L’équipe nationale féminine a effectué un bond de 40 places de février en mars, selon la FIFA qui a publié son classement mensuel concernant le football féminin vendredi dernier.
Le football féminin sénégalais qui n’a pris part qu’à une seule phase finale de Coupe d’Afrique des Nations (CAN 012) en Guinée Equatoriale, est classé à la 79 ème place mondiale et 9 ème sur le continent.
Pour établir ce classement, les experts de l’instance mondiale du football prennent en compte les résultats des matchs joués, l’importance des maths (math amical ou comptant pour qualification ou phase finale de grandes compétitions), le lieu des matchs, (à domicile, à l’extérieur ou sur terrain neutre) et la différence entre les équipes dans le classement du football féminin.
Dans le monde, le trio de tête est dominé par les Etats Unis d’Amérique, l’Angleterre et l’Allemagne.
La première nation africaine dans ce classement est le Nigeria qui occupe la 38-ème place mondiale. Derrière, les Nigérianes, on trouve le Ghana, le Cameroun, l’Afrique du Sud, la Guinée Equatoriale, la Côte d’Ivoire, le Maroc, l’Egypte, le Sénégal et le Mali en ce qui concerne les 10 premières places.
Pour la qualification à la prochaine phase finale de CAN féminine prévue en fin d’année au Ghana, le Sénégal sera opposé en qualification à l’Algérie, 24-ème africaine et 117 ème mondiale.
Les matchs sont prévus en avril et pour se préparer à ces deux rencontres, les Lionnes ont joué une double confrontation contre l’équipe féminine du Maroc.
Pour le premier match, le Maroc avait gagné 3-2 (14 mars) et pour le second, le Sénégal est venu à bout 1-0 (16 mars).
PAR BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
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MARCHE DU COLLECTIF POUR LA PROTECTION DE L´ENFANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - De la Poste de Médine à Sahm, enfants et parents ont battu la macadam pour dénoncer les rapts et les assassinats d'enfants au Sénégal
Ce samedi 24 mars, ils sont venus nombreux à la marche organisée par le Collectif pour la protection de l'enfance.
De la Poste de Médine à Sahm, enfants et parents ont, d'une même voix, lancé un cri du cœur pour dire stop à cette vague de rapts et d'assassinats d'enfants au Sénégal. Aida Mbodj, Malick Gackou et Ngoné Diop ont pris part à cette mobilisation.
Ils ont manifesté leur colère, tout en exigeant de l'Etat une solution définitive à ce fléau.
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LE COME BACK D'AMINATA SOW FALL
Après dix ans d'absence, la pionnière de la littérature africaine revient en librairie - Portrait de la romancière sénégalaise de 76 ans
Après dix ans d'absence, la pionnière de la littérature africaine, Aminata Sow Fall, revient en librairie avec une nouvelle fiction intitulée «L'empire du mensonge» éditée en France par la maison du Serpent à plumes. Un livre à l'image de son œuvre ancrée dans son pays mais tournée vers l'universel. Portrait de la romancière sénégalaise de 76 ans.
Elle dit être entrée en littérature par hasard. En effet, c'est à son retour, à Dakar, dans les années 1970, après ses études à Paris, qu'Aminata Sow Fall, frappée par l'évolution de la société sénégalaise, se met à écrire son premier texte. Elle y pointe les dérives de son pays. Refusé par les éditeurs, ce manuscrit considéré trop « local » finit par paraître en 1976 sous le titre Le Revenant. Très vite l'écho est favorable et Aminata Sow Fall enchaîne avec La Grève des Bàttu, couronné par le grand prix littéraire d'Afrique noire et adapté au cinéma, en 2 000, par Cheick Oumar Sissoko.
Traduite dans le monde entier, sollicitée dans de nombreuses universités - américaines en particulier -, lauréate du Grand Prix de la Francophonie, en 2015, décerné par l'Académie française, Aminata Sow Fall est également très active pour promouvoir la littérature au Sénégal. Elle a créé une Maison d'édition ainsi qu'un Centre africain d'animation et d'échanges culturels qui va prochainement être relocalisé à Saint-Louis.
Par ailleurs, à 76 ans, le goût de l'écriture ne l'a pas quitté. Pour preuve, ce neuvième roman L'empire du mensonge qui, à l'image de toute son œuvre, est le reflet critique de notre société, mais surtout un appel à la sagesse et la dignité.
