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VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE
Le Fnuap renforce les capacités des coordonnateurs nationaux pour mieux apporter une assistance psychologique aux personnes victimes
Violences basées sur le genre : Le Fnuap renforce les capacités des coordonnateurs nationaux
Les coordonnateurs nationaux sur les violences basées sur le genre (Vbg) sont en conclave à Dakar depuis hier. Le Fonds de Nations unies pour la population (Fnuap), initiateur de cette réunion, veut renforcer les capacités de ces acteurs locaux pour mieux apporter une assistance psychologique aux personnes victimes de violences basées sur le genre.
La région du Lac Tchad (Nigéria, Cameroun, Niger, Tchad) est en proie à des conflits de toutes sortes. Cette situation conflictuelle avec la menace Boko Haram a fini par exacerber les violences basées sur le genre (Vbg). Dans cette région, « 17 millions de personnes à risque » ont été dénombrées, a informé Catherine Andela, conseillère régionale du système des Nations unies sur les violences basées sur le genre (Vbg) en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Parmi ces millions, des milliers de filles ont subi des violences sexuelles. Au Nigéria, elles sont des milliers de filles à être kidnappées par des gangs de malfaiteurs. Cette crise d’urgence touche notamment la région du Sahel avec le Nord Mali. « Le problème est assez sérieux. Il faut éradiquer le fléau le plus rapidement possible », a averti Mme Andela. Cette violence basée sur le genre est plus notée dans les camps de réfugiés. Les populations qui ont fui les zones de conflits se sont retrouvées dans des campings. Dans ces sites, les enfants, les femmes sont victimes d’abus et de violences sexuels. Toutefois, les violences basées sur le genre ne se limitent pas seulement aux viols et autres abus sexuels.
D’après la conseillère régionale du système des Nations unies sur les violences basées sur le genre en Afrique de l’Ouest et du Centre, les mutilations génitales féminines (Mgf), les mariages précoces sont aussi des violences basées sur le genre. Ces mariages précoces, c’est-à-dire avant l’âge de 18 ans, sont plus récurrents au Niger (75 % de femmes âgées entre 20 et 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans), au Tchad (72 % mariées avant l’âge de 18 ans), en Guinée (63 %) ou au Mali (55 %).
Cependant, le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) s’implique dans le combat contre les violences basées sur le genre. Il a organisé, hier, à Dakar, une réunion régionale pour les coordonnateurs nationaux de violences basées sur le genre en Afrique de l’Ouest et du Centre. Ils sont surtout venus des pays en crise : Mali, Niger, Nigéria, Centrafrique, Cameroun. Cette rencontre de deux jours (24 et 25 janvier) va permettre aux différents acteurs de réfléchir sur les stratégies à adopter pour lutter contre les violences basées sur le genre et les violences sexuelles dans ces deux régions du continent africain.
« Compte tenu des indicateurs alarmants dans la région et de l’impact, les participants et les facilitateurs ont souligné l’importance de tenir une telle consultation afin d’informer et d’influencer sur le développement de la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre », a expliqué Catherine Andela. Ainsi, ces coordonnateurs seront mieux outillés pour pouvoir apporter une assistance psychologique aux personnes victimes de violences basées sur le genre dans toutes les zones en crise en Afrique de l’Ouest et du Centre.
SANTE DE LA MERE ET DE L'ENFANT
9 ambulances sont offertes à l'Etat Sénégalais dans le cadre projet du SHOW et financé par «Affaires Mondiales Canada» - Elles visent à raffermir la Santé maternelle et infantile
Le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a réceptionné, hier, jeudi 25 janvier, neuf ambulances d’un coût global de 221 millions de F CFA. Elles sont offertes dans le cadre du projet SHOW et financé par «Affaires Mondiales Canada». Il s’agit du renforcement de la santé maternelle et infantile. Neuf districts sanitaires ont bénéficié de ces secours, sous la présence d’Abdoulaye Diouf Sarr, en compagnie de l’Ambassadrice du Canada au Sénégal et de la Directrice Régionale de Plan International.
