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21 avril 2025
Femmes
DIDIER AWADI ET SA SECONDE MAMAN
Le rappeur sénégalais est connu pour ses textes engagés et panafricanistes - Mais sa réflexion politique n'aurait sans doute pas connu la même évolution sans une rencontre déterminante : celle avec l'écrivaine militante malienne Aminata Traoré
C’est dans son studio, le studio Sankara, que Didier Awadi reçoit. En dessous vit sa maman, Marie Alice Sylva Evora. Bien évidemment, lorsqu’on a demandé au rappeur d’évoquer une femme qui marque sa vie, il a pensé à elle. Partout dans ses locaux, Awadi a accroché des portraits des militants et activistes du panafricanisme : Sankara, Lumumba, Cabral pour ne citer que ceux-là. La discussion s’engage sur ce terrain et un nom revient sans cesse, celui d’Aminata Dramane Traoré, la seconde maman du chanteur, sa maman « politique ».
« Aminata est généreuse, très généreuse », attaque Didier Awadi. « Elle n’a pas l’âge du hip-hop, mais elle a la curiosité, l’humilité. Et elle sait tendre la perche à des jeunes parce qu’elle croit en leurs idées ». Cette perche, l’écrivaine militante l’a justement tendue il y a plus de 20 ans au rappeur qui était alors au début de sa carrière, au début de sa découverte du panafricanisme : « Quand on me parle d’une femme activiste qui m’inspire chaque jour, je pense donc à Aminata Dramane Traoré ».
La rencontre
« On s’est rencontré à Bamako, en 1997. Aminata était alors ministre de la Culture », raconte Awadi. « Avec notre groupe, le Positive Black Soul, on a joué dans un festival, elle a demandé à nous rencontrer avec Duggy Tee ». Le rendez-vous est calé dans le restaurant d’Aminata Dramane Traoré. « On arrive, on se salue, il se passe quelque chose. Je vois cette dame très grande, élégante, dans sa tenue africaine. J’ai été impressionné, bluffé par le personnage ».
Didier Awadi et Aminata Dramane Traoré ne sont pas de la même génération, mais ils découvrent que leurs philosophies, leurs idéaux sont proches, la connexion est donc évidente, immédiate. Ce premier jour, la discussion s’engage ainsi sur le militantisme. Didier Awadi explique : « Habituellement, quand on veut nous voir, c’est pour nous tirer les oreilles. Aminata avait entendu notre chanson qui dit "l’Afrique n’est pas démunie mais seulement désunie". Elle demande qui a écrit ce texte. On répond presque timidement que c’est nous. Elle nous dit qu’elle aime beaucoup. Je pense qu’elle se retrouvait dans cette chanson, on avait mis des mots sur son combat. Et c’est comme ça que tout a démarré ».
Adopté
Si parfois le temps casse les liens, entre l’écrivaine et le rappeur, au contraire, les années n’ont fait que renforcer leur relation. « Depuis ce jour, elle m’a adopté, je l’ai adopté », explique le rappeur. « C’est une intellectuelle très rigoureuse, Sankara disait qu'il faut une formation politique et idéologique. Aminata a accéléré ma formation politique et idéologique, car elle est rigoureuse autant dans sa démarche littéraire, scientifique et économique ».
Cette formation sur le tas se concrétise dans des actes concrets. « C’est chez elle que j’ai préparé mon album "Un autre monde est possible", notamment le morceau "J’accuse" travaillé dans sa cour avec Toumani Diabaté à la kora ». Pour affiner ses textes, Awadi s’appuie sur les causeries avec l’écrivaine, mais aussi sur ses livres. « Je me suis beaucoup inspiré de ses écrits. Si tu cherches de l’inspiration, il faut lire "Le viol de l’imaginaire". "L’étau" aussi m’a beaucoup inspiré, qui parle de la dette des pays du tiers-monde ».
«Elle ne fuit pas son rôle»
Ces échanges permanents entre Bamako et Dakar poussent la militante à aller plus loin, à emmener Didier Awadi à la rencontre d’activistes, de chercheurs partout dans le monde. « C’est une personnalité qui n’arrête pas de chercher. Elle est en perpétuel questionnement, quitte à avoir des positions impopulaires, mais elle prend ce risque car c’est son rôle d’intellectuelle. Elle ne fuit pas son rôle ». Awadi se retrouve ainsi embarqué en Amérique du Sud. « C’est elle qui m’a emmené au premier forum social mondial à Porto Alegre puis à d’autres en Afrique. Elle m’a fait rencontrer des intellectuels, des économistes, des gens qui réfléchissent ». Dans le pas d’Aminata Traoré, le rappeur peut ainsi plonger dans des sujets qui l’intéressent. « C’est là que j’ai compris ce qui se passait avec les accords de partenariat économique. C’est en 2005 que je rencontre par exemple Nicolas Agbohou et d’autres intellectuels africains qui nous expliquent quels sont les vrais enjeux sur le franc CFA ».
Seconde maman
Didier Awadi a toujours maintenu les échanges. « Aminata lit mes textes, je lis les siens. Elle continue de m’accompagner et notre relation va plus loin ». Cette nouvelle étape, familiale cette fois, s’est déroulée le jour où Aminata a rencontré la mère du musicien. « Elle est venue à Dakar, elle a tenu à voir ma mère. Elle lui a dit "Madame, Didier n’est pas votre fils à vous tout seul, c’est mon fils aussi". Ma maman avait beaucoup entendu parler d’elle, elle lui a dit "franchement je suis d’accord avec vous". Maintenant officiellement je peux le dire, j’ai deux mamans ».
Militantisme et affection sont donc liés dans cette rencontre. « Aminata est humaine, elle n’est pas un prophète. Et on a besoin de femmes de cette trempe en Afrique. Quand les femmes assurent le leadership, les hommes suivent facilement. On a tellement essayé avec les hommes, ça n’a pas vraiment marché, il est temps que l’on fasse plus confiance aux femmes ».
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS OUMOU WANE
FEMMES POUR L'ÉMERGENCE, DU KARITÉ À LA PARITÉ !
Ce que nous voulons négocier à l’horizon des prochaines présidentielles, ce n’est rien de moins que l’égalité hommes - femmes, à 50 - 50 ! - L’heure est venue de fédérer un mouvement de femmes leaders à travers tout le pays
Aujourd’hui comme tous les ans le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des femmes, je veux rendre hommage aux combats de celles qui luttent pour la liberté, pour de meilleures conditions de travail, pour l’accès aux soins ou à l’éducation, pour l’égalité et la justice.
Ici, au Sénégal, la femme mène de multiples combats pour l'amélioration de son statut et de ses droits, contre l'excision, contre la polygamie, contre le mariage précoce ou contre toutes les violences faites aux femmes.
Jeudi dernier à Dakar, la ministre de la Femme, de la Famille et du Genre, madame Ndèye Saly Diop Dieng, a soutenu que des dispositions discriminatoires dans les textes législatifs, en défaveur des femmes "demeurent encore manifestes". Alors qu’attend t-on pour réagir ? La loi mérite une bonne correction !
Certes, tout le monde s’accorde à vouer le rôle de la femme dans l’histoire du Sénégal. Régulièrement, sociologues et professeurs d'université nous expliquent comment ces héroïnes africaines participent à la « fabrique de l’Histoire ».
Pourtant, il s’agit moins pour moi aujourd’hui d’honorer la femme africaine dans l’histoire, que de lui consacrer une place dans l’avenir !
Elles labourent les terres et plantent les semences pour nourrir leur pays, assurent la sécurité alimentaire de leurs communautés. Bien sûr, elles sont présentes dans d’autres domaines économiques et quelques-unes d'entres elles sont même arrivées aux plus hauts postes de responsabilités (députés, ministres, PDG...).
Les femmes sont au front et par leurs initiatives, un nouvel espoir se lève sur nos campagnes et dans nos villes, ici, des puits, des écoles, des infrastructures sanitaires et éducatives sortent de terre. Mais le combat des femmes pour leurs droits à la terre reste une injustice criante et leurs difficultés sur la question foncière, devraient s’inscrire dans un plan de priorité nationale.
Femmes pour l’émergence !
Qu’on se le dise, la femme sénégalaise est bel et bien prête à jouer tout son rôle dans le développement rural et urbain de son pays. Il ne manquerait guère qu’un sérieux coup de pouce de l’État et un peu plus de considération nationale, pour qu’elle tienne bon et ne s’arrête pas avant que son but soit atteint.
