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2 décembre 2024
Economie
Par Madiambal DIAGNE
DIOMAYE-SONKO, OSEZ MONTRER VOS BIENS !
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini. On pourra savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité
Le Premier ministre Ousmane Sonko et la plupart des membres de son gouvernement se sont évertués à effectuer leur déclaration de patrimoine devant l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac). Ils ont ainsi satisfait à l’exigence de la loi. Pour sa part, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’en était déjà acquitté devant le Conseil constitutionnel. Il convient de rappeler que, en tant que maire de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko avait également fait sa déclaration de patrimoine en 2022. Cette démarche est tout à leur honneur. Elle participe de la transparence dans la vie publique et renforce une institution essentielle dont la mission devient sacrée dans un pays comme le Sénégal.
C’est sans doute ce qui explique que la nouvelle loi organique sur l’Ofnac avait été votée à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale en janvier 2024. Rares sont les textes législatifs qui peuvent bénéficier d’une pareille onction. Cette loi est considérée comme l’une des plus avancées en termes de transparence et de renforcement des missions de l’institution.
Le président Bassirou Diomaye Faye ne s’y est pas trompé car l’une de ses premières décisions à la tête du Sénégal avait été d’ordonner la publication des rapports de la Cour des comptes et de l’Ofnac (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Sur ce point, il se montrera davantage rigoureux concernant la redevabilité dans la gestion des ressources publiques, en déclassifiant et ordonnant la publication des rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige). Opposants, le président de la République et son Premier ministre préconisaient cela. Le succès de l’Ofnac a embelli les résultats du Sénégal, comme en témoigne le communiqué du Fonds monétaire international (Fmi) à l’issue de sa revue du 6 au 19 juin 2024.
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini
Les citoyens peuvent franchement se féliciter de ces déclarations de patrimoine devant l’Ofnac, mais ils sont tout de même fondés à rester sur leur faim. Il semble tout aussi important de satisfaire la curiosité du public, ce qui ne serait pas du vulgaire voyeurisme. Il s’agirait surtout de permettre un contrôle populaire de la sincérité et de l’exhaustivité de ces patrimoines. On ne fait que prendre Ousmane Sonko au mot, lui qui promettait sur tous les tons de veiller systématiquement à rendre publics les patrimoines des élus et des gestionnaires de fonds publics. La loi punit sévèrement les fausses et/ou incomplètes déclarations de patrimoine. N’est-ce pas que ce nouveau régime a demandé à chaque citoyen de se constituer en lanceur d’alerte pour fouiner dans la vie des gens et révéler les biens des personnes ? Bassirou Diomaye Faye a sonné l’halali, assurant la protection mais aussi la rétribution des éventuels délateurs.
On observe ainsi que de nombreuses personnes trouvent une nouvelle occupation : faire le tour du Sénégal, smartphones à la main, pour filmer des biens supposés appartenir à des personnalités connues. Des patrimoines de personnes n’ayant exercé aucune activité publique sont même, à l’occasion, étalés sur la place publique, comme si la richesse était devenue un délit. Les délateurs ne s’intéressent qu’aux patrimoines des nationaux sénégalais. Un Sénégalais riche n’a aucun mérite aux yeux de ces «patriotes autoproclamés», tandis que les richesses prêtées à des étrangers ne dérangent personne..
C’est ainsi que la mort du magnat du pétrole Abdoulaye Baba Diao est un non événement pour les autorités gouvernementales, tout comme l’annonce de la vente de la Sedima par son fondateur, l’autre «self-made man», Babacar Ngom. Ces deux grands hommes d’affaires sénégalais ont bâti leur fortune à une époque où tous les tenants du pouvoir étaient en culotte courte. On devrait les donner en modèles de réussite. L’Institut national de pétrole et du gaz (Inpg) mériterait notamment, de porter le nom de Baba Diao. C’est une honte de voir la Sedima passer dans des mains étrangères parce que son patron est victime d’ostracisme depuis que sa fille Anta s’est risquée, comme nombre de ses compatriotes, à déplorer les propos tenus le 9 juin 2024 par le Premier ministre sur l’esplanade du Grand Théâtre de Dakar.
Les nouveaux gouvernants ont également accusé leurs prédécesseurs de tous les crimes économiques et ont stigmatisé les fortunes prêtées aux uns et aux autres. Ils avaient d’ailleurs battu campagne sur un thème qui a pu faire mouche auprès des électeurs : le candidat favori de l’élection présidentielle de 2024, Amadou Ba, était un «fonctionnaire milliardaire». L’origine de son patrimoine a largement été discutée. C’est le moment pour Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye de faire taire l’idée qu’ils sont eux aussi des fonctionnaires milliardaires. La publication de leurs patrimoines ferait taire toutes les suppositions, à condition qu’ils osent le faire !
Le candidat Bassirou Diomaye Faye s’était risqué à cet exercice de transparence et avait fini par s’empêtrer dans la confusion. La découverte de son patrimoine foncier a pu choquer, encore qu’il ait pu être sous-évalué. La valeur de son patrimoine s’élevait, de toute évidence, à plusieurs centaines de millions de francs. Pour se défendre, il disait qu’il venait de sortir de prison et n’avait pas eu le temps de faire une évaluation. On peut dire qu’il a eu entretemps la possibilité et l’opportunité de s’entourer d’experts pour nous dire à combien s’élève véritablement son patrimoine. Comment un fonctionnaire a-t-il pu amasser une telle fortune ? Une explication était qu’il avait bénéficié de nombreuses attributions foncières, encore que d’aucuns pourraient avoir de bonnes raisons de croire que la déclaration du candidat Bassirou Diomaye Faye n’était pas complète ou exhaustive.
La question qu’on se pose est que, si lui, fonctionnaire, peut bénéficier de plusieurs attributions foncières sur des hectares de terres dans différentes régions du Sénégal et de nombreuses parcelles dans les plus beaux quartiers de Dakar, pourquoi cela devrait-il être prohibé à d’autres citoyens sénégalais ? Il convient de dire que je suis totalement à l’aise sur ce sujet, n’ayant jamais bénéficié du moindre mètre carré de terres de l’Etat. Qu’il soit donc bien clair que je ne prêche pas pour ma chapelle. Ousmane Sonko ne pourra pas dire la même chose. Bien au contraire, son patrimoine est colossal, rien que pour ce qu’il s’agit de biens immobiliers lui appartenant encore, ou qu’il a cédés à des tiers. Tous ces biens lui avaient été gracieusement offerts dans le cadre de lotissements fonciers, du temps où il était fonctionnaire et même après son départ de l’Administration publique.
