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27 novembre 2024
Femmes
TECH, RÈGLES ET SUIVI DU CYCLE MENSTRUEL EN UN CLIC
Weerwi, une application gratuite et téléchargeable, destinée au suivi du cycle menstruel, notamment des jeunes filles, vient d’être lancée par une entreprise sénégalaise pour venir en appui aux éducatrices devant aborder ce sujet ô combien tabou
Apiafrique, une entreprise sociale sénégalaise vient de lancer, ce jeudi 30 juin, à Dakar, une application mobile afin de permettre aux jeunes filles de suivre leurs règles et leurs cycles menstruels en toute quiétude. La cérémonie a eu lieu jeudi, à l’institut français de Dakar en présence des différentes parties prenante dont la réalisatrice Kalisata Sy.
C’est peut-être fini le temps où les jeunes filles éprouvaient d’énormes difficultés ou tout simplement de la gêne à parler de leurs menstrues qu'elles découvrent avec surprise ou le cycle qu'elles n'arrivent pas à maîtriser afin d'organiser leur quotidien. En effet, l’entreprise ApiAfrique vient de lancer officiellement au Sénégal, Weer Wi, la première application mobile destinée au suivi du cycle et à la santé menstruelle en Afrique de l'Ouest.
Le but viser est de "changer les règles" et d’accompagner les filles dans la découverte de leur cycle menstruel sachant que la question reste un sujet tabou de manière générale dans les foyers. La solution est désormais là grâce à la terchnologie.
Il s’agit d’un ensemble d’outils composés d’une chaine youtube en français et en wolof, (avec une web série réalisée par la réalisatrice kalista Sy), d’un livret avec des conseils et astuces, d’un chatbot dans l’application Weerwi et d’un site internet.
Avec ce package, les jeunes filles ont désormais l’info précieuse pour leur bien-être et ont des réponses personnalisées et confidentielles à leurs interrogations puisqu'elles peuvent faire leurs requêtes sur la plateforme. «Il y a des questions qu’on ne peut pas poser à nos parents ou à des amies. Mais sur la plateforme quand tu poses une question, on te répond comme si c’était ta mère ou ta sœur. On te répond comme il se doit. Il a plus de sécurité parce c’est confidentiel », a confié Mlle Mendy, une lycéenne de 19 ans qui utilise l’application depuis quelques mois.
Cet ensemble d’outils qu’offre que la plateforme Weerwi donne aux jeunes filles les informations nécessaires à la compréhension de leur cycle mensuel, les guider dans leur développement personnel et les aider à communiquer sur les règles au sein de leur entourage sans pour autant remplacer leur rôle des mères et des tantes.
Phénomène physiologique donc naturel, les règles demeurent troutefois une question très peu discutée dans beaucoup de sociétés, notamment africaines et de fait, des millions de femmes et surtout de jeunes filles manque d’information sur ce sujet. C’est équation que résout ainsi Apiafrique. « A travers le programme changeons les règles »,nous nous engageons à fournir aux femmes des solutions innovantes.
Werrwi a été conçu avec et pour les filles, afin de leur fournir toutes les informations fondamentales sur les règles et cela de manière adaptée à leur âge et aux spécificités culturelles de notre région d’Afrique », a indiqué Marina Gning, la cofondatrice et CEO d’Apiafrique, dans un communiqué transmis aux médias.
D’ailleurs les outils de Weerwi ne se substitue pas au rôle des éducatrice que sont les mamans , les tantes ou autres membres de la famille, précise Soukeyna Ouédraogo, responsable du programme « Changeons les règles» à Apiafrique.
Selon elle, 84% des jeunes filles et des femmes ne sont pas bien préparées à accueillir sereinement leurs premières règles. De ce point de vue cette première application africaine destinée à ce phénomène vient à point nommé.
