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2 décembre 2024
Economie
LES PREMIERS BARILS SUSCITENT L’ESPOIR DES SÉNÉGALAIS
La population nourrit de grandes attentes mais aussi certaines craintes que suscitent les risques de mauvaise gouvernance ou de malédiction des ressources
Le Sénégal a extrait son premier baril de pétrole il y a quelques jours. Après plusieurs années d’attente, le pays de la Téranga entre dans le cercle fermé des producteurs d’or noir. Il espère atteindre une production de 100 000 barils par jour. Ce qui devrait permettre de générer des milliards de dollars de revenus et d’accélérer le développement du pays. Ces perspectives suscitent un enthousiasme parmi les Sénégalais, même si certains de nos compatriotes restent sceptiques.
La date du 11 juin 2024 restera gravée dans l’histoire du Sénégal. Après une longue attente de plus d’une décennie, une nouvelle ère s’ouvre pour le pays. L’annonce du début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar (à 100 km de Dakar) a été largement commentée sur les réseaux sociaux. L’intérêt est vivace, et l’espoir est palpable chez les populations !
Sur l’avenue Papa Guèye Fall, le trafic routier est dense malgré les feux de signalisation. Les piétons se précipitent pour rejoindre la gare du BRT (Bus Rapid Transit), la nouvelle attraction des Dakarois. Amadou Dione attend patiemment un bus pour rejoindre la banlieue. Partisan indéfectible du gouvernement actuel, il soutient que l’extraction du premier baril de pétrole arrive au bon moment. « La situation économique est actuellement difficile. L’attente a été très longue. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page qui s’ouvre. Espérons que ce soit la meilleure pour notre cher pays », se réjouit-il. D’après lui, la manne financière générée par l’exploitation pétrolière doit être « bien gérée » par les gouvernants.
Au Marché Sandaga, c’est le grand rush comme d’habitude. Dans ce grand désordre où se côtoient commerçants, acheteurs, badauds, mécaniciens et gargotières, le début de l’exploitation de l’or noir n’est pas passé inaperçu. Beaucoup y voient un signe d’espoir. Sur une travée du marché, Ndongo Diop, 35 ans, s’active à ranger ses bagages. Aux murs de son magasin, des effigies des marabouts de la confrérie mouride. Pour lui, une gestion transparente des ressources pétrolières doit primer sur tout. « Plusieurs pays ont basculé dans des conflits à cause du pétrole. La question d’un partage équitable de la rente pétrolière doit être plus que jamais un leitmotiv pour éviter les frustrations », avertit-il d’un ton nasillard.
Sur la rue Fleurus, Mamadou Mbengue, sueur dégoulinant sur son visage à cause de la forte canicule, accepte de lâcher quelques mots. Ce qui préoccupe les Sénégalais, explique-t-il, c’est la transparence. « Vu les scandales qui se sont succédé avec les régimes des Présidents Wade et Macky Sall, il faut suivre de près l’utilisation des recettes issues de l’exploitation du pétrole », met-il en garde. L’affaire Pétrotim, souligne-t-il, est une illustration parfaite de ce qui guette notre pays en matière de mauvaise gouvernance des ressources hydrauliques. « Toutes les données qui tournent autour de l’exploitation du pétrole et du gaz doivent être rendues publiques. C’est la meilleure façon pour les autorités de montrer leur bonne foi », insiste-t-il. « Où est passé l’argent issu de l’exploitation de l’or de Sabadola ou encore du zircon à Diogo ? », s’interroge-t-il. À l’image des pays du Golfe Persique, dit Mamadou, le pays doit également songer à accélérer son développement.
À côté de lui, Assane Ndiaye, 40 ans, se félicite du démarrage de l’exploitation de l’or noir. Il s’attend à une utilisation « rationnelle » des fonds. « Comme beaucoup de pays exportateurs de pétrole, nos dirigeants doivent dès maintenant songer à investir dans des secteurs clés porteurs de développement comme l’agriculture, l’éducation et l’élevage », conseille-t-il. Ce qui permettra d’éviter une dépendance excessive au pétrole.
Pour Dior Thiam, l’enjeu est de résoudre l’équation de l’emploi des jeunes. Cette étudiante en marketing se dit « rassurée » après l’annonce du début de la production de pétrole après plusieurs reports. Elle appelle les décideurs à financer des projets fructueux pour la jeunesse. « L’exploitation des hydrocarbures n’est pas éternelle. Nous en disposons peu par rapport aux pays arabes du Golfe. Le mieux est d’en profiter pour développer des programmes visant à résoudre le chômage des jeunes », conseille cette femme âgée d’une trentaine d’années
À quelques pas de là, Ousmane Sakho tient une agence de voyage. Les bonnes nouvelles du large lui sont parvenues. Selon lui, c’est une « aubaine » pour résoudre certains problèmes qui plombent le quotidien des « gorgorlu ». « Avec nos parts issues de l’exploitation du pétrole, nous pouvons arrêter d’importer du fuel pour nos centrales électriques »,suggère-t-il. Ce qui se traduira par une baisse des coûts de l’électricité. D’après le quarantenaire, la manne pétrolière peut permettre de subventionner certains produits alimentaires. « Malgré la baisse des prix de certains produits de première nécessité, l’État peut aller plus loin avec l’argent issu des hydrocarbures », avance Ousmane pour qui le vrai enjeu est de financer l’autosuffisance alimentaire.
Eviter la malédiction du pétrole
À la place de l’Indépendance, le trafic est intense. Sur les bancs en fer, plusieurs personnes sont assises, visiblement protégées des rayons solaires qui illuminent les immeubles du Plateau en cette après-midi. Cheikh Sy feuillette tranquillement son journal. Le sexagénaire est au diapason de l’actualité. Malgré l’enthousiasme autour du premier baril, il préfère rester prudent. « Il ne faut pas crier victoire trop vite. Le pétrole est souvent synonyme d’instabilité », avertit ce fonctionnaire à la retraite. Selon lui, les autorités doivent être vigilantes. Le pétrole a plongé plusieurs pays dans l’instabilité. L’Irak et la Libye en sont des exemples patents. Il est essentiel, ajoute-t-il, que les retombées profitent à tous. « Les erreurs commises dans l’est du Sénégal ne doivent plus se répéter. Pour cela, une distribution équitable des bénéfices doit être une priorité des autorités », précise Cheikh, soulignant que la visite de Diomaye sur la plate-forme de Sangomar est un signe positif quant à l’intention réelle des autorités actuelles.