Artistes, politiciennes, commerçantes, paysannes, universitaires ou présidentes de groupement féminins, nos femmes-leaders perpétuent toute la tradition de résistance et de courage des femmes sénégalaises. Il est temps que la société reconnaisse leur contribution indispensable à la vie de notre nation.
C’est pourquoi, nous devons nous prendre en main et faire peser notre voix dans le débat politique.
Ce que nous voulons négocier à l’horizon des prochaines présidentielles, ce n’est rien de moins que l’égalité hommes - femmes, à 50 - 50 !
Les principaux éléments qui rendent minime la participation des femmes à la vie de la cité dans ce monde moderne sont : le taux élevé de l’analphabétisme, la faible participation ou intégration dans les activités socio-économiques et le poids des coutumes ou traditions. Tout ceci doit changer ! Non pas tout à l’heure, ni plus tard ou après… Mais maintenant !
Mes biens chères sœurs, nous sommes courageuses et optimistes, la Journée internationale des femmes 2018 est l’occasion de transformer notre dynamisme en action et de revendiquer les droits des femmes sénégalaises à réaliser leur plein potentiel.
Pour cela, nous devons nous donner la main ! L’heure est venue de fédérer un mouvement de femmes leaders à travers tout le pays pour qu’elles jouent un rôle important dans sa transformation et son émergence !
Partout dans le monde, la marche de l’égalité avance et la parole des femmes se libère. À nous aussi de manifester une détermination sans faille à instaurer un changement pour transformer partout la vie des femmes.
Afin que nous ne soyons plus obligées de quémander chez les hommes, de se faire humilier, brutaliser, ou maltraiter en raison de notre condition ni en vertu de notre statut, unissons-nous, indignons-nous, battons-nous ensemble pour le bien commun, faisons triompher l’égalité hommes – femmes et souhaitons-nous que ces temps arrivent vite !
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GRAND PRIX DU PRÉSIDENT POUR LA PROMOTION DE LA FEMME
Le Grand Prix du président de la République pour la promotion de la femme a été célébré ce 8 mars 2018 à Médina, au Sade Iba Mar Diop.
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LES ENFANTS-OATGES
Dans de petits carrés où tout laisse à désirer, des femmes détenues portent difficilement leur grossesse ou enfantent douloureusement - La naissance d’un enfant, ailleurs fêtée dans l’allégresse, est une hantise voire un cauchemar pour le
Dans de petits carrés où tout laisse à désirer, des femmes détenues portent difficilement leur grossesse ou enfantent douloureusement. La naissance d’un enfant, ailleurs fêtée dans l’allégresse, est une sérieuse hantise voire un cauchemar pour les taulardes. A l’occasion de la Journée internationale de la Femme, Le Témoin vous plonge dans l’univers des détenues mères ou en état de grossesse. Et comment les nouveaux- nés s’épanouissent dans ces endroits lugubres.
Deux tentes harmonieusement aménagées. Des nattes recouvrent le sol carrelé. On s’affaire pour les derniers réglages du baptême. L’imam drapé d’un boubou maculé, le Coran à la main donne des consignes à tout va. Parents et amis, en tenues d’apparat, restent suspendus à la bouche de l’homme de Dieu. Il souffle quelques mots à l’oreille droite puis à celle gauche du bébé : «l’enfant s’appelle…». Cri de soupir dans l’assistance. Comme la délivrance d’une longue attente, la foule se disperse autour des tentes. La maman du nouveau né, sourire mi-figue mi raisin, discute à gorges déployées avec des membres de sa famille. On rit, on se passe les dernières nouvelles autour d’un bol de lakh (bouillie de mil).
Les décibels tonnent des quatre coins de ce bâtiment du quartier de Liberté VI. Trois heures plus tard, des plats de riz blanc garnis sont servis. Les invités se donnent à cœur joie et emploient toute leur énergie à satisfaire leur faim de loup. Place maintenant aux rafraîchissements. Un dessert digéré autour d’un Sabar (tam-tam). Des femmes dansent au rythme endiablé de la musique. Elles se trémoussent, rivalisent d’ardeur devant le tambour major.
Cerise sur la corne du mouton, le repas du soir est offert comme un diner d’au revoir aux invités. Cette cérémonie haute en couleurs, se passe bien à la Maison d’arrêt pour femmes (Maf) de Liberté 6. La fête finie, retour à la dure réalité de l’enfermement pour la détenue mère. Et les rigueurs carcérales s’imposent à elle. Malgré tout, des baptêmes sont encore célébrés en prison. «Au moment où j’étais la Directrice de l’Administration pénitentiaire, j’ai assisté entre quatre et cinq naissances célébrées en prison. Et à chaque fois, la Direction de l’Administration offrait le mouton», lâche Agnès Ndiogoye, ancienne Directrice de la Maf de Liberté 6.
«Se bourrer pour combler la solitude…»
«Les détenues en état de grossesse ne rencontrent pas de problèmes majeurs. Je peux même dire qu’elles sont, à la limite, choyées», dissèque Huguette Lassor, présidente de l’association Ci-biti (air libre) qui intervient dans l’univers carcéral et qui a également assisté à un baptême d’un enfant chrétien en prison. «Le Nonce apostolique était venu pour célébrer la messe de Noël et en même temps baptiser la naissance d’un nouveau né d’une détenue. Les femmes détenues, de confessions d’obédience religieuses et de nationalités confondues, l’encadrement pénitentiaire. Tous ont entouré le nouveau-né et sa mère dans une magnifique célébration pleine de vie et de fraternité», se souvient Huguette Lassor, présidente de l’Ong Ci-biti (air libre). «C’est mon filleul», précise Agnès Ndiogoye. Contre mauvaise fortune, bon cœur, détenues et personnel de l’administration cohabitent pacifiquement.
«Il n y a pas de problèmes entre nous. Nous rencontrons parfois des difficultés mais on essaie tant bien que mal de les gérer», rassure le régisseur.
Entre gardes pénitentiaires et les détenues, des liens se nouent souvent. Une complicité qui permet d’oublier les rigueurs de la grossesse. «On faisait des aménagements à l’endroit des détenues en état de grossesse. Ne serait-ce que pour les temps de promenade, on prolongeait l’heure. Par exemple, on pouvait faire l’appel, réintégrait les autres et laisser celles qui sont en état de grossesse se promener dans la cour. Tantôt, les gardes pénitentiaires les prenaient et les amenaient se promener à l’extérieur de la prison», explique Agnès Ndiogoye. «En prison, on s’occupait très bien de moi. Et à chaque fois que je tombais malade, l’Administration pénitentiaire m’amenait à l’hôpital et achetait les médicaments», appuie Mariama (nom d’emprunt), qui a eu son deuxième enfant en prison et aujourd’hui élargie.
Le lourd poids carcéral
D’après les confidences, le temps d’une grossesse, les détenues mettent de côté leurs problèmes pour aider la jeune maman. Il n’y a plus de place pour les querelles encore moins pour les ressentiments. «Au moment où j’étais en service à la Maison d’arrêt des femmes (Maf) de Liberté VI, il y avait une solidarité agissante entre elles. Au sein de la population carcérale, il y avait des femmes âgées qui prenaient vraiment soin des détenues enceintes. Elles leur faisaient des massages, leur prodiguaient des conseils par rapport à leur alimentation. Idem pour la naissance, il y en avait qui se portaient volontaires pour la garde du bébé ou pour la toilette. Lorsque l’enfant pleure, elles se relayaient pour le calmer», tente de rassurer l’ancienne directrice de la Maison d’arrêt des femmes de Liberté 6. «A part le fait qu’elles sont emprisonnées, il n’y a aucune différence avec celles qui enfantent dehors», clame-t-elle. Comparaison n’est pas raison…
Au verso de ce tableau presque parfait, les détenues en état de grossesse vivent un véritable calvaire lié au poids carcéral, selon le psychologue clinicien Oumou Diodio Ly Kane. Qui est d’avis qu’il est extrêmement «difficile» pour une femme de vivre une grossesse en prison. «D’autant plus que si elle accouche, on ne lui permet même pas de faire le baptême chez elle», argumente-t-elle. Derrière les murs glauques de la prison, des détenues enfantent. Sans l’affection des siens et de la belle-famille. Presque seules, elles font face aux problèmes liés à la grossesse le tout avec le poids de l’enfermement. Une angoisse persistante pour ces détenues en état de grossesse.