PAR BOUBACAR BADJI ET ROUGUIYATOU SOW
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LE TÉMOIGNAGE DE LA MÈRE DU PETIT FALLOU
EXCLUSIF SENEPLUS - Les miracles de son "petit marabout" - Le jour de la disparition de son fils - Le cri du coeur de Khady Ndiaye
Boubacar Badji et Rouguiyatou Sow |
Publication 24/03/2018
À quelques heures de la marche du collectif pour la protection de l'enfance, Khady Ndiaye témoigne. La voix cassée, le regard hagard, elle dit accepter la volonté divine mais réclame justice.
La maman du petit Fallou dont le corps sans vie a été retrouvé dans un sachet en plastique, a aussi partagé les moments vécus avec son "marabout".
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L'HOMME QUI MAQUILLE LES FEMMES
Parcours d'Ass Faye, jeune sénégalais qui s'illustre dans le domaine de la beauté
A 21 ans, Ass Malick Faye est un passionné de maquillage. Il vit à Dakar depuis seulement un an, mais c'est à Kaolack, ville située à 189 kilomètres au sud-est de la capitale, qu'il a grandi. "Depuis tout petit, j'ai toujours aimé tout ce qui est lié à la mode" nous dit-il. Le maquillage au Sénégal est pourtant un sous secteur où l'on retrouve surtout les femmes. Très peu d'hommes s'aventurent dans ce métier. Mais pas Ass Malick Faye.
A Fantaisika Nails and Beauty Academy où la BBC l'a rencontré, le jeune homme forme plusieurs apprenants en maquillage. Au Sénégal, pays majoritairement musulman, il est très rare d'avoir des hommes dans ce secteur d'activité qu'est le maquillage et la beauté. Mais le jeune homme a "su s'imposer" et exerce librement sa passion aujourd'hui. Dans son quotidien, il reçoit le soutient de toute sa famille. En premier lieu sa soeur aînée et son père.
Le marché de la beauté et des cosmétiques au Sénégal est l'un des plus dynamiques d'Afrique de l'Ouest. En témoigne le grand nombre d'instituts de beauté, salons de coiffures et centres maquillage qui fleurissent dans la capitale Dakar. S'il y a bien un secteur d'activité qui a connu une recrudescence du nombre d'entrepreneurs, c'est sans contexte celui là.
Pour Ass Malick Faye, le secret d'un maquillage réussi réside en sa simplicité. "Le make-up n'a pas pour mission de dénaturer la personne qu'il maquille" nous dit-il. Pour lui, c'est bien de se maquiller, mais en le faisant, "il faut toujours rester dans le naturel".
La diva de la musique sénégalaise parle de la condition des femmes au Sénégal, du phénomène d'enlèvement d'enfants et de son actualité musicale, entre autres.
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LES COQUINES FONT LA MUSIQUE
Viviane, Queen Bizz, Deesse Major et les autres, ont définitivement rompu avec l‘époque des « Ndananes » aux somptueux boubous traditionnels qui cachaient tout sans rien laisser deviner
Ceux qui osent affirmer que la musique sénégalaise ne connait pas d’évolution ou qu’elle n’a pas non plus fait sa révolution, se trompent assurément sur toute la ligne. Toute la ligne !!! A moins qu’ils souffrent de cécité. Parce que pour se faire une religion de la grande transmutation de la musique sénégalaise, il faut ouvrir grandement les yeux ou porter des correcteurs au cas où l’on souffrirait de myopie. Le Témoin vous les fait voir. A zieuter sans modération et loin des yeux de vos.... conquêtes ou bourgeoises. Un accident à domicile est vite arrivé !
La révolution ou l’évolution de cette musique ne s’entend pas. Il ne suffit pas d’ouvrir les oreilles ou de juger par les gammes mé- lodiques. Il vousfaudra ouvrir grandement les yeux. Et sans modération. Il ne faut pas se faire prier. Finie l‘époque des « Ndananes » aux somptueux boubous traditionnels qui cachaient tout sans rien laisser deviner. Tout cela est remisé aux placards. Et c’est avec Coumba Gawlo Seck que cette musique, au son du « Tama » ( tam- tam d’aisselle) a pris des hauteurs pour ne plus jamais redescendre. Le rythme volant toujours haut. Bref, la musique du pays a commencé à faire sa mue avec la divine Coumba. Non, la petite Gawlo d’alors ne s’est pas présentée au public avec cette frénésie qu’on lui connait aujourd’hui. Enfant bien sage, elle a fait adorer sa voix. Mais quand elle a atteint la majorité et qu’elle a su qu’outre sa musique, elle devrait faire « vendre » son corps, elle a fait crever la lucarne magique rendant des épouses et des illégitimes jalouses. Elles étaient toutes conscientes que la nouvelle bombe de la musique sénégalaise rendait le sommeil de leur mari ou amant fort agité. Surtout lorsqu’elle s’est présentée avec son fameux « bine- bine » qu’aucun imam ne put supporter. Fort heureusement, il n y eut point d’émeute.
