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2 décembre 2024
Economie
LE PASTEF ET LE SPECTRE DE L'INTOLÉRANCE
Le nouveau pouvoir incarné par Diomaye et Sonko est confronté à un défi inattendu : celui d'accepter la critique qu'il prônait autrefois. La virulence des réactions aux récents propos d'Alioune Tine soulève des inquiétudes sur la santé du débat public
Les réactions sur la sortie du président de Africajom center Alioune Tine sont quasiment une antienne depuis l'accession au pouvoir du nouveau régime. Chaque critique est violemment réprimandée par les inconditionnels du ''Projet''. Pour une formation qui a bâti toute sa stratégie de conquête du pouvoir sur la critique des tares de l'ancien régime, le tandem Diomaye-Sonko et leurs acolytes doivent faire visiblement des efforts pour permettre l'avènement d'un espace public de qualité.
C'est connu. Entre le Pastef et le président du Rewmi ce n'est pas le parfait amour. Mais manifestement, les militants du Pastef doivent faire siens les conseils que le président Idrissa Seck, féru des formules grandiloquentes en politique, avait donnés à l'ex président de la République. ''Il faut dilater ta poitrine'', lui avait dit avec un brin d'humour l'ancien Premier du Sénégal. Les critiques et les réactions virulentes ne manquent pas sur Alioune Tine depuis sa sortie sur les ondes de RFM. Invité de l'émission Grand Jury, il faut dire que le président d’AfrikaJom Center a été tout sauf tendre avec le régime. À l'en croire, c'est le Premier Ministre Ousmane Sonko qui gouverne le pays.
Soulignant dans la foulée aussi qu'un ''État du Pastef'' est en train de s'installer au Sénégal. Des appréhensions sur le nouveau régime qui ne sont pas du goût des militants qui le vouent aux gémonies depuis cette interview. Et ces attaques sur des personnalités de la société civile ou de l'espace politique qui critiquent les premières actions du nouveau régime sont récurrentes. Toutefois, les tenants de ce nouveau régime devraient être les derniers à être allergiques à la critique.
Ils ont joui d'une liberté d'expression et d'une liberté de ton jamais égalées peut-être dans l'histoire politique du Sénégal. Et même après leur accession à la magistrature suprême, certains d'entre eux continuent toujours à être des maîtres dans ce domaine, à commencer par le Premier ministre Ousmane Sonko qui, dans une récente sortie, a raillé ce qu'il appelle la ''nouvelle opposition''. Même si à sa décharge, il a invité ses militants à être plus enclins à la critique, le nouveau régime gagnerait à être moins autoritaire comme le subodore Alioune Tine, et permettre l'émergence d'un espace médiatique plus tenu sur les affaires de la cité. Et en disséquant les premiers pas du nouveau régime incarné par le tandem Diomaye-Sonko, la société civile et certains membres de l'opposition ne font que prendre au mot le président du Parti Pastef qui déclarait quand il était dans l'opposition, qu'une fois arrivés au pouvoir, lui et ses partisans ne voulaient profiter aucunement d'un délai de grâce.
Une bonne nouvelle pour la transparence
Par ailleurs, comme l'a souligné récemment l'ex coordinateur de Y en a marre Fadel Barro sur TV5, il faut que les citoyens changent de posture pour que cette alternance soit une alternative. Avoir un regard critique à l'endroit du nouveau régime est une existence voire une nécessité. Le Sénégal vient de sortir d'une crise politique sans précédent qui a détruit des vies et fait beaucoup de victimes. Donc alerter très tôt le régime actuel sur des dérives ou d'éventuels népotismes et gabegies ne fera qu'aider le tandem Diomaye-Sonko à se concentrer sur les promesses de rupture qui ont fait qu'ils ont gagné l'élection à 54% dès le premier tour. Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a d'ailleurs demandé, lors de sa rencontre avec la Convention des Jeunes Reporters au Palais, que la presse doit jouer son rôle et sortir les '' cafards'' si ces cafards existent bien évidemment et lui, il en tirera les conséquences qu'il faut.
Mais il faut au préalable que le gouvernement et les militants de la coalition au pouvoir jouent le jeu et acceptent les critiques ou du moins apportent des contre-arguments à la hauteur de l'exigence démocratique prônée dans le ''Projet''. Macky Sall a été sanctionnée pour ses dérives autoritaires et l'arrogance de certains des cadres de l'APR. Ce nouveau régime ne doit pas reprendre les mêmes erreurs.
Néanmoins, de l'autre côté, le débat doit évoluer car les insultes et les débats de caniveaux sont contre-productifs. Même si le sarcasme et l'autodérision sont les engrais d'un espace démocratique salace.... Ousmane Sonko ne va dire le contraire.
REDRESSEMENT FISCAL : LA VERSION DE WOODSIDE
La société pétrolière a donné sa version sur la mesure fiscale imposée par les autorités sénégalaises. Woodside a déposé une plainte auprès du Tribunal de Grande instance de Dakar pour contester un redressement fiscal de 41,467
La société pétrolière a donné sa version sur la mesure fiscale imposée par les autorités sénégalaises. Woodside a déposé une plainte auprès du Tribunal de Grande instance de Dakar pour contester un redressement fiscal de 41,467
milliards FCFA. La société explique que «la plupart des réclamations fiscales concernent l’application d’une exonération des créances fiscales appliquée pendant la phase de développement du projet». Suite à la mise en production du projet Sangomar en juin 2024, «le groupe a comptabilisé un actif net d’impôt différé de 305 millions de dollars. Les 61 millions de dollars restants correspondent à d’autres avantages fiscaux qui n’avaient pas été comptabilisés auparavant». Woodside détient une participation de 82 %
dans le projet Sangomar. La première production pétrolière a été réalisée en juin 2024. La phase 1 est un projet en eau profonde comprenant une installation Fpso autonome. Aucun commentaire n’a été fait sur la phase 2.
LA TRANSFORMATION LOCALE, MAILLON FAIBLE DE LA FILIÈRE ANACARDE
La forte production de noix d’anacarde ces dernières années profite-t-elle à la population ? La question mérite d’être agitée surtout que moins 5% de cette production atterrissent dans la transformation locale
La forte production de noix d’anacarde ces dernières années profite-t-elle à la population ? La question mérite d’être agitée surtout que moins 5% de cette production atterrissent dans la transformation locale. La quasi-totalité de cette reluisante production tombe entre les mains d’opérateurs étrangers qui exportent le produit vers l’Asie. La transformation locale reste encore faible.