«Ce n’est pas facile de vivre en prison à fortiori d’y mener une grossesse. C’est insupportable», confie, les traits tirés, Mariama, 43 ans, qui vient à peine de s’échapper du lit et qui reçoit dans le cocon familial. «Parmi les détenues, il y en a qui essayent de se bourrer pour combler la solitude. Parce que c’est un endroit où l’on se sent terriblement seul, perdu dans ses pensées. C’est angoissant, dépérissant. Elles veulent tout simplement oublier leur situation de prisonnière», analyse le psychoclinicien Oumou Diodio Ly Kane officiant à l’hôpital psychiatrique de Fann. C’est peut- être ce qui pousse d’anciennes détenues à vouloir oublier les affres de la grossesse en prison. «Je ne veux plus me rappeler ce terrible et lourd passé», lâche laconiquement une ex-détenue contactée par Le Témoin. Malgré notre insistance, elle se réfugie derrière un silence de cathédrale.
«Mes deux séjours à l’hôpital…»
En rupture de banc dans la société, souvent honnies au sein même de leurs familles, les détenues vivent mal leur grossesse. Elles supportent difficilement ce double statut trop pesant à la limite. «J’ai eu un électrochoc. Vous imaginez ce que j’ai dû vivre surtout qu’auparavant, je n’avais jamais mis les pieds en prison. A mon arrivée, je tombais fréquemment malade. Un jour, j’avais des nausées. Sur ces entrefaites, j’ai été acheminée à l’hôpital, c’est de cette manière que j’ai su j’étais enceinte. En ce moment, j’en étais à un mois de détention», avoue difficilement Mariama. Le ciel semble se dérober sous ses pieds. Et elle sent des fourmis dans les jambes. Elle tente d’oublier mais la réalité de sa grossesse est là, tenace. L’embryon qui se développe en elle a déjà cinq semaines d’aménorrhée.
Faisant sienne le dicton contre mauvaise fortune bon cœur, elle s’accroche derrière les barreaux d’une cellule exigüe où chaque mètre carré est précieux. Dans les cellules, les matelas s’entrechoquent et les oreillers servent de placard. «Durant ma grossesse, l’administration m’avait affecté un matelas. Ce n’est pas très commode mais il fallait faire avec», narre-t-elle surtout qu’elle faisait face à une promiscuité. Alors qu’elle suffoquait intérieurement. «Durant la grossesse, j’ai été alitée pendant des jours. J’ai été interné par deux fois au Samu municipal, le premier séjour a duré une semaine et l’autre cinq jours», minaude l’intarissable Mariama, qui a eu son deuxième enfant en milieu carcéral. «Au moment où l’on m’acheminait à l’hôpital, j’avais les pieds enflés. Peut-être que c’est dû à l’étroitesse des lieux et les longues stations debout. En ce moment, je ne pouvais plus me tenir encore moins s’asseoir. D’ailleurs, je me suis appuyée pour aller à l’hôpital», sérine-t-elle, dans le salon du domicile familial, les cheveux attifés avec du greffage à la forme d’un chignon posé au milieu de la tête.
«Enfant né avec un mal aux bronchites»
Mariama a été arrêtée en même temps que sa fille de deux ans et 2 mois. Une dure situation. Comble de malheur, elle était enceinte d’un mois. Ce qu’elle ignorait. «Ce fut très difficile puisque c’est à cause de mon mari que je me suis retrouvée en prison. Mais, j’ai tout remis entre les mains de Dieu», avoue-t-elle avec fatalisme. Elle qui a dû se résigner à porter pendant neuf mois une grossesse et derrière les barreaux. «La veille de mon accouchement, j’ai senti des douleurs et je me plaignais de maux atroces au bas ventre. Malgré la douleur qui me ployait, j’ai appelé de toutes mes forces les gardes pénitentiaires qui ont toutes accourues. Elles m’ont extraite de la cellule et m’ont étalée sur une natte posée dans la pièce qui leur sert de poste de garde. C’est en ce moment que la poche d’eau s’est cassée. Aussitôt, les gardes ont affrété un taxi et m’ont acheminé au Samu municipal. Arrivée à l’hôpital, j’ai aussitôt accouché d’un garçon», se souvient-elle. Un accouchement qui rappelle son statut de détenue. Puisqu’il y avait une garde stationnée à la porte.
Elle dit : «Je suis sortie quelques heures après l’accouchement. Et je fus aussitôt acheminée de nouveau en prison avec mon enfant dans les bras. Vous imaginez ce que j’ai du vivre surtout qu’il n’y avait aucun confort. Juste un matelas malgré l’épreuve que je venais de traverser. Plus jamais ça dans ma vie ! » «En prison, il n’y a pas toutes les commodités», admet l’ancien régisseur de la prison de Liberté 6.
Comme si le destin s’acharnait sur Mariama, son enfant est né avec un mal aux bronchites. «On l’a retourné à l’hôpital et on lui a administré une piqûre avant de me le ramener», raconte-t-elle. Une semaine après le baptême, sous son consentement, son enfant s’est vu confier à sa grand-mère. «On est resté ensemble une quinzaine de jours avant que je ne le confie à ma famille», indique Mariama qui s’est résolue à la séparation. Difficilement. «L’enfant n’est coupable d’aucune infraction. Rien ne le lie à la détention de sa maman. Ce n’est pas un lieu approprié pour un enfant», admet Agnés Diogoye. «On a eu le cas d’un enfant de sexe masculin qui est resté avec sa maman jusqu’à l’âge de deux ans et six mois. Par la suite, on a décidé d’un commun accord avec son papa de le séparer définitivement de sa maman», explique le régisseur.
Selon la loi en vigueur, à la sortie de la prison, l’enfant est confié à la charge de la famille. Une situation souvent délicate pour la maman et la famille. «Quelques jours après son arrivée dans la maison familiale, on avait comme l’impression que l’enfant avait une allergie. On a fait appel à un oncle. Et il a été décidé de l’amener à l’hôpital Fann. Après consultation, l’enfant a été référé à l’hôpital Abass Ndao. Faute de place, on s’est rabattu à l’hôpital Aristide Le Dantec. Il a été hospitalisé durant une semaine avant qu’il ne soit libéré. A son retour, un beau jour, il a recommencé à étouffer et présentait les mêmes signes qu’à sa naissance. On l’a de nouveau amené à l’hôpital Fann et il a subi une opération moyennant 55 000 francs Cfa. C’est cette maladie qu’il traine depuis. D’après les explications, le sang de l’accouchement a réussi à passer et a du coup obstrué les poumons de l’enfant. Ce qui fait que mon neveu éprouve des difficultés à respirer. Aujourd’hui, il y parvient à l’aide d’un appareil placé sous la gorge», détaille Mada, sœur de l’ex-détenue.
«Un enfant a parlé lorsque sa maman a recouvré la liberté»
Loin des problèmes de santé qui escortent cette naissance, l’Administration pénitentiaire s’explique sur les mesures prises à l’endroit des enfants. «C’est là où le législateur s’est vraiment épanché. Les enfants peuvent rester avec leurs mamans jusqu’à l’âge de trois ans», informe le régisseur de la Maison d’arrêt des femmes (Maf) de Liberté 6. A trois ans passés, à défaut de la famille proche, l’enfant est confié à des associations caritatives. Le temps que sa mère recouvre la liberté. «Si la famille de la détenue ne se présente pas, on confie l’enfant au village Sos ou aux structures caritatives telles que la Rescousse», éclaire Agnès Ndiogoye. A l’image de leurs mamans, les enfants ressentent le poids de l’enfermement.
«Au moment où je faisais ma grande enquête, il y avait un enfant qui vivait avec sa mère en prison et qui avait refusé de parler. Elle a sorti ses premiers mots lorsque sa maman a recouvré la liberté», décortique la journaliste Boury Sock, auteur d’une grande enquête sur la question publiée en 2003. Une situation compréhensible à bien des égards. «Je me souviens qu’il y avait une petite fille. A chaque fois que quelqu’un sortait, elle l’amenait avec elle. Une fois dehors, ses yeux s’illuminaient, elle n’avait plus envie de retourner en prison. Elle pleurait même», reconnait l’ancienne directrice de la prison de Liberté 6. Même après la sortie de l’enfant, le psychologue clinicien Oumou Diodio Ly Kane conseille à la famille de l’amener «de temps à autre» voir sa mère en prison.