Il sera peut-être très aisé de le confondre s’il publie sa déclaration de patrimoine. Voilà un défi public qu’il n’osera pas relever ! Sa seule réponse sera de faire le dos rond et de lancer sa meute d’insulteurs. Dire qu’il a l’audace de se mettre sur les rochers de la plage de l’Anse Bernard pour montrer des terrains affectés à d’autres personnes ! D’ailleurs, que cacherait le fait de taire le nom des propriétaires stigmatisés ? On peut craindre un appel du pied en vue d’audiences nocturnes pour arranger quelques situations ! Le landernau de l’immobilier de luxe est un bien petit monde au Sénégal.
De toute façon, la publication du patrimoine du Premier ministre sera aussi l’occasion de dater certaines acquisitions, comme par exemple des biens obtenus par l’inspecteur des Impôts Ousmane Sonko, après des missions de contrôle et de vérification fiscale auprès de sociétés immobilières. On pourra aussi savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité. Qui parlera d’éthique et de probité ?
Encore une fois, on devra exiger la publication de ces patrimoines, car on se rappelle tout le grand débat qu’il y a eu au Sénégal sur le patrimoine publié de Macky Sall en 2012. Sur cette question, on attend, particulièrement de la part des organisations de la Société civile, la même exigence manifestée naguère. Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle, n’était point obligé de publier son patrimoine ou de faire une quelconque déclaration à ce propos. Mais devenu président de la République, il devra se sentir obligé. «Qui peut le plus, peut le moins !»
Incivisme fiscal vous dites ? Montrez aussi vos feuilles d’impôts !
On a pu sourire en voyant le Premier ministre Ousmane Sonko se lancer dans la traque des «délinquants fiscaux», en ciblant notamment quelques entreprises de presse. Il est du devoir de chaque citoyen de s’acquitter de ses impôts, et il est de bon ton de stigmatiser les défaillants. C’est le lieu de dire qu’il n’y a pas de complexe à nourrir sur ce point. Une fiscalité doit être adaptée à chaque secteur d’activité économique et sociale, et les médias l’ont toujours réclamé. Si d’autres secteurs économiques peuvent bénéficier d’une fiscalité spécifique allégée, dérogeant aux règles de la fiscalité générale, le secteur des médias, qui effectue un service public et traverse une période de marasme économique, devrait également être pris en considération.
Les régimes des présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall l’avaient toujours compris, mais n’avaient pas voulu franchir le pas de la mise en œuvre d’une politique fiscale plus douce pour les médias. Des pays comme la France, les Etats-Unis ou le Canada ont mis en place des systèmes fiscaux plus adaptés pour ce secteur. Des études sont disponibles et des propositions sont faites aux différents gouvernements. Dans le cadre des discussions sur le projet de nouveau Code général des impôts en 2011-2012, les patrons de presse avaient préconisé de s’inspirer de ces modèles, mais le gouvernement avait la phobie de susciter que d’autres secteurs économiques fassent les mêmes revendications.
La panacée était de procéder régulièrement à des effacements de dettes fiscales. Le patronat de presse avait toujours refusé cela, demandant des mesures pérennes ou définitives. Mais le plus renversant est que ces accusations d’incivisme fiscal sont portées par un régime politique dont les principales figures ne sont pas des modèles de payeurs d’impôts. On leur lance un autre défi, celui de sortir leurs déclarations d’impôts, et il sera aisé de pointer des transactions immobilières qui n’avaient pas été déclarées au fisc ou qui ont été sous-évaluées dans le but de minorer les montants des taxes à payer ! On saura bien si tous les revenus tirés de la vente de terrains figurent sur les déclarations fiscales, encore que la pratique des mutations directes soit assez connue et répandue. Elle consiste à inscrire un titre de propriété, gracieusement affecté à telle ou telle personne, au nom de l’acquéreur sans que l’identité du premier propriétaire n’apparaisse dans la transaction. Naturellement, dans ce cas, le montant de la transaction est occulté.
En outre, qui dirigeait le syndicat des employés des Impôts et domaines pendant que ces travailleurs bloquaient le fonctionnement des services publics pour refuser de payer des impôts sur les fonds communs distribués aux agents de cette administration ? Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye ou Waly Diouf Bodian, tous anciens dirigeants de ce syndicat, pourront sans doute répondre à cette question. Le chantage avait fait céder le gouvernement, qui finit par leur appliquer une fiscalité spécifique, du modèle de celle appliquée aux députés. En recevant une délégation de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Président Bassirou Diomaye Faye leur a rappelé que «payer les impôts est une question d’équité et de principe». Personne ne saurait être contre cette vérité, pour ne pas dire cette lapalissade.
Cependant, il est surprenant de snober un patronat et de recevoir des employés, tout en critiquant leurs patrons. Le président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, a demandé en vain à deux reprises des audiences avec le Président Bassirou Diomaye Faye : une première fois lorsqu’il venait d’être installé à la tête du pays et une deuxième fois lorsque des entreprises de presse ont fait l’objet d’ostracisme ou de punition par le biais de mesures fiscales. Il aurait été plus convenable d’écouter les représentants des patrons de presse avant de chercher de la sorte à les jeter en pâture. Le 1er mai 2024, la demande d’audience des patrons de presse a été remise, en mains propres, au Président Bassirou Diomaye Faye, par une délégation constituée notamment de Maïmouna Ndour Faye (7Tv) et de Abdou Ndiaye (2sTv).
En écoutant Bassirou Diomaye Faye parler, on réalise sa méconnaissance des réalités du secteur de la presse. Au demeurant, il reste à savoir si ce sera le gouvernement qui donnera des emplois à ces centaines de reporters quand il aura fini son opération de démolition des entreprises de presse.
CES NICHES À MILLIARDS POUR DONNER CORPS AU PROJET
Plus de 800 ONG et nombre de représentations diplomatiques échappent au fisc sénégalais, lui faisant perdre des milliards chaque année. Cela pourrait libérer des ressources considérables, essentielles à la réalisation des promesses électorales
Pour matérialiser le Projet, les nouvelles autorités peuvent compter sur entre autres matelas à ressorts : les exonérations fiscales, la réduction du train de vie de l’Etat, l’enrichissement illicite et les fonds détournés. Des niches à milliards à même de donner de l’oxygène aux finances publiques y sont englouties.
