SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
Economie
lettres d'amérique, Par Rama YADE
DES RIVALITÉS QUI CHANGENT LA DONNE EN AFRIQUE
Après les Etats-Unis, la Chine et la Russie qui rivalisent en Afrique, des puissances dites moyennes comme la Turquie, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Indonésie, la Malaisie y font une percée de plus en plus remarquable
Alors que tous les regards sont tournés vers les Etats-Unis, la Chine et la Russie, ces grandes puissances qui rivalisent en Afrique, des puissances dites moyennes comme la Turquie, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Indonésie, la Malaisie y font une percée de plus en plus remarquable.
Ces acteurs -pas toujours nouveaux- profitent d’un théâtre africain aujourd’hui caractérisé par trois bouleversements majeurs. D’abord, après la Chine et l’Inde, l’Afrique sera le prochain champion démographique. Elle a déjà engagé un doublement de sa population d’ici 2050. Ensuite, les opinions publiques y sont tenaillées par un fort désir de souveraineté, qu’elles soient issues de régimes autoritaires comme les pays sahéliens ou démocratiques comme le Sénégal. Ce tropisme néo-souverainiste se décline dans tous les secteurs, de la défense (avec la remise en cause des accords militaires avec les Occidentaux) à la monnaie (avec le refus croissant du F Cfa). Enfin, l’Afrique d’aujourd’hui veut prendre le tournant de la transformation industrielle avec le souci de contrôler ses ressources minières, en mettant en avant l’impératif de la création de valeur et d’emplois. Dans ce contexte qui change profondément l’Afrique et les Africains, les puissances moyennes jouent une carte décomplexée, profitant de la diversification des partenariats.
Si on sait ce qu’elles ne sont pas (elles ne sont ni des superpuissances, comme les Etats-Unis et l’Urss de la Guerre froide, ni des puissances mondiales, comme les Etats-Unis, «première puissance mondiale de l’histoire» selon Zbigniew Brzeziński, et sans doute la Chine d’aujourd’hui), les puissances moyennes se définissent par quatre traits : 1) elles font des démonstrations de puissance comme lorsque l’Afrique du Sud saisit la Cour internationale de justice en mai 2024 contre Israël pour «risque de génocide» 2) elles exercent une influence régionale ou/et sectorielle à l’instar de la Corée du Sud qui a organisé, en juin 2024, un Sommet Afrique auquel ont participé 48 délégations africaines 3) leur influence est toutefois contenue car elles font partie d’un système d’influence plus global comme la Turquie, qui a beau étendre sa diplomatie en Afrique, n’en est pas moins limitée par son appartenance à l’Otan 4) Résultat : les puissances moyennes sont contraintes de déployer des techniques indirectes de persuasion sur le terrain, par exemple des influences religieuses : la Turquie a ainsi obtenu, en 2017, du Sénégal, la fermeture d’écoles liées à Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine de la tentative de coup d’Etat en 2016.
Deux cas restent incertains. La Russie cherche à passer d’une puissance moyenne eurasiatique, intégrée dans la Communauté des Etats indépendants et protégeant ses intérêts régionaux en Ukraine et en Géorgie, à une puissance mondiale qui se déploie au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai jusqu’en Afrique avec Wagner, devenu Afrika Corps, qui y relaie des opérations de propagande. Egalement, l’Inde, pays le plus peuplé du monde et 3ème puissance économique mondiale, a su se projeter en Afrique grâce à la longue présence de sa diaspora à l’Est du continent et l’héritage idéologique du mouvement des non-alignés. L’incertitude de la position de la Russie et de l’Inde tient au fait qu’elles ont davantage d’impact que les puissances moyennes, mais moins que les puissances mondiales. Elles ont des caractéristiques des deux groupes. Le temps nous dira où elles tomberont.
De fait, les puissances moyennes se répartissent en trois groupes, selon la profondeur de leur engagement en Afrique : Emirats Arabes Unis, Inde, Brésil, Turquie (Niveau 1), Iran, Indonésie, Arabie Saoudite, Qatar (Niveau 2) et Corée du Sud, Japon, Malaisie, Israël, Allemagne (Niveau 3). Leur montée en puissance tient essentiellement au retrait des anciennes puissances coloniales en Afrique dont l’expression la plus éclatante a été celle de la France au Sahel. Il faut aussi relever l’affaiblissement relatif des superpuissances en Afrique mesuré récemment par l’institut Gallup, qui montre que la Chine dépasse désormais les Etats-Unis en popularité sur le continent en 2023. La position dominante chinoise elle-même n’est plus si assurée : si, depuis 2000, la valeur des échanges Chine-Afrique a été multipliée par près de trente, pour atteindre 282 milliards de dollars, faisant de la Chine le premier partenaire commercial de l’Afrique, les prêts officiels chinois, de plus en plus frappés de suspicion, atteignent en 2022 moins d’1 milliard de dollars pour la première fois en 18 ans, selon l’Initiative mondiale pour la Chine de l’Université de Boston. Lorsque les puissances mondiales sont moins impliquées, il y a un vide que les puissances moyennes se sont empressées de combler et de… cristalliser par la création de groupements régionaux dont le plus emblématique est les Brics, rejoints désormais par trois pays africains, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et l’Egypte.
De toutes les façons, les outils d’influence que les puissances moyennes déploient en Afrique sont différents de ceux des puissances classiques. Ainsi, ils ne se limitent pas aux outils militaires privilégiés par la Russie, premier fournisseur d’armes du continent. Ils couvrent une palette très diversifiée d’initiatives. Au niveau des investissements, les Emirats Arabes Unis se sont imposés en devenant le troisième investisseur en Afrique au cours de la dernière décennie, derrière la Chine et les Etats-Unis, avec Dubaï Ports World, l’un des plus grands opérateurs portuaires du monde, en tête de pont. Plus méconnue, l’influence culturelle des puissances régionales a été déterminante ces dernières années. Ainsi, les investissements de l’Arabie Saoudite dans les systèmes éducatifs d’Afrique de l’Ouest ont fait progresser l’usage de la langue arabe. Les diasporas indiennes ont servi de point d’appui efficace à la stratégie indienne dont les films qui ont fait le succès de Bollywood participent, d’une certaine manière, à la guerre de l’information. La chaîne qatarie Al Jazeera et l’agence de presse turque Anadolu couvrent efficacement le continent. Bon nombre de puissances moyennes diffusent leurs messages dans les langues locales africaines, à l’image des programmes turcs Trt et Natural Tv, qui proposent des émissions en haoussa et en swahili, et des séries télévisées populaires dans de nombreux pays. Le Brésil dont la moitié de la population est originaire d’Afrique, a multiplié les ouvertures d’ambassades sous Lula.