Coquine, coquine Vivianne
Et arriva Vivianne Chedid Ndour ! Elle devint plus tard, tout simplement Vivianne Chedid. Ah, celle-là !!! Ses déhanchements insupportables ont porté sa musique pour un monde « réé-chanté ». A l’époque, on ne parlait pas encore de « buzz ». Son producteur de mari, qui connaissait bien le marché américain,savait comment vendre au public sa dulcinée. Avec Vivi, on ne s’ennuyait pas. Alors, pas du tout ! Surtout lorsqu’il a fallu qu’elle sorte l’artillerie lourde pour ne pas être menée aux points par la très coquine Coumba Gawlo. Et si cette dernière s’est voulue sage en rangeant ses habits sexy, ce n’est point le cas pour l’ex- de Bouba Ndour qui continue de faire délirer et martyriser son public. A chacune de sessorties, ça fait exploser le Net avec des photos qui dévoilent des secrets, tout en cachant l’essentiel. Autant dire que la bonne dame sait où tirer pour faire mal chez les mâles, et enflammer les midinettes. Du grand art ! Mais dansl’art de l’extravagance à outrance,c’est Déesse Major qui tenait la corde avant qu’elle ne se fasse oublier. Elle menait à sa guise, les imams et autres barbus qui la suivaient bêtement, et même sur le Net, avant de s’en scandaliser. La jeune fille pour dire moins, sait comment faire bander ces drôles de messieurs. Outre des tenues outrageusement sexy, elle s’y met avec des danses très, très coquines pour lesquelles aucun homme qui se respecte n’en sortirait indemne. C’est certainement ce qui expliquait la pluie de plaintes dont elle était l’objet. Toujours ces drôles de très zélés religieux qui nous empêchent de vivre les bonheurs de la vie, ici –bas. Comme par exemple,zieuter les belles formes de ces guindées demoiselles. Liberté, liberté, où es- tu ?
Explosive Déesse Major
Et si Déesse Major explose sans modération, Guigui se la joue avec prudence pour ne pas dire intelligence. Elle se dit naturellementsexy. Et c’est le cas. Elle nous en offre à voir et à apprécier. Destenuestrèssuggestives sur un corps de rêve. Et si elle s’amusait à trop forcer, une insurrection pourrait se déclarer dans ce charmant pays. Etant consciente de cet état de fait, elle s’offre telle qu’elle est. Sexy sans trop d’excès. Et ne comptez pas sur elle pour changer. A 90 ans, elle restera toujours sexy. Les vieillards pourront toujours venir mourir dans ses bras. Dieu lui prête vie ! Y a qui encore ? Ah, Queen Biz !!! Une véritable bombe celle-là.On lui prête une belle complicité avec Karim Wade. Mais voilà, dans l’art de faire le « buzz », y a passon deux. Chaque apparition, constitue une nouvelle existence. Elle allie le port et l’acte. Un nombril en l’air, un fougueux baiser à un partenaire, et ça fait enflammer le net… Elle n’est pas naturellement sexy, maissait où tirer pour faire parler d’elle. Et çamarche comme sur un papier àmusique. Musique, musique !!!!!
Et arriva Mbatio Ndiaye
Mbathio Ndiaye !!!! Messieurs, jurez la main sur le cœur que vous ne gardez pas encore quelques parts dans vos mobiles, quelques-uns de sestrèssalaces et précieux clichés. Elle fait trembler son monde… Remusiques !!! Vous en voulez avec de fortes contorsions rythmiques ? Bon, patience, on l’invite pour vous en offrir quelques déhanchements. Ya pas son pareil dans tout le pays. Et tout bon promoteur qui a du flair s’en sortirait avec une salle qui refuserait du monde. C’est une bombe qui fait mouche chez toutes les catégories sociales. Ngoné Ndiaye, elle se fait appeler. Tout est musique chez elle. Tout, on vous dit ! Et même quand les instruments se seront tus et qu’elle y va seule en un solo endiablé, l’adrénaline montera, montera. Il faut être une spécialiste des contorsions rythmiques, sataniques et assassines pour réussir une telle algarade. On pourrait alors mourir heureux après avoir vu un tel spectacle de plus de deux heures avec une Ngoné Ndiaye en pleine forme. On en rêve et malgré ses airs de Mammy, elle reste la plus coquine etsexy de nosstars. Des paroles aux gestes! Après ça, qui oserait venir nous dire que la musique sénégalaise n’a pas évolué ? Qui ????