La filière anacarde occupe une place centrale dans l’économie régionale. Elle se modernise de plus en plus car, de 56 mille tonnes en 2017, les exportations sont passées à plus de 90 mille tonnes aujourd’hui. Cette production d’anacarde a généré près de 95 milliards de francs CFA en 2023 selon les estimations officielles du Ministère du Commerce. La réglementation de l’exportation du produit est passée par là.
Dans la filière anacarde, les perspectives sont énormes rien que pour la chaîne de valeur, mais dans cette reluisante production, la transformation locale reste le maillon faible. La quasi-totalité de la production tombe entre les mains des opérateurs nationaux et internationaux qui l’exportent vers l’Asie, dans des pays comme l’Inde. La transformation locale des noix reste encore très faible et tourne autour de 5% même si on peut rapidement se retrouver avec plus de 200 personnes qui s’activent autour. L’une des rares unités de transformation implantée à Ziguinchor, la société de commercialisation des produits locaux (SCPL) qui employait près de 150 personnes, des jeunes et une forte présence de femmes, a presque disparu de la chaine de transformation. De petites unités de transformation sont installées çà et là mais leur capacité de transformation est encore faible, très faible même.
Les noix qui transitaient vers la Gambie éclipsaient beaucoup la quantité de produit exporté par le Sénégal car n’étant pas comptabilisées en faveur du Sénégal. Et l’interdiction d’acheminer le produit par le transport terrestre a beaucoup contribué à replacer le Sénégal dans le lot des pays exportateurs de noix d’anacarde, selon certains acteurs de la filière.
Toutefois, l’interdiction de cette décision d’exporter par voie terrestre a soulevé un levier de boucliers de la part de certains opérateurs qui avaient finalement réussi à acheminer les noix par la route. Pourvoyeur d’emplois, le secteur de l’anacarde booste l’économie régionale. En atteste la ferveur qui entoure cette campagne.
Cette année, la production est estimée à plus de 90 mille tonnes pour un montant de 60 milliards de francs CFA investi par les opérateurs nationaux et internationaux. Dans le département de Ziguinchor, la zone de fortes productions reste l’arrondissement de Niaguis. Mais, en Casamance c’est la région de Sédhiou qui mène la danse. « Aujourd’hui, il est nécessaire et urgent d’investir davantage dans les unités de transformation afin qu’elles aient un pouvoir d’achat colossal pouvant leur permettre d’aller acheter au même titre que les autres et organiser également les producteurs en coopératives», suggère un opérateur économique. Il est important de s’attaquer à d’autres sous-produits de l’anacarde, notamment la coque et la pomme. Avec la pomme, on peut faire du jus et la coque, du lubrifiant mais aussi de l’électricité. Une chaîne de valeur qui a de l’avenir. Malheureusement, toute la production est exportée vers l’Asie. Les prix sont fixés par les étrangers (Indiens) qui s’activent dans la filière, aidés par les nationaux qui jouent le plus souvent les seconds rôles dans la campagne de commercialisation des noix. L’anacarde, l’or noir de la Casamance qui génère des dizaines de milliards ; une manne financière qui retombe entre les mains d’exportateurs étrangers.
LE B-READY SUPPLANTE LE DOING BUSINESS
Un atelier d’auto-évaluation du nouveau baromètre du climat des affaires, dénommé Business Ready (B-Ready), a réuni les différentes parties prenantes et des experts locaux pour un examen préliminaire.
Un atelier d’auto-évaluation du nouveau baromètre du climat des affaires, dénommé Business Ready (B-Ready), a réuni les différentes parties prenantes et des experts locaux pour un examen préliminaire. Cet atelier s'inscrit dans le cadre de la redéfinition et du recadrage du dialogue public-privé, en vue de sceller un pacte entre l’État du Sénégal et le secteur privé, afin de bâtir un environnement des affaires compétitif à l’échelle mondiale.
Lancé en 2002, l'indice de la facilité de faire des affaires, connu sous le nom de « Doing Business », a suscité un engouement considérable mais a donné des résultats peu concluants pour des économies aspirant à une compétitivité accrue. Après 22 ans d’application de ce cadre réglementaire, celui-ci évolue désormais vers le « Business Ready » ou « B-Ready ». Ce nouveau projet phare du Groupe de la Banque mondiale vise à évaluer l’environnement mondial des affaires et de l'investissement sur une base annuelle. Tout en s'appuyant sur une approche similaire à celle de Doing Business, le projet BReady élargira son analyse en incluant un éventail plus large de facteurs, tels que la gouvernance, les infrastructures, le capital humain et l’innovation. C'est dans ce contexte qu'a débuté, mardi 27 août, et se poursuivra jusqu’au 30 août et au 3 septembre prochain, à Dakar, un atelier d’évaluation préliminaire de l’environnement des affaires, à l’intention des parties prenantes et des experts locaux, dans le cadre de la notation B-Ready. Cette deuxième série d'ateliers thématiques, faisant suite à celle organisée du 29 juin au 2 juillet dernier, qui portait sur la revue des projets de réponse des administrations, a pour objectif de finaliser les contributions des administrations et de partager les mesures à mettre en œuvre pour améliorer l’environnement des affaires et soutenir le développement du secteur privé. « Cet atelier marque une « étape cruciale dans notre démarche d’évaluation et d’amélioration continue, afin d’apporter les ajustements nécessaires avant le démarrage de cette notation B-Ready », a souligné Bakary Séga Bathily, directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX). Il a ajouté que cette évaluation représente une occasion de prendre du recul, d’analyser rigoureusement l’environnement des affaires et d’identifier les leviers de performance sur lesquels « nous devons agir ». Selon lui, cet exercice est indispensable pour repositionner notre pays en tant qu’acteur clé sur la scène économique régionale et internationale.
Ababacar Sadikh Ndiaye, conseiller du Premier ministre en charge des questions économiques, a précisé que cet atelier s’inscrit dans le cadre du « document préparatoire BReady, qui remplacera Doing Business en 2025 ». En évoquant le Business Ready, il a insisté sur l’importance de l’environnement des affaires, une préoccupation centrale des nouvelles autorités. Il a souligné en outre la nécessité de disposer d’un cadre macroéconomique robuste, de règles du jeu claires, d’une bonne gouvernance et d’un système judiciaire performant pour attirer les investisseurs. Rappelons que c'est en septembre 2021 que la direction du Groupe de la Banque mondiale a décidé de cesser la publication du rapport Doing Business, en vue de le remplacer par un nouveau projet amélioré.
EL MALICK NDIAYE PROMET DE TOUT FAIRE POUR "SAUVER" AIR SÉNÉGAL
Selon le ministre, il est hors de question de déclarer faillite et de créer une autre compagnie. "Nous allons tout faire pour redynamiser la compagnie afin de développer ce qu’on appelle la stratégie du holding", dit-il.