Pour Mor Sarr, « une gestion sobre et vertueuse » de la rente pétrolière est un gage pour éviter « la malédiction du pétrole ». Selon lui, il faut s’inspirer des politiques de distribution des richesses en vigueur dans les pays arabes du Golfe pour étouffer les frustrations. « L’argent du pétrole ne doit pas servir seulement à construire des routes et des ponts, mais il faut que les localités les plus reculées en profitent pour réduire les disparités territoriales », soutient notre interlocuteur. Avec les autorités qui ont fait de la transparence sur la question des ressources naturelles leur maître-mot, croisons les doigts !
DEPUIS 1990, IL N'Y A PLUS DE VERITABLE POLITIQUE PUBLIQUE D'EMPLOIS DECENTS
Selon Tamba Danfakha, le président de la Coalition Priorité Emploi, seul le gouvernement du président Abdou Diouf a réussi à mettre en place une stratégie innovante pour promouvoir l’emploi des jeunes
Les différentes politiques notamment d’emploi des jeunes des différents régimes ne sont pas à la hauteur de la demande. Selon Tamba Danfakha, le président de la Coalition Priorité Emploi, interrogé par la Rédaction de Sud Quotidien, seul le gouvernement du président Abdou Diouf a réussi à mettre en place une stratégie innovante pour promouvoir l’emploi des jeunes. Entretien !
On a constaté une vague de déguerpissement des marchés ces derniers temps. Quelles sont les conséquences de ces opérations ?
Les opérations qui sont en cours visent à libérer les trottoirs, les rues et les grandes artères qui sont irrégulièrement occupés par différents agents économiques, notamment les marchands ambulants et les tabliers. C’est, donc, une opération salutaire et à encourager car le désordre ne saurait être une manière de vivre dans aucun pays digne de ce nom. Par conséquent, les avantages escomptés sont énormes : circulation plus fluide, salubrité et sécurité pour les riverains. Les dégâts collatéraux produisent, cependant, des inconvénients comme la perte des emplois existants qui, même s’ils sont précaires, n’en constituent pas moins des sources de revenus pour des populations aux quotidiens difficiles. C’est, entre autres, cet inconvénient qui crée la colère chez les impactés, colère qui, à juste raison, est amplifiée par les opposants du pouvoir actuel. Par conséquent, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a bien raison de parler de mesures d’accompagnement. Hélas ! L’Administration sénégalaise n’est pas assez bien préparée pour faire des choses légales et légitimes, avec bienveillance. Si les nouvelles autorités veulent résoudre durablement le problème des occupations irrégulières, elles devraient faire preuve de plus d’imagination.
L’emploi des jeunes demeure un enjeu majeur. Quelle est la meilleure formule pour prendre en charge ce problème ?
L’emploi est, selon une ancienne enquête de l’Agence nationale de Démographie et de statistiques ou ANSD, la première préoccupation des sénégalais. Dans les pays qui nous servent de références, les chômeurs représentent rarement plus de 10% de la population actuelle ; c’est donc un problème d’une minorité et pour y faire face ces Etats conçoivent des politiques sociales. Au Sénégal, les chômeurs, au sens légal de l’emploi, peuvent être estimés à au moins 54% de la population active. Et donc, il faudrait des politiques économiques vigoureuses et non sociales. Il faudrait, donc, repenser l’économie ou ce que nous appelons économie, dans notre pays, avec un Etat souverain qui recrute, progressivement, au moins 20% des personnes actives dans la fonction publique et qui crée un environnement favorable à l’entrepreneuriat et au privé national. Pour ce faire, il faudrait une souveraineté monétaire car aucun Etat sérieux ne devrait s’endetter pour payer les salaires de ses agents et aucun Etat ne peut être respecté s’il n’a pas assez d’employés.
Comment analysez-vous les politiques d’emploi initiées par les différents régimes ?
En dehors de l’opération maitrisards des années 80, avec le président Abdou Diouf, il n’y a pas eu, dans notre pays, une véritable politique publique d’emplois décents. L’échec relatif de cette opération n’a pas permis d’apprendre des leçons qui auraient pu servir par la suite. De sorte que, du début des années 90 à nos jours, on a jamais fait que du pilotage à vue, aucune réflexion globale n’a été (faite) et, par conséquent, le chômage n’a fait que croître. Nous avons, aujourd’hui, plus de 300.000 nouveaux demandeurs d’emplois qui arrivent chaque année au Sénégal et moins de 10% trouvent un emploi. Ce n’est donc pas étonnant que les différents échecs des différents gouvernements, dans la lutte contre le chômage, aient pu faire du Sénégal un pays tristement célèbre avec ses vagues d’émigration suicidaires.
Le nouveau gouvernement veut miser sur la Délégation à l’Entreprenariat Rapide (DER) pour le financement des jeunes. La DER peut-elle servir de bon exemple ?
La DER-FJ est une des solutions possibles, qui a un personnel très qualifié et aux méthodes d’intervention modernes et ils ont envie d’être utiles. Mais, je ne crois pas qu’elle soit apte à répondre aux besoins de financement des porteurs de projets de notre pays. D’abord, parce que le crédit est un métier qui est celui des banques et des organismes financiers, pas celui de l’Etat ou d’un de ses démembrements. L’échec, donc la possibilité de ne pas rembourser le prêt, est une possibilité courante dans l’entrepreneuriat. Même à la Silicon Valley, «La Mecque des entrepreneurs», le taux de faillite pour de nouvelles créations d’entreprises est de 70%. Or, manifestement, c’est un aspect que la DER-FJ ne semble pas prendre en compte. Ensuite, la DER FJ n’a pas les ressources financières suffisantes pour faire face aux demandes de financement qui lui sont soumises. Avec plus de 600.000 demandes de financement reçues et, selon les hypothèses mêmes de la DER-FJ, à raison de 3 millions de francs CFA pour créer un emploi (pour moi il en faut au moins 5 millions de francs CFA), il aurait fallu au moins 540 milliards de francs CFA pour satisfaire 180.000 ou 30% du total. Or, depuis sa création, la DER-FJ n’a, mal, investi que 125 milliards de francs CFA dans le crédit, la garantie ou l’accompagnement. Et, enfin, la politisation de la DER-FJ est son principal talon d’Achille, c’est ça qui a fait d’elle la championne du nano crédit qui est une stratégie de survie pour les populations mais (pas) une stratégie entrepreneuriale apte à créer des emplois décents..