Gratuite, l’application Weerwi est téléchargeable sur AppSotre et Googleplay. Les initiatrices du projet ambitionnent de le propager en Afrique de l’Ouest et plus tard sur l’ensemble du continent.
Le projet Weerwi a été rendu possible grâce à Apiafrique, -une entreprise sociale spécialisé dans les produits innovants et respectueux de l’environnement pour femmes et bébés-, en partenariat avec it4life et d’autres partenaires.
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KEN BUGUL, BOUBACAR BORIS DIOP M'AVAIT VEXÉE...
Dans son échange sur le réalisme littéraire avec l'écrivain espagnol José Manuel Farjado, lors du Benengeli 2022, à l’Institut Cervantes de Dakar, Ken Bugul (Mariétou Mbaye), raconte pourquoi et comment elle s'est lancée dans l'écriture avec sa trilogie.
Dans son échange sur le réalisme littéraire avec l'écrivain espagnol José Manuel Farjado, lors du Benengeli 2022*, Ken Bugul, de son vrai nom Mariétou Mbaye, raconte comment elle s'est lancée dans l'écriture en dévoilant l'histoire à partir de laquelle son aventure d’écrivain a véritablement démarré. Elle précise aussi comment Boubacar Boris Diop y a participé peu ou prou.
C'est avec «La folie et la mort» que Ken Bugul s'est vraiment sentie en confiance pour poursuivre l'écriture et a décidé de poursuivre l'écriture. Elle signait d’ailleurs réellement son entrée dans la fiction parce que son aventure littéraire a commencé avec des romans autobiographiques.
Les premières publications de Ken Bugul sont une trilogie composée de «Le baobab fou», «Riwan ou le chemin de sable» et «Cendres et Braises». Selon elle, cette trilogie était écrite dans une démarche plutôt thérapeutique que dans un projet purement littéraire.
D’ailleurs après ces premières publications, la célèbre écrivaine voulait tout simplement ranger calepin et stylo, estimant avoir atteint son objectif, avoir réussi à se soigner. Partant, elle ne trouvait pas vraiment opportun de poursuivre l’aventure.
Mais par défi, elle reprend sa plume et elle publie « La folie et la mort» après avoir été titillée par Boubacar Boris Diop. En effet, sa trilogie avait été bien apprécié par ce dernier. Mais Ken Bugul l’a assuré qu’elle n’est pas écrivain et qu’elle prévoyait d’ailleurs d’arrêter.
Boubacar Boris Diop lui dit alors si elle préférerait aller acheter les ingrédients de cuisine à vendre plutôt qu’à s’investir dans l’écriture dont elle a déjà le talent. La romancière décidée alors de relever ce défi avec «La folie et la mort».
Après ce roman réaliste, elle s’est mise à fond dans l’écriture et n'a plus pensé à renoncer. Bien au contraire. Ken Bugul est à plus d’une dizaine de romans. «Le trio bleu» est son onzième livre et elle travaille sur son dernier ouvrage.
NB : *Benengeli est la semaine internationale des lettres du monde francophone.
«TOUS POUR DIRE NON AUX VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES »
Le Sénégal a abrité hier, lundi 27 juin le lancement de la campagne carton rouge pour lutter contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles.
Le Sénégal a abrité hier, lundi 27 juin le lancement de la campagne carton rouge pour lutter contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles. La campagne Carton rouge, lancée hier, lundi 27 juin, à Dakar en présence des sommités comme l’Envoyée spéciale du président de la République, Aminata Touré, et de Chantal Yelu Mulop, Conseillère spéciale du président de la République démocratique du Congo, en charge de la Jeunesse et de la lutte contre les violences faites à la femme, a pour objectif d’accélérer le plaidoyer et la sensibilisation contre les violences à l’égard des femmes et des filles, en vue de l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Selon Dr Djibril Diallo, président directeur général de l’Ardn, « spécifiquement, nous voulons que ces campagnes servent de plateforme pour recueillir les bonnes pratiques et les expériences de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles». Avec comme thème « le sport et la culture en faveur de l’élimination des discriminations et violences à l’égard des femmes et des filles », les acteurs comptent s’appuyer sur ces deux piliers pour réussir le pari de l’élimination et atteindre un million de signatures avant la Coupe du monde prochaine.