Les nouvelles autorités ont du pain sur la planche pour restaurer les finances balafrées depuis des années. Pour s’en convaincre, en moins de 3 mois d’exercice de pouvoir, les nouvelles autorités ont fait recours aux marchés financiers international et régional pour assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat. En début juin dernier, précisément en date du 6 juin, le gouvernement sénégalais confirmé l’information de l’Agence Bloomberg indiquant que le Sénégal a levé sur les marchés financiers un pactole de 450 milliards de francs CFA, soit 750 millions de dollars américains. A cela, il faut ajouter les 28,480 milliards de francs CFA levés sur le marché financier de l’Umoa-Titres le 4 mai dernier entre autres. Ce qui se justifie amplement par un réel besoin de liquidité des nouvelles autorités pour tourner la machine économique.
Et pourtant, les nouvelles autorités avaient clamé urbi orbi, une fois au pouvoir mettre terme au Plan Sénégal Emergent (Pse) en lieu et place de leur PROJET. Mais, la situation financière trouvée, ne les offre aucune marge de manœuvre. D’où la continuité des discussions pour la seconde revue du programme soutenu par le Fmi au titre du Mécanisme Elargi de Crédit (MEC) et de la Facilité Elargie de Crédit (FEC), et la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).
Le Projet peut compter sur…
Visiblement pour se tirer d’affaires, le régime en place semble compter sur entre autres les exonérations fiscales abusives. C’est ainsi que les entreprises de presse ont été la cible des tenants actuels du pouvoir. Par rapport aux manquements des médias, elles (les autorités) n’entendent pas fléchir. Pour ce qui est des dépenses, elles ont donné instruction aux différents départements ministériels et autres démembrements de l’Etat de faire des états des lieux exhaustifs. Au premier des mesures, la visite du Premier ministre (PM) au Building administratif Mamadou Dia le 17 avril dernier pour en avoir une idée précise du coût de sa réhabilitation. Il en est de même pour l’enrichissement illicite notamment le foncier avec la visite inopinée du Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye le 1er mai dernier à Mbour 4. Il s’en suivra la suspension de toutes les constructions sur le littoral pour deux mois aux fins d’une bonne appréciation de la sitaution. Sur les fonds détournés, le chef de l’Etat a ordonné l'Inspection générale d'État de passer au crible plus de 70 structures publiques. Objectif : traquer les auteurs de malversations économiques et rétablir la bonne gouvernance. Au nombre desquelles la Société d’exploitation du Train express régional (Senter), le Fonds de soutien de l’Energie (Fse), la Commission d’attribution des licences de pêche, les Fonds destinés à la pêche artisanale, Air Sénégal, Aide à la Presse nationale, e Fonds d’appui à l’édition (Fae), l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), Handling (2AS), le Fonds d’entretien routier autonome (Fera), La Poste, la Société africaine de raffinage (Sar), le Budget Coupe du Monde (Qatar 2022), la Coupe d’Afrique des Nations (Can 2024), la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes(Artp), l’Office des lacs et cours d’eau (Olac), le Conseil exécutif des transports urbains durables (Cetud), l’Agence autonome des travaux et gestion des routes(Ageroute), l’Autoroute Ila Touba, le Building administratif de Dakar… pour ne citer que ces niches à coût de milliards et dont la transparence reste suspecte.
Plus de 800 ONG défiscalisées
L’État sénégalais perd aussi des milliards par an pour avoir défiscalisé plus de 800 Organisations non gouvernementales (ONG). Il se révèle même que bon nombre d’elles opèrent en toute fausseté par rapport à leurs activités déclarées. D’où la pertinence de revoir tout cela. Mieux, si Dakar est réputé abrité plusieurs sièges d’institutions internationales et régionales, c’est en partie lié à son régime fiscale moribond qui laisse des milliards lui filer entre les doigts. Il en est de même pour les représentations diplomatiques. Et pourtant, en Europe, en Asie et aux USA, c’est seulement le tiers de la représentation diplomatique qui est défiscalisé. Mais, au pays de la Téranga (hospitalité) tout répond à son nom légendaire. Et pourtant, un budget conséquent est alloué à toutes ces ONG, ces ambassades, ses institutions internationales et régionales
Voilà autant de leviers solides pouvant permettre aux autorités actuelles de dérouler dans les mois à venir leur offre politique (le Projet).
LE DÉFI EXISTENTIEL DE LA CÉDÉAO
La décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter l'institution ébranle les fondements mêmes de la coopération régionale. Des centaines de millions de dollars d’investissements sont en jeu, tout comme la sécurité et la stabilité de la région
(SenePlus) - Les inquiétudes sont palpables à Abuja où se tient ce dimanche le 65e sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). L'organisation régionale fait face à une crise existentielle avec le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger, trois poids lourds du Sahel central.
Dans un discours on ne peut plus alarmiste, Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cédéao, a dressé un sombre tableau de la situation. "Notre région n'a jamais connu simultanément autant de défis depuis de nombreuses années. En effet, en dehors de nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité, ainsi que des défis liés à la pauvreté, notre région est également confrontée au risque de désintégration", a-t-il martelé, citant la décision du "Burkina Faso, du Mali et du Niger" de quitter l'organisation "avec effet immédiat" comme l'a rapporté Apa News.
Un divorce aux lourdes conséquences
Ce retrait brutal des trois nations pourrait avoir des implications dramatiques selon M. Touray. "Il est évident que la désintégration perturbera non seulement la liberté de mouvement et d'établissement des personnes, mais elle aggravera également l'insécurité dans la région", a-t-il prévenu.
Sur le plan sécuritaire, le diplomate gambien redoute que ce divorce ne porte "un coup dur à la coopération en matière de sécurité, notamment en termes de partage de renseignements et de participation à la lutte contre le terrorisme". Une inquiétude de taille pour cette région en proie aux attaques djihadistes meurtrières.
L'isolement guette également le Burkina, le Mali et le Niger sur la scène internationale, puisqu'ils "ne pourront plus bénéficier d'un soutien de bloc" au sein d'instances comme l'Union africaine ou l'ONU, a prévenu le président de la Commission.