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a assuré, mardi, à Diamniadio (ouest), de la volonté de l’État du Sénégal, à travers le département ministériel qu’il dirige, de “tout faire” pour sauver la compagnie nationale Air Sénégal en misant sur la “stratégie du holding”.
“Il est hors de question de déclarer faillite et de créer une autre compagnie. Donc, nous allons tout faire pour sauver Air Sénégal et redynamiser la compagnie afin de développer ce qu’on appelle la stratégie du holding”, a déclaré M. Ndiaye.
Air Sénégal est une compagnie qui “doit porter un hub aérien, et non un aéroport”, a-t-il affirmé, lors de la cérémonie de clôture du séminaire préparatoire des états généraux des transports publics.
Malick Ndiaye a reconnu que la compagnie nationale se trouve dans une “situation de crise” et qu’elle traverse “d’énormes difficultés”.
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens informe que dans le but de la redresser, la tutelle a suggéré à l’entreprise d’interrompre ses liaisons sur certaines lignes où elle fait des “trafics à perte”.
Il estime qu’une compagnie “qui ne se limite qu’au transport de passagers, fait difficilement des bénéfices et ne peut être viable”.
“Nous sommes en train de payer les dettes d’Air Sénégal au niveau national et international, car nous voulons tout faire pour remettre la compagnie sur pied”, a révélé M. Ndiaye.
Il assure que l’État a entamé un processus de redynamisation de la compagnie “dans une démarche participative et inclusive”.
Créée en 2016 à la suite de la défunte compagnie Sénégal Airlines, Air Sénégal est confrontée à plusieurs difficultés qui plombent son évolution.
Dernière en date, la société américaine Carlyle Aviation a obtenu de la justice des États-Unis une ordonnance immobilisant quatre appareils qu’elle a loués.
Surendettée et confrontée à de mauvais choix stratégiques, elle fait l’objet de nombreuses récriminations de la part de ses clients qui se plaignent de retards interminables.
Pour ne rien arranger, dans la nuit du 8 au 9 mai dernier, un avion de TransAir loué par la compagnie en partance pour Bamako, a fait une sortie de piste à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass.
Quelques jours plus tard, une panne de l’un de ses appareils, sur la piste de l’aéroport John-Fitzgerald-Kennedy, est venue encore ternir un peu plus son image.
SIGNATURE D'UN PROTOCOLE D’ACCORD POUR L’ÉLECTRIFICATION DE 1 740 VILLAGES AU SÉNÉGAL
Ce projet, soutenu par un financement de 91,8 milliards de francs CFA (140 millions d’euros) et réalisé en partenariat avec AEE Power EPC, englobe 12 régions du pays, y compris l’île de Carabane en Casamance.
Le Sénégal franchit une étape majeure avec la signature d’un protocole d’accord pour un projet d’envergure nationale visant à électrifier 1 740 villages, contre 1 500 initialement prévus.
Ce projet, soutenu par un financement de 91,8 milliards de francs CFA (140 millions d’euros) et réalisé en partenariat avec AEE Power EPC, englobe 12 régions du pays, y compris l’île de Carabane en Casamance.
Ce projet apportera plusieurs bénéfices significatifs, notamment l’amélioration de la qualité de vie. Il permettra de renforcer les infrastructures communautaires telles que les écoles, dispensaires, mosquées et églises. Elle contribuera également à améliorer les services sociaux de base, comme l’éducation et la santé.
En électrifiant des villages dans diverses régions, de Diourbel à Ziguinchor, le projet vise à réduire les disparités régionales et à offrir à tous les Sénégalais un accès équitable à l’électricité.
Un accès fiable et durable à l’électricité est crucial pour stimuler les activités génératrices de revenus et soutenir le développement économique local.
Le projet inclut un programme de formation en alternance pour les jeunes dans les domaines de l’ingénierie et des métiers techniques liés à l’électrification. Cela renforcera les capacités locales et préparera la future génération à participer activement au développement du pays.
Avec 50 % du contenu du projet étant local, ce projet soutient directement les entreprises sénégalaises et favorise l’emploi local.
Ce projet d’électrification rurale est plus qu’une simple initiative d’infrastructure ; il représente un investissement dans l’avenir du Sénégal, un engagement pour un développement plus équitable et durable.
MAFIA AU CŒUR DU SYSTÈME DE L’ASSAINISSEMENT
Cheikh Tidiane Dièye a violé la loi en attribuant litigieusement les marchés publics de l’ONAS. Le Procureur de la République tient là une affaire grave qui doit être traitée avec le sérieux qui sied - COMMUNIQUÉ DE LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du parti La République des valeurs/Réewum Ngor appelant à une enquête approfondie sur l'affaire l'ONAS née de l'attribution de marchés publiques.
"La période sombre traversée, récemment, par notre pays nous rappelle constamment notre devoir citoyen de rester vigilants face à la gestion de nos gouvernants. Après avoir vécu ce traumatisme, les Sénégalais ne peuvent pas tolérer qu’une autorité étatique, quelle qu’elle soit, fasse l’objet d’accusations sérieuses d’une gestion douteuse et se soustrait à l’obligation de reddition des comptes. L’actualité relative à l’affaire de l’attribution litigieuse de marchés publics à l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) montre clairement que les hautes autorités de notre pays concourent à empêcher l’éclatement de la vérité sur ce dossier polémique. Cette affaire est par ailleurs grave parce qu’elle semble accréditer l’idée profondément ancrée dans la mentalité collective que les pouvoirs publics, en dépit des changements de régimes, conservent le même système fait de mépris des difficultés des Sénégalais et de rivalités personnelles pour des prébendes. Une analyse holistique du dossier révèle, à tout le moins, une gestion corrompue ; l’histoire, les faits et le droit convergent vers un scandale.
Il est indéniable que l’intervention du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans le dossier d’attribution de marchés publics par l’ONAS est illégale, à plusieurs égards. L’ONAS est un établissement public à caractère industriel et commercial, conformément à l’article 1er de la loi n° 96-02 du 22 février 1996. La gestion administrative et financière de l’ONAS est donc autonome. La tutelle exercée par le ministre chargé des Finances et le ministre chargé de l’Assainissement, au titre de l’article 20 du décret du 7 août 1996 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’ONAS, ne saurait servir de prétexte pour écorner cette autonomie. En vertu de l’article 2 du Code des marchés publics, l’ONAS est une autorité contractante compétente pour mener une procédure de passation de marché public. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Cheikh Tidiane Dièye, ne dispose juridiquement d’aucune prérogative lui permettant d'intervenir directement dans la procédure d’attribution de marchés publics par l’ONAS, en particulier d'en imposer l'arrêt. En dehors de l’autorité contractante, ici l’ONAS, seul le Comité de règlement des différends (CRD) de l’ARCOP (ex. ARMP) peut suspendre une procédure de passation de marché public. Il en résulte que le ministre Dièye s’est arrogé un pouvoir que la loi ne lui donne pas.