Dans ces conditions, ces puissances moyennes ont considérablement gagné en influence politique. Ainsi, l’Inde a tiré profit de sa présidence du G20 en septembre 2023 pour pousser et revendiquer l’entrée de l’Union africaine au sein de cette instance comme membre permanent. En 2015, le Niger, le Tchad et la Mauritanie ont rejoint la «Coalition sunnite contre le terrorisme», créée par l’Arabie Saoudite.
Si aucune de ces puissances moyennes n’a été en mesure de remplacer les puissances mondiales traditionnelles que sont les Etats-Unis et la Chine en termes de volumes d’engagement, leur influence croissante sur le continent les met en position de tailler des croupières à celles-ci. Mais la compétition ne profitera pas à tout le monde à long terme, de la même manière. Sans doute l’avenir appartient aux puissances qui sauront exploiter les recompositions en cours en formant des alliances complémentaires et gagnantes. Sans doute est-ce la raison pour laquelle des rapprochements se font entre les Etats-Unis et l’Inde ou encore entre la Russie et l’Iran. D’autres puissances régionales devront sans doute clarifier leurs intentions vis-à-vis de l’Afrique à l’instar des Emirats Arabes Unis, dans la guerre civile sanglante du Soudan, pour préserver leur avantage comparatif vis-à-vis d’opinions publiques africaines informées et conscientisées sur ce qui se passe chez elles. Du côté de l’Afrique, au regard de ces mêmes aspirations néo-souverainistes, elle ne saurait se contenter d’être l’objet de convoitises. Pourtant, du côté des puissances moyennes locales, aucun des champions économiques africains, l’Afrique du Sud, l’Egypte ou le Nigeria, n’a été en mesure jusqu’à présent de mener à bien un projet panafricain susceptible d’emporter la conviction du continent.
Sur le papier, bien que l’Afrique du Sud, pays de Nelson Mandela, ait des atouts, sa politique étrangère ambiguë et le souvenir des attaques xénophobes contre les immigrés nigérians en 2020-2022 font que Pretoria peine à jouer ce rôle. Deuxième économie d’Afrique en 2023, l’Egypte n’a jamais convaincu quant à son engagement sur le continent, comme l’ont prouvé la conflictualité entretenue avec l’Ethiopie ou sa présidence décevante de l’Union africaine en 2019, où elle avait été incapable de jouer un rôle de médiateur en Libye. Certaines attitudes, comme la plainte d’officiels égyptiens au sujet de la représentation d’une Cléopâtre noire sur Netflix en avril 2023, nuisent également à sa réputation. Enfin, le Nigeria, première population d’Afrique et grand producteur de pétrole africain, doit encore réussir à prendre en charge certains défis continentaux qui dépendent beaucoup de lui à l’instar de la nouvelle monnaie Eco, la Zone de libre-échange continentale africaine et la Cedeao qu’elle préside actuellement.
Après le siège permanent au sein du G20, les Africains ne pourront pas éluder cette question plus longtemps s’ils veulent atteindre leur prochain objectif -un ou plusieurs sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Il appartiendra alors au Nigeria, à l’Afrique du Sud ou, pourquoi pas, au Senegal qui en avait aussi exprimé la volonté, de s’élever au rang de puissance régionale africaine, primus inter pares.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
46,8% DES JEUNES ENTRE 15 ET 24 ANS NE SONT NI EN EMPLOI, NI EN ETUDES NI EN FORMATION
Dans son rapport provisoire sur le 5e recensement général de la population et de l’habitat, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dresse un tableau chaotique de l’emploi des jeunes.
L’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a rendu public son rapport provisoire sur le recensement général de la population et de l’habitat 2023 (RGPH-5, 2023). il ressort de l’étude que 46,8% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans ne sont ni en emploi, ni en études ni en formation (NEET).
Dans son rapport provisoire sur le 5e recensement général de la population et de l’habitat, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dresse un tableau chaotique de l’emploi des jeunes.
L’analyse de la structure des jeunes en situation d’emploi montre qu’ils ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) ; et cela constitue un enjeu prioritaire des politiques publiques nationales. En effet, les NEET sont considérés comme l’un des groupes les plus vulnérables et les plus problématiques dans le cadre du chômage des jeunes. Selon les résultats de l'enquête, 46,8% des jeunes âgés de 15 à 24 ans au Sénégal ne sont, ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET). Une analyse plus détaillée montre des disparités importantes selon le sexe, le milieu de résidence et la région.
L’analyse du taux de NEET montre qu’il est plus élevé chez les femmes (55,2%) que chez les hommes (38,0%), indépendamment de la région et du milieu de résidence. La proportion de jeunes NEET est également plus élevée en milieu rural, où 54,9% des 15 à 24 ans sont concernés, contre 40,3% en zone urbaine.
À l'échelle régionale, Matam (63,3%), Tambacounda (59,9%) et Kédougou (59,8%) affichent les taux de NEET les plus élevés. En revanche, les régions de Dakar (35,6%), Ziguinchor (37,4%) et Thiès (40,1%) enregistrent les taux de NEET les plus bas. S’agissant des jeunes de la tranche d’âge 15-30 ans, les résultats montrent que la proportion de NEET s’établit à 49,2%.
Selon le sexe, les hommes (37,9%) enregistrent un taux de NEET moins élevé que celui des femmes (59,9%), indépendamment de la région et du milieu de résidence. De plus, ce taux est également plus élevé en milieu rural (58,2%) qu'en zone urbaine (42,4%).
Au niveau régional, Matam (66,0%), Kédougou (62,6%) et Tambacounda (62,4%), affichent les proportions les plus élevées d’hommes âgés de 15 à 30 ans, ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET). Par contre, les taux de NEET les plus faibles sont observés dans les régions de Dakar (36,4%), Ziguinchor (41,9%) et Thiès (43,1%).
EN MILIEU URBAIN, 42,8% DES JEUNES NE SONT NI EN EMPLOI, NI EN ETUDES, NI EN FORMATION CONTRE 59,2% EN MILIEU RURAL
Concernant la proportion de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation de la tranche d’âge 15-35 ans, elle est de 49,8% au niveau national. Ce taux est de 37,2% chez les hommes et 61,6% chez les femmes. En milieu urbain, 42,8% des jeunes sont concernés, contre 59,2% en milieu rural. Les taux de NEET sont également plus élevés dans les régions de Matam (67,3%), Tambacounda (63,1%) et Kédougou (63,0%), qui affichent des taux largement supérieurs à la moyenne nationale. A l’opposé, les plus faibles taux sont enregistrés dans les régions de Dakar (36,4%), Ziguinchor (43,4%) et Thiès (44,2%). Globalement, quelle que soit la région et le milieu, au moins un jeune sur trois n’est ni en emploi, ni en études, ni en formation.