Quelles sont les risques de l’oisiveté des jeunes ?
La jeunesse ne peut pas rester sans rien faire. Et si les adultes ne leur trouvent pas des occupations saines, elle finira par trouver ses propres occupations ou se laisser entraîner par des marchands d’illusions qui l’utiliseront contre sa propre communauté. Mais, l’oisiveté de la jeunesse est un énorme gaspillage pour notre pays qui consacre d’énormes ressources pour l’éducation de sa jeunesse, mais laisse celle-ci en jachère ou à l’abandon.
Que doivent faire les autorités pour une bonne prise en charge de l’emploi des jeunes ?
Les nouvelles autorités doivent trouver les moyens de donner l’exemple, en recrutant massivement dans la fonction publique, en faisant la promotion du secteur privé national et, surtout, en responsabilisant la jeunesse. Car c’est elle qui a les capacités d’inventer les solutions les plus originales à ses propres problèmes et à ceux de nos populations. Pour ce faire, il faut que l’Etat crée les conditions culturelles, mentales, économiques et psychologiques favorables à l’initiative individuelle
10.843.467 PERSONNES, SOIT 61,3% DE LA POPULATION EN AGE DE TRAVAILLER
Les résultats du cinquième (5e) Recensement général de la population de l’habitat (RGPH-5, 2023) publiés par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), montre que plus de 10 millions de sénégalais sont en âge de travailler.
Les résultats du cinquième (5e) Recensement général de la population de l’habitat (RGPH-5, 2023) publiés avant-hier, mardi 9 juillet 2024, par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), montre que plus de 10 millions de sénégalais sont en âge de travailler. Ils représentent 61,3% de la population. La population active est en majorité féminine et est concentrée dans les centres urbains.
Au Sénégal, la population en âge de travailler (ou les actifs potentiels), âgée de 15 ans ou plus, est estimée à 10.843.467 personnes ; soit 61,3% de la population sénégalaise. Elle est majoritairement composée de femmes (51,2%) et est plus concentrée en milieu urbain (58,6%). Cette population est inégalement répartie dans les régions. En effet, la région de Dakar concentre 25,6% des actifs potentiels du Sénégal et 44,6% de ceux résidant en milieu urbain. Les régions de Thiès (14,0%) et de Diourbel (10,9%) accueillent également des parts importantes de la population potentiellement active. Ces trois régions regroupent un peu plus de la moitié (50,5%) de la population totale en âge de travailler dont 70,7% habitent en milieu urbain. Par ailleurs, la population rurale en âge de travailler est plus concentrée dans les régions de Thiès (13,7%), Louga (10,4%) et Kaolack (9,7%). Les plus faibles effectifs d’actifs potentiels se trouvent dans les régions de Kédougou (1,3%), Sédhiou (2,9%) et Ziguinchor (3,5%). Dans toutes les régions, la population en âge de travailler est à dominante féminine et est plus concentrée en milieu urbain.
Les résultats montrent qu’en 2023, la moitié des Sénégalais en âge de travailler est active, indépendamment du milieu de résidence. Le taux d’activité des hommes (62,4%) est largement supérieur à celui des femmes (42,5%). Le taux d'occupation habituelle, représentant la proportion de personnes habituellement occupées par rapport à la population en âge de travailler, est estimé à 33,7%.
Les hommes affichent un taux d'occupation de 48,2%, nettement supérieur à celui des femmes (19,8%). Au niveau régional, Dakar présente le taux d'occupation le plus élevé (45,0%), suivie de Thiès (36,7%). Les individus ayant suivi une formation informelle présentent un taux d’occupation de 66,0%, supérieur à ceux ayant suivi une formation formelle (50,2%). Par conséquent, près de la moitié des individus ayant suivi une formation formelle ne sont pas occupés. Les résultats du RGPH-5 indiquent que le pourcentage des jeunes âgés de 15-24 ans ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET1), est de 46,8%.
Par ailleurs, ce pourcentage de NEET est plus élevé chez les femmes (55,2%) que chez les hommes (38,0%). La répartition régionale montre que les régions de Matam (63,3%), Tambacounda (59,9%) et Kédougou (59,8%) affichent le pourcentage de NEET le plus élevé. Tandis que la région de Dakar enregistre le pourcentage de NEET le plus faible. Par ailleurs, pour l’ensemble des régions, les femmes ont des pourcentages de NEET les plus élevés. De plus, le pourcentage de NEET est plus élevé en milieu rural (54,9%) qu’en milieu urbain (40,3%).
S’agissant de la population inactive, elle est constituée principalement par les femmes occupées au foyer (35,1%) et les élèves/étudiants (31,5%). Ainsi, un peu plus de 6 personnes inactives sur 10 (61,1%) sont des femmes. Parmi les inactifs, 64,0% ont moins de 35 ans, dont 44,7% moins de 25 ans. Par ailleurs, 8,7% des enfants âgés de 6 à 14 ans sont impliqués dans des activités économiques.
Autre information du RGPH-5, le travail des enfants est plus fréquent chez les garçons (10,4%) que chez les filles (7,0%). Au niveau régional, il est plus répandu dans les régions de Kaffrine (18,9%) et Tambacounda (16,0%) et touche davantage les enfants qui n'ont jamais fréquenté l'école (24,8%), comparativement à ceux qui ont fréquenté l'école (11,6%) et ceux qui sont actuellement scolarisés (1,5%).