Un lourd tribut économique et financier
Au-delà des aspects sécuritaires et diplomatiques, c'est l'avenir économique de la région qui est en jeu. M. Touray a rappelé que "le retrait des trois États membres pourrait entraîner l'arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes" de la Cédéao dans ces pays, pour une valeur totale "estimée à plus de 500 millions de dollars".
Sans oublier les investissements menacés des institutions financières régionales comme la Banque d'investissement et de développement de la Cédéao (environ 321 millions de dollars selon ses dires).
Onze mois après la création d'une alliance parallèle, le "Burkina Faso, le Mali et le Niger ont adopté samedi le traité instituant la Confédération des États du Sahel", souligne enfin Apa News. Une nouvelle entité censée remplacer la Cédéao pour ces trois pays?
LA JUSTICE SÉNÉGALAISE À L'AUBE D'UNE RÉVOLUTION
Les conclusions des Assises de la justice 2024 dessinent les contours d'un système judiciaire repensé. Jean Louis Corréa, coédacteur du rapport, lève le voile sur les enjeux et les défis de cette transformation attendue
Dans une intervention remarquée ce dimanche 7 juillet dans l'émission "Objection" de Sud FM, Jean Louis Corréa, éminent juriste, vice-recteur de l'université numérique Cheikh Hamidou Kane et coédacteur du rapport des Assises de la justice, a dévoilé les contours d'une réforme judiciaire ambitieuse pour le Sénégal.
Les Assises de la justice, tenues du 28 mai au 4 juin 2024, ont marqué un tournant décisif dans l'histoire judiciaire du pays. Corréa souligne l'urgence d'une « décolonisation » du système, appelant à une refonte complète des symboles et pratiques hérités de l'ère coloniale.
Au cœur des débats, deux questions épineuses ont émergé : la présence du président de la République au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l'ouverture de ce conseil à des personnalités extérieures. «Ces points cristallisent les tensions entre tradition et modernité, entre indépendance et contrôle», affirme Corréa. Il expose les arguments des deux camps, soulignant la nécessité d'un équilibre délicat entre la garantie de l'indépendance judiciaire et le maintien d'un lien avec l'exécutif.
Le rapport préconise des changements radicaux, notamment la création d'une Cour constitutionnelle et d'une Haute Autorité de la justice. «Ces nouvelles institutions visent à renforcer l'État de droit et à restaurer la confiance des citoyens», explique le juriste.
Corréa insiste sur l'importance de la digitalisation et de l'amélioration de la communication judiciaire. « Nous devons rendre la justice accessible et compréhensible pour tous les Sénégalais », déclare-t-il, évoquant des projets de dématérialisation des procédures et de simplification du langage juridique.
Le rapport recommande également une augmentation substantielle du budget de la justice et une réforme en profondeur de la formation des magistrats. « Nous visions une justice plus humaine, plus démocratique, ancrée dans les réalités sénégalaises », affirme Corréa.
Enfin, le juriste souligne l'importance cruciale de la mise en œuvre effective de ces recommandations. Il propose la création d'une commission permanente de suivi pour garantir que ces réformes ne resteront pas lettre morte.
DES AVANCÉES TROP LENTES FACE AUX URGENCES
Si le volontarisme de Diomaye est salué, son action après 100 jours reste marquée par l'absence d'état des lieux et de reddition des comptes, selon la LD Debout. Le parti indique la rationalisation piétine face à l'accumulation de nominations
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de La LD Debout sur les 100 jours de gouvernance du nouveau régime. Le parti salue le volontarisme du président tout en déplorant le manque de calendrier pour les réformes structurelles attendues. Il constate relève également la mise en oeuvre de la promesse de rationnalisation.
"La LD Debout saisit l’échéance symbolique des 100 premiers jours du régime du président Bassirou Diomaye Faye pour lui renouveler ses félicitations ainsi qu’au peuple sénégalais dans son ensemble et aux forces vives de la Nation dont l’engagement soutenu et les énormes sacrifices consentis ont permis à notre pays de sauvegarder ses acquis démocratiques et de réaliser la troisième alternance politique de son histoire. La fin de ces 100 premiers jours est surtout un bon moment pour faire un premier bilan d’étape de l’action du régime.
Tout d’abord, la LD Debout salue les initiatives importantes du président de la République relatives à la déclaration de patrimoine et à sa démission du poste de Secrétaire général de son parti qui donnent un signal encourageant en direction des ruptures attendues. Toutefois, le parti attend de tous les assujettis à cette obligation éthique, morale et légale qu’ils formalisent le dépôt de leur déclaration de patrimoine dans les délais.
Depuis son élection, la LD Debout constate également un fort volontarisme pour enclencher une nouvelle dynamique politique et sociale dans le pays, comme l’indiquent les récentes Assises de la Justice, la journée nationale de Set-sétal et les allègements des prix de certaines denrées de première nécessité, même si des efforts plus significatifs sont encore attendus pour véritablement soulager les populations et les ménages toujours confrontés à la réalité de la cherté de la vie.
Plus généralement, la LD Debout considère qu’il devient urgent pour le président de la République et son gouvernement de définir un calendrier et des modalités pratiques de mise en œuvre des réformes sur lesquelles ils se sont engagés auprès du peuple sénégalais mais également auprès des organisations citoyennes, en lien notamment avec les conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). A cet égard, la LD Debout est particulièrement attentive aux réformes inscrites dans le « Projet », et auxquelles elle adhère, telles que (i) la révision et la protection de la Constitution en s’inspirant des conclusions des Assises nationales et des réformes proposées par la CNRI, (ii) la réduction des prérogatives proéminentes du président de la République et l’instauration de sa responsabilité politique, (iii) la création d’une « Cour constitutionnelle » avec un mode paritaire de désignation de ses membres, (iv) la consécration de l’indépendance du parquet vis à-vis du ministre de la Justice, (v) la suppression des fonds politiques et leur remplacement par des fonds spéciaux exclusivement destinés aux opérations ultra sensibles, (vi) le détachement des corps de contrôle de la tutelle de l’Exécutif, (vii) le renforcement de la neutralité de l’administration publique en interdisant désormais le militantisme politique aux directeurs de certains départements ministériels, à l’image des régies financières et des sociétés d’État, et (viii) l’appel à candidature pour certains emplois de la haute fonction publique ainsi que du secteur parapublic, tout comme la normalisation des recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours.