SIX PERSONNES INACTIVES SUR DIX SONT DES FEMMES
L’analyse de la structure de la population inactive montre une prédominance des femmes occupées au foyer (35,1%) et des étudiants/élèves (31,5%). Les personnes du 3ème âge pensionnaires, celles non pensionnaires et les rentiers représentent respectivement 2,4%, 6,8% et 4,0% de cette population. Appelés personnes hors de la population potentiellement active, les inactifs englobent ceux qui ne sont ni en emploi ni au chômage. Parmi eux, se trouvent ceux qui pourraient potentiellement intégrer la population active. La répartition de la population inactive, selon le sexe, montre que plus de 6 personnes sur 10 inactives sont des femmes et ce, quel que soit le milieu de résidence. Par ailleurs, les femmes occupées au foyer résident plus souvent en milieu urbain (56,1%) qu’en milieu rural (43,9%). La répartition régionale des personnes inactives montre que les régions de Dakar (25,6%), Thiès (14,0%) et Diourbel (10,9%), en rapport avec leur poids démographique, enregistrent les effectifs les plus importants, soit 50,5% du total d’inactifs. En revanche, les régions de Sédhiou (2,9%) et Kédougou (1,3%), moins peuplées, affichent les plus faibles proportions d'inactifs. Cette répartition des inactifs par région est presque similaire, quel que soit le sexe. Alors que la part des jeunes dans la population inactive est évaluée à 44,7% chez les moins de 25 ans et 64,0% chez les moins de 35 ans. Cependant, la répartition des personnes inactives par tranche d'âge varie selon les profils d’inactifs. En effet, les jeunes de moins de 35 ans représentent une part prédominante parmi les personnes occupées au foyer (53,7%) et les rentiers (56,4%).
LES NIVEAUX D’INACTIVITE LES PLUS FAIBLES SONT ENREGISTRES DANS LES REGIONS DE DAKAR (44,4%), KEDOUGOU (44,3%), TAMBACOUNDA (43,1%) ET KAFFRINE (41,3%)
Par contre, pour les personnes du troisième âge, 9 sur 10 inactifs (91,5%), qu'elles soient pensionnaires ou non, ont plus de 60 ans. En plus, parmi les étudiants/élèves, 86,8% se situent dans la tranche d'âge 15- 24 ans. Au niveau régional, le taux d’inactivité demeure élevé dans l’ensemble des régions. Les régions de Matam (57,3%), Ziguinchor (53,6%), Saint-Louis (52,8%) et Fatick (52,2%) ont les taux d’inactivité les plus élevés, avec plus de la moitié des personnes en âge de travailler qui sont inactives. Les niveaux d’inactivité les plus faibles sont enregistrés dans les régions de Dakar (44,4%), Kédougou (44,3%), Tambacounda (43,1%) et Kaffrine (41,3%), avec des taux inférieurs à la moyenne nationale (47,8%). En outre, indépendamment de la région et du milieu de résidence, l'inactivité se révèle être plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.
MONNAIE COMMUNE ÉCO, LES CONTOURS D'UNE ALTERNATIVE AU F CFA
L'Afrique de l'Ouest est en effervescence. Le lancement de la nouvelle monnaie régionale, l'éco, marque un tournant significatif dans l'histoire économique du continent.
L'Afrique de l'Ouest est en effervescence. Le lancement de la nouvelle monnaie régionale, l'éco, marque un tournant significatif dans l'histoire économique du continent. Ce projet ambitieux, longtemps en gestation, vise à renforcer l'intégration économique et à offrir une alternative viable aux monnaies actuelles. Dans cet article, ‘’EnQuête’’ cherche à comprendre les motivations, les défis et les perspectives de cette nouvelle monnaie, tout en intégrant les analyses de l'économiste Maguette Gaye, une voix respectée sur les questions économiques africaines.
En amont du Sommet de la CEDEAO organisé à Abuja le 7 juillet, le ministre nigérian des Finances a relancé le projet, lors d’une réunion avec ses homologues de la sous-région. ‘’Wale Edun a souligné l’importance de l’éco dans la promotion de la croissance économique et du développement dans la région et a réitéré l’engagement du Nigeria à la mise en œuvre réussie de la monnaie unique’’, a détaillé Mohammed Manga, le porte-parole du ministère nigérian des Finances, le 6 juillet.
La réunion a rassemblé les principales parties prenantes de la Banque centrale du Nigeria (CBN), le ministre des Finances du Cap-Vert, Olavo Correia, le ministre des Finances et des Affaires économiques de la Côte d'Ivoire, Adama Coulibaly, et le ministre ghanéen des Finances Mohammed Amin Adam ainsi que d'autres représentants éminents.
Les chefs d’État de la CEDEAO ont également demandé à la Commission de la CEDEAO de ‘’soumettre un projet d’acte additionnel définissant les modalités de participation des États membres à l’Union monétaire’’.
Enfin, ils ont ordonné à la commission présidée par Omar Alieu Touray de ‘’procéder à une évaluation des coûts et d’identifier les sources et les modalités de financement pour la mise en place des institutions nécessaires à la création de l’éco’’. Un vrai pas en avant donc.
Un nouveau point d’étape est d’ailleurs prévu début 2025, lors de la prochaine réunion ordinaire des chefs d’État de la sous-région, début 2025.
Mais compte tenu des défis qui persistent, plus grand monde ne croit à l'éco en 2027.
L'idée de l'éco remonte aux années 1990, avec la création de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'objectif principal de l'éco est de faciliter les échanges commerciaux entre les 15 pays membres de la communauté, de réduire la dépendance vis-à-vis des devises étrangères et d'améliorer la stabilité économique de la région. Actuellement, huit des quinze pays de la CEDEAO utilisent le franc CFA, une monnaie dont la gestion est encore influencée par la France. Les sept autres pays utilisent leur propre monnaie nationale, ce qui complique les transactions transfrontalières et crée des barrières économiques.
La mise en place de l'éco vise à surmonter ces défis, en fournissant une monnaie commune qui pourrait stimuler le commerce intrarégional, attirer des investissements étrangers et promouvoir une plus grande cohésion économique.