En outre, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement ne disposait pas de la compétence pour sélectionner deux entreprises en vue de l’attribution directe d’un marché public de l’ONAS. Selon l’article 77 du Code des marchés publics, « Les marchés sont passés par entente directe lorsque l’autorité contractante engage directement les discussions avec un ou plusieurs opérateurs économiques et attribue le marché au candidat qu’elle a retenu ». L’autorité contractante étant l’ONAS, le ministre Cheikh Tidiane Dièye n’avait ni le pouvoir de solliciter l’autorisation de la Direction centrale des marchés publics (DCMP), ni la compétence de choisir les entreprises attributaires. Tout l’argumentaire construit autour de l’urgence, des supposées surfacturations et de la mise en place d’une commission mixte (composée de représentants du ministère et de l’ONAS) n’y fait absolument rien. Il est évident que le ministre Cheikh Tidiane Dièye a violé la loi en attribuant litigieusement les marchés publics de l’ONAS.
Il est légitime de se poser la question des motifs qui auraient poussé Monsieur Dièye à se substituer à l’ONAS dans cette affaire. Aucun des arguments avancés pour justifier cette facturation n’est crédible. De plus, pourquoi DELTA et VICAS ? Les hauts fonctionnaires mandatés par le ministre pour porter sa parole (qui ne se gênent pas d’avouer qu’au moment de la nomination du M. Cheikh Dieng comme DG, rien n’a été entrepris à l’ONAS comme au ministère) ont essayé de justifier les capacités singulières de ces deux entreprises à exécuter les marchés litigieux dans les délais prévus sans donner un seul élément technique ; tout ce que nos hauts fonctionnaires ont trouvé à dire c’est que VICAS et DELTA en ont les capacités au regard de la présence dans les rues de la ville de leurs véhicules et de leurs agents. Désormais, toute entreprise pourra prouver ses capacités à exécuter convenablement un marché public en distribuant plusieurs tee-shirts et en louant des véhicules sur lesquels sont floqués ses marqueurs d’identité. Quel désastre !
L’histoire nous offre des révélations inattendues sur ces deux entreprises, VICAS et DELTA. Nous avons été surpris de découvrir que pendant la période 2019-2020, lorsque l’ONAS était sous la direction de M. Lansana Gagny Sakho (actuel PCA de l’APIX), beaucoup de marchés publics attribués par l’ONAS à VICAS et DELTA ont été annulés, soit par le Comité de règlement des différends de l’ARMP (aujourd’hui ARCOP), soit par la Cour suprême. Il est intéressant de constater que l’ONAS a décidé d’attribuer les marchés publics à VICAS et DELTA, parfois en ignorant les décisions des autorités compétentes.
Première affaire : Par décision n° 16/ARMP/CRD/DEF du 30 janvier 2019, le Comité de règlement des différends avait annulé l’attribution provisoire et ordonné la reprise de l’évaluation concernant un marché public de l’ONAS pour des travaux d’entretien et d’exploitation des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales à Dakar et dans les autres régions. On précisera que les cinq lots que comprenait ce contrat ont été tous attribués à VICAS et DELTA, qui avaient agi tantôt individuellement, tantôt en Groupement (DELTA/VICAS). Au lieu de reprendre l’évaluation, l’ONAS a procédé à une nouvelle publication de l’avis d’attribution provisoire des marchés aux mêmes soumissionnaires, selon les mêmes critères et dans les mêmes circonstances. Alors que rien n’a été changé par rapport à sa décision précédente, le Comité de règlement des différends valide quand même cette nouvelle attribution. N’étant pas convaincue par ce changement de position du Comité, une entreprise soumissionnaire concurrente décide d’attaquer la décision du Comité de règlement des différends devant la Cour suprême. Par un arrêt du 12 mars 2020, La société « DELGAS ASSAINISSEMENT » c/ L’autorité de régulation des marchés publics dite ARMP, la Cour suprême annule la décision litigieuse, en considérant que la nouvelle attribution du marché a été faite en méconnaissance de la loi. Ayant obtenu gain de cause auprès de la Cour suprême dont les arrêts s’imposent à toutes les parties, donc à l’ONAS ici, l’entreprise soumissionnaire lésée n’est pas encore au bout de ses peines. En effet, l’ONAS avait littéralement refusé d’exécuter l’arrêt de la Cour suprême du 12 mars 2020. L’entreprise lésée se tourne vers l’ARMP pour obtenir la soumission de l’ONAS ; mais par lettre en date du 15 mai 2020, l’ARMP répond qu’elle ne disposait d’aucun pouvoir de coercition et de sanction contre l’autorité contractante, l’ONAS. En dernier recours, l’entreprise lésée saisit la Cour suprême à nouveau pour qu’elle contraigne l’ONAS à exécuter son arrêt du 12 mars 2020. La Cour suprême rejette la requête à travers son arrêt du 2 juillet 2020, La Société « DELGAS » c/La Direction centrale des Marchés Publics dite DCMP et autres, au motif que la loi ne lui donne pas des pouvoirs pour contraindre et mettre sous astreinte l’ONAS. En somme, l’ONAS dirigé par M. Lansana Gany SAKHO avait fait dans le banditisme juridique en se soustrayant à l’exécution d’un arrêt de la Cour suprême… pour attribuer des marchés publics à VICAS et DELTA.