Enfin, l’analyse des activités économiques révèle que le secteur tertiaire est dominant au Sénégal. Il emploie 50,0% des actifs, suivi du secteur primaire (33,8%) et du secteur secondaire (16,2%). La majorité des actifs (64,0%) sont des travailleurs indépendants, tandis que les salariés représentent 16,1%, répartis entre 12,1% de permanents et 4,0% de temporaires. En ce qui concerne le secteur institutionnel, près de la moitié des actifs (49,6%) travaillent dans le secteur informel, contre 33,0% pour le secteur public et 17,1% dans l’informel.
LE SERPENT DE MER DES RÉGIMES SUCCESSIFS
Tous les présidents ont inscrit la lutte contre le chômage comme priorité, créant agences et programmes à cet effet. Mais force est de constater que les centaines de milliers de nouveaux entrants sur le marché du travail chaque année errent encore
Les récentes opérations de déguerpissement/ désengorgement de marchés attestent de l'acuité de la prise en charge de l'emploi des jeunes. Les différents régimes ont initié des politiques qui n'ont pas permis une prise en charge globale du problème. Surtout que plus de 200 mille demandeurs d'emploi (certains parlent de 300 mille actuellement) arrivent sur le marché du travail chaque année, parmi lesquels au moins 46% sont sans qualification.
Les récentes opérations de déguerpissement/ désengorgement de marchés attestent de l'acuité de la prise en charge de l'emploi des jeunes. Les différents régimes ont initié des politiques qui n'ont pas permis une prise en charge globale du problème. Surtout que plus de 200 mille demandeurs d'emploi (certains parlent de 300 mille actuellement) arrivent sur le marché du travail chaque année, parmi lesquels au moins 46% sont sans qualification.
Des jeunes sénégalais meurent dans le désert, en mer, en tentant de rejoindre l’Europe, pour un Eldorado supposé. Pas plus tard que la semaine dernière, une pirogue en partance pour l’Espagne a chaviré aux larges des côtes mauritaniennes avec à son bord près de 90 jeunes à la recherche d’une vie meilleur en Europe. «Les garde-côtes mauritaniens ont retrouvé les corps de 89 personnes à bord d'un grand bateau de pêche traditionnel qui a chaviré le lundi 1er juillet sur les côtes de l'Océan Atlantique», à 4 kilomètres de la ville de Ndiago (Sud-ouest de la Mauritanie), a rapporté l’Agence mauritanienne d'information (AMI), le jeudi 4 juillet dernier. Pis, le bilan de l’année 2023 a été aussi macabre, avec de nombreuses pertes de jeunes en mer. Le manque d’emploi est vu comme une des principales causes de cette migration des jeunes.
Plus de 200 mille jeunes demandeurs d'emploi sur le mar-ché, par an, dont 46% sans qualification
Bref, la question de l'emploi des jeunes constitue une véritable problématique au Sénégal, malgré les nombreuses initiatives des différents régimes qui se sont succédé au pouvoir, pour y remédier. En effet, selon des autorités, dans notre pays, chaque année, plus de 200 mille demandeurs d'emploi (300 mille, selon certaines sources) arrivent sur le marché du travail. Malheureusement, parmi ces hommes et femmes qui frappent aux portes du marché de l'emploi, les statistiques ont révélé que «46% des jeunes n'ont aucune qualification.
Aussi, 31% des jeunes demandeurs (d'emploi) sont des diplômés de l'enseignement», avait déclaré Dr Salihou Keita, alors Directeur général du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), lors de la cérémonie de présentation des 130 kiosques multiservices pour les migrants de retour, début mai 2023, pour faciliter l'insertion de ces jeunes dans le marché de l’emploi.
En dehors de la pêche, de l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat qui emploient une partie de ces demandeurs d’emploi, l’essentiel des jeunes investissent le secteur informel et principalement le petit commerce.
C’est pourquoi, le Premier ministre, Ousmane Sonko, qui a effectué le déplacement à Colobane, le dimanche 30 juin dernier, pour livrer le message du président de la République à des marchands ambulants dans le désarroi, suite à la série de déguerpissement initiée par des municipalités, a prôné la compréhension, la compassion et des sites de recasement comme alternative à l’occupation de la voie publique.
Wade, Macky... Et Diomaye : les politiques d'emploi à l'epreuve
L'oisiveté des jeunes demeure un problème pour tous les ré-gimes. Pourtant, les politiques n'ont pas manqué. Arrivé au pouvoir en 2000, l'ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, s'est engagé à lutter contre le chômage des jeunes. Plusieurs agences furent créées pour le finance-ment, la formation et l'insertion des jeunes. La mise en place de structures de financement, d'emplois pour les jeunes comme le Fonds National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ), l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi des Jeunes (ANPEJ) et l'Office pour l'Emploi des Jeunes de la Banlieue (OFEJBAN), visaient à promouvoir le financement de l'emploi des jeunes. Elles n'auront pas atteint leur objectif.
Son successeur, Macky Sall, au nom de la rationalisation, a supprimé et/ou regroupé plusieurs agences dès son accession au pouvoir. Divers autres programmes sont à mettre pour le compte de l'ancien président Macky Sall qui, lui aussi, s'est engagé à promouvoir l'emploi des jeunes par la création de 500.000 emplois, tous les trois ans, conformément à son programme de campagne «Yoonu Yokkuté».
Macky Sall comme son prédécesseur Abdoulaye Wade, a mis en place plusieurs programmes et outils de financements qui n’ont pas permis de résorber le be-
soin. Le camp de Macky Sall en était conscient. D’ailleurs, son Premier ministre, Amadou Ba, qui fût son candidat à la présidentielle du 24 mars 2024, avait promis de faire de l’emploi des jeunes sa priorité, une fois élu. Mais les Sénégalais décideront autrement.
L’équipe du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye en a fait aussi un sacerdoce. En Conseil des ministres du 24 avril, le chef de l’Etat a demandé «au Premier ministre de prendre les mesures idoines visant à mutualiser et optimiser les ressources et interventions de toutes les structures publiques de soutien et de promotion de la formation professionnelle, de l’entreprenariat et de l’emploi des jeunes. Il a, à cet égard, demandé d’harmoniser les bases de données sectorielles relatives aux demandes et offres d’emplois».
Il avait, en outre, indiqué «l'ur-gence d'implémenter à la Pri-mature un système de suivi des politiques de promotion de l'emploi des jeunes et de veiller à l'insertion professionnelle rapide des jeunes diplômés de l'enseignement en français et en arabe. Le président de la Ré publique a également demandé au Premier ministre de veiller à la territorialisation des politiques de formation professionnelle et technique et d'emploi des jeunes».