Au-delà de ces réformes, la LD Debout restera vigilante sur les engagements très importants et sur les exigences de rationalisation des institutions, comme la suppression du HCCT et de plusieurs agences budgétivores. D’ailleurs, le Parti regrette que cette rationalisation n’ait pas précédé les vagues de nominations en cours. En tout état de cause, cette rationalisation des dépenses de l’Etat est une nécessité pour endiguer la spirale d’endettement enclenchée par l’ancien président de la République et qui se poursuit, et pour assurer le respect d’importants engagements du « Projet » tels que l’augmentation de la part du budget de l’Etat allouée à la santé, à l’éducation et à la promotion de l’emploi des jeunes. Aussi, le parti demande au gouvernement de prendre en charge de manière urgente la question dramatique des citoyens sénégalais migrants, partis pour un avenir meilleur, mais aujourd’hui abandonnés à leur propre sort et maltraités dans des pays du Maghreb, ce qui devrait d’ailleurs interpeller nos consciences et nos valeurs proclamées d’humanisme et de patriotisme.
Au regard de l’immensité des défis, la LD Debout considère que le gouvernement devrait adopter une démarche hautement stratégique, en évitant le pilotage à vue et en soignant sa communication institutionnelle. En pratique, un accent particulier devrait être mis sur l’état des lieux de la gestion précédente et sur la reddition des comptes car aucun redressement politique, économique ou social ne peut se réaliser sans rupture avec la culture d’impunité endémique qui a longtemps régné au Sénégal et à tous les niveaux de la vie nationale.
La LD debout regrette la polémique stérile sur la programmation de la Déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Sur ce sujet, le parti invite l’Assemblée nationale à mettre à jour son Règlement intérieur et demande au Premier ministre de se prêter à cet exercice solennel devant la représentation nationale pour permettre au peuple souverain d’avoir un aperçu plus clair sur le « projet », la vision et les orientations du gouvernement.
Enfin, la LD Debout appelle toutes les forces progressistes du pays et de la diaspora à rester mobilisées dans une posture de citoyenneté active pour obtenir des nouvelles autorités le respect des engagements pris, notamment par la mise en œuvre effective et dans les meilleurs délais des mesures de ruptures attendues aux plans politique, économique, social et culturel ; et relativement à la refondation de l’Etat, par une répartition plus équilibrée des pouvoirs."
SONKO DÉFEND SA VISION D'UNE AFRIQUE PORTÉE PAR SA JEUNESSE
Ému par la récente tragédie ayant coûté la vie à près de 90 candidats à l'émigration, le chef du gouvernement n'a pas mâché ses mots devant les étudiants de Saint-Louis
(SenePlus) - Quelques jours après le naufrage meurtrier d'un bateau de migrants au large de la Mauritanie, qui a coûté la vie à près de 90 personnes, le Premier ministre Ousmane Sonko a prononcé un discours engagé devant l'Université Gaston Berger de Saint-Louis pour faire entendre sa vision sur la question migratoire.
"Un énième naufrage s'est produit au large de nos côtes et qui aurait coûté, en attendant d'avoir les chiffres exacts, la vie à beaucoup de jeunes", a déclaré M. Sonko d'entrée de jeu, faisant référence au naufrage rapporté par RFI dont le bilan humain reste encore incertain selon la radio. Le Premier ministre a exprimé sa tristesse face à cette tragédie qui vient s'ajouter aux nombreuses autres ayant coûté la vie à de nombreux jeunes Africains tentant de rejoindre l'Europe par la mer, comme l'a rapporté RFI.
Mais M. Sonko n'est pas venu seulement présenter ses condoléances. Dans une intervention retransmise en direct sur sa page Facebook et rapportée par RFI, il a adressé un appel enflammé à la jeunesse africaine: "Je lance encore un appel à cette jeunesse, votre solution ne se trouve pas dans les bureaux, les pays que certains jeunes veulent aller rejoindre, je peux vous assurer qu'ils sont eux-mêmes sont en crise, soit en début de crise!", a-t-il martelé selon RFI.
Pour le Premier ministre, l'avenir se situe bel et bien en Afrique. "L'avenir du monde se trouve en Afrique et vous devez en être conscient, vous les jeunes. Le seul continent qui a encore une marge de progression et de croissance importante, le seul continent qui devrait porter la croissance du monde dans les 50 prochaines années", a-t-il déclaré dans un plaidoyer passionné en faveur du continent, comme l'a rapporté RFI.
Dans sa vision, le développement de l'Afrique ne doit plus se faire par et pour les autres, mais bien par les Africains eux-mêmes. "La réponse que nous avons apportée, nous, est très claire, personne ne fera notre développement à notre place. Nous n'accepterons plus que nos ressources naturelles soient pillées pour nous laisser la pauvreté et le chômage qui va vous pousser à partir, vous les jeunes...", a-t-il martelé selon les propos relayés par RFI.
Un message fort et engagé qui fait écho aux revendications exprimées dans un communiqué conjoint signé par trois ONG sénégalaises après le naufrage, comme l'a rapporté RFI. Dans leur texte, elles exigent du gouvernement qu'il agisse pour empêcher les départs de jeunes en leur offrant de meilleures opportunités sur place. Car la route migratoire de l'Atlantique, encore empruntée dernièrement par plus de 170 personnes à bord d'une embarcation partie de Niodior, reste particulièrement périlleuse et meurtrière selon les informations de RFI.
Avec ce discours, Ousmane Sonko témoigne d'une vision souverainiste de l'avenir du continent africain, appelant la jeunesse à croire en ses potentialités et à en être les acteurs principaux, plutôt que de risquer leur vie dans des tentatives désespérées de rejoindre l'Europe par la mer, comme l'analyse RFI.
par Abdoul Aziz Diop
CENT ILLISIBLES JOURS AVEC DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les deux inspecteurs des Impôts n’obtinrent pas de l’ancien premier ministre Amadou Ba ce dont un autre ancien premier ministre, Mamadou Lamine Loum, gratifia le régime du président Abdoulaye Wade
Invité, le dimanche 2 juin 2024, de l’émission « Objection » sur la radio Sud FM, deux mois après la prestation de serment du président Bassirou D. D. Faye, l’historien Mamadou Diouf trouva « prématurées les critiques » faites au président Faye et à son premier ministre Sonko. Le Professeur Diouf expliquait que le délai de 100 jours requis est celui au terme duquel les critiques sont fondées. À la décharge du nouveau régime, Mamadou Diouf disait même tolérer « l’amateurisme et les erreurs » des trois premiers mois d’exercice du pouvoir par le tandem Faye-Sonko.