Cependant, le chemin vers l'adoption de l'éco n'a pas été sans obstacle. Des divergences sur les critères de convergence économique, les inquiétudes sur la stabilité macroéconomique et la résistance politique ont retardé sa mise en œuvre.
Les défis de la mise en œuvre
Le lancement de l'éco présente plusieurs défis importants. L'un des principaux est l'atteinte des critères de convergence fixés par la CEDEAO. Ces critères comprennent un déficit budgétaire ne dépassant pas 3 % du PIB, une inflation à un chiffre et des réserves de change couvrant au moins trois mois d'importations. Peu de pays membres ont réussi à respecter ces critères de manière cohérente, ce qui soulève des questions sur la viabilité de la monnaie commune.
De plus, la transition vers l'éco nécessite une coordination politique et économique sans précédent. Les pays de la région doivent harmoniser leurs politiques fiscales, monétaires et commerciales. Cela implique non seulement des réformes structurelles importantes, mais aussi une volonté politique de céder une part de souveraineté nationale au profit de l'intégration régionale.
L'analyse de Maguette Gaye
L'économiste Maguette Gaye, reconnue pour ses analyses perspicaces sur les économies africaines, offre une perspective équilibrée sur l'éco.
Selon elle, la monnaie unique a le potentiel de transformer l'économie ouest-africaine, mais son succès dépendra de plusieurs facteurs clés.
Premièrement, M. Gaye souligne l'importance de la crédibilité des institutions régionales. "Pour que l'éco fonctionne, il est essentiel que les institutions de la CEDEAO soient perçues comme solides et impartiales. Cela nécessite des mécanismes de surveillance rigoureux et une transparence totale dans la gestion de la politique monétaire", affirme-t-il.
Deuxièmement, M. Gaye met en garde contre les risques de divergence économique. "Les économies des pays de la CEDEAO sont à des stades de développement très différents. Si l'éco doit réussir, il faudra mettre en place des mécanismes de compensation pour les pays les plus vulnérables, afin de prévenir des déséquilibres économiques qui pourraient mettre en péril l'ensemble de la zone monétaire".
Enfin, l’économiste insiste sur la nécessité d'un soutien populaire. "Pour que l'éco soit accepté, les populations doivent en comprendre les avantages. Une campagne de sensibilisation et d'éducation est indispensable pour éviter les résistances et assurer une adoption en douceur".
Perspectives et avenir de l'éco
Malgré les défis, le projet de l'éco avance en dents de scie. Les réunions ministérielles se multiplient pour résoudre les questions techniques et politiques, et plusieurs pays ont réaffirmé leur engagement envers la monnaie unique.
Si les obstacles peuvent être surmontés, l'éco pourrait apporter des avantages significatifs à la région.
L'un des principaux avantages attendus est l'augmentation des échanges commerciaux intrarégionaux. Actuellement, les transactions entre les pays de la CEDEAO sont souvent entravées par des taux de change fluctuants et des frais de transaction élevés. L'éco pourrait réduire ces barrières et stimuler le commerce, conduisant à une croissance économique accrue.
De plus, une monnaie commune pourrait renforcer la position de la CEDEAO sur la scène internationale. Avec l'éco, la région pourrait attirer plus facilement des investissements étrangers, en offrant un environnement économique plus stable et prévisible. Cela pourrait également renforcer le pouvoir de négociation de la CEDEAO dans les accords commerciaux internationaux.
Le lancement de l'éco représente une étape audacieuse et ambitieuse pour l'Afrique de l'Ouest. Bien que les défis soient nombreux, les potentiels bénéfices économiques et politiques de cette monnaie commune sont considérables. L'analyse de Maguette Gaye nous rappelle que la réussite de l'éco dépendra de la crédibilité des institutions, de la gestion des divergences économiques et du soutien populaire.
L'éco pourrait transformer l'économie ouest-africaine, en rendant les échanges commerciaux plus fluides, en attirant des investissements et en renforçant la position de la région sur la scène mondiale.
Pour réaliser cette vision, les pays de la CEDEAO doivent travailler ensemble de manière coordonnée et déterminée. Le chemin est long et complexe, mais l'objectif est clair : une Afrique de l'Ouest plus intégrée, prospère et souveraine.
En fin de compte, le succès de l'éco sera un test de la capacité de la région à surmonter les différences nationales au profit d'un bien commun. Si cela peut être réalisé, l'éco pourrait devenir un modèle pour d'autres régions du continent africain, inspirant une nouvelle ère de coopération et de développement économique.
PLUS DE 30 INSPECTEURS GENERAUX D’ETAT MOBILISÉS POUR DES MISSIONS D'AUDIT
Souhaitant lutter contre les malversations financières, le chef de l'Etat a mandaté en nombre ses redoutables limiers de l'IGE pour mener l'enquête au sein de nombreuses administrations et organismes publics
Dans notre avant-dernière édition, nous avions livré la liste des plus de 70 directions, agences et fonds publics où les redoutables limiers de l’Inspection générale d’Etat (IGE), c’est-à-dire la crème des corps de contrôle de l’Etat, étaient déployés par le président de la République. En tout, ils sont plus de 30 inspecteurs généraux d’Etat (Ige) à passer au peigne fin la gestion de ces structures et fonds.
« Le Témoin » avait livré il y a quelques jours la liste des quelque 70 directions, agences et fonds publics devant passer sous les fourches caudines de l’Inspection générale d’Etat (Ige). Parmi les structures ciblées, écrivions-nous, figurent la Société d’exploitation du Train express régional (Senter), le Fonds de soutien à l’Energie (Fse), la Commission d’attribution des licences de pêche, les Fonds destinés à la pêche artisanale, Air Sénégal, Aide à la Presse nationale, le Fonds d’appui à l’édition (Fae), l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), Handling (2AS), le Fonds d’entretien routier autonome (Fera), La Poste, la Société africaine de raffinage (Sar), le Budget Coupe du Monde (Qatar 2022), la Coupe d’Afrique des Nations (Can 2024), la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) , la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) , l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), l’Office des lacs et cours d’eau (Olac), le Conseil exécutif des transports urbains durables (Cetud), l’Agence autonome des travaux et gestion des routes (Ageroute), l’Autoroute Ila Touba, le Building administratif de Dakar etc… pour ne citer que ces structures ou fonds-là !.