Seconde affaire : Il s’agit aussi de l’une des plus sombres affaires rendues publiques dans la gestion de Monsieur Sakho, en tant que DG de l’ONAS. Il faut lire la décision n°152/19/ARMP/CRD/DEF du 29 septembre 2019 du Comité de règlement des différends pour s’en rendre compte. En l’espèce, l’ONAS avait lancé un marché public de curage et de faucardage réparti en trois lots. Au terme de l’évaluation des offres (au nombre de cinq au total), l’ONAS avait proposé d’attribuer provisoirement le lot 3 à VICAS. Saisi par une entreprise soumissionnaire, le Comité de règlement des différends avait ordonné la reprise de l’évaluation des offres (décision n°034/19/ARMP/CRD/DEF du 27 février 2019). Après la réévaluation, le marché a été attribué à DELTA, le partenaire de VICAS (rappelons que sur plusieurs marchés de l’ONAS, ces deux entreprises se sont constituées en groupement pour soumissionner ensemble). Par une autre décision, le Comité de règlement des différends a ordonné l’annulation de la seconde attribution provisoire du marché et la reprise de l’évaluation (décision n°070/ARMP/CRD/DEF du 29 avril 2019). Dans cette affaire, il est curieux de constater que l’ONAS tenait coûte que coûte à attribuer le marché à VICAS ou à DELTA, alors que l’offre de leur concurrent aurait été meilleure. Ainsi, refusant de se conformer à cette dernière décision du Comité de règlement des différends, l’ONAS saisit la Direction centrale des marchés publics (DCMP) pour avis afin de classer sans suite le marché. N’ayant pas pu attribuer légalement le marché à VICAS, l’ONAS avait simplement décidé de l’abandonner. La DCMP répond par un courrier en date du 19 juin 2019 en recommandant à l’ONAS de se conformer à la décision du Comité de règlement des différends.
Il est bon de se rappeler que ces affaires rocambolesques impliquant les entreprises VICAS et DELTA ont eu lieu, alors que Monsieur Lansana Gagny Sakho était le directeur général de l’ONAS. On peut se demander qui étaient les fonctionnaires procédant aux évaluations/attributions des marchés alors invalidés par l'ARMP ? Serait-ce (en partie au moins) les mêmes qui portent la parole du ministre ?
Il est primordial de ne pas sous-estimer la probabilité qu’il y ait des lobbies qui pourraient mettre l’ONAS en échec. Deux entreprises qui ont été attributaires de l’essentiel des marchés publics de l’ONAS ces dernières années (sans résultats probants au regard de l’état des ouvrages confirmé par les inondations chroniques) ont été subitement plébiscitées en grandes entreprises capables de procéder au curage des canaux à Dakar et dans les régions en un temps record. M. Cheikh Dieng, ex. DG de l’ONAS, a pourtant fait état de l’existence de défaillances graves dans l'exécution des marchés au cours de ces dernières années.
Le Procureur de la République tient là une affaire grave qui doit être traitée avec le sérieux qui sied. Il avait fait preuve d’une diligence remarquée dans des affaires mineures pour réparer l’orgueil chatouillé du président de la République ou du Premier ministre. L’affaire qui défraie la chronique est un test bienvenu sur la volonté de rupture. Cette volonté ne saurait être que des incantations psalmodiées au cours d’Assises. La vraie rupture est d’instruire cette affaire dans la plus grande rigueur et le maximum de transparence pour redonner confiance en la Justice. Il s’agit d’une affaire grave en ce qu’elle engage les ressources publiques mais surtout, elle touche à la raison fondamentale d’être des pouvoirs publics : offrir des services de base aux populations, garantir leur confort et prévenir les maladies et épidémies qui peuvent survenir lorsque des eaux stagnent. Nous voulons bien croire à la justice de notre pays. C’est pourquoi nous avons déposé une plainte contre X au bureau du Procureur de la République le 21 août 2024.
Au-delà de la Justice, il est essentiel de mettre en place une culture de rigueur et d’orthodoxie républicaine dans notre administration. L’intégration d’une telle culture aurait évité à M. Cheikh Dieng de se lancer dans une procédure douteuse pour acquérir une voiture.
À l’endroit du président de la République et de son chef de gouvernement, nous rappelons cette paraphrase de Martin Luther King : « Soyez fidèles à vos écrits, à vos promesses et engagements d’être justes. »
par Guimba Konate
DE LA PRÉFÉRENCE NATIONALE
Entre amateurisme, gestion familiale opaque et manque de professionnalisme, les entreprises locales peinent à honorer leurs engagements. Les scandales et chantiers inachevés se multiplient, remettant en question l'efficacité de cette politique
Depuis l’avènement du duo Diomaye/Sonko aux commandes de notre pays, il est de plus en plus question de préférence nationale pour acter la rupture et favoriser les 3 J : Jubb Jubbel-Jubenti du Projet. Tout ce qu’il y a de très normal que de vouloir favoriser les champions nationaux pour construire notre pays. Jusque-là rien de bien répréhensible sauf que la préférence nationale tant déclamée et réclamée n’a jamais fait défaut dans notre pays. Beaucoup de projets et programmes ont été confiés à des entreprises nationales et dont la presque totalité s’est terminée en eau de boudin : chantiers inachevés-travaux mal faits- délais d’exécution anormalement longs pour les uns, avenants multiples pour d’autres etc., etc.
Et on ne s’est jamais posé la question du pourquoi de tous ces impairs ? Essayons de savoir ensemble…
1/ La presque totalité des entreprises sénégalaises souffrent d’une tare rédhibitoire qui est le manque de professionnalisme avéré. D’abord, nombre d’entreprises sénégalaises ou celles qui se font dénommer comme telles, sont très souvent le fait d’une personne qui en est à la fois, le créateur, le propriétaire et le gérant. Un «self made man» quoi. Et qui, même si son entreprise se développe et prend de l’envergure avec un chiffre d’affaires conséquent, répugnera toujours à chercher des partenaires associés dans l’actionnariat, préférant gérer son entreprise de façon solitaire voire familiale ou clanique. Suivez mon regard.
2/ A part quelques rares exceptions comme la Cse (Compagnie Sahélienne d’Entreprises) de Feu Aliou Sow, la Cde et le Groupe Atepa pour ce que j’en sais, on peut compter sur les doigts d’une seule main, les entreprises «sénégalaisement» sénégalaises qui peuvent se prévaloir d’une structuration aux normes d’une entreprise qui se respecte avec Ca (Conseil d’administration) Comité de direction, et des structures de management dédiées avec des directions administrative, financière, technique, du personnel, de la sécurité-hygiène et autres. Tout part du chef et tout se ramène au chef. Même des «géants» comme Sedima se complaisent dans une gestion familiale.