Le ministre de la santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a réceptionné, hier, après-midi, neuf ambulances pour le renforcement de la santé de la mère et de l’enfant. Financé par «Affaires Mondiales Canada» d’un coût global de 221 millions de F CFA, «ce don est intervenu au profit des districts sanitaires de Pikine, Kébémer, Kaolack, Nioro, Tambacounda, Kédougou, Bignona, et Sédhiou», a fait savoir Abdoulaye Diouf Sarr. Selon lui, dans ces zones «beaucoup de femmes meurent en donnant la vie, à cause de l’état des routes et des moyens de transport utilisés pour les évacuations d’urgence, mais aussi à cause d’un manque d’informations et d’assistance». Dans le même sens, le docteur Babacar Mbaye, médecin chef du district sanitaire de Kébémer soutient que ce sont «des ambulances qui vont servir à améliorer les conditions d’évacuation sanitaire ».
En plus cette dotation est la bienvenue dans la mesure où «la mortalité maternelle et néonatale au Sénégal est assez élevée surtout dans des zones du sud et sud-est où on peut relever le double de la moyenne nationale qui est de 315 décès de femmes pour 5000 naissantes vivantes et de 21 décès néonatales pour 1000 naissances vivantes», a expliqué le docteur Mbaye. Les neuf ambulances, offertes dans le cadre du projet SHOW financé par le gouvernement «met en œuvre le projet de renforcement de la santé de la mère et de l’enfant», atteste le ministre Diouf Sarr.
A ce niveau, Madame l’Ambassadrice du Canada au Sénégal, témoigne que «la santé est considérée par le Canada comme un levier important pour améliorer les conditions socio-économiques des populations, particulièrement celles des femmes et des enfants». La directrice nationale du Plan International Sénégal a elle ajouté que le «projet show est financé par Affaire Mondiale Canada pour une durée de 4 ans et demi ».
Pour conclure, le ministre, s’adressant aux bénéficiaires, les exhorte «à faire le meilleur usage de ces ambulances».
CÉLÉBRATION DES NOCES D’AMBRE DE L’UDAFCD,
La Paroisse Sainte Jeanne d’Arc de Fatick accueille, ce dimanche, une messe solennelle pour magnifier l'événement
La Paroisse Sainte Jeanne d’Arc de Fatick accueille, dimanche, une messe solennelle célébrant les 34 ans d’existence de l’Union diocésaine des associations féminines catholiques de l’Archidiocèse de Dakar (UDAFCD), annonce un communiqué reçu à l’APS.
La messe solennelle de ce jubilé sera présidée, à partir de 10h, par Monseigneur Benjamin Ndiaye, Archevêque de Dakar, renseigne la source.
Les noces d’ambre des femmes catholiques de Dakar sont axées sur le thème : "Femme, source d’amour et de vie", lit-on dans le communiqué. Le texte rappelle que l’UDAFCD est née de la volonté de feu Monseigneur Hyacinthe Cardinal Thiandoum, qui en a confié la mise en place au Directeur des Œuvres de l’époque, Monseigneur Jacques Sarr et au Père Roger De Benoist.
"Et c’est seulement au bout d’un cheminement de deux ans que les 9 associations membres fondateurs ont créé le 20 novembre 1984 l’Union diocésaine qui a pour ambition de faire marcher les femmes main dans la main pour faire avancer l’Eglise et le Sénégal", apprend t-on.
L’UDAFCD qui compte aujourd’hui 56 associations membres dont 47 dans des paroisses, quasi-paroisses et fondations s’emploie à "confirmer les femmes dans leur foi en Christ, à canaliser toutes les énergies féminines qui travaillent dans l’Eglise par la mobilisation de toutes les femmes des paroisses dans les zones urbaine et rurale et à s’intégrer dans les programmes mis en place par l’Etat du Sénégal pour participer à l’émergence de notre pays".
L'ART POUR LES FEMMES
Au Sénégal, la graffreuse Zeinixx, expose son art - Sur les murs, dans la rue, elle mène son combat pour l’égalité des sexes
Street artiste reconnue, Dieynaba Sidibé, alias Zeinixx, met son art au service de la cause des femmes sénégalaises. Portrait de la première graffeuse du Sénégal.
Son "blaze" couvre les murs de Dakar, de la Corniche jusqu’au stade Pikine, en passant par la façade de l'ambassade des États-Unis. Dieynaba Sidibé, plus connue sous le nom de Zeinixx est la première femme graffeuse à vivre de son art au Sénégal. Aujourd’hui, sa renommée dépasse les frontières du continent africain. Elle sera fin février en Australie au festival Art Sanaa, où elle est invitée à collaborer avec l’artiste local Seb Humphreys, alias Order 55.