Ce sont des audits de grande ampleur qui vont être faits par les limiers de l’IGE. Lesquels vont fouiller en détail ces structures dans le but de détecter d’éventuels erreurs, fraudes, vols, irrégularités, surfacturations, détournements et braquages de deniers publics. Et surtout identifier les auteurs et complices d’éventuels « carnages » financiers. Pour mener à bien ces contrôles approfondis, le président de la République Bassirou Diomaye Faye a mobilisé plus de 30 inspecteurs généraux d’Etat (Ige) assistés voire secondés par de nombreux experts financiers, bancaires et fiscalistes chevronnés. Des équipes qui ressemblent à des cabinets d’instruction où les greffiers « financiers » prêtent main-forte aux juges. Pendant ce temps dans les corridors des audits, certains anciens ministres, Dage, conseillers techniques, comptables et autres sont sous contrôle judiciaire, pardon financier, puisqu’ils sont priés d’être à l’écoute de l’Ige pour toutes fin utiles. Autrement dit, apporter leur concours en fournissant des pièces justificatives et autres informations supplémentaires ou complémentaires en vue de la manifestation de la vérité des chiffres.
Pas de congés !
Depuis la création de l’Inspection générale d’Etat (Ige) en 1964, jamais autant d’inspecteurs-vérificateurs n’avaient été mobilisés par la présidence de la République que cette fois-ci sous le magistère du président Bassirou Diomaye Faye. Flairant l’ampleur des dégâts financiers à débusquer, nous souffle-t-on, le Vérificateur général, pour ne pas dire le patron de l’Ige, a annulé toutes les demandes de congés. Et les rares inspecteurs en vacances ou en détachement ont été réquisitionnés. Comme pour dire qu’en temps de guerre contre les pilleurs des deniers publics, les congés, les vacances et les indisponibilités ne sauraient constituer un motif de dispense au sein de l’Ige.
Toujours est-il que cette mobilisation inédite de l’inspection générale d’Etat (Ige) montre à quel point ses limiers d’élite comptent mener avec efficacité leurs raids au niveau de ces structures ciblées. Ce, dans le but d’exécuter sans récriminations ni murmures les instructions fermes du chef de l’Etat relatives à la transparence et à la reddition des comptes, l’une des promesses clés de sa campagne électorale lors de la dernière présidentielle. Tremblez, pilleurs des deniers publics, les redoutables contrôleurs de l’IGE sont dans vos murs !
LES PAYS DE L'AES MAINTIENNENT LEUR RUPTURE AVEC LA CEDEAO
En dépit de la main tendue de l'organisation ouest-africaine, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a été on ne peut plus clair : ce départ est acté de façon "irréversible"
(SenePlus) - Selon une déclaration du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à l’ORTM lundi soir, le départ des trois pays d’Afrique de l’Ouest de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est désormais acté de manière irréversible. Cette annonce intervient au lendemain d’un sommet de la Cédéao qui a désigné les présidents sénégalais et togolais comme médiateurs dans les discussions à venir avec les trois États.
Les régimes militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger avaient en effet annoncé en janvier leur retrait de l'organisation ouest-africaine aux 15 membres qu’ils accusent d’être manipulée par la France et de ne pas les soutenir suffisamment dans leur lutte contre le jihadisme. Ils reprochent notamment à la Cédéao les sanctions économiques et diplomatiques qu’elle avait imposées face aux coups d'État tout en concédant aujourd'hui qu'elles ont largement été levées.
"Nos chefs d'État ont été très clairs à Niamey en indiquant que le retrait des trois pays de la Cédéao est irrévocable et a été fait sans délai", a ainsi rappelé Abdoulaye Diop cité par l'AFP, affirmant qu’il faut désormais "cesser de regarder dans le rétroviseur". Si le Mali reste ouvert à une coopération avec ses voisins et d'autres organisations régionales, le ministre a assuré que "le chemin qui est engagé n'est pas réversible".
Cette détermination à sortir définitivement de la Cédéao fait écho aux craintes soulevées par le départ des trois États, notamment quant aux conséquences sur la circulation des personnes et des biens au sein de l'espace communautaire ouest-africain. Abdoulaye Diop a d'ailleurs fustigé l’éventualité de voir des visas rétablis pour les ressortissants maliens, burkinabè et nigériens se rendant dans les autres pays membres, y voyant "des méthodes de faire peur aux populations".
VIDEO
IL FAUT PERMETTRE À CHAQUE SÉNÉGALAIS D'ACCÉDER À L'ÉNERGIE SOLAIRE, PLAIDE BIRAM SOULEY DIOP
Le ministre de l'Energie, du Pétrole et des Mines présidait ce mardi un atelier d’échanges pour répondre à la problématique du financement des ménages du Sénégal pour l’accès aux énergies renouvelables
Le ministre de l'Energie, du Pétrole et des Mines, Biram Souley Diop a plaidé pour un accès des ménages à l'énergie solaire à moindre coût. Il présidait ce mardi un atelier d’échanges pour répondre à la problématique du financement des ménages du Sénégal pour l’accès aux énergies renouvelables plus précisément au solaire, organisé par le Conseil Patronal des Énergies Renouvelables (COPERES).
LE SÉNÉGAL ENREGISTRE UNE BAISSE DE 16,9% DES IMPORTATIONS AU SEIN DE L'UEMOA
La conjoncture économique régionale dévoile de fortes disparités entre les Etats membres
Pour le premier trimestre de l’année 2024, les importations dans la zone UEMOA ont connu une baisse de plus de 12,7%, indique la note de conjoncture économique régionale. Et le Sénégal enregistre à lui seul 15,5% de cette baisse.
Au courant du premier trimestre 2014, les importations dans l’espace UEMOA ont baissé de 828,8 mds, soit 12,7% par rapport au trimestre précédent. Une baisse en lien avec les chutes enregistrées dans tous les Etats membres, à l’exception du Niger et du Togo où elles ont respectivement augmenté de 17,2% et 0,5%.
La Côte d’Ivoire a enregistré la baisse la plus importante en valeur relative à savoir 16,9%, suivie respectivement du Sénégal 15,5%, du Burkina Faso avec -5,9% et de la Guinée Bissau (-0,4%). La hausse des importations au Niger provient de l’augmentation enregistrée au niveau de l’achat de tous les principaux produits à l’exception des «produits pétroliers» qui ont connu une baisse de - 2,4%, à savoir les « produits alimentaires» (+14,0%), les «biens d’équipement» (+1,9%) et les «autres produits» (+42,6%).