Coumba Gawlo Seck a annoncé mercredi que la chaîne de télévision de son groupe de presse sera ’’très bientôt" lancée et opérationnelle avec l’ambition de "montrer une autre manière de faire la télévision".
"C’est en gestation et nous y travaillons afin qu’en 2018, nous puissions la lancer officiellement", a dit l’artiste musicienne sénégalaise au sujet de la chaîne de télévision de son groupe de presse Go médias (Gawlo Office médias).
Go médias est un groupe panafricain qui ambitionne de s’installer au Niger, au Mali, au Burkina Faso, au-delà du Sénégal où il a son ancrage avec la radio FEM, a-t-elle indiqué dans un entretien avec l’APS dont elle était l’invitée de la rédaction.
"Je me suis dit qu’au-delà de la chanson, j’ai envie de créer un médium avec une ligne éditoriale assez particulière traitant de problématiques qui touchent les femmes, les enfants et la musique qui est mon métier" a expliqué la diva de la chanson sénégalaise.
Après FEM FM, Go médias s’est, depuis 4 mois enrichi d’un portail web d’informations générales (www.godakar.sn), un nom incitant la capitale sénégalaise, Dakar, à aller de l’avant, selon l’artiste.
"Il y a des choses positives au Sénégal qui fait partie des plus beaux pays au monde et il faut le vendre", a fait valoir Coumba Gawlo Seck, ajoutant : "Cela fait longtemps que je côtoie la presse, mais je me suis rendu compte au fil des ans qu’on n’a plus, avec l’avènement des chaines de télévision, un journalisme de qualité".
Elle a déploré les tendances actuelles du journalisme de nos jours, soulignant que dans son entendement, ce métier, "c’était vraiment un must réservé aux intellectuels de classe, ayant un excellent verbe pour s’exprimer et écrire de beaux textes".
"Mais d’année en année, je constate, sans m’ériger en donneur de leçons, que beaucoup de choses qui se disent dans la presse ne sont pas contrôlées ou alors ne sont pas vérifiées", a-t-elle déploré.
"Je fais moi-même parfois l’objet d’attaques ou d’écrits, sans confrontation aucune pour équilibrer l’information (….), ce qui est très courant d’ailleurs, même si, pour ma part, je refuse de verser dans le sensationnel", a poursuivi l’artiste.
A l’en croire, il y a dans e milieu de la presse et de l’audiovisuel en particulier, "beaucoup de légèreté dans la présentation de certains animateurs ou animatrices qui ont du mal à comprendre que les médias, c’est du sérieux".
"Il me semble qu’il n’y a plus d’encadrement dans les médias où le coaching se fait de plus en plus rare", a-t-elle dit, évoquant aussi bien d’habillement que de professionnalisme dans le traitement de l’information.
S’y ajoute qu’avec les nombreux sites Internet, "certains écrivent ce qu’ils veulent, sans contrôle, sans éthique, encore moins de déontologie. Pour moi, c’est manquer de respect à un corps professionnel qui est noble".
LE PLAIDOYER D'AMINATA SOW FALL POUR L'ÉDUCATION
Aujourd’hui, les gens sont trop accaparés par les événements du monde pour se préoccuper d’éduquer les enfants - Je ne parle pas de punitions ou de corrections, mais de donner des repères pour les aider à résister aux choses qui pourraient leur faire mal
Gladys Marivat |
Le Monde Afrique |
Publication 20/03/2018
Elle est la doyenne des lettres sénégalaises. Née à Saint-Louis en 1941, Aminata Sow Fall est l’auteure d’une dizaine de nouvelles et de romans, dont le plus connu, La Grève des bàttu (1979), a été traduit dans de nombreux pays et porté à l’écran par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko. Dans ce livre, un homme politique ambitieux déstabilise la société sénégalaise lorsqu’il interdit aux mendiants d’utiliser leur « battù », la calebasse dans laquelle ils recueillent leurs oboles. Le goût du lucre au mépris des valeurs traditionnelles, la corruption des puissants, la vie des petites gens, la dictature et les migrations sont au cœur d’une œuvre distinguée en 2015 par le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française.