Le dessin mural occupe une place de choix au Sénégal, pays où le taux d’alphabétisation est faible – 57,3 % des hommes savent lire et écrire, et seulement 37,7 % des femmes, selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). C’est forte de ce constat que Dieynaba, 27 ans, a choisi de mettre son art au service des droits des femmes. Sur les murs, dans la rue, elle mène son combat pour l’égalité des sexes armée de bombes de peinture.
"Quand j’étais petite, je me rêvais en Léonard de Vinci"
Le milieu du street art est très masculin et le Sénégal n’échappe pas à la règle. Mais les graffeurs y jouissent d’une certaine liberté : "en Europe, il faut graffer la nuit. Ici, c'est toléré le jour. Je vais voir les autorités, et on me laisse un espace pour m’exprimer". C’est la chance de Zeinixx dont la vocation pour la représentation picturale est née très tôt. "Quand j'étais petite, je me rêvais en Léonard de Vinci, s'amuse-t-elle. Et plus tard, je ne dépensais pas mon argent de poche dans du maquillage, comme mes amies. Je l’utilisais pour acheter de la peinture et du tissu pour fabriquer mes toiles.
" Lorsque sa mère apprend que Dieynaba, qui a troqué ses pinceaux pour les bombes de graffiti, a arrêté ses études de management pour peindre dans la rue, elle "fait blocus". Mais la jeune fille tient tête : "Elle a longtemps pensé que c'était une lubie d'ado. Jusqu'au jour où j'ai été invitée à un festival international de graffiti. C'était du sérieux. J'avais enfin son feu vert", se souvient-elle dans un mélange de fierté et d’émotion.
Depuis ses débuts auprès de l’artiste Graffixx, son mentor, il y a dix ans, Zeinixx a pris de l’assurance. Désormais, elle graffe en militant, et milite en graffant. Elle participe chaque année au projet "Women life", une session de graffiti organisée en marge de la Journée mondiale des femmes, le 8 mars. L'une de ses œuvres rehausse ainsi depuis 2015 le mur du centre culturel Blaise Senghor, en plein cœur de la capitale.
"Je casse le code des mecs"
La jeune femme s’investit également dans le domaine de la santé pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, souvent diagnostiqué trop tardivement chez les Sénégalaises. Sur une bâche de 9,5 mètres de largeur et de 2,5 m. de hauteur, elle a conçu une fresque pour la campagne "Octobre Rose 2017", exposée devant le siège de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca), à Dakar. Ses coups de bombe esquissent le visage souffrant d’une femme, bâillonné d'un long foulard rouge, accompagné d'une phrase en wolof, la langue la plus répandue au Sénégal : "Seet Sa Yaram, Aar sa bopp" (faire le dépistage, c'est protéger son corps). "Je voyais beaucoup de témoignages de femmes victimes du cancer sur Facebook. J'ai eu envie de servir cette cause", dit-elle.
Dieynaba assume cette féminité, le côté très "girly" de ses créations. "J’aime mettre du rose et des fleurs. Je casse les codes des mecs", confie-telle dans un sourire qui masque mal sa détermination. "Au début, quand je graffais, des passants me faisaient comprendre que je n'étais pas à ma place. C'était très frustrant, car au fond de moi, enfin, je me sentais bien. Alors je mettais mes écouteurs pour ne pas me faire déconcentrer." Mais ces réactions machistes ne suffisent pas à la décourager. "Ils ne s'y habitueront jamais. C'est à moi de m'habituer à eux", ajoute cette battante, lucide.
Celle que ses "confrères" surnomment "la sista" a d'autres cordes à son arc. Désormais chargée de communication de l’association qui lui a mis le pied à l’étrier, Africulturban, elle poursuit aussi une carrière en duo comme slameuse aux côtés de Sall Ngary. Cette fois, c'est avec les mots, en wolof et en français, qu’elle tente d’éveiller les consciences
Le phénomène est beaucoup plus craint à cause des pesanteurs sociales qui pèsent sur la gent féminine.
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PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, PIERRE SANÉ
UN APPEL AUX HOMMES DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Mariages d’enfants, trafic de femmes, esclavage sexuel, pénalisation de l'avortement - Nos femmes et filles ne sont en sécurité ni à la maison, ni à l’école - Je suis féministe
SenePlus a un nouvel éditorialiste. Pierre Sané, actuel président d'Imagine Africa rejoint notre équipe d'analystes. L'ancien Directeur Régional du CRDI (1988-1992) puis Secrétaire général d’Amnesty International (1992-2001) et Sous-Directeur Général de l’Unesco (2001-2010), va mettre son expertise au service de la liberté, de la démocratie, de l'émancipation des femmes et de l'essor économique du Sénégal.
