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21 avril 2025
Femmes
PAR ELGAS
LE SANGLOT DES FEMMES NOIRES EN FRANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans l’afroféminisme, l’identité a supplanté le genre - En Afrique, l'afroféminisme n’a aucun écho, il faut noter que les travaux des pionnières des années 60 sont très éloignés de la conception actuelle
La séquence médiatique articulée autour de l’organisation d’un festival non-mixte Nyansapo (28-30 juillet 2017) a coché toutes les cases de la force régnante du « polemos » culturel en France. Force mettant en scène les deux lames de la cisaille identitaire. Arène de choix comme presque toujours, les réseaux sociaux, où la loi de l’hygiénisme moral s’autoalimente en querelles, et nourrit le cordon politique.
Symbole d’un vrai marqueur en France, et d’un malaise profond que les élections présidentielles ont contourné, les affaires de mœurs sur l’islam, la vêture des femmes, l’antiracisme, le schisme féministe, etc., s’abreuvant de fait tous dans l’inachevé du surmoi colonial, ont vocation à encore empester le débat. Du burkini, au troquet de Sevran, en passant par les reportages de M6, et ce qu’ils sont le produit de contre-enquêtes, il y a deux France irréconciliées, peut-être irréconciliables, que ni la prophétie heureuse du multiculturalisme, ni le républicanisme rigide, ne peuvent fédérer.
La distance et le temps découvriront bientôt la fragilité de l’entre-deux Macroniste. C’est le fruit de postures à gauche mijotées dans le tremplin de la contestation en Algérie et ce qu’elle a produit de maternalisme, avant Terra Nova, envers les minorités. C’est aussi le fruit d’un paternalisme, type rive droite, affairiste, dont les relents coloniaux dans la Françafrique notamment, ont créé le plus grand stock de rancœur contre la France de la part du spectre indigène. Cette fracture originelle, entre vaincus de l’insécurité culturelle, et oubliés de l’insécurité historique, opposant en réalité, petits blancs et petits noirs, a été à tort analysée dans le seul registre du bien et du mal, entre « racistes » et « racisés ».
Cette malheureuse simplification sert de festin national pour nourrir la bonne conscience des uns, et les fantasmes des autres. Or l’enjeu, beaucoup plus complexe, se trouvait dans la fabrication d’un récit commun qui ne sacrifie rien aux valeurs profondément humanistes, universelles, inclusives et ne font pas place au relativisme. La démission dans cette entreprise, tâche ardue, explique les fuites en avant entre les radicalisations à l’œuvre, l’afroféminisme n’étant qu’un pôle de cette dynamique de sécession.
Le postulat des afroféministes
Dans la foulée du camp d’été décolonial, en 2016, qui cliva jusqu’à la rédaction de Médiapart – c’est dire – autour de la pertinence de la non-mixité, le festival Nyansapo s’inscrit dans la même perspective : celle d’un féminisme offensif, provocateur, réinventant des recettes anciennes souvent importées des USA, en aplatissant tous les contextes, pluralités, sur l’autel du seul combat radical qu’elles mènent. Pour ce faire, un détour par leur diagnostic fondateur est nécessaire, en voici le postulat : l’Etat français est raciste et islamophobe, du fait de son ascendance coloniale, des discriminations à l’embauche, et à travers son bras répressif policier, dont les crimes (ou bavures) et les contrôles au faciès en sont d’irréfutables preuves.
Dans la charge contre l’Etat, sont aussi désignées et délégitimées, les associations antiracistes classiques, requalifiées de gadgets sans âmes, reproduisant inconsciemment la domination « blanche » par l’absence, ou la faible présence des minorités dans leurs directions. Jugées aussi plus enclines à se mouvoir contre l’antisémitisme, ces associations subissent les foudres du nouvel antiracisme qui se dit politique. Les démêlés judiciaires de Dieudonné ont été autant de temps forts, exprimant le fameux « deux poids deux mesures », source à laquelle s’abreuve le contre-récit. Cela entériné dans leur manifeste, l’actualité et les affaires, ne viennent que réaliser l’oraison annoncée. La preuve est ici moins importante que la prédiction ; l’apriori annonçant toujours le postériori.
Aux deux postulats qui soulignent déjà la sévérité du diagnostic et la radicalité de la démarche, s’ajoute le lexique relevant presque du jargon : intersectionnalité, blanchité, la division du monde en camps blanc/non blanc, pour déconstruire désigné « le privilège blanc ». Et pour ce faire, seul axe : la revendication d’un différentialisme ethnique ou religieux, le seul, estiment-elles à mesure de comprendre la souffrance ressentie et capable de mener une lutte sans concession.