Dans 12 jours au plus, c’est-à-dire 100 jours après la troisième alternance politique au Sénégal, les critiques pour cause d’amateurisme et d’erreurs au sommet s’expliqueront alors moins par la durée que par l’absence de méthode.
Pas de programme, pas de méthode
En matière de gouvernance, l’ossature du programme sur lequel un.e candidat.e à l’élection présidentielle a fait campagne en dit long sur la méthode d’exercice du pouvoir.
Le programme est le document pensé et élaboré dans lequel un.e candidat.e atteste d’une bonne connaissance du pays, mis en exergue dans un état exhaustif des lieux, et propose un plan pour la transformation du réel trouvé sur place. Second volet de tout programme dont le premier volet est le diagnostic, le plan fait état de la vision, correspondant à la réponse à la question bien connue de base : « Quel sera le visage du pays transformé au bout de 25 ans au moins ?» Ledit plan présente ensuite les valeurs (conditions subjectives du succès) qui sous-tendent l’action et montre la disponibilité incontestable des ressources financières et humaines (conditions objectives du succès). Vision et conditions (subjectives et objectives) supposent un agenda au terme duquel le produit fini (un Sénégal nouveau et souhaité) est livré à la collectivité tout entière. Dans cette optique, les projets - il y en a plusieurs, pas un seul - renvoient aux modalités pratiques d’exécution du plan. À titre d’exemple, le Plan Sénégal émergent (PSE) est exécuté à travers les Projets d’Actions Prioritaires (PAP).
Après avoir longuement abusé les citoyens (militants, sympathisants, indépendants, etc.) de ce qu’ils appellent tous les deux « le Projet », Diomaye et Sonko arrive au pouvoir en empruntant le chemin inverse à celui d’un programme tel que nous l’avons présenté ici. L’amateurisme et les erreurs dans le jugement et l’action au quotidien s’expliquent alors par la méconnaissance de la situation du Sénégal au 2 avril 2024. Les deux inspecteurs des Impôts et des Domaines Bassirou D. D. Faye et Ousmane Sonko n’obtinrent pas de l’ancien premier ministre Amadou Ba ce dont un autre ancien premier ministre, Mamadou Lamine Loum, gratifia le régime du président Abdoulaye Wade, à savoir la situation du Sénégal au 2 avril 2000. Autre temps, autres bonnes mœurs que les profanes du politique - tous des inconditionnels de Sonko - fustigent sans en avoir la moindre idée.
Illisibilité
En l’absence totale de programme et de méthode, nous ne savons des cent premiers jours du nouveau régime que les fuites en avant dont le premier ministre est passé maître depuis son entrée en fonction. C’est du chef du gouvernement lui-même que tout le monde apprend que le ministre de l’Intérieur a agi seul dans l’opération de déguerpissement des occupants de la voie publique dans plusieurs localités du pays. En même temps, l’annonce d’une descente à la mythique plage Anse Bernard - au lieu de Hans au goût de Sonko - n’aura de sens que si tous les entrepreneurs du domaine maritime sont traités à la même enseigne. On en est bien loin ! C’est du moins ce qu’explique un opposant stupéfié par le séjour long du chef du gouvernement à l’hôtel Azalaï aux frais du contribuable sénégalais déjà averti du dépeçage fiscal drastique au cours des prochaines semaines.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le président de la République dit ne pas faire de son maintien au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) une obsession au moment même où les amateurs de la VAR diffusent la vidéo de l’opposition farouche de Sonko à l’idée d’un tel maintien. Ajouté à ce qui est dit, l’accusé de réception si peu clair des conclusions des Assises de la Justice, commanditées par le président, en dit assez sur les cent illisibles jours de Diomaye comme président de tous les Sénégalais.
En attendant « le Projet » et la méthode qui va avec.
Abdoul Aziz Diop est le fondateur de Pacte institutionnel pour la défense des institutions de la République et de la démocratie.
LA RÉGION DE DIOURBEL A REÇU LA QUASI-TOTALITÉ DE SES SEMENCES D’ARACHIDE
Comme dans les autres régions, les autorités administratives ont créé des commissions chargées de distribuer les intrants agricoles (engrais, semences, etc.) aux agriculteurs qui veulent les acquérir.
Diourbel, 5 juil (APS) – La région de Diourbel (centre) a reçu 98,72 % de ses semences d’arachide pour la campagne agricole 2024-2025, a appris l’APS, vendredi, de son directeur régional du développement rural, Souleymane Diop.
‘’La mise en place des semences d’arachide se poursuit dans la région. Elle est presque bouclée’’, a-t-il dit, précisant que 5.153,4 tonnes ont été acheminées dans les trois départements de la région, ce qui représente 98,72 % du quota de 5.220 tonnes destinées aux agriculteurs locaux.
Seul le département de Diourbel a reçu la totalité de son quota, a précisé Souleymane Diop dans un entretien avec l’APS.
Concernant les ventes, 2.104,3 tonnes destinées à ce département ont été écoulées, ce qui représente 41 % de son quota, selon M. Diop.
Comme dans les autres régions, les autorités administratives ont créé des commissions chargées de distribuer les intrants agricoles (engrais, semences, etc.) aux agriculteurs qui veulent les acquérir, a-t-il dit.
Il existe 45 commissions de distribution dans le territoire régional : 13 pour le département de Bambey, 14 pour celui de Diourbel et 18 pour celui de Mbacké.
Selon Souleymane Diop, les forces de défense et de sécurité (policiers, gendarmes et militaires) sont impliquées dans la distribution des intrants et des équipements agricoles, comme dans les autres régions.