SenePlus publie, ci-dessous, son premier édito.
Que restera-t-il de l’année 2017 ?
Si vous n’avez qu’un vague souvenir du contenu de vos journaux de l’année 2017, parcourez-les rapidement et vous serez choqués par la récurrence d’un fait social à la fois scandaleux et douloureux. En effet, au-delà des péripéties politiques, des exploits de nos Lions en championnat d’Angleterre ou des éructations de nos lutteurs, tous les jours en page 3, une litanie poignante nous interpelle : les violences faites aux femmes dans notre pays. Et quand je dis NOUS, je parle aux HOMMES. Car cette violence est de notre fait. Il s’agit des horreurs que certains d’entre nous infligent à nos fillettes, sœurs, femmes et mères.
Femmes battues, niées, tuées, violées, mutilées, enfermées, harcelées, dominées, possédées. Ce que nous retiendrons de cette « revue de presse », c’est un déferlement d’atrocités au quotidien : viols, excisions, incestes, bastonnades et blessures, harcèlements, meurtres et agressions multiples. Et il ne s’agit là très souvent que des faits portés devant les Cours et Tribunaux. Combien d’agressions sur nos fillettes, combien de brutalités subies par nos femmes sont-elles passées sous silence ? Étouffées dans le carcan familial ou villageois, non reportées à la police ou non suivies d’action ?
Par exemple une étude sur les déterminants des viols sur les mineures dans la région de Kolda (période 1992-2011) indique que 3 victimes sur 4 n’en parleront pas. Or le viol est la forme extrême de la violence faite aux femmes, le viol est l’expression des rapports de domination entre les sexes. Souvent, il enferme la victime dans une honte morale mais aussi dans une blessure secrète qui atteint la partie la plus intime de la personne, constituant ainsi un traumatisme irrémédiable. Essayons juste un instant de cerner la terreur de cette victime, même au-delà du viol, la terreur d’être engrossée, d’être contaminée par le sida ou pire, la terreur de perdre la vie. Et imaginons ensuite qu’il puisse s’agir de notre propre fillette. Sachant que les traumatismes physiques et biologiques, on en guérit parfois, mais le traumatisme psychique, souvent beaucoup plus grave parce que non traité, détruit des vies avec toutes sortes de conséquences psychologiques, plus particulièrement dans les cas d’inceste ou de viol d’enfants. Oui, imaginons que cela puisse arriver à notre propre fillette !
Les médias, malgré leurs ressources limitées, font de leur mieux pour nous tenir informés à travers leurs rubriques « Société » ou « Faits divers » et par le biais de chroniques judiciaires qui privilégient plutôt l’aspect sensationnel. Mais rares sont les articles de fond, les reportages ou dossiers fouillés permettant de cerner le problème dans toutes ses dimensions. Car les viols et violences faites aux femmes ne sont pas des « faits divers ». Ce sont de véritables tragédies humaines mais qui, malheureusement, ne retiennent notre attention que le temps de parcourir la « brève du jour ». On assiste ainsi à une banalisation de ces violences. On en arrive même à la légitimer comme un Droit de l’Homme, en l’honorant implicitement comme la vertu de l’homme fort. Alors qu’il est admis que les femmes sont au cœur de ces droits au sens propre comme au sens figuré. Quant à l’alibi de la culture, qu’on nous présente comme immuable, il ne sert qu’à renforcer un système de domination archaïque qui plombe nos potentialités de transformations sociales et économiques positives. Non ! Cette violence n’est ni naturelle ni légitime. Au cours de mes années passées à Amnesty International, j’avais souvent été amené à recueillir des témoignages de victimes de viol dans des zones de guerre mais aussi, malheureusement, dans des « pays en paix » où le patriarcat continuait à mener une guerre contre les femmes, dans les rues et les campagnes, dans les bureaux et les domiciles. Le Statut de la femme a fait reculer l’oppression mais ce statut demeure toujours synonyme de discriminations, écrasement, assujettissement et prédation. Beaucoup de nos femmes vivent dans une prison discrète, voire invisible, faite de harcèlements, étouffements et inquiétudes. Entendons-nous cette vielle voix très amère qui disait « Quand le monde va mal c’est la femme qui paie ? ». Le Sénégal va vraiment très mal car beaucoup de nos femmes continuent à souffrir dans le silence et dans l’anonymat.