90% DES EXPLOSIONS DE BONBONNES DE GAZ SONT CAUSÉES PAR LA MAUVAISE QUALITE DES BRÛLEURS
Selon Frédéric Kébé, chargé du Développement business de Oryx Gaz en Afrique de l’Ouest, 90% des cas sont causés par la mauvaise qualité des brûleurs
Ces derniers mois, on assiste souvent à des explosions de bonbonnes de gaz butane causant parfois des morts d’hommes. Selon Frédéric Kébé, chargé du Développement business de Oryx Gaz en Afrique de l’Ouest, 90% des cas sont causés par la mauvaise qualité des brûleurs.
90% des cas d’explosion de bonbonnes de gaz sont dus à la mauvaise qualité des brûleurs. La révélation a été faite par Frédéric Kébé, chargé du Développement business de Oryx Gaz en Afrique de l’Ouest. Il s’exprimait hier, mercredi 10 juillet 2024, lors d’une conférence de presse organisée en prélude de la 5ème West Africa LPG Expo, prévue les 18 et 19 juillet 2024 au Centre Expo de Dakar. «C’est vrai que ces derniers mois, il y a eu des accidents avec malheureusement mort d’hommes. Souvent, la qualité des bruleurs qui sont commercialisés sur le marché pose problème. Dans 90% des cas, les accidents de gaz qui nous sont remontés sont dus à la qualité des bruleurs. Les professionnels ont certes des actions à faire dans ce sens, mais l’Etat pourrait aider donc à ce que le consommateur puisse avoir ces bruleurs de qualité», indique-t-il.
Pour que le consommateur puisse utiliser sa bouteille de gaz en toute sécurité, il y a des critères à respecter par les professionnels du CPL. En effet, selon M. Kébé, le gaz n’est pas plus dangereux que les autres combustibles, si les règles professionnelles sont respectées. «Le premier défi, c’est la qualité des bouteilles qui entrent dans les foyers. Il y a différentes qualités de bouteilles sur le marché. Il faudrait donc acheter le meilleur matériel, conforme aux standards internationaux. Le deuxième critère de professionnalisation de notre filière et que nous sommes tenus de respecter, c’est les procédures de remplissage de bonbonnes», fait-il savoir.
Le troisième critère de sécurité, poursuit-il, c’est la capsule de garantie. «Chaque bouteille qui sort de l’usine est tenue d’avoir cette capsule rouge qui témoigne de l’intégrité de la bouteille et qui montre que la bouteille n’a pas subi une utilisation préalable ou un remplissage frauduleux ailleurs», a-t-il laissé entendre. Toujours dans la démarche de fournir au consommateur la meilleure bouteille et dans des conditions de sécurité, les professionnels du GPL ont le devoir de communiquer et de former. «La formation concerne d’abord nos personnels qui remplissent et qui entretiennent mais aussi nos partenaires contractants notamment les transporteurs des bouteilles de gaz jusqu’aux points de vente», insiste-t-il. Et enfin, Frédéric Kébé évoque les audits de sécurité de façon périodique en interne ainsi que les inspections au niveau des points de vente pour s’assurer que l’état initial est maintenu et respecté
L'EXÉCUTIF DONNE L'EXEMPLE EN MATIÈRE DE REDDITION DES COMPTES
Lors du conseil des ministres de mercredi, le Premier ministre s'est félicité que l'ensemble de l'exécutif ait déclaré son patrimoine dans les délais requis
Le Premier ministre s’est félicité, mercredi en Conseil des ministres, de l’acquittement par le président de la République et l’ensemble du gouvernement de leurs obligations de déclaration de patrimoine.
‘’Le Premier ministre s’est ensuite félicité de l’acquittement par le Président de la République lui-même et l’ensemble du Gouvernement de leurs obligations de déclaration de patrimoine, respectivement au Conseil Constitutionnel et à l’OFNAC, dans les délais impartis, à savoir trois (3) mois après la prise de fonction’’, rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
La même source ajoute qu’Ousmane Sonko a demandé aux ministres de ‘’veiller au respect scrupuleux de cette exigence, par les responsables assujettis, placés sous leur tutelle’’.
par Babacar Mbaye
AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT : LA FRANCE LOIN DEVANT LA CHINE, LA RUSSIE AUX ABONNÉS ABSENTS
Alors que la rhétorique russo-chinoise plaide pour un renouveau des relations avec les pays africains, les actes ne sont pas à la hauteur des discours, du moins en ce qui concerne l'aide publique au Sénégal
En début de semaine, un déploiement diplomatique, à la fois, des russes et des chinois en direction du Sénégal a été observé. En effet, l’ambassadeur de la Chine à Dakar Xiao Han a accordé, lundi 8 juillet, un entretien au site Dakaractu dans lequel il vante les promesses de la coopération sino-sénégalaise en matière de nouvelles énergies. Le lendemain, Moscou a envoyé à Dakar son vice-ministre des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov. Au menu des échanges avec les autorités sénégalaises : les orientations de la coopération bilatérale.
L’un des éléments importants de cette coopération sur lequel Dakar s’appuie pour dérouler une partie de sa politique économique reste l’aide publique au développement. Et sur ce point, malgré la rhétorique russo-chinoise sur un nouveau type de partenariat avec nos Etats et les attaques contre les partenaires traditionnels tels que la France, ce dernier pays a un apport de loin plus consistant.
Selon les chiffres du ministère des Finances et du Budget publiés en 2020 et qui suivent la même tendance sur les années suivantes, la répartition de l’aide publique au développement par partenaires dans la coopération bilatérale positionne la France loin devant la Chine et montre que la Russie est aux abonnés absents.
La France, à travers ses différentes agences donatrices à savoir l’Agence Française de Développement, la Banque Française pour le Commerce extérieur et la Coopération française, assure à elle seule 25% de l’Aide publique au développement du Sénégal. Là où la Chine est à 4% et la Russie même pas répertoriée au tableau des donateurs.