«Cela permettra de tisser un lien affectif. Donc, à la sortie, la mère peut retrouver en toute tranquillité son enfant. Il n y a possibilité de désaffection», diagnostique-t-elle. Une prescription dont l’application pose problème. «Dès que l’enfant sort, on ne peut plus le recevoir en prison. Cela pose un peu problème par rapport à la sécurité du bébé», avoue difficilement Agnès Ndiogoye. «Soit l’enfant est retourné dans sa famille. A défaut, l’enfant et sa maman sont transférés à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rufisque», déclare-t-elle.
«Mauvaise alimentation des enfants et de leur mère»
A Rufisque, les femmes enceintes sont placées «pendant les deux derniers mois de leur grossesse, dans un local séparé où elles resteront durant les deux mois qui suivront l’accouchement. Même après sevrage, les enfants pourront être laissés jusqu’à l’âge de trois ans aux soins de leur mère (…)», selon un décret en date du mois de mai 2001 incorporé dans le règlement intérieur de la Mac de Rufisque. «La séparation avec les autres détenues continue même après la naissance du bébé», éclaire Amy Manga, ancienne Directrice de la prison pour femmes de Rufisque. Qui se targue des mesures prises par la Direction de l’Administration pénitentiaire. Lesquelles ont eu pour effet d’anéantir les risques d’avortement, de mort-nés.
«Heureusement, nous n’avons pas connu de cas de grossesse désagréables ou d’avortements encore moins de décès», jubile Amy Manga. L’infirmière Major Fama Kane enfourche la même trompette. «Il n’y a pas eu d’avortement ni de décès. Contrairement à ce que beaucoup pensent, nous vivons en famille», estime l’infirmière. «Des partenaires tels que Tostan, Pouponnière, Sos, Unicef appuient la prison de Rufisque. Et les accouchements se font à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque. Les détenues enceintes sont suivies jusqu’au terme de leur grossesse», explique le régisseur qui s’empresse d’ajouter que «stress et prison» vont de pair. «C’est normal que l’anxiété gagne les détenues en état de grossesse. Même dans sa propre chambre, on a l’impression d’étouffer a fortiori d’être dans une cellule», retient le régisseur.
Hormis l’anxiété liée au poids de l’enfermement, les détenues vivent souvent dans «la promiscuité, font face à une chaleur suffocante dans les cellules», selon la journaliste Boury Sock. «A cela, s’ajoute souvent, la propreté douteuse des lieux», ajoute l’ancienne journaliste à l’Agence de presse sénégalaise (Aps). «Donc, les enfants dont les mamans sont en prison sont souvent victimes de diarrhée et de paludisme. Ils ont une sous-alimentation, une mauvaise couverture vaccinale. Pis, il n’y a pas le minimum confort pour accueillir les nouveaux-nés en prison», déplore Boury Sock. «Au moment où je faisais mon enquête, le soir, on servait du couscous aux détenues que l’on soit enceinte ou pas. Un régime mal adapté pour la maman qui vit pour deux personnes», explique l’ancien chef de desk genre et droits humains à l’Aps. Un tableau trop sombre et «à mille lieues» du traitement des pensionnaires de Rufisque.
«J’ignore ce qui s’est passé auparavant. En tout cas, à Rufisque, les détenues disposent aussi bien d’un carnet pour la pharmacie que d’un autre pour l’hôpital. Aussi, la direction de la prison se débrouille pour leur fournir du lait et des vêtements», se braque Amy Manga, ancienne directrice de la prison de Rufisque. «Si elles sont malades et que cela est nécessaire, on les achemine à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque ou au pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec», ajoute l’infirmière major Fama Kane.
Dans le but de faire oublier le poids carcéral, les détenues simples tous comme celles qui sont en état de grossesse pratiquent la teinture, des transformations fruits et légumes. «Elles apprennent aussi le Coran ou font des cours de catéchismes», éclaire Amy Manga. «Il est vrai qu’on essaye d’humaniser la prison. Dans la journée, on essaye d’occuper les détenues en les initiant à la teinture, la coiffure…Maintenant le soir, elles se retrouvent seules dans leurs cellules, perdues dans leurs pensées. La prison est angoissante, dépérissante», décortique la psychologie clinicienne qui tente ainsi de se faire le porte-voix des détenues. «Nous faisons de notre mieux pour les aider à surmonter le poids de l’enfermement», tente de rassurer Amy Manga. Un combat perdu d’avance. Chassé par une porte, le démon du passé ressurgit par une autre issue.
L’enfant est toujours indexé du doigt. Son passé le pourchasse. «Socialement, il n’est pas reconnu. Le problème survient surtout quand l’enfant grandit. Il y a toujours des quolibets qui vont rappeler le milieu où il est né : « Il ne doit pas fréquenter mes enfants puisqu’il est né en prison ». C’est un traumatisme que l’enfant peut trainer durant toute sa vie. Ces quolibets peuvent être traumatisants pour lui et pour sa mère», diagnostique la psychologue clinicienne Oumou Dio- dio Ly Kane. Dur, dur d’être un enfant né en prison !
PAR LES REPORTERS DE SENEPLUS, MAMADOU LY ET ROUGYATOU SOW
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FEMME! AU TRAVAIL
EXCLUSIF SENEPLUS-Ndèye Adama fait parti de ces femmes qui refusent de se faire entretenir-Pour la journée mondiale de la femme, elle adresse un message fort à toutes les femmes
Mamadou Ly et Rougyatou Sow |
Publication 08/03/2018
Ndèye Adama Faye a supporté la douleur pour faire de sa passion son métier. Diplômée de l´école de coiffure La Sophie elle a maintenant son propre salon á Thiaroye et emploie une dizaine de personnes. Ndèye Adama fait parti de ces femmes qui refusent de se faire entretenir. Pour la journée mondiale de la femme, elle adresse un message fort à toutes les femmes. Voir la vidéo.
L'ENFER DES BELLES-FILLES
Les jeunes épouses vivent l’enfer au quotidien dans beaucoup de familles au Sénégal, du fait des relations souvent tendues avec la mère ou les sœurs de leur époux
Au Sénégal, dans beaucoup de familles, les jeunes épouses vivent l’enfer au quotidien. Ce, du fait de relations souvent tendues avec la mère ou les sœurs de leur époux. Si les épouses imputent la responsabilité à leurs belles-sœurs ou aux caprices de la belle-mère, ces dernières ne manquent pas d’argument pour soutenir l’accusation contre elles. Mais dans tous les cas, cette institution qui vise le bonheur de deux âmes unies pour le meilleur et pour le pire, se transforme, parfois, en calvaire.
BELLES-SŒURS, BELLE-MERE ET BRUS
L’amour impossible !
Pour certaines femmes, l’union sacrée se passe souvent mal dans la maison familiale. Entre jalousie, commérages, calomnies, mépris et conflits, rares sont les femmes qui déclarent avoir des rapports harmonieux avec leur belle-famille. Et cela pour plusieurs raisons.
La vie de famille mène au bonheur. Cependant, derrière ce vœu qui pousse beaucoup d’hommes et de femmes à se dire oui, se cachent beaucoup de difficultés dans la cohabitation. Dans la société sénégalaise, épouser un homme dépasse, en effet, le seul couple. La belle-famille, la mère et les sœurs sont prises en ligne de compte. Dès lors, le mariage n’est plus une affaire de deux personnes. Souvent les rapports entre belle-mère et belles-filles, qui ont débuté sur un air de «téranga» avec des cadeaux pour se faire mutuellement plaisir, finissent par déraper pour installer le ménage dans une ambiance de forte animosité. Laquelle dégénère souvent en disputes entre belles-sœurs ou entre belle-mère et bru. Des empoignades où tous les coups et mots sont permis. Astou Dramé est une belle-mère. Elle a une mauvaise opinion de l’épouse de son fils. «Mon fils n’a pas la femme idéale. Elle est mauvaise», tacle-t-elle. Réponse de Marème Ndiaye à sa belle-mère lors d’une dispute : «Enlevez-moi de votre bouche (traduction littérale des mots wolof, yabbilène ma, Ndlr). Vous ne pouvez rien contre moi !» Khady Fall, la belle-sœur, de prendre parti. «Je ne peux pas rester passive quand ma belle-sœur insulte ma maman», sert-elle. Et c’est le début des problèmes.
Qu’est-ce qui est à l’origine de ces querelles qui finissent la plupart du temps par des ruptures de liens ? Les parties se renvoient la balle. Dans ces relations familiales qui, très souvent, sont complexes, il suffit d’évoquer le sujet pour déclencher des confidences.