Examinons quelques données :
D’après Mme Coumba Thiam Ngom, Directrice de la Famille au Ministère de la Femme de la famille et du genre, le taux de prévalence des violences basées sur le genre se chiffre dans la région de Kaffrine à 50%:1 foyer sur 2 ! Mme Ngom faisait sans doute référence à l’étude menée par le Groupe de Recherche Genre et Société de l’Université Gaston Berger de Saint Louis (UGB) portant sur les violences basées sur le genre au Sénégal (CRDI 2012-2015). Cette étude mentionne un taux général de 55,3% dans les ménages sénégalais et fournit des données par région.Mr Moustapha Fall Président de l’Association des Journalistes contre les viols et les abus sexuels (AJVA) nous a confié qu’il y avait eu 3600 cas de viol en 2014 (10 par jour pour les seuls cas reportés !) Récemment un bébé (fillette) de 9 a 18 mois, ( selon le journal consulté), a été violé à Thiès (en Mai 2017). L’excision ne recule pas avec 28% des populations cibles touchées. Halim Benabdallah, commis par la coopération française, nous révèle dans une recherche sur les violences de genre comme facteur de déscolarisation des filles au Sénégal (Septembre 2010) : 62,5%des filles déclarent faire l’objet d’insultes et 44,5% d’humiliations. Le harcèlement sexuel touche 37,3% de celles-ci et le viol 13,8%. Elles mentionnent majoritairement les enseignants (37%) et les élèves (28%) comme les auteurs de viols. Et l’on s’étonne des taux d’abandon scolaire !
Je vous épargne le reste de la déferlante : mariages d’enfants, trafic de femmes, esclavage sexuel, pénalisation de l’avortement…
On peut en conclure que nos femmes et filles ne sont en sécurité ni à la maison, ni à l’école. Je ne mentionne même pas la rue ou le lieu de travail. Comment pouvons-nous dès lors prétendre construire la société de « sécurité humaine »prônée par la Communauté des Nations si on la fonde sur l’insécurité féminine, l’insécurité de la meilleure moitié de l’humanité, celle qui donne la vie. ?
Le Dr Fatou Sow Sarr (IFAN) dans une étude récente pour l’Union européenne (2015) écrit « Malgré les lois votées contre toutes les formes de violence le phénomène gagne en ampleur. À cela il faut ajouter le problème des groupes vulnérables, des victimes de trafic (c’est-à-dire nos compatriotes africaines), celui des femmes en prison (pour avortements clandestins ou infanticides souvent à la suite de viols), des refugiées et de celles qui vivent en zones de conflit… » En réalité ce fléau impacte chaque village, chaque région, chaque quartier, une maisonnée sur deux sur l’ensemble du pays ! Il semble que certains d’entre nous sont en guerre contre les femmes alors que leur émancipation ne pourrait être que bénéfique pour tous et pour notre futur. N’y a-t-il pas alors urgence à éradiquer cette vraie « terreur » qui enferme en permanence nos femmes et fillettes dans la crainte ?
Et bien il semble que non !
Les violences faites aux femmes ne semblent pas être dans les faits un problème social majeur (je ne parle pas de la « parole » surtout dans sa variante sénégalaise du wakh wakh wakhati wakhet!). Le combat contre ces violences n’est jamais inclus dans la fameuse « demande sociale » dans la mesure où, au fond, elles ne portent pas atteinte à la tranquillité et à l’ordre public phallocratique. Et pourtant cette tragédie quotidienne devrait nous interpeller tous et surtout les hommes car il y a quelque chose de malsain dans notre société. C’est comme si cette violence quotidienne était sournoisement admise par notre culture en complicité avec les structures de domination : les grands bailleurs de fonds sont prompts à exiger le respect de la clause démocratique (limitée aux seules élections) et le respect des droits de l’homme (liberté d’opinion principalement), mais l’oppression des femmes demeure une préoccupation marginale.