Ainsi en 2020, sur un total de 663 milliards de francs CFA (plus d’1 milliard d’euros) la France a contribué à hauteur de 174 milliards de francs CFA (265 millions d’euros), la Chine a décaissé 27 milliards de francs CFA et la Russie a eu donc une contribution insignifiante.
Pour rappel, selon la définition du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), on comprend par Aide publique au développement « l’ensemble des dons et prêts accordés à des conditions très favorables (nets desremboursements en capital) par des organismes publics à des pays et territoires, dans le but depromouvoir leur développement économique et social ».
Si l’on intègre à la fois les partenaires bilatéraux et multilatéraux, le classement des onze (11) premiers partenaires du Sénégal par volume des décaissements se présente comme suit : Banque mondiale (16,08%), France (14,39%), Commission européenne (11,91%), Banque africaine de développement (11,19%), Allemagne (7,86%), BOAD (7,41%), Japon (6,08%), Etats-Unis d’Amérique (5,53%), BID (5,43%), Nations unies (2,88%), Chine (2,25%).
L’Aide publique au développement permet a l’Etat du Sénégal de réaliser des investissements dans des secteurs tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’hydraulique, les eaux et forêts, la recherche, les mines-industrie-énergie, le tourisme, les transports, les télécoms, l’appui institutionnel.
Babacar Mbaye est expert en politique publique.
557 COMMERÇANTS INTERPELLÉS DANS A DAKAR POUR NON-APPLICATION DES NOUVEAUX PRIX
La direction du commerce intérieur annonce avoir encaissé 13.210.000 francs CFA en guise d’amendes payées par des contrevenants à la décision ministérielle.
La direction du commerce intérieur (DCI) a annoncé avoir interpellé dans la région de Dakar 557 commerçants pour des faits présumés de violation de l’arrêté ministériel fixant les nouveaux prix des denrées de consommation courante, en plus d’avoir encaissé 13.210.000 francs CFA en guise d’amendes payées par des contrevenants à la décision ministérielle.
“Cinq cent cinquante-sept commerçants ont été convoqués pour infraction à la législation économique”, a déclaré Ahmadou Bamba Ndao, le directeur du commerce intérieur.
Les commerçants ont été interpellés lors d’un contrôle mené du mercredi 26 juin au samedi 6 juillet par des agents de la direction du commerce intérieur (DCI) sur 2.838 lieux de vente de la région de Dakar, selon M. Ndao.
Certains contrevenants ont payé des amendes d’un montant global de 13.200.000 francs CFA, a-t-il signalé dans un entretien avec l’APS, laissant entendre que la direction du commerce intérieur va demander aux juridictions de mener des poursuites judiciaires contre d’autres.
“À défaut d’un règlement administratif” entre la DCI et les contrevenants, “une action pénale sera menée” contre ces derniers, a dit Ahmadou Bamba Ndao.
Il espère que les commerçants vont appliquer davantage les nouveaux prix des denrées alimentaires de consommation courante et du ciment.
“On peut s’attendre à d’autres réductions de prix”
“Il y avait déjà, dès les premiers jours, un taux d’application de plus de 92 % du décret ministériel fixant les prix. Les commerçants ont largement joué leur partition en vue de l’effectivité de la baisse des prix”, a assuré le directeur du commerce intérieur, rappelant qu’une campagne d’information a été menée par la DCI.
Le contrôle des prix a démarré dans les autres régions depuis lundi 8 juillet, selon M. Ndao.
Tous les conseils régionaux de la consommation se sont déjà réunis pour fixer les nouveaux prix, a-t-il dit, assurant que, “comme l’ont promis les autorités, on peut s’attendre à d’autres réductions de prix”.
Un arrêté publié lundi 24 juillet par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, fixe les prix plafond de l’huile de palme raffinée, du riz brisé ordinaire, du sucre cristallisé, de la farine de blé, du pain et du ciment, dans la région de Dakar.
Selon la décision du ministre, le bidon de 20 litres d’huile de palme est vendu à 18.500 francs CFA à l’usine ou à l’import.
Ailleurs, la même quantité d’huile va désormais coûter 18.750 francs CFA et 19.000, selon qu’elle est respectivement commercialisée en gros ou en demi-gros. Le prix du litre au détail est de 1.000 francs CFA.
Le prix de la tonne de riz brisé ordinaire est de 375.000 à l’usine ou à l’importation, contre 379.000 pour la vente en gros, 385.000 en demi-gros et 410 francs CFA le kilo pour la vente au détail.
Le prix de la tonne de sucre cristallisé s’élève à 558.000 francs CFA à l’usine de Richard-Toll (nord).
“Des sanctions prévues par la législation en vigueur”
Le prix à l’importation de la même quantité de sucre est de 566.000 francs CFA. Il est de 571.000 si la tonne de sucre cristallisé est commercialisée en gros, 577.000 pour le commerce en demi-gros.
Les boutiquiers détaillants sont tenus de vendre la même denrée à 600 francs CFA le kilo.
Le sac de 50 kilos de farine boulangère de blé type 55 coûte désormais 15.200 francs CFA. Il faut débourser 15.700 francs CFA pour la même quantité de farine boulangère améliorée.
Le prix de la baguette de pain de 60 grammes est de 50 francs CFA, la baguette de 115 grammes étant vendue à 100 francs CFA, celle de 190 grammes à 150 et celle de 230 grammes à 200.
Le prix de la tonne de ciment à l’usine est de 65.000 francs CFA, la même tonne étant vendue par les distributeurs à 71.000. Au détail, le prix du sac de 50 kilos est de 3.550 francs CFA.
Selon l’arrêté du ministre de l’Industrie et du Commerce, en dehors de la région de Dakar, tous les prix ci-dessus peuvent être augmentés en raison des frais de transport et fixés à des montants déterminés par les conseils régionaux de la consommation.
“Les commerçants ont l’obligation de publier les prix […] de façon visible et lisible par tout moyen approprié, notamment le marquage, l’étiquetage et l’affichage”, lit-on dans l’arrêté ministériel.
“Les infractions aux dispositions du présent arrêté sont passibles des sanctions prévues par la législation en vigueur”, a prévenu Serigne Guèye Diop.