Pour le Réseau de la renaissance africaine et de la diaspora (ARDN) en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (l’Unfpa), il y a des causes qui ne laissent pas de place à la neutralité, tant elles imposent un seul choix à savoir celui de l’engagement et de l’action. « Aujourd’hui, encore les femmes et les filles représentent trop souvent le maillon faible en termes de protection, de sécurité, de préservation de droits sur les questions relatives aux violences », a déclaré la représentante résidente de l’Unfpa au Sénégal, Rose Gakuba. Et de poursuivre : « les avancées réalisées bénéficient non seulement aux femmes mais aussi aux hommes et aux enfants. Elles touchent l’économie, la santé et le bien-être, et permettent d’offrir de meilleures perspectives d’avenir à toutes et tous».
Au niveau du Sénégal, le conseiller spécial du Président de la République, Aminata Touré a appelé toutes les forces vives de la société pour la réussite de la campagne Carton rouge. Au même moment, le Secrétaire général du ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfant, Mame Ngor Diouf a déclaré : « c’est une excellente initiative qui s’inscrit parfaitement dans le mouvement mondial en faveur de l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes et des filles et le gouvernement du Sénégal est pleinement engagé dans ce mouvement à travers la ratification de la totalité des instruments juridiques pertinents». La Campagne "Carton Rouge" a été déjà lancée dans plusieurs pays d’Afrique, des Caraïbes, d’Amérique latine et aux Etats-Unis.
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LE SLAM SE CONJUGUE PEU A PEU AU FÉMININ
Hajar est l'une des porte-étandard du slam du Sénéga depuis quelques années. Initiatrice du Festival international slam nomade, elle beaucoup d'engagement, de revendication dans ses textes. Les détails dans cette interview après une prestation
Précocement artiste, c’est depuis l’âge de 5 ans que Hajar Pourmera Thiam s’est mise à l’écriture, en composant notamment des poèmes, un talent favorisé par un environnement familial fort artistique. Plus tard au lycée, elle découvre le slam grâce à un devancier dans le domaine.
Dans cet entretien, celle qui a lancé le Slam nomade nous parle de ses débuts dans cet art encore bien masculin, de l’évolution du slam du fait du numérique. Hajar nous parle aussi de la prochaine édition du festival dont elle est la directrice. Les détails dans cette entrevue.
Nous avons rencontré Hajar ce weekend au Grand théâtre lors de la cérémonie des 30 ans de TV5 à Dakar où, elle a presté, slamé TV5, ses journalistes et ses programmes.
Regardez !
L'ENDOMÉTRIOSE, UNE MALADIE SOURNOISE ET ENCORE MAL CONNUE
L'endométriose se définit comme la présence, en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine appelé endomètre qui subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l'influence des modifications hormonales.
Les règles douloureuses ou dysménorrhées sont très souvent liées à l'endométriose. Une femme sur dix en âge d'avoir des enfants serait atteinte par cette maladie.
L'endométriose se définit comme la présence, en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine appelé endomètre qui subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l'influence des modifications hormonales.
L'endométriose provoque des douleurs très handicapantes, elle représente l'une des premières causes d'infertilité chez la femme et est généralement tardivement diagnostiquée. Il peut s'écouler 8 à 10 ans entre les premiers symptômes et la confirmation du diagnostic.
Si les règles sont normales, cela ne l'est pas en revanche lorsqu'elles sont très douloureuses ou durent dans le temps. Un diagnostic précoce peut faciliter le traitement, préserver la fertilité et réduire le risque de complications.