Nous connaissons les causes de ces violences et d’ailleurs on les retrouve dans nombre de pays au Nord comme au Sud: conditions de vulnérabilité des femmes, chômage et conditions économiques précaires chez les hommes, effondrement du système de valeurs et climat de violence sociale (surtout en milieu urbain), mais aussi cette impunité omniprésente favorisée par «le sutura et le kersa » ou due à l’interprétation des lois religieuses ou encore à la fameuse tradition érigée en marqueur d’une identité figée. Ces violences constituent à travers le monde aujourd’hui une véritable « pandémie » (dixit Ban Ki Moon, ancien Secrétaire Général des Nations Unies). Notre pays, je le crains, n’est pas en reste.
Les solutions sont connues également. Il suffit de parcourir les rapports des Ongs et Associations de femmes tels que le rapport parallèle de l’Association des Femmes Juristes lors de la session du Comité des Nations Unies contre les discriminations à l’encontre des femmes (Session 2013) ou des organes spécialisés des Nations Unies. Je cite pèle mêle : rendre les législations conformes aux différents traités internationaux (tel que le protocole de Maputo), accompagnement médical et psychologique des victimes, compensations, sanctions exemplaires contre les prédateurs, éducation et sensibilisation, soutien aux associations de femmes, volonté politique, etc. Il s’agit, in fine, d’universaliser effectivement les droits de l’Homme dans notre pays en cette année du 70e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. Après tout, le Président Macky Sall n’a-t-il pas été désigné par les Nations Unies comme le Parrain de la Campagne Internationale pour l’éradication de la violence faite aux femmes ? Qu’il prenne donc le leadership pour faire de notre pays un havre de paix pour nos femmes et un espace de teranga pour nos fillettes.
Une campagne d’éradication devrait commencer par une Grande Enquête Nationale sur les Violences faites aux Femmes (enquête à réaliser régulièrement).
À Pékin, où j’avais conduit la délégation d’Amnesty International à la Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, tous les États s’étaient engagés à produire des statistiques précises et régulières sur les violences faites aux femmes. Certaines institutions chez nous (universités, Ongs) s’y attèlent mais force est de constater que les chiffres sont parcellaires, les données sont parfois approximatives, certaines méthodologies manquent de robustesse. Par ailleurs, il s’agit d’études ponctuelles à diffusion restreinte. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un grand débat national informé par une grande enquête complète et rigoureuse pour prendre la mesure du phénomène, le quantifier dans tous les domaines (violences verbales, psychologiques, physiques, sexuelles) dans tous les contextes (familial, social, culturel et économique), en évaluer les conséquences (sur la santé physique et mentale, sur la vie sociale et familiale), en mesurer l’efficacité des recours et surveiller les évolutions du « mal ». D’ailleurs, pourquoi notre Assemblée nationale ne prendrait-elle pas une telle initiative ? À travers un projet de loi ? Une commission parlementaire ? A priori, la loi sur la parité en a fait l’institution la plus féministe du pays, emblème de notre aspiration à réaliser une égalité parfaite entre les hommes et les femmes du Sénégal. À ce propos, le féminisme ne se résume pas à être « pour les femmes », mais plutôt à combattre pour l’égalité politique économique et sociale des 2 sexes, ayant reconnu au préalable que nous avons un problème de discrimination à l’encontre de la moitié de notre population.
Je suis donc un Féministe. Tout comme je suis un anti raciste, anti impérialiste, panafricaniste et socialiste.
Mais au-delà de l’enquête, la réponse ne saurait se limiter aux initiatives de l’état. Nous sommes tous concernés. La réponse doit donc être prise en charge par l’ensemble de la société civile, compte tenu du nombre de personnes affectées. Ainsi, au-delà des lois et d’un enseignement public défectueux et compte tenu de la centralité du fait religieux dans la société sénégalaise, il importe de mobiliser les imams et les prêtres qui doivent dans leurs prêches hebdomadaires réapprendre aux gens les règles de base du savoir vivre et du savoir être : qu’il faut respecter les femmes et les fillettes, que le viol est un crime aux yeux du Tout Puissant.
Je pense sincèrement que si on faisait de ce fléau une urgence nationale -comme on l’a fait pour la crise Ébola ou le PSE- on pourrait le contenir et l’éradiquer. Après tout, ne s’agit-il pas des vies et de la dignité de nos mères, de nos sœurs, amies, épouses et fillettes ?