Les agriculteurs de la région attendent encore la première pluie pour entrer de plain-pied dans les activités hivernales.
par Madieye Mbodj
ACCÉLÉRER LE PAS SUR LE CHEMIN DE LA RUPTURE
Le 24 mars 2024 marque une précieuse victoire d’étape, mettant face-à-face deux visions de l’avenir du pays : Jub- Jubal- Jubbanti, ou Dëng - Dëngal - Dëngalaat ? Il ne faut pas baisser la garde. Le difficile reste à venir
1. Après moi, le déluge ! Ce DG, sur les traces encore fraiches de son mentor de président de la République sortant, peut-il décemment attendre le 29 mars 2024 (après les résultats de la présidentielle) pour anticiper, en toute connaissance de cause, sur son limogeage certain et signer un accord d’établissement avec les syndicats, accord irréaliste à coup sûr, mais sciemment conclu avec la volonté de léguer à son successeur une patate chaude sur un terrain bourré de mines ? Sans oublier les augmentations à l‘emporte-pièces des salaires et primes, d’autres largesses suspectes et contrats de travail de la vingt-cinquième heure ? Promotion des intérêts des travailleurs ou volonté cynique de sabotage et combat politicien d’arrière-garde : après moi, le déluge ! N’est-ce pas cette même logique qui montre le bout du nez derrière cette volonté de jeter de l’huile sur le feu dans les relations entre marchands ambulants et commerçants d’un côté, nouvelles autorités de l’autre, relativement à la nécessité de corriger des situations de désordre et d’encombrement anarchique de la voie publique, entretenues des décennies durant à force de gestion laxiste et clientéliste ?
2. Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre ou bruitages autour d’une crise institutionnelle factice ? La majorité actuelle à l’Assemblée nationale, faisant fi à la fois de la loi organique et de la norme législative communautaire supranationale, s’est permise de renvoyer aux calendes grecques le débat d’orientation budgétaire fixé au 29 juin dernier, sous le prétexte spécieux que le Premier ministre Ousmane Sonko refuserait de présenter sa DPG devant les députés, démontrant ainsi selon eux, la vacuité du tant vanté Projet du duo Jomaay mooy Sonko, mais aussi et surtout le ‘’manque de respect’’ de l’institution parlementaire de la part du Premier ministre. C’est alors bizarrement au président Bassirou Diomaye Faye, pourtant il n’y a guère décrié par le « Macky » et ses thuriféraires, taxé de « terroriste pur et dur, salafiste impénitent, anti-confréries et anti-chefs religieux », que l’on vient demander d’assumer son rôle de « garant du bon fonctionnement de nos institutions », et patati et patata !!! Dans une contribution en date du 10 juin dernier, intitulée : « Quand les pilleurs de la République voient à présent le monde à l’envers », je mettais déjà le doigt, entre autres, sur diverses manœuvres désespérées visant à « créer une fausse rivalité, animosité, zizanie ou bisbille entre le président et le Premier ministre - en pure perte d’ailleurs pour qui connait réellement ces deux leaders, imbus de valeurs et de principes éthiques, pleinement convaincus ensemble de la pertinence du Projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère, dans une Afrique de progrès ». Quant au nouveau cap fixé, le gouvernement précisait déjà il y a plus de deux mois : « La première phase du plan d’action pluriannuel du Projet sera inscrite dans le projet de loi de finances initiale 2025, qui sera soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale, au début du mois d’octobre prochain » (Communiqué du Conseil des ministres du 24 avril 2024).
Démarche ne saurait être plus claire et plus respectueuse de la séparation des pouvoirs et des prérogatives reconnues à l’Assemblée nationale. Quel acteur politique, quel journaliste, quel citoyen un tant soit peu honnête et sérieux ne saurait faire la différence entre, d’une part, la formulation d’un projet de société ou d’un programme à caractère stratégique soumis au vote du peuple souverain et, d‘autre part, l’exercice de planification opérationnelle de la mise en œuvre d’un tel programme, sur la base - soit dit en passant - du diagnostic de l’état des lieux réel, des dégâts et autres retards accumulés, renvoyant ici, comme mentionné plus haut, aux différentes phases du plan d’action pluriannuel à décliner à partir du projet de loi de finances 2025, à soumettre au vote de l’Assemblée nationale, normalement à l’occasion de la session budgétaire d’octobre à décembre prochains ?
Par ailleurs, l’Article 55 de la Constitution dispose : « Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. » Que dit le règlement intérieur actuel de l’Assemblée quant aux modalités et procédures ? Rien ! Il se trouve en effet que, sous le régime du Macky, le poste de Premier ministre a d’abord été maintenu en 2012, ensuite supprimé en 2019 puis rétabli en 2021, tout cela au gré des calculs de petite politique de courte vue, sans même que les dispositions de droit conséquences n’aient été prises à chaque fois. C’est ainsi qu’après avoir supprimé du règlement intérieur toute référence au Premier ministre et à la DPG, notamment par l’envoi à la corbeille des Articles 97, 98 et 99, nos doctes donneurs de leçon n’ont pas hésité à recourir à la fraude en distribuant aux députés une fausse version du règlement Intérieur. Dites alors aux citoyens sénégalais, entre ceux qui s’emploient à dissimuler et à cautionner la forfaiture et la fraude sur les textes de l’Assemblée et celui qui ne réclame que leur rétablissement et application conformes, qui en droit et en fait, ne respecte pas l’institution parlementaire ?! Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, il appartient clairement au président de l’Assemblée et à sa majorité de modifier en bonne et due forme le règlement intérieur, en vue de fixer la date de la DPG, et c’est tout. N’est-ce pas d’ailleurs, mesdames et messieurs de l’APR-BBY, le chemin le plus court et le plus efficace pour ‘’confondre’’ le Premier ministre Sonko, si jamais il était habité d’une quelconque « peur » de décliner sa feuille de route devant l’hémicycle ?
3. N'est-il pas temps alors de dissoudre l’Assemblée nationale ? Beaucoup de bruits ont été distillés ces derniers jours sur d’illusoires possibilités pour les députés d’empêcher le président de la République de prononcer la dissolution de l’Assemblée. L’Article 87 de la Constitution dispose : « Le président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier ministre et celui du président de l’Assemblée nationale, prononcer, par décret, la dissolution de l’Assemblée nationale. Toutefois, la dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature… L’Assemblée nationale dissoute ne peut se réunir… Le mandat des députés n’expire qu’à la date de la proclamation de l’élection des membres de la nouvelle Assemblée nationale. » Sous cet éclairage, les dernières élections législatives ayant eu lieu le 31 juillet 2022 et les résultats définitifs officiels ayant été proclamés par le Conseil Constitutionnel en sa séance du 11 août 2022, la dissolution de l’actuelle 14ème législature devrait pouvoir intervenir soit le 31 juillet, soit le 11 août 2024, sauf à recourir aux « pouvoirs exceptionnels » que confère l’Article 52 de la Constitution au président de la république dans des situations d’exception explicitement précisées. En tous les cas, en la matière, l’avis du Conseil constitutionnel fera foi, et aucune tentative d’obstruction ou de blocage ne saurait prospérer.