En glissement annuel, au premier trimestre 2024, les importations de l’Union se sont établies en baisse de 644,1 mds (-10,2%), en conséquence de leur chute dans tous les Etats membres, à savoir la Côte d’Ivoire (-5,8%), la Guinée Bissau (-3,1%), le Niger (-72,6%) et le Sénégal (-2,8%). Seuls le Burkina Faso (+5,7%) et le Togo (+1,8%) ont affiché des importations en hausse sur la période, alors que les exportations de l’Union (hors Bénin et Mali) ont augmenté de 207,1 mds soit 4,5% au premier trimestre 2024, par rapport au quatrième trimestre 2023.
Cette augmentation résulte principalement des hausses des ventes à l’extérieur enregistrées au Burkina Faso (+18,8%), au Niger (+53,4%) et au Sénégal (+24,5%) atténuées par les baisses observées en Côte d’Ivoire (-0,7%), en Guinée Bissau (-82,0%) et au Togo (- 19,6%). La hausse des exportations du Niger résulte de l’augmentation des ventes à l’extérieur des produits des «Hydrocarbures» de 235,6%, des «Produits agricoles» et «Autres produits» respectivement de 67% et 359%.
Cependant, aucune exportation des produits miniers (uranium et or) n’a été enregistrée sur la période sous revue en raison des conséquences des sanctions économiques et financières prises par les institutions régionales à l’encontre du pays, notamment la fermeture des frontières avec le Bénin qui était le principal corridor pour la vente de ces produits à l’extérieur. En glissement annuel, c’est-à-dire comparativement au même trimestre de 2023, les exportations de l’Union (hors Bénin et Mali), au premier trimestre 2024, sont en baisse de 211,0 mds (-4,2%) en lien avec les baisses observées dans les tous les Etats membres à savoir en Côte d’Ivoire (-183,9 mds), au Niger (-84,7 mds), au Sénégal (-84,6 mds) et au Togo (-4,6,4 mds) à l’exception du Burkina Faso et de la Guinée Bissau pour lesquels des hausses de 143,9 mds et 2,9 mds ont été enregistrées respectivement.
Par Mamadou Omar NDIAYE
JUBANTI LEEN BAAR BI TUUTI REK*
Les institutions dénoncées comme « inutiles » et « budgétivores » et dont la suppression avait été promise fonctionnent comme si de rien n’était. Le copinage et le népotisme affleurent dans certaines nominations
Dans un éditorial intitulé « Viatique pour nos jeunes nouveaux « maîtres » rédigé au lendemain de l’accession à la magistrature suprême de Bassirou Diomaye Faye, j’avais dit que je respecterai la règle non écrite des 100 premiers jours qui veut qu’on laisse à tout nouveau pouvoir le temps de s’installer, de prendre ses marques avant de le juger. Je me suis astreint à cet engagement malgré tout ce qui s’est passé dans ce pays depuis le 2 avril dernier. Si on me demandait mon appréciation globale sur les premières mesures du nouveau pouvoir, sur ses pas initiaux et les actes déjà posés, j’emploierais la formule qui fut celle de Georges Marchais, un défunt secrétaire général du Parti communiste français (PCF). Marchais, donc, interrogé sur le bilan des pays du « socialisme réel » avait répondu : « il est globalement positif ! » Autrement dit, et pour parler du Sénégal, dans ce qu’ont fait le président de la République et son Premier ministre — puisqu’une dyarchie semble s’être installée au sommet de l’Etat —, il y a du bon et du mauvais même si le positif l’emporte sur le négatif. Du moins, selon ma perception.
Parmi les bons points on peut mentionner la lutte contre la spéculation foncière, les mesures prises pour contrer la hausse des tarifs des transports routiers à la veille de la Tabaski, la tenue des Assises de la justice, le paiement des dettes des fournisseurs de semences et d’engrais, l’augmentation du budget de la campagne agricole et les mesures prises pour que les intrants parviennent à leurs véritables ayants droit, la baisse des prix des denrées, l’attitude de fermeté face aux meuniers. Il y a aussi le début de mise en œuvre d’une diplomatie de souveraineté et, en particulier, le recentrage du cercle de nos amitiés sur l’Afrique. Sans compter la sobriété qui semble s’être installée à la tête de l’Etat. De ce point de vue, le fait que plus de trois mois après le changement de régime il n’y ait pas encore de fondation de Première dame est plutôt de bon augure. Encore qu’on voit mal comment deux fondations auraient pu être créées étant donné que l’actuel chef de l’Etat a deux épouses. De même, la famille présidentielle n’a pas—du moins pour l’instant—envahi l’espace public. Mais surtout, surtout, aussi bien Bassirou Diomaye Faye qu’Oscar Sierra ne semblent pas vouloir s’enrichir personnellement. A ce que je sache, ils sont intègres et ont la volonté de changer positivement ce pays, de rompre ses liens de dépendance avec l’étranger.
Cela dit, les Sénégalais attendent encore que les fruits tiennent la promesse des fleurs. Pour l’essentiel, ce sont les gens de l’ancien régime qui sont toujours en place et les institutions dénoncées comme « inutiles » et « budgétivores » et dont la suppression avait été promise fonctionnent comme si de rien n’était. Avec les mêmes figures vomies du système Benno Bokk Yaakar (BBY). L’Assemblée nationale est toujours aux mains de la camarilla de cette dernière coalition. Toutes ces institutions continuent de vivre grassement aux frais du contribuable et la République est toujours bonne fille pour les hiérarques du régime du président Macky Sall. Surtout, la reddition des comptes promise à cor et à cris reste une promesse non encore honorée. Pis, les nouvelles autorités prennent tout leur temps pour traduire devant la justice les satrapes qui ont pillé nos sociétés nationales, détourné les deniers de la Nation, dilapidé nos ressources, ont ordonné ou exécuté le meurtre de dizaines de jeunes gens qui ne faisaient que manifester pacifiquement etc. Il est vrai que le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre ont fort à faire pour dégoupiller les bombes à retardement et éviter de sauter sur les mines enfouies par le chef de l’Erat sortant. Avançant en terrain miné, ils sont obligés de faire très attention à là où ils mettent les pieds. Surtout que la nouvelle opposition, disposant de moyens financiers inouïs et de solides relais médiatiques, ne fait pas mystère de sa volonté de mener une contre-révolution.
