction d'une loi sur la parité en 2010, qui a considérablement augmenté la représentation des femmes à l'Assemblée nationale (44% des sièges dans la législature actuelle), des défis persistent. L'étude révèle que les femmes ont souvent moins accès aux ressources financières que les hommes, ce qui limite leur indépendance politique. De plus, les responsabilités familiales et domestiques constituent un obstacle supplémentaire à leur engagement politique.
Pour les jeunes (définis au Sénégal comme les personnes âgées de 15 à 35 ans), la situation est encore plus difficile. Bien que l'âge minimum pour être élu député soit de 25 ans, aucun membre de la législature actuelle n'a moins de 30 ans. Les jeunes sont souvent marginalisés au sein des structures des partis, occupant des postes périphériques. Leur avancement politique est fréquemment conditionné par le parrainage d'un "parrain" ou d'une "marraine" influent(e).
Impact sur la démocratie sénégalaise
Les coûts élevés de la politique parlementaire au Sénégal ont des répercussions significatives sur la qualité de la démocratie :
Représentation limitée : Le système actuel favorise les partis disposant de ressources financières importantes, limitant la diversité des voix représentées à l'Assemblée nationale.
Risque de corruption : L'opacité du financement des campagnes crée un terrain fertile pour l'influence induite de groupes d'intérêts particuliers.
Exclusion des femmes et des jeunes : Les barrières financières renforcent la marginalisation de ces groupes dans la sphère politique.
Déséquilibre de la compétition électorale : La coalition au pouvoir bénéficie d'un avantage significatif en termes d'accès aux ressources publiques.
Innovations et perspectives
Malgré ces défis, certaines initiatives prometteuses émergent. Le parti Pastef, par exemple, a adopté une approche innovante de mobilisation des ressources, organisant régulièrement des campagnes de collecte de fonds auprès de ses militants et sympathisants au Sénégal et dans la diaspora. Cette méthode, qui met l'accent sur l'engagement des militants, pourrait servir de modèle pour une politique plus participative et transparente.
Recommandations
L'étude de la WFD propose plusieurs recommandations pour améliorer la situation :
Application effective de la loi sur les partis politiques pour rationaliser leur nombre et assurer une plus grande transparence dans l'utilisation de l'argent en politique.
Introduction d'une loi sur le financement des partis politiques par le budget de l'État, accompagnée d'un plafonnement des dépenses de campagne.
Création d'un organe d'audit des comptes de campagne ou attribution de cette tâche à la Cour des comptes.
Promotion de réformes au sein des partis pour favoriser la participation effective des jeunes et des femmes.
Introduction d'une loi garantissant un quota minimum de jeunes sur les listes électorales, à l'instar de la parité hommes-femmes.
Facilitation des candidatures indépendantes aux élections législatives.
Le coût élevé de la politique parlementaire au Sénégal représente un défi majeur pour la démocratie du pays. Alors que le Sénégal est souvent cité comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l'Ouest, cette étude met en lumière les obstacles financiers qui limitent la participation politique et menacent la représentativité du système. Des réformes significatives sont nécessaires pour garantir une démocratie plus inclusive, transparente et représentative de la diversité de la société sénégalaise.
LE MULTILINGUISME, CLÉ DE L'AVENIR ÉDUCATIF SÉNÉGALAIS
L'intégration des langues nationales dans le système éducatif, couplée à l'alphabétisation et aux numériques avancées, ouvre la voie à une éducation plus inclusive et culturellement pertinente
(SenePlus) - Dans son dernier numéro d'octobre 2024, le magazine Ifan Actu dresse, sous la plume d'Adjaratou O. Sall du Laboratoire de Linguistique, un tableau complet des enjeux linguistiques dans le système éducatif sénégalais. Au cœur d'une réforme ambitieuse, le pays de la Teranga se trouve à la croisée des chemins, jonglant entre tradition et modernité, identité culturelle et mondialisation.
Le Sénégal, riche de ses 25 langues locales reconnues, dont 22 codifiées, s'engage résolument dans la voie du bi-plurilinguisme éducatif. Cette démarche, initiée dès 1977, prend aujourd'hui une nouvelle ampleur avec la validation en 2019 du Modèle Harmonisé de l'Enseignement Bilingue (MOHEBS). Ce cadre national favorise l'utilisation des langues nationales pour les apprentissages clés en début de cycle primaire, avec une transition progressive vers le français.
L'histoire de cette évolution est jalonnée d'initiatives novatrices. Des premières classes télévisées aux projets pilotes d'ONG comme ADLAS et ARED, en passant par le projet ELAN soutenu par la Francophonie, le chemin vers une éducation plurilingue a été long mais constant. Le gouvernement actuel poursuit cette dynamique, soulignant la nécessité de développer des programmes bilingues (L1-L2) pour des apprentissages plus pertinents et efficaces.
Cependant, cette transition ne va pas sans défis. La cartographie linguistique actuelle, base des choix de langues d'enseignement, ne reflète pas toujours fidèlement la diversité linguistique des régions. Des communautés minoritaires comme les Badiaranké ou les Bedik peuvent se voir imposer une langue majoritaire qui n'est pas leur langue maternelle. De plus, le manque de ressources pédagogiques et la formation insuffisante des enseignants constituant des obstacles majeurs.
L'introduction de l'anglais dès le primaire, envisagée par les autorités, soulève également des questions. Si l'intention est louable - préparer les élèves à un monde mondialisé - sa mise en œuvre dans le système public soulève des inquiétudes. Comment assurer une formation adéquate des enseignants ? Comment éviter d'exacerber les inégalités existantes entre zones urbaines et rurales ?
Malgré ces défis, l'intégration des langues nationales dans l'éducation offre de nombreuses opportunités. Elle améliore la compréhension des élèves, favorise de meilleures performances académiques et renforce l'identité culturelle. Le bilinguisme précoce, observé dans de nombreuses localités où les enfants naviguent entre leur langue maternelle, la langue locale et le wolof, enrichit l'expérience d'apprentissage.
Le numérique joue un rôle croissant dans cette évolution linguistique. L'intégration récente du wolof dans Google Traduction, aux côtés de 29 autres langues africaines, marque une avancée significative. Cependant, cette évolution soulève des questions sur la standardisation de la langue et l'intégration des autres langues nationales dans ces nouvelles technologies.
L'alphabétisation en langues nationales apparaît comme un puissant levier de transformation sociale et économique. Lors du lancement du Mois National de l'Alphabétisation en septembre 2024, le ministre de l'Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a réaffirmé l'engagement du gouvernement dans ce domaine. Face à un taux d’analphabétisme de 37%, l’enjeu est de taille.
Le multilinguisme sénégalais est présenté comme un atout pour la paix et la cohésion sociale. Plutôt que d'imposer une langue unique comme officielle, les experts préconisent un développement naturel et une promotion simultanée des langues en fonction de leur géographie. Cette approche favoriserait la pluridisciplinarité en matière de recherche et le plurilinguisme en communication.
Le Sénégal se trouve à un moment charnière de son histoire éducative et linguistique. L'intégration des langues nationales dans le système éducatif, couplée à l'alphabétisation et aux numériques avancées, ouvre la voie à une éducation plus inclusive et culturellement pertinente. Cependant, le succès de cette transition reposera sur la capacité du pays à relever les défis logistiques, pédagogiques et sociaux qui se présentent. Le pari est ambitieux, mais l'enjeu est crucial : forger un Sénégal prospère, équitable et ancré dans sa riche diversité culturelle.