4. Faire focus résolument sur les demandes populaires : L’exigence est de renforcer l’organisation du peuple et la mobilisation citoyenne, d’accélérer le pas sur le chemin de la rupture et de la mise en œuvre du Projet, afin de répondre mieux et plus vite aux attentes populaires légitimes.
Le 24 mars 2024 marque une précieuse victoire d’étape de la dynamique de révolution démocratique, sociale et citoyenne en marche dans notre pays, mettant face à face deux visions, deux orientations, deux voies et deux camps qui continuent de se confronter à propos de la gestion et de l’avenir de notre pays : Jub- Jubal- Jubbanti, ou Dëng - Dëngal - Dëngalaat ? La question de savoir qui l’emportera n’est pas définitivement résolue : il ne faut donc pas baisser la garde, le plus difficile étant encore devant nous. Les tenants ouvertement partisans du régime déchu continuent de plastronner dans les administrations centrales et locales, dans les collectivités territoriales, à l’Assemblée nationale, et restent encore nichés dans plusieurs autres stations ou institutions budgétivores, assis bien souvent sur de confortables matelas financiers indus, leur permettant de continuer à actionner divers lobbys et relais, médiatiques, économiques ou socio-culturels, sans négliger ces pratiques, mentalités et habitudes négatives sédimentées dans le corps social de chez nous, jusqu’à être considérées comme des normes intangibles de notre vivre-ensemble !
Pour briser net les manœuvres de diversion, d’intoxication, de manipulation ou de division, et endiguer les menaces de déstabilisation ou tentatives effrénées en vue d’un hypothétique retour en arrière, il est plus impératif que jamais, d’une part de renforcer l’organisation et la mobilisation populaires sous l’impulsion et la direction d’un parti Pastef plus que jamais solide et debout, d’autre part d’accélérer le pas sur le chemin de la rupture systémique pour la mise en œuvre du Projet. Dans ce cadre, renforcer la liaison avec les masses par les actions de terrain, l’information et la communication, l’organisation et les activités citoyennes ; dynamiser le parti de la base au sommet dans la perspective en particulier de la préparation et de la tenue du premier congrès ainsi que de la participation victorieuse aux prochaines échéances électorales ; mettre en œuvre tous les moyens légaux disponibles en vue de rendre effective la reddition des comptes : les nombreux rapports des corps de contrôle doivent être exploités dans la transparence et la célérité, les auteurs des crimes économiques et financiers doivent rendre gorge, tout comme les auteurs et responsables des crimes de sang doivent être identifiés et châtiés à la hauteur de leurs ignominies. Les avaleurs de terres et de plages doivent restituer aux communautés et aux citoyens spoliés ce qui appartient à tous. Jub-Jubal-Jubbanti : ce viatique ne cible pas seulement les autres ; de notre côté, des insuffisances voire erreurs de parcours sont parfois inévitables : le cas échéant, il faut savoir les corriger et les dépasser suivant la démarche dialectique : unité-critique-nouvelle unité ! D’autant plus vrai que nous-mêmes, nous portons les stigmates du système vaincu, d’où l’impératif : « Changer nous-mêmes pour changer le Sénégal et l’Afrique » ! Notre pays, sur la voie du patriotisme, de la souveraineté et du panafricanisme, a besoin de compter pleinement sur toutes ses ressources, humaines et matérielles, afin de se mettre définitivement sur la trajectoire du travail, de l’éthique et de la fraternité, de la vérité, de la justice et de l’intérêt général, pour une prospérité partagée, au service des générations présentes et futures. Nous le pouvons si nous le voulons, et si nous y œuvrons avec fermeté, lucidité et esprit d’ouverture, opiniâtreté, ténacité et persévérance.
L'ARGENT ET LA LIBERTÉ, L'ÉNIGME DU FRANC CFA
De la création du franc CFA sous le régime de Vichy à sa pérennité controversée aujourd'hui. La réalisatrice Katy Lena Ndiaye dissèque avec brio l'évolution de cette monnaie qui lie encore l'Afrique à la France
(SenePlus) - La réalisatrice sénégalaise Katy Lena Ndiaye s'est lancée dans un ambitieux projet cinématographique : réaliser un documentaire retraçant toute l'histoire du franc CFA de 1945 à nos jours. Intitulé "L'argent, la liberté, une histoire du franc CFA", ce film présenté au dernier Fespaco a pour objectif de donner des clés de compréhension sur cette monnaie encore utilisée dans 14 pays d'Afrique de l'Ouest, souvent décriée mais méconnue du grand public.
Comme le rapporte un article de RFI, ce projet a germé il y a 10 ans après une discussion avec l'économiste camerounais Thierry Amougou. "Le franc CFA, c'est vraiment une question sur laquelle il faudra bien un jour qu'on s'arrête", avait-il lâché. Cette déclaration a poussé Katy Lena Ndiaye à se plonger dans les livres et les archives pour retracer le passé colonial de cette devise. Pendant 7 ans, elle a collecté témoignages et images pour donner corps à sa narration.
Son documentaire adopte un ton pédagogique pour présenter de manière accessible les rouages économiques et politiques qui ont présidé à la création du franc CFA en 1945. En s'appuyant sur des intervenants de renom comme l'économiste sénégalais N'Dongo Samba Sylla ou l'écrivain sénégalais Felwine Sarr, le film décrypte avec justesse les relations asymétriques qui unissent encore la France à ses anciennes colonies utilisatrices du franc CFA.
Pour illustrer de manière poétique les liens qui unissent les pays concernés, la réalisatrice a choisi de filmer des images de tisserands, évocatrices du tissage de liens économiques et humains. Son documentaire passionnant parvient à la fois à dresser un récit historique précis tout en interrogeant de manière pertinente les enjeux actuels liés à cette monnaie souvent décriée.
Présenté au Fespaco, le plus grand festival de cinéma africain, "L'argent, la liberté" a reçu une mention spéciale du jury, récompensant la qualité de ce travail de mémoire et de pédagogie sur un sujet d'importance pour le continent. Un documentaire majeur, qui devrait être diffusé plus largement dans les mois à venir pour faire mieux connaître cette thématique stratégique qu'est le franc CFA.