Il n’en reste pas moins que le duo Diomaye-Sonko a pris des mesures qui sont sujettes à caution ou qui poussent à lui instruire un procès en impréparation. Cet amateurisme a transparu surtout dans les nominations où, franchement, il y a beaucoup de tâtonnements et d’approximations. Le copinage et le népotisme affleurent dans certaines d’entre elles. Mais surtout, ce qui inquiète, c’est cette volonté de « pastéfiser » le management des sociétés et agences nationales ainsi que les directions centrales de l’Administration. Des hommes et des femmes qui n’ont pas le profil de l’emploi sont promus à des responsabilités manifestement trop lourdes pour eux. Leur seule mérite, c’est l’appartenance à Pastef ou d’être passés par la case prison voire d’avoir été sanctionnés pour leurs activités politiques ! Or, les états de services militants ou antécédents carcéraux pour raisons politiques ne sauraient valoir brevets d’aptitudes aux hautes fonctions étatiques ou managériales !
Ne pas « ennahda-iser » notre administration !
Entendons-nous bien : dans toutes les grandes sociétés démocratiques, il y a ce qu’on appelle le « spoil system ». Lisons la définition qu’en donne l’encyclopédie Wikipedia : « Le système des dépouilles est un principe selon lequel un nouveau gouvernement, devant pouvoir compter sur la loyauté partisane des fonctionnaires, substitue des fidèles à ceux qui sont en place. Cette tradition permet de régénérer les élites de la haute administration en incorporant souvent des profils très spécifiques… » Lorsqu’il y a eu une levée de boucliers au lendemain des premières nominations effectuées par le président de la République Bassirou Diomaye Faye — qui, en vertu de la Constitution, nomme aux emplois civils et militaires —, nous avions écrit dans ces colonnes qu’il était parfaitement fondé à mettre en œuvre son « spoil system ». Cela, nul ne saurait lui en dénier le droit. Tout ce qu’on lui demande, c’est de veiller à choisir les bons profils et non pas à « ennahda-iser » notre Administration ! Quand les islamistes du parti tunisien Ennahda ont accédé au pouvoir, ils ont non seulement fait exploser les effectifs de la Fonction publique mais surtout ils ont responsabilisé des cadres de leur parti notoirement incompétents. Au bout de quelques mois, ils ont été chassés par les Tunisiens. Je rappelais d’ailleurs sous forme de mise en garde cet épisode tunisien dans mon « Viatique pour nos jeunes nouveaux « maîtres » d’avril dernier.
Dans ce même éditorial, je disais comprendre que ces derniers soient tenus de récompenser ceux qui avaient mené avec eux la lutte pour l’accession au pouvoir du « Projet ». Voici ce que j’écrivais à ce propos : « Certes, des centaines voire des milliers de militants ont investi dans le « Projet », que ce soit sur le plan intellectuel, sur le plan matériel ou surtout financier, s’ils ne se sont investis physiquement. D’aucuns parmi eux ont payé leur engagement par l’emprisonnement, la perte de leur emploi ou la privation de revenus. Je ne parle évidemment pas de ceux qui ont été tués. Tous ces gens veulent donc un retour sur investissement et leur part du gâteau. Ils exigent leur place au banquet de la République. C’est normal, légitime puisqu’ils ont misé et gagné. Ce n’est donc que justice qu’ils soient rétribués. Seulement voilà, il faudra faire la part des choses et trouver le juste équilibre entre la nécessité de récompenser les militants et les alliés, d’une part, l’impératif de produire des résultats au niveau de l’Etat de l’autre ! » Tout est question de juste mesure et il ne faut point trop en faire en matière de propulsion de cadres « patriotes » aux « stations » (comme disait Idrissa Seck) de l’Etat ! Entre les institutions politiques comme l’Assemblée nationale ou le Conseil économique et social, les personnels subalternes des ambassades, quelques postes de second ordre dans les sociétés nationales, des marchés publics, des financements au niveau d’organismes comme la Der et j’en passe, les fonctions de chargés de missions ou conseillers spéciaux, les présidences de conseils d’administration,…il existe des possibilités infinies pour un parti au pouvoir de récompenser la fidélité militante de ses affidés. Encore faudrait-il veiller à ne pas installer un régime des anciens combattants ! Dans certains pays du continent qui ont dû mener des luttes de libération nationale, les anciens maquisards, une fois l’indépendance obtenue, se sont partagé les postes de responsabilités alors qu’ils n’avaient aucune aptitude à gérer. Résultat : des Etats en faillite. Il faut que les promoteurs du « Projet » évitent de reproduire ce schéma dans notre pays. Pour obtenir des résultats, ils doivent aller chercher les meilleurs où qu’ils soient : dans Pastef s’il y en a, dans la nouvelle opposition pourquoi pas pourvu qu’ils ne traînent pas des casseroles, dans la diaspora. L’essentiel, c’est de faire gagner le Sénégal. Pour cela, à défaut de placer la barre plus haut que les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, au moins la mettre au même niveau qu’eux !
Soyons justes : le président et son Premier ministre ont fait de très bons choix pour ce qui est des forces de défense et de sécurité en nommant les généraux Martin Faye et Mame Thierno Ndour à la tête de la Gendarmerie et de la Police, en promouvant pour la première fois un cadre maison pour diriger l’Administration pénitentiaire, en revenant à l’orthodoxie à la Banque Agricole et à la BNDE pour mettre des banquiers professionnels aux commandes de ces deux établissements à la place des inspecteurs des impôts et domaines, en choisissant le secrétaire général de la Senelec pour en faire le directeur général etc. La liste n’est pas exhaustive. Pour ces cas-là, ils ont eu la main heureuse.
Par contre, il y a eu des nominations calamiteuses qui font douter dans certains milieux pourtant très bien disposés à leur endroit de leur aptitude à bien s’entourer. Et, donc, à pouvoir diriger ce pays. S’agissant du gouvernement, on s’attendait à une équipe de pros immédiatement opérationnels, force est de constater que, trois mois après, certains ministres se cherchent encore. A comparer avec l’équipe du nouveau Premier ministre britannique qui s’est mise à la tâche dès le lendemain de sa formation !
A mort les vieux !