3/ Nos entreprises dites nationales et privées» recrutent rarement du personnel conséquent et compétent dans leur domaine d’activité. Notamment dans les Btp. A part les exceptions citées supra, rares sont les entreprises de ce secteur si important qui peuvent se targuer d’avoir un bureau d’études techniques avec des ingénieurs et techniciens hautement qualifiés pour piloter des projets d’envergure. En général, elles ont un personnel très réduit et une fois un marché décroché, se mettent à la recherche de sous-traitants et de personnel d’appoint pour exécuter leurs commandes. Elles sont légion dans ce pays et se reconnaîtront quand bien même elles refuseraient de l’admettre. Ce n’est donc pas un hasard si la plupart des chantiers confiés à des nationaux restent en l’état ou sont très mal faits. L’amateurisme est passé par là. Nos patrons locaux préfèrent gérer leurs affaires à la petite semaine utilisant du personnel taillable et corvéable à souhait et pour la plupart d’entre eux, sont rarement à jour des paiements des salaires et autres obligations sociales comme les impôts, la Tva, les cotisations sociales Ipres et Css. On a vu ici le monde de la presse pleurnicher grave pour le rappel d’impôts à payer. Ah ! S’ils (les Patrons) pouvaient comprendre que la justice et la régularité envers le personnel et la conformité avec les lois conditionnent pour une grande part, le développement et la prospérité de leur entreprise, pour sûr, ils s’y attèleraient tous. Mais, Ils préfèrent tous, aller chez le guide religieux de leur obédience et y verser des «adiya» faramineux en guise d’allégeance plutôt que de s’acquitter de leurs obligations sociales et entrepreneuriales. Voyez les moyens colossaux déployés à Touba par Monsieur 50% de préférence nationale, laissant en souffrance ses chantiers inachevés de l’aéroport Blaise Diagne. Nos entreprises dites nationales et privées ne recrutent presque pas. Et si elles le font ce sont des Cdd à n’en plus finir et très rarement des Cdi même pour un certain personnel qui peut rester plus de dix ans sans avancement ni plan de carrière et autres.
4/ En réalité, nos entrepreneurs n’entreprennent pas. Et sans jeu de mots, ils entrent et ils prennent. En effet, avec l’aide de leurs réseaux de relations et autres connivences à presque tous les niveaux, politiques, religieux, socio-économiques et autres, ils arrivent avec des complices tapis dans les dédales des structures étatiques, à capter les affaires juteuses. Ils entrent (dans une affaire) et y prennent (leurs parts). Et forts de leur impunité pour avoir payé l’écot au «porteur d’affaires», ils sabotent littéralement l’exécution des termes des marchés conclus. C’est ce qui explique en partie les indélicatesses notées dans nombre de scandales comme le plan Covid-19, le Prodac, etc.
5/ La plupart de ceux qui se prévalent «entrepreneurs» et qui très souvent font beaucoup de bruit autour d’associations, de patronats ou de groupements d’hommes d’affaires sont de parfaits inconnus dans le monde réel du travail et de l’entrepreneuriat. Ils trustent les présidences et autres postes de responsabilité sans être en mesure de vous montrer une seule usine ou une seule entreprise qu’ils auraient créée et qu’ils sont en train de manager. De véritables usurpateurs qui sont en réalité de redoutables escrocs. Experts dans l’art de l’infiltration et du trafic d’influence, ils squattent les endroits chics et organisent régulièrement des soirées et dîners de gala festifs pour y décerner des prix de pacotille (Cauris, Sedar et autres) à de vrais managers qui se seront laissés plumer en toute beauté en acceptant de payer au prix fort ces trophées en toc, véritables colifichets désuets dans une innocence complice. Ils sont là et se reconnaissent très bien tout en étant très bien connus de tout le monde. Mais on laisse faire dans un système de falsification et d’imposture laxiste. Du vrai ponce pilatisme. Ne suivez pas mon regard deh.
6/ Dès lors, comment peut-il être étonnant que les scandales dans les commandes publiques allouées aux entrepreneurs nationaux se suivent et se multiplient sans cesse dans tous les domaines ?
Quelques rappels de «l’expertise» et des «hauts faits d’armes» de nos capitaines d’industrie nationaux.
Le Building administratif qui, d’avenant en avenant, est passé de huit milliards à plus de quinze milliards et qui peine toujours à être achevé et livré définitivement plus de dix ans après le démarrage des chantiers. L’hôpital de Fatick qui aura mis plus de 10 ans sans être jamais terminé. Et ce n’est pas Mballo Dia Thiam de «And Guesseum» qui va me démentir. Le Mémorial «Le Joola» qui aura mis plus de vingt ans avant d’être finalisé tandis que le Mémorial de Gorée, l’autre combat épique du «lauréat des prix de la poésie francophone», reste encore à l’état larvaire plus de vingt ans après son lancement. L’état d’exécution du stade de Sédhiou qui n’a pas fini de scandaliser la ministre des Sports, le scandale des semences et tant, tant d’autres chantiers, commandes et marchés dont les affairistes et entrepreneurs autoproclamés se sont emparés et en véritables sangsues, les ont littéralement sabotés et sabordés sans état d’âme aucun. Tous, tant qu’ils sont, une fois, l’avance de démarrage d’un marché de travaux de chantiers, de fournitures ou de toutes autres prestations de service, encaissée , ils s’empressent de se rendre chez leur marabout pour payer leur dîme, se coltiner pour certains, une nouvelle épouse et pour d’autres se payer un véhicule haut de gamme pour marquer leur entrée dans «la cour des Grands»… Cour des grands voleurs. Oui. Mais Allah ne dort pas et veille toujours. Ainsi, toute entreprise assise sur l’injustice, la roublardise, le vol, la concussion et autres «taf yenguel» ou «ndjoutt ndiath» est inexorablement vouée à la décrépitude et à la faillite. irrémédiablement.
Toujours dans ce chapitre «des exceptions sénégalaises», on peut y classer les attitudes inqualifiables des transporteurs qui, malgré l’avertissement gouvernemental lors de la Tabaski, n’ont eu aucun scrupule à revenir à leurs manœuvres délictuelles voire criminelles en augmentant encore à l’excès, les prix des transports lors du Magal de Touba et sans aucun état d’âme. Et les voilà. Tout contents d’entasser les voyageurs dans des guimbardes d’un autre âge, et de rouler à plein gaz sur nos routes en mauvais état, pour assouvir leur cupidité vorace au mépris des accidents mortels causés par leur faute. Terrible.
Dans le même registre du manque de patriotisme et de compassion pour les populations, on peut y ranger les comportements cupides des marchands des marchés qui n’hésitent pas à chaque occasion, de créer des pénuries artificielles de certaines denrées alimentaires pour ensuite les vendre à des prix prohibitifs. L’illustration la plus parfaite de cette attitude de sans cœur est celle des producteurs d’oignons. Une fois, ils réclament à cor et à cri l’arrêt des importations d’oignons pour, disent-ils, écouler leurs productions locales. Dès que la mesure est prise par les pouvoirs publics, ils n’hésitent pas à vendre leurs produits à des prix prohibitifs sans aucune compassion pour les populations déjà durement éprouvées.