Nombreuses sont celles qui en souffrent dans le silence, non pas parce qu'elles n'ont pas le choix, mais parce qu'elles ne sont pas assez informées. Aujourd'hui, avec l'avancée de la science, de plus en plus de femmes se renseignent sur cette maladie.
À l’heure actuelle, aucun traitement ne permet de guérir de l’endométriose ; mais avec l'avancée de la science, l'espoir est permis quant à un éventuel remède.
MAL-ÊTRE ET INCOMMODITÉS DE FEMMES ACTIVES
Règles douloureuses à l’école, au travail et absence de congé menstruel, C'est un sujet dont on ne parle presque jamais
C'est une période du mois que beaucoup de femmes redoutent. Fait certes naturel, les menstrues sont souvent accompagnées de nombreux symptômes désagréables et parfois très inquiétants. Alors que, dans notre société, parler des menstrues a toujours été un tabou, les symptômes de cette indisposition sont plus prononcés chez certaines femmes que chez d'autres, au point d'être un handicap dans le quotidien de ces premières qui, face à des douleurs qui peuvent parfois être insoutenables, sont souvent forcées à manquer l'école ou le travail, malgré elles.
C'est un sujet dont on ne parle presque jamais. ''Avoir ses "ragnagna'' ; ''être indisposée'' ; ''saigner du nez'' ; ''les chutes du Niagara'' ; ce sont autant d'expressions à mots couverts utilisées pour désigner les menstrues. Les tabous autour des règles continuent d'exister et perdurent malheureusement au Sénégal.
Beaucoup de femmes chez qui les symptômes sont plus prononcés (règles douloureuses), souffrent encore plus de cette pesanteur sociale. Et ce ne sont pas des écolières, étudiantes et autres femmes actives ou travailleuses dans différentes entreprises et sociétés, obligés de déserter les classes, les bureaux ou services, qui diront le contraire.
Mame Bousso travaille dans une entreprise de la place à temps plein. Pour elle, allier travail et douleur menstruelle ne font pas bon ménage, surtout lorsqu'elle doit donner des explications, pour disposer, dans une société où ce sujet ne passe pas. "Je crains toujours ce moment ; même en parler est difficile pour moi parce que n'étant pas habituée. Au début, on m'exigeait un Certificat médical pour justifier mon absence. C'est un peu compliqué ; vous imaginez apporter un Certificat médical, juste parce qu'on a des règles douloureuses. Et rares sont les médecins qui les délivrent ; mais on essaie de faire avec. Personnellement, je me prépare en conséquence, en prenant des médicaments le plutôt possible. Et si les douleurs persistent, je suis obligée de rentrer. Chacun a sa façon de supporter la douleur."
Pour Mame Diarra, il est presque impossible de rester sur place. "Je ne suis pas à l'aise et d'ailleurs je fais des va et vient dans les toilettes pour vérifier si tout va bien. Heureusement qu'il y a des toilettes pour femmes qui permettent de respecter notre intimité. Mon supérieur m'a une fois demandé un Certificat médical. Mais, après explication, il a compris et, depuis, je ne suis plus obligée de le donner. Cependant, certaines entreprises montrent peu d'indulgence envers ces femmes, contrairement à l'entreprise où je suis actuellement. Je risquais même de perdre mon poste, pour cause d'absentéisme. Je croise vraiment les doigts et je garde espoir pour qu'au moins une loi soit votée dans le sens de nous faire bénéficier de congés en cette période", explique-t-elle. Les élèves et étudiantes ne sont pas non plus épargnés.