Jalousie et rivalité
La rivalité féminine existe depuis la nuit des temps. Là ou il y a des femmes, il y a de la rivalité, consciente ou inconsciente… Qu’elles soient des coépouses, mères, belles-sœurs ou brus, chacune a ce sentiment enfoui au fond d’elle-même. Certaines familles sont des terreaux de ce phénomène qui est source de tension entre belles-sœurs. Même si elle ne le dit pas dans son témoignage, Astou Dramé semble éprouver quelques sentiments de jalousie envers sa bru. «Elle nous provoquait tous les jours pour avoir une occasion de quitter la maison pour aller vivre seule avec son mari. Au bout d’un moment, j’en avais assez et ai demandé à mon fils de trouver une solution. Ils sont partis chercher un appartement, mais cela n’a pas duré. Elle crée toujours des histoires à son époux. Tout ce qui l’intéresse, c’est l’argent de mon fils. C’est une opportuniste. L’histoire m’a donné parce qu’elle a fini par divorcer. C’est pourquoi je ne veux plus que mon fils amène sa femme dans la maison. C’est mieux quand ils vivent à distance. S’ils ont le temps, ils passent me voir», déclare la belle-mère.
Parfois, tout acte de la part des membres de la belle-famille est perçu comme de la jalousie par la femme mariée «Ma belle-famille ne peut accepter que mon mari me fasse un cadeau. Même pour un petit bijou acheté lors d’une fête, elle en fait un tollé», confie Coumba D.
«Touche pas à mes enfants !»
Et quand les enfants s’en mêlent, les choses prennent une autre tournure. Pour Marième Ndiaye, tous ses problèmes ont commencé quand son fils a été sévèrement corrigé par un membre de sa belle-famille. «Un jour, j’étais sortie. A mon retour, j’ai trouvé un de mes enfants en train de pleurer à chaudes larmes. Je lui ai demandé les raisons, il pointe du doigt la chambre de ma belle-mère. Et sa fille me dit que c’est à cause d’une histoire de biscuits. Ce qui n’était pas le cas. Ma belle-mère est intervenue en me traitant de tous les noms d’oiseau. J’ai essayé, tout le temps, de gérer ses émotions, mais finalement j’ai craqué» raconte-t-elle. Et pour la première fois, son époux, qui s’est toujours abstenu de prendre part aux querelles est intervenu en faveur de sa femme. Une réaction qui sera à l’origine de toutes les tensions dans la famille.
Ami Guèye est aussi une de ces femmes qui n’aiment pas qu’on touche à leur progéniture. Même si sa belle-famille a un devoir d’éducation sur ses enfants, elle n’accepte pas de la voir les corriger. «Je peux tolérer beaucoup de choses. Mais, pas qu’on touche à mes enfants. Je n’ai aucun problème avec mes belles-sœurs. Mais, je ne leur permets pas, ni même à ma belle-mère, de battre mes enfants. Des fois, il y a de la conspiration de leur part pour me faire mal. Mais je les esquive toujours pour ne pas gâcher la bonne relation que j’ai avec elles», soutient-elle.
Si certaines belles-sœurs arrivent à créer une bonne entente dans la maison familiale, pour d’autres, cela s’avère plutôt difficile. D’où la naissance de tensions plus ou moins vives et de conflits au quotidien.
Les belles-sœurs se racontent
NDEYE FALL, 23 ANS : «Ma belle-mère voulait que j’ai une coépouse»
«J’ai quitté Dakar pour rejoindre la maison conjugale à Kébémer, il y a trois ans. Mais, aujourd’hui, le souhait de ma belle-mère est que j’ai une coépouse. Puisque je ne suis pas de leur famille, elle veut que son fils épouse son homonyme qui était dans la maison. Elle pense que mon mari me donne tout son salaire. C’est pourquoi elle m’accuse de l’avoir marabouté. C’est ce qui est à l’origine de nos différends dans la maison. Je ne pouvais plus rester, alors je suis retournée pour être près de mon mari qui travaille ici à Dakar. Au début de ma grossesse, ma belle-mère disait que je ne voulais plus exécuter les tâches ménagères. Quelques temps après, elle a su que j’étais enceinte. Malgré ça, elle n’a pas arrêté à me faire faire des travaux domestiques durant toute la journée. J’avais même des œdèmes au niveau des pieds et je n’avais même pas le temps de m’occuper de mon époux. La réalité est qu’elle ne m’aime pas et ne le cache pas.»
KHADY DIOP, 42 ANS, DIVORCEE, MERE DE QUATRE ENFANTS : «Les filles cherchent des histoires pour quitter la maison familiale»
«Les filles d’aujourd’hui ne veulent plus rester dans les maisons familiales. Elles préfèrent être dans un appartement avec leurs maris et leurs enfants. C’est pourquoi elles cherchent tout le temps des histoires pour avoir un moyen de quitter la maison. Elles savent pertinemment ce quelles font, elles rivalisent avec leurs belles-sœurs qui vivent dans la maison. Elles font les choses à moitié parce qu’il y a les belles-sœurs dans la maison. Et si par malheur, la belle-sœur qui était mariée revient avec ses enfants, elles s’en prennent à ces derniers et nos mères pour nous atteindre. Ce qui est souvent à l’origine des querelles. Ceux qui ne connaissent pas l’origine des problèmes nous accusent gratuitement. J’ai vécu personnellement tout cela avec l’épouse de mon frère. Et quand elle a su que c’était peine perdue, elle s’en est prise à son mari. Les choses se sont dégénérées, ils se sont battus et finalement elle a divorcé.»
NDEYE TENING NIANG, SOCIOLOGUE : «Les belles-sœurs doivent avoir une obéissance réfléchie…»
WalfQuotidien : Les belles-sœurs et belles-mères ont souvent des rapports heurtés avec l’épouse de leur fils ou frère. Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette situation ?
Ndèye Tening NIANG : L’environnement éducatif et la trajectoire de vie ne sont pas souvent les mêmes. Les belles-filles et leurs belles-familles n’ont généralement pas partagé leur enfance et ce qu’elles ont vécu par la suite. Leurs chemins se sont croisés. Et c’est de cette rencontre qu’est née l’union entre les deux. Il faut inévitablement que l’une des deux parties fasse des concessions afin qu’elles puissent vivre ensemble. La belle-fille a le devoir de respecter sa belle-famille. Elle doit la considérer comme sa propre famille et vice versa. Auparavant, c’est ce qu’on constatait dans les foyers. Mais, notre héritage traditionnel à tous les niveaux disparait petit à petit.
Mais est-ce qu’une certaine belle-famille n’abuse pas de la soumission des épouses de leurs frères ?
Souvent, on demande aux épouses de respecter leurs époux, d’obéir à leur belle-famille. Mais elles doivent avoir une obéissance réfléchie à leur mari. Par exemple si elles constatent, pour diverses raisons, que le mari se range du côté de sa belle-famille à chaque fois que ce genre de situation se présente, elles doivent pouvoir échanger avec le mari afin de trouver une solution. Le mari doit aussi avoir un respect pour sa maman et pour son épouse. Il doit échanger respectueusement avec ces dernières afin de les amener à vivre ensemble convenablement.
On a l’habitude de voir dans notre société des échanges de cadeaux entre belle-sœur, belle-mère et bru. Est-ce que ce phénomène n’est souvent pas source de problème si l’une des parties n’arrive plus à le faire ?
Dans certains situations oui, mais dans d’autres, non. C’est toujours bien d’offrir des cadeaux à sa belle-famille. Mais, cela doit toujours être un geste simple et mesuré parce qu’on ne sait jamais dans la vie. Il est possible que la situation de la personne change et qu’elle ne soit plus en mesure d’offrir des cadeaux à la hauteur ce qu’elle faisait. Tout comme sa situation peut aussi s’améliorer.
PAR AÏCHA YATABARY
L'UNIVERS DES PREMIÈRES DAMES D'AFRIQUE
L'épouse du président ne doit pas se limiter au rôle de personnage médiatique, depostiche, dont le mari bénéficie du capital sympathie engendré par ses parures originales et par sa beauté, supposée
Le sujet d’aujourd’hui est tout aussi sérieux que ceux que nous avons précédemment abordés sur ce forum, même si nous ne vous parlerons pas de santé cette fois-ci. Nous vous parlerons néanmoins de genre, une question non moins importante, et de l’avenir de notre cher continent. Rien de moins ! Pour une fois, ce sont nos Premières dames et non les Présidents qui sont à l’honneur. Vous l’avez compris, aujourd’hui nous nous proposons d’écrire une chronique sur le rôle des Premières dames en Afrique.