Et si le gouvernement reprend les importations pour soulager les populations, ils ne vont pas hésiter à aller jusqu’à creuser de très grandes fosses pour y enterrer leurs oignons plutôt que de devoir les vendre à des prix acceptables aux clients. Comme ils l’ont déjà fait par le passé pour marquer leur dépit, quelle méchanceté !
Au regard de toutes ces pratiques de filouterie de haut vol et tant d’autres auxquelles s’adonnent ceux qui veulent toujours pouvoir être bénéficiaires de la préférence nationale sans jamais donner satisfaction, n’est-il pas temps pour les pouvoirs publics de revoir ce concept de préférence nationale pour bien l’encadrer et faire affaire avec ceux qui veulent travailler, encore travailler toujours travailler et surtout bien travailler pour l’intérêt national plutôt que de contribuer à entretenir une race d’aigrefins dont le seul mérite est d’être sénégalais ?
La question mérite d’être posée.
Pour la réalisation du projet, cela aussi doit changer dans les 3J : du jubb, du jubbel et du jubbenti . Rekk. Jajeffetti.
Dieu nous garde et garde le Sénégal
L'OR DE LA FALÉMÉ SE PAIE AU PRIX FORT
L'exploitation du métal précieux le long du fleuve engendre une catastrophe environnementale et sanitaire majeure. Mercure, cyanure, arsenic : un cocktail toxique empoisonne eaux et sols, mettant en péril la santé des populations et la biodiversité
L’orpaillage à grande échelle sur la Falémé, à l’origine d’une forte pollution du fleuve, affecte l’écosystème, la pêche et l’agriculture, dénoncent des populations riveraines du principal affluent du fleuve Sénégal.
Les animaux sont en voie de disparition et ne boivent plus l’eau du fleuve devenue impropre, s’inquiète Kama Dansokho, président des jeunes du village de Kolia. Il ajoute que les autorités sénégalaises et maliennes sont au courant de cette situation.
Les nappes phréatiques sont pratiquement contaminées par les produits toxiques. Ce qui impacte la santé des populations, surtout les femmes enceintes, fulmine-t-il.
‘’Plusieurs villages” ne bénéficient pas d’opérations de pulvérisation contre les moustiques, et pire encore, “d’autres sont enclavés et n’ont pas de poste de santé pour des soins médicaux”. En raison de cet état de fait, déclare-t-il, “les populations se soignent dans les postes de santé clandestins au Mali’’.
Le directeur du centre anti-poison au ministère de la Santé et de l’Action sociale, Professeur Mamadou Fall, a réalisé une enquête sur des personnes atteintes par les effets de l’exposition au mercure et souffrant de paralysie flasque. Il a mené cette enquête dans le cadre d’une mission de santé dans la zone de la Falémé située dans le département de Saraya.
‘’Au moins une dizaine de personnes, surtout des enfants vivant aux abords de la Falémé, sont atteintes de mercure, et deux femmes enceintes sont décédées, il y a de cela deux ans. Récemment, le mercure et le cyanure avaient même atteint le bétail qui boitait’’, a relevé le toxicologue.
Le Professeur Mamadou Fall alerte aussi sur de la présence de l’arsenic, ‘’un produit très dangereux’’ pour la santé des personnes, sur le sol de la Falémé.
‘’Cet arsenic peut se libérer du sol et contaminer les nappes phréatiques. C’est un produit qui n’a ni goût ni odeur. La population de la Falémé peut consommer une eau contenant de l’arsenic, sans s’en rendre compte’’, prévient le spécialiste.
Il a sensibilisé le personnel médical communautaire sur les risques liés à l’utilisation du mercure et du cyanure dans les eaux et à l’aire libre. Il l’invite à recommander aux populations locales de faire des analyses médicales.
‘’Il y a un problème sanitaire et de désastre écologique qui se pose au niveau de la zone Falémé, et il est nécessaire que les populations fassent des analyses, pour voir si elles ne sont pas atteintes’’, suggère-t-il. Il signale que ‘’des études cliniques ont détecté la présence des métaux polluants très toxiques dans les corps des orpailleurs’’.
”Des traces de produits chimiques, de métaux lourds’’
Le chef de la division de l’environnement et des établissements classés (Dreec), Maurice Coly Ndior, affirme que les activités menées ne respectent pas les obligations légales. Les entreprises semi-mécanisées et l’orpaillage à grande échelle au niveau de la Falémé ne respectent pas la sécurité et la distance environnementale et sociale, déplore-t-il.
‘’C’est une activité qui n’est pas contrôlée du point de vue environnemental, puisqu’il n’y a aucun contrat liant l’administration environnementale à ces exploitants semi mécanisés (…)’’, fait-il observer. S’y ajoute selon lui ‘’l’usage des produits prohibés, comme le mercure et les acides, et à côté, des bassins de cyanuration au niveau de la Falémé’’.
Déplorant la pollution de la Falémé, il fait état de la présence de ‘’traces de produits chimiques, de métaux lourds partout au niveau de la Falémé’’, un affluent du fleuve Sénégal qui alimente le lac de Guiers, la principale source d’alimentation en eau potable de la région de Dakar. A l’en croire, ces métaux peuvent avoir des conséquences sanitaires, à travers notamment la consommation de l’eau et d’autres produits naturels.
L’agriculture et la pêche au ralenti
L’utilisation des produits chimiques et des acides a réduit les activités agricoles et de l’élevage, dans toute la zone de la Falémé, ajoute le chef de la division régionale de l’environnement.
Les poissons sont devenus très rares à cause des activités polluantes des orpailleurs qui détruisent en même temps les périmètres maraîchers des groupements de femmes au bord du fleuve, dans la zone de la frontalière située vers Moussala.
‘’Il n’y a plus de poissons dans le fleuve à cause de l’utilisation des machines et des produits toxiques’’, alerte Bamba Toué, pêcheur à Faranding. Il en est de même pour les hippopotames et les crocodiles, fait-il remarquer.
C’est la pêche qui lui permettait de nourrir sa famille et d’acheter des machines et des produits agricoles pour cultiver pendant hivernage. ‘’Actuellement, on ne peut pas faire de la pêche. Tout est pollué’’, s’indigne-t-il.
Kémokho Sissoko, pêcheur et père de sept enfants, est en train de subir le même sort que Bemba Touré. L’orpaillage clandestin a fait disparaître la pêche fluviale, une activité héritée de ses parents. Très nostalgique, il raconte que le fleuve était très poissonneux. Il était également peuplé d’autres espèces, comme les crocodiles et les hippopotames.
Sina Conta, un pécheur malien rencontré sur la rive sénégalaise de la Falémé, déplore lui aussi la raréfaction des poissons à cause du dragage du cours d’eau et des produits toxiques.