Du haut de ses 15 ans, Dieynaba, élève en classe de 3ème, subit de plein fouet ces effets «indésirables» de la puberté. "Je suis élève en classe d'examen et je peux vous dire que j'ai raté beaucoup de cours parce que tout simplement les douleurs étaient insupportables. Je suis obligée de tout le temps trouver des excuses parce que c'est gênant pour moi d'en parler. À l'école, le confort n'y est pas et les personnes ne comprennent vraiment pas notre mal-être. Pour elles, prendre des médicaments suffit pour stopper la douleur. Or, elle varie d'une femme à une autre." Pour beaucoup de femmes actives, aussi bien dans le formel que l'informel, la situation dans laquelle elles travaillent devient de plus en plus préoccupante en ces périodes du mois. C'est ce que révèle Aissatou, la trentaine, vendeuse de légumes. "Je rencontre d'énormes difficultés lorsque je suis en période de règles.
En plus des douleurs qui réduisent toute mon efficacité, je me sens mal à l'aise au marché ; les conditions ne sont pas réunies car les toilettes ne sont pas praticables. Il est vraiment difficile d'entretenir son hygiène dans ces conditions. À chaque fois, je suis obligée de descendre beaucoup plus tôt que prévu, des fois même il m'arrive de ne pas venir au marché car les douleurs m'handicapent carrément." Aujourd'hui, face à cette indisposition mensuelle, un certain nombre de pays ont prévu, dans leur législation du travail, le droit au congé menstruel. Tel n'est pas encore le cas au Sénégal. De même, un peu partout dans le monde, de plus en plus d'entreprises proposent des jours de congés aux femmes pendant leur période menstruelle.
Dans des pays comme le Japon, l'Inde, la Corée du Sud, pour ne citer que ceux-là, le pas a déjà été franchi. Dans la législation sénégalaise, il est prévu des jours de congés de maternité, pour les derniers mois de grossesse et les femmes allaitantes. Cependant, beaucoup de femmes se sentent exclues, du fait de la conception de la société où elles ne sont pas prises en compte durant ces quelques jours d'incommodité.
De nos jours, pour des raisons culturelles et sociales, il y a toujours un malaise collectif qui plane au-dessus des menstruations et il est temps de lever les tabous. Le vote d'une loi sur le congé menstruel permettra, dans une certaine mesure, aux femmes actives notamment du secteur formel de mieux appréhender leur cycle menstruel. Faudrait-il alors lever certaines craintes liées notamment à une discrimination à l'embauche mais aussi un difficile avancement en ce qui concerne leur carrière, pour ces femmes, en plus des congés de maternité dont elles bénéficient. Bref, alors que dans un certains nombres pays, les femmes ont obtenu le droit de bénéficier d'un congé menstruel, pouvons-nous, un jour espérer de même pour le Sénégal ? L'appel est lancé au législateur.
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IL Y A EU UNE DÉGRADATION DES MŒURS POLITIQUES DANS NOTRE PAYS
La démocratie, les libertés individuelles et collectives tiennent à cœur à Abdoulaye Bathily. Dans son livre, Passion de liberté, il a remonté l’histoire pour sortir l’historique de ces acquis
La démocratie, les libertés individuelles et collectives tiennent à cœur Professeur Abdoulaye Bathily. Dans son livre, Passion de liberté, il a remonté l’histoire pour sortir l’historique de ces acquis. Pour lui, il est inadmissible qu’au Sénégal, plus de quatre décennies après, qu’il soit difficile de tenir des réunions publiques. ’’ La loi 78 02 qui réglemente les manifestations. C’est à partir d’une lutte du Sudes, en 1976, qu’elle a été créée. C’était une lutte âpre pour que cette loi vienne donner un semblant de Droit. Mais on n’avait vu, dès le départ, qu’à chaque fois que l’on déposait une demande d’autorisation de manifestation, que ça soit au niveau politique ou syndicale, les gouverneurs ou préfets parvenaient toujours à restreindre nos libertés.