L’épouse d’un Président Africain doit-elle se contenter d’être une conseillère avisée, discrète et efficace ? Doit-elle s’investir en priorité dans les activités caritatives (et représenter la société civile), vêtue de robes sobres et élégantes ? Doit-elle plutôt occuper les devants de la scène, prendre les rênes du pouvoir et se transformer ainsi en ‘super vice-président’ avec force folklore ? Doit-elle se contenter de faire briller son Président de mari au cours de toutes les rencontres officielles par son audace esthétique? A ce sujet, chacune a son style.
Il serait utile de nous intéresser à ce qu’il en est de par le monde. Si, aux Etats-Unis, les Premières dames sont plutôt occupées à défendre une cause, il arrive que certaines soient très écoutées par leurs maris. Michelle Obama par exemple a défendu la cause de la lutte contre l’obésité, problème majeur de santé dans son pays, et a également participé de façon prépondérante à l’élection de Barack Obama au poste de Président de la République. La France, quant à elle, est actuellement sans Première dame, constat étonnant pour l’opinion publique Africaine.
Cela nous ramène à cette question importante et existentielle : qu’attendent les Africains de leurs premières dames ?
Même si la position de Première dame ne comporte aucune tâche officielle et ne comprend-officiellement- aucun salaire, les épouses des Présidents ont une position visible en Afrique.
En dehors de l’attribution qui consiste à paraître aux côtés de son époux lors de ses multiples déplacements, la Première dame africaine doit aussi jouer de multiples fonctions que nous tenterons de définir dans notre réflexion.
Quel intérêt de l’opinion publique Africaine pour les Premières dames ?
Si les Premières dames en Afrique évoluent vers la possession d’un bureau au palais présidentiel, elles n’en restent pas moins pour la plupart, enfermées dans leurs rôles traditionnels. De ce fait, il est coutume d’entendre que l’opinion publique africaine ne s’intéresse qu’à la toilette -parfois pleine de folklore- des Premières dames. Force est de constater néanmoins que de plus en plus, d’autres éléments décisifs entrent en première ligne dans le capital sympathie d’une épouse de chef d’Etat sur notre continent. Parmi ces facteurs, les actions caritatives occupent une place importante. Par ailleurs, la formation académique et le niveau d’instruction tendent à revêtir une importance certaine.
Parmi les activités caritatives, les Premières dames ont pour coutume d’être présentes sur le front de la santé, mais aussi de l’action sociale (projets et programmes en faveur des handicapés, des plus démunis, des victimes de guerre par exemple) et de l’éducation (programmes de scolarisation des filles, campagnes d’alphabétisation, etc.). N’oublions pas que la générosité sur le plan social de la Première dame est aussi bénéfique pour le Président…
Ainsi, parmi les dix Premières dames d’Afrique les plus instruites, figure la Docteure Lalla Malika Issoufou, épouse du Président du Niger et médecin, qui s’intéresse beaucoup aux questions de santé publique et de violence domestique dans son pays. Ensuite, viennent Grace Mugabe du Zimbabwe, titulaire d’un Doctorat en philosophie et la Première dame de la République du Nigéria, Aisha Buhari, titulaire d’un Bachelor en art et en administration publique et aussi d’un Master en affaires internationales et stratégie.
Quant à Dominique Ouattara, Première dame de Côte d’Ivoire, Présidente de la fondation Children of Africa, elle s’est illustrée par de nombreuses actions caritatives dans le domaine de la santé, de l’éducation des filles et de la lutte contre la traite des enfants. Forte de sa formation qualifiante en administration de biens et en expertise de l’immobilier en France, entre autres, Madame Dominique Ouattara est par ailleurs un chef d’entreprise avisé. Elle fut primée meilleure femme d’affaire de l’année 2000 au niveau mondial.
Henriette Konan Bédié a aussi longtemps œuvré pour sa fondation Servir en faveur des personnes en difficultés, des malades des reins notamment, pour laquelle elle a sillonné la Côte d’Ivoire de long en large ; elle était appréciée pour sa nature spontanée et son côté « proche du peuple ».
Simone Gbagbo, elle, était une syndicaliste, une femme politique au sens plein du terme, doublée d’une intellectuelle, et elle bénéficiait de l’admiration de son époux pour son militantisme chevronné. Qu’on adhère ou pas aux idées de ce couple présidentiel, l’on doit reconnaître que Simone Gbagbo a révolutionné la fonction de Première dame en Côte d’Ivoire, même si certains diront que cela s’est fait au détriment de la loi…
Cependant, l’histoire de l’Afrique est aussi faite de Premières dames non instruites, qui n’en ont pas moins été braves par leurs actions aux côtés de leurs Présidents de maris. N’oublions pas que les Premières dames peuvent jouer, entre autres, le rôle de diplomates de par les relations qu’elles entretiennent avec leurs collègues, en marge des rencontres, des sommets.
Ces différents rôles suffisent-ils cependant à satisfaire l’opinion publique africaine ?
Faire évoluer le statut…
Comment donner plus de place à la femme du Président d’une République africaine sans-trop- sortir du rôle que nos sociétés traditionnelles lui reconnaissent, afin que cette place soit pleinement reconnue? Il faut effectivement éviter d’outrepasser les limites de la loi au niveau des rôles et fonctions de l’épouse du chef de l’Etat. Il est important de tenir compte des nouvelles donnes, dont la personnalisation du pouvoir, le capitalisme mondialisé et les dérégulations des appareils des Etats, sans toutefois percuter nos repères sociaux et moraux, ce qui nous ferait perdre notre identité-et notre dignité.
En effet, il est encore de règle, dans nos républiques du vingt et unième siècle, que la Première dame joue le rôle qui lui était dévolu dans les sociétés traditionnelles: une conseillère avisée et écoutée, à condition qu’elle reste discrète. L’exemple de femmes de pouvoir restées néanmoins dans l’ombre est régulièrement cité dans notre histoire ; il s’agit de compagnes consolidant leur pouvoir par la ruse et la diplomatie, dans les échanges privilégiés qu’elles ont avec les Présidents, qui se trouvent être par ailleurs leurs maris.
L’épouse du Président Houphouët Boigny savait très bien être médiatrice par exemple entre les femmes d’Ivoiriens au chômage et le Président dans le but de l’obtention d’emploi par ceux-ci. Qui ne connait pas les longues files d’attentes pour accéder à une audience avec la Première dame d’un pays Africain ? Ce personnage de la République qu’est l’épouse du Président devient donc dans ce schéma « celle qui chuchote à l’oreille du Président ».
Peut-on attendre une place-et un rôle- différents pour la Première dame en Afrique ? En effet, loin des fantasmes des harems où la femme n’était choisie que pour assouvir les désirs les plus enfouis du chef, ce dans l’anonymat le plus total, l’épouse du chef de l’Etat peut jouer un rôle important pour la nation, sans excès au regard de la loi. Il est important de relever que la « complicité intellectuelle et politique » d’un couple présidentiel apparaît de plus en plus acceptable pour l’opinion publique Africaine.
Cependant, quand une Première dame se positionne comme un « adjoint », de façon fort visible, au chef de l’Etat, cela suscite une problématique. Cette attitude remet en cause le positionnement que la société tout entière délègue à la femme dans son couple et la manière dont ce positionnement est perçu quand il est ainsi transféré dans la gestion de l’Etat, dans nos sociétés machistes. Lorsque la Première dame devient omniprésente par sa participation aux plus grandes décisions politiques, cela entraine bien souvent la réprobation de l’opinion publique –et l’agacement des autres personnages de l’Etat. En effet, il s’observe dans ce cas de figure une confusion quant aux attributions de chacun.
En guise de proposition, les Premières dames peuvent jouer un rôle plus politique à travers la promotion des droits de la femme, à l’instar de l’ex Première dame du Ghana Nana Konadou Agyeman Rawlings. Elles peuvent aussi jouer un rôle de premier plan pour l’élection-et la gestion des affaires- de leurs maris à l’instar de la First lady Américaine. Elles peuvent également apporter un réseau féminin à leurs maris.