L'ÉQUATION DES NOMINATIONS
Le rythme des nominations dans le nouveau régime de Diomaye et Sonko suscite bien des interrogations. Entre les urgences à gérer et les attentes pressantes, le duo au pouvoir semble prendre son temps, provoquant l'impatience de certains alliés
Entre les urgences, les militants et sympathisants qui sont pressés et qui pensent que le duo au pouvoir est très lent dans le remplacement de certains dirigeants de l’ancien régime, ceux qui veulent plus de rigueur dans le choix des profils, Diomaye et Sonko ne semblent nullement perturbés.
C’est devenu la grande attraction dans les communiqués successifs du Conseil des ministres. Chaque mercredi, quand Amadou Moustapha Ndieck Sarré, porte-parole du gouvernement, partage le fameux document, beaucoup se ruent directement vers le bas pour voir qui sont les nouveaux nommés du régime Diomaye-Sonko. Dans les minutes qui suivent, l’info barre la une de plusieurs sites d’informations avec souvent le même titre : ‘’Les nominations du Conseil des ministres.’’ Ainsi en est-il depuis avril 2024.
Certes, beaucoup de nominations ont été faites, mais le rythme est jugé très, voire trop lent par beaucoup d’observateurs, y compris même parmi des soutiens du régime. Interpellé, ce militant de Pastef précise : ‘’J’avoue que certains s’impatientent un peu. Ils pensent que les choses ne vont pas très vite et ça peut s’entendre. Mais je pense qu’il faut aussi relativiser. Nous avons trouvé sur place des urgences qu’il fallait gérer : les tensions de trésorerie, les audits qu’il faut gérer…’’
Dans le même sillage, notre interlocuteur met en exergue la volonté presque obsessionnelle du régime à faire les meilleurs choix possibles dans la plupart des postes. ‘’Je sais, souligne-t-il, que le régime tient à faire des choix basés sur l’expertise et la compétence. Il ne s’agit pas seulement d’enlever X ou Y pour y mettre un militant. Nous avons promis de gouverner autrement et la compétence sera de mise…’’
À ce propos, il faut noter que le Pastef avait proposé bien mieux. Il avait préconisé de passer par l’appel à candidatures pour nommer à certains postes. À ce jour, en dehors des appels à candidatures traditionnels, qui se faisaient bien avant la troisième alternance, il y a très peu, pour ne pas dire aucun appel à candidatures. Ce qui aurait dû faire gagner beaucoup de temps.
Mais voilà plus de trois mois que le régime peine à désigner des personnes, politiques ou non politiques, à certains postes.
Un soutien de Pastef invoque les urgences qu’il fallait gérer : tensions de trésorerie, audits…
Résultat, Diomaye et Sonko continuent de gouverner dans bien des secteurs avec d’anciens détracteurs. Si ce n’était que des fonctionnaires qui sont à leurs postes de par leurs seules compétences, cela aurait pu se comprendre. Mais parmi ces gens, ils sont nombreux à être politiquement très marqués. On pourrait en citer Mamadou Lamine Sall, ancien serviteur de Wade puis de Macky Sall et pendant plus de deux mois encore de Diomaye. Il y a quelques jours, celui qui était jusque-là le PCA de l’Office national de la formation professionnelle (ONFP) a pris la décision de jeter l’éponge, non sans tirer à boulets rouges sur le régime.
Il peste : ‘’Je ne peux pas continuer de garder le silence face aux souffrances que ce régime inflige aux populations. Si quelqu’un pense me neutraliser en me laissant à mon poste pour martyriser les Sénégalais, il se trompe. Moi, je mettrai toujours la patrie au-dessus de toutes les considérations. Je préfère rester avec ces gens que de continuer de profiter d’un salaire. C’est pourquoi j’ai décidé, à partir d’aujourd’hui, de démissionner de mon poste.’’
Avant lui, le directeur général de l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo) avait lui aussi, après plus de deux mois à son poste sans être démis, choisi de rendre lui-même le tablier. ‘’J’ai le privilège, disait-il dans une lettre publiée dans la presse le vendredi 14 juin, de vous informer que je me suis volontairement déchargé de mes fonctions de directeur général de l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo), par courrier n°00002 /ANAMO/DG/Conf/ en date du mercredi 12 juin 2024 adressée sous couvert de la voie hiérarchique à Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République du Sénégal’’.
Dans la même logique, précisait-il, il dit vouloir rendre le même jour son passeport diplomatique, pour se consacrer à son organisation, le Groupe d’initiative pour une médiation à l’Africaine (Gima).
Bien avant eux, le journaliste Abdoulaye Bamba Diallo avait démissionné de son poste de PCA du quotidien national ‘’Le Soleil’’ pour mettre à l’aise le successeur du président Sall qui l’avait nommé. Il disait de manière claire : ‘’… C’est Macky Sall qui m’avait nommé ; il est parti. Bassirou Diomaye Faye a gagné, il doit s’installer avec ses hommes. Pour moi, c’est la règle du jeu. Je lui souhaite vraiment plein succès pour sa brillante victoire. Mais je crois que pour moi, ma cohérence est qu’il ne m’avait pas désigné, bon je n’ai pas à l’encombrer.’’
Quand d’anciens collaborateurs de Sall préfèrent se démettre avant d’être démis
Pendant ce temps, ils sont encore assez nombreux à continuer de jouir des privilèges dans le nouveau régime, comme ils l’ont fait dans le régime déchu du président Macky Sall. Certains n’hésitant même pas à aller quémander de direction en direction leur maintien en poste, malgré le changement de régime.
Pastef est-il en manque de cadres pour occuper certains postes de responsabilité ? Pourquoi Diomaye et Sonko ne vont pas chercher les compétences au-delà des frontières de leurs militants et alliés, si Pastef en manque ? Plusieurs questions qui se posent au rythme des conseils des ministres.
Mais le grief qui revient le plus, c’est la concentration de tout entre les mains du PR et de son PM. ‘’À mon humble avis, le PR et le PM doivent confier certains dossiers à des hommes de confiance ; ils ne peuvent pas tout faire. On sait qu’ils veulent surtout bien faire, mais le travail est immense, avec de nombreux dossiers à gérer. Il faut qu’ils délèguent certaines tâches’’, confie un de nos interlocuteurs.