On n’a pas suffisamment de forces pour encadrer la manifestation. Mais ils ont toujours des forces pour la réprimer. Ou bien ils disent, sur leurs arrêtés, : ‘’ à la surexcitation des esprits, la réunion est interdite’’. Ou bien : ‘’à la suite des menaces réelles de trouble à l’ordre public ...’’. « Il y a eu une dégradation des mœurs politiques dans notre pays. Évidemment, ce n’est pas seulement le Sénégal. C’est presque tout le continent. Mais nous devons balayer d’abord devant notre porte. Il y a un ébranlement de la fibre morale des citoyens, parce que les gens ne donnent pas l’exemple. Pour qu’une société avance, il faut qu’elle accepte la critique, accepter de se remettre en cause. C’est de cela qu’il s’agit », a-t-il ajouté.
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ABDOULAYE BATHILY SORT DU BOIS
Lutte pour la démocratie, liberté de manifester, combat de la jeunesse… L'ancien ministre regrette la situation qui prévaut dans le pays, après de longues années de lutte pour des élections libres, démocratiques et transparentes
L’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique (LD) est revenu sur les fondements de la démocratie au Sénégal. Pr Abdoulaye Bathily regrette la situation qui prévaut dans le pays, après de longues années de lutte pour des élections libres, démocratiques et transparentes. L’historien qui revient sur la loi portant sur la liberté de manifester déplore la «dégradation des mœurs politiques» au Sénégal. Toutefois, il est d’avis que la jeunesse se battra avec «les armes et les moyens de son époque» pour la transformation du pays. Il s’exprimait samedi dernier, 18 juin 2022, en marge de la cérémonie de dédicace de son ouvrage intitulé «Passion de Liberté».
L’impasse politique qui s’accentue dans le pays, ne laisse pas indifférent l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique (LD). Présentant, avant-hier, samedi 18 juin 2022 au public, son livre intitulé «Passion de Liberté», Pr Abdoulaye Bathily dit regretter que le Sénégal en soit encore là, après des années de «sacrifices» qui ont permis «d’acquérir de nouveaux droits» mais aussi d’avoir des «élections libres, démocratiques et transparentes». «En 1983, le président de la Cour suprême a dit qu’on pouvait voter sans Carte d’identité, sans isoloir. Nous sommes des Sénégalais. Pourquoi avoir peur de dire qu’on va voter pour ? Non. Il fallait lutter pied-à-pied contre tout ça, jusqu’à l’alternance : première, deuxième. Mais la lutte ne s’arrête pas à l’alternance politique. Ça, c’est une étape. Passion de Liberté aussi. Audelà de l’alternance politique, il faut l’alternative c’est-à-dire la transformation qualitative de la société et nous n’y sommes pas encore. Les alternances se sont succédées ; mais c’est comme un travail de Sisyphe, la répétition des erreurs, des fautes et tout le monde admet», regrette Pr Abdoulaye Bathily.
L’ancien secrétaire général de la LD a également donné son avis sur la liberté de manifester au Sénégal. «Comment (comprendre) aujourd’hui, pour nous qui venons de si loin, difficilement de si loin, qu’il soit encore difficile de tenir une réunion ou une manifestation ?», s’est-il interrogé ? Non sans rappeler les fondements de son opinion. «La loi 78-02 qui règlemente les manifestations, c’est à partir de la lutte du Syndicat unique et démocratique des enseignants (SUDES) qui a été créé en 1976 parce que les partis politiques n’existaient pas. Il n’y avait que le PDS (Parti démocratique sénégalais). On ne pouvait même pas parler de réunion. Ça a été une lutte âpre pour que cette loi 78-02 vienne donner un semblant de droit. Mais on a vu, dès le départ, que chaque fois qu’on déposait une demande de manifestation, que ce soit, par la suite au niveau politique et au niveau syndical et autres, on dit oui le droit est là, mais toujours les préfets, les gouverneurs disent : on va restreindre ça. Pour quelle raison ? On n’a pas suffisamment de forces pour encadrer la manifestation ; mais on a suffisamment de forces pour la réprimer (…)», a dit Pr Abdoulaye Bathily.