Distante du courant de la négritude et du féminisme, Aminata Sow Fall se veut au plus près de la réalité de son pays et de son peuple. Son nouveau roman, L’Empire du mensonge, imagine le destin de trois familles voisines d’un quartier populaire, bientôt séparées par des inondations. Il résonne comme un plaidoyer pour la solidarité et l’éducation de la jeunesse. De passage au Salon du livre de Paris, qui s’est tenu du 16 au 19 mars, l’écrivaine sénégalaise évoque l’importance des valeurs traditionnelles, ses rapports avec le féminisme et l’avenir de la jeunesse.
Dans vos romans, les traditions sont souvent ce qui permet aux personnages de résoudre leurs problèmes. Le point de départ de « L’Empire du mensonge » est le rituel du repas dominical.
Aminata Sow Fall Le temps du manger est un temps de paix. C’est ce que j’ai vécu chaque jour de mon enfance. C’est un moment de joie, de partage, un instant sacré. Les discussions autour du manger forment un espace de liberté, un lieu où se forge la solidarité entre des gens de conditions très différentes. A table, nous avons tous le même statut.
Vous parlez dans votre roman de l’importance de se souvenir d’où l’on vient. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela ne veut pas dire savoir à quelle famille ou à quel milieu on appartient, mais savoir ce qu’on nous a transmis. Je voulais insister sur le fait qu’il faut former les enfants dans le sens des valeurs essentielles : l’estime de soi, la dignité et la générosité. La générosité, ce n’est pas l’argent que l’on donne, c’est l’amour de l’humain. C’est ce que transmet Mapaté, l’un des héros de mon livre, à ses enfants. Sans ces valeurs, on se perd facilement. Et pas seulement chez nous. Aujourd’hui, les gens sont trop accaparés par les événements du monde pour se préoccuper d’éduquer les enfants. Je ne parle pas de punitions ou de corrections, mais de donner des repères pour les aider à résister aux choses qui pourraient leur faire mal.
Tous vos romans montrent des personnages de femmes fortes. Pourquoi ?
Je n’ai pas été éduquée dans l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes. Dans ma famille, toutes les filles fréquentaient l’école. L’école coranique d’abord, à partir de 4 ans puis, à 7 ans, l’école occidentale. On nous disait aussi qu’on devait être les meilleures. C’était une question d’honneur et c’est cela qui nous a permis d’avoir confiance en nous. Petite, j’étais très attentive à ce qui se passait autour de moi et je voyais comment les femmes étaient puissantes, notamment grâce à leur intuition et à leur position, loin de l’agitation, qui leur permet d’être des grandes observatrices. Aux Etats-Unis, où j’enseignais comme professeure invitée, je me souviens d’une enseignante qui avait interdit à l’un de ses étudiants de faire sa thèse sur La Grève des bàttu, car elle trouvait que je traitais mal les femmes dans mon roman. Les féministes m’accusaient de ne pas être féministe.
Et l’êtes-vous ?
Pas au sens de l’idéologie. Je ne fais pas de militantisme tout simplement parce que je ne me pense pas inférieure aux hommes. Toutefois, j’ai toujours dit aux féministes que si elles voulaient défendre les femmes, il fallait plutôt les aider à s’instruire, leur apprendre comment soigner son enfant. Au lieu de seulement crier : « Je suis féministe ! » On obtient bien plus de résultats quand on met les femmes dans les conditions de s’épanouir, quand on leur apprend à se battre. C’est bien plus concret que l’idéologie !
Je me souviens d’une discussion avec Amadou Hampâté Bâ qui me racontait qu’avant, quand les autorités villageoises se rejoignaient pour discuter de choses importantes, aucune décision n’était réglée sous l’arbre à palabres. Les hommes se séparaient en disant : « On va réfléchir sur l’oreiller. » La décision revenait en fait à l’épouse, à la sœur aînée ou à la mère. Les femmes ont cette autorité indétrônable qu’elles exercent sans jamais hausser la voix. Elles sont les gardiennes de la famille et préfèrent agir en douceur pour ne pas faire éclater le foyer. Ça ne veut pas dire qu’elles ont un esprit plus étroit que l’homme.
La montée d’un islam plus rigoriste au Sénégal ne risque-t-elle pas de remettre en question la position des femmes ?
J’ai posé la question à des personnes très imprégnées de l’islam, très savantes, et elles m’ont dit qu’elles avaient interprété le Coran dans le sens du respect de la femme. La femme est sacrée, car c’est la mère qui enfante, qui agrandit. Le voile ne rend pas les femmes inférieures. Je vois des femmes voilées car c’est leur interprétation de l’islam ou celle de leur milieu, mais ça ne les empêche pas d’être de grandes intellectuelles ou d’enseigner.