D’autres indexent la concentration du pouvoir de nomination entre Diomaye et Sonko, et demandent une décentralisation
Quand ce n’est pas les lenteurs dans les nominations qui posent problème, c’est tout simplement la promotion de profils qui sont loin de faire l’unanimité. Dans une lettre ouverte publiée intitulée ‘’Les 100 jours du gouvernement de rupture : point de vue d’un modeste citoyen’’, le doyen Mody Niang, jusque-là considéré par beaucoup comme ‘’proche’’ des nouvelles autorités, alerte sur certaines décisions.
‘’… J'ai parfois des problèmes devant certaines nominations. L'exemple qui retient mon attention parmi tant d'autres, c'est la récente nomination d’un compatriote comme PCA de l’Apix. Mon frère Alla Kane m'a envoyé une vidéo que j’ai transférée à Amadou Ba (responsable à Pastef). Elle nous rappelle qui est réellement ce nouveau promu ou qui il était. Quand j’ai écouté la vidéo, j’ai failli tomber à la renverse. J’ai envoyé d'ailleurs un court message à Alla Kane, que j’ai ensuite transféré à Amadou Ba.’’
Monsieur Niang ne se prive pas de livrer le contenu de la lettre envoyée à Alla Kane et qu’il a transféré à Amadou Ba. ‘’Mon frère, disait-il à Alla Kane, toi qui es plus près d’eux, tu dois leur suggérer de faire davantage attention au passé de ceux et celles qu’ils nomment. Cette nomination doit faire mal aux vrais patriotes qui ont porté le Projet Pastef pendant plusieurs années et dont le profil n’a vraiment rien à envier à celui dont la vidéo nous présente un certain passé’’.
Alors que beaucoup de Sénégalais s’interrogent sur les lenteurs, le doyen, lui, invite à être plus regardant. ‘’Les nouveaux gouvernants doivent s'attarder encore plus sur le passé des gens avant de les nommer à quelque poste que ce soit. Aujourd'hui, de plus en plus de compatriotes se posent légitimement des questions sur le népotisme qui serait à la base des actes de nominations de certains ministres et surtout de deux d’entre eux. Leurs ministères seraient devenus finalement pour eux comme une famille, avec d’anciens membres de l’APR bien connus. J'ai employé le conditionnel, ne disposant pas de preuves que les informations agitées çà et là sont avérées. Je ne le fais d’ailleurs que par sagesse’’.
PLUS DE 763 MILLIARDS FCFA MOBILISÉS POUR L’ÉLECTRIFICATION RURALE ENTRE 2012 ET 2022
Ce financement, selon Jean Michel Sène, a permis la mise en place de deux plans stratégiques avec l’ambition de faire passer le taux de 30% à 60%.
Plus de 763 milliards ont été mobilisés pour l’électrification rurale entre 2012 et 2022, a indiqué, mercredi, le nouveau directeur général de l’Agence d’électrification rurale (ASER), Jean Michel Sène.
Ce financement a permis la mise en place de deux plans stratégiques à savoir le plan national d’électrification rural (2015-2017) dont l’ambition était de faire passer le taux de 30% à 60% et le plan d’urgence d’électrification toujours en vigueur et qui a pour objectif d’atteindre 100% en 2025, a-t-il expliqué.
M. Sène s’exprimait au cours de la cérémonie de passation avec le désormais ex directeur général de l’ASER, Baba Diallo.
“En 2018, nous en étions à 42% et aujourd’hui nous en sommes à 62%”, a-t-il relevé.
Selon Jean Michel Sène, ”il reste du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs escomptés, malgré les avancées notées dans l’électrification rurale”.
En 2023, note-t-il, “sur un total de 20.861 localités, seules 6.211 localités ont été électrifiées. En d’autres termes plus de 14 mille localités ne sont pas encore électrifiées, soit plus de 4 millions de Sénégalais sans électricité”.
A cela s’ajoutent les disparités marquées entre les différentes régions, a-t-il poursuivi, soulignant, à titre d’exemple, que dans la région de Kédougou, “plus de 80% des ménages n’ont pas encore accès à l’électricité”.
Pour lui, “cet état de fait renseigne à quel point il urge de travailler à atteindre trois objectifs principalement pour réduire les inégalités sur toutes leurs formes”.
Il s’agit de “diminuer le gap existant entre les différentes régions dans le souci d’équité sociale, d’augmenter la célérité de l’accès universel à l’électricité avec une planification rigoureuse et une exécution efficace des projets”.
M. Sène entend également “remettre l’ASER au cœur des programmes d’électrification rurale pour lui permettre de jouer pleinement son rôle”.
Estimant que ces chiffres montrent à suffisance la nécessité d’établir une approche durable et de sortir de la logique d’urgence, M. Sène a promis de travailler à “impulser une nouvelle dynamique en collaboration avec le secteur privé dans l’optique de baisser les coûts de l’électrification rurale”.
Cela passera, à son avis, par “la réduction” de l’importation des matériels.
Il s’agit, dans le cadre des projets d’électrification rurale par système décentralisé, des panneaux photovoltaïques, des batteries et des câbles, des accessoires de ligne, des poteaux en bois, toujours importés, pour ce qui est du projet d’électrification par extension réseaux.
Le patron de l’ASER a annoncé qu’il mettra en place un système d’information harmonisé entre les différentes parties prenantes de l’électrification rurale (PUMA, PUDC, MCA, SENELEC et les concessionnaires) pour éviter les doublons dans l’exécution des projets.
Une cartographie dynamique sera également instaurée pour permettre aux Sénégalais de voir à temps réel le taux d’électrification rural, a-t-il annoncé.
Le Directeur général sortant, Baba Diallo, en poste depuis 2016, s’est réjoui de son bilan, soutenant qu’il a laissé un ”bel héritage” à son successeur.
Il dit avoir laissé un personnel relativement stable.
“L’Effectif de l’ASER était à 77 en 2016, et 83 aujourd’hui y compris les dix agents de la BID qui vont intégrer l’ASER à la fin de l’année…”, a-t-il dit.
M. Diallo a ajouté que sa gestion budgétaire, soumise à l’ensemble des corps de contrôle, a été “rigoureuse et transparente”.