L’historien qui dit avoir toujours milité pour «une démocratie apaisée», n’a pas manqué de se prononcer sur la corruption et les détournements de fonds. «A l’époque, quand on parlait de corruption, de détournements, c’est comme si Dieu nous regardait : vous n’avez rien vu encore. J’ai même été dans un gouvernement de majorité présidentielle, j’ai eu l’honnêteté de le dire avec mes collègues du Parti socialiste (PS), du PGS à l’époque dans le gouvernement. Rare était un ministre qu’on dira, il était millionnaire ou il avait une ou deux maisons. Ça n’existait presque pas ou on ne pouvait compter ça sur les bouts des doigts», a fait savoir l’historien.
«IL Y A UNE DEGRADATION DES MŒURS POLITIQUES AU SENEGAL»
Ce qui permet au professeur de dire qu’il y a, aujourd’hui, «une dégradation des mœurs politiques dans notre pays». «Ce n’est peut-être pas au Sénégal seulement parce que je voyage souvent sur le continent et je le vois ; mais il faut balayer devant sa porte. Il y a une dégradation des mœurs politiques, l’ébranlement de la fibre morale des citoyens parce que les dirigeants ne donnent pas l’exemple. Pour qu’une société avance, il faut qu’elle accepte la critique. Il faut qu’elle sache se remettre en cause. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui», a-t-il soutenu. En ce sens, il considère son nouveau livre comme une «réflexion sur les problèmes de notre pays aujourd’hui, de l’Afrique d’aujourd’hui, dans le monde tel qu’il est».
«LA JEUNESSE SE BATTRA AVEC LES ARMES ET LES MOYENS DE SON EPOQUE»
Cependant, l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique centrale affiche son optimisme quant à la transformation du Sénégal par la jeunesse. «Je ne suis jamais pessimiste. Une société se pose toujours des questions et elle en a la solution. Il n’y a que les naïfs ou les ignorants qui pensent que c’est leur tour, ils sont là et qu’ils peuvent s’imposer. Il y a des dynamiques sociales qui s’imposent toujours aux individus avec leur ambition. Le Sénégal se transformera. Cette jeunesse-là que je vois aujourd’hui, elle se battra avec les armes et les moyens de son époque, qui ne sont pas les armes et les moyens de notre époque. Ça aussi, nous devons avoir nous-mêmes l’humilité. Nous ne sommes pas plus héroïques que cette jeunesse. La jeunesse est un moment dans la vie. Les jeunes d’aujourd’hui seront les vieux de demain ; donc moi, c’est avec beaucoup d’optimisme que je vois l’avenir de ce continent parce que partout où je vais, ce bouillonnement même jusque dans les excès, il faut l’accepter parce que les excès aussi sont produits par ceux qui sont en face. La passion de liberté a pris chacun d’entre nous. C’est cette passion de liberté que je vois chez les jeunes d’aujourd’hui. Je les encourage à ça naturellement, avec humilité. Il faut améliorer les choses ; mais c’est par la lutte, comme disait Thomas Sankara, qu’on se libère. Ce n’est pas par la soumission qu’on se libère», a déclaré Pr Bathily.
«PASSION DE LIBERTE» OU LE REFUS DE LA SOUMISSION, DE L’INJUSTICE, LE COMBAT POUR LA LIBERTE...
Pr Abdoulaye Bathily indique que son nouveau livre, «Passion de Liberté», consiste à «apporter sa part d’expérience à la jeune génération». «Ma vie individuelle n’a pas en réalité d’intérêt si elle ne peut pas servir à la collectivité dans un sens ou dans un autre. Et, en tant qu’homme public, j’ai essayé dans ma vie d’apporter une contribution à l’évolution de notre société. Ma passion de liberté, j’ai essayé de la montrer à travers mon itinéraire, que ce soit face aux brimades, à l’école coranique, à l’école primaire, au Prytanée militaire, à l’université, dans l’Armée où nous étions conscrits de force, mais je n’ai jamais accepté tout cela comme une fatalité. L’homme doit toujours essayer de se surpasser. Ma passion de liberté, c’est le refus de la soumission. Ma passion de liberté, c’est le refus de l’injustice. Ma passion de liberté, c’est le combat pour la liberté des autres.