Je conclus avec un appel lancé aux hommes vivant au Sénégal, quel que soit par ailleurs leurs nationalités. Beaucoup d’entre vous, en lisant ce plaidoyer à propos d’histoires qui brisent des vies, se diront « Moi, je ne fais pas partie de ces agresseurs. Cela ne me concerne pas ». Ce faisant, ils font l’expérience du « privilège d’être homme », du pouvoir et des droits que les femmes peinent à établir pour elles. C’est ce silence qui perpétue les atrocités que vit la meilleure moitié de l’humanité. Car Il est évident que cette priorité ne pourra pas être atteinte sans des changements dans l’attitude et le comportement des hommes. Ils ont un rôle clé à jouer dans l’éradication de ce fléau car la violence à l’égard des femmes n’est pas juste une « affaire de femmes ». Des organisations comme le « White Ribbon » (Ruban blanc), associations composées d’hommes, au Canada, en Grande Bretagne, en Australie, etc., ont reconnu le rôle positif que les hommes peuvent jouer pour mettre fin aux violences faites aux femmes. Ces associations travaillent à encourager les hommes à prendre des mesures pratiques et effectives pour mettre fin à cette réalité honteuse. Qu’il s’agisse de Députés, responsables politiques de tous bords, chefs religieux et coutumiers, chefs d’entreprises, magistrats, enseignants, chercheurs, journalistes, étudiants et jeunes activistes, etc., nous avons tous la responsabilité d’élever le niveau de conscience de nos concitoyens. Nous avons besoin de porter ce message dans nos communautés et organisations, dans nos écoles et dahiras, dans nos entreprises et associations de jeunesse, etc. Un message qui soit fort et clair : il faut mettre fin aux violences que subissent les femmes au Sénégal.
Les hommes doivent donc s’impliquer parce qu’ils sont une partie essentielle de la solution. Ils doivent examiner leurs comportements et apporter les changements afin de contribuer à créer un monde fondé sur l’égalité hommes femmes. Ils doivent contribuer à créer une culture dans laquelle les comportements violents d’une minorité d’hommes à l’égard des femmes deviennent inacceptables. Par ailleurs, mettre fin à la violence faite aux femmes est inséparable de l’action familiale et sociale positive des hommes. Ils doivent prendre plus de responsabilités dans leurs foyers, dans l’éducation et la santé de leurs enfants. Cette implication serait porteuse d’effets positifs pour les enfants, les femmes et pour les hommes eux-mêmes. Des progrès importants ont été réalisés au niveau international, mais le chemin est encore long.
L’ambition de cet appel est de contribuer à l’éradication des violences faites aux femmes au Sénégal. Le Président Senghor à travers le Code de la Famille, le Président Abdou Diouf avec la loi de 1999 qui réprime le viol, l’inceste, la pédophilie, les violences conjugales, les mutilations génitales féminines, le Président Wade à travers la décisive loi sur la Parité, le Président Macky Sall qui a été désigné par les Nations Unies comme Parrain de la Campagne Internationale pour l’éradication de la violence faite aux femmes, ont fait progresser dans notre imaginaire les principes d’égalité, de non-discrimination et de non-violence à l’égard de nos mères, épouses, sœurs, filles et amies. Donnons-nous comme ambition de mettre cet imaginaire en œuvre.
Tel est l’objet de ce plaidoyer : Créer une association d’hommes pour contribuer à l’éradication des violences faites aux femmes en étroite collaboration avec les organisations féminines, l’État dans tous ses démembrements, les collectivités locales, les médias, les établissements d’enseignement et toute autre organisation pertinente.
La mort d'une jeune fille de 25 ans qui n'a pas eu accès à ce traitement a choqué beaucoup de personnes au Royaume-Uni. La famille de la défunte vient de proposer une loi au parlement pour faciliter l'accès à de soin.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr réceptionne, à 16h, neuf ambulances d’un coût global de 221 millions de FCFA, annonce un communiqué reçu à l’APS.
La cérémonie est prévue au siège du ministère de la Santé et de l’Action sociale en présence de l’ambassadrice du Canada au Sénégal et du directeur régional de Plan International, renseigne la même source.
Elle ajoute que ce geste qui entre dans le cadre du projet de renforcement de la santé de la mère et de l’enfant, financé par "Affaires Mondiales Canada", vise à accompagner le ministère de la Santé et de l’Action sociale dans ses efforts à réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile encore élevée dans certaines zones du pays.
Les districts sanitaires de Pikine, Louga, Kébémer, Kaolack, Nioro, Tambacounda, Kédougou, Bignona et Sédhiou seront les bénéficiaires de ces ambulances.