La non-mixité, ancienne stratégie, nouvel instrument
Dès lors les stratégies de lutte comme la non-mixité sont plus des symptômes qu’autre chose. Ce qu’elle charrie de plus profond est beaucoup plus inquiétant que le manque de mélange, que les séparations géographiques ont déjà partiellement dessiné. Le refus de la mixité, dans une acception plus large, pensée comme le lieu d’élaboration sans filtre d’un discours, sans les pudeurs et les entraves qu’elles engendrent, aurait éventuellement pu être compris. Mais ce que cette non-mixité du festival Nyansapo condamne, c’est d’abord la pluralité, la diversité du débat au sein même des populations dont elles se proclament les hérauts.
Voici, ramassés, les arguments du sectarisme admis, puisant ses forces dans le privilège inversé du statut de victime. Ainsi libellées, les marges de dialogue étaient déjà inexistantes, une telle radicalité étant irrecevable, mais grâce à l’écho dans une certaine gauche universitaire et médiatique et son primat de l’empathie envers les victimes de l’histoire, cet antiracisme forcené a trouvé un terrain de légitimation, un droit de cité, et l’inespérée caution sans laquelle il serait resté marginal. Car, malgré le renfort de publicités, ce genre de rencontre draine assez peu de monde, et n’est pas représentatif des différents courants féministes au sein même de la communauté des « noires ».
Ces rencontres sont le fait d’agitatrices habiles, surinvestissant les réseaux sociaux pour corriger leur déficit de popularité. Elles s’adressent aux canaux de légitimation dont, pour une fois, elles minorent le caractère blanc honni, pour se suffire d’affinités idéologiques. En captant cette énergie, cette gauche leur donne de l’ampleur, mais en cédant à l’essentialisation d’une poignée de personnes qu’elles désignent comme fer de lance, elles retombent dans un travers qu’elles ont historiquement combattu : l’aplatissement de toutes les différences et l’intervention aliénante dans le calendrier des anciens colonisés.
Le droit des femmes ou l’ennemi blanc ?
Il est frappant du reste, de noter que pendant ces séquences, l’on parle assez peu de féminisme au final. Dans l’afroféminisme, l’identité a en effet supplanté le genre ; le blanc cristallise la seule domination urgente à combattre. En cédant la place aux seuls enjeux identitaires, la question du genre, et de la libération des femmes, est réduite à cette seule surface de protestation contre le postulat blanc. Ça exonère ainsi des luttes contre les patriarcats divers d’obédience culturelle ou religieuse, notamment ceux des cultures d’origines, où le statut de la femme, pour user d’un euphémisme, peine à émerger. En Afrique, par exemple, cet afroféminisme n’a aucun écho, il faut noter que les travaux des pionnières des années 60 sont très éloignés de la conception actuelle. L’afroféminisme paraît ainsi plus que jamais dans une usurpation de préfixe comme de suffixe, la condition des femmes africaines et de leurs collègues de la diaspora soumises au fait traditionnel, devenant secondaire.
Cette bascule qui fait du « nous » indigène un tabou inquestionnable, vers le « eux », héritiers du schéma de domination colonial, est l’argument de l’absolution interne, même pour les viols commis par des racisés. Théorisée ainsi, notamment sous la plume incendiaire de Bouteldja, cette clémence voire cécité des logiques de dominations intra-communautaires, doit centrer la cible sur le seul ordre blanc, dont le mâle de 50 ans est devenu l’odieuse mascotte. Un tel positionnement questionne. Il acte l’emprise d’un « ennemi » dont il épouse l’agenda et conséquence annexe, il ne se définit que par rapport à lui, avouant ainsi implicitement l’incapacité d’une souveraineté. L’inconfort que cette position produit, même masqué par la surabondance de radicalité, met en lumière un sectarisme, où l’antiracisme, excluant toutes les autres composantes, devient lui-même différentialiste, et sinon raciste, à tout le moins racialiste.
L’ethnie seule constitue l’identité, sans possibilité d’intégration de facteurs comme les actes, les produits, les évolutions qui définissent les individus. Ce fixisme produit d’ailleurs cette inexpugnable chasse contre les membres de la communauté qui ont le tort de penser autrement. Ils sont vite requalifiés, par l’insulte ultime, de « nègres de maison ». Audrey Pulvar en a été une des principales victimes. L’idée en suspens, dangereuse, qu’émet ce genre de position, est celle d’une uniformisation qui au nom de la différence, exclut de manière interne toutes celles qui écornent ce récit de la radicalité. Elle reprend à rebours l’idée longtemps raciste, d’ailleurs fondatrice du différentialisme colonial : que tous les noirs sont identiques. Idée maquillée des faux atours de l’unité.
L’émancipation a toujours eu la tentation de la vengeance. Le collectif Mwasi tangue de ce côté. En reprenant tous les codes de l’exclusion au nom de l’essence d’un combat, en se refermant dans une seule optique, elle contribue à ériger des cloisons qui ont vocation à faire de la différence une barrière et non le fondement de l’altérité. Il faut être sensible au cri des « afroféministes» qui, du sanglot, a le désespoir, de la rage, l'impuissance, de la colère, la maladresse, de la militance, le slogan. Il faut l’appréhender comme un autre signe du malaise du temps. Le séparatisme d’une partie importante de la population qui ne se reconnaît pas dans le miroir national français. Voici le chantier immense du « faire peuple » qui doit disqualifier tous les extrémistes.