Ainsi, il serait souhaitable que le rôle des Premières dames ne se limite plus à « l’inauguration des pouponnières », qu’il évolue, sans toutefois basculer vers un bicéphalisme à la tête de l’Etat, car c’est bien le Président qui est élu, et non son épouse. Trouver le bon équilibre…
En résumé, la Première dame ne doit pas se limiter au rôle de personnage médiatique, depostiche, dont le mari bénéficie du capital sympathie engendré par ses parures originales et par sa beauté, supposée. En tant que femme, cet acteur majeur de la scène politique nationale gagnerait à voir évoluer ses « domaines de compétence » et à mettre à profit ses potentialités (intellectuelles et politiques entre autres) ainsi que ses réseaux, dans la gouvernance. Tel a déjà été le cas de plusieurs Premières dames dont Patience Goodluck Jonathan, ex Première dame du Nigéria et Présidente de la mission de paix des Premières dames d’alors, qui a soutenu l’UIT dans la lutte contre la cybercriminalité au Nigéria. S’investir pour une cause humanitaire est tout aussi noble et cette attribution, à notre sens, ne devrait pas être abandonnée, quand on sait les réseaux, la capacité de conviction et les moyens dont disposent nos Premières dames.
Nous ne vous parlerons pas aujourd’hui de l’audace esthétique de certaines Premières dames, malgré notre titre, au risque de voir cette contribution classée parmi les ‘papiers’ de presse people. Une autre fois peut-être, si nous avons le cœur à parler de légèretés. Ce sujet sérieux qu’est le rôle que nos Premières dames peuvent jouer pour l’avenir du continent mérite donc la mobilisation de toute notre capacité d’analyse, afin d’énoncer des propositions concrètes et efficaces. Quand on sait l’importance que nos sociétés attribuent à ‘la femme du chef’, on ne peut tomber dans la tentation de décrire ce qui pourrait être une satire, au vu du burlesque de certaines situations…non. Nous nous limiterons à affirmer que le rôle d’une Première dame à savoir celui d’être le soutien psychologique et le conseiller du chef de l’Etat, peut être rehaussé par d’autres fonctions majeures telles que l’engagement pour une grande cause, l’action diplomatique-même si cette action n’est pas officielle- comme cela est déjà observé concernant un certain nombre de Premières Dames. L’épouse du Chef de l’Etat peut aussi être un soutien politique de façon plus marquée pour ce dernier. Ceci, dans le respect de la loi cependant. Ainsi, dans ce schéma, elle ne se limitera pas à un rôle de « postiche apprêtée » dans lequel certaines ont été longtemps cantonnées dans nos jeunes ‘démocraties’. Ne dit-on pas en effet que la femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme ?
UN REFUGE POUR FEMMES EN GRANDE DIFFICULTÉ
A Guédiawaye, dans le quartier de Médina Gounass, un endroit étonne : la «Maison rose» - Le lieu accueille et accompagne des femmes qui sont en grande difficulté
A Guédiawaye, dans le quartier de Médina Gounass, un endroit étonne : la «Maison rose». Créée depuis novembre 2008 par l’association humanitaire de solidarité internationale «Unies Vers Elles Sénégal», elle accueille et accompagne des femmes qui sont en grande difficulté.
La «Maison rose» occupe, après rénovation, les locaux de l’ancien Tribunal de la ville de Guédiawaye. Située au cœur du quartier populaire de Médina Gounass à Guédiawaye, elle se distingue des habitations vétustes juxtaposées à elle. La propreté des lieux, la couleur rose qui l’embellit et les rires qu’on entend parfois contrastent avec le passé douloureux des femmes en grande difficulté qui y sont accueillies. Elles ont été victimes de viol, d’inceste, de maltraitance, sans oublier celles qui ont souffert de la prostitution. L’architecture et la couleur rose des lieux renseignent sur la volonté des initiatrices d’en faire un lieu chaleureux. Un espace où ces victimes peuvent se reconstruire. A l’intérieur, résonnent des cris d’enfants. Car dans cet endroit, on accueille les victimes avec ou sans leurs enfants. Au-delà de l’internat, certaines viennent juste pour y passer la matinée, court séjour appelé «accueil de jour». Ce volet permet à des femmes de bénéficier, le temps d’une journée, d’une prise en charge. Juste à l’entrée, à gauche du bâtiment, se trouvent des bureaux. Au rez-de-chaussée, des membres du personnel échangent avec une patiente. Cette dernière, en tenue traditionnelle, parole hésitante, se déplace à l’aide d’un déambuleur. A la «Maison rose», appelée « Dar es Salam » (maison de la paix), c’est tout un programme pour aider ces femmes à reconstruire leur vie. Pour briser l’omerta et libérer la parole des concernées. Les éducatrices se fondent sur le passé tumultueux de la personne, indispensable à cette reconstruction. Pour y arriver, elles se reposent sur des principes simples : voir, écouter, sentir, développer l’intuition. Une étape importante, selon Khady Badio, coordinatrice de la «Maison rose».
Pour elle, «la Maison rose propose un programme holistique aux béné- ficiaires». L’accompagnement est fait à partir d’une philosophie instaurée par l’initiatrice, Mona Chasserio. Il s’agit de «travailler l’histoire de la personne», renseigne-t-elle. Les victimes y viennent après avoir vécu des moments difficiles. «Il est donc important de connaitre leur trajectoire douloureuse, leur souffrance pour en faire quelque chose de positif», ajoute Khady Badio. A la «Maison rose», les employés font tout pour que ces femmes se sentent protégées derrière ses murs. Un atelier de broderie, qui a fermé boutique depuis quelque temps, leur permettait d’exercer de petits métiers. Situé à l’entrée, il leur donnait aussi l’occasion de gagner de l’argent. Mais seulement certaines victimes, tentées par l’argent, accordaient plus la priorité aux «sous». «On s’est rendu compte que cela pouvait impacter négativement la victime.» Les dirigeants de la «Maison rose» ont changé depuis de fusil d’épaule. Ils appliquent désormais, le «système de parrainage». Il consiste, après la sortie, à lui trouver un parrain ou une marraine pour l’é- pauler dans ses activités
Garder son enfant malgré elle
Elles sont nombreuses, à la «Maison rose», les femmes qui ont tenté l’avortement clandestin. «Je dirais que plus de 50 % des victimes qui viennent nous voir ont déjà essayé l’avortement. Elles nous disent avoir pris des médicaments ou des plantes», martèle Khady Badio. Devant le fait accompli, la résignation est l’ultime solution pour elles. A la «Maison rose», ces enfants, inconscients bien sûr de leur situation, s’amusent. En fait, ils sont le fruit d’une relation incestueuse. Et Khady Badio, la coordinatrice de la «Maison rose», pense que l’avortement peut être un recours, une solution. «Surtout lorsqu’il s’agit d’inceste ou d’autres cas comme celui de cette fille de 14 ans, déficiente mentale qu’on a eu à recevoir. Elle avait fugué de Mbacké et s’est retrouvée dans un réseau de prostituées à Dakar. Inconsciente de son état, enceinte par la suite, son pronostic vital était engagé.» En sus de cela, «elle piquait même des crises parfois». Neuf ans après sa création, dans la banlieue dakaroise, la «Maison rose» continue à protéger la parole des femmes. Celles qui sont en grande souffrance pour ne pas les exposer dans les médias. Car ce lieu leur permet de gagner en confiance et de transformer le négatif en positif.
GROUPE UBA
Amie Ndiaye Sow promue au poste de Directeur Régional en charge de 3 filiales d’Afrique de l’Ouest
Mme Amie Ndiaye SOW précédemment Administrateur Directeur Général de UBA Sénégal, vient d’être promue au poste de Directeur Régional en charge de 3 filiales d’Afrique de l’Ouest. Sa nouvelle nomination a pris effet le 1er mars 2018 et l’amènera à superviser les activités de UBA au Sénégal, en Guinée Conakry et au Mali où le Groupe UBA Plc vient d’ouvrir sa nouvelle filiale.
Avant sa nomination au poste de Directeur Régional de la Zone 2 de l’Afrique de l’Ouest, Mme SOW gérait depuis 2013 la filiale du Sénégal en tant qu’Administrateur/ Directeur Général. Elle capitalise plus de vingt années d’expérience professionnelle dans le secteur bancaire en tant que gestionnaire des risques et développeur sur les marchés d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est. Son expérience couvre plusieurs domaines d’intervention, allant de la Banque institutionnelle, à la Banque de détail ainsi que la structuration financière et la supervision des placements par emprunt public.