Au chapitre des mauvais points, l’économie qui ne bouge toujours pas. Ne parlons pas de décoller ! Encore que trois mois, ça soit trop peu pour faire quoi que ce soit. Mais le problème c’est qu’il n’y a pas de visibilité, pas de direction claire. Tout est bloqué et les TPE-PME-PMI sont à l’article de la mort. Là aussi, je ne suis pas surpris puisque j’avais prévu cette situation dans mon « viatique ». « Dette stratosphérique, recettes en berne, dépenses qui explosent, masse salariale exponentielle, subventions ruineuses…Le tableau est effrayant. Il faudra effectuer des coupes claires pour ne pas dire qu’à court terme, un ajustement structurel nous paraît inévitable. Pour cela, il faudra tenir un langage de vérité aux populations dès le départ en leur faisant une présentation sans fard de l’héritage en matière économique pour leur faire accepter d’inévitables sacrifices ». Voilà ce que j’écrivais et c’est exactement ce qui se passe mais les nouvelles autorités rechignent à tenir un langage de vérité aux populations. Au contraire, elles font dans le populisme à quatre sous, caressent nos compatriotes dans le sens du poil, promettent en dépit du bon sens de raser gratis, font entrevoir des lendemains qui chantent sans dire que ceux-ci sont impossibles sans que les Sénégalais se (re)mettent véritablement au travail et apprennent à se discipliner. Un populisme qui les pousse à jouer les vertueux et innocents travailleurs contre les patrons pourris et sans cœur, à miser sur les jeunes au détriment des vieux qui doivent dégager, à draguer les ambulants et autres acteurs de l’informel responsables de tout le bazar dans nos villes etc. Le jeunisme, donc, et au rebut les vieux… sauf si ce sont des marabouts.
Il me semble aussi que les deux hommes forts du pays ont toujours tendance à se considérer comme des inspecteurs des impôts plutôt que comme le président de la République et le Premier ministre ! Parfois, des amis, dont je sais qu’ils ont ardemment soutenu le « Projet », m’appellent : « khana tu ne peux pas parler à tes gosses-là ? » J’ai beau leur expliquer que, bien que j’aie soutenu leur lutte, je ne suis pas un « maggu Pastef » et je ne murmure pas aux oreilles des nouvelles autorités de ce pays, mieux que je n’ai pas eu l’honneur de parler à un seul de ces braves jeunes gens — à l’exception d’un coup de fil échangé avec mon jeune frère, le général Jean-Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur, pour un rendez-vous finalement avorté —, j’ai beau leur dire tout cela mes interlocuteurs ne me croient pas. C’est pourtant la stricte vérité.
Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko n’en sont qu’au début de leur « règne ». C’est donc normal qu’ils commettent des maladresses à la manière d’un enfant qui apprend à marcher et qui multiplie les chutes avant de se relever à chaque fois. Ils ont donc la possibilité de redresser la barre, de corriger certaines lacunes car, comme disent les Wolof, « bant bu toyé la ñu koy jubanti ». Autrement dit, c’est avant qu’il ne sèche qu’on peut redresser un bout de bois !
Pour me résumer, ils ont fait beaucoup de bonnes choses en 100 jours mais aussi, nul n’est parfait, commis des boulettes. Néanmoins, si on devait demander au sévère correcteur que je suis de les noter, je leurs donnerais une note de 12/20 assortie de l’appréciation suivante : « Bien, mais peuvent mieux faire » !
* Redressez légèrement la barre.
VIDEO
MAIN BASSE SUR LES MEDIAS AFRICAINS
Vincent Bolloré renforce son emprise sur le continent noir. Des tribunaux aux plantations, en passant par les chaînes de télévision, son influence s'étend comme une ombre. La journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur cette stratégie tentaculaire
Dans un entretien saisissant pour l'émission « Décrypter l'Afrique » du Média, la journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur l'empire grandissant de Vincent Bolloré en Afrique. Loin de se retirer du continent comme annoncé, le milliardaire français renforce son emprise, particulièrement dans le secteur des médias.
Au cœur de cette stratégie : Canal Plus. La chaîne, déjà présente dans 25 pays africains, s'apprête à avaler le géant sud-africain MultiChoice. Cette acquisition donnerait à Bolloré le contrôle de 65% du marché de la télévision payante sur le continent. Un monopole de fait qui soulève de sérieuses questions sur la liberté de l'information et l'influence politique.
Pigeaud souligne les antécédents troubles de Bolloré en France, où ses médias sont accusés de propager des discours controversés. Que fera-t-il en Afrique avec un tel pouvoir médiatique ? L'inquiétude est grande, notamment en Afrique du Sud, où des voix s'élèvent contre cette concentration sans précédent.
Mais l'influence de Bolloré ne s'arrête pas aux médias. La journaliste rappelle les démêlés judiciaires du groupe, notamment autour du port de Douala au Cameroun, où des accusations de manipulation d'une cour d'arbitrage ont récemment refait surface.
Enfin, Pigeaud pointe du doigt les intérêts persistants de Bolloré dans l'agro-industrie africaine via la société SOCFIN. Les conditions de travail et l'impact environnemental de ces plantations sont tels qu'un fonds de pension norvégien envisage de se désengager, jetant une lumière crue sur les pratiques du groupe.
PÉTROLE ET GAZ, LES TRAVAILLEURS DU SECTEUR SE REPOSITIONNENT POUR PLUS DE REVENUS AVANTAGEUX
Ces agents entendent mieux négocier et plaider leurs intérêts à travers des sessions de formation et de vulgarisation des conventions nationales suite au début de l'exploitation du champ de Sangomar.
Les employeurs du secteur pétrolier et gazier se repositionnent face aux retombées de l’exploitation des premiers barils de pétrole sortis du champ de Sangomar marquant ainsi l’entrée du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole.
En effet, les délégués du personnel des entreprises du Groupement des Professionnels du Pétrole et du Gaz (GPP) et membres du Syndicat national des Travailleurs du Pétrole et du Gaz du Sénégal (SNTPGS) organisent du 8 au 11 juillet deux sessions de vulgarisation des conventions nationales dudit secteur et de renforcement des capacités des membres en dialogue social et négociation collective.
Selon le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz du Sénégal, M. Sarra Konaré, le personnel est bien averti avec l’entrée du Sénégal parmi les pays producteurs de pétrole et de gaz d’où l’importance, dit-il, « de se recycler non seulement, de se former d’avantage pour pouvoir porter le plaidoyer parce que nous sommes le représentant du personnel ». Poursuivant son propos, M. Konaré a souligné qu’en collaboration avec le ministère du Travail « qui est notre bras technique pour pouvoir recycler nos agents », deux conventions collectives ont été élaborées.
C’est ainsi que le Secrétaire général du SNTPGS exhorte ses collègues à « s’approprier justement le document pour voir de quoi il s’agit parce qu’il ne faut pas faire la revendication arbitrale, je l’ai dit, nos entreprises sont au cœur de nos préoccupations parce ce sont les bailleurs qui sont là qui donnent de l’argent, ils nous donnent de l’argent certes, «mais c’est nous qui en retour donnons notre force de travail. Il faut donc connaître les documents qui nous régissent, c’est pourquoi on a demandé à ce qu’on vulgarise d’abord la convention qui sera connue par tout le monde pour qu’on s’approprie la chose, nous acteurs ».