FESTIVAL FILMS FEMMES AFRIQUE
50 films à l’affiche de la 3ème édition qui s’ouvre vendredi
A l’initiative de l’association Trait d’Union, Dakar abrite, du 16 au 24 février, la troisième édition du Festival Films Femmes Afrique qui s’étendra du 26 février au 4 mars dans 7 villes de régions : Rufisque, Kaolack, Louga, Thiès, Sokone Saint-Louis et Ziguinchor. Placé sous le thème « Femmes et éducation », l’événement s’ouvre vendredi en soirée au Complexe cinématographique Sembène Ousmane. Au programme, « la projection de 50 films de fiction et documentaire (longs et courts métrages) dans 27 lieux différents dans Dakar et sa banlieue», a annoncé, hier, en conférence de presse Martine Ndiaye, responsable du Festival. L’ambition des organisateurs est de promouvoir le cinéma africain qui raconte des histoires de femmes. Les projections seront suivies de débats sur des sujets précis comme la citoyenneté. Le message principal de cette année est de « résister à l’oppression sociale grâce à l’éducation ». Sur ce point, l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, Theo Peters, a souligné l’importance de l’éducation des filles. Pour le diplomate, « le développement d’un pays passe par l’éducation des filles et des garçons ». Selon lui, c’est un moyen de prévenir les mariages précoces, de réduction de la pauvreté.
Côté nouveauté, la responsable du festival révèle que le prix du court métrage de fiction offert par Canal+ sera décerné à un jeune réalisateur par un jury de cinq jeunes lycéens de différents établissements de Dakar.
Un hommage sera aussi rendu au cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambéty en cette année 2018, anniversaire des 20 années de sa disparition avec la projection de son film « Hyènes ». Dans la programmation figurent également des œuvres comme « Ouaga girls » de Thérésa Traoré Dalberg, « Maman Colonelle » de Dieudo Hamady, « Ninki Nanka » de Laurence Gavron, « Mossane » de Safi Faye, « Mooladé » d’Ousmane Sembène.
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ABBÉ JACQUES SECK DÉCRYPTE LA SAINT VALENTIN
Il invite les jeunes à l'abstinence jusqu'au mariage
Nommer une personne ou la décrire pour qu'elle vous vienne en aide, s'approcher du harceleur et lui poser des questions qui n'ont rien à voir avec la situation sont entre-autres méthodes qui peuvent aider les victimes.
Des responsables de l'ONG britannique ont engagé des prostituées en Haïti lors du tsunami de 2010. Certains ont été licencié, d'autres ont démissionné. Le gouvernement de Theresa Mey réclame une enquête immédiate.
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"LES LIONS M’ONT BOULEVERSÉE LE CŒUR EN 2002"
Fatma Samoura, secrétaire générale de la Fifa, se remémore de la joie engendrée par la belle victoire du Sénégal sur la France lors du mondial 2002
La secrétaire générale de la Fifa, Fatma Samoura, confie avoir été bouleversée par la victoire des Lions du football sur la France lors du mondial 2002, un exploit qu’elle considère comme un des "plus grands moments" qu’elle a vécus dans le football.
"Le Sénégal m’a bouleversé le cœur en 2002 lors de la victoire contre la France", a déclaré la Sénégalaise dans un entretien avec la radio française RTL, dans le cadre de la journée dédiée au sport féminin en France.
Pour sa première coupe du monde en 2002, l’équipe du Sénégal avait battu (1-0) celle de la France, alors championne du monde en titre, en match d’ouverture du Mondial de cette année-là.
Les lions du football, qui retrouveront la Coupe du monde en 2018, en Russie (14 juin au 15 juillet), avaient ensuite atteint les quarts de finale du Mondial 2002, co-organisé par le Japon et la Corée du Sud.
Fatma Samoura a été nommée il y a deux ans au poste de SG de la Fifa après l’élection du Suisse Gianni Infantino, alors que l’instance dirigeante du football mondial se débattait dans un scandale de corruption impliquant plusieurs de ses dirigeants.
Mme Samoura, arrivée à la FIFA dans ’’un monde d’hommes’’, assure n’avoir jamais été victime de racisme, bien qu’elle soit la première Africaine à occuper une fonction aussi importante dans le football mondial.
Concernant les réformes entreprises par l’instance internationale, celle qui a la haute main sur l’administration de la Fifa, elle a rappelé la décision prise de lancer une Commission entièrement dévouée au football féminin.
Elle a aussi réaffirmé la volonté de la FIFA d’entamer des réformes visant à mettre en place des règles plus saines qui préserverait l’instance internationale du football d’éventuels scandales de corruption.