Il déclare que pour le traitement de l’or, une importante quantité d’eau est puisée du fleuve, laquelle est ensuite rejetée et déversée ”dans le lit de la Falémé’’. Selon lui, les produits utilisés agressent la nature et s’infiltrent ‘’dans la nappe souterraine sans ouvrage de suivi’’, comme le piézomètre.
Les orpailleurs traditionnels sont pour la plupart installés sur des sites situés au bord de la Falémé, où ils réalisent des forages, précise M. Diop.
Selon lui, ‘’l’eau ayant servi au traitement de l’or est déversée librement dans la nature’’. Il ajoute qu’’’un important lot de machines cracheuses servent à broyer finement et à malaxer les couches du sous-sol contenant de l’or’’. Ces machines consomment une ‘’importante’’ quantité de gasoil et de lubrifiants. Des produits qui ‘’s’échappent vers les cours d’eau et dans la nature’’.
Le chef de la brigade des ressources en eau de Tambacounda et de Kédougou précise que la commune de Missirah Sirimana compte 164 forages recensés dans 11 villages situés le long de la Falémé.
Le constat est le même dans la commune de Tomboronkoto où des ressortissants chinois et les orpailleurs traditionnels sont installés au bord du fleuve Gambie. Ils procèdent au dragage de cours d’eau et creusent le sol à la recherche du métal jaune.
Les villages de Tambanoumouya et de Kerekonko abritent l’entreprise Noga Mine et une autre entreprise chinoise dénommée Cilaze mine, qui pratiquent un orpaillage semi mécanisé au bord du fleuve. Ils creusent des galeries partout à la recherche du métal jaune.
‘’Ils sont installés à côté du fleuve, parce qu’ils ont creusé de gros trous avec de gros engins et de machines cracheuses. Maintenant, ils tirent l’eau du fleuve pour laver l’or. Après, ils déversent les produits chimiques dans les profondeurs et dans la nature. Et il n’y a plus d’eau dans ces localités’’, dénonce Doudou Dione Dramé, lanceur d’alerte dans la commune de Tomboronkoto.
HAROUNA DIA ET COMPAGNIE DÉMONTRENT LA PUISSANCE DU SECTEUR PRIVE NATIONAL
Il symbolise une victoire éclatante des hommes d’affaires que sont Harouna Dia, Moustapha Ndiaye, Abdoulaye Dia, Khadim Bâ et l’ancien ministre Samuel Sarr, avec le premier allumage de la centrale du Cap des Biches dans la ville de Rufisque, au Sénégal
Le jeudi 22 août 2024 a été un jour historique pour le Sénégal et surtout pour le secteur privé national. Car il symbolise une victoire éclatante des hommes d’affaires que sont Harouna Dia, Moustapha Ndiaye, Abdoulaye Dia, Khadim Bâ et l’ancien ministre Samuel Sarr, avec le premier allumage de la centrale du Cap des Biches dans la ville de Rufisque, au Sénégal. D’un coût global de 230 milliards de FCFA, ce projet de West African Energy (WAE) vise à doter le Sénégal d’une centrale électrique de 300 MW, destinée à vendre de l’énergie à la Senelec.
Le milliardaire sénégalais Harouna Dia et ses collaborateurs sont sur le point de réussir leur pari. Et pour cause, la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) et West African Energy (WAE) ont effectué jeudi dernier le premier allumage de la centrale du Cap des Biches dans la ville de Rufisque au Sénégal. D’un coût global de 230 milliards de FCFA, ce projet très ambitieux vise à doter le Sénégal d’une centrale électrique de 300 MW, destinée à vendre de l’énergie à la Senelec.
Prenant la parole à l’occasion de la cérémonie, un des promoteurs de ce projet, l’ancien ministre Samuel Sarr, a déclaré : «Une centrale électrique de ce genre est réalisée en Afrique après 6 ans de travaux. Mais ici, Dieu nous a aidés à la réaliser en 3 ans et 6 mois. Cette prouesse a été possible grâce à l’engagement de notre équipe et aux ingénieurs de Senelec. C’est un projet de Senelec et de West African Energy à la fois. Ce projet a été réalisé avec le concours de plusieurs actionnaires tels que l’homme d’affaires Harouna Dia, Moustapha Ndiaye (importateur de riz), Abdoulaye Dia (patron de Senico), et Khadim Bâ (DG de Locafrique). Tous ces actionnaires nous ont fait confiance en investissant leur argent dans le projet. Et c’est avec cet argent que nous avons pu mobiliser les 283 milliards de francs Cfa. Donc, sans eux et sans Senelec, ce projet n’allait pas aboutir.»
Lors de sa prise de parole, le patron de la Senelec, Papa Toby Gaye a indiqué : «Nous sommes juste venus pour une visite technique pour nous enquérir de l’état d’avancement de ce projet qui est important. Comme vous le savez, nous allons vers la pointe au mois d’octobre et ce projet va participer à résorber la forte demande en électricité. Donc, le premier objectif était de s’assurer que nous serons dans les délais pour que le projet puisse y participer. Pour ce projet, du début à la fin, de l’appel d’offre au financement, il n’y a pas, en tout cas, une seule activité qui n’a pas été faite avec les agents de Senelec. C’est un projet que nous connaissons parce que nous l’avons suivi du début à la fin »
Il faut rappeler que ce projet est financé à hauteur de 283 milliards de francs CFA et représente le plus grand investissement réalisé au Sénégal dans le sous-secteur de l’électricité.
FINANCE A 100% PAR DES SENEGALAIS
A travers cette centrale, Senelec tient à montrer à ses clients qu’elle ne cesse de tout mettre en œuvre pour réduire les coûts de production avec un mix énergétique qui tourne autour de 33% de la capacité de production du pays.
L’autre aspect du projet est également de faciliter la transition vers le programme «Gaz to Power». Ce programme permettra à la société d’électricité d’utiliser le gaz local pour produire de l’électricité bon marché au bénéfice de ses clients, des populations et de rendre plus compétitives les entreprises implantées dans le pays.
Financé à 100% par des Sénégalais, le projet de la centrale de West African Energy témoigne ainsi de la vision de l’ancien Président Macky Sall qui consiste à mettre à la disposition des Sénégalais une énergie en quantité et en qualité suffisantes. Car, l’objectif du Plan Sénégal Émergent (PSE) est de ramener le prix du kW/h à 85 F CFA à l’horizon 2035.Ilfaut rappeler que Senelec dispose de 15% dans le capital de WAE qui va couvrir environ 25% du parc de production du pays.