Mme SOW a déclaré lors de sa récente nomination: « C’est une excellente opportunité pour moi de servir la Banque, à travers l’Afrique de l’Ouest. Mon objectif premier sera de développer davantage les filiales dont j’ai la charge et de stimuler une véritable synergie entre les économies concernées. En installant des directions régionales, UBA vise à introduire plus d’efficience, en rapprochant les filiales de la sphère des décisions. Je saisis cette opportunité pour remercier mon Directeur Régional, M. Emeke IWERIEBOR et le Directeur Général du Groupe, M. Kennedy UZOKA, pour leur soutien et leurs excellentes orientations stratégiques. Mention spéciale au Président du groupe, M. Tony ELUMELU, pour son leadership inspirant ».
A la tête de UBA Sénégal, Mme SOW a réalisé de remarquables performances qui ont valu à la banque d’être désignée Banque de l’année pendant 6 années consécutives par le Magazine The Banker du Financial Times. Mme SOW a également remporté de nombreuses autres distinctions pour ses résultats et son leadership.
Grâce à son implication et son investissement sans faille dans la croissance de l’institution confiée, Mme SOW a réussi, en quelques années, à hisser UBA dans le peleton de tête des banques sénégalaises.
Mme SOW est à ce jour la première femme francophone à rejoindre l’exécutive management du Groupe UBA
Elles ont eu des parcours académiques différents. Mais chacune de ces femmes apporte sa pierre à l’édification de la nation par son savoir-faire et son engagement.
MARIEME FAYE SALL, PREMIÈRE DAME DU SÉNÉGAL
Après avoir contribué à faire élire son mari Macky Sall à la présidence de la République, Marième Faye Sall a créé la fondation «Servir le Sénégal» dirigée par des compétences bénévoles. Depuis, cette organisation œuvre dans l’humanitaire. La native de Saint Louis avait l’intention de suivre des études d’électronique après son baccalauréat avant de décider de se consacrer à l’éducation de ses enfants. Très écoutée par le président de la République, elle est considérée comme le mentor de certains membres du Gouvernement à l’image de Mbagnick Ndiaye qui n’ont pas hésité à dire qu’ils doivent leur nomination à la Première Dame.
SEYDA MARIAMA NIASSE
Fille du vénéré marabout Cheikh Ibrahima Niasse, Seyda Mariama Niasse a vu le jour le 12 décembre 1934 à Kossy dans le Sine Saloum. Elle a grandi à Médina Baye où elle a intégré l’école coranique à l’âge de 5 ans. Après avoir fait ses premières humanités avec Rabani et Ahmadou Thiam, deux instituteurs connus et reconnus à Médina Baye à l’époque, elle va parfaire son éducation auprès de BayeNiasse.Après ses études, elle se marie avec un notable deDakar du nom de Ahmadou Kane avant d’ouvrir sa première école coranique en 1951 qui, depuis, a connu une ascension fulgurante pour donner aujourd’hui naissance au célèbre institut Seyda Mariam Niasse. Aujourd’hui âgée de 84 ans, la pieuse Seyda Mariam Niasse se nourrit du coran et œuvre pour la promotion de la femme. Elle rappelait récemment dans une interview que «Dieu est le premier à avoir honoré la femme, car dans le Coran il y a un verset exclusivement dédié aux femmes. La femme est d’abord une école. Donc, elle doit savoir éduquer ses enfants, quelles que soient ses activités. Cela ne doit poser aucunement un problème. Je lui conseille juste de s’acquitter de ses devoir d’épouse et surtout de mère».
PR FATOU SOW SARR, DIRECTRICE DU LABORATOIRE GENRE DE L’UCAD
Maître de conférences à l’Ifan où elle dirige le laboratoire genre, Pr Fatou Sow Sarr est de tous les combats de nature à faire évoluer la condition de la femme. Celle qui a été honorée en 2013 par l’Université de Boston et le Centre Pan African Congrese de la dite Université pour le travail qu’elle abat au Sénégal et partout dans le monde, a soutenu deux thèses de doctorat. La première en anthropologie et sociologie du politique à l’université Paris XIII en 1991, et la seconde en politiques sociales à l’université de Laval au Canada en 1998. Elle est la première femme à avoir institutionnalisé de manière définitive le genre dans l’espace universitaire séné- galais avec la création, en 2003 à l’Ifan, du premier Laboratoire de recherche chargé spécifiquement d’étudier scientifiquement des questions relatives au Genre. Le Pr Fatou Sow Sarr est une militante active de la cause féminine, puisqu’elle est la coordinatrice nationale du Caucus des femmes leaders pour la parité. Il s’agit d’une structure de veille et d’alerte mise en place pour la vulgarisation de la loi sur la parité et le suivi de son application dans les diverses instances concernées. Elle participe aussi à la formation et à l’outillage des femmes leaders politiques avec l’élaboration de grille d’analyse sur certains indicateurs sociaux en vue de leur faciliter la construction d’argumentaires politiques solides en temps de campagnes électorales.
RAMATOULAYE DIAGNE MBENGUE, RECTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE THIÈS
Elle est la première femme à occuper les fonctions de Recteur d’université au Sénégal. Professeur titulaire de philosophie, Ramatoulaye Diagne Mbengue a suivi les pas de son illustre grand-frère, le brillantissime philosophe Souleymane Bachir Diagne, avec qui elle a même coécrit un livre. La nouvelle patronne de l’université de Thiès a été la directrice de l’Ecole doctorale ETHOS de la Faculté des lettres. Et à l’image de son frère qui est «son guide spirituel», elle enseigné la logique au département de philosophie.
COUSSON TRAORÉ SALL, DIRECTRICE DU CESTI
Diriger l’une des écoles de journalisme les plus prestigieuses de l’Afrique francophone n’est pas une sinécure. Et pourtant Cousson Traoré Sall a les épaules assez larges pour diriger le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti). Nommée Directrice géné- rale du Cesti en juin dernier, Mme Sall qui enseigne l’anglais dans cette école est connue pour son savoir-faire et sa rigueur. Elle vient de franchir un palier dans cette institution où elle a occupé pendant plusieurs années le poste de directrice des Etudes.
ANTA MBOW, DIRECTRICE DE L’EMPIRE DES ENFANTS
Celle qu’on appelle «Mère Térésa» a fait de la prise en charge et de la protection des enfants son leitmotiv. Anta Mbow a eu l’idée de créer l’Empire des enfants en 2003 parce que, ditelle, «ces enfants talibés font tellement partie du décor que plus personne ne s’en émeut. Mais, c’estinhumain de les laisser à leur sort. Les parents aussi doivent comprendre qu’on ne met pas un enfant au monde pour le jeter dans la rue. Même si on a de la bouillie, on doit pouvoir la partager avec son enfant». En plus de sa structure, «Empire des Enfants», qui accueille des enfants en difficulté ou abandonnés par leur famille, Anta Mbow a développé aussi un projet destiné à venir en aide aux jeunes filles qui traversent des difficultés familiales. C’est pourquoi, elle a été désignée en 2016 femme de l’année.
SIBETH NDIAYE, CONSEILLÈRE EN COMMUNICATION DE MACRON
«Sibeth Niaye, la Sénégalaise incontournable de la campagne d’En Marche», avait titré l’hebdomadaire «Jeune Afrique» en faisant le portrait de cette jeune femme impliquée dans la campagne électorale d’Emmanuel Macron pour la présidentielle de 2017 en France. Cette économiste née àDakar il y a 39 ans estla fille de l’ancienne juge MireilleNdiaye et de l’un des membres fondateurs du Pds Fara Ndiaye. Après avoir été la chargée de presse du candidat Macron, elle est aujourd’hui sa Conseillère en communication.
FATMA SAMOURA, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA FIFA
Désignée secrétaire générale de la Fifa depuis 2016, la Sénégalaise Fatma Samba Diouf Samoura est née en 1962. Titulaire d’un master en espagnol-anglais et gestion à l’Université de Lyon, elle atterrit à l’Organisation des Nations Unies (Onu) à l’âge de 21 ans pour y occuper différents postes. Elle fait notamment partie du programme alimentaire de l’Onu de Rome en 1995 en tant que responsable logistique. Le 13 mai 2016, elle est nommée secrétaire générale de la FIFA lors du 66ème Congrès de la Fédération au Mexique et devient ainsi la première femme à occuper ce poste.