Ma passion de liberté, c’est pour tout un chacun l’amour de la patrie, de son pays, de notre continent, l’Afrique, passion de lutter pour la liberté de ce continent meurtri, ce continent soumis que nous devons avoir comme devoir de libérer de manière collective», a déclaré l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique Centrale. Il a profité de l’occasion pour annoncer la sortie prochaine de ses deux ouvrages sur la crise au Mali et sur son expérience sur l’Afrique Centrale.
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HAJAR SLAME LA CHAINE FRANCOPHONE, SES PROGRAMMES ET SES JOURNALISTES
la slameuse Hajar a été invitée à prester lors du coktail en présence de quelques personnnalités, dont le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop ainsi Amadou Diaw ou Racine Talla, le directeur de la RTS.
La chaine de la francophonie TV 5 a fêté son trentième anniversaire ce weekend à Dakar où elle avait été lancée par le président Abdou Diouf 3 décennies plus tôt.
A cette occasion, la slameuse Hajar a été invitée à prester, lors du cocktail qui a été offert, en présence de quelques personnalités, dont le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop ainsi Amadou Diaw ou Racine Talla, le directeur de la RTS.
La jeune artiste a écrit un texte spécial pour chaine francophone TV5 qu'elle a déclamé avec aisance au Grand théâtre Doudou Ndiaye Rose.
Dans ses envolées rimées, rythmiques, le champ lexical de TV5 et de tout ce qui y a trait était omniprésent et tout se passe sous le regard médusé des invités de la cérémonie.
AfricaGlobe vous donne un extrait de cette prestation émouvante.
LA SUPPRESSION DE LA DOT FAIT DÉBAT DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE
La Fédération nationale des syndicats de la culture plaide pour la suppression de la dot au Gabon car celle-ci devient de plus en plus chère. Les familles donnent l’impression que la dot devient une « vente » de la future mariée
La Fédération nationale des syndicats de la culture et des arts a récemment jeté un pavé dans la mare via les réseaux sociaux. Elle plaide pour la suppression de la dot au Gabon car celle-ci devient de plus en plus chère. Les familles demandent trop de présents, donnant l’impression que la dot devient une « vente » de la future mariée. Une proposition loin de faire l'unanimité dans la société gabonaise.
La riposte des Gabonais est massive. Pas question de supprimer la dot qui fait partie des us et coutumes du pays. Martine Moutsinga attend le taxi au rond-point de la démocratie avec sa fille de 13 ans. Elle ne veut même pas entendre parler de l’abolition de la dot : « Quand je regarde ma fille et ce qu’il me donne comme argent pour l’élever, pour l’envoyer à l’école… Son mari doit m’honorer. Il faut que les parents mangent », témoigne-t-elle.
Ouvrier dans le bâtiment, Claude Bounda vient de se marier à la coutume. Il garde un souvenir amer de la dot : « La manière dont j’ai vécu ça, ça a même diminué l’affection que j’ai pour (ma femme). C’est comme si j’achetais ma femme. Moi, j’ai même acheté le groupe électrogène ».
« C’est Africain, nous sommes Africains »
Depuis que le sujet a surgi sur les réseaux sociaux, la question de la dot passionne les Gabonais : « Mon enfant ne peut pas être un cadeau », avance un habitant de Libreville. « Jamais, jamais », réagit un autre. « Nos aïeuls ont commencé par la dot. C’est Africain, nous sommes Africains », « celui ou celle qui a donné cette loi n’a pas été dotée », « on ne peut pas baisser la dot, on doit doter les femmes », estiment d’autres.